MISE AU POINT L’annonce de “mauvaise nouvelle” : le neurologue, un “communicant” malgré lui ? The announcement of a “bad new” P. Saltel* A * Psychiatre, centre Léon-Bérard, Lyon. lors qu’ils ne remettent habituellement pas en cause la compétence ni le dévouement des médecins, la plupart des patients et de leurs proches sont bien plus critiques à propos de la manière dont, quelles que soient les spécialités, ils révèlent un diagnostic et annoncent une “mauvaise nouvelle”. On entend par “mauvaise nouvelle” toute information menaçante qui vient remettre gravement en cause les projets d’une personne, l’idée qu’elle avait de son avenir (1). Les deux enjeux principaux dans ce contexte, transfert d’information et “consentement éclairé”, relèvent d’une meilleure connaissance des processus de communication – “l’énoncé ne se réduit pas au prononcé” – et la signification du message se construit par des processus d’interprétation de “signaux” qui restent souvent implicites. C’est ce qu’enseigne une discipline récente : la “communication” ! On connaît l’importance des attitudes, du “nonverbal” et aussi des premiers contacts. Il s’instaure d’emblée des “règles” non dites de communication, qui vont influencer le reste de la prise en charge. Le rythme des questions, leur style (questions ouvertes/ questions fermées), la place laissée à l’expression des émotions, mais aussi des doutes et des croyances seront quelques-uns des “outils” qui rendront plus ou moins facile la compréhension réciproque des besoins, la discussion des préférences, la “prise de conscience” des menaces. Dans ces circonstances, il sera essentiel de tenir compte de la dimension émotionnelle, qui affecte profondément les capacités cognitives, ainsi que 194 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - nos 6-7 - juin-juillet 2010 de limiter le risque de désespoir. Cette attention portée aux conditions de “l’annonce” tend à installer le médecin lui-même, par-delà sa technicité et son savoir, dans la situation d’être une source efficace de réconfort, parfois la principale. “L’annonce”, un processus exigeant pour chacun des protagonistes Selon un document de la Haute Autorité de santé (HAS) de 2008, consacré à de telles situations, par exemple la maladie d’Alzheimer ou une maladie neuromusculaire de l’enfant, il est convenu que “l’annonce d’une mauvaise nouvelle était un processus continu tout au long de la prise en charge des patients et concernait tous les professionnels impliqués dans cette prise en charge” (2). Cela relativise donc l’importance accordée aux premiers moments dans la révélation ; néanmoins, ce temps est habituellement décisif… L’équipe de A. Chiao s’est attachée à l’étude de l’annonce d’une sclérose latérale amyotrophique (SLA) et confirme cette complexité : l’appréciation portée par le malade diffère de celle de ses proches (3). Ceux-ci sont surtout attentifs aux perspectives évolutives (48 % versus 15 % des patients) et à l’information sur le pronostic vital (62 % versus 43 % des patients). En revanche, les malades seront plus intéressés par la possibilité d’essais thérapeutiques Points forts »» La révélation d’une “mauvaise nouvelle”, en ce qu’elle implique un changement brutal des projets d’une personne, s’accompagne de réactions émotionnelles qui affectent sa compréhension des enjeux. Le recours à une communication empathique, c’est-à-dire qui explore et nomme les émotions du patient, constitue un soutien efficace pour le patient et lui permet une prise de conscience progressive de sa nouvelle situation. »» Le médecin doit savoir distinguer le “messager du message”, autrement dit, ne pas considérer être tenu de ressentir les mêmes émotions que son patient, ni être nécessairement d’accord avec lui. »» La qualité de la communication médecin-malade ne relève pas tant d’une capacité “naturelle” du médecin que de l’apprentissage répété de techniques de communication dans le cadre de formations professionnelles adaptées aux spécificités de sa pratique. (33 % versus 25 % pour les proches). Les entretiens d’annonce se déroulent souvent en présence du patient et d’un proche, et ils jugent positivement l’attitude “confiante et d’encouragement” du médecin. Cependant, le partenaire est, lui, plus critique à l’égard du sentiment d’avoir été entendu et compris dans la singularité de ses besoins. En outre, après la consultation, bien que les deux se disent (donc) plutôt satisfaits de la relation avec le médecin, ils sont néanmoins, dans plus de 50 % des cas, très découragés. Cette même étude indique que les personnalités dites “demandeurs d’informations” (Information seeking behavior) sont à la fois moins satisfaites par le contenu de l’information et plus angoissées. Enfin, on relève que la plupart des consultants auront cherché des informations complémentaires sur les sites médicaux du réseau Internet et que la compréhension de la maladie et des traitements est influencée par de nombreux autres facteurs que la seule relation soignante. La littérature s’accorde pour faire de l’évaluation des attentes de chaque patient ou proche à l’égard du contenu de l’information un objectif essentiel mais particulièrement délicat. Il faudra les encourager à s’exprimer sur ce sujet et les assurer que leurs préférences à propos du contenu de l’information seront ­respectées. Le médecin devra trouver les “bons mots” pour informer sans désespérer. Tout aussi essentielle est la recommandation faite au médecin de ne pas “s’auto-représenter” comme un agresseur. Il risque en effet de “s’identifier” peu ou prou à la maladie qu’il annonce, ce que, d’ailleurs, la réaction du patient peut induire dans ces instants de grande confusion. Les émotions exprimées amènent parfois le médecin à se remettre en cause, à douter de la pertinence de certaines décisions, mais, selon la formule souvent utilisée, il lui faudra pouvoir “séparer le messager du message”. Il n’a pas à ressentir luimême les émotions qui bouleversent le malade, mais il discutera avec lui de leur nature et de leur intensité pour ensuite les légitimer. Alors, seulement, il manifestera sa compréhension de manière empathique. Il aura pu repérer, au cours de cet échange, les ressources que ses interlocuteurs utilisent pour progressivement “reprendre pied” assez spontanément, et ainsi, en confortant ce processus, il trouvera la distance nécessaire pour rester soignant. Dans d’autres circonstances, paradoxalement, le patient, après une longue phase d’errance diagnostique, d’inquiétudes devant certains symptômes inexpliqués, peut être rassuré par la découverte d’une maladie pourtant grave, qui vient donner un “nom” à une menace jusque-là mal définie. Mots-clés “Mauvaise nouvelle” Annonce Communication Guide de “bonne pratique“ Keywords “Breaking bad news” Patients and physician’s relations Practice guide line Communication Comment le dire ? Le guide en 6 étapes de R. Buckman (4) Plusieurs guides ont été proposés, en particulier dans le champ de la cancérologie. P. Couratier et al. dans leur article de 2006 se réfèrent à celui de R. Buckman, un des premiers auteurs à avoir proposé une chronologie efficace pour conduire de telles consultations (5). L. Fallowfied et V. Jenkins soulignent qu’aucun de ces guides n’a été “scientifiquement” validé, ni par des études de satisfaction, ni par le recueil des modalités d’adaptation psychologiques ultérieures, ce qui serait pourtant l’objectif principal. Ils rapportent que c’est le fait de se sentir reconnus, compris, dans le cadre d’une relation “personnalisée” et empathique, qui est le principal besoin revendiqué par les patients (6). ◆◆ Première étape : ◆ les conditions matérielles de la rencontre Elles devront garantir la disponibilité du médecin et la confidentialité : l’accueil, la qualité des locaux, les courriers et les éventuels résultats d’examens complémentaires facilement accessibles, les horaires et un agenda du médecin permettant une durée de consultation suffisante sont parmi les conditions principales. Au-delà d’une formalisation qui peut déconcerter les soignants, on peut retenir une dimension de “rituel” dont la sociologie reconnaît l’importance : une organisation “programmée” qui, dans un contexte de violentes émotions, autorise que d’un désordre puisse naître un “nouvel ordre”. Les patients seront, il n’y a qu’à lire les témoignages dans les médias pour s’en convaincre, particulièrement sensibles à ces détails du setting : des années plus tard, le patient et la famille garderont un souvenir assez précis de ce moment où “tout a basculé”, et telle ou telle péripétie et maladresse seront le prétexte La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - nos 6-7 - juin-juillet 2010 | 195 MISE AU POINT L’annonce de “mauvaise nouvelle” : le neurologue, un “communicant” malgré lui ? ou l’argument de jugements critiques et parfois de ressentiments. Reconstructions fréquentes, souvent injustes, mais dans ce domaine, ce sont les effets qui font les causes ! ◆◆ Deuxième étape : “Before you tell… ask!” Simplicité efficace d’une formule qui n’est pas inutile quand on sait que les nombreuses études sur la communication dans le cadre des consultations