LES BANQUES CENTRALES FACE À LA
CRISE
Guilhem Bentoglio*
Allianz Global Investors France
Guillaume Guidoni*
Allianz Global Investors France
Dès le début de la crise financière en août 2007, les besoins exceptionnels
de liquidité ont entraîné une réaction sans précédent des banques centrales
partout dans le monde, y compris de manière coordonnée.
Entre août 2007 et août 2008, la Fed a commencé par utiliser ses outils
traditionnels. Face à l’échec de ces derniers, elle a rapidement dû innover
en attribuant des montants bien plus important de liquidité et à plus long
terme. Cette liquidité supplémentaire était stérilisée. Simultanément, elle a
accepté en collatéraux une gamme plus large d’actifs. Dans le même temps,
la BCE, qui possède un cadre d’action plus moderne et plus souple, a eu
moins besoin d’innover. Elle a adapté ses modalité d’accès à la liquidité,
mais sans en augmenter le niveau total et en maintenant un coût élevé.
A partir de septembre 2008, a provoqué des réactions plus radicales de la
part des banques centrales. La Fed a progressivement mis en place des
mesures non conventionnelles. Le taux directeurs est amené au plus bas,
tandis que la liquidité supplémentaire distribuée au système financier et aux
investisseurs n’est plus stérilisée. Le credit easing est accompagnée d’une
expansion de son bilan destiné à soutenir l’économie via le marché du
crédit. Dans la zone euro, la BCE décide de servir toute la demande de
liquidité à taux fixe et abaisse ses taux directeurs, se substituant aux
marchés interbancaires gelés. Ces mesures ne constituent pas une politique
d’assouplissement quantitatif, même si le bilan augmente.
Dans l’ensemble, la gravité et la complexité de la crise ont obligé les
banques centrales à s’adapter rapidement et à innover radicalement. Les
réponses ont été rapides, notamment comparées à celles observées au Japon
dans les années 1990. Ceci a permis d’éviter un effondrement des marchés
et un gel total du canal du crédit. A court terme, les forces déflationnistes
prédominent. Les politiques monétaires hétérodoxes devraient donc rester
sur le devant de la scène. A plus long terme, les banques centrales sont
conscientes du potentiel inflationniste de ces mesures. Les stratégies de
sortie sont déjà envisagées. Le timing de la normalisation monétaire sera un
enjeu central.
Mots clés : Politique monétaire, assouplissement quantitatif, stabilité
financière, credit easing
* Nous tenons à remercier Hélène Baron pour ses relectures successives et pour ses remarques constructives.
guilhem.bentoglio@allianzgi.fr
guillaume.guidoni@allianzgi.fr