Le 5 octobre 2010 Monsieur Yves Bolduc Ministre de la Santé et des Services sociaux Édifice Catherine-de-Longpré 1075, chemin Sainte-Foy, 15e étage Québec (Québec) G1S 2M1 Objet : Candidature pour la désignation au titre d'institut universitaire de santé mentale et de réadaptation de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine avec le soutien de ses partenaires Monsieur le Ministre, Au cours des dernières années, nous avons été heureux de constater que la santé mentale figurait parmi les axes prioritaires d’intervention du Gouvernement du Québec. Dans la foulée des actions découlant de cette priorité, en juin 2005, votre ministère dévoilait son Plan d’action en santé mentale, La force des liens. Cette préoccupation pour la santé mentale apparaît des plus pertinentes si l’on considère la prévalence des maladies mentales : un montréalais sur quatre souffrira au cours de sa vie d'un problème de santé mentale. Cette situation n’est pas sans conséquences sur les familles, les proches et, plus largement, sur l’organisation de la vie en société. Afin d’améliorer sans cesse les soins et les services à ces personnes et à leurs proches, l’Hôpital Louis-H. Lafontaine a pris l’initiative de présenter sa candidature, avec ses partenaires du Réseau universitaire intégré de santé de l’Université de Montréal, en vue de l’obtention d’un statut d'institut universitaire en santé mentale. La reconnaissance formelle à titre d’institut universitaire constitue un levier majeur pour assurer la qualité et l’accessibilité des soins et des services spécialisés et ultraspécialisés en santé mentale. Elle permettra de soutenir le développement des services de première ligne, conformément aux orientations du Plan d’action en santé mentale. Elle constitue également un levier essentiel au développement de la recherche, de l’enseignement et de l’évaluation. L'Hôpital Louis-H. Lafontaine est affilié à l’Université de Montréal depuis 1972 et est agréé par le Conseil canadien d'agrément des services de santé. Il est devenu aujourd’hui un centre hospitalier moderne et dynamique qui, avec des partenaires reconnus pour la qualité de leurs prestations, se situe à la fine pointe des soins et services en santé mentale. Ils rejoignent ensemble les jeunes, les adultes et les personnes âgées aux prises avec des problèmes de santé mentale ou les personnes ayant des problèmes de santé mentale en lien avec la justice, la toxicomanie ou la déficience intellectuelle. Ces établissements forment un réseau original dont l'action se déploie sur les plans local, régional, suprarégional et provincial. Leurs activités d’enseignement, de recherche et d’évaluation bénéficient, par la qualité de ceux et celles qui y travaillent, d’une grande notoriété. Cette réputation n’est pas étrangère à l’effort soutenu de l’Hôpital et de ses partenaires pour intégrer les différents volets de sa mission universitaire. Au plan académique, sur la base des orientations déterminées par l’Université de Montréal, l'Hôpital et ses partenaires contribuent à la formation initiale et continue ainsi qu’au développement de nouvelles approches pédagogiques dans les différents milieux où se retrouve une grande diversité d'expertises et d'expériences. Ces orientations touchent notamment l’expertise médicale et professionnelle dans le contexte de l’évolution des professions, les modes de collaboration interprofessionnelle et l’augmentation du nombre d’étudiants. En matière de recherche et d’évaluation des technologies et des modes d’intervention, l’Hôpital et ses partenaires profitent des avantages indéniables du Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine reconnu internationalement et financé notamment par le Fonds de la recherche en santé du Québec, la Fondation canadienne pour l’innovation et les Instituts de recherche en santé du Canada. Les acquis de l’Hôpital et de ses partenaires en matière de soins, d’enseignement, de recherche et d’évaluation donnent une assise solide à la demande de désignation à titre d’institut universitaire en santé mentale. La candidature de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine est soutenue par l’Université de Montréal, l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal ainsi que par ses nombreux partenaires. Recevez, Monsieur le Ministre, l'expression de nos meilleurs sentiments. Le président du conseil d’administration, Le directeur général, Gilles Lépine André Lemieux p.j. dossier de candidature c.c. Dr Jean L. Rouleau, doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et président du Réseau universitaire intégré de santé 2 DOSSIER DE CANDIDATURE À LA DÉSIGNATION D’INSTITUT UNIVERSITAIRE DE SANTÉ MENTALE ET DE RÉADAPTATION Prévention – Traitement – Réadaptation - Réhabilitation PRÉSENTÉ AU MINISTRE DE LA SANTÉ ET DES SERVICES SOCIAUX DU QUÉBEC PAR L’HÔPITAL LOUIS-H. LAFONTAINE AVEC LE SOUTIEN DE SES PARTENAIRES OCTOBRE 2010 Ce troisième élan de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine vers le statut d’institut universitaire reflète particulièrement les évolutions majeures qu’il a connues depuis quelques années, de même que son ouverture accrue, synergique et équilibrée à l’endroit de ses nombreux partenaires naturels qui s’associent à cette demande et la soutiennent. La grande institution psychiatrique francophone de l’Est de Montréal s’est définitivement extraite de son lourd passé sans le trahir. Elle joue dorénavant un véritable rôle d’institut universitaire de santé mentale et de réadaptation sur son territoire, dans son réseau régional et suprarégional et de plus en plus sur les plans national et international. 2 SOMMAIRE L’Hôpital Louis-H. Lafontaine et ses partenaires actuels sont fiers de soumettre cette demande de désignation complètement renouvelée au ministère de la Santé et des Services sociaux. En effet, ce troisième élan vers le statut d’institut universitaire reflète particulièrement les évolutions majeures qu’a connues l’institution depuis quelques années, de même que son ouverture accrue, synergique et équilibrée à l’endroit de ses nombreux partenaires naturels. Ces partenaires s’associent ainsi à cette demande et la soutiennent. Ce document illustre aussi le fait que la grande institution psychiatrique francophone de l’Est de Montréal s’est définitivement extraite de son lourd passé sans le trahir et qu’elle joue dorénavant un véritable rôle d’institut universitaire en santé mentale et en réadaptation sur son territoire, dans son réseau régional et suprarégional et de plus en plus sur les plans national et international. L’amorce de cette nouvelle demande, que nous voyons comme un troisième élan de maturité et d’ouverture, est venue à la fois de l’institution elle-même et de l’Université de Montréal qui souhaitent disposer enfin d’un institut dans le domaine de la santé mentale et de la réadaptation. Un comité de rédaction a été constitué, à la fois hospitalier et facultaire. Ce comité a orchestré une vaste démarche interne à l’institution mais également externe auprès de ses partenaires naturels du réseau afin d’expliquer le projet, d’obtenir leur appui et d’identifier des domaines de synergies et de complémentarités dans les pratiques de pointe, la recherche, l’évaluation des pratiques et l’enseignement. Le dénominateur commun de l’ensemble des chapitres est à l’effet que l’Hôpital Louis-H. Lafontaine considère sa désignation à titre d’Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation comme un levier pour aller plus loin et faire progresser encore plus ce qui a animé et motivé toute l’équipe au cours des dernières années à savoir la détermination d’améliorer les soins et services aux personnes atteintes de troubles mentaux, de développer l’enseignement, la recherche et l’évaluation dans un souci de poursuite de l’excellence. Le présent document démontre avec preuves à l’appui que l’Hôpital Louis-H. Lafontaine et ses partenaires rencontrent en tous points les critères du Ministère en ce qui regarde les caractéristiques d’un institut universitaire et va même au-delà de ses exigences. Dans les lignes qui suivent, nous allons souligner brièvement les points névralgiques de chaque chapitre. Premier critère : l’orientation de l’action L’Hôpital Louis-H. Lafontaine est résolument engagé dans l’actualisation des orientations ministérielles en santé mentale. Depuis plus de 30 ans, il a posé de nombreux gestes pour inscrire ses actions et ses services dans une approche systémique, respectueuse de la personne dans sa globalité. Plan de transformation, planifications stratégiques, mise en œuvre du Plan d'action en santé mentale, travaux de réflexion autour de trois demandes de désignation comme institut universitaire en collaboration avec ses partenaires ont été réalisés avec la participation des usagers et de leurs proches, des organismes communautaires, des services de première ligne, des partenaires hospitaliers, intersectoriels et universitaires. Les révisions successives de la mission de l’Hôpital ont été effectuées avec un nombre imposant d’instances et d’organismes en santé mentale et réadaptation afin de « voir au mieux-être des personnes en offrant les meilleurs soins et services spécialisés et surspécialisés en santé mentale, contribuer à repousser les limites de la maladie par la recherche et l’évaluation des modes d’intervention, former les intervenants par l’enseignement et diffuser des savoirs en collaboration avec ses partenaires » (Planification stratégique 2009-2012). Les priorités d’action de l’Hôpital visent surtout l’accroissement de l’accessibilité des soins et services, le développement de services spécialisés et surspécialisés à la fine pointe de la recherche, le renforcement des liens entre la recherche et la clinique particulièrement par le projet Signatures biologique, 3 psychologique et sociale de la maladie mentale, l’augmentation de la capacité d’accueil des stagiaires et le déploiement d’efforts pour démystifier la maladie mentale. Deuxième critère : l’organisation des services En harmonie avec l’approche populationnelle et la hiérarchisation préconisées par le Plan d’action en santé mentale, l’Hôpital dessert la population des trois centres de santé et de services sociaux de l’Est de Montréal avec l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont: St-Léonard/St-Michel, Pointe-de-l’Île et Lucille-Teasdale. Au niveau de sa mission universitaire et de ses services ultraspécialisés, son territoire est celui du Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal : Montérégie, Laval, Laurentides, Lanaudière et Mauricie. Sous la direction des services cliniques, les services de l’Hôpital sont organisés en sept programmes (troubles psychotiques, évaluation et interventions brèves, troubles anxieux et de l’humeur, gérontopsychiatrie, troubles relationnels et de la personnalité, dépendances et santé mentale, psychiatrie et déficience intellectuelle) et deux mesures transitoires (ambulatoire et intrahospitalière). La direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté regroupe six services : centre de soutien à l’intégration sociale, hébergement individualisé, hébergement des résidences de groupe, hébergement transitoire, hébergement de psychiatrie gériatrique et programmes de réadaptation vocationnelle. Six autres directions contribuent à l’offre de service de l’Hôpital : deux directions conseil : la direction des services professionnels et la direction des soins infirmiers ; deux directions soutien : la direction des services administratifs et la direction des ressources humaines ; la direction de l’enseignement qui assure la formation des partenaires et des futurs intervenants ainsi que le ressourcement et le perfectionnement des intervenants et enfin la direction de la recherche avec ses trois axes : signatures biologique psychologique et sociale, traitement et réadaptation adaptés aux populations ainsi que développement technologique et transfert des connaissances. De nombreuses ententes lient l’Hôpital avec ses partenaires : services de première ligne, établissements du réseau de l’Université de Montréal, Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal, réseau des instituts universitaires en santé mentale, centres de réadaptation en déficience intellectuelle et sur les dépendances, agences de la santé et des services sociaux, instances régulatrices, organismes du réseau intersectoriel. Plusieurs réalisations témoignent du leadership de l’Hôpital dans l’Est de Montréal et à Montréal: participation à la Table de concertation de santé mentale de l’Est de Montréal, rencontres multiples avec des partenaires, signature d’ententes avec des dispensateurs de services intrarégionaux, régionaux et nationaux, travail intense avec les trois centres de santé et de services sociaux et l’Hôpital MaisonneuveRosemont, rehaussement des services de première ligne, mise en place de l’approche par programmes clientèles, positionnement de l’offre de service en deuxième et troisième lignes, désignation de l’Hôpital par l’Agence comme organisme gestionnaire de plus de la moitié des ressources résidentielles de Montréal, organisation de quatre éditions du Salon des ressources en santé mentale et bien d’autres. L’Hôpital offre une gamme étendue de services de première, deuxième et troisième lignes aux différents réseaux d’adultes, de personnes âgées et de jeunes ayant des problèmes de santé mentale, aux réseaux de la psychiatrie légale, à celui de la santé mentale et de la toxicomanie ainsi qu’au réseau de la santé mentale et de la déficience intellectuelle. Les mécanismes de coordination, de planification et d’évaluation sont nombreux : tables sous-régionales de concertation en santé mentale avec des représentants d’utilisateurs de services, d’intervenants et de gestionnaires de plusieurs organisations, secteurs d’activités et partenaires intersectoriels; tables régionales ou comités régionaux regroupant des représentants d’utilisateurs de services et des collaborateurs des première, deuxième et troisième lignes ; Table de concertation en santé mentale de l’Est de Montréal à l’exécutif de laquelle siège un représentant de l’Hôpital ; table réunissant les trois centres de santé et de services sociaux de l’Est de Montréal, l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont et l’Hôpital Louis-H. Lafontaine sur la mise en œuvre du Plan d’action en santé mentale et coprésidée par le directeur général du Centre de santé et de services sociaux Lucille-Teasdale et le directeur général de l’Hôpital 4 Louis-H. Lafontaine. La qualité des services et processus de gestion a été reconnue par plusieurs instances : une cinquième accréditation du Conseil canadien d’agrément des services de santé, l’attribution d’un certificat d’agrément sans condition pour une durée de trois ans, l’évaluation du site hospitalier en milieu de vie de l’établissement et des partenaires de l’Hôpital par le ministère de la Santé et des Services sociaux, des visites d’inspection de partenaires, d’ordres professionnels, du Curateur public, etc. L’Hôpital déploie beaucoup d’efforts pour une gestion intégrée de la qualité des processus continus et systématiques de gestion de l’organisation et a fait sien le programme Qmentun d’Agrément Canada. Troisième critère : les pratiques de pointe Vitrines locales, nationales et internationales, solidement établies ou en émergence, les pratiques de pointe de l’Hôpital et de ses partenaires illustrent le potentiel d’innovation, la recherche d’excellence et la culture d’évaluation de l’établissement. Les forces de l’Hôpital sont unanimement reconnues pour ses réalisations touchant les troubles psychotiques (premiers épisodes psychotiques, troubles complexes et résistants, troubles psychotiques prolongés), l’approche cognitivo-comportementale et intégrative des troubles anxieux, la psychopharmacologie, le monitoring thérapeutique de la concentration plasmatique des psychotropes ainsi que la réadaptation des personnes avec des troubles mentaux psychotiques graves et persistants. L’Hôpital a sollicité la collaboration de ses partenaires du réseau de l’Université de Montréal pour faire mieux et davantage avec eux. Citons à titre d’exemples la Table de santé mentale du Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal, la collaboration inter-Réseau universitaire intégré en santé (comme celui de McGill) vers un niveau tertiaire en troubles de la personnalité, la gérontopsychiatrie avec le Service de gérontopsychiatrie du Pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du SacréCœur de Montréal à l’intérieur de la Table de santé mentale du Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal. D’autres pratiques de pointe sont en lien avec des partenaires, tels le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et le réseau/centre régional tertiaire en déficience intellectuelle de Montréal pour les troubles graves du comportement et la déficience intellectuelle ou l’apport de la psychiatrie à la réhabilitation dans la déficience intellectuelle, le Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances pour les troubles concomitants de santé mentale et de conduites addictives à la Clinique Cormier-Lafontaine, l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont pour les soins partagés en santé mentale avec la première ligne. De plus, l’Hôpital soutient de façon particulière l’organisme Les Impatients de Montréal ainsi que la Société québécoise de schizophrénie. D’autres partenaires ont proposé de joindre leurs pratiques de pointe à celles de l’Hôpital : l’Hôpital Rivière-des-Prairies avec les troubles envahissants du développement, le Pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal avec le service de pédopsychiatrie, la médecine psychosomatique, la consultation-liaison, l’axe des troubles psychotiques, le CHU Ste-Justine avec la pédopsychiatrie. Quelques pratiques de pointe sont en émergence à l’Hôpital : les troubles anxieux et de l’humeur comorbides et réfractaires, l’approche biologique de la dépression résistante et les troubles de la personnalité. Comme institut universitaire, l’Hôpital veut se laisser surprendre par de nouvelles questions et propositions émergeant de la pratique clinique, de la recherche, de l’enseignement et de l’évaluation. Quatrième critère : l’enseignement La mission d’enseignement a toujours été et demeure intimement liée à la mission de service de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine. Affilié à l’Université de Montréal depuis 1972, l’Hôpital a assumé un leadership indéniable dans la formation de plusieurs générations de médecins, d’infirmières et par la suite d’équipes interdisciplinaires. Avec 53 membres détenteurs d’un titre universitaire, le département de psychiatrie de l’établissement regroupe le plus important corps professoral du département universitaire de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Depuis la fin des années ’80, deux de ses professeurs, Grunberg et Lalonde, ont publié trois éditions du principal manuel de psychiatrie du monde 5 francophone et en préparent la quatrième édition pour 2013. Ce manuel regroupe les textes de dizaines de psychiatres du département de psychiatrie universitaire de Montréal sous le titre Psychiatrie clinique : approche bio-psycho-sociale. Sur le plan international, le leadership assumé par l’Hôpital dans le domaine de la diffusion des connaissances en santé mentale se confirme de plus en plus. En font foi le nombre de demandes de stages en provenance de l’international et le rayonnement de nos chercheurs, médecins et professionnels, membres du corps professoral, sur des tribunes prestigieuses. Au fil des ans, l’Hôpital a développé des liens étroits de collaboration avec plusieurs établissements. Quatre autres universités québécoises ont des contrats avec l’Hôpital. Chaque année, l'Hôpital accueille des étudiants en provenance de plusieurs universités et établissements collégiaux du Québec, d’ailleurs au Canada, d’Europe et d’Afrique francophone. L’établissement s'est doté d'une politique de formation et a mis au point des programmes et des activités de formation et de perfectionnement qui lui permettent d’atteindre un niveau d’excellence dans le transfert des savoirs. Quelque 800 stagiaires sont accueillis chaque année dans le cadre de stages formels dans le domaine des soins et des services spécialisés et surspécialisés en santé mentale. Des mécanismes de planification, de coordination et d’évaluation des stages ont été mis en œuvre avec les universités en tenant compte des attentes et des points de vue des superviseurs et des stagiaires. L'Hôpital a également initié un mouvement d’ouverture à l’ensemble de ses partenaires du réseau. Chef de file en téléformation et en visioconférence dans le domaine de la santé mentale, l’Hôpital diffuse annuellement une centaine de téléconférences et de téléformations et assume depuis le début de ce projet un leadership incontestable dans le domaine de la télépsychiatrie donnant ainsi accès aux établissements en région ou en périphérie de Montréal à une formation de pointe dans le domaine de la santé mentale. Cinquième critère : la recherche La structure de recherche du futur institut est basée sur le Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine qui agit en partenariat avec deux autres institutions comprenant le service de recherche de l'Hôpital Rivière-des-Praires (depuis 2001) et le Centre de recherche de l'Institut PhilippePinel de Montréal (depuis 2003). Le Centre de recherche a été reconduit au printemps 2010 par le Fonds de recherche en santé du Québec. Dans la structure organisationnelle du Centre de recherche FernandSeguin, les trois sites sont indissociables. Un directeur de la recherche est présent à chaque site et les trois directeurs siègent au comité de direction du Centre. Cette structure permet d'avoir accès à un large éventail d’expertises multidisciplinaires. Le Centre (incluant ses trois sites) regroupe 40 chercheurs équivalents temps plein ainsi que trois nouveaux chercheurs qui ont été recrutés pour l’année 2010-2011. À chaque trimestre, une assemblée des chercheurs regroupe les chercheurs des trois sites dans le but de les informer des nouveaux développements et d'échanger sur les besoins et les succès du Centre de recherche. Chaque site a son propre comité d’éthique spécialisé dans l’analyse des projets portant sur ses populations cibles. Par son organisation en trois sites, le Centre de recherche a accès à une masse critique de populations de patients allant de l’enfance (site Hôpital Rivière-des-Prairies) à l’adulte (site Hôpital Louis-H. Lafontaine) ainsi qu’à des patients criminalisés (site Institut Philippe-Pinel de Montréal) qui peuvent tous bénéficier de l’apport d’une recherche scientifique de pointe pour le développement de meilleurs traitements et de processus de réadaptation. En effet, plus de 3 000 patients sont admis annuellement sur les trois sites hospitaliers associés au Centre de recherche, ce qui permet d’avoir accès à la plus grande population de patients psychiatriques au Canada (évaluation de la firme McKinsey, 2009). Le Centre de recherche Fernand-Seguin table sur trois axes de recherche : l’Axe 1 : signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale; l’Axe 2 : traitement et réadaptation adaptés aux populations; l’Axe 3 : développement technologique et transfert des connaissances en santé mentale. Les deux premiers axes portent sur des forces déjà en place et reconnues. Le troisième est en croissance et le Centre vise le développement du plein potentiel de cet axe à la fin du prochain mandat. La production scientifique des chercheurs et des activités de diffusion, de transfert et d’utilisation des connaissances associées à ces recherches est bien démontrée : 115 articles en 2006; 121 en 2007; 104 en 2008; 163 en 2009. Les octrois reconnus par axe montrent une très bonne moyenne pour l’année 2009 : 3.1 M $ (Axe Signatures 1.9 M $; Axe Traitement 803 000 $ ; Axe Développement technologique et transfert des connaissances : 436 000 $), ce qui indique que les efforts des comités de chercheurs et du Bureau de projets pour diversifier les demandes de subventions des chercheurs ont porté fruit. La plus 6 importante richesse du Centre de recherche est la spécialisation des chercheurs en santé mentale humaine pour tous les groupes d’âge et pour toutes les grandes pathologies, une spécialisation reconnue à l’échelle locale, nationale et internationale. La formation d’étudiants au niveau des études prégraduées et graduées, de résidents et de chercheurs en formation postdoctorale constitue l’une des priorités du Centre de recherche. Au cours des quatre dernières années, plus de 200 étudiants ont poursuivi leur formation sous la supervision des chercheurs du Centre. Les chercheurs supervisent également des résidents et des professionnels de la santé sur une base régulière. Sixième critère : l’évaluation des technologies et des modes d’intervention L’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé existe depuis une décennie par le module du soutien évaluatif au développement des services psychiatriques fondé en 1997. Déjà à cette époque, l’Hôpital reconnaissait que le développement de l’évaluation et des meilleures pratiques visait autant la clinique que l’organisation des services. Des travaux de l’Hôpital ont été récupérés au niveau régional et national et ont trouvé écho entre autres dans le Plan d’action en santé mentale, par exemple la ligne d’écoute en santé mentale avec le rôle majeur des infirmières, les normes de ressources résidentielles supervisées basées sur les meilleures pratiques, l’évaluation de l’impact du suivi intensif dans le milieu et les normes adoptées. Pour diffuser et surveiller ces meilleures pratiques, le ministère de la Santé et des Services sociaux a mis en place et basé à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine, avec l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, le Centre national d’excellence en santé mentale. À Montréal, ces travaux ont conduit à confier tant au secteur public qu’aux organismes communautaires le suivi d’intensité variable. La recherche clinique et la réadaptation se sont illustrées par le développement de technologies de domotique et de soutien au déficit cognitif : pilulier électronique, agenda intelligent, maison intelligente. Cliniciens et gestionnaires ont contribué au développement de documents, d’outils sur les contentions et contraintes, sur la sexualité des patients hospitalisés ou en régime de protection, sur l’électroconvulsivothérapie par l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention, etc. Cette culture d’évaluation continuera d’être soutenue par les trois axes du Centre de recherche FernandSeguin et la plateforme du Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal en évaluation des technologies et modes d’intervention en santé. La formation continue du personnel, des patients et des gestionnaires, les stratégies transversales d’échanges de connaissances et de formation à l’évaluation favoriseront l’implantation, l’évaluation et la diffusion des meilleures pratiques. Une communauté de pratique a été mise en place dernièrement à l’Hôpital avec le soutien de l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention pour favoriser le plus rapidement et le plus efficacement possible l’évaluation des meilleures pratiques dans le cadre d’une gouvernance clinique renforcée. L’Hôpital s’oriente résolument vers la création officielle d’une unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé mentale qui rejoindrait au Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal les unités d’évaluation des technologies et des modes d’intervention du CHU Ste-Justine et du Centre hospitalier de l'Université de Montréal. Les deux premiers objets de cette unité d’évaluation de l’Hôpital seraient : 1. de prendre le relais des recommandations de l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention sur l’électroconvulsivothérapie et d’établir un centre d’étude des indications et des issues de cette pratique ; 2. de revoir la littérature sur les équipes mobiles d’intervention de crise et de soutenir, par le futur institut et ses partenaires de Montréal, l’implantation d’une première équipe mobile d’intervention de crise en gérontopsychiatrie au Québec. Septième critère : l’intégration des missions Depuis quelques années déjà, l’intégration des soins, de l’enseignement, de la recherche et de l’évaluation est une préoccupation constante de l’Hôpital ainsi qu’un des concepts clés qui ont structuré ses actions. Il est possible d’observer cette intégration des missions à l’intérieur même de l’intervention interdisciplinaire auprès des personnes atteintes de troubles mentaux. On la voit aussi à l’œuvre à l’intérieur de la structure administrative et l’organisation des services de l’Hôpital. Le cheminement de deux patients depuis leur entrée par l’une des deux portes de l’Hôpital, la porte du Module évaluation-liaison et celle de l’urgence, démontre de quelle façon les missions s’interpellent et se coordonnent. 7 Un premier exemple présente le parcours d’une personne ayant un problème complexe d’anxiété et de dépression et qui, depuis le guichet d’accès de son centre de santé et de services sociaux, est orientée par son médecin de famille vers le programme des troubles anxieux et de l’humeur par le module d’évaluation-liaison. Tout au long des soins et services, les membres de l’équipe interdisciplinaire : psychiatre, infirmière, chercheur clinicien, résident en psychiatrie, superviseur de stage, travailleur social et autres coordonnent leurs interventions. Les soins interpellent l’enseignement, la gestion de la qualité et la recherche. Le psychiatre transmet ses connaissances au résident en psychiatrie. On fait appel à l’équipe de recherche du Centre d’étude des troubles obsessionnels-compulsifs et des tics ainsi que des cercles de qualité. Des chercheurs contribuent à évaluer les services reçus. Le deuxième exemple raconte l’histoire médicale d’une personne atteinte d’un trouble psychotique et qui se présente à son médecin de famille accompagnée de ses parents. Après évaluation, le médecin réfère le patient à l’urgence de l’Hôpital. Le patient est hospitalisé pour environ quatre semaines. Tout au long des deux années qui suivent, les missions s’interpellent et se coordonnent tout au long du continuum de soins et services, de la première, à la deuxième et à la troisième lignes, assurant la collaboration constante de la personne, de ses proches, de l’équipe traitante, de la recherche clinique, de l’enseignement et de l’évaluation. La restructuration des services de l’Hôpital en programmes clientèles a permis d’intégrer les cliniciens, professionnels, chercheurs, superviseurs de stages dans une même équipe interdisciplinaire. Des mécanismes de coordination et de liaison des missions empêchent le fonctionnement en silo. L’offre de service est constamment révisée à partir de la littérature et en fonction des meilleures pratiques. Les pratiques de pointe de l’Hôpital et de ses partenaires sont aussi des lieux privilégiés d’intégration des missions de même que les tables de concertation en santé mentale. La gouvernance La gouvernance de l’Institut de santé mentale et de réadaptation relève des dispositions de la Loi sur les services de santé et les services sociaux du Québec et de sa modification (2005) par la Loi 83 fondant les réseaux universitaires intégrés en santé. Lors de la désignation, le conseil d’administration et le directeur général deviennent les instances supérieures de la nouvelle entité administrative. Les comités du conseil d’administration sont les suivants : deux comités obligatoires - le comité des ressources matérielles et financières responsable de la vérification des états financiers et le comité de vigilance et de la qualité - et ainsi que d’autres comités qui existent déjà dans la structure de l’Hôpital : services à la clientèle et développement de la recherche, ressources humaines et enseignement, éthique de la recherche, gestion des risques, évaluation et application du protocole d’isolement-contentions, éthique appliquée et évaluation du directeur général et des gestionnaires. Le siège social de l’Hôpital devient le siège social de l’institut. Deux nouvelles instances administratives d’importance majeure ayant toutes deux des fonctions conseil, évaluation et recommandation seront ajoutées à la structure : le comité sur la gouvernance, mécanisme interne créé par le conseil d’administration pour évaluer son propre fonctionnement en fonction d’une gouvernance optimale, pour garantir que l’intérêt supérieur de l’Institut soit assuré et pour apprécier l’exécution de ses directives par la direction de l’Institut ; le comité des partenaires de l’Institut, rattaché au directeur général, avec le mandat de rassembler ses partenaires, de faire progresser et d’évaluer le partenariat en accord avec la mission du Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal. La désignation d’institut universitaire sous-entend un niveau d’excellence et introduit une nouvelle imputabilité sur l’organisation de l’Hôpital et sur les programmes pour le maintien, le renforcement d’une qualité et d’une expertise en clinique, en recherche, en transfert des connaissances et en évaluation. Les perspectives d’avenir En attendant sa désignation comme institut universitaire, l’Hôpital poursuivra la réalisation de sa planification stratégique 2009-2012 autour de quatre priorités d’action soutenues par une culture de la mesure et de l’évaluation de la qualité : l’amélioration de l’accès aux soins et services, le développement d’activités d’enseignement, des projets novateurs en recherche clinique, la mobilisation des ressources 8 humaines, dans le but de repousser les limites de la maladie mentale. L’Hôpital tient aussi à développer un plan de communication interne et externe pour soutenir entre autres la réalisation de projets, favoriser son nouveau positionnement et démystifier la maladie mentale. De plus, il compte poursuivre ses ententes actuelles avec ses partenaires et en développer de nouvelles en vue d’une meilleure concertation des établissements du territoire en ce qui a trait à l’offre de services aux personnes atteintes de problèmes de santé mentale. Tous ces projets sont en cours de réalisation et contribuent sans équivoque à la qualité de la candidature de l’Hôpital au titre d’Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation. Conclusion La désignation de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine comme Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation représente une valeur ajoutée pour les soins, la recherche, l’enseignement et l’évaluation, pour nos partenaires, pour l’Université de Montréal et pour le réseau de la santé et des services sociaux de Montréal et d’ailleurs au Québec. Cette nouvelle demande, mature et réaliste, propose un projet dynamique, évolutif et flexible appuyé sur de fortes assises. L’Hôpital a fait évoluer son organisation de soins en programmes, il s’est doté de mécanismes d’évaluation et d’imputabilité et il entend promouvoir le continuum du développement des personnes et l’abolition des silos. Le Centre de recherche Fernand-Seguin est en plein essor et son rapprochement de la clinique ne fait pas de doute. L’enseignement et la transmission des connaissances de même que l’évaluation des soins et services en fonction des meilleures pratiques sont acquis. Les ententes de services et les collaborations avec les partenaires sont solides et prometteuses. Les domaines de compétence et les niveaux d’intervention du département de psychiatrie de l’Université de Montréal, de l’institut et du Réseau universitaire intégré de santé de l’Université ont été clarifiés. La création de l’Institut consolidera les alliances entre les partenaires et contribuera à la cohésion et à la cohérence du réseau francophone de la santé et des services sociaux. Le leadership de l’Hôpital en santé mentale s’en trouvera accru sur les plans local, national et international. Son expertise rayonnera davantage au Québec et ailleurs dans le monde à l’honneur de tout le réseau public québécois de santé et services sociaux et pour le mieux-être des personnes atteintes de maladie mentale. Quelques mots clés Santé mentale. Organisation des soins et services de santé mentale. Réadaptation. Institut universitaire. Partenariats. Interdisciplinarité. Coordination de l’épisode de soins. Approche par programmes clientèles. Pratiques de pointe. Enseignement et transfert des connaissances. Recherche. Centre de recherche Fernand-Seguin. Signatures de la maladie mentale. Évaluation des technologies et des modes d’intervention. Intégration des missions. Gouvernance. 