médicales (toutes consultations comprises) indiquent que le temps moyen de parole du patient est dans 78 % des cas inférieur à 2 minutes, et qu’il est interrompu dans l’expression de sa première difficulté après 23 secondes en moyenne ! Les médecins s’inquiètent de la durée qui est, selon eux, le principal obstacle à cette exigence nouvelle de “consultation d’annonce”. Cependant, le temps du patient n’est pas celui du soignant, et il est possible d’avoir une meilleure “efficacité” en s’attachant à agir, pas tant par la durée que par le rythme de la consultation. En effet, le médecin risque souvent de s’engager un peu précipitamment dans un trop long exposé explicatif à type de monologue, participant plus de la catégorie des justifications laborieuses que d’une transmission d’informations utiles au patient. Celui-ci a des questions qui sont bien souvent moins savantes. En fait, pendant tout ce temps, il a surtout “interprété” les attitudes, retenu des détails, mais les explications données risquent fort de ne pas avoir été des éléments utiles pour anticiper ou décider. Il est donc judicieux, au moyen de questions préalables dites “ouvertes” (c’est-à-dire n’appelant pas une réponse purement factuelle mais autorisant quelques digressions, par exemple : “qu’est-ce que vous en pensez ?”, “que vous a-t-on dit ?”, “et alors ?”, etc.) d’investiguer même rapidement ce que le patient sait déjà, de l’interroger sur ses attentes et, en particulier, selon les circonstances, ses préférences quant à la révélation d’un pronostic éventuellement sévère. 1. Énoncé des émotions (exemples : “j’imagine combien cette information est brutale”, “je suis moi-même déçu”, “vous pouvez vous sentir en colère devant un tel résultat”) 2. Question exploratoire (exemples correspondant aux propositions précédentes : “pouvezvous me dire comment vous ressentez cela ?”, “est-ce que vous partagez cette déception ?”, “avez-vous un tel sentiment ?”) 3. Exprimer votre compréhension empathique à la réponse faite par le patient avec le souci de la légitimer (“je comprends que vous réagissiez ainsi !”) Encadré. Trois temps pour “clarifier” l’évocation des émotions, selon (7). 196 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - nos 6-7 - juin-juillet 2010 ◆◆ Troisième étape : le temps de la révélation ◆ des “mauvaises nouvelles” Ainsi, ce n’est que dans ce troisième temps que le médecin, en utilisant des mots simples, sans émotion trop marquée et en limitant le contenu des premiers messages, informe du diagnostic ou de résultats alarmants de tel ou tel examen. Du fait de “biais cognitifs” liés à l’émotion, le patient a des difficultés à appréhender la complexité des problèmes évoqués. Des formulations telles que les “résultats de l’examen sont positifs” créent un contresens, et même parfois, comme dans les états d’hypnose, les négations sont entendues plutôt comme des affirmations. Des temps de silence doivent être ménagés, la parole, vite rendue… Les études à propos des attentes prioritaires des patients indiquent que, si les questions sur la nature de la maladie sont parmi les premières citées, c’est aussi la probabilité de guérison, les traitements et, en particulier, leurs effets indésirables qui sont des sujets importants. ◆◆ Quatrième étape : le temps des émotions Ce sera souvent l’étape la plus délicate pour le médecin. Le patient et ses proches doivent pouvoir exprimer leurs émotions. Les réactions affectives qui alors les submergent témoignent de leur bouleversement. Selon les tempéraments, les manifestations peuvent être particulièrement extériorisées, mais on sait combien est plus déconcertant l’effet contraire, la sidération, le silence, un état ­d’“absence”. Il est souvent nécessaire d’encourager le patient à partager ses réactions. On peut proposer une démarche en trois temps : le soignant nomme luimême ce qu’il pense être alors l’état d’esprit du patient, l’interroge pour confirmer la pertinence de son hypothèse, et, selon la réponse, conforte le patient dans la légitimité de sa réaction. Il est prudent de ne pas conseiller à ce moment telle ou telle attitude ! (encadré) [7]. Cette démarche empathique restitue un sentiment de contrôle à un patient ou à ses proches, qui peuvent sinon se sentir totalement démunis. Par sa seule présence, le médecin représente donc un recours sans avoir à entretenir de faux espoirs. ◆◆ Cinquième étape : évaluer la compréhension par le patient des informations données L’aide apportée sur le plan émotionnel permet au médecin d’investiguer, ensuite, la compréhension qu’a le patient des explications