Actes du 25
e
Congrès International de l’AFM – Londres, 14 et 15 mai 2009
1
Introduction
Les communautés virtuelles représentent le signe le plus emblématique de la révolution
médiatique et de l’époque postmoderne. Elles concrétisent la fragmentation des publics en
groupes d’usagers aux intérêts particuliers et constituent un nouvel espace local où
« l’interconnectivité planétaire » se combine à la proximité émotionnelle et sociale entre leurs
membres (Harvey, 2001). Les communautés virtuelles objectivent les piliers de la
« technosocialité », un courant sociologique qui présente la virtualité comme « une simulation
hyperrationnelle du monde » (Saint Martin, 2001).
Ce concept très amorphe, demeure au centre d’un débat incessant sur sa réelle portée
sociologique et sa véritable nature (Fernback & Thompson, 1995). D’une part, nous
retrouvons des auteurs tels que Marcotte (2001a, 2001b), Hiltz et Turoff (1993) ou encore
Rheingold (1993) qui attestent que les communautés virtuelles sont des corpus sociaux à part
entière remembrant des interactions sociales relativement durables, un langage de
communication particulier, la partage d’un ensemble de valeurs et un système complexe de
relations. D’autre part, Stoll (1995) et Young (1998) affirment que les communautés virtuelles
sont des « pseudo-communautés » ne créant qu’un semblant de liens sociaux. Selon eux,
Internet isole plus qu’il réunit les agents sociaux.
En sciences de gestion, la notion communautés virtuelles s’intègre dans une typologie
incluant les communautés de pratique, les communautés épistémiques, les communautés
thématiques et les communautés affectuelles (Guérin, 2004). En marketing, elle s’apparente à
des phénomènes sociaux et culturels de consommation tels que le marketing tribal et le
néotribalisme (Firat & Verkatesh, 1993 ; Maffesoli, 1996 ; Firat & Shultz II, 1997 ; Cova &
Cova, 2001), les sous-cultures de consommation (Schouten & Alexander, 1995 ; Kozinets R. ,
2001 ; Kozinets R. , 2002) et les communautés de marque (Muniz & O'Guinn, 2001 ; Mc
Alexander, Schouten, & Koenig, 2002). Les travaux réalisés au sujet de la marchandisation
des communautés virtuelles ont traité le plus souvent des cas isolés (marques prestigieuses par
exemple) difficilement généralisables (Mc Williams, 2000 ; Kozinets, 1999) ou limités à des
aspects isolés de leur fonctionnement (Hagel & Armstrong ,1997 ; Champy, 1996).