9 PARCOURS DU DOSSIER DE DÉSIGNATION DEPUIS JANVIER 2010 Depuis janvier 2010, plusieurs personnes ont été rencontrées à une ou plusieurs reprises par le comité de rédaction à l’interne et à l’externe de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine pour des demandes d’information, des consultations et pour l’exploration de scénarios de rapprochement dans le contexte d’une éventuelle désignation de l’Hôpital comme Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation. Plusieurs personnes de l’Hôpital, du Centre de recherche Fernand-Seguin, de l’Université de Montréal ainsi que des représentants de nos partenaires ont collaboré à des degrés divers avec les membres du comité de rédaction à l’élaboration de ce document. Nous leur adressons nos plus vifs remerciements. A. Rencontres d’information, consultations et exploration de scénarios de rapprochement Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances Madame France Lecomte Directrice des services à la clientèle Centre hospitalier universitaire de Montréal Dr François Lespérance Directeur de la recherche clinique au Centre de recherche Chef du département de psychiatrie Vice-doyen à la recherche clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal Centre hospitalier universitaire Ste-Justine Dre Johanne Boivin Dre Patricia Garel Monsieur Fabrice Brunet Chef adjointe du département de psychiatrie Chef du département de psychiatrie Directeur général Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Dr Paul-André Lafleur Dr Yvan Pelletier Monsieur Michel Larivière Chef du département de psychiatrie Médecin psychiatre à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Chef de la Table de santé mentale du Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal Directeur général Hôpital Maisonneuve-Rosemont Dre Odette Bernazzani Dr Jacques Bernier Dr Daniel St-Laurent Madame Suzanne Soulières Médecin psychiatre responsable du service de clinique externe Directeur de l’enseignement Chef du département de psychiatrie Chef clinico-administrative du programme de santé mentale Hôpital Rivière-des-Prairies Dr Alain Lévesque Monsieur Jean-Pierre Duplantie Président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens Directeur général par interim Institut Philippe-Pinel de Montréal Dr Jocelyn Aubut Dre Jocelyne Brault Dr Frédéric Millaud Directeur général Chef du département de psychiatrie Directeur de l’enseignement Institut universitaire en santé mentale de Québec Dr Hubert Wallot Médecin psychiatre Institut universitaire en santé mentale Douglas Monsieur Jacques Hendlisz Directeur général Université de Montréal Dr Denis Roy Vice-doyen exécutif Faculté de médecine de l’Université de Montréal Dr Pierre Boyle Vice-doyen à la recherche Faculté de médecine de l’Université de Montréal Dr Renaldo Battista Directeur du département d’administration de la santé de la Faculté de médecine Directeur de l’Institut d’évaluation en santé Titulaire de la Chaire de recherche du Canada en évaluation des technologies et des modes d’Intervention en santé Responsable de la table Évaluation des technologies et des modes d’Intervention en santé du Réseau universitaire intégré en santé de l’Université de Montréal Dr Emmanuel Stip Dr François Borgeat Dr Yvan Pelletier Présentation d’un diaporama à l’exécutif du RUIS de l’Université de Montréal pour la création d’une Table en santé mentale du RUIS de l’Université de Montréal Université McGill Dre Mimi Israel Directrice du département universitaire de psychiatrie à la Faculté de médecine Chef du département de psychiatrie de l’Institut universitaire de santé mentale Douglas Université de Sherbrooke Dr Pierre Beauséjour Chef du département de psychiatrie universitaire du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke Directeur du département de psychiatrie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé Collaboration à l’écriture ou à la critique de certains textes Dr Patrick Barabé Médecin psychiatre Chef médical de la Clinique Cormier-Lafontaine Dre Odette Bernazzani Médecin psychiatre à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont Madame Line Boudreault Adjointe à la direction de l’enseignement de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Madame Lise Corbin Coordonnatrice par intérim à la Clinique Cormier-Lafontaine Dre Johanne Cyr Chef médicale adjointe Programme des troubles anxieux et de l’humeur à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine 11 Dre Patricia Garel Médecin psychiatre Chef du département de psychiatrie au CHU Ste-Justine Dr Sylvain Laniel Chef du service des troubles psychotiques du Pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Chef du Service de pédopsychiatrie du Pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Dr Alain Lebel Monsieur Jean-Jacques Leclerc Directeur des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Dr André Lelièvre Médecin psychiatre Chef du service de médecine psychosomatique et consultation-liaison à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Monsieur Jean Lepage Conseiller aux communications et aux relations avec la communauté Membre du comité exécutif de la Table de concertation de l’Est de Montréal en santé mentale Dre Sonia Lupien Directrice scientifique du Centre de recherche Fernand-Seguin à l’Hôpital Louis-H.Lafontaine Directrice du Centre d’études sur le stress humain Titulaire de la chaire en santé mentale des femmes et des hommes de l’Institut de santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada Professeure agrégée au département de psychiatrie de l’Université de Montréal Dr Raymond Morissette Médecin psychiatre à la Direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Dr Laurent Mottron Médecin psychiatre à Hôpital Rivière-des-Prairies Professeur titulaire au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal Madame Marie-Josée Prévost Chef médicale du programme de déficience intellectuelle et santé mentale à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Dr Daniel St-Laurent Médecin psychiatrie Chef du département de psychiatrie à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont Dre Nathalie Shamlian Médecin psychiatre au Pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du SacréCœur de Montréal Chef du service de gérontopsychiatrie Présidente du comité de gérontopsychiatrie de l’Université de Montréal Dre Valérie Tourjman Médecin psychiatre à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Directrice clinique du Centre de recherche Fernand-Seguin 12 Comité de rédaction Dr François Borgeat Médecin psychiatre à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Professeur titulaire de clinique au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal Professeur honoraire à l’Université de Lausanne Monsieur André Lemieux Directeur général de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Dr Alain Lesage Médecin psychiatre à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Directeur scientifique adjoint au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Directeur scientifique adjoint du réseau québécois de recherche sur le suicide du Fonds de la recherche en santé du Québec. Professeur titulaire au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de Université de Montréal Dr J. André Luyet Médecin psychiatre à Hôpital Louis-H. Lafontaine Chef du département de psychiatrie de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Co-directeur médical de la direction des services cliniques à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Professeur adjoint au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal Dr Luc Nicole Médecin psychiatre à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Chef médical du programme des troubles psychotiques à l’Hôpital LouisH. Lafontaine Directeur de l’enseignement à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Professeur agrégé de clinique au département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal Dr Emmanuel Stip Directeur du département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal Titulaire de la chaire de recherche Eli Lilly en schizophrénie à l’Université de Montréal Professeur agrégé au département de psychiatrie à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal Chercheur clinicien au Centre de recherche Fernand-Seguin de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Psychiatre à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Psychiatre à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Consultants Monsieur Marcel Villeneuve Madame Christiane Sirois 13 TABLE DES MATIÈRES Sommaire p. 3 Parcours du dossier de désignation depuis janvier 2010 p. 10 Comité de rédaction p. 13 Table des matières p. 14 Liste des tableaux p. 16 Liste des abréviations et des sigles p. 17 INTRODUCTION p. 18 Chapitre premier : L’orientation de l’action A. Approche globale de la personne et vision systémique des services B. Services intégrés et force des partenariats C. Mission inspirante et leadership reconnu D. Valeurs partagées et participation à l’évolution de la santé mentale p. 20 Chapitre II : L’organisation des services A. Territoire de desserte B. Mode d’organisation des services à la clientèle C. Partenaires de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine D. Organisation des services offerts aux réseaux E. Mécanismes de coordination, de planification et d’évaluation F. Qualité des services et des processus de gestion p. 24 Chapitre III : Les pratiques de pointe A. Les forces de l’Hôpital en santé mentale et en réadaptation B. Faire mieux et davantage avec nos partenaires C. Quelques pratiques de pointe en émergence p. 35 Chapitre IV : L’enseignement A. Leadership de l’Hôpital B. Contrats et ententes C. Politiques et programmes de formation et de perfectionnement D. Stages E. Supervision des stages F. Formation et perfectionnement des partenaires et intervenants p. 55 Chapitre V : La recherche A. Structure de recherche B. Programmation de recherche C. Direction d’étudiants de deuxième et troisième cycles p. 66 Chapitre VI : L’évaluation des technologies et des modes d’intervention A. Place de l’évaluation à l’Hôpital B. Récupération régionale et provinciale des travaux C. Vers une plus grande culture de l’évaluation D. De la consolidation à l’expansion de l’évaluation des technologies et des modes d'intervention en santé p. 73 14 Chapitre VII : L’intégration des missions A. À travers l’itinéraire de deux patients B. Dans la structure administrative et l’organisation des services p. 78 Chapitre VIII : La gouvernance A. Structure de gouvernance B. Responsabilités des instances supérieures p. 83 Chapitre IX : Les perspectives de développement p. 87 CONCLUSION p. 89 LETTRES D’APPUI p. 91 BIBLIOGRAPHIE ET ANNEXES (gravées sur disque compact) 15 LISTE DES TABLEAUX Tableau I Réalisations de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine en fonction des orientations ministérielles p. 22 Tableau II Services de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine p. 24 Tableau III Partenaires et objets des partenariats p. 26 Tableau IV Collection des Impatients de Montréal en 2010-07 p. 47 Tableau V Nombre de jours/stages par discipline en 2009-2010 p. 58 Tableau VI Nombre d’articles scientifiques de 2006 à 2009 p. 71 Tableau VII Évaluation des technologies et modes d’intervention p. 73 Tableau VIII Structure de gouvernance de l’Institut p. 84 16 LISTE DES ABRÉVIATIONS ET DES SIGLES ACFAS AETMIS AMPQ ASSSM CHSLD CHU CHUM CLSC CRFS CSSS CUSM ECT ERIC ESPEUM ESPT ETC ETMIS FRSQ HEC HLHL HMR HPLC HRDP HSCM INESSS IPPM IRSC IUGM IUSMD MSSS PACT PAP PASM PEP RMNF RUIS UETMIS UETMISSS_SM Association canadienne française pour l'avancement des sciences Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé Association des médecins psychiatres du Québec Agence de santé et des services sociaux de Montréal Centre d’hébergement et de soins de longue durée Centre hospitalier universitaire Centre hospitalier universitaire de Montréal Centre local de santé communautaire Centre de recherche Fernand-Seguin Centre de santé et de services sociaux Centre universitaire de santé McGill Électroconvulsivothérapie Équipe rapide intervention de crise Étude de suivi longitudinal des psychoses émergentes du réseau de l’Université de Montréal État de stress post-traumatique Équivalent temps complet Évaluation des technologies et des modes d'intervention en santé Fonds de recherche en santé du Québec Hautes études commerciales Hôpital Louis-H. Lafontaine Hôpital Maisonneuve-Rosemont High Performance Liquid Chromatography ou chromatographie en phase liquide à haute performance Hôpital Rivière-des-Prairies Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal Institut national d'excellence en santé et services sociaux Institut Philippe-Pinel de Montréal Instituts de recherche en santé du Canada Institut universitaire de gériatrie de Montréal Institut universitaire en santé mentale Douglas Ministère de la Santé et des Services sociaux Program for Assertive Community Treatment Pavillon Albert-Prévost Plan d'action en santé mentale Premier épisode psychotique Imagerie cérébrale résonnance magnétique fonctionnelle Réseau universitaire intégré de santé Unité d'évaluation des technologies et des modes d'intervention en santé Unité d'évaluation des technologies et des modes d'intervention en santé et services sociaux en santé mentale Note sur les abréviations et les sigles Pour faciliter la lecture, l’utilisation de sigles et d’abréviations a été limitée aux termes les plus connus et les plus utilisés dans les textes officiels du réseau de la santé et des services sociaux. Pour ne pas alourdir le texte avec des répétitions fastidieuses, on a utilisé des sigles et abréviations lorsqu’une locution désignant un organisme, un projet ou programme ou encore une technologie revenait fréquemment (plus de deux fois) dans le texte. De plus, comme la liste des sigles et des abréviations n’apparaît qu’après le sommaire et la table des matières, il n’y a de sigles et abréviations qu’à partir de l’introduction. 17 INTRODUCTION De l’Université de l’Est à l’Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation… L’Hôpital Louis-H. Lafontaine (HLHL) fait partie de l’histoire du Québec et du Montréal francophone depuis 136 ans. Le présent document démontrera que cette institution maintenant reconnue nationalement et internationalement a assumé un passé lourd et à maints égards ingrat avant de pouvoir jouer le rôle majeur qu’elle remplit actuellement dans la dispensation des soins cliniques, dans le développement des connaissances en psychiatrie, dans la formation des intervenants en santé mentale, dans l’ouverture vers la communauté préconisée par le Plan d’action en santé mentale (PASM) et dans les services de réadaptation pour patients lourdement handicapés. Longtemps appelée « Université de l’Est » d’une façon dérisoire par les Montréalais, l’énorme institution de Gamelin ou St-Jean-de Dieu, située alors loin des regards de la ville, était perçue de façon très ambivalente : elle faisait peur mais garantissait aussi l’accueil et la sécurité des marginaux incapables de fonctionner dans la société. Les chanceux allaient à l’Université de Montréal et les malheureux devaient se contenter de « stages, souvent longs, dans l’Université de l’Est ». Cette institution, qu’on a longtemps préféré oublier en la confiant aux religieuses et qui valorisait plus l’asile que le traitement des malades, a choisi de se construire à partir de son histoire à la fois riche et lourde et d’aller résolument vers l’avenir en développant son centre de recherche et ses domaines d’expertise clinique incluant la réhabilitation des personnes atteintes de maladies graves et persistantes. Rappelons que, même dans ses années difficiles, elle a su alimenter la créativité de ses usagers et de ses soignants. Pensons à Émile Nelligan pour les uns et à Jacques Ferron pour les autres. Soulignons aussi que l’étincelle de la révolution tranquille de la psychiatrie québécoise s’est allumée dans ses murs avec l’écriture du pamphlet Les fous crient au secours ! et ses conséquences bien connues : création des Services psychiatriques du ministère de la Santé, formation facilitée et accrue de psychiatres, puis désinstitutionnalisation. L’HLHL fut aussi un laboratoire d’expérimentation de la psychiatrie sociale et communautaire avec des maîtres d’oeuvre comme Denis Lazure qui deviendra par la suite un des ministres influents du Québec puis directeur général de l’Office des personnes handicapées du Québec avant de retourner à l'HLHL et d’y terminer sa carrière. Puis la ville et la modernité ont rejoint l’institution. La clôture encerclant l’Hôpital s’est dissoute. Même les murs, les portes d’accès et les corridors changent, témoignant d’une ouverture accrue à la société. Des liens se tissent avec les centres de santé et de services sociaux de l’Est de Montréal et des collaborations se développent avec la première ligne et les ressources communautaires. La recherche également prend de l’ampleur à travers de fructueux partenariats avec d’autres institutions universitaires ayant une mission complémentaire. Le Centre de recherche est créé en 1976 puis trouve sa localisation actuelle en 1990 sous l’impulsion du Dr Yves Lamontagne, président actuel du Collège des médecins. Le Centre de recherche prend le nom de Fernand-Seguin en mémoire du vulgarisateur scientifique renommé qui y avait travaillé. La collaboration avec l’Université de Montréal dans ses missions d’enseignement et de formation pratique des diverses professions concernées par la santé mentale ne cesse de s’accentuer d’année en année. La désignation de l’HLHL comme institut universitaire est perçue par beaucoup d’acteurs à la fois comme la reconnaissance officielle de la stature acquise désormais par cette institution sur la scène québécoise et le stimulant nécessaire pour continuer d’aller de l’avant avec ses partenaires dans les domaines des soins, de l’évaluation, de la recherche et de l’enseignement en santé mentale et en réhabilitation au Québec. En somme, un signal pour extraire définitivement l’HLHL d’un statut asilaire dérisoire d’ « Université de l’Est » et pour favoriser le déploiement de ses partenariats et de sa mission clinique et universitaire aux niveaux national et international en tant qu’institut universitaire de santé mentale et de réadaptation psychiatrique. 18 L’amorce de cette nouvelle demande, que nous voyons comme un troisième élan de maturité et d’ouverture, est venue à la fois de l’institution elle-même et de l’Université de Montréal qui souhaitent disposer enfin d’un institut dans le domaine de la santé mentale et de la réadaptation. Un comité de rédaction à la fois hospitalier et facultaire a été constitué. Ce comité a orchestré une vaste démarche à l’interne de l’institution mais également à l’externe auprès des partenaires naturels du réseau afin d’expliquer le projet, d’obtenir leur appui et d’identifier des domaines de synergies et de complémentarités dans les pratiques de pointe, la recherche, l’évaluation des pratiques et l’enseignement. Ce document présente la requête de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine et de ses partenaires pour être désigné Institut de santé mentale et de réadaptation. Le premier chapitre rend compte de l’orientation de l’Hôpital en santé mentale et le deuxième de l’organisation des soins et services. Dans le troisième chapitre, sont décrites les pratiques de pointe de l’Hôpital, celles des partenaires auxquelles il participe ainsi que quelques pratiques en émergence. Le quatrième chapitre traite de l’enseignement et du transfert des connaissances, le cinquième de la recherche, le sixième de l’évaluation des technologies et des modes d’intervention et le septième de l’intégration des missions. Ces sept premiers chapitres correspondent aux sept critères exigés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) pour ce type d’exercice. Le comité de rédaction a pris l’initiative d’ajouter deux chapitres aux critères exigés par le Ministère : le huitième porte sur la gouvernance de l’Institut et le neuvième sur les perspectives d’avenir. 19 Chapitre premier. L’orientation de l’action en santé mentale Premier critère L’établissement qui sollicite une reconnaissance au titre d’institut universitaire en santé mentale et ses partenaires souscrivent à un énoncé de mission commun. Cet énoncé traduit leur engagement à mettre en œuvre un programme intégré de services, d’enseignement, de recherche et d’évaluation des technologies et des modes d’intervention axés sur des objectifs dont la poursuite permet d’actualiser les orientations ministérielles en matière de santé mentale, notamment en ce qui a trait aux clientèles prioritaires, aux soins et services offerts dans les milieux de vie et aux approches interdisciplinaires et intersectorielles. Ce premier chapitre veut démontrer l’engagement continu de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine (HLHL) dans l’actualisation des orientations ministérielles en santé mentale et le rôle de leader et de précurseur qu’il a assumé en ce domaine durant de nombreuses années. Il fait état aussi des sources d’inspiration qui l’ont guidé dans son évolution. A. Approche globale de la personne et vision systémique des services Bien au fait de l’importance de prendre en compte l’être humain dans sa globalité et comme un acteur en interaction avec son milieu, l’HLHL a depuis plus de 30 ans posé de nombreux gestes pour s’ouvrir et inscrire ses actions dans une approche plus systémique : • déplacement de ses services plus près des gens avec l’approche communautaire ; • virage ambulatoire avec investissements dans le rehaussement de ses services professionnels en contrepartie de la fermeture de lits ; Sur ce plan, l’Hôpital a souvent été précurseur au cours des années et a développé une expertise dans les soins complets de traitement et de réadaptation livrés dans la communauté en collaboration et en partenariat selon les orientations renouvelées des plans d’action en santé mentale depuis plusieurs décennies. Il est pionnier pour la création de ressources intermédiaires pour les personnes âgées alors que le MSSS a mis un moratoire au développement des places en centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et le développement de ressources intermédiaires en plus du soutien dans la communauté. • développement des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté ; • ententes de service avec l’ensemble des centres locaux de services communautaires (CLSC) de l’Est de Montréal (2002) ; • mise sur pied d’une table de concertation des principaux acteurs en santé mentale dans l’Est de Montréal. B. Services intégrés et force des partenariats Cette prise de conscience de la nécessité d’une ouverture et de la nécessité d’inscrire notre contribution dans un réseau intégré de services a imprégné chacun des pas franchis au cours des années. À chaque étape, (plan de transformation, travaux entourant la création d’un institut en santé mentale, planifications stratégiques 2002-2007 et 2009-2012, planification et mise en œuvre du PASM pour notre population, etc.), des usagers, leurs proches et leurs familles, des représentants des organismes communautaires et des services de première ligne, des partenaires hospitaliers, intersectoriels et universitaires ont toujours été associés à nos travaux dans le but, d’une part, d'en arriver à une 20 compréhension partagée du rôle de chacun et, d’autre part, d'arrimer nos services sans dédoublement ni oubli de clientèle. Dans cet esprit, les révisions successives de notre mission ont toujours associé nos partenaires dans la réflexion sur nos orientations et la redéfinition de notre évolution. Ces derniers ont appuyé nos démarches par leur implication et par la production de documents d’appui ou la signature d’ententes de collaboration. C. Mission inspirante et leadership reconnu Comme il sera illustré plus loin dans le deuxième chapitre, l’HLHL peut compter en 2010 sur l’appui d’un nombre imposant d’instances et d’organismes pour énoncer et poursuivre sa mission de voir au mieuxêtre des personnes en offrant les meilleurs soins et services spécialisés et surspécialisés en santé mentale, contribuer à repousser les limites de la maladie par la recherche et l’évaluation des modes d’intervention, former les intervenants par l’enseignement et diffuser des savoirs en collaboration avec ses partenaires. (Planification stratégique 2009-2012) Fort de sa mission et de ses réalisations, l’HLHL - Institut universitaire peut compter sur ses forces, ses compétences et ses ressources pour assumer un rôle de leader dans les dimensions suivantes : • • • • • • • • Dépistage, traitement, réadaptation, rétablissement et soutien à l’intégration sociale (formation, travail, logement, etc.) ; Soutien au développement des services et enrichissement des compétences en santé mentale dans les CSSS ; Travail en partenariat avec les organismes du milieu ; Accessibilité pour le Réseau universitaire intégré de santé (RUIS) de l’Université de Montréal et l’ensemble du Québec à des services ultraspécialisés, coordonnés, continus et en soutien aux services et aux intervenants locaux en recourant aux technologies de l’information. À titre d’exemples : accueil de patients provenant de la Côte-Nord aux soins intensifs psychiatriques ; participation à l’établissement de plans d’intervention individualisés en recourant aux possibilités de la télémédecine ; Centre d’expertise pour la sismothérapie avec plus de 50% des services dispensés pour des patients provenant de l’extérieur de l’Hôpital ; Enseignement, formation, transfert de connaissances ; Recherche ; Évaluation des modes d’intervention ; Rayonnement national et international. D. Valeurs partagées et participation à l’évolution de la santé mentale Des travaux menés au cours des dernières années à l’HLHL (énoncé des valeurs éthiques, planifications stratégiques, plan de transformation, etc.) ont permis de circonscrire un ensemble de valeurs qui guident nos actions et qui sont partagées et endossées par tous : participation des usagers et de leurs proches, appropriation du pouvoir par l’usager, poursuite de l’excellence, respect de la personne, fonctionnement en réseau, interdisciplinarité, innovation. Les grands mouvements nationaux en santé ont été inspirants dans notre évolution. Mentionnons la création des CSSS, les orientations ministérielles pour la transformation des services de santé mentale, la création des RUIS, le PASM. Les avancées scientifiques au Québec et ailleurs dans le monde ont aussi contribué à notre développement. 21 De ces documents jalons, des concepts clés ont servi de base structurante à nos actions : approche populationnelle, hiérarchisation des services, arrimage des niveaux de services, organisation des programmes par clientèles, fonctionnement en réseau, interdisciplinarité, épisodes de soins plutôt que suivi psychiatrique indéfini, intégration des différents volets de mission, prévention, dépistage et interventions précoces. Le tableau suivant présente l’actualisation des orientations ministérielles en matière de santé mentale à l’HLHL pour chaque niveau de service. Tableau I Réalisations de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine en fonction des orientations ministérielles Niveaux de services Orientations ministérielles Réalisations de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Coprésidence de l’HLHL et du CSSS Lucille-Teasdale pour l’organisation des services en santé mentale dans l’Est de Montréal* Soutien Première ligne Participation à la mise en place des guichets d’accès de 1re et 2e lignes dans trois CSSS * Formation Participation régulière à la Table de concertation des organismes oeuvrant en santé mentale de l’Est de Montréal * Arrimage Médecin spécialiste psychiatrie répondant en Organisation d’activités de formation destinées aux médecins de familles du territoire (Intervisions cliniques) qui se tiennent régulièrement depuis 2008 Organisation de colloques visant la formation des intervenants de l’Hôpital mais également celle des intervenants de première ligne. Ex. : Toxicomanies et santé mentale 2008 Réorganisation des services par programmes clientèles en 2007 Services spécialisés de qualité, accessibles et reposant sur les meilleures pratiques Développement de pratiques de pointe, novatrices Deuxième ligne Enseignement, recherche et évaluation des modes d’intervention Révision de nos mécanismes d’accès en ambulatoire avec un accueil centralisé, le Module d’évaluation-liaison et l’urgence de l’Hôpital Création de trois postes d’agents de planification, programmation et recherche Coordination de l’épisode de soins et services (CESS) visant à optimiser le séjour intrahospitalier en coordonnant les interventions interdisciplinaires (2007) Établissement de plans d’intervention interdisciplinaire Création de la Clinique Cormier-Lafontaine avec le Centre Dollard-Cormier* - Prix Innovation et leadership de l’Association des hôpitaux du Québec en 2003 Troisième ligne Services ultraspécialisés pour problématiques rares ou complexes offerts au RUIS puis à l’ensemble de la nation Création de la ressource Le Jalon, créée conjointement avec l’Institut Philippe-Pinel de Montréal (IPPM) destinée aux problématiques psychiatrie/justice - Prix PersillierLachapelle en 2005 Réseau de recherche réunissant les équipes de recherche 22 de l’Hôpital Rivière-des-Prairies (HRDP), l'IPPM et de l'HLHL sous l’égide du Centre de recherche FernandSeguin (CRFS) L’HLHL établissement gestionnaire des ressources d’hébergement en santé mentale fondé sur une expertise de réadaptation (2010) Troisième ligne Enseignement, recherche et évaluation des modes d’intervention (suite) Reconnaissance par les partenaires, l’Agence et le Ministère Mandat suprarégional pour la 3e ligne en psychiatrie de la déficience intellectuelle à cause de son expertise de pointe, de l’équipe mobile, des services ultraspécialisés (2008) Participation à l’HLHL du Centre national d’excellence en santé mentale pour soutenir l’implantation et la formation au suivi intensif en équipe et d’intensité variable au Québec Unités de réadaptation intensive à l'HLHL et à l’Institut universitaire de santé mentale Douglas et ententes avec le CHUM, l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal (HSCM), le CSSS Ahuntsic/Montréal Nord, le CSSS/Cœur de l’Île et la Montérégie * Voir description au chapitre 2 Dans notre récent exercice de planification stratégique 2009-2012, nous avons précisé la vision 2012 que nous souhaitons pour notre Hôpital : « chef de file grâce à nos pratiques performantes, à une recherche « centrée sur le patient » et à nos activités de transfert des connaissances, nous sommes à même d’offrir les meilleurs services afin de soutenir la personne dans son rétablissement et être un employeur de choix. » Forts de notre nouvelle organisation de services par programme et de la consolidation de nos partenariats notamment avec les organismes présents en première ligne dans la foulée du PASM, nous sommes en position pour incarner la vision de notre planification stratégique. Nos priorités d’action sont les suivantes: • accroître l’accessibilité aux soins et services : prise de rendez-vous en 30 jours post hospitalisation, évaluation initiale en moins de deux semaines au Module évaluation-liaison, prise en charge à l’intérieur de 60 jours en ambulatoire, réduction de la durée moyenne de séjour ; • offrir des services spécialisés et surspécialisés reposant sur les meilleures pratiques et à l’affût des tendances émergentes, éléments clés de la recherche de pointe : approche interdisciplinaire, coordination de l’épisode de soins et services, élaboration de plans d’intervention interdisciplinaire; • renforcer les liens entre la recherche et la clinique : projet « Signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale », instauration d’une approche systématique afin d’assurer une participation maximale des usagers et des populations à risque ; • tirer profit de la richesse de notre programme d’enseignement afin d’augmenter notre capacité d’accueil de stagiaires et miser sur ces cohortes pour recruter les candidats les plus prometteurs : soutien accru aux superviseurs de stage, attraction de la relève, fidélisation et rétention de professionnels; • déployer des efforts pour démystifier la maladie mentale. 23 Chapitre II. L’organisation des services Deuxième critère L’établissement et ses partenaires présentent un mode d’organisation dont la nature est conforme au profil défini dans les orientations ministérielles et dont la qualité est démontrée tant en ce qui a trait à son fonctionnement qu’aux services offerts. Ce chapitre présente le territoire desservi par l’Hôpital, le mode d’organisation des services à la clientèle, nos partenaires et les différents réseaux de services aux adultes, aux jeunes et aux personnes âgées ainsi que ceux de la santé mentale en psychiatrie légale, de la toxicomanie, de la déficience intellectuelle. Puis il est question des mécanismes de coordination, de planification et d’évaluation générale des services ainsi que de la qualité des services et des processus de gestion. A. Territoire de desserte En harmonie avec les balises du PASM en ce qui a trait à l’approche populationnelle et la hiérarchisation des services, l’HLHL dessert la population des trois CSSS de l’Est de Montréal : St-Léonard/St-Michel, Pointe de l’Île et Lucille-Teasdale en partage avec l’HMR. Au niveau de la mission universitaire et des services ultraspécialisés, l’Hôpital dessert le territoire du RUIS de l’Université de Montréal qui comprend en partie les régions de Montréal, de la Montérégie, de Laval, des Laurentides, de Lanaudière et de la Mauricie. B. Mode d’organisation des services à la clientèle Tableau II Services de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Directions de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Services 1. Troubles psychotiques Cliniques externes, hôpital de jour, suivi intensif en équipe du Program for Assertive Community Treatment (PACT), suivi d’intensité variable, unités d’hospitalisation Direction des services cliniques 2. Évaluation et interventions brèves Urgence, unité d’intervention brève, Module évaluationliaison, soins intensifs 7 programmes 3. Troubles anxieux et de l’humeur et Cliniques externes, unité d’hospitalisation, équipes rapides d’intervention de crise (ERIC) 4. Gérontopsychiatrie 24 Clinique externe, hôpital de jour, unités d’hospitalisation 5. Troubles relationnels et de la personnalité Clinique externe, hôpital de jour, lits unité d’interventions brèves 6. Dépendances et santé mentale Clinique externe 7. Psychiatrie en déficience intellectuelle Clinique externe, unités d’hospitalisation, équipe mobile 2 mesures de transition 1. Mesure de transition ambulatoire 2. Mesure de transition intrahospitalière Actualisation du PASM 1. Centre de soutien à l’intégration sociale 2. Hébergement individualisé Direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté 3. Hébergement des résidences de groupe 4. Hébergement transitoire 6 services 5. Hébergement de psychiatrie gériatrique 6. Programmes de réadaptation vocationnelle 1. Direction des services professionnels Directions conseils Disciplines professionnelles 2 Services transversaux (pharmacie, etc.) 2. Direction des soins infirmiers 1. Formation des partenaires et des futurs intervenants Direction de l’enseignement 2. Ressourcement et perfectionnement des intervenants 1. Axe Signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale Direction de la recherche 2. Axe Traitement et réadaptation adaptés aux populations 3. Axe Développement technologique et transfert des connaissances sur la santé mentale Direction des services administratifs Directions soutien Direction des ressources humaines 25 Des mécanismes de coordination, de liaison et d’arrimage sont prévus à tous les niveaux de la structure pour éviter les fonctionnements en silos. À titre d’exemples : • Comité de direction de l’Hôpital ; • Comité interdirections (direction des services cliniques et direction des services de réadaptation et d'hébergement dans la communauté) ; • Comité de coordination des programmes et des disciplines ; • Comité de direction dans chacune des directions ; • Comité de gestion de chaque programme ; • Comité de programmation clinique à l’intérieur de chaque programme. Sur le plan clinique, l’enrichissement mutuel passe par trois canaux privilégiés : 1. Hospitalisation : coordination de l’épisode de soins et services ; 2. Ambulatoire : établissement de plans d’intervention individualisés ; 3. Réseau de partenaires : établissement de plans d’intervention ; À chaque niveau, la participation des patients et de leurs proches est fortement sollicitée. C. Partenaires de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine Depuis plusieurs années, l’HLHL a été partie prenante d’un nombre important d’ententes de services avec différents organismes et établissements pour mieux répondre aux besoins de la clientèle. Le tableau suivant présente ces partenaires ainsi que l’objet du partenariat. La grande majorité d’entre eux ont signé un énoncé de mission commun en 2003 et ont depuis contribué à son actualisation en dépit du fait qu’il n’y a pas eu désignation comme institut universitaire. Tableau III Partenaires et objets de partenariats Catégories Partenaires Objets du partenariat Cabinets de médecins Consultation-liaison, soutien, formation Polycliniques médicales Consultation-liaison, soutien, formation Organismes communautaires Meilleure connaissance des rôles respectifs, arrimage des offres de services, concertation Services de première ligne Soutien à l’organisme Les Impatients de Montréal * en partenariat avec l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, l'IPPM et l’HRDP 3 CSSS de l’Est de Montréal : • CLSC • CHSLD 26 • Arrimage des services de 1re et 2e lignes • Protocole de liaison HLHL et CLSC • Mise en place des guichets d’accès • Psychiatre répondant • Consultation gérontopsychiatrie • Infirmier de liaison • Séminaire d’enseignement aux pré et post gradués • Projets de recherche multicentres • Organisation d’activités de développement professionnel continu • Pédopsychiatrie • Psychiatrie légale • Participation à la Table du RUIS en santé mentale • Collaborations inter-RUIS • Accessibilité aux services ultraspécialisés pour les établissements du RUIS de l’Université de Montréal : par exemple, les services en santé mentale et toxicomanie, en déficience intellectuelle et santé mentale • Colloques interétablissements • Centre national d’excellence en santé mentale • Déficience intellectuelle • Équipe mobile • Clinique Cormier-Lafontaine troisième ligne en cooccurrence toxicomanie/santé mentale • Unités suprarégionales de traitement et de réadaptation intensifs Montréal • Hébergement réadaptatif Curateur public • Représentation des usagers Ordres professionnels • Visites d’établissement • Inspection professionnelle CHUM Hôpital Maisonneuve-Rosemont HRDP Établissements du réseau de l’Université de Montréal Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal – Pavillon Albert-Prévost (PAP) CHU Ste-Justine IPPM RUIS de l’Université de Montréal Institut universitaire en santé mentale de Québec Réseau des instituts universitaires en santé mentale Institut universitaire de santé mentale Douglas Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (Gabriel Major) Centres de réadaptation Agences de la santé et des services sociaux Instances régulatrices Centre de réadaptation DollardCormier Montréal et Montérégie 27 Agence de santé et de services sociaux de Montréal • Participation à des comités et groupes de travail mis en place par l’Agence MSSS • PASM Agrément Canada • Qualité continue Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada • Agrément de l’enseignement postdoctoral Commissions scolaires • Accueil de stagiaires • Réinsertion scolaire Service de police de la Communauté urbaine de Montréal • Protocole de collaboration HLHL et poste de quartier 48 Ministère de la Justice • Psychiatrie justice • Hébergement réadaptatif Office d’habitation de Montréal • Hébergement réadaptatif Ministère du Travail • Réinsertion sur le marché du travail • Développement de l’employabilité Instances régulatrices (suite) Intersectoriel * Voir chapitre 3 Dans le dessein d’assurer un leadership dans l’organisation des services en santé mentale, l’Hôpital a travaillé au cours des dernières années à revoir puis à arrimer son offre de service avec l’ensemble des intervenants oeuvrant en santé mentale, en précisant sa contribution, en reconnaissant la mission et les valeurs des partenaires, en recherchant une complémentarité, une communauté dans la compréhension globale des services à la population, en respectant l’apport de chacun, en jouant bien son rôle en deuxième et troisième lignes et en s’efforçant de desservir l’ensemble des clientèles vulnérables. Dans cette perspective, des actions bien concrètes ont été réalisées. À titre d’exemples : • Participation à la Table de concertation de santé mentale de l’Est de Montréal. Le représentant de notre établissement siège d’ailleurs à l’exécutif de cette table de concertation ; • Rencontres multiples avec des partenaires invités à chacune des étapes importantes