même accéléré le mmoouuvveemmeenntt œœccuumméénniiqquuee
né dans le protestantisme et condamné par
l’encyclique
Mortalium animos
du Pape Pie
XI, et que Vatican II a fait sien. Après l’en-
thousiasme initial (des œcuménistes naturel-
lement), ledit mouvement était entré dans
une longue période de stagnation, sinon de
crise, miné comme il l’était par d’intermina-
bles rencontres et discussions qui n’aboutis-
saient à rien, tandis que le nom de chrétien
tendait à disparaître de plus en plus dans no-
tre monde sécularisé. Le règne, encore court
(de fait), de Joseph Ratzinger semble lui
avoir redonné vie grâce aux abondantes in-
jections de “tradition”. Nous ne parlons cer-
tes pas de la divine Tradition révélée par
Dieu, incompatible avec l’hérésie œcuménis-
te, mais d’un certain pan-traditionalisme
pour lequel Joseph Ratzinger semble avoir
une prédilection lorsqu’il prête toutes ses at-
tentions œcuméniques à l’aile traditionaliste
des anglicans, aux prétendues “églises ortho-
doxes”,
in primis
l’église russe, et à l’aile
droite du protestantisme, c’est-à-dire l’“égli-
se” luthérienne, se basant sur l’“accord”
conclu sur la Justification (et il y revient
continuellement), accord qui prétend mettre
d’accord Luther et le Concile de Trente, le
diable et l’eau bénite (cf.
Sodalitium
n° 49,
p. 49). La visite du dimanche 14 mars au
temple luthérien de Rome (qui tout comme
le temple juif est une conséquence de la li-
berté religieuse imposée à la Rome papale
par les canons de la brèche de Porta Pia), vi-
site réalisée sur les traces de Wojtyla, lequel
s’y rendit en son temps sur les traces de Lu-
ther, consacre cette ouverture aux luthé-
riens. Pour conclure, l’œcuménisme ratzin-
gérien s’étend aussi – et c’est logique – aux
“traditionalistes” catholiques de la Fraterni-
té Saint Pie-X: le
motu proprio
sur la Messe
catholique définie comme “rite extraordi-
naire” du rite ordinaire moderniste, la levée
des excommunications des évêques lefeb-
vristes, le début du dialogue œcuménique
avec la Fraternité Saint Pie-X, insèrent offi-
ciellement ladite Fraternité dans le mouve-
ment œcuménique et assurent à ce dernier
une vigoureuse cure de traditionalisme; une
seule condition: que la vérité ne soit plus
considérée que comme une opinion.
Enfin, en ce qui regarde les rapports en-
tre l’État et l’Église, que le Concile affron-
tait dans la Déclaration
Dignitatis humanæ
personæ
, Ratzinger a élaboré d’une manière
3
accomplie la doctrine de la llaaïïcciittéé ppoossiittiivvee
qui voit dans la séparation totale entre
l’État et l’Église théorisée par les fondateurs
des États-Unis au XVIIIème siècle, et bien
avant encore par les Pères pèlerins, le mo-
dèle et le régime idéal à appliquer partout.
L’État ne doit pas reconnaître la seule et
unique vraie religion, mais doit protéger et
promouvoir toutes les religions. Pour l’État
la religion n’est plus un ennemi à combattre
– comme dans le laïcisme jacobin – mais une
influence bénéfique à promouvoir, à une
seule condition, cependant: c’est qu’au
moins dans la vie publique et dans l’ordre
juridique, aucune religion ne prétende être
la seule vraie: l’unique, véritable, grand en-
nemi du nouveau laïcisme est L’INTÉGRA-
LISME! Islamique certes, mais aussi catho-
lique, si jamais il tentait de se faire entendre.
Appelons les choses par leur nom: Rat-
zinger applique –
volens nolens, scienter vel
non
– le programme de ce que Mgr Jouin,
avec l’approbation de Pie XI, appelait la
JJuuddééoo--MMaaççoonnnneerriiee.
Et ce également dans ses ouvertures à la
TTrraaddiittiioonn. Seul peut s’en étonner qui ne
connaît pas le mmooddeerrnniissmmee. Le modernisme
croit avoir triomphé avec Vatican II. En ré-
alité, il a déjà perdu parce qu’il est la néga-
tion de la Vérité. Il a déjà perdu parce que
l’Église l’a condamné avec l’encyclique
Pas-
cendi
. Il a déjà perdu parce qu’un cancer
peut certes détruire et s’autodétruire, mais
ne peut pas construire. À nous de ne pas cé-
der aux sirènes conservatrices de qui veut
conserver le modernisme, si nous ne voulons
pas être entraînés dans son inévitable ruine.
Visite de Benoît
XVI à la synagogue
de Rome