EN RELISANT PROUST …
Les marchés vivent et fluctuent en fonction des doses de certitude et incertitude du moment et ajoutent, ou
bien enlèvent la prime de guerre. Quelqu'un écrit que les marchés voient tout et rien, comme Proust voyait les
maisons qui se réfléchissaient dans la Maas a Dordrecht, en fonction de la marée du soir…Il est évident que la
prime de guerre a été enlevée en large mesure et que, probablement, la correction des prix a été si forte, que
maintenant il y a une prime négative de guerre! En tout cas, au cours des prochaines semaines, les marchés
retourneront à se focaliser sur l’évolution de l’économie.
LES DERNIERES NOUVELLES NE SONT PAS BONNES ..
Les nouvelles qui arrivent des USA et de l’Europe ne sont absolument pas bonnes et cela préoccupe
fortement les banques centrales et les hommes des gouvernements.
Le dernier communiqué de la FED est un bijoux de diplomatie: les membres du FOMC se cachent derrière
les évènements géopolitiques pour ne pas dire qu’ils sont très préoccupés par l’évolution de la conjoncture et qu’ils
ne savent pas exactement où est et où va l’économie. En réalité, ils craignent que les prochaines statistiques
soient très mauvaises, surtout dans le secteur industriel et sur le marché du travail.
De plus, ils pensent que la hausse des bourses soit plus le résultat des rachats de positions vendues à
découvert que le fruit des achats des investisseurs finaux qui auraient repris confiance .. Et dans ce climat de
crainte, il faut ajouter le vent de fronde qui souffle contre Greenspan, en provenance des gouverneurs de districts
industriels (Cleveland, Chicago, Richemont, San Francisco, par exemple) – qui sont fortement préoccupés par
l’évolution du secteur manufacturier dans leurs régions et demandent à Greenspan une action beaucoup
plus musclée pour soutenir et relancer l’économie. La dévaluation du dollar a eu un impact très marginal sur le
commerce extérieur, car la demande internationale est très faible.
FED : LE DOIT SUR LA GACHETTE
Si les statistiques des prochaines semaines sortent aussi mauvaises qu’on les attend, la FED pourrait
prendre deux types de mesures, l’une n’excluant pas l’autre. Avant tout, elle pourrait baisser les taux de 25, même
50 pb ; et éventuellement, elle pourrait s’engager officiellement à acheter des bons du trésor, pour éviter une
hausse des taux longs qui financent surtout le marché immobilier.
On sait que la baisse des taux longs a favorisé la baisse des taux des prêts hypothécaires et ce
phénomène a permis aux consommateurs privés américains d’épargner environ 200 milliards de dollars au cours
de 2002; cette manne a permis à la consommation privée de « tenir bon » et donc de soutenir l’économie. La FED
est fortement préoccupée par l’évolution de la consommation dont elle craint toute chute, car c’est la conso des
ménages et la dépense publique qui sont, en ce moment, les éléments essentiels de la croissance américaine.
LA BCE, AUSSI, RESTE VIGILENTE
Il est désormais très évident que la BCE a changé de stratégie et probablement a choisi d’assumer un rôle
différent et plus complexe dans la gestion de l’économie. Les hommes de Francfort ont décidé de faire beaucoup
d’attention à la croissance et de la considérer parmi les objectifs de la Banque, même si dans son statut ce rôle de
la Banque a été étrangement oublié….
Certains membres de la banque ne sont pas très favorables à une action de soutien de l’économie par la
politique monétaire, car ils pensent qu’une baisse supplémentaire ne ferait pas grande chose pour l’économie ..
D’autres pensent que toute politique fiscale et budgétaire expansionniste pourrait créer un mauvais précédent
pour la vie du Pacte de stabilité, tandis que l’impact sur l’économie des mesures prises serait fortement retardé
dans le temps à cause de la lenteur structurelle de ce type de politiques.. donc seulement une
politique monétaire musclée peut, en ce cas, avoir un certain degré d’efficacité rapide pour contrer une situation
difficile.
TOUJOURS UNE BAISSE DANS LES CARTONS
Face à la violente dégradation de conjoncture en Europe, surtout en Allemagne, Italie et dernièrement en
France, la BCE est maintenant prête à couper encore une fois les taux. Même si la guerre a une fin rapide et
brillante pour Bush, si les prix du pétrole baissent encore et si l’euro perd une bonne partie des gains des
derniers 18 mois, la conjoncture européenne sera en très mauvaise posture et ne pourra sortir toute seule du
pétrin dans lequel elle est tombée.
L’économie de l’Euroland sortira des eaux troubles actuelles seulement avec l’aide de l’économie
américaine, mais en retard par rapport à la reprise de l’économie de l’oncle Sam. Donc il est très évident qu’il faut