de notre évolution récente : groupe de travail sur la désignation de l’HLHL comme institut universitaire en santé mentale ; groupe de travail entourant la planification stratégique 2009-2012 ; • Signature d’ententes avec différents dispensateurs de services intrarégionaux, régionaux et nationaux : centres de réadaptation en déficience intellectuelle, CHSLD, Centre de réadaptation, organismes communautaires, CSSS, centres hospitaliers, service de police. Dans la foulée du PASM lancé concurremment à notre réorganisation clinique en programmes clientèles, nous avons fait nôtres l’approche populationnelle et la hiérarchisation des services. L’HLHL a travaillé intensément avec les trois CSSS Lucille-Teasdale, Pointe-de-l’Île et St-Léonard/StMichel et avec l’Hôpital général de son territoire, l’HMR, à l’harmonisation de nos efforts collectifs pour 28 offrir une réponse intégrée à la population de l’Est de Montréal. Le directeur général de l’HLHL a coprésidé avec le directeur général du CSSS Lucille-Teasdale les travaux d’implantation du PASM dans l’Est de Montréal en plus de contribuer de plusieurs façons au rehaussement des services de première ligne : transfert de ressources, participation à la construction commune des guichets d’accès des CSSS, formations (intervisions cliniques) offertes aux médecins et intervenants de première ligne, avancement des travaux menant au déploiement du concept de médecin spécialiste répondant en psychiatrie, etc. En fait, l'HLHL est soucieux depuis longtemps d'accroître la collaboration entre ses psychiatres et les omnipraticiens du territoire dans l'esprit du PASM. En atteste une enquête publiée en 2002 par plusieurs de ses chercheurs (Lucena, Lesage, Elie, Lamontagne et Corbière) sur les stratégies appropriées pour faciliter cette collaboration et qui a obtenu un taux de participation exceptionnel de 86% des omnipraticiens et psychiatres consultés. Cette enquête démontra que les activités de formation continue organisées conjointement et ciblant les situations cliniques rencontrées par les omnipraticiens dans leur clinique devraient être favorisées. De là découlent depuis environ trois ans les activités conjointes appelées "intervisions cliniques" initiées par trois psychiatres (Borgeat, Lesage et Todorov) en collaboration avec trois médecins omnipraticiens du territoire (Prévost, Roederer et Lassonde) et basées sur une expérience lausannoise. Ces intervisions réunissent périodiquement de six à huit médecins généralistes qui présentent leurs cas préoccupants pour discussions et avis. Cette expérience pourra ainsi servir de tremplin au déploiement sur une plus grande échelle des activités de psychiatres répondants pour la première ligne. Notre centre hospitalier a mis en oeuvre son virage en programmes clientèles en octobre 2007, selon un échéancier rigoureusement suivi. Cette démarche a été évaluée par une recherche menée parallèlement avec le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) qui effectuait aussi une réorganisation, et elle a été présentée au colloque biannuel de santé mentale de mai 2010. Tous les impacts ont été mesurés tant auprès des usagers et de leurs proches qu’auprès des intervenants, employés, professionnels et médecins. Cette réorganisation par programmes clientèles a mené à la création de sept programmes et de deux mesures de transition (ambulatoire et intrahospitalière) (voir tableau II). La mesure de transition ambulatoire vise à desservir temporairement, dans la continuité, nos usagers (environ 1700) ayant un requis de service devant dorénavant relever de la première ligne, le temps que ces services se mettent en place (deux ans) dans la foulée des travaux de la mise en œuvre du PASM. La mesure de transition intrahospitalière regroupe des usagers pour qui la très grande majorité des services reçus relève de l’hébergement et qui sont gardés en milieu hospitalier le temps que se développent les alternatives appropriées pour répondre à leurs besoins. De nos sept programmes clientèles – troubles psychotiques, troubles anxieux et de l’humeur, gérontopsychiatrie, troubles relationnels et de la personnalité, psychiatrie en déficience intellectuelle, toxicomanie/santé mentale et évaluation/intervention brève –, le programme Évaluation/intervention brève a été particulièrement impliqué dans les travaux entourant nos liens avec les guichets d’accès des CSSS. Cette transformation a permis de positionner notre offre de service en deuxième et troisième lignes, de la consolider sur le plan de la qualité, de l’accessibilité et de l’inclusion des meilleures pratiques. Nos travaux avec nos partenaires ont permis de faire connaître et accepter notre rôle, de mieux comprendre le leur et d’aborder le tout d’une manière systémique et fluide en évitant les dédoublements et les zones à découvert. Une deuxième ligne forte, efficace et efficiente devient le terreau fertile où se développent les pratiques innovantes, les services de pointe et les services de troisième ligne avec recherche, enseignement, évaluation des modes d’intervention et reconnaissance par l’Agence et le Ministère. À son tour, cette troisième ligne vient enrichir les services de deuxième ligne par la création et la diffusion des savoirs. Notre planification stratégique 2009-2012 mise d’ailleurs sur la recherche de l’excellence et le développement d’une culture de l’évaluation comme leviers pour le développement du savoir et sa diffusion à l’intérieur du RUIS de l’Université de Montréal. Sur cette voie, l’Université de Montréal et 29 l’HLHL ont convenu de faire une priorité de la recherche clinique en santé mentale et de son recentrage sur la population desservie par le Centre hospitalier : recrutement de chercheurs, nominations professorales, création de trois postes d’agent de planification, de programmation et de recherche dont le rôle est d’enrichir l’interface clinique et de la recherche, etc. Notons enfin que l’HLHL a initié en 2002 un Salon des ressources en santé mentale. Ce Salon accueille une quarantaine d’exposants et près de 500 visiteurs. Alors que les deux premières éditions se sont tenues à l’HLHL, les éditions 2007 et 2009 ont eu lieu dans des lieux publics de la Pointe-de-l’Île et de StLéonard. D. Organisation des services offerts aux réseaux 1. Réseau des services aux adultes ayant des problèmes de santé mentale Une gamme étendue de services de première, deuxième et troisième lignes s’offre aux adultes ayant besoin de services. Réseau de première ligne : porte d’entrée des services, on y offre des services médicaux, psychosociaux et communautaires sous la responsabilité de médecins de famille, de professionnels en bureaux privés, d’organismes communautaires et des CSSS en plus des familles et des proches. Les policiers, la Ville de Montréal, les commissions scolaires, l’Office municipal d’habitation de Montréal, représentent quelquesuns des partenaires intersectoriels souvent interpellés. L’accès à la deuxième ligne se fait maintenant sur référence en provenance des guichets d’accès des CSSS qui font office de filtres des demandes de soins et services en plus d’être fournisseurs de services de première ligne. L’accès à la troisième ligne se fait sur référence de la deuxième ligne. Ces services reposent sur le développement d’une expertise médicale et professionnelle. À l’HLHL, des services de troisième ligne sont offerts aux personnes présentant des troubles complexes ainsi que des troubles graves et réfractaires. 2. Réseau des services aux personnes âgées ayant des problèmes de santé mentale Les CSSS du territoire sont la porte d’entrée principale des services de santé et de services sociaux pour les personnes âgées. Des services de première ligne sont offerts : évaluation, consultation, liaison, intervention de crise, traitements généraux, soutien, réadaptation, hébergement et maintien à domicile. L’Hôpital et ses partenaires entretiennent des liens avec des organismes et professionnels de première ligne dont les omnipraticiens et professionnels de bureaux privés. Les CHSLD offrent un milieu de vie substitut important pour la clientèle. Des ententes de services existent entre l’Hôpital et 12 CHSLD pour la consultation sur place de psychiatres ainsi qu’un soutien aux CHSLD Émilie-Gamelin/Armand-Lavergne et De mon quartier. Avec le soutien de l’Hôpital, des centres ont développé des unités spécifiques pour les clientèles ayant des profils plus lourds en termes de déficits cognitifs et de troubles graves de comportement surajoutés aux problèmes liés au vieillissement. L’accès à ces établissements se fait par le mécanisme régional d’admission, sous la responsabilité de l’Agence de santé et des services sociaux de Montréal. L’accès à la deuxième ligne se fait sur référence médicale et les demandes sont dirigées au Module d’évaluation-liaison du programme de gérontopsychiatrie. Parmi les services offerts, on retrouve l’évaluation, le traitement dispensé en clinique externe, en hôpital de jour ou en hospitalisation. Si l’hébergement nécessite une révision, le suivi d’intensité variable, le suivi intensif ou l’orientation en CHSLD ou en ressource intermédiaire sont alors explorés. L’Hôpital a développé deux ressources particulières pour des personnes âgées ayant des problèmes graves de santé mentale : La Tourterelle et Charlemagne. Des services de troisième ligne, offerts par 30 l’Hôpital pour les situations plus complexes, peuvent être dispensés en ambulatoire, en intrahospitalier ou en unité de réadaptation offrant un milieu de vie approprié. En association avec les partenaires du réseau, le programme de gérontopsychiatrie dispense aussi un continuum de soins original par son organisation de soins, sa diversité et sa capacité à offrir des services complets et adaptés aux besoins des personnes. 3. Réseau des services aux jeunes ayant des problèmes de santé mentale Bien que n’ayant pas à proprement parler de service de pédopsychiatrie, l’HLHL est conscient que les problèmes de santé mentale connaissent leur pic d’incidence à l’adolescence ou au début de l’âge adulte et que les enfants de nos usagers adultes vivent souvent une détresse importante. Des données scientifiques soutiennent la pertinence de la détection et des interventions précoces, ainsi que de l’importance d’une transition harmonieuse des services de pédopsychiatrie vers les services de psychiatrie adulte. Ces constats nous amènent à nous arrimer aux services hiérarchisés de première, deuxième et troisième lignes, à mettre en place des mécanismes de liaison, à convenir des protocoles de transfert, à mettre sur pied des projets spéciaux, à bâtir des partenariats avec le Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire (Résidence Paul-Pau) et autres organismes offrant des services aux jeunes tels les ressources de toxicomanie. De plus en plus les données probantes qui soutiennent la pertinence des interventions précoces dans les troubles mentaux commandent un rapprochement, une coordination et une intégration des services offerts aux adolescents et aux jeunes adultes. L’HLHL est pleinement conscient de ce défi à relever et manifeste sa volonté de s’y consacrer. 4. Réseau de la psychiatrie légale Élément important dans l’organisation des services de santé mentale, le réseau de la psychiatrie légale s’adresse aux personnes suivantes : celles qui, ayant commis des délits ou des crimes, présentent des problèmes de santé mentale ; celles qui ne sont pas encore judiciarisées mais qui affichent une dangerosité active ne pouvant être gérée dans les centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés ; celles qui, en raison de troubles mentaux, sont reconnues non criminellement responsables ou inaptes à subir leur procès et qui sont sous la responsabilité du MSSS pour leur garde, leur traitement et leur réinsertion sociale. Ce réseau régional regroupe des services de première, deuxième et troisième lignes. Il interpelle les services policiers, les services de l’urgence psychosociale Justice du CSSS Jeanne-Mance, les centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés, la Sécurité publique, les cours de justice, divers organismes communautaires spécialisés, les centres hospitaliers de soins psychiatriques et le Tribunal administratif du Québec. À l’HLHL, 14 lits sont occupés sur une base continue par les patients détenus par ordonnance du Tribunal. L’établissement a développé 180 places d’hébergement psychiatrie-justice dans la communauté. De façon prépondérante, la troisième ligne des services de psychiatrie légale est assumée par l’IPPM qui, en plus de services sur le site hospitalier, effectue des évaluations en centres de détention. Ces organismes interviennent auprès de la clientèle dans les différentes étapes du processus de préjudiciarisation, de judiciarisation et de postjudiciarisation. 5. Réseau de la santé mentale et de la toxicomanie Le réseau de la toxicomanie est constitué d’une grande variété d’organismes de première ligne (Centre de recherche et d’aide pour narcomanes, Alcooliques anonymes, médecins de famille, etc.), de deuxième ligne (centres de réadaptation en dépendances) et de troisième ligne Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances. Toutefois la répartition des première et deuxième lignes dans ce réseau est moins bien définie. La cooccurrence de troubles mentaux et de conduites addictives a longtemps empêché à la fois la psychiatrie et la toxicomanie de dispenser des services intégrés et adaptés aux problèmes de comorbidité. Constatant la prévalence déjà élevée et croissante de la toxicomanie chez les personnes atteintes de troubles mentaux et vice versa, l’HLHL et le Centre de réadaptation Dollard-Cormier ont mis sur pied la Clinique Cormier-Lafontaine qui offre des services d’évaluation, de consultation, de liaison aux première et deuxième lignes ainsi que des traitements ultraspécialisés en santé mentale et toxicomanie. Cette clinique qui dessert plus de 300 personnes annuellement contribue à développer les connaissances dans le domaine de la comorbidité par 31 l’enseignement et la formation. En 2003, cette Clinique a été récipiendaire du prix Innovation et Leadership de l’Association des hôpitaux du Québec. 6. Réseau de la santé mentale et de la déficience intellectuelle Depuis plus de cinq ans, les réseaux de la déficience intellectuelle et de la santé mentale travaillent à l’amélioration des services pour les personnes présentant des symptômes de troubles graves de comportement incluant des problèmes de santé mentale. Jusqu’à présent, les efforts ont porté sur la place du Programme régional d’expertise multidisciplinaire en troubles graves du comportement, le rehaussement des qualifications du personnel des centres de réadaptation et l’adaptation de leurs ressources. La responsabilité des services aux personnes ayant une déficience intellectuelle relève principalement de centres de réadaptation en déficience intellectuelle et des CSSS. Les centres de réadaptation en déficience intellectuelle, qui se situent en deuxième ligne, doivent assurer aux autres réseaux et partenaires le soutien et l’expertise nécessaires pour adapter leurs services aux besoins de cette clientèle. Ils offrent des services d’accueil et d’évaluation, des programmes résidentiels, socioprofessionnels et de soutien à la personne, à la famille et à la communauté. Les services de deuxième ligne au niveau psychiatrique sont offerts par les services ambulatoires et hospitaliers de psychiatrie générale des centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés et des centres hospitaliers de soins psychiatriques ayant un département de psychiatrie de secteur. Les services de troisième ligne ont la particularité de relever tant du réseau de la déficience intellectuelle que de celui de la santé mentale. Le Programme régional d’expertise multidisciplinaire en troubles graves du comportement a été mis sur pied en 1998 et relève du Service québécois d’expertise en troubles graves du comportement. Le contenu de ce programme comporte l’évaluation approfondie, la consultation, les interventions intensives conjointes avec les diverses instances, la formation et le soutien aux intervenants. La troisième ligne psychiatrique est partagée entre l’HRDP pour sa clientèle (cliniques externes ultraspécialisées et services d’hospitalisation de courte et moyenne durées pour des personnes en troubles graves du comportement ou en troubles associés en rupture de fonctionnement) et l’HLHL pour la clientèle des sous-régions Est et Nord (hospitalisation, soutien à la transition lors de la réinsertion sociale et hébergement en ressources intermédiaires). L’IPPM offre des services d’hospitalisation pour la clientèle adulte ayant une déficience intellectuelle et présentant des problèmes graves de dangerosité. E. Mécanismes de coordination, de planification et d’évaluation Les tables sous-régionales de concertation en santé mentale regroupent des représentants d’utilisateurs de services, leurs familles et leurs proches, des intervenants et des gestionnaires de différentes organisations et secteurs d’activités, incluant des partenaires intersectoriels: Ville de Montréal, commissions scolaires, services policiers, etc. Ces tables sont des lieux de concertation, d’échange et de recherche de solutions pour améliorer les services aux jeunes, aux adultes et aux personnes âgées. Elles peuvent être un lieu de démarrage de projets ou de démarches concertées de prévention, de promotion, de soutien à l’intégration et à la participation sociale de la personne dans sa communauté. Divers projets sont présentés aux membres de la table afin de solliciter leur collaboration dans la mise en œuvre de ces initiatives. Les tables sous-régionales constituent une instance de concertation privilégiée pour répondre aux besoins de la population du territoire, afin d’offrir des services accessibles, continus et complémentaires. Les travaux des tables sous-régionales tiennent compte à la fois des préoccupations locales concernant la santé mentale de la population et de la planification régionale triennale du continuum de services en santé mentale sous la responsabilité de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. La coordination de ces tables est sous la responsabilité d’une organisation du milieu désignée par les participants. Ont droit de vote à ces tables les représentants d’utilisateurs de services, les familles et les proches ainsi que les organisations représentées. Les décisions sont habituellement prises par consensus ou, au besoin, selon la majorité des votes. 32 Les tables régionales ou comités régionaux regroupent des représentants d’utilisateurs de services, de leurs familles et de leurs proches ainsi que des collaborateurs des première, deuxième et troisième lignes directement interpellés par une organisation de services plus adaptée aux besoins des personnes ayant un problème de santé mentale associé à un problème particulier. Pour les partenaires, c’est un lieu de coordination régionale pour un meilleur accès aux services à la clientèle. Le fait d’être centré sur les besoins d’une seule clientèle facilite l’identification d’activités de recherche, d’enseignement et d’évaluation de services. Ces tables, ou comités régionaux, sont une source importante d’information et un lieu favorable à la validation de travaux de planification régionale. Généralement l’Agence de la santé et des services sociaux coordonne ces tables ou comités régionaux ou elle mandate une organisation pour s’acquitter de cette fonction. Chaque membre a un droit de vote. Les décisions sont habituellement prises par consensus ou, au besoin, selon la majorité des votes. L’HLHL et ses partenaires sont membres actifs de la Table de concertation en santé mentale de l’Est de Montréal. Ils reconnaissent le leadership que devraient assurer ces instances et voient en elles un levier important pour l’amélioration des soins et services ainsi que pour le développement d’activités de recherche, d’enseignement et d’évaluation. La coordination de la Table de santé mentale de l’Est repose sur un comité exécutif où siège un représentant de l’Hôpital. Une autre table réunit les trois CSSS de l’Est de Montréal, l’HMR et l’HLHL qui travaillent en étroite collaboration à la mise en œuvre du PASM. Comme mentionné précédemment, cette table est coprésidée par le directeur général du CSSS Lucille-Teasdale et le directeur général de l’HLHL. La planification stratégique 2009-2012 de l’HLHL a débuté par un important exercice diagnostique qui a été fait sans complaisance afin d’identifier les forces et faiblesses de notre organisation. Une centaine de personnes ont été associées à cette démarche et des consultations auprès d’instances consultatives formelles ont été réalisées. L’exercice de planification ainsi que la définition des objectifs et des priorités des directions de l’Hôpital nous ont obligés à préciser les mécanismes de liaison et de référence entre les première et deuxième lignes pour l’orientation des utilisateurs et les dispensateurs de services. La précision de ces mécanismes se fait toujours avec des représentants des milieux concernés. Dans chaque programme spécifique de la direction des services cliniques et à la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté, on retrouve des comités de programmation de composition multidisciplinaire comprenant des usagers et des représentants d’organismes offrant des services de première ligne. Dans une perspective d’amélioration continue, ces comités révisent constamment la littérature, recensent les meilleures pratiques, évaluent les programmes par rapport à leur efficacité, leur efficience, leur qualité, leur accessibilité et leur innovation. Ces comités sont soutenus par les trois agents de planification, programmation et recherche embauchés en 2009 afin de soutenir la gestion de l’interface de la clinique et de la recherche ainsi que le développement d’une culture de la mesure et de l’évaluation pour favoriser l’intégration des missions. Parmi les réalisations importantes de l’Hôpital, il faut citer la mise en place de la nouvelle organisation de services par programmes, la réduction du nombre de portes d’entrée de 17 à deux (urgence et Module évaluation-liaison), la mise en place du PASM, la consolidation de partenariats avec les organismes communautaires de l’Est, l’organisation de nombreux colloques, journées scientifiques et forums et la désignation de l’Hôpital comme gestionnaire des ressources d’hébergement en santé mentale. F. Qualité des services et des processus de gestion Accrédité pour la cinquième fois par le Conseil canadien d'agrément des services de santé, l'HLHL s'est vu décerner en 2007 un certificat d’agrément sans condition pour une durée de trois ans. Il y est fait état de la qualité des soins et services et des processus de gestion : « Les dirigeants et tous les employés doivent être félicités pour le travail accompli dans les trois dernières années.» Le rapport synthèse et le 33 rapport complet présentent les recommandations d'amélioration de la qualité pour les 21 équipes multidisciplinaires visitées ainsi que les priorités organisationnelles en matière de gestion de la qualité. La politique et le programme d'amélioration continue de la qualité et les tableaux de bord de gestion sont disponibles. D'autres évaluations de la qualité ont été réalisées par des organismes externes. En 2009, le MSSS a effectué une importante évaluation du site hospitalier en milieu de vie de l'établissement et des partenaires de l’Hôpital. Il conclut que la qualité de vie des personnes qu'il représente est très bonne (86 %) et que la qualité des services dispensés est excellente (93 %). Plusieurs ordres professionnels ont aussi effectué des évaluations au cours des dernières années : le Collège des médecins du Québec, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, l’Ordre des psychologues du Québec, l’Ordre professionnel des ergothérapeutes, l’Ordre professionnel des travailleurs sociaux, l’Ordre des dentistes du Québec, l’Ordre professionnel des techniciens de laboratoire et quelques autres. De la même façon, les partenaires ont fait l’objet de différentes formes d'évaluation de la qualité des soins et services dans leurs domaines respectifs: à titre d’exemples les visites d'inspection des ordres professionnels, l'évaluation du Curateur public, etc. Cette recherche constante de la qualité des services trouve écho dans les processus de gestion mis en place. Au début de la présente décennie, la préparation de la planification stratégique de 2002-2007 a mis à contribution les ressources internes ainsi que les partenaires de l’HLHL. Un suivi rigoureux des projets et des initiatives visant la réalisation des orientations stratégiques retenues a été assuré au moyen d’un tableau de bord par le conseil d’administration et le comité de gestion. Ces efforts ont été de nature à rassembler les conditions permettant de faire face aux problèmes liés à la santé mentale et de soutenir la mise en place formelle d’un institut universitaire de santé mentale et de réadaptation. L’Hôpital déploie beaucoup d’efforts et fait les investissements requis pour une gestion intégrée de la qualité aux processus continus et systématiques de gestion de l’organisation et fait sien le nouveau programme d’agrément Qmentum d’Agrément Canada, notamment sur sa performance au niveau des soins et services, le développement de la recherche clinique et d’une culture d’évaluation, l’accueil d’un plus grand nombre de stagiaires, ses communications et son image auprès de la population, la mobilisation de ses ressources humaines autour de la qualité des soins et services et de projets novateurs. 34 Chapitre III. Les pratiques de pointe Troisième critère L’établissement qui sollicite une reconnaissance au titre d’institut universitaire en santé mentale et ses partenaires démontrent qu’ils ont mis au point et qu’ils appliquent des pratiques à la fine pointe des connaissances dont la portée et l’efficacité sont attestées par des résultats de recherche et confirmées par des pairs possédant une expertise dans le même domaine. Des innovations sont démontrées à la fois dans des pratiques communautaires et psychosociales et dans des pratiques cliniques, psychothérapeutiques ou pharmacologiques ainsi qu’en matière de développement, de planification et d’évaluation de politiques sectorielles et intersectorielles relatives au champ de la santé mentale. Ce troisième chapitre décrit de façon sommaire les pratiques de pointe du futur Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation, certaines ayant évolué à l’intérieur de l’HLHL et d’autres avec ses partenaires. Ces vitrines locales, nationales et internationales, solidement établies ou en émergence, illustrent le potentiel d’innovation, la recherche de l’excellence et la culture de l’évaluation de l’Hôpital. Fort heureusement, nous présentons un tableau en évolution plutôt qu’une description définitive. En effet la démarche liée à cette demande de désignation a mobilisé une énergie vive tant au sein de l’Hôpital que de ses partenaires et fait ressortir des volontés nouvelles de collaboration ainsi que des potentiels de synergie très motivants. Nous sommes convaincus que la désignation du futur institut catalysera davantage encore cette créativité et permettra d’affermir sa cohésion et sa cohérence au long cours. A. Les forces de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine en santé mentale et en réadaptation 1. Programme des troubles psychotiques Le développement et la diffusion des connaissances dans le domaine du traitement et de la réadaptation de la psychose sont depuis longtemps des préoccupations centrales de notre établissement. L’un des changements récents et fondamentaux dans l’intervention auprès des personnes atteintes d’un trouble psychotique est que nous devons dépasser le niveau des symptômes, signes et conditions morbides associées. La personne atteinte d’un trouble psychotique doit atteindre le rétablissement (Lieberman et al. 2008). Les soins et services, tout autant que l’enseignement et la recherche, doivent concourir à aider plus de 2000 personnes atteintes d’un trouble psychotique déjà inscrites au programme (en plus des 160 qui s’y ajoutent annuellement) sur la voie du rétablissement par un système ouvert sur les services offerts par les partenaires des réseaux spécialisés, de la première ligne et du milieu communautaire. L’enseignement y est déjà solidement implanté : le programme représente le plus important pôle d’enseignement de tout l’Hôpital en termes d’heures-stages avec un total de 43,000 pour l’année 2009-2010. Pour cette même période 44 externes et résidents ont effectué un stage dans notre programme. Les activités de recherche qui sont diversifiées, visent prioritairement la recherche clinique et évaluative en accord avec le plan de développement stratégique du CFRS. Les guides de pratiques récents (APA 2004, RANZP 2004, APC 2005, NICE 2009, PORT 2009) ont servi à établir cette structure de services sur laquelle reposent l’enseignement et la recherche. Trois volets ont donc été définis : 1) Les premiers épisodes psychotiques, 2) Les troubles psychotiques prolongés, 3) Les troubles psychotiques complexes et résistants. Deux d’entre eux se distinguent davantage par leurs pratiques de pointe. 35 Volet des premiers épisodes psychotiques (PEP) Fondée en 1988 par le Dr Pierre Lalonde, la Clinique des jeunes adultes de l’HLHL a été la première clinique québécoise à se dévouer au traitement et à la réadaptation des jeunes atteints de psychose. Le travail interdisciplinaire y a été, dès son origine, l’un des éléments clés. La réorganisation des services en programmes spécialisés a entraîné son évolution en octobre 2007 vers la Clinique pour premiers épisodes psychotiques. Cette clinique a pour mission de fournir traitement et réadaptation spécialisés dans les cinq premières années de la maladie. Les pratiques basées sur l’évidence tant au plan biologique (investigation complète et traitement pharmacologique optimal), psychologique (évaluation neuropsychologique, intervention cognitivo-comportementale individuelle et de groupe) que social (intervention uni- et multifamiliale, suivi intensité variable, réinsertion au travail-études) ; des collaborations avec des ressources spécialisées (ex : Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances, Centre Le Portage) et le milieu communautaire (ex : projet PART, Société québécoise de la schizophrénie, Les Impatients) sont solidement implantées. Avec une entrée de 160 patients par an, 500 patients y sont actuellement suivis par trois équipes multidisciplinaires (incluant ergothérapeutes, travailleurs sociaux, conseillers d’orientation, infirmières, neuropsychologue, agents de suivi intensité variable) dans une continuité interne externe. Une unité de 24 lits et un lien soutenu avec l’hôpital de jour ainsi qu’avec le service de réadaptation vocationnelle ont été établis. La clinique PEP est un lieu très actif d’enseignement. La clinique accueille des résidents en psychiatrie générale, réadaptation et recherche clinique. Pour l’année 2009-2010, cinq résidents en psychiatrie, sept externes et les stagiaires des disciplines professionnelles y ont cumulé près de 13,000 heures de stage. Les psychiatres traitants sont les Drs Emmanuel Stip (titulaire de la chaire de schizophrénie Eli Lilly de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal ), Luc Nicole (président fondateur et actuel viceprésident de l’Association québécoise pour programmes premiers épisodes psychotiques et chef médical du programme des troubles psychotiques de l’HLHL), Pierre Landry (psychiatre responsable du module de psychopharmacologie), Constantin Tranulis (psychiatre et chercheur boursier junior FRSQ) et Marie Villeneuve. Les Drs Tania Lecomte (professeure du département de psychologie de l’Université de Montréal), Stéphane Potvin (chercheur en psychologie spécialisé dans le domaine des dépendances et chercheur boursier junior FRSQ), Catherine Briand (professeure en ergothérapie à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal et responsable du Centre d’études sur la réadaptation au CRFS) mènent différents projets de recherche et contribuent ainsi à l’innovation au sein de cette clinique. Au nombre des projets en cours, citons l’étude de suivi longitudinal des psychoses émergentes du réseau de l’Université de Montréal (ESPEUM) en collaboration avec la clinique des jeunes adultes psychotiques du CHUM (Nicole L., Abdel-Baki et al.), une étude sur l’intervention thérapie cognitivo-comportementale groupe et famille (Lecomte et al), une étude sur la perception des mécanismes de la douleur dans la schizophrénie (Potvin S. et Stip E.) et une étude ethnographique sur les cliniques de premiers épisodes psychotiques (Tranulis, C.). Le développement de la clinique PEP se fait donc dans la poursuite de sa mission de troisième ligne. La recherche de modalités d’intervention clinique innovatrices, jumelées à des processus évaluatifs rigoureux et à une diffusion efficace en sont des éléments centraux. De façon plus globale, le développement d’une base de données biologiques et psychosociales pour les patients admis dans ce volet pourra aussi favoriser au long cours l’intégration de la recherche. La clinique PEP a été choisie comme l’un des sites pour l’implantation d’une telle base de données par un projet pilote du Centre Signatures du CRFS. Volet des troubles psychotiques complexes et résistants La vocation historique de psychiatrie tertiaire a évolué au cours des années vers une mission de soins et services en traitement et réadaptation ultraspécialisés. La mission de ce volet est clairement établie au sein de notre établissement sur les plans régional et supra-régional. Environ 500 patients y sont suivis en clinique externe par une équipe de psychiatres et sept professionnels, 86 patients sont hospitalisés. L’enseignement dispensé (10,000 heures de stages en 2009-2010) s’effectue auprès des résidents, externes et stagiaires des différentes disciplines. Des activités de recherche évaluative touchent l’ensemble de cette population grâce à l’équipe du Dr Alain Lesage. Les services ultraspécialisés offerts aux troubles psychotiques complexes et résistants comportent : 36 Une équipe PACT : Deux psychiatres et l’équivalent de 10 professionnels assument le suivi de patients répondant strictement aux critères de sélection décrits dans la littérature. Le Centre national d’excellence en santé mentale, qui bénéficie de ressources matérielles (locaux dans notre établissement) et humaines (agent de recherche et administratif), est impliqué de très près pour maintenir la spécificité et l’efficacité de ce service. L’enseignement y occupera dès juillet 2010 une place importante avec l’accueil de résidents en psychiatrie à l’intérieur de leur stage en réadaptation mais également grâce à une collaboration des psychiatres du PACT au séminaire en réadaptation. Ces derniers ont d’ailleurs collaboré activement à l’élaboration de ce projet novateur d’enseignement en séminaire réseau par visio-conférence. L’implication de stagiaires des disciplines professionnelles est une prochaine étape pour s’assurer d’une évolution des pratiques. Deux unités de traitement et réadaptation intensifs. Ces unités qui regroupent 36 lits ont une vocation régionale (ententes de services avec le CHUM et les hôpitaux Sacré-Cœur de Montréal, Maisonneuve-Rosemont, CSSS Cœur de l’Île (Jean-Talon), CSSS Ahuntsic/Montréal Nord (Fleury) et supra-régionale (ententes de services avec la Montérégie). Elles accueillent les patients pour lesquels une résistance aux traitements pharmacologiques et/ou aux approches de réadaptation dispensées dans la communauté (suivi multidisciplinaire, hébergement réadaptatif, suivi PACT) se sont avérées insuffisantes. Elles permettent d’offrir un milieu inspiré par l’espoir, par les principes de réadaptation psychosociale et de rétablissement. Elles bénéficient de l’expertise du module de psychopharmacologie, de thérapies cognitivo-comportementales appliquées aux symptômes psychotiques et d’autres modules manualisés comme la remédiation cognitive, la gestion des émotions et les habiletés sociales. Une équipe spécialisée de consultation pour la résistance au traitement et aux approches de réadaptation Initiés dans la dernière année, les travaux de cette équipe coordonnée par M. Stéphane Gagnon psychologue impliquent plusieurs psychiatres (Drs Jocelyne Cournoyer, Maryse Gervais, Marie-Ève Cotton, Pierre Landry et Luc Nicole) et professionnels (ergothérapeute, pharmacien, travailleuse sociale) et un représentant de la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté. L’implication de Dre Catherine Briand dans l’élaboration d’un volet recherche intégrée a été faite dès le départ, avec le soutien d’une agente de planification, programmation et recherche, Mme Kathe Villeneuve. Une participation des résidents et stagiaires à ces consultations permettra une exposition à une approche systématique et basée sur l’évidence des personnes présentant une résistance non seulement aux traitements pharmacologiques mais également aux approches de réadaptation. Volet des troubles psychotiques prolongés Bien que n’étant pas identifié comme porteur d’une pratique de pointe dans l’immédiat, le volet des troubles psychotiques prolongés est une pièce importante du programme principalement au plan de la clinique et de l’enseignement. Il assure à 1000 patients dont la maladie est en cours depuis plusieurs années, dont le niveau de fonctionnement est pauvre et la qualité de vie diminuée, un traitement et une réadaptation basés sur l’évidence, au-delà des cinq premières années de la maladie. Le volume d’activité clinique (1000 patients externes) et l’expertise professionnelle (quatre équipes interdisciplinaires, une unité de 24 lits de courte durée) génèrent le plus grand nombre d’heures-stages (total : 20,000 pour l’année 2009-2010) de tout le programme. Les questions relatives à l’organisation des services sont au cœur des préoccupations pour ce volet et constituent un enjeu de recherche. Des travaux, auxquels la Dre Catherine Briand est associée, sont actuellement en cours pour établir le niveau de services requis pour l’ensemble de cette population et ainsi permettre une meilleure articulation avec les partenaires de la première ligne. 2. Approche cognitivo-comportementale et intégrative des troubles anxieux L’HLHL possède une longue tradition dans le traitement de l’anxiété pathologique ainsi que dans la recherche sur les troubles anxieux et leurs traitements allant des approches pharmacologiques à des interventions psychologiques particulièrement cognitivo-comportementales. Parmi les pionniers de la recherche et de la clinique cognitivo-comportementale à l’HLHL, notons les Drs Jean-Marie Boisvert 37 psychologue et Yves Lamontagne ex-directeur du Centre de recherche Fernand-Seguin. Les recherches en thérapie cognitivo-comportementale constituent un des axes du Centre de recherche Fernand-Seguin avec des scientifiques reconnus comme K. O’Connor et M. Lavoie (troubles obsessionnels compulsifs), A. Stravynski (phobie sociale), S. Guay et A. Marchand (État de stress post-traumatique: ESPT) qui collaborent avec des psychiatres et des psychologues cliniciens-chercheurs investis de longue date dans la problématique anxieuse : C. Todorov, chef médical du programme des troubles anxieux et de l’humeur, F. Borgeat, chef médical adjoint et les psychologues G. Gaudette, M.