Tout d’abord, l’utilisation de l’impératif et du déterminant possessif « ma » montrent une certaine
familiarité entre le poète et sa Douleur. Plus encore, la Douleur prend les traits d’un petit enfant.
En effet, « Sois sage » et « tiens-toi plus tranquille » montrent que la Douleur, enfant, est agitée : ce
sont des formules que l’on adresse à un enfant turbulent.
En outre, l’utilisation du verbe réclamer, « Tu réclamais », rapproche la Douleur d’un enfant capricieux ;
dans la seconde partie du vers « ; il descend ; le voici », la juxtaposition crée un rythme rapide qui montre
que le caprice est immédiatement satisfait.
« Donne-moi la main » est également une injonction que l’on adresserait à un petit enfant que l’on
accompagne, que l’on guide.
Enfin, « Vois se pencher les défuntes Années » rapprochent l’allgorie des Années de fées qui se pencheraient
sur le berceau d’un nouveau-né.
Nous voyons donc que le rapport entre le poète et sa douleur est un rapport intime et affecteux,
protecteur, ce qui est paradoxal puisque l’objet de ces attentions est la douleur (> spleen, romantisme).
4. Quel est le temps et le mode du premier verbe ? Trouvez quatre autres exemples dans le poème. /2
Le verbe « Sois » est à l’impératif (mode) présent (temps).
On retrouvera « tiens, donne, viens, vois, entends, entends ».
Attention, « va » au v.7 est un indicatif présent, dont le sujet est « la multitude vile des mortels ». Ce n’est
donc pas une injonction du poète à sa douleur.
5. Dans la deuxième strophe, quel personnage apparaît ? En quels termes est-il évoqué ? Que cela nous
indique-t-il sur l'état intérieur du poète ? /2
Une nouvelle allégorie apparaît dans cette strophe, le Plaisir. On dit de lui que c’est un « bourreau sans
merci » tenant un « fouet ». Plus généralement, cette strophe consacrée au plaisir comporte des termes
connotés péjorativement : « vile, fouet, bourreau sans merci, servile » : le plaisir semble associé à
l’esclavage.
Notons ici que le mot « remord » est connoté péjorativement. Selon la définition du Littré, le remords est un
« Reproche que le coupable reçoit de sa conscience. ». Les hommes sont donc associés à la culpabilité.
Le plaisir n’est pas celui du poète, mais des autres hommes « des mortels la multitude vile », qui font la fête
à la nuit venue. On voit que le poète rejette toute forme de plaisir, et par la même occasion prend ses
distance, voire s’exclut des autres mortels : il recherche la solitude. Ce rejet des plaisirs est également
marqué par la versification avec le rejet « Loin d’eux ».
6. Comment le poète évoque-t-il le passé ? Appuyez-vous sur des termes précis. /1,5
La troisième strophe est consacrée au passé. Si le terme « regret » pourrait faire penser que le passé est
négatif pour le poète. Or, selon la définition du Littré, le regret est le « Déplaisir d'avoir perdu, ou de n'avoir
pu obtenir quelque chose. ». Le terme n’est donc pas péjoratif, d’autant plus qu’il est qualifié de
« souriant ».
Il en va de même pour le terme « défuntes », associé à la mort, donc à une idée négative. Cependant, le
terme qualifie l’allégorie des Années, qui « se penchent » telles des fées depuis le ciel. Leur « robe
surannée » leur donne également une image plutôt positive, et montre qu’elles appartiennent à des temps très
anciens, puisque « surannée » signifie « Vieux, hors de mode » ; cela montre encore que le poète se met en
retrait du temps présent, de la mode, donc des autres hommes.
Que ce soit avec le Regret ou les Années, le passé renaît (notons le double mouvement ascendant (le Regret
surgit de l’eau) et descendant (les Années se penchent du ciel) ; ce topos est caractéristique de la mélancolie
et du romantisme.