et des informations données. Celui-ci s’attachera souvent à des aspects concrets et immédiats qui concernent sa vie quotidienne, les répercussions familiales. MISE AU POINT D’autre part, le patient n’est pas sans avoir des “idées”, des hypothèses sur tel ou tel aspect du soin, des croyances issues de sa culture, son environnement social, etc. Il a une “grille” préalable de lecture de sa situation ! Si les informations, surtout les explications, données par le médecin sont contradictoires, avec sa théorie “profane”, et de manière souvent peu explicite, il les rejettera, parfois à l’insu du médecin. Il est prudent d’en permettre la discussion sans trop recourir à “l’argument d’autorité”. ◆◆ Sixième étape : perspectives de soin Toute consultation d’annonce devra se terminer par l’esquisse d’un projet de prise en charge à venir, ainsi que par quelques questions sur les suites immédiates, telles que la présence de proches dans les jours qui suivent, les conditions du partage des informations avec d’autres médecins ou soignants. Le document de l’HAS le décrit ainsi : “Proposer ou aider la personne à trouver une succession de projets ou d’étapes (étapes du traitement, projets personnels, projets familiaux…) qui lui permettent de se projeter dans sa vie future quelle qu’elle soit. Le patient comme le médecin ont besoin d’avoir une perspective pour aller de l’avant(…)”. Information et qualité de vie L’information aidera le patient dans ses choix et son adaptation ultérieure si elle prend en compte les enjeux de “qualité de vie”, dont on sait combien ils peuvent être évalués différemment par les patients et les soignants ! Un article récent témoigne de cette spécificité de l’auto-évaluation selon le statut des personnes, et, probablement d’ailleurs, selon l’étape évolutive de la maladie (8). On observe dans un groupe de patients commençant un programme de rééducation après divers épisodes pathologiques sévères (orthopédiques, neurologiques, cardiaques, etc.) que les dimensions considérées comme des objectifs prioritaires seront habituellement les actes de l’autonomie la plus quotidienne (toilette, déplacements, etc.), mais que des fonctions comme la capacité de concentration, la possibilité de s’exprimer avec facilité et même la fonction de mémorisation seront jugées bien plus secondaires, alors que pour leurs médecins, ce sont de tels enjeux qui sont au contraire considérés comme les plus essentiels. Au cours du processus d’information, il sera donc important de pouvoir interroger le patient sur sa hiérarchie de l’importance subjective qu’il accorde aux différents aspects de sa vie quotidienne, qui risquent d’être gravement affectés. On sait d’ailleurs, pour garder l’exemple de la SLA, que, dans cette pathologie, les réactions des patients peuvent être déconcertantes, et l’on invoque souvent une certaine dénégation des conséquences conduisant au maintien d’une relative sérénité émotionnelle. L’humeur semble pouvoir rester positive malgré l’aggravation des handicaps (9). Le recours à des autoquestionnaires permettant au patient lui-même de pondérer les différents critères de quantification subjective de sa qualité de vie, telle que le “schedule for the evaluation of individual quality of life”, pourra être utile aux cours des annonces successives qui rythmeront la progression d’une maladie (10). Un patient qui assume la fonction de “messager” De nombreux travaux autorisent aujourd’hui un certain consensus et permettent de proposer des “recommandations”, des méthodes de formation pour les soignants, et même la mise en place de “dispositifs d’annonces” réglementaires comme en cancérologie (11). L’importance et les effets de la mission de “messager” qui incombent au patient sont plus rarement discutés. Celui-ci va devoir rapporter à ses proches, parfois à d’autres soignants, le contenu des consultations et peu ou prou justifier les décisions prises. Ainsi, à son tour, il se trouve exposé à telle ou telle réaction ou commentaire de ses interlocuteurs. C’est certainement dans ces moments, où il se fait le “porte-parole” de la médecine, qu’il s’approprie vraiment une maladie dont, jusque-là, il n’avait connaissance que comme “images” quasi virtuelles sur un scanner, résultats d’examens, dosages biologiques, assertions de ses médecins. Il sera essentiel d’évoquer cet enjeu avec lui, car il doit être aidé à anticiper les questions, à acquérir quelques termes médicaux utiles pour, ensuite, argumenter ses choix. Le plus souvent, il souhaitera avec raison ne pas “tout dire” à chacune des personnes de son entourage, afin