-A. Richard, J. Labrecque et A. Letarte. Éléments majeurs du dispositif de l’HLHL dans le domaine des troubles anxieux, le Centre d’études sur le trauma et le Centre d’études sur les troubles obsessionnels-compulsifs et les tics sont reconnus comme des lieux de référence suprarégionaux pour les troubles concernés. Le Centre d’études sur le trauma fondé en 2004 et codirigé par S. Guay et A. Marchand constitue un milieu de recherche, de clinique et d’enseignement multidisciplinaires qui inclut des chercheurs provenant de la psychologie, la criminologie, la psychiatrie, la neurobiologie, les sciences cognitives et la santé/sécurité au travail. Les recherches du Centre portent sur l’évaluation de l’efficacité de différentes modalités d’évaluation et de traitements psychologiques et pharmacologiques du trouble d’origine post-traumatique et sur la prévention primaire et secondaire de ce trouble. Le Centre d’études sur les troubles obsessionnels-compulsifs et les tics codirigé par K. O’Connor et F. Aardema est reconnu à l’échelle internationale pour la qualité des travaux portant sur les mécanismes à la base de l’efficacité de la thérapie cognitivo-comportementale dans le trouble obsessif-compulsif et le trouble de Gilles de la Tourette. En 2007, le Centre a organisé deux conférences internationales sur ce sujet (World Congress of Behavioral and Cognitive Therapy et le International Symposium on Tourette Syndrome). Les chercheurs du Centre sont maintenant à étendre leur expertise auprès des enfants, par le biais de collaborations avec la Clinique des troubles anxieux du site de l’HRDP. Le Centre d’interventions cognitivo-comportementales de l’HLHL s’est bâti pendant 25 ans une réputation au-delà de la métropole comme centre de traitement de deuxième ligne des troubles anxieux et a formé au fil des ans des stagiaires de diverses disciplines et universités, lesquels exercent maintenant dans diverses institutions québécoises. Depuis la réorganisation clinique de 2007, le Centre d’interventions cognitivo-comportementales est devenu une composante du programme des troubles anxieux et de l’humeur. La nouvelle organisation clinique de l’Hôpital favorise un rapprochement des soins et de la recherche, et permet un regroupement fonctionnel des forces concernées par l’anxiété pathologique. Au plan clinique, l’approche se fait intégrante tant par rapport aux lignes de soins qu’entre la clinique et la recherche. Ainsi une collaboration se développe avec la première ligne par des intervisions cliniques pour les omnipraticiens du territoire et par des séances psycho-éducatives pour les patients souffrant d’anxiété pathologique, incluant ceux qui sont dirigés en première ligne. Des efforts se déploient pour améliorer la collaboration avec les CSSS du territoire, avec les nouveaux guichets d’accès et les associations communautaires afin que les patients soient orientés vers le niveau de soins le plus adéquat et pour assurer complémentarité et fluidité entre les ressources de première ligne et celles de deuxième et troisième lignes. L’Hôpital offre essentiellement des soins de deuxième et troisième lignes pour les patients présentant des troubles anxieux complexes ou résistants et une porte d’entrée vers la recherche clinique en anxiété. Une collaboration est en discussion avec le CHU Ste-Justine (Dre P. Garel) pour le traitement continu des troubles anxieux et du trouble obsessionnel compulsif en particulier avant et au-delà de la frontière artificielle de 18 ans. Cet effort d’intégration de la pédopsychiatrie et de la psychiatrie adulte inclura aussi les troubles de l’humeur souvent comorbides avec l’anxiété pathologique et qui apparaissent aussi fréquemment avant l’âge de 18 ans. Des interventions novatrices ont émergé depuis quelques années: en particulier l’équipe pour les pathologies résistantes en raison d’une comorbidité à l’axe II dirigée par la Dre J. Cyr, l’équipe rapide d’intervention de crise (ÉRIC) spécialisée en lien avec la première ligne et dirigée par le Dr P.-M. Couture-Trudel. L’ensemble des interventions psychologiques dans l’anxiété pathologique est coordonné par Andrée Letarte, psychologue-psychothérapeute et auteure reconnue dans le traitement de l’anxiété. 38 3. Psychopharmacologie La tradition de la recherche psychopharmacologique à l’HLHL est reconnue internationalement et bénéficie d’une infrastructure reliant la pratique clinique et les essais de nouveaux psychotropes. Ainsi c’est à l’Hôpital que fut découverte la potentialisation des antidépresseurs par le lithium (DeMontigny, Cournoyer, Grunberg), que furent mises en évidence les synergies des antidépresseurs et la thérapie cognitivo-comportementale dans les troubles paniques avec agoraphobie (Fontaine, Marchand). Il n’y a pratiquement pas un seul antipsychotique qui soit commercialisé au Canada sans que son évaluation pré phase 3 ou 4 n’ait été effectuée à l’Hôpital: risperidone, quetiapine, olanzapine, aripiprazole, ziprasidone. L’établissement bénéficie d’une clinique de psychopharmacologie pour tous les programmes en recherche et de la présence de deux infirmières rémunérées par l’Hôpital. Le recrutement pour les essais en psychopharmacologie a permis de gagner six prix pour les essais les meilleurs ou les mieux complétés dans des études canadiennes (Stip). Les chercheurs cliniciens ont ajouté des dimensions nouvelles aux variables traditionnelles: l’imagerie cérébrale (RMNF), les données cognitives (création et validation de l’échelle Subjective Scale to Investigate Cognition in Schizophrenia traduite en sept langues, l’inhibiteur des cholinestérases), les mesures de compliance (DoPill: pillulier électronique), les données sur les abus de substance (Potvin). Dr Stip a été sollicité comme expert pour le Conseil du médicament du Québec en ce qui a trait aux antipsychotiques et à la polypharmacie et comme expert international sur les effets procognitifs des psychotropes. Il a obtenu de ce même organisme en association avec le FRSQ une subvention de 300 000$ pour l’utilisation du Dopill et du Mobus. Ces éléments technologiques sont utilisés au programme des premiers épisodes psychotiques et désormais en gérontopsychiatrie. Le Dr Stip a été nommé par l’Association des médecins psychiatres du Québec (AMPQ) responsable du consensus québécois sur l’usage des antipsychotiques longue action dans les psychoses. Sur le plan clinique, une équipe dirigée par le Dr P. Landry offre depuis une quinzaine d’années aux niveaux local et régional des services de consultation et de recommandation pour des situations complexes et réfractaires au traitement pharmacologique. Cette équipe s’est affirmée comme un lieu de formation en recevant régulièrement des résidents en psychiatrie et des pharmaciens. En outre, chacun des programmes de l’Hôpital bénéficie de la présence de pharmaciens-cliniciens qui oeuvrent dans le milieu en tant que membres des équipes multidisciplinaires. 4. Monitoring thérapeutique de la concentration plasmatique des psychotropes Le laboratoire de biochimie de l’HLHL est une plateforme essentielle pour la psychiatrie. En effet, les analyses des psychotropes à index thérapeutique étroit, soit le lithium, le valproate et la carbamazépine, sont effectuées quotidiennement du lundi au vendredi. Les résultats parviennent aux médecins traitants en moins de 24 heures. Ensuite, les analyses des antidépresseurs tricycliques sont effectuées aux 7 ou aux 14 jours en raison de la faible demande. La fierté du laboratoire est d’offrir le meilleur service d’analyse de la clozapine au Québec. Les analyses sont effectuées par High Performance Liquid Chromatography ou chromatographie en phase liquide à haute performance (HPLC) tous les mardis matins. Les requêtes pour cette analyse hautement valorisée en clinique ont triplé depuis que l’offre de service a augmenté de bimensuelle à hebdomadaire en décembre 2008. Une bonne partie de cette augmentation parvient d’hôpitaux du Québec qui profitent de notre expertise. Il est projeté pour 2010-2011 que les analyses de la clozapine soient effectuées deux fois par semaine et que les analyses de l’olanzapine et de la quétiapine soient intégrées dans une routine hebdomadaire. Une deuxième phase du projet sera d’implanter l’analyse de quelques antidépresseurs tels que la venlafaxine, la paroxétine et le citalopram. L’implantation de méthodes d’analyse ultrarapides et simultanées par HPLC avec extraction des principes actifs en ligne est la méthode privilégiée pour sa simplicité et son faible coût. Le développement de ces services est primordial pour promouvoir l’évolution du monitoring thérapeutique de la concentration sanguine des psychotropes au Québec. En tant que centre hospitalier ultraspécialisé en santé mentale, ces nouveaux services uniques au Québec devront continuer d’être partagés avec d’autres hôpitaux afin d’optimiser la pharmacothérapie des patients souffrant de maladies mentales. Les partenaires de l’Institut auront accès à ce programme et déjà on prévoit des conséquences importantes pour des projets de recherche clinique. 39 5. Réadaptation des personnes avec des troubles mentaux psychotiques graves et persistants Un ensemble de pratiques de pointe en réadaptation des personnes avec troubles psychotiques graves et persistants émergent constamment depuis plus de deux décennies à l’Hôpital. Certaines sont devenues des meilleures pratiques de réadaptation au Québec. Cet ensemble de pratiques se fonde sur les deux programmes clientèles majeurs de l'HLHL : la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté et le programme des troubles psychotiques de la direction des services cliniques. Avec un budget annuel de plus de 40 millions, la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté a été désignée en 2009 par l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal comme organisme gestionnaire de plus de 50% des ressources résidentielles et de réadaptation en psychiatrie de Montréal, essentiellement reliées aux établissements hospitaliers du RUIS de l’Université de Montréal. Au niveau résidentiel, la Direction offre un large éventail de types des ressources et gère près de 1400 places, des centres de soutien à l’intégration sociale et de réadaptation au travail. Elle a collaboré à la standardisation des meilleures pratiques et la qualité de ses services a été reconnue par trois mentions lors de la dernière visite d’agrément des hôpitaux, entre autres au niveau de l’administration des médicaments, de l’autogestion de la médication et des codes de vie. Son expertise est reconnue au niveau provincial. Elle y exerce un leadership au niveau du Regroupement des établissements gestionnaires du Québec reconnus par le MSSS pour veiller à la qualité des pratiques en milieu résidentiel pour les personnes souffrant de troubles mentaux psychotiques graves et persistants. Elle soutient financièrement un projet de recherche pour le développement d’outils de mesure de la qualité et de la nature des interventions en milieu résidentiel supervisé, selon les principes d’optimisation des interventions de traitement, réadaptation et rétablissement et selon les perspectives des patients, des responsables des ressources et des professionnels des organismes gestionnaires. Tel que décrit précédemment, le programme des troubles psychotiques comprend un volet majeur pour la clientèle présentant des troubles complexes et résistants. Ce volet comprend entre autres une équipe PACT et deux unités (total de 36 lits) à vocation régionale et supra-régionale pour un traitement et une réadaptation intensifs des patients avec un trouble psychotique résistant à l’ensemble des autres approches disponibles. Ces moyens d’intervention se joignent à ceux disponibles à la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté assurant ainsi une complémentarité et une intégration. Dans cette même perspective, l’équipe de consultation pour la résistance au traitement et aux approches de réadaptation du programme des troubles psychotiques a intégré un conseiller de la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté. L’évaluation de programme et la recherche ont accompagné constamment la réadaptation dans les deux programmes de l’Hôpital mentionnés plus haut. Depuis plus de 20 ans, le Dr Alain Lesage a mené des travaux appuyés par les deux programmes sur les besoins de soins et de services des personnes souffrant de troubles mentaux graves et persistants. Ces travaux ont associé des étudiants maintenant devenus chercheurs actifs: Marc Corbière (Université de Sherbrooke, campus Longueuil, champ de l’occupation) ; Stéphane Potvin (Université de Montréal, comorbidités) ; Catherine Briand (École de réadaptation de l’Université de Montréal) ; Jean-Pierre Bonin (Faculté des sciences infirmières, Université de Montréal). D’autres chercheurs se sont joints à ces travaux : Myra Piat (Institut universitaire de santé mentale Douglas, Service social de l’Université McGill, domaine services résidentiels), Emmanuel Stip (chaire de schizophrénie, Université de Montréal, domaine cognitif et technologies comme la maison intelligente, les agendas électroniques intelligents), Gilles Côté (directeur scientifique, IPPM, spécificité de la réadaptation des personnes avec troubles mentaux graves et judiciarisation à cause des comportements embarrassants ou violents), Tania Lecomte (Psychologie, Université de Montréal ; traitements psychosociaux et cognitivo-comportementaux des personnes avec troubles mentaux graves). Dans cet ensemble, ont constamment émergé des pratiques de pointe de niveau tertiaire, parmi lesquelles il faut signaler: • Les 180 places en psychiatrie justice qui accueillent les patients en provenance de l’IPPM ou du milieu de la justice du Québec dans les deux langues; 40 • Le développement d’une nouvelle ressource, Paul-Pau, pour favoriser la transition entre les milieux spécialisés pédopsychiatriques et adultes, pour les 16-20 ans (conjointement avec le Centre jeunesse de Montréal – Institut universitaire et l’HRDP); • Le développement des ressources Charlemagne et Tourterelle pour les personnes âgées avec troubles mentaux graves. Elles pourraient servir de modèle pour les CHSLD qui doivent développer des ressources intermédiaires comme alternatives à leurs ressources sollicitées par des usagers toujours plus handicapés; • Les unités de traitement et de réadaptation intensifs du programme des troubles psychotiques où les patients sont admis à partir d’un comité régional conjoint avec l’Institut universitaire de santé mentale Douglas, autre organisme gestionnaire des ressources résidentielles de Montréal. Par ententes de services, ces unités accueillent également des patients de la Montérégie. Les patients admis se sont montrés réfractaires aux tentatives de traitements et de réadaptation intensifs dans la communauté entre autres avec le PACT ou avec les ressources résidentielles supervisées de type foyer de groupe; • La domotique et le soutien électronique pour les déficits cognitifs favorisant l’autonomie résidentielle des personnes souffrant de troubles psychotiques sont développés par l’axe de développement technologique du CRFS et les travaux du Dr Emmanuel Stip. En réadaptation, la récupération des pratiques de pointe et l’assurance qualité des meilleures pratiques se font par une articulation entre la recherche, l’enseignement, les meilleures pratiques et les pratiques du programme des troubles psychotiques de la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté, mais aussi à l’extérieur de l’établissement. Elles sont soutenues par les conseillers cliniques en évaluation, programmation et recherche, et maintenant par des agents de planification, programmation et recherche. La direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté avait déjà pris les devants il y a quelques années en engageant un tel agent. Depuis cinq ans, elle a développé un mode d’évaluation standardisé pour l’admission dans les unités de traitement et réadaptation intensifs, tout en effectuant les évaluations à Montréal et en Montérégie. Le module de soutien évaluatif a prêté il y a deux ans son principal réviseur de la littérature en réadaptation psychosociale au Centre national d’excellence en santé mentale créé il y a deux ans par le MSSS conjointement avec l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et l'HLHL pour soutenir l’implantation et la formation du personnel des équipes de suivi intensif en équipes et de suivi d’intensité variable au Québec La formation du personnel non universitaire et des professionnels est une préoccupation constante et sert à alimenter les meilleures pratiques. L’Hôpital a fait appel à la Dre Myra Piat pour assurer la formation aux principes des pratiques favorisant le rétablissement, tel que prescrit par le PASM 2005-2010. La direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté a été parmi les premières au Québec à adopter des pairs aidants pour les soutenir tant dans la programmation que dans le travail en milieu résidentiel supervisé, après avoir obtenu une formation reconnue par la direction de la santé mentale. L’engagement de tels pairs aidants à l’intérieur du secteur public est une expérience et une pratique de pointe en soi. Cette initiative est éclairée par les revues de littérature réalisées au module de soutien évaluatif, encouragées par la Direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté et publiées dans Le partenaire, le journal de l’Association québécoise de réadaptation psychosociale, dont plusieurs professionnels de l’Hôpital avaient favorisé la formation et qu’ils continuent de soutenir par leur expertise. Les psychiatres impliqués en réadaptation à la direction des services cliniques de l'HLHL se sont montrés proactifs pour définir l’enseignement de la réadaptation des résidents en psychiatrie dans le cadre des nouvelles exigences émises en 2008 par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada pour la formation en réadaptation des personnes avec troubles mentaux graves et persistants. L’Hôpital sera le meneur d’un séminaire réseau en réadaptation destiné d’abord à la formation des résidents; seront invités des psychiatres de l’Université de Montréal et du RUIS de l’Université de Montréal regroupés dans une véritable communauté de pratique. Une chaire de réadaptation, actuellement inscrite au Fonds de développement de l'Université de Montréal, a déjà reçu un appui d’un demi-million de dollars de la Fondation de l’Hôpital sur les 1.5 millions recherchés. 41 B. Faire mieux et davantage avec nos partenaires L’HLHL a sollicité ses partenaires du réseau de l’Université de Montréal leur demandant de quelles façons spécifiques et complémentaires ils souhaitaient collaborer avec le futur institut. Leurs propositions sont présentées ci-dessous et reflètent une volonté de synergie aux plans des soins, de l’enseignement et de la recherche. Une description émanant de deux organismes communautaires est aussi incluse en raison de leur potentiel thérapeutique et de leur rayonnement social et inter-établissements. Ces propositions sont en sus des collaborations plus spécifiquement de recherche avec le Centre de recherche Fernand-Seguin qui regroupe l’HLHL, l’IPPM et l’HRDP. Le RUIS en santé mentale constitue ici un métapartenaire permettant à l’HLHL, qui entend y jouer un rôle très actif, d’intégrer ces collaborations et de les étendre à d’autres établissements du RUIS de l’Université de Montréal. 1. Réseau universitaire intégré de santé (RUIS) de l’Université de Montréal et autres RUIS a) Table de santé mentale du RUIS de l’Université de Montréal Une table spécifique en santé mentale est en développement rapide au sein du RUIS de l'Université de Montréal. Cette table est présidée par le Dr Yvan Pelletier de l'HSCM et regroupe toutes les institutions affiliées au département de psychiatrie de l'Université de Montréal ainsi que leurs partenaires régionaux et suprarégionaux. Les objectifs sont d'améliorer les collaborations entre les première et deuxième lignes de soins dans le sens des orientations du PASM et de favoriser les synergies entre les partenaires tant au niveau des activités cliniques que dans la création de réseaux de recherche. b) Vers un niveau tertiaire en troubles de la personnalité grâce à une collaboration inter-RUIS La valeur ajoutée du RUIS en santé mentale est illustrée par la création récente d’une table inter-RUIS regroupant des représentants du RUIS de l’Université de Montréal et de l’Université McGill et des liens envisagés avec celui de l’Université Laval autour de la mission tertiaire dans le traitement des troubles de la personnalité avec des objectifs de partage, de synergie, d’amélioration de l’offre de soins et de stimulation de la recherche clinique. Les Drs P. David et F.-A. Bérubé de l’HLHL participent activement aux travaux de cette table avec des délégués des quatre RUIS du Québec. Ces cliniciens et l’agent de planification, programmation et recherche du programme des troubles de la personnalité limite de l’HLHL sont ainsi activement engagés depuis plus d’un an dans une approche concertée des troubles de personnalité limite autour de cette table inter-RUIS. On y développe les contours de première, deuxième et troisième lignes pour le traitement des troubles de personnalité limite; on y fait l’examen d’indicateurs de performance depuis les banques jumelées de l’Agence et le développement d’un recueil de données minimales dans toutes les cliniques spécialisées des deux réseaux universitaires. Ce dernier est éclairé par le développement de l’axe Signatures du Centre de recherche Fernand-Seguin. Y participent une autorité mondiale dans le traitement des troubles de personnalité limite, Dr Joel Paris, des chercheurs et cliniciens des sites de McGill comme l’Hôpital général juif de Montréal, le CUSM, l’Institut universitaire de santé mentale Douglas ; des chercheurs et cliniciens des sites de l’Université de Montréal comme le CSSS Jeanne-Mance, l’HSCM, l’HRDP et l’HLHL. La Table et ses chercheurs soutiennent la formation d’une jeune psychiatre intéressée au développement d’une clinique pour les adolescents et l’arrimage à l’âge adulte avec les cliniques spécialisées à partir de l’HSCM. c) Gérontopsychiatrie avec le Service de gérontopsychiatrie du Pavillon Albert-Prévost La psychogériatrie prend une importance croissante dans la société québécoise avec les changements démographiques. À l’HLHL, cette surspécialité s’est beaucoup développée depuis une vingtaine d’années. Plus récemment, une synergie nouvelle s’est manifestée entre les institutions du réseau de l’Université de Montréal et de la table de santé mentale de son RUIS. Dans ce contexte le PAP de l’HSCM propose une collaboration spécifique au futur institut. 42 Le service de gérontopsychiatrie du Pavillon Albert-Prévost offre une gamme étendue de services à la population âgée grâce à une unité d’hospitalisation de 10 lits et un hôpital de jour de six places, un service de consultation-liaison dans trois milieux de gériatrie active (HSCM, Hôpital Notre-Dame de la Merci et le Centre ambulatoire régional de Laval), un travail de psychiatre répondant dans trois CSSS et dans deux unités prothétiques, un service de consultations et de suivis en externe le plus souvent directement à domicile, dans les ressources intermédiaires, dans les résidences ou en CHSLD. Des services sont offerts en externe à la clinique de la mémoire. Il existe aussi un projet pilote d’hôpital de jour pour cette clientèle. Le service est présent à l’urgence psychiatrique pour les patients âgés à qui sont offertes des interventions de crise lors de leur séjour. Le fonctionnement du service est basé sur un travail d’équipe interdisciplinaire et permet une grande efficience : en externe seulement, le service répond à 600 à 700 consultations par année avec 3.2 gérontopsychiatres ETC (équivalents à temps complet). Actuellement, cinq gérontopsychiatres font partie de l’équipe. Le service attend avec impatience l’arrivée de deux collègues qui terminent actuellement leur formation complémentaire pour septembre 2010. Deux médecins de famille travaillent à temps partiel à l’interne et à l’hôpital de jour du PAP. Le service bénéficie du cadre d’un hôpital général ce qui favorise les liens de collaboration essentiels avec les collègues médecins de famille et spécialistes. Il a aussi accès à la neuroimagerie de façon rapide et bientôt un SPECT (Single Photon Emission Computed Tomography) d’une grande précision (le premier au Canada) sera disponible. Le développement de la recherche est une des priorités. Déjà des liens de collaboration existent avec l’Institut universitiaire de gériatrie de Montréal (IUGM) (Dr Rainville, Mme Ducharme) et avec l’HLHL (Dr Stip) sur des projets en cours. Au sein du centre de recherche de l’Hôpital, le service entretient des liens privilégiés avec le laboratoire du sommeil et le Dr Montplaisir (axe de neurosciences); ainsi, un projet de collaboration débute sur certains troubles du sommeil comme prédicteurs du passage de l’infarctus cérébromultiple au déficit cognitif léger (minimal cognitive impairment) vers la démence, en lien avec l’IUGM (Dr Kergoat) et le centre du vieillissement de McGill (Dr Gauthier). Le développement professionnel continu est une des forces du Service de gérontopsychiatrie. Ce dernier a organisé un colloque en 2007 qui a réuni plus de 300 participants et est à préparer son sixième colloque pour le mois d’octobre 2010. Entre temps, il a dispensé une fois par mois sur deux ans une formation longitudinale qui se terminera cet été. Des conférences scientifiques mensuelles en gérontopsychiatrie qui s’adressent aux professionnels de la santé sont retransmises par télépsychiatrie dans dix régions du Québec. Un journal club et un séminaire de lecture sont offerts à tous les mois aux externes, résidents et membres du service. Le Service tient à travailler en lien et en collégialité avec des collègues de divers horizons. Ainsi, le PAP et donc le service sont jumelés avec l’hôpital Le Vinatier de Lyon et sous peu avec l’hôpital psychiatrique de Genève. Il fait partie du RUIS des cliniques de la mémoire de l’Université de Montréal, participe au programme de la télépsychiatrie dans le cadre du RUIS, représente l’Université de Montréal à la table de gérontopsychiatrie de l’AMPQ et assume la présidence du comité de gérontopsychiatrie de l’Université de Montréal. Très impliqué en enseignement, le Service reçoit de façon constante deux à trois externes par rotation et de deux à quatre résidents par six mois (stages obligatoires et optionnels). Il recevra une première fellow à partir du mois de juin 2010. Des stagiaires des différents corps professionnels (neuropsychologie, nursing, travail social, ergothérapie, psychologie) sont accueillis et formés dans le Service. Dans le futur, on aimerait pouvoir intégrer les différents services offerts dans un même lieu et développer des collaborations encore plus étroites avec les gériatres, les neurologues, les spécialistes du sommeil et les psychosomaticiens de l’Hôpital; développer un hôpital de jour pour les cas graves et persistants, un autre pour la clinique de la mémoire et une unité d’hospitalisation pour les patients avec symptômes comportementaux et psychologiques des démences. Le développement d’une expertise dans les différentes formes de thérapie d’une recherche solide, dynamique et en lien avec ses partenaires sont d’autres priorités pour les années à venir. 43 Le Service est déterminé à offrir un lieu d’enseignement et de pratique permettant aux collègues de devenir des leaders dans différents domaines liés à la gérontopsychiatrie, assurant ainsi le rayonnement nécessaire à cette toute jeune surspécialité. Il faudra ainsi s’impliquer au niveau du Collège royal et faire des demandes pour pouvoir offrir cette formation complémentaire dans les milieux, sans oublier de maintenir l’accréditation. A l’intérieur du RUIS, il pourra collaborer au partage des responsabilités et au développement de services de troisième ligne nécessaires pour soigner les aînés et former les collègues des première et deuxième lignes. Il sera possible de s’impliquer avec plus de force et d’efficacité afin d’influencer l’élaboration de politiques de soin pour que la santé mentale des aînés ne soit plus «oubliée». (Source : Dre Nathalie Shamlian, Chef du service de gérontopsychiatrie et présidente du comité de gérontopsychiatrie de l’Université de Montréal) 2. Pratiques de pointe en lien avec des partenaires a) Troubles graves du comportement et déficience intellectuelle ou l’apport de la psychiatrie à la réhabilitation dans la déficience intellectuelle en lien avec le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et le réseau/centre régional tertiaire en déficience intellectuelle de Montréal Le programme de psychiatrie en déficience intellectuelle est un programme clientèle surspécialisé qui, selon sa mission universitaire, combine des activités cliniques, d’enseignement et de recherche appliquée. Il est le fruit d’un partenariat étroit avec le réseau de la déficience intellectuelle, particulièrement les centres de réadaptation en déficience intellectuelle, à qui nous offrons notre expertise en psychiatrie, et le réseau de la santé mentale et de la psychiatrie, à qui nous offrons notre expertise en déficience intellectuelle et en troubles graves de comportement. Notre programme dispense des services cliniques d’évaluation, de traitement et de réadaptation surspécialisés aux adultes ayant une déficience intellectuelle ou une déficience intellectuelle avec un trouble envahissant du développement et des troubles mentaux graves, accompagnés de troubles graves de comportement. Ce programme de troisième ligne a toute son importance car il est maintenant reconnu que les personnes déficientes intellectuelles peuvent présenter toute la gamme des troubles psychiatriques et qu’elles ont une prévalence de deux à quatre fois plus élevée de ces troubles que la population générale (Fletcher et al., 2007). Ces difficultés ont des impacts considérables pour les personnes et leur entourage et comportent des coûts importants au plan humain, social et financier. Il est donc crucial que les personnes présentant ces difficultés de même que leur entourage aient accès à des services de pointe. Les services cliniques dispensés aux usagers s’inscrivent dans les meilleures pratiques tant en regard des services psychiatriques qu’en regard des services visant à intervenir au niveau des troubles graves parfois extrêmes de comportement qui peuvent se manifester chez les personnes. Du fait de la complexité de notre mandat, nos services sont dispensés par des équipes interdisciplinaires élargies afin d’assurer des résultats probants et une satisfaction de nos usagers, de leurs proches et de nos partenaires. Les services innovateurs de l’équipe mobile via la consultation clinique, la liaison clinicoadministrative et la formation favorisent un transfert d’expertise et un soutien à nos divers partenaires et permettent d’agir rapidement afin d’offrir les meilleurs services à la clientèle. Dans une perspective d’appropriation du pouvoir et de reconnaissance de la capacité des personnes souffrant d’un trouble mental de participer activement aux décisions qui les concernent, le programme travaille en collaboration soutenue avec l’usager, son représentant, sa famille et ses proches, à toutes les étapes du continuum de soins et services (de la pré-admission au suivi post-transfert). En recherche, le programme collabore avec d’autres réseaux (déficience intellectuelle, centres de réadaptation en déficience intellectuelle). Les intérêts sont très présents pour la recherche, particulièrement sur le partenariat avec les familles, les traitements psychiatriques chez les personnes DI ayant des troubles graves du comportement, la gestion du stress chez les intervenants travaillant auprès d'une clientèle DI avec des troubles graves du comportement, la contribution de la douleur et des problématiques médicales aux manifestations comportementales problématiques, etc. Des démarches sont en cours pour le recrutement de chercheurs intéressés à la clientèle du programme et aux objets de recherche priorisés par le programme. Des projets sont possibles à court terme avec des 44 chercheurs externes. L’arrivée récente des agents de planification, programmation et recherche à l’HLHL devrait permettre le déploiement d’activités de recherche en lien avec la clinique et l’enseignement. Source : madame Marie-Josée Prévost, chef médicale du Programme de déficience intellectuelle et santé mentale, Hôpital Louis-H. Lafontaine b) Troubles concomitants de santé mentale et conduites addictives à la Clinique CormierLafontaine en lien avec le Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances Fondée en 2001 par deux leaders reconnus dans leurs domaines respectifs : l’HLHL en santé mentale et le Centre Dollard-Cormier en dépendances, la Clinique Cormier-Lafontaine offre un programme intégré et surspécialisé de troisième ligne aux personnes ayant des problèmes concomitants, graves et persistants de santé mentale et de conduites addictives. La Clinique privilégie une approche basée sur les recommandations des meilleures pratiques et met de l’avant une programmation clinique intégrée. Parmi les problématiques auxquelles elle s’intéresse, mentionnons notamment les troubles psychotiques et les troubles de la personnalité. Elle contribue à rapprocher les deux réseaux de la santé mentale et des dépendances par le partage des connaissances et des expertises grâce à des services de consultation aux intervenants de ces réseaux. La Clinique Cormier-Lafontaine est impliquée dans des activités de formation et de rayonnement, assurant ainsi le transfert des expertises acquises au cours des années. Elle collabore également à différents projets de recherche. Source : madame Lise Corbin coordonnatrice et Dr Patrick Barabé, chef médical de la Clinique Cormier-Lafontaine. c) Soutien à la première ligne en lien avec l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) Le soutien à la première ligne constitue une priorité de l’HLHL : tous les programmes sont concernés mais les programmes Évaluation et interventions brèves et Mesures de transition le sont particulièrement. Cette activité constitue un secteur de pointe en expansion à l'HMR. Elle se situe en continuité directe avec les deux priorités établies par le programme de santé mentale de cet hôpital voisin : 1- La mise en œuvre du PASM en collaboration avec le CSSS Lucille-Teasdale dont l’HMR desservira environ les deux tiers de la population; 2- Le maintien d’une vocation de psychiatrie générale à laquelle se greffe une préoccupation majeure pour l’organisation des soins avec trois valeurs fondamentales qui constituent la base du soutien à la première ligne: l’interdisciplinarité, la qualité des soins et la continuité des soins. Le programme de soutien à la première ligne de l’HMR vise tout particulièrement trois types de partenaires : 1- les omnipraticiens du territoire avec l’offre d’une expertise reconnue en soins partagés; 2le CSSS Lucille-Teasdale avec la poursuite d’une collaboration clinique bien amorcée et la mise en place à court terme d’un soutien de médecin spécialiste répondant en psychiatrie, incluant le guichet d’accès en santé mentale; 3- l’Unité de médecine familiale de l’HMR avec un soutien clinique de même qu’une implication directe sur le plan de l’enseignement. Dans le soutien à la première ligne, ce contexte particulier permet d’intégrer de façon originale des services cliniques solides, des activités d’enseignement auprès des externes, des résidents en psychiatrie et des résidents en médecine familiale, ainsi que des activités de recherche en organisation des soins en collaboration avec les Hautes études commerciales (HEC) Montréal. En conformité avec le souhait du Collège Royal, l’HMR s’illustre par son engagement dans le maintien d’un enseignement en psychiatrie générale tant auprès des externes, résidents juniors et seniors en psychiatrie et des résidents en médecine familiale. Ainsi, l’HMR propose aux résidents, tant à l’interne qu’en ambulatoire, un milieu clinique de psychiatrie générale non subdivisé en diverses cliniques spécialisées. Cela permet aux résidents juniors en psychiatrie d’y faire un stage en continuité avec les mêmes moniteurs pendant 12 mois. De plus, l’HMR est à l’avant-plan concernant l’implantation de l’enseignement pyramidal, le modèle de psychiatrie générale permettant aux résidents seniors de développer des connaissances cliniques plus poussées, de trouver un encadrement sur le plan de leurs compétences pédagogiques et d’être sensibilisés à l’enjeu majeur de la continuité des soins. L’enseignement dans le secteur de pointe du soutien à la première ligne s’effectue de façon plus marquée à deux niveaux: 1- Dans le cadre de stages en soins partagés destinés aux résidents en psychiatrie, stages maintenant optionnels mais devenant obligatoires dès l’année académique débutant en juillet 2011. Les résidents sont formés à leur futur rôle de consultant auprès des omnipraticiens grâce à une 45 équipe de moniteurs de stage qui possède maintenant une solide expérience en ce domaine; 2- Lors d’activités d’enseignement spécifiques auprès des résidents de l’Unité de médecine familiale de l’HMR sous forme de supervision clinique directe lors d’entretiens-patients en médecine familiale même et à l’urgence psychiatrique. Cela contribue à former les futurs médecins de famille à l’évaluation et au suivi adéquat des patients ayant un problème de santé mentale. Enfin, la mission de psychiatrie générale à l’HMR se double d’une préoccupation et d’une réflexion marquées pour la continuité des soins. Pour les externes, résidents en psychiatrie et en médecine familiale, l’HMR prévoit développer un enseignement original en organisation des soins et gestion pouvant répondre, entre autres, aux objectifs de la Canadian Medical Education Directions for Specialists. Des activités de recherche sont en cours de développement en collaboration avec le Professeur Alain Rondeau, directeur du Centre d’études en transformation des organisations et directeur du Pôle Santé aux HEC Montréal. Ces activités de recherche visent, d’une part, à soutenir la mise en place du PASM, tout particulièrement l’arrimage avec la première ligne, et d’autre part, à consolider la continuité des soins entre les services du programme de santé mentale de l’HMR. Plus spécifiquement, le projet de recherche en cours d’élaboration consiste en une étude de cas prospective