Ce descriptif, sous forme d’inventaire, occulte toute réflexion sur une vision globale du
développement durable de l’Afrique d’autant que le frein le plus souvent mis en avant face
à ces défis concerne le manque de mobilisation financière de la communauté
internationale, c'est-à-dire qu’à l’absence de vision globale s’adjoint une vision du
développement uniquement poussée par des financements extérieurs.
On est loin d’une vision de développement endogène basé sur la participation active des
populations. On aurait préféré, de la part des représentants des Etats africains pour Rio+20,
« des engagements pour la reconnaissance de modèles de développement durables orientés
vers la construction d’un monde solidaire et en paix, respectueux des droits économiques et
sociaux, de la dignité humaine et de la diversité culturelle, où les ressources sont réparties
équitablement entre les peuples, dans le cadre d’une gouvernance mondiale ouverte et
inclusive, respectueuse des dynamiques sociales et populaires et œuvrant dans l’intérêt des
générations actuelles et futures. » (Déclaration de la société civile d’Afrique de l’ouest et du
centre - Douala, avril 2012).
Rien de tout cela, le consensus des Ministres représentant les États africains s’est porté sur
l’économie verte comme panacée pour résoudre les problèmes de développement durable
en Afrique et relever les nouveaux défis.
3. Le « green washing » : la panacée pour relever les défis !
Point de définitions, excepté celle reprise du PNUE1, le consensus considère que l’économie
verte est un outil qui doit permettre… «d’effectuer une transition harmonieuse vers
l’économie verte dans nos pays ». L’outil est en même temps l’objectif !
A partir le là, la déclaration reprend toutes les activités déjà réalisées, en Afrique, dans le
cadre du développement durable : l’utilisation durable des terres dans les domaines de
l’agriculture, de la sécurité alimentaire, de l’énergie et de la sylviculture, les politiques et
pratiques innovantes concernant les formes de production agricole durables, le
développement des énergies renouvelables, l’adaptation basée sur les écosystèmes, la
production économe en ressources, le renforcement du capital nature, tout cela maintenant
sous couvert « d’une économie plus productive, ouverte et durable » ; Le social et
l’environnemental deviennent ainsi relégués au second plan du développement durable.
On est loin, là encore, des trois piliers (environnement, économie, social) qui définissent, à
part égal depuis Rio, le développement durable et le seul « verdissement » des bonnes
pratiques africaines n’est pas constitutif de politiques de développement durable.
1 « Une économie qui entraîne une amélioration du bien être humain et de l’équité sociale tout en réduisant
de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources » - PNUE - 2011.