de préserver une identité sociale qui ne se réduise pas au statut de “malade”. Un tel “dire sélectif” peut aussi s’exercer dans les rencontres avec les soignants. Souvent considéré comme du “déni”, c’est plutôt une stratégie efficace qui ménage la possibilité de refuser plus facilement certaines contraintes, par exemple une hospitalisation. La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - nos 6-7 - juin-juillet 2010 | 197 MISE AU POINT L’annonce de “mauvaise nouvelle” : le neurologue, un “communicant” malgré lui ? Conclusion SITE RÉSERV É AU X P R O F E S S I O N N E L S D E S A N T É N O U V E AU Coordination : Pr Bruno Dubois, Pr Didier Dormont U7050 - Avril 2010 Testez votre lecture des images IRM Rendez-vous mensuel autour d’un cas clinique en Neuro-imagerie présenté et commenté par un expert Rendez-vous en ligne www.neuroimagerie.com 198 | La Lettre du Neurologue • Vol. XIV - nos 6-7 - juin-juillet 2010 F. Salachas, dans le cas particulier de la SLA écrit : “En revanche, il n’est plus question, comme cela a pu être fait auparavant, de considérer que la mission du médecin consiste à brosser le tableau évolutif le plus noir possible pensant s’affranchir ainsi de tout reproche ultérieur du patient ou de son entourage quant à une information incomplète…” (12). C’est bien un changement de perspective que propose la notion de “consultation d’annonce”. Il s’agit d’une relation “centrée patient” dans laquelle le médecin doit s’attacher à permettre au patient de faire connaître ses besoins et ses préférences (et donc d’être acteur des décisions concernant sa santé, comme la loi de 2004 l’exige), tout en respectant son cheminement psychologique dans la prise de conscience des enjeux qui, souvent, peut s’illustrer par la formule : “je veux tout savoir… mais pas tout entendre !” On devra accepter que ce processus s’inscrive dans l’expérience vécue la plus habituelle de la subjectivité humaine, celle d’un “conflit” entre ce que l’on “croit” et ce que l’on “sait”, dont rend compte une autre formule tout aussi banale : “Je sais bien… mais quand même.” Elle témoigne du besoin d’une “relation de connivence” avec le médecin, celle d’en rester à un partage de la vérité du moment : un médecin prêt à assumer tout ce qui pourrait arriver et un patient qui en reste à un éphémère, celui de tous les possibles… L’apprentissage par le médecin des “savoirs” et des “outils” que proposent les techniques dites de “communication” est indispensable, non pas pour “standardiser” le style des consultations mais, au contraire, grâce à une meilleure connaissance des répercussions possibles de diverses “manières de faire”, pour se libérer d’habitudes acquises parfois à son insu, dans le long compagnonnage de ses études hospitalières. ■ Références bibliographiques 1.◆Buckman R. Breaking bad news: why is it still so difficult? BMJ 1984;288:1597-9. 2.◆Annoncer une mauvaise nouvelle. Guide HAS 2008 : http://www.has-sante.fr/ portail/jcms/c_698028/annoncer-unemauvaise-nouvelle 3.◆Chio A, Montuschi A, Cammarosano S et al. ALS patients and caregivers communication preferences and information seeking behaviour. Eur J Neurol 2008;15:55-60. 4.◆Baile WF, Buckman R, Lenzi R et al. SPIKES-A six-step protocol for delivering bad news: application to the patient with cancer. Oncologist 2000;5:302-11. 5.◆Couratier P, Desport JC, Torny F, Lacoste M. Modalités et contenu de l’annonce du diagnostic de sclérose latérale amyotrophique sporadique. Rev Neurol (Paris) 2006;162 Spe N° 2:4S108-4S112. 6.◆Fallowfield L, Jenkins V. Communicating sad, bad, and difficult news in medicin. Lancet 2004;363:312-9. 7.◆Hack TF, Degner LF, Parker PA; SCRN Communication Team. The communica- tion goals and needs of cancer patients: a review. Psychooncology 2005;14:831-45. 8.◆Stineman G, Rist PM, Kurichi JE, Maislin G. Disability meanings according to patients and clinicians: imagined recovery choice pathways. Qual Life Res 2009;18:389-98. 9.◆Bungener C. Évaluation psychologique et psychopathologique dans la SLA. Rev Neurol (Paris) 2006;162 Spec N° 2: 4S158-4S163. 10.◆Joyce CR, Hickey A, McGee H, O’Boyle CA. A theory-based method for the evaluation of individual quality of life: The SEIQoL. Qual Life Res 2003;12;275-80. 11.◆Circulaire N° DHOS/SDO/2005/101 du 22 février 2005 relative à l’organisation des soins en cancérologie, disponible à l’adresse suivante : http://www.sante. gouv.fr/htm/dossiers/cancer/circancer. htm 12.◆Salachas F. Contenu et modalités de l’annonce de l’évolution et des étapes de la maladie. Rev Neurol (Paris) 2006;162 Spec N° 2: 4S127-4S129.