sur les patients présentant une problématique complexe mettant en échec les services offerts en première ligne au CSSS LucilleTeasdale ou en deuxième ligne à l’HMR. Source : Dr Daniel St-Laurent, médecin psychiatrie, chef du département de psychiatrie et Dre Odette Bernazzani, psychiatre, Hôpital Maisonneuve-Rosemont d) Soutien de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine à l’organisme Les Impatients de Montréal avec l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (ASSSM), l’Institut universitaire en santé mentale Douglas (IUSMD), l’Institut Philippe-Pinel de Montréal (IPPM) et l’Hôpital Rivière-des-Prairies (HRDP) « Les Impatients de Montréal » est un organisme à but non lucratif qui a vu le jour dans les murs de l’HLHL en 1989 sous l’impulsion de la Fondation des maladies mentales et de l’Association des galeries d’art contemporain de Montréal. En 1992, un nouvel atelier est ouvert à Pointe-aux-Trembles au moment de la mise sur pied de la Fondation pour l’art thérapeutique et l’art brut du Québec. En 1999, cette Fondation se fait connaître sous le nom des Impatients de Montréal qui ouvre un atelier au centre-ville de Montréal et offre des ateliers d’art-thérapie et de musicothérapie. En 2002, un réseau de partenaires se forme autour du Centre Les Impatients avec l’HLHL, l’ASSSM, l’IUSMD, l’IPPM et l’HRDP. Depuis plus de vingt ans, l’Hôpital soutient cet organisme qui offre des ateliers de création à des personnes atteintes de maladie mentale et qui diffuse les productions artistiques dans le but de démystifier la maladie mentale. Une des plus grandes collections d’art brut au monde est conservée dans les locaux du Pavillon Bédard de l’HLHL. Ce sont 12 000 œuvres répertoriées, sur supports bidimensionnels (papier, carton, toile, panneaux) ainsi que tridimensionnelles (assemblages de matériaux de récupération, sculptures de papier mâché, de bois, de plâtre, de fil métallique et de textiles) : une collection unique au Canada. Plus de 400 personnes participent aux ateliers de création répartis en cinq lieux différents à Montréal. Au moins quatre expositions temporaires sont réalisées annuellement dont l’exposition encan Parle-moi d’amour qui invite depuis maintenant 12 ans une centaine d’artistes professionnels et les participants des ateliers du Centre Les Impatients situé au centre-ville rue Sherbrooke. Les Impatients assure également l’adaptation de certaines expositions pour la mise en circulation des œuvres. Les expositions itinérantes sont présentées dans des centres d’expositions avec lesquels Les Impatients a établi des partenariats durables. De cette collection, plus de 2000 œuvres ont été archivées (numérisées et identifiées à l’aide d’un NAC) dans le cadre de différents projets, tels Une collection en marche subventionné par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale en 2001 et le projet de recherche Les voix de l’art mené depuis 2005 par Ellen Corin, psychanalyste et anthropologue à l’Université McGill avec Emmanuel Stip, psychiatre à l’HLHL et à l’HSCM. Des œuvres sont aussi conservées dans la réserve du centre-ville de Montréal et se retrouvent sur le réseau Info-Muse de la Société des musées québécois ainsi que sur Artéfact Canada du Réseau canadien d’information sur le patrimoine dont les Impatients est membre. Une dizaine d’œuvres 46 de la collection est conservée dans la Collection de l’Art Brut à Lausanne en Suisse. Riche en contenu, la collection des Impatients est accessible à la communauté scientifique. Sources d’inspiration pour les artistes contemporains, les œuvres d’art brut, réalisées principalement par des personnes atteintes de maladie mentale et le plus souvent sans connaissances artistiques, forment aujourd’hui un corpus d’œuvres uniques, internationalement reconnues et esthétiquement bouleversantes qui force le public à revoir autrement sa conception même de l’art. Des collections constituées dans les institutions psychiatriques comme la collection Prinzhorn en Allemagne, la collection du Musée Dr Guislain en Belgique ou encore la Collection de l’Art Brut en Suisse mise sur pied par l’artiste Jean Dubuffet sont des exemples de collections qui font aujourd’hui figure d’une grande richesse et d’une originalité toute particulière. Un travail considérable reste à faire afin qu’elle obtienne la reconnaissance qu’elle mérite. Pour en tirer profit et constituer une véritable mémoire de la démarche des Impatients, il faut poursuivre le travail de classement, de conservation et entreprendre la numérisation et l’identification des œuvres en plus de développer des scénarios de diffusion. La gestion de cette collection est en défi de taille tant par la quantité d’œuvres qu’elle regroupe que par la croissance continuelle que les ateliers hebdomadaires imposent. Il s’agit d’établir une politique d’acquisition, de gestion et de conservation des collections. Plus concrètement, il s’agit de conserver les œuvres le plus adéquatement possible, de réaliser un inventaire et de les cataloguer. Les œuvres doivent survivre au temps et nous devons pouvoir les consulter à des fins de recherche ou de diffusion. Cette tâche est primordiale puisque Les Impatients possède la seule banque d’œuvres d’art brut au Canada et fait figure de chef de file en ce domaine. Ce projet déjà initié et en développement partenarial devrait mobiliser encore un futur Institut en santé mentale et en réadaptation qui trouve là une responsabilité exceptionnelle de protection d’un héritage psychiatrique et qui devra favoriser le maintien de ce rayonnement, utile à la déstigmatisation. L’HLHL comme établissement spécialisé en psychiatrie et comme futur Institut a une grande et unique responsabilité pour continuer à faire de cette collection unique au Canada un lieu de stage, de recherche et d’une certaine modalité de soins, témoignant de plus d’une organisation en partenariat exemplaire. Tableau IV La collection des Impatients de Montréal en chiffres Œuvres totales de la collection des Impatients de Montréal en 2010 Œuvres numérisées possédant un NAC (entreposées au centre-ville de Montréal) 12 000 2 594 Œuvres disponibles pour la location 345 Œuvres louées ou prêtées à ce jour 120 Œuvres faisant partie d’une exposition 300 Expositions itinérantes disponibles ou en circulation 4 Œuvres visibles sur le réseau Info-Muse de la SMQ 1 288 Œuvres visibles sur Artéfact Canada du RCIP 1 096 Œuvres de la collection obtenues par donation (Guy Joussemet, Gabor Szilasi et Pierre Henry) 110 e) Soutien de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine à la Société québécoise de la schizophrénie À l’initiative de deux travailleuses sociales de l’HLHL et d’un groupe de parents ayant un enfant atteint de schizophrénie, naît en 1988 l’Association des parents de jeunes adultes schizophrènes qui deviendra en 1995 l’Association québécoise de schizophrénie puis en 2001 la Société québécoise de schizophrénie, cette dernière appellation marquant son affiliation à la Société canadienne de schizophrénie. La mission de la Société québécoise consiste à contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des personnes touchées par la schizophrénie et les psychoses apparentées, par le biais d’activités éducatives et de soutien, de participations aux politiques gouvernementales et de contributions à la recherche. 47 La Société québécoise réunit environ 500 membres et est régie par un conseil d’administration. Elle offre à ses membres (environ 500 personnes issues des différentes régions du Québec) plusieurs services : entrevues individuelles, orientation et référence, accompagnement des familles, prêt de livres et autres documents. Un bulletin de liaison Défi schizophrénie est publié six fois par année et distribué aux membres ainsi qu’aux institutions et organismes de santé mentale. Ses activités se déploient sous forme de conférences mensuelles, de soirées de ressourcement, d’un programme d’éducation : L’entraide : la force des familles, d’activités sociales. Depuis sa fondation, l’HLHL héberge dans ses murs la Société québécoise de schizophrénie et met à sa disposition l’expertise de ses cliniciens et chercheurs. 3. Quelques pratiques de pointe de nos partenaires Quelques-uns de nos partenaires principaux nous ont proposé des pratiques de pointe complémentaires aux activités cliniques propres à l’HLHL. Il s’agit de domaines d’activités absents à l’Hôpital. Le futur Institut s’appuiera sur ces partenaires et favorisera le développement des activités décrites. a) Troubles envahissants du développement à l’Hôpital Rivière-des-Prairies (HRDP) Le Centre d'expertise des troubles envahissants du développement de l'Université de Montréal est le centre d’expertise de troisième ligne du RUIS de l’Université de Montréal des troubles envahissants du développement. Il est constitué des forces vives en troubles envahissants du développement de deux établissements, l’HRDP (2/3 des évaluations) et le CHU Sainte-Justine (1/3 des évaluations). Il forme le centre d’un réseau de collaborations de recherche et de partenaires cliniques visant l’amélioration des services cliniques à cette population, l’optimisation de l’enseignement à toutes les catégories professionnelles œuvrant en troubles envahissants du développement, et le progrès des connaissances dans ce même domaine. Il est articulé avec les services de première ligne offerts par les centres de santé et de services sociaux et les services spécialisés de réadaptation, offerts par les centres de réadaptation en déficience intellectuelle. Il est également articulé avec les services offerts par un ensemble de partenaires, dont les écoles et les garderies, les sociétés de parents d’autistes et les centres de réadaptation pour la déficience intellectuelle. Il comprend des cliniques d’évaluations diagnostiques pour tous âges et niveaux de développement, des entrées spécifiques pour l’exploration des comorbidités particulières à cette population ainsi que des services d’intervention et d’hospitalisation courte. Une de ses forces est de regrouper plusieurs dizaines de professionnels ayant une expertise en troubles envahissants du développement. Plus de dix d’entre eux sont formés à la pratique du diagnostic par outils standardisés et maintiennent leur expertise par des séances de fiabilité inter-juge. Au niveau clinique, le Centre réalise le projet initial de la régie régionale d’il y a quinze ans, qui avait abouti à créer des hôpitaux désignés sur l’Île de Montréal et à tenter d’uniformiser leurs pratiques. En uniformisant les pratiques d’évaluation et de soin aux personnes souffrant de troubles envahissants du développement, il optimise l’utilisation des ressources humaines en veillant à leur formation et à la répartition optimale de leur temps pour une qualité de service donnée. Un effort particulier vise la formation et la mise à niveau des cliniques de deuxième ligne dans l’ensemble du Québec, avec la formation des médecins spécialistes qui œuvrent dans ces cliniques. Au niveau de la recherche, le Centre comprend plusieurs chercheurs ayant un leadership international dans le domaine des troubles envahissants du développement, particulièrement en cognition, en perception visuelle, en sommeil et en génétique. Huit subventions des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) ont été obtenues par les chercheurs en autisme du Centre, et plus de soixante articles, dont une bonne proportion dans des revue prestigieuses (Brain, Annals of neurology, Neurology, Molecular psychiatry, New England J. of Medicine, Nature, Biological Psychiatry, J. of cognitive neuroscience, Human Brain mapping). La recherche est rendue possible et efficace grâce à sa base de données populationnelles et à la masse critique d’expertise de son personnel. Le Centre régule en effet l’accès à une base de données populationnelles permettant l’avancement de la recherche en troubles envahissants du développement dans de multiples domaines, depuis la génétique moléculaire jusqu’à la recherche sur les signes et le traitement de l’information des autistes. Celle-ci contient les données sociodémographiques de plus de 1000 personnes souffrant de troubles envahissants du développement. Le Centre représente (selon les critères choisis) la première ou seconde concentration de chercheurs, 48 d’étudiants et de financement en recherche en autisme au Canada. Enfin, il est associé à une chaire de dotation consacrée à la recherche sur l’autisme et à ses applications pour l’amélioration de la qualité de vie de cette population. Au niveau de l’enseignement en chaire et au lit du patient, nous donnons les cours sur l’autisme dans toutes les spécialités (psychiatrie, médecine, orthophonie, ergothérapie). Les cliniques du Centre reçoivent des médecins et d’autres professionnels de toute la francophonie, à raison de plusieurs par mois. Un programme de formation médicale continue agréé par l’Université de Montréal permet la formation des équipes médicale et professionnelle de deuxième ligne et de résidents qui viennent se perfectionner ici. Cette pratique uniformise et forme aux meilleures pratiques les équipes d’évaluation et de soins des troubles envahissants du développement du Québec. Nous recevons quotidiennement des demandes d’avis téléphoniques sur de questions surspécialisées concernant des troubles envahissants du développement, venant de tout le Québec. Des réunions de professionnels traitent des grandes questions cliniques, scientifiques et diagnostiques autour des troubles envahissants du développement, assurant une ambiance d’effervescence des connaissances et de perfectionnement continu des cliniciens. La quasi totalité des chercheurs et étudiants en recherche ont effectué un stage clinique de formation au diagnostic qui leur donne une connaissance ‘’sentie’’ et réaliste de leur population d’étude. Enfin, l’essentiel des chapitres sur l’autisme des ouvrages didactiques francophones sur les troubles envahissants du développement sont réalisés au Centre (e.g. Lalonde et Grunberg, Psychiatrie clinique : approche bio-psycho-sociale, numéro spécial du Médecin du Québec, Traité de neuropsychologie de l’enfant, L'autisme, de la recherche à la pratique, Neuropsychologie clinique et neurologie du comportement, Pediatric Neurology Handbook) et des entrevues avec les médias (plus de cinquante en cinq ans). Enfin, le Centre est le partenaire académique francophone de l’agence et des décideurs politiques, pour faire connaître l’influence des contenus scientifiques sur les prises de décisions concernant les troubles envahissants du développement, et pour l’évaluation de l’impact des décisions politiques, financières et organisationnelles sur la qualité des services données aux personnes autistes. Nous sommes régulièrement consultés par les décideurs (sénat canadien, assemblée nationale) sur ces questions. Nous avons donc la fierté d’avoir réalisé un lieu d’échange, de soin, de formation et de recherche sur l’autisme où chaque spécialité professionnelle tire bénéfice de la présence de toutes les autres, et qui peut représenter un pôle fort de psychiatrie et neurosciences dans les troubles neuro-développementaux au sein d’un institut de psychiatrie. Source : Dr Laurent Mottron, médecin psychiatre, HRDP et professeur, département de psychiatrie, Faculté de médecine, Université de Montréal b) Pédopsychiatrie avec le Service de pédopsychiatrie du Pavillon Albert-Prévost à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal (HSCM) Le service de pédopsychiatrie du Pavillon Albert-Prévost (HSCM) fait partie d’une tradition pour les soins cliniques et l’enseignement à l’Université de Montréal et désire vivement poursuivre sa collaboration avec le futur Institut. Sur le plan de l’enseignement, le Service de pédopsychiatrie contribue activement à la formation de plusieurs médecins et professionnels de disciplines diverses comme les résidents en pédopsychiatrie juniors et seniors, les externes en médecine et ceux du niveau du pré-gradué; il est aussi impliqué dans les comités universitaires. Le rayonnement universitaire se fait aussi via l’organisation de formation continue mensuelle et l’organisation de colloques très appréciés dans le réseau. De plus, plusieurs membres du Service ont l’occasion de publier ou présenter leurs travaux dans leurs champs de compétence respectifs comme l’ado-psychiatrie, la psychiatrie des très jeunes enfants ou les approches transculturelles. La recherche se fait au niveau des premiers épisodes de psychose chez les adolescents; des collaborations sont déjà effectives avec des psychologues Ph. D. pour développer la recherche dans les domaines de l’attachement et de la thérapie basée sur la mentalisation appliquée aux enfants. L’organisation des soins et les approches ont grandement évolué au cours des dernières années en pédopsychiatrie et le service a su s’ajuster à ces nouvelles façons de faire. Il a développé une collaboration étroite avec les services de première ligne de santé mentale d’un vaste territoire de façon à rendre le travail de soins partagés des plus efficaces. La deuxième ligne pédopsychiatrique se consacre aux cas complexes par le biais de cliniques externes pour les enfants de 0 à 18 ans, par le centre de jour pour les 0-5 ans et l’hospitalisation, court et moyen termes, ou de jour, des adolescents. Aussi, aux 49 approches traditionnelles de psychothérapie d’orientation psychanalytique et aux thérapies familiales, les professionnels du service, appuyés par les pédopsychiatres, ont greffé des thérapies de groupe, des thérapies cognitives et comportementales et des approches spécialisées avec les très jeunes enfants comme le « Watch, Wait and Wonder ». Les approches pharmacologiques font l’objet de rencontres mensuelles dans le service et une infirmière assure avec le Service de pédopsychiatrie un suivi serré des paramètres métaboliques des médications prescrites : une innovation. Le Service de pédopsychiatrie croit être en mesure d’apporter une contribution des plus significatives au volet pédopsychiatrique de l’Institut à venir, fort de son expertise et de son engagement soutenu tant dans la dispensation et l’organisation des soins cliniques que dans l’enseignement tant médical que professionnel. Source : Dr Alain Lebel, chef du Service de pédopsychiatrie du Pavillon Albert-Prévost, Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal c) Collaboration en pédopsychiatrie avec le CHU Ste-Justine Le département de psychiatrie du CHU Sainte-Justine propose au futur institut un partenariat unique de par sa position privilégiée dans un programme réunissant génétique, pédiatrie du développement, neurologie et physiatrie. Ce programme se situe au sein d’un hôpital ayant toutes les spécialités médicales et chirurgicales pédiatriques et s’articule avec le programme Mère-Enfant (néonatalogie et obstétrique tertiaires); ce secteur périnatal représente un atout rare pour un CHU pédiatrique. Un département d’imagerie médicale doté d’un équipement de pointe (RMN 3T, PET, SPEC, etc.) complète l’infrastructure nécessaire au développement d’une psychiatrie moderne. Tel que mentionné en pages 31 et 32 du présent document, les progrès considérables de la psychiatrie dans les dernières années ont mis en évidence l’importance des enjeux génétiques, de l’interaction précoce des facteurs environnementaux (épigénétique), de la neuro-imagerie, de la valeur d’une approche développementale des troubles soulignant l’aspect essentiel de la prévention, d’un dépistage et d’une intervention précoces. Le suivi longitudinal de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte nourrit l’espoir d’enrichir notre compréhension de ces troubles complexes. La direction du CHU s’étant donné comme priorité la modernisation et la restructuration du département de psychiatrie pour répondre à sa mission tertiaire, des investissements majeurs sont prévus à court terme pour aménager un service d’hospitalisation réunissant deux unités 6-12 ans et 12-18 ans ultramodernes répondant aux critères d’excellence en terme d’espace, d’humanisation des soins, de sécurité et de technologie. Ces unités d’hospitalisation s’articuleront avec les services d’urgence fonctionnels depuis de nombreuses années ainsi qu’avec les cliniques spécialisées couvrant toute la gamme de pathologies de l’enfant et de l’adolescent. L’enseignement et la formation continue étant déjà des secteurs forts du département, tous les efforts sont actuellement orientés vers le développement de la recherche clinique grâce au soutien du centre de recherche du CHU Sainte-Justine et de son directeur, docteur Guy Rouleau. Une collaboration est déjà en cours avec le CRFS (Dr K O’Connor). L’intégration soins-enseignement-recherche sera complétée par le développement de l’évaluation des technologies et des modes d’intervention en lien avec l’ETMIS de l’institution, secteur très actif du CHU Sainte-Justine. Source : Dre Patricia Garel, médecin psychiatre, chef du département de psychiatrie, CHU Ste-Justine d) Médecine psychosomatique et consultation-liaison à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Le service de médecine psychosomatique de l`HSCM comprend deux cliniques : une clinique externe spécialisée dans l`évaluation et le traitement des patients avec troubles somatoformes et des patients avec co-morbidité médico-psychiatrique; et une clinique de consultation intrahospitalière auprès des patients hospitalisés en médecine et chirurgie qui présentent toutes les variétés des troubles psychiatriques. La clinique externe fonctionne depuis plus de trente ans et a acquis une solide expertise dans ce domaine. Il s’agit de la seule clinique spécialisée dans ce domaine au Québec. Elle reçoit des patients de 50 toute la grande région métropolitaine de Montréal mais aussi des autres régions du Québec. Ils sont référés tant par les médecins omnipraticiens que par les médecins spécialistes. La clinique est aussi une ressource de troisième ligne auprès des autres départements de psychiatrie qui y réfèrent des cas complexes. Ainsi l’HLHL y a référé plusieurs cas de troubles somatoformes pour avis diagnostique et traitement. La clinique externe est formée d’une équipe multidisciplinaire : cinq psychiatres, trois psychologues, une travailleuse sociale, une infirmière et un médecin omnipraticien. On y offre des thérapies individuelles et des thérapies de groupe. En particulier l’équipe de psychologues offre des thérapies cognitivocomprtementales spécialisées pour les divers troubles somatoformes; hypochondrie, trouble de somatisation, trouble douloureux, trouble de conversion ainsi que pour les cas de comorbidité médicopsychiatrique. Un groupe de gestion de la douleur chronique collabore avec la clinique de la douleur. Les psychiatres ont aussi acquis une expertise dans divers domaines : neuropsychiatrie, complications psychiatriques des traitement médicaux, interactions médicamenteuses, certaines catégories de problèmes médicaux. Des liens solides ont été établis avec la première ligne en médecine et le travail se fait en soins continus. En ce qui a trait à la consultation intrahospitalière, l`équipe de psychiatres la plus nombreuse (8) se consacre exclusivement à cette pratique spécialisée, ce qui permet d’être très impliqué auprès de toutes les équipes en médecine et chirurgie et de répondre au nombre sans cesse croissant de consultations. L’HSCM est un hôpital universitaire offrant une large gamme de traitements spécialisés. De ce fait les stagiaires du service sont exposés à une très grande variété de problématiques cliniques. Ils sont supervisés par des psychiatres nombreux, disponibles, expérimentés, ce qui les prépare adéquatement à leur pratique future. Au niveau de l’enseignement, le service accueille des externes, des résidents en psychiatrie, en médecine familiale, et parfois d’autres programmes de résidence (neurologie, dermatologie par exemple). Le service participe aussi aux cours universitaires en prégradué, en résidence en psychiatrie, et dans d’autres programmes des sciences de la santé et reçoit des étudiants au doctorat en psychologie du programme de psychologie de la santé. Des projets de recherche sont en cours de développement en particulier en neuropsychiatrie des traumatisés crâniens, en psychooncologie et en éthique médicale. Une intégration à l’institut universitaire de santé mentale apparaitrait très positive tant pour le service que pour l’institut. D’une part le service apporterait à l’institut une clinique spécialisée qu’ils n’ont pas pour le moment et d’autre part des collaborations fructueuses pourraient être développées sur les plans clinique, recherche clinique et enseignement. Source : Dr André Lelièvre, médecin psychiatre, chef du service de médecine psychosomatique et consultationliaison, Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal e) Axe des troubles psychotiques à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal Le service adulte – volet des troubles psychotiques - de l’HSCM comporte plusieurs programmes multidisciplinaires, s’adressant à une clientèle parmi les plus vulnérables. Tous les patients atteints de psychose fonctionnelle, peu importe l’étiologie, y sont admissibles (schizophrénie, trouble schizophréniforme, trouble schizo-affectif, trouble délirant, etc.). Les problèmes de comorbidité chez cette clientèle sont fréquents (judiciarisation, toxicomanies, troubles de la personnalité et autres) et ne constituent pas des facteurs d’exclusion pour la prestation de services spécialisés. Le service comprend : • le programme des jeunes adultes psychotiques (18 à 30 ans, moins de 5 ans d’évolution); • une unité interne de 34 lits de soins actifs; • trois cliniques externes pour le suivi des patients atteints de psychose au long cours (Fleury, Cartierville et Laval); • un hôpital de jour pouvant accueillir 15 patients atteints de psychose; • une équipe de suivi intensif dans la communauté (rattachée à la clinique externe de Cartierville). 51 En plus de nos programmes de deuxième ligne, nous collaborons activement avec plusieurs partenaires du réseau pour offrir une gamme complète de services à notre clientèle (suivi intensif dans le milieu et suivi d’intensité variable de Laval, ressources d’hébergement privées et publiques, organismes communautaires à vocation occupationnelle et de réinsertion sociale, etc.). Plusieurs psychiatres du service reçoivent régulièrement en stage des étudiants en médecine de l’Université de Montréal et des résidents juniors. Des stages pour résidents séniors en réadaptation et aux jeunes psychotiques sont également disponibles sur demande. Une intégration à l’Institut de santé mentale et réadaptation nous permettrait de consolider nos efforts pour implanter davantage la recherche clinique dans notre service. À cet égard, il faut mentionner que la Chaire de schizophrénie (dont la création fut initiée au Pavillon-Albert-Prévost) est déjà présente au Pavillon Albert-Prévost depuis son origine, il y a plusieurs années. Notre organisation clinique par programme, bien connue, et notre énorme bassin populationnel (environ 400 000 depuis notre fusion avec l’Hôpital Fleury) serait certainement un atout pour favoriser le recrutement de patients pour des projets de recherche communs. Comme projet d’avenir, un groupe de travail a été mis sur pied depuis quatre mois environ, pour élaborer un nouveau programme de troisième ligne pour le traitement des patients psychotiques résistants. Plus spécifiquement, il s’adresserait aux patients résistants dès le premier épisode et aux patients qualifiés d’ultrarésistants, c'est-à-dire résistant au traitement par la Clozapine. Ceci pourra nous amener d’ailleurs, entre autres, à élaborer des guides de traitements pour ce type de patients. Ce programme répondra d’ailleurs à une nécessité, tant au point de vue clinique qu’au point de vue recherche. Nous souhaitons qu’il puisse s’articuler avec la Chaire de schizophrénie et l’Axe des psychoses dans le futur Institut ou, à tout le moins, avec le programme des psychoses de l’HLHL. Nous pourrions ainsi développer une stimulante interfécondation réciproque, tant au niveau clinique que de la recherche. Une réflexion a également été amorcée et un comité départemental a été créé pour l’articulation de nos services avec la première ligne et l’implantation des soins partagés, en harmonie avec la hiérarchisation des soins prévue dans le dernier PASM. Source : Dr Sylvain Laniel, chef du Service des troubles psychotiques du Pavillon Albert-Prévost de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal C. Quelques pratiques de pointe en émergence Les nouvelles idées, les nouveaux objets de recherche, les résultats de l’évaluation des technologies et des modes d’intervention sont pour l’Hôpital des occasions de développement, de dépassement, d’évolution. Pour une organisation qui aspire à devenir institut universitaire, l’Hôpital tient à se laisser surprendre par ces nouvelles questions et propositions qui vont émerger de la pratique clinique, de la recherche, de l’enseignement et de l’évaluation. Voici quelques pratiques en émergence dont l’influence se fait déjà sentir en santé mentale. 1. Troubles anxieux et de l'humeur comorbides et réfractaires Une clinique spécialisée de troisième ligne pour le traitement des troubles anxieux et de l'humeur complexes et réfractaires en comorbidité avec un trouble de la personnalité est en développement à l’HLHL depuis deux ans dans le cadre du programme des troubles anxieux et de l'humeur. En effet les troubles de la personnalité constituent une des causes fréquentes de non réponse aux traitements reconnus pour les troubles anxieux et de l'humeur. Un programme spécifique a été mis sur pied pour cette clientèle combinant les approches neurodéveloppementale, cognitivo-comportementale, psychoéducative et existentielle-humaniste. Cette programmation clinique dirigée par la Dre J. Cyr sera soutenue par un processus d'évaluation diagnostique rigoureux, par des mesures d'évaluation des résultats du traitement. 52 Des activités d'enseignement et de recherche seront mises en place pour évaluer nos pratiques et pour clarifier les interactions entre les troubles anxieux et de l'humeur d’une part et les dimensions de la personnalité d’autre part. Source : Dre Johanne Cyr, chef médicale adjointe, Programme des troubles anxieux et de l’humeur, Hôpital Louis-H. Lafontaine 2. Approche biologique de la dépression résistante L’organisation du système de santé mentale proposée par le PASM dirige vers la psychiatrie de deuxième et troisième lignes des patients avec une condition qui n’a pas répondu aux soins offerts par la première ligne. Dans ce contexte, les psychiatres traitent majoritairement des formes de dépression résistante. À travers ce deuxième niveau de traitement, émerge un groupe de patients avec des conditions encore plus réfractaires. Pour ce groupe de patients, l’Hôpital a développé des traitements qui se démarquent par l’expertise qu’ils exigent en psychopharmacologie et en électroconvulsivothérapie. A ces services, s’ajoute le développement en cours d’une clinique de dépression résistante dirigée par la Dre V. Tourjman. Cette clinique aura la particularité d’appliquer des approches d’évaluation et d’investigation spécifiques ainsi qu’un suivi pharmacologique intensif qui permettront le traitement de ces dépressions réfractaires en milieu ambulatoire. Ce type de structure a l’avantage d’assurer un milieu thérapeutique qui soutiendra des interventions pharmacologiques complexes et une médecine personnalisée par exemple par l’utilisation du typage des cytochromes, l’évaluation neuropsychologique et l’évaluation de la réactivité de l’axe hypothalamopituitaire. L’électroconvulsivothérapie pratiquée à l’Hôpital rencontre et dépasse les normes internationales reconnues. Plus d’une centaine de patients sont traités et plus de 1000 traitements sont administrés annuellement. Plus de la moitié de ces patients proviennent d’autres institutions témoignant de la qualité du service et de sa mission régionale et suprarégionale. L’électroconvulsivothérapie à l’Hôpital se pratique avec un plateau technique médical de pointe afin d’optimiser les résultats cliniques et d’augmenter la sécurité du traitement. Une équipe spécialisée offre une continuité de l’évaluation clinique au suivi de la réponse au traitement. Ce cadre favorise l’enseignement et reçoit des étudiants de diverses facultés et départements (médecine, psychiatrie, sciences infirmières, pharmacie, médecine dentaire et criminologie) ainsi que des psychiatres et autres professionnels effectuant un stage spécialisé. L’équipe a étendu cet enseignement au grand public par une participation à des émissions de vulgarisation scientifique à la télévision ou à la radio ainsi que dans divers médias écrits. L’évolution des traitements de neurostimulation se poursuit à l’Hôpital avec l’acquisition en cours de la stimulation magnétique transcrânienne. La stimulation magnétique transcrânienne, la stimulation cérébrale profonde et la stimulation du nerf vague s’ajoutent en effet à l’électroconvulsivothérapie dans l’arsenal moderne des traitements des états psychiatriques résistants grâce à une collaboration avec le centre de neuromodulation du CHUM. La neurostimulation cérébrale pratiquée à l’HLHL offre une structure et un débit idéal pour la recherche. Dans un avenir proche, l’implantation d’une banque de données permettra de raffiner l’exercice des électroconvulsivothérapies autant dans la personnalisation du choix des paramètres de traitement que par l’amélioration de la prédiction de réponse. Ce faisant, l’Hôpital contribuerait de façon majeure à répondre à certaines recommandations de l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS) parues en 2003 dans son rapport L’utilisation des électrochocs au Québec. Source : Dre Valérie Tourjman, médecin psychiatre à l’Hôpital Louis-H. Lafontaine et coordonnatrice de la recherche clinique, Centre de recherche Fernand-Seguin. 3. Troubles de la personnalité Le programme des troubles relationnels et de la personnalité a été mis en place à l’automne 2007 dans le cadre de la réorganisation des services cliniques de l’Hôpital. Il reçoit et traite la clientèle regroupant les 53 personnes atteintes de troubles graves de la personnalité, clientèle jusqu’alors mal desservie et aussi ostracisée dans le milieu même de la psychiatrie! Au delà des services externes novateurs associant suivi court terme en hôpital de jour, suivi structuré en clinique externe et consultation/expertise auprès de cas complexes, le programme entretient des collaborations multiples avec des partenaires du réseau dans l’objectif de développer de nouveaux savoirs et de mieux organiser l’offre de service pour cette clientèle. Ainsi, avec la participation active du programme, il y a eu la création d’un «consortium» montréalais des milieux cliniques des troubles graves de la personnalité (avec partenaires des hôpitaux des réseaux francophone et anglophone). Ce regroupement a pour objectifs de mieux structurer le réseau et l’offre de service sur l’Île de Montréal : l’élaboration des balises pour la hiérarchisation des services, la standardisation des méthodes d’évaluation de la clientèle et des programmes de même que la mise en place de recherches multicentres. On retient également l’entente de collaboration avec le Centre Jeunesse de Montréal - Institut universitaire pour améliorer la compétence des intervenants auprès des parents atteints de trouble de la personnalité, pour élaborer des activités de groupe mixtes parents/intervenants du programme et du Centre Jeunesse de Montréal, pour sensibiliser les parents aux impacts de leurs comportements auprès de leurs enfants et aussi pour favoriser leur participation à des activités thérapeutiques adaptées. Le développement de ce programme s’inscrit dans les orientations du PASM qui préconise la mise place d’un programme de troisième ligne pour les troubles de la personnalité dans chaque RUIS. 54 Chapitre IV. L’enseignement Quatrième critère L’établissement qui sollicite une reconnaissance au titre d’institut universitaire en santé mentale et ses partenaires contribuent à l’enseignement dans les disciplines prévues à ou aux contrat(s) d’affiliation avec une ou des université(s) qui offre(nt) une formation de base ou une formation spécialisée en vue d’une pratique dans le champ de la santé mentale, et ce, aux niveaux des 1er, 2e et 3e cycles. L’établissement et ses partenaires collaborent également pour assurer un riche programme d’activités de formation et de perfectionnement à leurs personnels ainsi qu’aux personnels des autres établissements de leur région et des autres régions. Ils offrent aussi de la formation et du perfectionnement aux professionnels exerçant en cabinet privé. L’établissement et ses partenaires offrent un programme d’activités favorisant l’accueil et l’intégration des résidents et des stagiaires. Ils leur offrent notamment la possibilité de faire une partie de leur stage dans divers milieux. Le nombre de places disponibles pour les résidents en psychiatrie est déterminé par la table provinciale de concertation des effectifs médicaux. L’établissement et ses partenaires développent et appliquent des mesures incitatives pour attirer des stagiaires de 1er, 2e et 3e cycles dans divers champs professionnels et notamment en médecine, en psychologie, en ergothérapie, en service social et en sciences infirmières, afin d’assurer une relève professionnelle disposant d’une formation mieux adaptée aux exigences de la pratique en santé mentale. Les stages favorisent l’apprentissage de l’approche interdisciplinaire permettant l’intégration des habiletés et des connaissances les plus pertinentes à une pratique dans le domaine de la santé mentale. Ce chapitre traite du leadership de l’Hôpital dans le domaine de l'enseignement, des contrats et ententes avec des établissements de la région métropolitaine, des autres régions du Québec et d’ailleurs dans le monde, de ses politiques en matière de formation initiale et continue. Il décrit divers aspects des stages et de l’encadrement des stagiaires par les superviseurs de stage. En dernier lieu, il traite de son offre de service aux partenaires du réseau de la santé et aux intervenants des autres régions du Québec. A. Leadership de l’Hôpital Depuis 1873, la mission d’enseignement est intimement liée à la mission de services de l’HLHL. L’un des premiers établissements affiliés à l’Université de Montréal, l’Hôpital a assumé un leadership indéniable dans la formation de plusieurs générations de médecins, infirmières et par la suite, d’équipes interdisciplinaires. Ce leadership se réaffirme dans la planification stratégique 2009-2012 qui spécifie l’importance de valoriser le rôle du superviseur et de soutenir concrètement médecins et professionnels impliqués dans la supervision, l’enseignement et la diffusion des connaissances aux partenaires. La soirée d’inauguration du Centre d’enseignement Dr Frédéric-Grunberg (annexe 4.1) en novembre 2009 illustre bien la dernière vague d’ouverture de notre établissement. Dans un premier temps, le lancement du livre publié par les Presses de l’Université de Montréal, La psychiatrie en question, récipiendaire du prix Camille-Laurin de l'AMPQ pour la réalisation de l’année 2010, a réuni le corps professoral et les représentants de l’Université. Cet ouvrage édité par trois psychiatres de notre Hôpital où 51 auteurs livrent leurs réflexions sur la psychiatrie actuelle, témoigne de l’esprit académique, du rôle de catalyseur et du rayonnement de notre milieu. À la suite d’une une invitation grand public, plus de 250 personnes ont pu assister à la diffusion de vidéos et discuter de maladie mentale dans le cadre d’une tribune animée par le journaliste scientifique Yannick Villedieu. Le Centre d’enseignement Dr FrédéricGrunberg venait d’affirmer sa vocation: la diffusion active des connaissances de pointe pour une meilleure pratique et une démystification des maladies mentales qui favorisent le plein rétablissement des personnes qui en sont atteintes. C’est d’abord par l’engagement indéfectible des médecins et professionnels que l’enseignement est soutenu depuis ses tout débuts. Avec 53 membres détenteurs d’un titre universitaire (trois professeurs titulaires, sept agrégés, 20 professeurs adjoints de clinique et 23 chargés d’enseignement clinique), le 55 département de psychiatrie de notre établissement regroupe le plus important corps professoral du département universitaire de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. À cela s’ajoutent 14 chercheurs également détenteurs d’un titre professoral pour la plupart au sein de ce même département universitaire. Les différentes disciplines regroupent au total 30 professionnels disposant de titres universitaires. Au niveau international, le leadership assumé par l’Hôpital dans le domaine de la diffusion des connaissances en santé mentale se confirme de plus en plus. En font foi le nombre de demandes de stages en provenance de l’international et le rayonnement de nos chercheurs, médecins et professionnels, membres du corps professoral sur des tribunes prestigieuses. De nombreux articles scientifiques sont publiés grâce à l’implication de cliniciens : une recherche sur Embase, Medline et Psychinfo pour les années 2005 à 2010 chiffre à 264 le nombre de collaborations pour les psychiatres et professionnels (excluant les chercheurs à temps plein). Cela exclut plusieurs contributions importantes soit les livres ou chapitres de livres. L’une de ces publications, éditée dans sa première version par le tandem Lalonde et Grunberg, Psychiatrie clinique, une approche bio-psycho-sociale, demeure le livre de référence francophone en psychiatrie. Ce volume regroupe des dizaines de psychiatres du département de psychiatrie de l’Université de Montréal. Une troisième édition est actuellement en préparation. On prévoit une quatrième édition de plus de 50 chapitres en 2013 en lien avec la sortie du cinquième manuel américain de classification des troubles mentaux (DSM-5). S’ajoute un nombre encore plus important de résumés de présentations dans des colloques nationaux et internationaux, de formations et conférences données hors de nos frontières qui assurent également une diffusion des connaissances et un rayonnement de l’établissement. Au cours des années, plusieurs liens se sont ainsi établis avec des institutions étrangères (F. Borgeat : Lausanne; E. Stip : Caen; P. Lalonde : Lyon; A. Lesage : Center for Addiction and Mental Health). (Annexe 4.7) B. Contrats et ententes Déjà en 1972, l’Hôpital St-Jean-de-Dieu, devenu plus tard l’HLHL, signait avec l’Université de Montréal un premier contrat d’affiliation universitaire. Toujours reconduit, ce contrat a été renouvelé en octobre 2007 pour une durée de 5 ans (annexe 4.2). Au fil des ans, l’Hôpital a développé des liens étroits de collaboration avec plusieurs établissements. Quatre autres universités québécoises ont des contrats avec l’Hôpital soit l’Université Laval, l’Université du Québec à Montréal, l’Université du Québec à Trois-Rivières et l’Université du Québec en Outaouais. De plus, l’Hôpital accueille des étudiants en provenance de l’Université McGill, de l’Université Concordia et de l’Université de Sherbrooke, de la majorité des établissements collégiaux, que ceux-ci soient sur l'Île de Montréal ou à l’extérieur de la région métropolitaine (annexes 4.2 et 4.3). A ces demandes de stage, s’ajoutent les demandes de stages de perfectionnement médical et professionnel en provenance d’ailleurs au Canada, d’Europe et d’Afrique francophones. Seulement pour les trois dernières années, l’Hôpital a accueilli des résidents et des stagiaires provenant de 17 universités dont l’Université d’Ottawa et huit universités d’Europe : Haute École de Bruxelles – DEFRE (Belgique), Institut universitaire professionnalisé de Limoges (France), Université de Caen (France), Université de Montpellier (France), Université Franche Comté (France), Université de Lille 2 (France), Université Paris Descartes (France), University College Cork (Irlande). La gestion des demandes de stage se fait en priorisant celles des étudiants québécois et en respectant les ententes gouvernementales et universitaires existantes. C. Politiques et programmes de formation et de perfectionnement 56 La politique de formation de l’HLHL (annexe 4.4) établit les principes et les orientations permettant à l’organisation d’atteindre un niveau d’excellence, d’assumer un leadership dans le transfert des savoirs, d’offrir des soins et des services spécialisés et ultraspécialisés de qualité en santé mentale. Cette politique est conforme aux différentes dispositions légales pertinentes. L’établissement est agréé « Service de formation multi employeur » par Emploi-Québec et le service Développement et formation des ressources humaines est accrédité par la Société de formation et d’éducation continue. Le service Développement et formation a pour responsabilité de s’assurer que les activités de formation à l’intention du personnel respectent les critères administratifs et pédagogiques de la Société de formation et d’éducation continue. Le Plan de développement des ressources humaines est encadré par la politique de formation de l’établissement. Le PDRH est un moyen privilégié de développer les compétences liées aux priorités organisationnelles et de maintenir les niveaux de compétence désirés en fonction de l’évolution des pratiques, des technologies, des obligations légales et des ordres professionnels. Lors des années 2007, 2008 et 2009, l’investissement en formation fut supérieur aux obligations légales et conventionnées atteignant respectivement, 2.06%, 2.46% et 2.45% de la masse salariale. Cet investissement souligne la volonté organisationnelle d’assurer l’acquisition, la mise à jour et le développement des compétences essentielles, spécialisées et surspécialisées chez les employés Dans le cadre du PDRH, les activités de formation portent sur les points suivants : l’accueil et l’intégration des nouveaux employés; l’acquisition et le maintien des compétences essentielles afin de maintenir un niveau élevé d'excellence dans les soins et services offerts à la clientèle; le soutien aux programmes pour intégrer et développer des pratiques et des compétences spécialisées et surspécialisées en santé mentale; le soutien aux partenaires des première et deuxième lignes tel que convenu dans le PASM par le partage d’expertise dans plusieurs champs d’intervention. Un sommaire des principales activités et programmes de formation et leur descriptif sont présentés à l’annexe 4.5. Parmi les projets innovateurs, soulignons le projet CARGO (carrière go) qui vise à répondre à la pénurie d’infirmières dans le réseau de la santé mentale. Initié par l’HLHL, ce projet de partenariat avec le Collège Maisonneuve et le groupe financier La Capitale s’adresse aux infirmières auxiliaires qui souhaitent devenir infirmières avec une formation collégiale. Élargi aux infirmières auxiliaires du CHUM, du CSSS Pointe-de-l’Île, du CHU Ste-Justine et de l’HMR, la première cohorte terminera sa formation en mars 2012. D. Stages La section suivante aborde la clientèle des stages reçus à l’Hôpital, des programmes et activités offerts, de l’accueil et de l’intégration des stagiaires au milieu et la gestion des stages. 1. Clientèle L’HLHL peut accueillir jusqu’à 800 stagiaires dans le cadre de stages formels. Toutes les directions s’impliquent et les stages se répartissent dans 5 principaux secteurs : médecine, sciences de la santé et sciences humaines, administration et gestion, recherche et secteur de soutien et bureautique (annexe 4.6). Les stages sont non seulement ouverts aux étudiants mais également aux médecins et professionnels désireux d’approfondir leurs connaissances en santé mentale ou de développer des expertises de pointe. Tel que présenté dans le deuxième chapitre sur l’organisation des services, la structure et la diversité des soins et services offerts par l’établissement et ses partenaires permettent de garantir aux stagiaires une exposition à des soins spécialisés et surspécialisés, à des patients présentant des diagnostics et des degrés de sévérité variés, de la phase aigue à celle du rétablissement. Ces stagiaires sont intégrés à des équipes interdisciplinaires formées de différents professionnels : psychiatre, infirmière, psychologue, 57 conseiller en orientation, ergothérapeute, travailleur social. Dans l’optique d’une continuité de soins, ces équipes travaillent étroitement avec les éducateurs, professionnels et partenaires encadrant les patients dans des ressources d’hébergement résidentiels et communautaires. Afin d’inciter les étudiants des différentes disciplines à faire un stage en santé mentale, l’Hôpital organise différentes activités de familiarisation dans les domaines cliniques, administratifs et de recherche. Le service social et celui d’Action bénévole ont créé des liens avec des établissements d’enseignement collégial et universitaire dans le but de promouvoir respectivement les stages d’observation et les possibilités de bénévolat auprès des étudiants. Le tableau suivant présente le nombre de jours de stages par discipline pour l’année 2009-2010. Des statistiques plus détaillées se retrouvent à l’annexe 4.8. L’année 2009-2010 marque une augmentation significative du nombre d’heures-stages. Ces chiffres indiquent clairement que la capacité d’accueil maximale devrait être atteinte dès 2010-2011. L’une des initiatives récentes pour augmenter cette capacité d’accueil a mis à contribution la discipline du travail social. La rédaction et la diffusion d’offres de stage au sein des établissements ont entraîné des retombées rapides et le nombre de stagiaires pour cette discipline est passé de 2 en 2007 à 18 en 2009. Tableau V Nombre de jours/stages par discipline en 2009-2010 Discipline Nombre de jours Résidence 3194 Psychologie 2524 Externat en médecine 1806 Techniques en soins infirmiers 1471 Ergothérapie 1133 Service social 1068 Sciences infirmières 624 Éducation spécialisée 575 Biomédical 350 Pharmacie 346 Nutrition 115 Infirmière auxiliaire 89 Autres disciplines (annexe 4.6) Total jours 2296 15 591 La moitié (50 %) des stagiaires est de provenance universitaire et plus de la moitié de ceux-ci sont des stages de deuxième et troisième cycles, d’externat ou de résidence. La seconde moitié des stagiaires provient des établissements collégiaux et de métier. Cette distribution dénote l’importance qu’accorde l’Hôpital à la préparation de la relève. La répartition des stages par niveau d’enseignement (universitaire premier, deuxième et troisième cycles, collégial et secondaire) et par discipline nous indique que les disciplines directement en lien avec les programmes de santé sont fort bien représentées mais que l’Hôpital accueille également des disciplines et des professions nécessaires à la relève des directions de soutien (annexe 4.6). 58 2. Programmes et activités La structure des soins et services, le travail interdisciplinaire spécialisé et les liens avec nos différents partenaires représentent quelques-uns des facteurs qui favorisent une exposition à différents milieux, (interne, services externes ou en communauté), à différentes problématiques de santé mentale et au travail d’équipes interdisciplinaires spécialisées et surspécialisées, permettant d’offrir une gamme étendue d’activités et de modalités de stage favorisant l’atteinte d’objectifs académiques. L’Hôpital offre aux résidents et aux étudiants des cycles supérieurs plusieurs possibilités pour développer des compétences transversales et celles liées aux rôles définis par la Canadian Medical Education Directions for Specialists: présentation de conférence, participation obligatoire à différents comités, opportunité d’organiser des ateliers, approche pyramidale permettant au résident senior de s’impliquer dans l’encadrement de résidents juniors et d’externes. Pour les résidents et étudiants des cycles supérieurs, un choix diversifié de stages combinant clinique et recherche est disponible. Puisque l’exposition à différentes expériences professionnelles s’avère riche sur un plan pédagogique, les résidents et stagiaires sont invités à plusieurs comités. Le résident coordonnateur siège au comité du centre de documentation, au comité de direction de l’enseignement, assiste au conseil d’administration. Les résidents désignés par leurs pairs siègent au comité de pharmacologie, au comité d'éthique de la recherche et au sous-comité d'évaluation de l'acte médical. Les stagiaires ont accès aux réunions du Conseil multidisciplinaire, du Conseil des infirmières et des infirmiers, et, l’ensemble des stagiaires et résidents, selon la pertinence, à plusieurs comités au sein de l’Hôpital, que ceux-ci soient en lien avec la programmation, l’organisation de colloques ou autres sujets pertinents à leurs objectifs de stage. Compte tenu de ces nombreuses possibilités, lors de la planification du stage et tout au long de celui-ci, le superviseur, de concert avec l’étudiant et conformément aux exigences des établissements d’enseignement, détermine les activités auxquelles le stagiaire sera appelé à participer. Le registre d’activités du stagiaire disponible à l’automne 2010 facilitera la planification des activités et deviendra un outil de suivi fort intéressant. L’annexe 4.9 présente sommairement les programmes de formation des différentes disciplines et l’annexe 4.10 résume sous forme tabloïde la nature des activités auxquelles un stagiaire pourrait être appelé à participer. Des activités de formation initiale sur l’approche interdisciplinaire, les données probantes et les approches spécialisées sont aussi ouvertes aux médecins et professionnels dans le cadre de leur formation continue. L’Hôpital offre annuellement de 200 à 300 activités d’enseignement s’inscrivant dans une programmation riche et diversifiée (annexe 4.25). Plusieurs employés, médecins, stagiaires, résidents et professionnels invités contribuent à la réussite de ces activités et à la diffusion de connaissances de pointe. Le tiers de ces activités est offert en visioconférence. Les stagiaires ont accès aux conférences, activités scientifiques, formations professionnelles et continues organisées par l’Hôpital et le CRFS. Les formations médicales continues et les clubs de lecture sont ouverts aux étudiants des cycles supérieurs des disciplines de santé. Depuis 2007, la présence régulière d’environ 3000 participants confirme l’intérêt généralisé pour cette programmation. Cette dernière est établie selon des critères déterminés : promouvoir le travail interdisciplinaire, les approches basées sur des données probantes mais également l’éthique clinique afin d’enrichir les réflexions des médecins et professionnels œuvrant auprès de la clientèle, augmenter la visibilité de la recherche et favoriser un pont recherche-clinique-enseignement. Des activités plus ponctuelles sont également organisées et la participation des stagiaires de toutes disciplines est facilitée. Ainsi le colloque Toxicomanie et santé mentale en 2008 a permis l’intégration d’un travail conjoint entre cliniciens et chercheurs de notre établissement et le Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances. La dernière édition du colloque interétablissements ayant pour thème Éthique en santé mentale; un temps de réflexion qui s’est vu décerner les prix de l’événement de Développement professionnel continu 2009-2010 de l’AMPQ, exposait les stagiaires à un contenu des plus pertinents, quelle que soit la discipline. 59 Soulignons finalement le projet pilote d’informationniste débuté en 2009 qui permet d’intégrer un bibliothécaire aux équipes traitantes afin de répondre à leurs besoins d’information et de documentation. Ce projet soutenu par la présence de stagiaires de cycle supérieur en documentation est précurseur dans le domaine de la santé mentale. 3. Accueil et intégration au milieu L’Hôpital a mis en place des mécanismes qui permettent aux étudiants et chercheurs de se familiariser avec l’organisation des services offerts par l ‘établissement et ses partenaires a) Diffusion de l’information Dès leur première journée de stage, les étudiants assistent à une rencontre durant laquelle ils reçoivent l’information nécessaire à leur intégration. Afin de répondre aux besoins des établissements d’enseignement et des stagiaires, l’Hôpital offre deux modalités d’accueil : individualisé et de groupe. Chaque étudiant reçoit à son arrivée un manuel ou une pochette d’accueil (voir documents joints à la candidature). Ce manuel et cette pochette incluent les informations essentielles à son intégration. La direction de l’enseignement assure le volet administratif de l’intégration alors que les responsables de disciplines et les responsables de stage abordent les aspects cliniques et voient à l’intégration du stagiaire au sein de leur équipe. L’Hôpital possède un calendrier d’activités disponible via l’intranet et le site Web de l’Hôpital. Les stagiaires sont invités à les consulter régulièrement. De plus, l’intranet de l’Hôpital possède une section réservée exclusivement aux stagiaires et aux superviseurs (annexe 4.11). Facile d’accès et conviviale, cette section permet aux stagiaires et aux superviseurs d’avoir rapidement accès à l’information dont ils ont besoin. Déjà fort complète, la direction de l’enseignement verra à la bonifier au fil des mois et des années à venir. Des babillards réservés à l’enseignement sont également installés dans différents endroits stratégiques de l’Hôpital (cafétéria, entrée principale, intersection des principaux corridors, centre d’enseignement Dr Frédéric-Grunberg). La direction de l’enseignement, en collaboration avec les différentes disciplines, est à élaborer un registre des activités qui permettra au stagiaire de faire le suivi de ses lectures et activités que celles-ci soient obligatoires ou recommandées par son superviseur (annexe 4.12). Ce registre disponible à l’automne 2010 pourra par la suite être versé dans le portfolio de l’étudiant. b) Accès aux installations et aux équipements Soucieux d’offrir l’environnement de qualité nécessaire à l’enseignement, à l’apprentissage et à la diffusion des connaissances, l’Hôpital dispose depuis l'automne 2008 d'un nouveau centre d'enseignement (annexe 4.1). Ce centre d'enseignement dispose d’une douzaine de salles pour l'enseignement, la téléformation, la téléconsultation et diverses activités. Chacune des salles est équipée d’appareils ultramodernes (visioconférence, écran manuel ou électrique, écran haute définition, projecteur multimédia, salle de régie, prise réseau, contrôle centralisé pour l'éclairage, etc.). Ces salles de différentes dimensions peuvent accueillir des groupes de 6 à 250 personnes. Les organisateurs et les utilisateurs bénéficient du soutien technique offert par l’équipe du service d’audiovisuel composée de deux techniciens en audiovisuel et d’une agente administrative. Souhaitant consolider cet environnement académique et garantir un environnement adéquat directement dans les milieux de stage, l’Hôpital propose à l’intérieur des unités et des points de service des bureaux d’entrevue pour les résidents et stagiaires. Des aires sont réservées exclusivement à l’usage des professeurs et des étudiants (salon des résidents, local des externes, salle d’entrevue avec miroir bidirectionnel, salles de cours, bureaux de travail, cuisinette et vestiaire). Les étudiants ont accès à des ordinateurs libre-service et peuvent emprunter des ordinateurs portables au Centre d’enseignement. Notons également que le stationnement est gratuit pour les étudiants et que l’Hôpital défraie les coûts du transport en commun lorsque ceux-ci ont à effectuer des visites dans la communauté. c) Accès aux terrains de recherche Les stagiaires de toutes les disciplines sont exposés et peuvent participer via leurs activités cliniques aux différents projets de recherche qui ont cours dans les programmes clientèles. Ces projets sont principalement de nature clinique ou évaluative, mais peuvent également toucher des questions plus 60 fondamentales. Les conférences (CFRS, multidisciplinaires et autres) constituent autant d’activités de diffusion des connaissances qui exposent les stagiaires à ces différents terrains de recherche. Un travail conjoint de la direction de l’enseignement et de la direction de la recherche est effectué pour que l’offre de stages de recherche aux résidents en psychiatrie soit élargie et accessible. Le contexte favorable dû à l’augmentation récente du nombre de mois de stages possibles en cours de résidence et l’emphase mise sur la recherche clinique au CRFS, alliés à cette démarche conjointe des deux directions, pourront augmenter la présence des médecins en recherche. Encouragée par la participation de la direction de la recherche dès la journée d’accueil du résident à l’Hôpital, l’implication des médecins spécialistes en formation prend différentes formes. En 2009-2010, une dizaine de résidents ont été directement impliqués en recherche. Une implication interdisciplinaire est également favorisée. À titre d’exemple : la participation régulière de quatre stagiaires en gestion de la qualité qui effectuent des activités conjointes avec le module de soutien évaluatif de l’établissement. d) Accès aux ressources de soutien professionnel Les superviseurs et stagiaires peuvent contacter les membres de la direction de l’enseignement en tout temps, que ce soit pour des questions relatives à l’encadrement clinique ou logistique des stages. Advenant un incident en cours de stage, un stagiaire n’ayant aucun service d’aide fourni par son établissement d’enseignement peut avoir accès aux services du programme d’aide aux employés. Les stagiaires ont accès au Centre de documentation et peuvent bénéficier du soutien d’une bibliothécaire et de techniciens en documentation. Afin de répondre aux besoins des étudiants, des sessions de formation sur les bases de données et sur Pubmed ont été développées. Ces formations sont offertes tant aux étudiants qu’aux employés. 4. Gestion des stages Des mécanismes de planification, de coordination et d’évaluation des stages ont été mis en œuvre avec les universités en tenant compte des attentes et des points de vue des superviseurs et des stagiaires. La direction de l’enseignement s’implique dans la gestion et la coordination des stages de l’ensemble des disciplines. Cette gestion centralisée nécessite la collaboration des représentants de l’ensemble des disciplines et du corps médical. Elle favorise une meilleure concertation des différents acteurs tout en permettant la mise sur pied d’activités multidisciplinaires. La direction de l’enseignement s’est dotée en 2007 d’une base de données sur les stages. Cette base de données permet un suivi rigoureux dans la gestion des stages, que ce soit par discipline, par programme, par niveau ou par direction (annexe 4.13). Un processus annuel de planification rigoureuse des stages impliquant les gestionnaires de programmes, des représentants de chacune des disciplines, des différentes directions et de l’enseignement permet d’assurer une bonne planification et d’optimiser les places de stages (annexe 4.14). L’Hôpital entretient une collaboration étroite avec les coordonnateurs de stage des différentes facultés et des différents établissements. La procédure de demande de stage est simple et connue des coordonnateurs de stage des différents établissements d’enseignement (annexe 4.15). De plus, les étudiants peuvent procéder directement en ligne à une demande de stage. Comme la communication intra établissement et inter établissements est essentielle au bon déroulement des stages et au maintien de standards de qualité, la direction de l’enseignement s’est dotée de chaînes de communication efficaces. A l’interne, la chaîne de communication implique les responsables de stages de chacune des disciplines et de chacun des secteurs. Ceux-ci voient à leur tour à acheminer l’information voulue aux superviseurs de leur discipline respective. Selon le besoin et le degré d’urgence, les messages importants sont également diffusés par courriel, sur la page d’accueil de l’intranet et dans la section Superviseurs/stagiaires de l’intranet. A l’externe, grâce à sa base de données, la direction de l’enseignement peut rapidement communiquer avec les responsables des différents établissements d’enseignement et les adjoints des directeurs d’enseignement qui voient à leur tour à acheminer l’information aux acteurs concernés. A titre d’exemple, ces chaînes de communication se sont avérées fort efficaces dans la gestion des mesures en lien avec le virus de l’influenza A-H1N1 et ont été un atout important dans la liaison avec l’ensemble des acteurs tant à l’interne qu’à l’externe de l’établissement. 61 À la fin des stages, la direction de l’enseignement recueille des données sur l’appréciation des stagiaires et des professeurs d’universités responsables des stages. Une fiche de rétroaction du stage est complétée par le chef d’unité ou le responsable du stage et est acheminée à la direction de l’enseignement. Un questionnaire sur la qualité des stages (annexe 4.16) a été développé. Ce questionnaire a été expédié par voie électronique aux stagiaires des cohortes 2007-2008, 2008-2009 et 2009-2010. En complément, pour les externes et résidents de l’Université de Montréal, la direction de l’enseignement reçoit des formulaires et/ou rapports d’évaluation. Tous les participants assistant aux activités d’enseignement sont systématiquement invités à compléter un questionnaire d’évaluation. Compte tenu du nombre d’activités offertes, les compilations de ces évaluations ne sont pas jointes au dossier mais demeurent disponibles sur demande. Dans un contexte de processus continu d’amélioration et de qualité, la direction de l’enseignement tient compte des suggestions et recommandations, voit à faire un suivi plus étroit au besoin et demeure disponible pour toute question ou problème surgissant en cours de stage. E. Supervision des stages Cette section traite de la supervision de stages, du recrutement et de l’évaluation des superviseurs, de leur sélection, du perfectionnement qui leur est offert et de l’importance de reconnaître de façon formelle leur rôle auprès de la clientèle de la direction de l’enseignement de l’Hôpital. 1. Recrutement et évaluation des superviseurs de stage Le recrutement du personnel est encadré par une politique d’établissement (annexe 4.17). Afin de rendre des soins et services efficaces et de qualité, l’établissement vise le recrutement d’employés compétents et ce, en respectant les dispositions des différentes lois. La politique établit les modalités de recrutement, de sélection et d’embauche des candidats dans le respect des principes énoncés dans la politique cadre sur les orientations et les stratégies en matière de gestion des ressources humaines. Un processus continu de mise à jour des descriptions de tâches a été amorcé. Lors de l’embauche, les nouveaux employés sont informés qu’ils pourront être appelés à assumer des responsabilités en lien avec la supervision, l’enseignement et la formation. En ce qui a trait à l’évaluation, l’HLHL a opté pour un mécanisme d’appréciation de la contribution qui favorise les échanges entre le gestionnaire et l'employé, il s'agit d'une démarche intégrée à la mobilisation. Ce processus stratégique vise à favoriser la contribution de chacun à la réalisation des objectifs organisationnels. L’outil d’appréciation de la contribution est présenté à l’annexe 4.18. 2. Sélection des superviseurs L’HLHL exige un minimum de deux ans d’expérience ou de posséder les compétences nécessaires à la supervision requises par l’établissement d’enseignement ou l’ordre professionnel. Le taux moyen d’implication pour les principales disciplines du domaine de la santé est de 48% avec des pointes de 100% en ergothérapie et en pharmacie. L’annexe 4.19 « Ratio superviseurs/employés » présente pour chaque discipline le nombre de médecins et professionnels habilités à encadrer un stagiaire et la proportion de personnes impliquées dans la supervision. Globalement, plus de 300 médecins et professionnels ont manifesté une disponibilité à encadrer des stagiaires et à s’impliquer dans des activités d’enseignement. L’engagement des médecins et professionnels de l’HLHL se traduit également par leur contribution à l’enseignement. Une partie importante du corps professoral du département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal est composée de psychiatres œuvrant à l’Hôpital (annexe 4.7). Plusieurs autres professionnels assument également des charges d’enseignement (annexe 4.7). L’implication massive des médecins et professionnels de l’HLHL témoigne de l’importance que ceux-ci accordent au transfert des connaissances et à la préparation de la relève. 62 3. Perfectionnement des superviseurs et chargés de formation clinique En collaboration avec les universités, l’Hôpital dispense des programmes de perfectionnement pédagogique et scientifique aux superviseurs et chargés de formation clinique. Une attention toute spéciale est apportée à la sélection, à la formation et au soutien des médecins et professionnels impliqués en enseignement et encadrement des stagiaires. La direction de l’enseignement voit à diffuser l’information sur les différentes formations et conférences offertes à l’extérieur de l’Hôpital. L’accès facile aux activités d’enseignement, de formation médicale et professionnelle continue jumelé aux formations organisées dans le cadre du PDRH (4.5) contribuent à garantir aux établissements référents que l’ensemble des médecins et professionnels impliqués dans l’enseignement à l’HLHL sont formés aux pratiques de pointe et en développement. Compte tenu que l’enseignement, le soutien aux superviseurs et la reconnaissance de leurs rôles figurent parmi les priorités de l’actuelle planification stratégique de l’Hôpital, différentes initiatives ont vu le jour. En voici quelques-unes : • • • • • aide-mémoire destiné aux superviseurs de stage indiquant l’ensemble des étapes à respecter afin de garantir un accueil du stagiaire et un encadrement de qualité (annexe 4.20); sessions d’information s’adressant aux superviseurs offertes à chaque semestre; programme de formation à la supervision (annexe 4.21). Cette formation multidisciplinaire se veut complémentaire à ce qui est déjà offert par les établissements d’enseignement. Elle contribue au développement des connaissances et des compétences nécessaires à l’encadrement et à la supervision de stagiaires; rédaction d’un document pédagogique basé sur les meilleures pratiques en soutien à la formation aux superviseurs (annexe 4.22); rencontres de soutien aux superviseurs de stage (début automne 2010). 4. Reconnaissance formelle du rôle du superviseur Tel que mentionné précédemment, l’HLHL a fait de la reconnaissance et du soutien du superviseur l’une de ses priorités. La formation de ces derniers, le développement d’outils pédagogiques et la reconnaissance de la charge de travail figurent parmi les priorités retenues lors de la planification stratégique 2009-2012. L’actualisation de plusieurs de ces mesures est déjà enclenchée et certaines ont déjà vu le jour. Ces mesures se grefferont aux mesures de soutien et de reconnaissance déjà mises en place depuis de nombreuses années: • activité reconnaissance une fois l’an pour l’ensemble des médecins et professionnels impliqués dans l’enseignement; • trois bourses de 300$ permettant l’achat de livres ou la participation à une formation; • cadeau annuel (valeur symbolique) à chacun des superviseurs; • soirée reconnaissance une fois l’an pour les psychiatres et résidents impliqués dans l’enseignement. La formule retenue est celle d’une conférence à thème pédagogique suivie d’une activité sociale. En ce qui concerne la charge de travail reliée à la supervision, il est prévu qu’un comité de travail multidisciplinaire soit constitué en 2010. Ce comité piloté par la direction de l’enseignement aura le mandat de proposer différentes mesures de reconnaissance de la charge de travail. Les mesures retenues seront flexibles et devront permettre une reconnaissance équitable de la charge de travail. Parmi les mesures envisagées notons : le soutien et l’implication de l’équipe et des pairs dans l’accueil et l’encadrement du stagiaire, la reconnaissance formelle du temps requis à la supervision (planification, rétroaction et évaluation), la libération de tâche pour assister aux formations offertes par les établissements d’enseignement, l'allégement de la charge clinique et la possibilité d’accumuler du temps en banque. Le rayonnement et le leadership de l’HLHL dans le domaine de l’enseignement s’exerce donc de plusieurs façons. Soulignons la contribution de plusieurs médecins et professionnels au sein de l’organisation de différents comités, du corps professoral de l’Université de Montréal mais également d’autres établissements d’enseignement, d’équipes de recherche, de symposiums, de colloques d’envergure nationale et internationale. L’implication marquée des médecins et professionnels, la 63 structure et la qualité des stages et la richesse des activités d’enseignement répondent à des objectifs de formation de haut niveau dans lequel l’Hôpital investit des énergies considérables conformément à sa mission d’enseignement. La présence soutenue de la direction de l’enseignement sur différents comités (annexe 4.23), la mise en place d’une structure de gestion des stages permettant un suivi étroit et rigoureux, la création d’outils pédagogiques, la mise sur pied de formations et de mesures de soutien aux superviseurs, l’arrivée à la direction de l’enseignement d’un agent de planification, de programmation et de recherche et le développement d’outils pédagogique disponibles sur l’intranet favorisent l’engagement des médecins et professionnels dans l’enseignement et la supervision et contribuent à un encadrement de qualité supérieure. F. Formation et perfectionnement des partenaires et intervenants Convaincu que l’intervention de première ligne pour les personnes atteintes de maladie mentale doit s’appuyer sur l’expertise de ressources interdisciplinaires, l'Hôpital a initié un mouvement d’ouverture à l’ensemble de ses partenaires du réseau tels les intervenants de première ligne, les policiers et les ambulanciers, les psychologues en cabinet privé, les organismes à but non lucratif. En plus de la programmation décrite plus haut, plusieurs colloques, symposiums et des services de consultations aux diverses organismes de la région de Montréal (annexe 4.24) et de la desserte du RUIS de l’Université de Montréal sont également accessibles sur place ou via des modalités électroniques. Une liste d’envoi électronique créée en 2007 rejoint aujourd’hui plus de 750 personnes et organismes du Grand Montréal et des régions éloignées. À l’initiative de l’adjointe au directeur de l’enseignement de notre Hôpital, un réseau a été créé en 2007 entre les directions de l’enseignement de divers établissements de santé non seulement pour améliorer la qualité des services offerts mais également pour favoriser la diffusion des expertises de pointe et le partage des connaissances au sein du réseau de nos partenaires incluant le RUIS de l’Université de Laval, le RUIS Mc-Gill et le RUIS de l’Université de Sherbrooke. Chef de file en téléformation et en visioconférence dans le domaine de la santé mentale, l’Hôpital diffuse annuellement une centaine de téléconférences et de téléformations. L’Hôpital assume depuis le début de ce projet un leadership incontestable dans le domaine de la télépsychiatrie donnant ainsi accès aux établissements en région ou en périphérie de Montréal à une formation de pointe dans le domaine de la santé mentale. Les régions de la Beauce, de Charlemagne, de Chicoutimi, de Le Gardeur, de Malartic, de Mauricie, de Port-Cartier et de Sept-Îles ont ainsi accédé régulièrement aux activités de visioconférence, de formation continue, du club de lecture et de séminaires. L’engagement de l’Hôpital dans le domaine de la télésanté se traduit par l’implication concrète de ses médecins et de ses professionnels sur différents comités. Le Dr Pierre Lalonde de l’HLHL préside la table de télépsychiatrie qui regroupe les sept établissements du RUIS de l’Université de Montréal offrant des soins en psychiatrie : CHUM, HLHL, HSCM, HMR, HRDP, CHU Ste-Justine, IPPM. L’adjointe au directeur de l’enseignement assume des fonctions sur trois comités. Elle est chargée du volet santé mentale du projet clinique télésanté au sein du projet Téléformation et soutien clinique multidisciplinaire du RUIS de l’Université de Montréal, représentante du volet santé mentale au sein du comité directeur télésanté du RUIS de l’Université de Montréal et coordonnatrice du comité de télépsychiatrie. L’expertise développée par l’Hôpital dans le domaine de la téléformation, son site Web proposant les activités de téléconsultation et de téléconférence, l’inscription en ligne et les salles de téléconférence et de téléconsultation du nouveau centre d’enseignement ont servi de modèle de référence à l’équipe du RUIS de l'Université de Montréal responsable du déploiement de la deuxième phase du projet de télésanté. Reconnaissant le leadership de l’Hôpital dans le domaine de la téléformation et souhaitant miser sur son expertise, cette même équipe a priorisé l’HLHL qui est devenu le premier établissement psychiatrique à recevoir les nouveaux équipements de téléconsultation. 64 En tant qu’établissement du réseau de la santé et des services sociaux, l’HLHL exerce également son leadership comme pionnier dans des projets documentaires. Il a ainsi été le premier à créer un blogue de documentation en santé mentale qui a rejoint près de 10 000 visiteurs dès sa première année. Ce site est consulté également en Europe et dans la francophonie internationale. Une section du blogue est expressément dédiée aux articles présentés dans le cadre du club de lecture. Soulignons que les services du centre de documentation sont disponibles via le RUIS de l’Université de Montréal et que des ententes de partenariat existent entre l’HLHL et trois CSSS, St- Léonard/St-Michel, Pointe-de-l'Ile et Lucille-Teasdale. Ces ententes permettent aux employés de ces CSSS d’avoir non seulement accès à la collection et au centre de documentation mais également au soutien du personnel qui possède une expertise dans le domaine de la documentation et des bases de données en santé mentale. 65 Chapitre V. La recherche Cinquième critère L’établissement qui sollicite une reconnaissance au titre d’institut universitaire en santé mentale et ses partenaires font une mise en commun de ressources humaines et financières pour créer une structure de recherche forte au plan scientifique et viable au plan financier. La composition de cette structure de recherche est multidisciplinaire et elle comporte une masse critique de chercheurs rattachés à l’établissement et à ses partenaires ainsi qu’à d’autres milieux tels que : universités, régies régionales et directions de santé publique, organismes gouvernementaux, etc. La structure de recherche1 est évaluée conjointement selon les critères scientifiques et les exigences du Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) et du Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ). La structure de recherche ainsi constituée : • possède un plan de développement de la recherche qui tient compte des priorités définies dans le Plan d’action ministériel en santé mentale, des thématiques de recherche liées au développement des pratiques de pointe et des engagements pris dans le cadre des contrats d’affiliation en matière de formation et d’enseignement; • possède une politique de la recherche qui montre que les praticiens et les gestionnaires de l’établissement et de ses partenaires sont associés à la conception et à la réalisation des projets de recherche ainsi qu’à la formalisation et à la diffusion des connaissances émanant des travaux de recherche; • possède un programme de recherche comprenant des axes auxquels sont rattachés des projets spécifiques de recherche. Un de ces axes porte sur la recherche évaluative; • possède un programme d’activités de diffusion et de transfert de connaissances à l’intention des partenaires et à l’intention des autres intervenants et chercheurs du champ de la santé mentale et des secteurs connexes; • accueille et encadre des stagiaires de recherche de 2e et 3e cycles ainsi que des stagiaires postdoctoraux et des chercheurs-boursiers du FQRSC et du FRSQ, dans les disciplines pertinentes des sciences humaines et sociales et des sciences de la santé. De plus, l’établissement démontre qu’avec ses partenaires il dispose des ressources pour assurer la viabilité financière de la structure de recherche et son développement. Au cours des dernières années, le Centre de recherche Fernand-Seguin (CRFS) de l’HLHL a fait des alliances avec le Service de recherche de l’HRDP et avec le Centre de recherche de l’IPPM. Ce riche partenariat est tout désigné pour servir de plateforme de recherche à l’Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation. Ce chapitre présente la structure de recherche actuelle du Centre et de son réseau de partenariat, sa programmation de recherche ainsi que les activités d’encadrement offertes aux étudiants de deuxième et de troisième cycles. Au printemps 2010, le CRFS a été reconduit comme centre de recherche financé par le FRSQ. A. Structure de recherche 1. Partenariats, équipes de recherche et chercheurs La structure de la recherche du futur Institut est basée sur un centre de recherche FRSQ déjà existant et des activités scientifiques reliées à des chaires de recherche sur la santé mentale des hommes et des femmes (Dre Lupien), les troubles envahissants du développement (Dr Mottron), la schizophrénie (Dr Stip) et sur les Climats, Santé, Ecoapprentissages transfrontières (Dre Lapaige). Les activités du centre s’articulent autour d’une organisation exemplaire de partenariat entre trois institutions comprenant le service de recherche de l'HRDP, le Centre de recherche de l'HLHL et le Centre de recherche de l'IPPM. Ce partenariat, établi depuis 2001 avec l’HRDP et 2003 avec l'IPPM, a reçu l'appui des trois conseils 1 L’appellation structure de recherche inclut toutes les formes organisationnelles de recherche possibles : centre, équipe, unité, groupe, consortium, etc. 66 d’administration des hôpitaux membres du CRFS. Il a permis d’élaborer un large éventail d’expertises et de développer au CRFS une recherche intergénérationnelle (de l’enfant à l’adolescent et à l’adulte) en santé mentale. Chaque site a son propre comité d’éthique spécialisé dans l’analyse des projets portant sur ses populations cibles. Le Centre regroupe 40 chercheurs équivalents temps plein ainsi que trois nouveaux chercheurs qui ont été recrutés pour l’année 2010-2011. Les activités du Centre sont en concordance avec une vision, une mission et les valeurs suivantes : « Innover pour mieux prévenir, traiter et réadapter les personnes souffrant de trouble de santé mentale, de l’enfance à la sénescence; faire appel à des plateformes biologiques, cliniques et technologiques pour soutenir et développer les pratiques de demain en santé mentale; cohésion, cohérence et créativité ». Le Centre s’est fixé des objectifs qui enrichissent ceux du futur institut : 1-développer des méthodes de détection des troubles mentaux qui reposent sur des signatures neurobiologique, psychologique et sociale de la maladie mentale; 2- développer et évaluer des méthodes de traitement et de réadaptation des personnes souffrant de troubles mentaux; 3transférer les connaissances sur la santé mentale auprès des personnes les plus susceptibles de profiter de ces connaissances et de contribuer à leur développement, et évaluer les facteurs affectant le processus de transfert de connaissances; 4- intégrer le développement technologique dans les volets de détection, de traitement, de réadaptation et de transfert des connaissances en santé mentale. Ces objectifs seront réalisés grâce à trois axes de recherche dans lesquels se répartissent les activités des chercheurs : 1-signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale 2-traitement et réadaptation adaptés aux populations. 3-développement technologique et transfert des connaissances en santé mentale. 2. Fonctionnement du Centre et subventions du FRSQ Dans la structure organisationnelle du CRFS, les trois sites sont indissociables. Un directeur de la recherche est présent à chaque site et ces trois directeurs siègent au comité de direction du CRFS. Le comité de direction du CRFS comprend aussi le Dr Emmanuel Stip, directeur du département de psychiatrie de l’Université de Montréal, ce qui assure un lien constant avec les instances universitaires. Enfin, le Dr Alain Lesage de l’Hôpital y siège également à titre de directeur associé du CRFS. Les coordonnateurs d’axes siègent au comité de gestion, avec la directrice de la recherche clinique (Dre Valérie Tourjman) et la directrice scientifique (Dre Sonia Lupien). Le comité de gestion sert de point d’intégration des nouveaux développements et des besoins propres à chaque axe, et les points soulevés sont ensuite amenés au comité de direction pour prise de décision sur les actions à prendre pour assurer un développement harmonieux de chaque axe. A chaque trimestre, une assemblée des chercheurs regroupe les chercheurs des trois sites dans le but de les informer des nouveaux développements du centre et d'échanger sur les besoins et les succès du centre de recherche. Ce modèle organisationnel contribue à créer un esprit d’appartenance pour tous les chercheurs et permet à la direction d’assurer un suivi rigoureux des activités du Centre. La demande de subvention pour le fonctionnement de cette structure de recherche adressée au FRSQ a été jointe à l'annexe 5.1. Le 12 avril dernier, le président-directeur général du FRSQ confirmait au directeur général de l’Hôpital l’adoption à l’unanimité du rapport d’évaluation du Centre de recherche Fernand-Seguin, avec la recommandation de financement pour quatre ans. Le rapport du FRSQ apparaît en annexe 5.2. 3. Liens entre la structure de recherche et les universités L’Université de Montréal et l’HLHL sont des partenaires à part entière du Centre et travaillent en lien étroit avec la direction du Centre pour le développement d’un centre de recherche très innovant sur le plan de la recherche humaine en santé mentale. La santé mentale fait partie des cinq priorités de la planification stratégique de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et la recherche clinique est l’une des trois priorités de la planification stratégique de l’HLHL. Ces priorités universitaires et hospitalières, qui visent maintenant le développement d’une recherche clinique de pointe en santé mentale, assureront un recrutement privilégié de nouveaux chercheurs universitaires pour le CRFS et un financement accru des instances hospitalières dans l’étude clinique qui doit être mise en place au CRFS. La directrice scientifique est soutenue par le bureau du vice-décanat à la recherche de la Faculté de médecine de 67 l’Université de Montréal, lequel a mis sur pied un comité consultatif facultaire pour l’épauler dans la réalisation de la planification stratégique du Centre. 4. Rattachement administratif de la structure de recherche dans le cadre du mode d’organisation présenté par l’établissement et ses partenaires La direction du CRFS travaille en étroite collaboration avec les trois hôpitaux membres. La directrice scientifique du Centre siège au comité de direction de l’HLHL, qui se rencontre sur une base bimensuelle, et ainsi prend part à toutes les décisions prises à l’Hôpital. Elle est également membre du conseil d’administration de la Fondation de l’Hôpital et travaille de très près avec la directrice générale de la Fondation pour toutes les activités liées aux levées de fonds. Les directeurs de recherche de l’HRDP et de l’IPPM siègent aussi sur le conseil d’administration de leur Fondation et siègent également aux comités de l’enseignement et de la formation médicale continue de leur institution. Des rencontres de partenariats intersites sont planifiées pour assurer un partenariat fructueux entre les fondations et les départements de communication des trois sites du Centre. 5. Enracinement durable des activités de recherche Dans le but de favoriser un enracinement durable des activités de recherche intégrées, les trois hôpitaux contribuent au maintien des infrastructures de recherche. L’HLHL a attribué un espace de plus de 42,000 pieds carrés à la recherche et assume les coûts reliés au soutien administratif, à l’informatique ainsi qu’au fonctionnement du comité d’éthique de la recherche. En ce qui regarde l'HRDP, les activités de recherche ont lieu tant dans les laboratoires de recherche fondamentale que dans les cliniques surspécialisées; les espaces totalisent plus de 7000 pc. Enfin, l’IPPM assume quant à lui les coûts reliés au maintien de son Centre de recherche (1500 pc), service de documentation et soutien administratif. Il aménagera un nouveau laboratoire pour la mise en place de l’infrastructure de recherche sur la délinquance sexuelle prévue dans le cadre du projet sur l’immersion en réalité virtuelle, projet dont le financement a été demandé au ministère du Développement économique, Innovation et Exportation avec un soutien sans équivoque du département de psychiatrie universitaire. B. Programmation de recherche 1. Caractère interdisciplinaire de la programmation de recherche En continuité avec les planifications stratégiques des grands organismes subventionnaires québécois, canadiens et américains, le Centre a mis en place une planification stratégique et de nouveaux axes de recherche qui sont en lien direct avec les nouvelles approches de la recherche interdisciplinaire en santé mentale. Le CRFS se distingue des autres centres de recherche en santé mentale du Québec par trois caractéristiques. D’une part, le Centre se spécialise essentiellement en recherche humaine, ce qui lui permet de mettre la totalité de ses ressources sur le développement d’une recherche axée sur la détection, le traitement et la réadaptation des patients souffrant de troubles mentaux. Deuxièmement, le CRFS est reconnu à l’échelle internationale pour la qualité de ses recherches sur les thérapies cognitives comportementales et pour l’utilisation de nouvelles technologies dans le traitement et la réadaptation des patients. Troisièmement, par son organisation trisites, le CRFS a accès à une masse critique de populations de patients allant de l’enfance (site HRDP) à l’adulte (site HLHL) ainsi qu’à des patients criminalisés (site IPPM) qui peuvent tous bénéficier de l’apport d’une recherche scientifique de pointe pour le développement de meilleurs traitements et de processus de réadaptation. En effet, plus de 3 000 patients sont admis annuellement sur les trois sites hospitaliers associés au CRFS, ce qui lui permet d’avoir accès à la plus grande population de patients au Canada (évaluation de la firme McKinsey, 2009). 2. Place de la recherche évaluative dans le programme de recherche Une section de psychiatrie sociale a rassemblé les chercheurs spécialisés dans l’étude des facteurs sociaux associés aux troubles mentaux. Ces chercheurs sont maintenant les principales forces vives du CRFS en épidémiologie populationnelle, épidémiologie clinique et recherche évaluative sur les services et politiques de santé. Cette unité est un lieu de rencontres et d’échanges entre ces chercheurs et offre le soutien d’un secrétariat, une unité de consultation de rapports scientifiques ainsi que diverses salles de 68 rencontres et de conférences, dont la salle Alex Leighton, inaugurée en 2007 en l’honneur de cette figure de proue de l’épidémiologie psychiatrique au Canada. Cette section a aussi été le lieu d’émergence du module de soutien évaluatif au développement des services psychiatriques créé avec l’HLHL en 1997. Ce module et son rôle dans la recherche évaluative et ses réalisations dans l’évaluation des technologies et modes d’intervention en santé mentale font l’objet de tout le chapitre VI. Lors de la création du module de soutien évaluatif en 1997, le terme "transfert des connaissances" commençait à peine à émerger avec la création de la Fondation canadienne de recherche sur les services de santé qui allait mettre le transfert des connaissances à l'agenda de tous les organismes subventionnaires de recherche en santé du Canada dans la décennie suivante. Les IRSC ont reconnu dans l’application des connaissances un nouveau champ de recherche, se sont donné chacun un viceprésident et y consacrent des initiatives stratégiques. Deux postdoctorants ainsi que des chercheurs du Programme d’amélioration des services de santé ont bénéficié de ces initiatives en obtenant des bourses et des subventions d’ateliers lesquelles requièrent une contrepartie financière des milieux de décision. Récemment l’Institut national de santé publique du Québec a choisi le Centre pour y installer la Chaire « Climats, Santé, Ecoapprentissages transfrontières» occupée par la psychiatre Dre Lapaige qui a la responsabilité de développer les concepts de transfert de connaissances, à partir du champ santé mentale pour tout le département de psychiatre. 3. Cohérence et intégration des axes de recherche développés au sein de cette structure de recherche au regard de la thématique générale de recherche Le CRFS table sur trois axes de recherche : l’Axe 1 : signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale; l’Axe 2 : traitement et réadaptation adaptés aux populations; l’Axe 3 : développement technologique et transfert des connaissances en santé mentale. Les deux premiers axes portent sur des forces déjà en place et reconnues. Le troisième est en croissance et le CRFS vise un plein potentiel de cet axe à la fin du prochain mandat. L’Axe signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale est en lien direct avec le nouveau concept de « signature de la maladie mentale », tel que décrit dans la planification stratégique des IRSC et du National Institute of Mental Health. Il représente la recherche dédiée à l’évaluation des signatures biologique (bio marquage), psychologique/comportementale et sociale des maladies mentales chez l’humain. Les recherches issues de cet axe ont pour but ultime de caractériser systématiquement les aspects biologiques, psychologiques et sociaux de la maladie mentale dans le but de détecter de manière très précoce différents troubles mentaux. L’Axe traitement et réadaptation adaptés aux populations vise à développer et à évaluer les meilleurs traitements et les meilleures méthodes de réadaptation pour les personnes atteintes de troubles mentaux dans le but de dégager les pratiques de pointe et les exporter vers d’autres centres cliniques. L’Axe développement technologique et transfert des connaissances en santé mentale vise à développer plus avant le transfert des données probantes issues de la recherche et des nouveaux développements technologiques (piluliers électroniques, téléphonie) vers les gestionnaires et cliniciens œuvrant dans les établissements de santé mentale. 4. Cohérence du programme de recherche au regard des services de pointe et des activités de formation Voir le chapitre III sur les pratiques de pointe. 5. Règles d’éthique accompagnant le processus de recherche Chacun des établissements a adopté un cadre réglementaire de la recherche qui assure l’intégrité scientifique, prévient les conflits d’intérêts, détermine le mode de gestion des banques de données, des banques de matériel biologique et des dossiers de recherche, et édicte les règles d’éthique de la recherche. Les statuts et règlements du CRFS stipulent que ses chercheurs réguliers doivent se conformer au cadre réglementaire. Une entente professionnelle, signée par le chercheur et le directeur, précise les responsabilités des parties en ce qui concerne la recherche et les activités cliniques (non médicales). Le cadre réglementaire décrit les mécanismes du suivi des bonnes pratiques et de 69 confidentialité de la recherche. L'utilisation et la gestion des fonds publics sont administrées en conformité avec les politiques de l’institution et des organismes subventionnaires. 6. Procédures d’accès des chercheurs aux données disponibles sur les clientèles, les professionnels et les activités de l’établissement et de ses partenaires Dans le but de favoriser l’accès des chercheurs aux données disponibles sur les clientèles, le Centre met sur pied une étude clinique longitudinale en lien avec nos partenaires hospitaliers dans laquelle des signatures biologique, psychologique et sociale des patients des trois sites associés seront obtenues dans un devis longitudinal. Cet axe signatures est aussi un exemple de soutien au réseau partenariat avec l’HMR et l’HSCM dans la mesure où les cliniciens de tous ces centres pourront contribuer à la cueillette et au retour d’information pour leur lieu spécifique. Les signatures biologiques comprendront différents biospécimens (sang, urine, salive, cheveux) qui seront obtenus pour analyse de différents biomarqueurs (analyses génétiques, toxines environnementales, métabolites de médicaments, neurotransmetteurs périphériques ou hormones) associés à différentes formes de maladie mentale. Chaque patient sera aussi évalué au moyen d’échelles cliniques standardisées, de tests cognitifs validés et de mesures psychosociales. Pour choisir ces outils d’évaluation et décider de la nature de ces tests, nous avons mis sur pied le projet Émergence dans lequel près de 60 chercheurs et cliniciens des trois sites se rencontrent aux six semaines depuis déjà six mois pour discuter de la pertinence des différentes mesures à prendre. Cette association entre des chercheurs et des cliniciens de trois hôpitaux membres du CRFS est l’un des plus grands succès de la dernière année. Le suivi longitudinal des patients permettra d’explorer plusieurs des nouvelles priorités des IRSC de la recherche clinique axée sur le patient telles l’étude de l’efficacité de la médication et des traitements psychologiques, l’identification des mécanismes biologiques de différents troubles mentaux, l’identification de gènes associés au métabolisme de médicaments par une alliance pharmacogénétique avec nos partenaires (Centre de pharmacogénétique de l’Institut de cardiologie de Montréal), le développement de techniques de détection précoce de la maladie mentale par le suivi des troubles mentaux de l’enfance à l’âge adulte (site HRDP et site HLHL) et la clarification de la nature des comorbidités associées à la maladie mentale telles la violence (site IPPM) et la toxicomanie (HRDP, HLHL et IPPM). L’accès au plus large bassin de patients du RUIS et en second lieu du Canada, l’accès à trois sites de collection de données, l’expérience déjà acquise de recherche clinique longitudinale de populations ciblées de patients sur les différents sites associés au CRFS (ex. : banque de données longitudinales de la clinique de la petite enfance au site HRDP; implantation en cours d’une banque de données sur la violence au site IPPM et banque de données sur les premiers épisodes psychotiques au site HLHL), ainsi que l’intégration de la recherche clinique dans la planification stratégique hospitalière ont été évalués comme des facteurs clés dans le succès de cet axe. Le centre a mis sur pied un groupe de travail sur les enjeux éthiques de ce projet. 7. Production scientifique, qualité et performance en recherche La production scientifique des chercheurs et des activités de diffusion, de transfert et d’utilisation des connaissances associées à ces recherches est en date bien démontrée comme en témoigne le graphique suivant : 70 Tableau VI Nombre d’articles scientifiques de 2006 à 2009 La plus importante richesse du Centre de recherche est la spécialisation des chercheurs en santé mentale humaine pour tous les groupes d’âge et pour toutes les grandes pathologies, une spécialisation reconnue à l’échelle locale, nationale et internationale. La nouvelle équipe du CRFS est jeune et dynamique et le recrutement de 12 nouveaux chercheurs dans les trois axes de recherche apporte un souffle nouveau favorisant l’émergence de projets de recherche hautement innovants dans le domaine de la recherche en santé mentale humaine. La performance des chercheurs du CRFS en termes de publications scientifiques pour l’année 2009 est notable. En effet, nous observons une augmentation importante (de 28 à 59% selon les axes) du nombre de publications scientifiques des chercheurs des trois axes pour l’année 2009. Cette augmentation s’explique d’une part par le recrutement de trois chercheurs seniors au CRFS et par le recrutement de neuf chercheurs de niveau junior ayant tous de forts dossiers de publication. De plus, les chercheurs déjà en place au CRFS contribuent largement à cette augmentation car la moyenne du nombre de publications par chercheur du CRFS est de 3.9 articles pour l’année 2009, ce qui représente une performance notable en ce qui regarde les publications scientifiques. Les octrois reconnus par axe montrent une très bonne moyenne pour l’année 2009 : 1.04 M $ (Axe Signatures 1.9 M $; Axe Traitement 803 000 $ ; Axe Développement technologique et transfert des connaissances : 436 000 $), ce qui démontre que les efforts des comités de mentorat des chercheurs et ceux du bureau de projets pour diversifier les demandes de subventions des chercheurs ont porté fruit. Il est aussi à noter que les montants reconnus par le FRSQ n’incluent pas la subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation de 1.2M $ obtenue en 2007 par des chercheurs de l’Axe traitement et réadaptation en partenariat avec ceux du versant développement technologique de l’Axe développement technologique et transfert des connaissances (Canadian Cyberpsychology and Anxiety Virtual Lab). Cette subvention a permis la mise en place de laboratoires de réalité virtuelle pour les chercheurs associés au site HLHL (Guay, O’Connor, Marchand) et IPPM (Renaud, Côté). Notons à cet égard que deux brevets ont déjà été obtenus par l’équipe de P. Renaud du site IPPM qui travaille au développement d’avatars 3D en réalité virtuelle clonés à partir de photographies conventionnelles. Ces avatars peuvent par la suite être utilisés en immersion virtuelle auprès de délinquants sexuels pour évaluer leur sensibilité à différents stimuli humains. De plus, les montants reconnus par le FRSQ n’incluent pas les divers contrats avec l’industrie pharmaceutique (plus de 280 000 $ pour l’année 2008-2009), ainsi que les subventions provenant des ministères provinciaux et fédéraux (près de 800 000 $ pour l’année 2008-2009). Enfin, le ministère de la Justice a financé un projet visant à évaluer le plan d’intervention psychologique d’urgence mis en place après l’événement traumatique du 13 septembre 2006 au Collège Dawson, projet auquel trois chercheurs du CRFS ont contribué (Lesage, Guay, Boyer). Nos chercheurs sont aussi très productifs en termes de publications dans des journaux ayant un facteur d’impact élevé dans le domaine de la recherche en santé mentale humaine (en 2009 : Nature Reviews Neuroscience, Schizophrenia Research, Biological Psychiatry, Archives of General Psychiatry, Journal of Child Psychology and Psychiatry, 71 Neurobiology of Learning and Memory, Archives of Neurology, Human Brain Mapping, New England Journal of Medicine). C. Direction d’étudiants de deuxième et troisième cycles La formation d’étudiants au niveau des études prégraduées et graduées et de résidents et de chercheurs en formation postdoctorale constitue l’une des priorités du Centre. Au cours des quatre dernières années, plus de 200 étudiants ont poursuivi leur formation sous la supervision des chercheurs du Centre et plusieurs d’entre eux ont obtenu des bourses d’études de niveau local, national et international ainsi que des prix pour la qualité de leurs travaux. Une association des étudiants du CRFS a été fondée avec un fonds de démarrage de 5 000 $. Dès la mise sur pied de l’association, les étudiants ont organisé les «conférences étudiantes du CRFS» au cours desquelles plusieurs d'entre eux présentent leurs travaux de recherche avec la participation des chercheurs et cliniciens des trois sites associés par visioconférence. Dans le but de parfaire leur formation en analyse quantitative, tous les étudiants ont accès aux formations en statistiques proposées par le centre de statistique de l’IPPM et plusieurs en ont grandement profité. De plus, tous les étudiants ont accès au site extranet du Centre, comme les chercheurs et cliniciens des trois sites. Une section spécifique pour les étudiants y est intégrée, dans laquelle diverses informations relatives aux étudiants sont présentées. De plus, le responsable du Bureau de projets place toutes les offres de bourses destinées aux étudiants sur le site extranet. Par ailleurs, le Centre offre à chaque année cinq bourses de 5 000 $ aux étudiants du Centre qui soumettent leur dossier à un comité d’évaluation dirigé par le Bureau de projets. Enfin, le Centre initie les étudiants au transfert des connaissances. Pour ce faire, le Centre a mis en place un partenariat avec le service des communications de l'HLHL qui offre à chaque année une demi-journée de formation sur la vulgarisation scientifique. Au cours de l’année 2009, le Centre a mis en place deux bourses de vulgarisation scientifique basées sur ces séances de formation et les deux étudiantes qui ont gagné le prix interne du CRFS pour la vulgarisation scientifique ont aussi raflé les bourses de vulgarisation de l’Association canadienne française pour l'avancement des sciences (ACFAS) pour le concours 2009, démontrant l’efficacité de la formation en vulgarisation scientifique entreprise par le CRFS. Un deuxième projet de vulgarisation scientifique a récemment été établi en partenariat avec l’Office National du Film qui développe 26 capsules vidéos sur le cerveau humain pour un public adolescent (Projet Heavy Mental). Les membres de l’Office ont rencontré les étudiants du Centre au cours du dernier café scientifique et ceux-ci ont décidé d’agir comme consultants scientifiques sur l’organisation des capsules de l’Office national du film, démontrant encore une fois l’adéquation entre leur formation scientifique et leur capacité de transfert des connaissances. Les chercheurs du Centre supervisent des résidents et des professionnels de la santé sur une base régulière. La Fondation de l’Hôpital fournit annuellement une bourse de 50 000 $ aux résidents désireux de poursuivre leurs études pour un fellowship à l’extérieur du pays. Cette approche a porté fruit car l’un des jeunes chercheurs récemment recruté au Centre a effectué un fellowship de deux ans à l’Université Harvard à Boston grâce à une bourse de la Fondation de l’Hôpital. Dès son retour, le Dr Tranulis a été recruté par le Centre et il a récemment obtenu une bourse Junior 1 de chercheur clinicien du FRSQ. Le soutien à long terme des travaux de recherche des résidents constitue l’une des forces du Centre. Il est en lien avec le nouveau programme de chercheurs cliniciens du FRSQ. Cette démarche est fortement soutenue par le directeur du département universitaire. 72 Chapitre VI. L’évaluation des technologies et des modes d’intervention Sixième critère L’établissement démontre qu’avec ses partenaires il a mis en place les modalités nécessaires au développement et à la promotion d’un système ou d’un dispositif d’évaluation des technologies ou des modes d’intervention en santé mentale. Les technologies incluent les différentes méthodes médicales, chirurgicales ou psychothérapeutiques, les médicaments, les appareils, les instruments, les aides techniques ou tout autre dispositif pouvant être utilisé dans la prévention, le dépistage, le traitement, la réadaptation ou les soins palliatifs; les systèmes et processus de soutien assurant l’infrastructure de la production des soins au niveau technique, informationnel ou organisationnel sont aussi inclus dans cette définition. Les modes d’intervention réfèrent à des modèles de prestation des soins (comme par exemple le modèle de suivi intensif en équipe dans la communauté) qui couvrent différentes modalités de dispensation et d’organisation d’un type de services donné. Les évaluations examinent les dimensions suivantes : • l’efficacité, l’innocuité, le coût/efficacité ou l’efficience ; • la pertinence et l’adéquation des profils d’utilisation ou de pratique ; • la détermination des indications appropriées ou des clientèles pouvant le mieux bénéficier des technologies ou modes d’intervention; • la performance matérielle ou technique. Outre ces types d’évaluation, d’autres facteurs peuvent également être pris en considération tels que notamment les aspects économiques, organisationnels, juridiques, éthiques ou sociaux. Tableau VII Évaluation des technologies et modes d’intervention A. Place de l’évaluation à l’Hôpital Comme monsieur Jourdain qui apprenait avoir fait de la prose bien avant qu’il la nomme officiellement, on 2 peut voir sur le site Web de l'HLHL que l'évaluation des technologies et des modes d'interventions en santé (ETMIS) existe depuis plus d’une décennie parmi les fonctions assumées par le Module du soutien évaluatif au développement des services psychiatriques fondé en 1997, l'année de création de la Fondation canadienne de recherche sur les services de santé. Cette fondation reconnaissait que le développement de l'évaluation et des meilleures pratiques devait se faire non seulement au niveau de la 2 http://www.hlhl.qc.ca/hopital/professionnels-et-partenaires/evaluation-des-technologies-et-moyens-dintervention.html 73 clinique, mais également au niveau de la gestion des services de santé. Créé par le CRFS et la direction de l'HLHL, le module répond depuis son origine à un comité d'orientation composé du directeur général, du directeur scientifique du CRFS, des codirecteurs des services cliniques, de la direction des services de réadaptation et d'hébergement dans la communauté, de la directrice des soins infirmiers, des chefs des services sociaux et de psychologie, du directeur des services professionnels, de la responsable de la qualité à la direction générale et du comité des usagers. De fait, le Comité d'orientation correspond dans cette composition à celle que l'on retrouve dans des unités évaluation des technologies et des modes d’Intervention en santé (UETMIS) comme celle du CUSM/ McGill University Health Centre et du CHUM. 3 Le mandat original du Module identifiait dix objectifs de nature à implanter une culture d'évaluation des soins, de la recherche et de l'enseignement tant à l'interne qu'à l'externe de l'Hôpital. Avec une codirection d'un médecin-psychiatre, le Dr Alain Lesage, et du Dre Nicole Ricard, ancienne vice-doyenne à la recherche à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, le Module avait été soutenu en 2000 dans son installation physique par une subvention de la Fondation canadienne de l'innovation afin de promouvoir et soutenir le rapprochement de la recherche, des milieux cliniques et de décisions. Le financement des projets du Module s'est effectué selon une formule de 20/80 où le module contribuait à 20% par son coordonnateur à la réalisation du projet, et les programmes ou directions à 80 % en fonds directs ou par le dégagement de personnel; plusieurs projets liés à des innovations pilotées par l’établissement, à portée nationale, ont pu bénéficier de subventions de recherche par les services d’organismes dotés de pairs comme le FRSQ, la Fondation canadienne de recherche sur les services de santé et les IRSC. 4 On trouvera sur le même site Web les rapports de plus d'une trentaine de projets qui ont touché tous les programmes clientèles et les directions de l'établissement. Les projets ont ainsi porté sur l’impact clinique, organisationnel et sur les coûts de la poursuite de la désinstitutionnalisation; sur l'adoption d'une mesure standardisée et de résultats des patients entrant à l'hôpital de jour; sur l’évaluation de l’impact clinique et organisationnel du passage aux programmes clientèle à l’HLHL et au CUSM. Le module a accru le maillage entre la recherche et la clinique entre 2001 et 2003 quand la Direction des soins infirmiers puis la Direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté ont engagé deux des anciens agents du Module comme conseiller qualité et comme conseiller clinique en évaluation et recherche. En 2009, sous recommandation du Module maintenant codirigé par le Dr Alain Lesage, de la Dre Mélanie Lavoie-Tremblay, infirmière et également responsable de l'axe transfert des connaissances au CRFS et du Dr Jean-Pierre Bonin, professeur à la Faculté des sciences infirmières de l'Université de Montréal, la direction des services cliniques s'est dotée de trois agents de planification, programmation et recherche. En 2010, le Module a recommandé de se doter d'un nouveau coordonnateur ayant les compétences pour mener des travaux selon les plus hautes normes exigées pour les officiers de l'AETMIS en vue de la reconnaissance officielle à l’intérieur du RUIS de l’Université de Montréal comme UETMIS et Services sociaux_Santé mentale (UETMISSS_SM). B. Récupération régionale et provinciale des travaux Bien implantée depuis 10 ans, l’ETMIS passerait en phase de consolidation avec l’UETMISSS_SM : déjà plusieurs travaux ont été récupérés au niveau régional et provincial (Buxton et Hanney, 1996; ACFAS, 2009). Par exemple, la ligne d’écoute téléphonique en santé mentale liée à Info-santé avec un rôle majeur des infirmières ainsi que des normes de ressources résidentielles supervisées, basées sur les meilleures pratiques de l’établissement, ont trouvé leur place dans celles adoptées par le PASM 2005-2010 du Québec. Un autre exemple est la mise en place du suivi intensif dans le milieu de façon massive par l’HLHL dans les années ’90 qui a été l’objet d’une évaluation de l’impact pour le patient, sa famille, les intervenants et sur les coûts comme le montre le rapport sur le site Web. Ces travaux ont démontré que le 3 4 Ibid. Ibid. 74 suivi d’intensité variable peut être fait par le secteur public et ils ont précisé quelles normes il devait suivre (elles aussi dans le PASM 2005-2010). Au niveau régional montréalais, ces mêmes travaux ont conduit à confier au secteur public et aux organismes communautaires le suivi d’intensité variable et à procéder à la création en 2008 du Centre national d’excellence en santé mentale par le MSSS avec la collaboration de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et l’HLHL. Son objectif : le soutien à l’implantation du suivi intensif en équipe et du suivi d’intensité variable dans le secteur public au Québec, avec la participation scientifique du Dr Lesage et la délégation par l’Hôpital d’un ancien coordonnateur du module. Le projet a aussi donné lieu au développement original d’une technologie soit une grille de mesure de la nature et de l’intensité des contacts quotidiens (le RQC) qui passait l’an dernier le cap d’un million d’entrées dans plusieurs sites et régions du Québec par des équipes de suivi intensif dans la communauté. Le module de soutien évaluatif au développement des services n’a pas été le seul pôle de développement d’évaluation à portée provinciale. La recherche clinique et la réadaptation se sont illustrées par le développement de technologies de domotique et de soutien au déficit cognitif identifié dans les clientèles souffrant de troubles psychotiques ou de démence progressive : le pilulier électronique, l’agenda 5 intelligent, la maison intelligente adaptée en sont de bons exemples (voir entrevue Dr Stip dans Forum Université de Montréal de mars 2010). Les cliniciens et les gestionnaires ont lancé ou prêté leur temps au développement de documents, d'outils au niveau provincial, par exemple, la contribution au développement de protocoles sur les contentions et contraintes, sur la sexualité des patients hospitalisés ou en régime de protection, sur les recommandations de l’AETMIS à propos des indications de l'électroconvulsivothérapie. C. Vers une plus grande culture de l’évaluation Une culture d’évaluation continuera d’être soutenue et consolidée par les trois axes du CRFS, les axes signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale, traitement et réadaptation adaptés aux populations, développement technologique et transfert des connaissances en santé mentale. Par ses mesures psychosociales, le projet signatures soutiendra la vision du réseau des établissements hospitaliers universitaires de Harvard où chaque patient fait aussi l'objet de mesure des facteurs de risque et des caractéristiques biologiques, psychologiques et sociales ainsi que d'une évaluation standardisée de base et répétée dans le temps. Ces données signatures et de suivi peuvent soutenir les fonctions d'évaluation de programmes, de qualité des soins, de recherche clinique et évaluative de l'établissement universitaire. La recherche clinique et réadaptation a produit des nouvelles interventions ou des développements technologiques efficaces. Il existe un gouffre (Montague, 2009) entre les promesses de la recherche fondamentale, les interventions démontrées efficaces en recherche clinique et réadaptation, et les pratiques dans les milieux de soins, et ce n’est pas propre au champ de la santé mentale. Le défi du transfert des connaissances est celui du troisième axe du CRFS. Selon les principes défendus par l’axe de transfert et d’application des connaissances du CRFS (modèle de Graham, vice-président à l’application des connaissances des IRSC), l’idéal poursuivi est que, grâce à la formation continue du personnel, des patients et des gestionnaires et à une série de stratégies transversales d'échanges de connaissances et de formation à l'évaluation, favorisées par les agents de planification, programmation et recherche, les meilleures pratiques cliniques soient implantées le plus rapidement possible et continuellement évaluées; qu’elles soient par ailleurs diffusées par des mécanismes efficaces d'implantation de nouvelles pratiques dans les autres établissements du réseau universitaire intégré de santé de Montréal ou du Québec. 5 http://www.nouvelles.umontreal.ca/recherche/sciences-de-la-sante/la-domotique-aiderait-a-traiter-laschizophrenie.html 75 D. De la consolidation à l’expansion de l’ETMIS À la suite de l’adoption en 2005 de la loi 83 fondant les RUIS et leurs fonctions d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (ETMIS), des établissements hospitaliers universitaires ont développé des UETMIS, comme celle conjointe du CUSM et du CHUM, celle du CHU Ste-Justine à Montréal, celles des centres hospitalier universitaire de Québec et de Sherbrooke. L’Université de Montréal a mis sur pied une table RUIS_ETMIS et des plateformes de soutien en ETMIS dans tout son 6 réseau . Le 10 juin 2010, la loi 67 a créé l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) qui joindra l’AETMIS et le Conseil du médicament du Québec et apportera plus d’attention aussi à l’évaluation des interventions psychosociales. Une opportunité qui nous amène à mentionner d’emblée l’UETMISSS_SM, en raison de la contribution unique de l’Hôpital par ses recherches et pratiques de pointe dans les nouvelles technologies et modes d’intervention clinique et de réadaptation biopsychosociale, au moment où l’INESSS répartit les objets et les communautés d’évaluation entre santé et services sociaux. L’INESSS se soucie du déploiement des meilleures pratiques, de leurs conditions d’implantation, de leur évaluation, de leur efficacité, de leur efficience et de leur applicabilité au Québec. Les deux premiers objets de cette unité d’évaluation seront les suivants : 1. prendre le relais des recommandations de l’AETMIS sur l’électroconvulsivothérapie et établir un centre d’étude des indications et des issues de cette pratique; 2. revoir la littérature sur les équipes mobiles d’intervention de crise et soutenir par l’évaluation l’implantation par le futur institut et ses partenaires de Montréal d’une ou deux équipes mobiles d’intervention de crise en gérontopsychiatrie au Québec. Une subvention des IRSC en application des connaissances a été accordée à de futurs chercheurs et aux chercheurs du transfert des connaissances du CRFS. Le projet vise à explorer comment l'application des connaissances émergeant de la littérature et des recherches cliniques menées en leur sein, puisse contribuer à une meilleure gouvernance clinique de l’HLHL, de l’HRDP et de l’IPPM. Ce concept émergent est associé au développement de l'expertise de ces milieux spécialisés, de leurs pratiques de pointe, à l'excellence des programmes clientèles, et chez les partenaires des soins spécialisés en santé mentale. Comment s'assurer que les meilleures pratiques établies par la littérature, l’UETMISSS_SM, la recherche clinique et évaluative, et en réadaptation trouvent leur chemin le plus rapidement possible à l'intérieur des établissements qui les enseignent, les étudient, les évaluent? Une des stratégies favorisées par l'AETMIS est la création de communautés de pratique. Avec les conseils de l’AETMIS, nous avons mis en place en avril 2010 une telle communauté de pratique à l'HLHL. Est-ce que les échanges transversaux qui auront lieu suffiront avec l'UETMISSS_SM et les directions de programmes et de disciplines professionnelles à générer plus rapidement le changement dans les pratiques et une meilleure gouvernance clinique? L'expérience que nous mènerons sera l'objet d'étude des chercheurs fondamentaux en application des connaissances du CRFS en collaboration avec ceux du RUIS de l’Université de Montréal en ETMIS. Cette évaluation pourra s’étendre à la gouvernance de l’Institut et à ses partenariats de soins tertiaires, d’enseignement et de recherche et éclairer le comité de gouvernance et le comité des partenaires de l’Institut. Le Dr Renaldo Battista, responsable de la table ETMIS du RUIS de l’Université de Montréal et responsable de l’UETMIS du CHU Ste-Justine, faisait valoir que la création d’UETMISSS allait permettre d'accroître les évaluations des technologies propres aux différents champs médicaux et sociaux des établissements universitaires mais également de favoriser une application plus rapide de ces connaissances par les milieux cliniques et décisionnels, par la proximité avec ceux-ci. De plus, ayant fondé dans les années ’80 la première AETMIS au Canada, le Dr Battista signalait qu'il n'existait pas à sa connaissance ni au Québec, ni au Canada ni ailleurs dans le monde des UETMIS consacrées à la santé mentale. L'Institut universitaire en santé mentale Laval Robert-Giffard travaille actuellement à la création 6 http://www.netvibes.com/ruis-etmis#UETMIS 76 officielle d'une telle unité alors que l'Institut universitaire en santé mentale Douglas serait intéressé, et compte parmi ses chercheurs le Dr Eric Latimer qui a réalisé les rares travaux de l'AETMIS dans le champ de la santé mentale. Le Dr Battista soutient activement la création officielle d'une unité d'évaluation des technologies et des modes d'interventions en santé mentale au sein de l’HLHL, futur institut universitaire de santé mentale et de réadaptation de Montréal. 77 Chapitre VII. L’intégration des missions Septième critère L’établissement qui sollicite une reconnaissance au titre d’institut universitaire en santé mentale et ses partenaires se dotent de mécanismes qui favorisent l’intégration des activités de service, d’enseignement, de recherche et d’évaluation des technologies ou des modes d’intervention et qui accroissent la synergie des facteurs qui contribuent à l’excellence des résultats. La description de ces mécanismes montre en quoi ils favorisent l’intégration recherchée. L’intégration des soins, de l’enseignement, de la recherche et de l’évaluation des technologies et des modes d’intervention est une préoccupation constante depuis quelques années déjà à l’HLHL. Pour démontrer comment, à travers l’intervention d’une équipe interdisciplinaire, les missions se coordonnent, s’influencent les unes les autres, s’intègrent autour d’une personne atteinte de troubles mentaux, ce chapitre présente le cheminement de deux patients dans l’Hôpital après leur entrée par l’une des deux portes de l’Hôpital : la porte du Module évaluation-liaison et celle de l’urgence. Avant la description de chaque étape importante de ces itinéraires, nous mettrons en relief les missions interpellées. Par la suite, nous rendrons compte des mécanismes qui existent dans la structure de l’Hôpital pour favoriser avec ses partenaires les activités d’intégration des missions. A. À travers l’itinéraire de deux patients 1. Cheminement d’une patiente avec un problème complexe d’anxiété et de dépression Première ligne au CSSS Deuxième ligne au Module d’évaluation-liaison Soins partagés avec le médecin de famille Madame V., 49 ans, mariée, mère de deux adolescents, employée de banque, est orientée au Programme des troubles anxieux et de l’humeur par le Module d’évaluation-liaison où elle fut acheminée par le guichet d’accès de son CSSS. La problématique en est une d’anxiété intense, surtout faite d’inquiétudes constantes reliées à sa famille, à son avenir et à son travail. Son médecin note aussi une humeur triste, pessimiste, avec découragement, mais sans idées suicidaires et sollicite une intervention en santé mentale. La patiente est devenue incapable de travailler depuis quelques semaines. Évaluation multidisciplinaire de première ligne au guichet d’accès du CSSS Référence à la deuxième ligne de l’Hôpital Lors de l’évaluation multidisciplinaire réalisée au guichet d’accès du CSSS, on conclut à une situation e complexe, résistante au traitement et relevant temporairement de la 2 ligne en raison des antécédents de la patiente, de ses intolérances au traitement pharmacologique et d’interactions entre le tableau anxiodépressif et des traits de personnalité. Soutien à la première ligne Recherche clinique au CRFS Soins partagés de l’Hôpital avec le médecin de famille Les antécédents de la patiente indiquent qu’à l’âge de 39 ans, elle a traversé un épisode de vérification excessive compromettant son travail à la banque : chaque opération devait être vérifiée et revérifiée sans cesse par peur de faire des erreurs porteuses de lourdes conséquences. Un diagnostic de trouble obsessionnel-compulsif avait été posé et son médecin ainsi que les conseils d’un groupe d’information et d’entraide créé au Centre de recherche Fernand-Seguin avaient orienté la patiente à l’équipe du Dr O’Connor (devenu le Centre d’étude des troubles obsessionnels-compulsifs et des tics). Un traitement cognitivo-comportemental avait soulagé la patiente qui avait repris son travail et était retournée sous les soins de son médecin de famille pour le suivi de sa pharmacothérapie. Celle-ci s’était avérée difficile, la patiente tolérant mal les médicaments usuels, en particulier en raison d’un gain de poids significatif et d’un dysfonctionnement sexuel. 78 Puis, à l’âge de 45 ans, lors de son travail à la banque, elle est victime d’un hold-up. En tant que caissière, elle se trouve menacée directement avec des revolvers. Recherche clinique Quelques coups de feu ont même été tirés. La patiente ne fut pas blessée, mais est restée hantée pendant des mois par cet événement. Elle fut alors orientée vers notre Module d’évaluation-liaison qui l’avait dirigée à notre Centre d’étude du trauma. Une intervention thérapeutique avait apaisé sa symptomatologie et la patiente avait pu reprendre son travail. Deuxième ligne Enseignement Soins partagés Actuellement, les facteurs déclencheurs semblent reliés au comportement délinquant de son fils aîné qui consomme beaucoup de drogue et a des démêlés avec la police. Cette situation bouleverse la patiente qui ne peut contrôler ses inquiétudes au point de redevenir dysfonctionnelle. Le moindre retard de ses fils, le moindre téléphone devient pour elle présage d’une catastrophe. Dans ce contexte, elle arrive au Programme des troubles anxieux et de l’humeur avec un diagnostic principal de trouble d’anxiété généralisée sévère aggravé à l’axe II d’un trouble de personnalité obsessionnelle-compulsive, particulièrement marqué par des attitudes perfectionnistes dans tout ce qu’elle entreprend. Par le biais d’une thérapie de groupe ciblant spécifiquement l’anxiété diffuse, la patiente en vient à comprendre son anxiété, à changer ses habitudes de rumination cognitive et à tolérer de plus en plus les incertitudes et les inquiétudes qu’elle ne peut éliminer. Son anxiété diminue partiellement. Elle est aussi suivie de près par un psychiatre assisté d’un résident en formation et en lien avec son généraliste qui arrivent à établir un traitement pharmacologique, associant deux antidé-presseurs qu’elle tolère d’une façon satisfaisante. Troisième ligne Retour à la première ligne Association d’entraide Le traitement est présentement en cours et la réponse de la patiente est favorable, mais encore partielle. Ses thérapeutes s’interrogent sur la pertinence de l’orienter par la suite vers un groupe de méditation mindfullness ou vers notre équipe ciblant la résistance en fonction d’une comorbidité avec un trouble de personnalité si l’amélioration s’avérait limitée, compromettant encore le retour de la patiente à un fonctionnement satisfaisant. L’objectif demeure son rétablissement fonctionnel et la reprise de son suivi à long terme par son généraliste avec l’appui encouragé d’une association d’entraide comme Revivre. Conclusion On voit dans cet exemple comment les soins de première, deuxième et troisième lignes se coordonnent. On y voit aussi l’interaction des membres de l’équipe interdisciplinaire : psychiatre, infirmière, chercheur, superviseur de stage pour le résident, travailleur social, etc. Les soins interpellent l’enseignement, la gestion de la qualité et la recherche. Le psychiatre transmet ses connaissances au résident en psychiatrie. On fait appel à l’équipe de recherche du Centre d'études sur les troubles obsessionnels compulsifs et les tics. Dans le cadre des cercles de qualité mis en place par l’établissement, conseillés par des membres de l’association Revivre, on aura aussi envoyé à la patiente comme aux autres du programme un questionnaire d’appréciation des services permettant d’établir les points forts et ceux à améliorer à propos des services reçus à l’Hôpital. Tout au cours de son parcours, la patiente comme tous les patients du programme a été invitée à répondre à des questionnaires standardisés sur les symptômes, le fonctionnement social, la qualité de vie. Ces questionnaires vont permettre à l’UETMISSS_SM et aux chercheurs cliniciens des troubles de l’humeur de contribuer à la question de la valeur de différentes stratégies thérapeutiques, de leur séquence en cas de dépression réfractaire aux traitements usuels. 79 2. Parcours d’un patient atteint d’un trouble psychotique Liens avec les services de première ligne Enseignement Un patient âgé de 19 ans se présente à son médecin de famille accompagné de ses parents. Le médecin de famille après évaluation réfère le patient à l’urgence en communiquant les informations suivantes. Le patient présente des comportements désorganisés, une diminution de l'hygiène et des propos bizarres. Il dit posséder des pouvoirs particuliers de télépathie et être convaincu qu'une force extérieure le contrôle via des satellites. Son hygiène est diminuée et il a abandonné depuis six mois ses études au niveau collégial et l'emploi à temps partiel qu'il occupait. Ses parents sont désespérés et demandent de l'aide. Le patient quant à lui affirme qu'il n'a aucun problème et désire quitter l'hôpital. Le résident en médecine d’urgence et le psychiatre de garde concluent rapidement à un épisode psychotique aigu. Le questionnaire révèle que le patient entend des voix depuis maintenant trois ans et que des idées suicidaires ont émergé récemment; le patient considérant que la seule façon d'échapper à l'emprise de cette force extérieure qu'il perçoit, est de se donner la mort. Un rapport de consultation est envoyé au médecin de famille et on hospitalise le patient rapidement sur une unité où on assure une surveillance étroite et où l'on débute une investigation pour éliminer toute cause de maladie physique. Le patient accepte les mesures. Dans le contexte où il ressent une détresse importante, il conclut, avec l'intervention des infirmières de l'étage, du psychiatre traitant et du médecin résident en psychiatrie, à l'utilité d'instaurer un traitement antipsychotique. Le patient ressent rapidement des bienfaits de la médication et les idées suicidaires disparaissent. Recherche clinique Après environ deux semaines, le patient donne son consentement pour collaborer à une étude de suivi longitudinal et on mesurera son évolution clinique particulièrement au plan psychosocial à la suite de ce premier épisode psychotique, cette étude s'effectuant sur trois années avec réévaluation annuelle. Outre le traitement pharmacologique, les modalités thérapeutiques mises en place s'intègrent dans une démarche d'évaluation. Le patient se prête donc à l'ensemble des analyses sanguines qui visent à éliminer l'étiologie organique à son état. Une approche cognitivo-comportementale incluant de la psychoéducation faite par l’équipe vise d'abord à bien évaluer l'ensemble des phénomènes psychotiques et la situation vécue par le patient dans le but très précis d'établir une alliance thérapeutique. Ce sera la base de toute intervention ultérieure qui vise à augmenter son niveau d’adaptation, le niveau de fonctionnement social et diminuer la détresse psychologique. Le patient est informé des effets bénéfiques et indésirables liés à la médication. L'évaluation clinique par une ergothérapeute documente les aspects fonctionnels, l'évaluation psychologique précise entre autres que ce patient présente des bonnes capacités intellectuelles mais que des difficultés d'attention sont présentes au long cours. Liens avec les partenaires de troisième ligne Durant les deux semaines qui suivent, le patient présente une amélioration soutenue et des informations plus fiables sont obtenues quant à ses habitudes de consommation qui se révèlent être très importantes; consommation d'environ 2g de cannabis par jour depuis environ trois ans. Contrairement à ce qui est bien documenté dans la littérature (consommation de drogues constitue l'un des principaux facteurs de mauvais pronostic et pathologie de troubles psychotiques), le patient ne situe pas sa dépendance comme étant liée à son état psychotique. Les entretiens motivationnels sont initiés par l'infirmière qui a reçu une formation spécifique à cet effet. Le patient graduellement est amené à consulter au Centre DollardCormier – Institut universitaire sur les dépendances, l'un des partenaires importants du programme. La participation à une recherche évaluative sur l’efficacité de cette intervention combinée est proposée au patient et à sa famille. En parallèle à cette intervention individuelle, la famille a été rencontrée dès le début de l'hospitalisation par le psychiatre traitant pour des fins d'évaluation mais également pour introduire une intervention par la travailleuse sociale. La famille dit apprécier ce soutien très concret durant l'hospitalisation qui est donné en collaboration avec l'infirmière traitante, et bénéficie du groupe psychoéducatif multifamilles qui s'échelonne sur plusieurs mois. Au plan de la santé physique, outre les investigations qui ont été initiées qui documentaient l'état de base du patient avant l'introduction du traitement neuroleptique, un suivi des paramètres métaboliques est 80 effectué par le médecin traitant et le médecin omnipraticien de l'unité. Le patient participe à des activités physiques organisées par les infirmières : un groupe de marche trois fois/semaine de mëme qu’une activité physique supervisée par le kinésiologue de l'hôpital également trois fois/semaine. Le tout est jumelé avec la participation des groupes psychoéducatifs sur la saine alimentation animés par les infirmières de l'étage et la nutritionniste. Soins partagés Quatre semaines environ après le début de l'hospitalisation, le patient reçoit son congé de l'unité et l'équipe multidisciplinaire qui avait amorcé l'évaluation et le suivi continue son travail sur une base externe. Cette continuité des services favorise le développement de l'alliance et l'observance au traitement. Un rendez-vous externe est donné par le psychiatre traitant dans un délai d'une semaine et par le médecin de famille. Ce court délai favorise encore une fois l'observance au traitement. Le patient est rapidement intégré à un groupe animé par les ergothérapeutes visant une amélioration des capacités attentionnelles. Les premières interventions sont faites à la clinique externe pour être ensuite effectuées dans un centre situé dans la communauté. Le patient participe également à un groupe de thérapie cognitivo-comportementale animé conjointement par une psychologue de l'équipe et un stagiaire en psychologie d'une équipe de recherche, cette intervention faisant l’objet d’une recherche évaluative. Un suivi individuel est effectué par l'ergothérapeute de l'équipe sur les objectifs de rétablissement du patient dont l'un des principaux est le retour à ses études collégiales. En parallèle avec l'intervention individuelle cognitivo-comportementale dont le patient bénéficie avec le psychiatre, plusieurs entrevues conjointes avec la mère et le père du patient sont effectuées pour préciser les objectifs mais également pour alimenter une collaboration optimale: famille, patient et équipe traitante. Deux ans après le début de suivi pour schizophrénie, le patient a cessé sa consommation de cannabis, intégré ses études au niveau collégial et repris les activités physiques et les contacts sociaux qu'il avait auparavant. Il vit toujours chez ses parents et entretient le projet après avoir complété ses études de vivre en appartement. Il bénéficie d'un traitement antipsychotique à dose minimale. Un autre projet de recherche en neurobiologie mené par un psychologue du CRFS lui est proposé à ce stade. Les parents en sont arrivés à une meilleure compréhension du concept de vulnérabilité et visent avec l'équipe traitante et le patient lui-même à la plus grande autonomie possible. Conclusion Le parcours de ce patient illustre bien comment d’un service de première ligne, une référence rapide peut être faite à des services spécialisés de troisième ligne qui intègrent évaluation et interventions biologiques, psychologiques et sociales d’une part, et d’autre part recherche et enseignement. Ce cas illustre également combien la voie du rétablissement commande tout autant une étendue de services adaptés et spécifiques qu’une liaison efficace pour un retour progressif vers la communauté et les services de première ligne. La recherche clinique (suivi longitudinal, toxicomanie, intervention de thérapies cognitivo-comportementales, neurobiologie) fait partie intégrante des étapes franchies par le patient et sa famille. L’enseignement clinique est également intégré au traitement interdisciplinaire; résidents en médecine d’urgence puis en psychiatrie, stagiaires des différentes professions impliquées fournissent des services sous supervision et acquièrent des connaissances de pointe. Le but ultime de l’ensemble de ces interventions interdisciplinaires étant de favoriser le rétablissement du patient mais également de générer des connaissances nouvelles et de les diffuser aux stagiaires et intervenants de première ligne. B. Dans la structure administrative et l’organisation des services 1. À l’Hôpital L’intégration des missions est un des concepts clés qui ont structuré les actions de l’Hôpital. L’importante restructuration de nos services en programmes clientèles a permis d’intégrer les cliniciens, professionnels, chercheurs, superviseurs de stages dans une même équipe interdisciplinaire. Pour éviter le fonctionnement en silo, nous avons prévu des mécanismes de coordination et liaison des missions 81 dans la structure même de l’Hôpital. À titre d’exemples : le comité de direction, le comité interdirections pour la direction des services cliniques et la direction des services de réadaptation et d’hébergement dans la communauté, le comité de coordination des programmes et des disciplines, le comité de direction des directions, le comité de gestion de chaque programme et le comité de programmation clinique à l’intérieur de chaque programme. Comme nous l’avons démontré dans le deuxième chapitre, l’offre de service de nos programmes est constamment révisée à partir de la littérature et en fonction des meilleures pratiques. Nous organisons de nombreux colloques, journées scientifiques, forums dans le but de favoriser le transfert des connaissances. Le Centre de recherche Fernand-Seguin s’est donné un plan de développement démontrant l’adéquation des objectifs de la recherche avec la vocation clinique de l’Hôpital. Trois postes d’agents de planification, programmation et recherche ont été créés dans le but de soutenir la gestion et le développement d’une culture d’évaluation qui favorise l’intégration des missions. 2. Avec les partenaires Le chapitre sur les pratiques de pointe menées avec nos partenaires rend compte des efforts qui ont été et sont déployés actuellement pour intégrer les soins, la recherche, l’enseignement et l’évaluation avec des partenaires collaborateurs, tels l’HMR, l’HRDP, l’IPPM, l’HSCM, le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et le réseau/centre régional tertiaire en déficience intellectuelle de Montréal, le Centre Dollard-Cormier – Institut universitaire sur les dépendances, etc. Qu’il nous suffise de rappeler notre implication à la Table de concertation en santé mentale de l’Est de Montréal, à la Table de santé mentale du RUIS de l’Université de Montréal, les collaborations inter-Ruis qui visent à favoriser la synergie entre les activités cliniques et les réseaux de recherche. Ce document dans son intégralité met en relief cette tendance lourde de l’HLHL vers l’intégration des missions. Les deux parcours de patients cités plus haut, les mécanismes mis en place à l’intérieur de la structure administrative ainsi que les collaborations avec les partenaires sont d’ailleurs sans équivoque sur cette question. 82 Chapitre VIII. La gouvernance L’HLHL considère qu’il satisfait aux conditions nécessaires à la désignation d’institut universitaire selon les articles 89 et 90 de la Loi et tient compte des modifications (2005) de la loi 83 créant les RUIS. Le nouveau statut d’institut nécessitera des changements dans la gouvernance de l’Hôpital et obligera notamment ce dernier à poursuivre ses efforts pour s’ouvrir aux réseaux et à ses partenaires. La gouvernance du futur Institut universitaire et santé mentale et de réadaptation relève donc des exigences de la Loi sur les services de santé et les services sociaux du Québec. Ce chapitre présente la structure de gouvernance projetée pour l’Institut ainsi que les responsabilités dévolues aux instances concernées. A. Structure de gouvernance La structure de gouvernance de l’institut est prévue par la loi : un conseil d’administration et les comités qui lui sont rattachés, un directeur général, ses comités, son équipe de direction. La structure veut assurer la clarté, la limpidité et la transparence de la gestion avec reddition de compte aux partenaires de l’Institut et par la suite au MSSS. Tableau VII Structure de gouvernance de l’Institut 83 B. Responsabilités des instances supérieures Conseil d’administration Le conseil d’administration gère les affaires de l’établissement qu’il administre et exerce les pouvoirs qui lui sont dévolus par la Loi. À la désignation de l’HLHL comme institut universitaire, le conseil d’administration de l’Hôpital deviendra le conseil d’administration de l’Institut, l’instance imputable et décisionnelle. Le conseil d’administration sera formé conformément aux dispositions de la Loi sur les Services de santé et les Services sociaux. Nous nous permettons de suggérer qu’une des deux personnes désignées par l’Université soit membre du RUIS de l’Université de Montréal. De plus, une demande formelle sera formulée pour que l’une des personnes désignées par l’Agence provienne de l’HSCM et siège au conseil d’admnistration, cet établissement étant un partenaire privilégié de l’HLHL. 84 Directeur général Le directeur général de l’HLHL devient le directeur général de l’Institut. Le comité de direction de l’Hôpital devient le comité de direction de l’Institut auquel comité se joint un représentant du comité des partenaires (voir plus bas), soit la personne désignée par l’HSCM. Comités rattachés au conseil d’administration La Loi exige la mise en place de deux comités obligatoires rattachés au conseil d’administration : • le comité des ressources matérielles et financières responsable de la vérification des états financiers; • le comité de vigilance et de la qualité. À ces deux comités obligatoires s’ajoutent les comités suivants, conformément au règlement de régie interne de l’HLHL: • le comité des services à la clientèle et du développement de la recherche; • le comité des ressources humaines et de l’enseignement; • le comité d’évaluation du directeur général et des gestionnaires; • le comité d’éthique de la recherche; • le comité de gestion des risques; • le comité d’évaluation et d’application du protocole d’isolement-contentions; • le comité d’éthique appliquée. Deux nouvelles instances administratives Deux nouvelles instances administratives seront créées : le comité sur la gouvernance rattaché au conseil d’administration et le comité des partenaires de l’Institut rattaché au directeur général. Comité sur la gouvernance Le conseil d’administration se donne un comité sur la gouvernance, mécanisme interne pour évaluer son propre fonctionnement en fonction d’une gouvernance optimale. Il sera mis en place, entre autres, pour garantir que l’intérêt supérieur de l’Institut soit assuré. Il verra à également à apprécier l’exécution des directives du conseil par la direction de l’Institut. Comité des partenaires de l’Institut L'Institut se veut ouvert sur le réseau et sur ses partenaires. Il veut être un partenaire actif, vigilant et respectueux des responsabilités du RUIS de l’Université de Montréal particulièrement dans le champ de la santé mentale. Il met en place une seconde structure interne, le comité des partenaires de l’Institut, qui s’ajoute à la structure existante de l’HLHL et qui va regrouper ses partenaires. Les partenaires actuels de l’Hôpital dans cette demande d’institut universitaire deviennent les premiers partenaires de l’Institut : l’HSCM, l’IPPM, l’HRDP, l’HMR, le CHU Ste-Justine. Le comité des partenaires de l’Institut est une structure de représentation des établissements partenaires, ayant un rôle d’évaluation de l’état du partenariat ainsi qu’un rôle de recommandation sur les façons de faire progresser l’institut. Les établissements représentés sont amenés à s’interinfluencer afin de s’assurer de la participation et du soutien de l’Institut au rôle et aux responsabilités du RUIS de l’Université de Montréal en santé mentale. On se concertera sur les stratégies à développer concernant les services tertiaires, les pratiques de pointe, particulièrement celles en émergence, la recherche, l’enseignement et l’évaluation. On y traitera de grandes stratégies et non de régie interne, les établissements partenaires gardant leur autonomie. Ce comité sera mis à contribution pour les situations de pénurie d’effectifs, de rupture de services et verra à travailler en collaboration avec la table du RUIS en santé mentale de l’Université de Montréal. L’Institut et son comité des partenaires veulent soutenir le RUIS dans ses responsabilités et ne se substitueront d’aucune façon à la Table de santé mentale du RUIS de l’Université de Montréal mise en place au printemps 2010 par le département de psychiatrie universitaire à la demande de la Facutlé de médecine de l’Université de Montréal. Seront appelés aussi à siéger au comité des partenaires de l’Institut des représentants du RUIS de l’Université de Montréal, de la Table du RUIS en santé mentale, du département de psychiatrie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et d’autres tables désignées par le RUIS en santé mentale. 85 Le comité des partenaires de l’Institut, rattaché au directeur général, ouvrira la porte de l’Institut à ses partenaires et permettra à l’assemblée de ces derniers d’évaluer l’état du partenariat et de faire des recommandations au directeur général de l’Institut. Ce dernier agira à titre de président du comité et c’est lui qui fera le lien avec l’équipe de direction de l’institut. Il convoquera les partenaires au moins quatre fois par année. Le comité des partenaires déposera son rapport annuel au conseil d’administration. Cette instance devra donner une place réelle aux partenaires dans l’Institut, fixer des rencontres, bâtir un agenda commun, aller au-delà des vœux pieux en donnant des avis qui font avancer l’Institut et les partenaires. Tout comme le comité sur la gouvernance, le comité des partenaires de l’Institut devra prévoir des mécanismes d’évaluation de ses réalisations et de son propre fonctionnement. Après des années de morcellement dans le réseau de l’Université de Montréal, les travaux des dernières années stimulent le rapprochement entre les partenaires pour une plus grande collaboration interétablissements et mettent la table pour explorer les modèles organisationnels les plus propices à un fonctionnement davantage intégré. Déjà les partenaires de cette demande démontrent un intérêt manifeste en ce sens. Tables réseaux En lien avec le comité des partenaires de l’Institut, trois tables réseaux cliniques de l’Institut seront formées par l’Institut à la suite d’une consultation de ses partenaires: la Table du réseau des jeunes, la Table du réseau des adultes et la Table du réseau des personnes âgées. Les présidents de ces tables seront des médecins spécialisés dans ces trois domaines et siégeront au comité des partenaires de l’Institut. Programmes Les programmes de l’HLHL deviennent les programmes de l’Institut lors de sa création. Selon l’évolution des travaux de l’Institut, la définition des programmes pourra être reconfigurée après consultation du comité des partenaires. La désignation d’institut universitaire sous-entend un niveau d’excellence et introduit une nouvelle imputabilité sur l’organisation de l’Hôpital et sur les programmes pour le maintien, le renforcement d’une qualité et d’une expertise en clinique, en organisation de soins, en recherche et transfert des connaissances. Bien qu’il existe plusieurs instances d’évaluation, la direction de l’Institut se dotera d’un mécanisme d’évaluation de l’adéquation des volets de sa mission, soit les soins et services, la recherche, l’enseignement et l’évaluation des modes d’intervention. Ainsi, l’Institut soumettra sur une base annuelle au conseil d’administration de l’HLHL pour adoption un rapport de ses activités cliniques, de recherche, d’enseignement et d’évaluation de même qu’une appréciation de la concertation avec ses partenaires. Ce rapport sera ensuite déposé, à titre informatif, aux instances concernées, notamment l’Université de Montréal, le RUIS de l’Université de Montréal, la table de santé mentale du RUIS de l’Université de Montréal, l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal et les partenaires de l’Institut via le comité sur la gouvernance et le comité des partenaires de l’Institut. Siège social Le siège social de l’Hôpital devient le siège social de l’Institut. 86 Chapitre IX. Les perspectives de développement Pour se préparer à devenir institut universitaire, l’HLHL poursuivra la réalisation de sa planification stratégique 2009-2012 autour de priorités d’action soutenues par une culture de la mesure et de l’évaluation de la qualité. Ces priorités consistent à améliorer l’accès aux soins et services, à développer des projets novateurs en recherche clinique, à rehausser nos activités d’enseignement, à développer et mobiliser les ressources humaines avec le but ultime de repousser les limites de la maladie mentale. Nous avons aussi l’intention de développer un plan de communication interne et externe ainsi que de consolider et d’élargir nos partenariats. Organisation des services Pour améliorer l’accès aux services, nous voulons assurer au patient un cheminement qui répond aux standards établis et qui permet, en toute fluidité, l’accès aux services dont il a besoin. Nous continuerons à diminuer le délai d’accès aux services ambulatoires, à assurer une prestation de services à même les ressources disponibles, à réduire la durée moyenne de séjour en hospitalisation, à assurer un accès équitable à toute clientèle en besoin d’hébergement en santé mentale, à intégrer à l’épisode de soins la dimension de la santé physique des usagers qui présentent ou sont à risque de développer un syndrome métabolique. Recherche Pour développer des projets novateurs en recherche clinique, nous voulons pleinement intégrer la recherche dans nos activités cliniques pour exceller dans la recherche centrée sur le patient et pour adopter les meilleures pratiques et l’usage des données probantes. Nous lancerons prochainement le projet « Signatures biologique, psychologique et sociale de la maladie mentale » et verrons à instaurer une approche systématique afin d’assurer une participation maximale des usagers et des populations à risque. Pour les patients, nous comptons tester l’efficacité du traitement individualisé et développer des techniques de détection précoces. Pour les cliniciens, nous voulons développer et valider les meilleures pratiques pour les traitements/réadaptation et pour les décisions clinico-administratives ainsi qu’évaluer l’efficacité des pratiques et interventions utilisées dans les soins appliqués (pratiques de pointe). Le Centre de recherche Fernand-Seguin veut établir une réputation de plaque tournante de biobanques génomiques et phénomiques au Québec et devenir un chef de file sur le plan international. Enseignement En vue de rehausser nos activités d’enseignement, nous améliorerons la qualité et le volume d’activités d’enseignement, notamment par un soutien accru aux superviseurs de stage. Pour ce faire, nous développerons notre capacité d’accueil des stagiaires notamment par une valorisation du rôle de superviseur de stage. Évaluation Nous voulons aussi intégrer la gestion de la qualité et l’agrément aux processus courants de gestion de l’organisation en instaurant une véritable culture de la mesure, de l’évaluation et de l’amélioration continue, nous appuyant notamment sur le programme d’agrément Qmentum afin d’implanter les meilleures pratiques dans tous les secteurs clés de l’organisation et d’assurer le développement de l’Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention de l’Hôpital. Ressources humaines Pour développer et mobiliser les ressources humaines, nous développerons un plan central d’optimisation de la main d’œuvre afin de préciser notre offre, revoir nos approches de recrutement, améliorer notre rétention et planifier nos besoins futurs. Communications Nous tenons aussi à élaborer un plan de communication interne et externe entre autres pour soutenir la réalisation de nos projets, favoriser notre nouveau positionnement et démystifier la maladie mentale. 87 Partenariats Comme nous l’avons démontré tout au long de cette demande de désignation comme institut universitaire, nos partenaires sont importants pour nous. C’est pourquoi nous voulons consolider et développer nos partenariats dans le but d’unir nos forces au niveau des services, de l’enseignement, de la recherche et de l’évaluation, d’éviter les zones grises et les dédoublements de l’offre de service, de considérer l’avis de nos partenaires avant l’implantation de tout nouveau programme, ce qui fera en sorte de répartir les ressources de façon équitable en fonction des besoins des personnes atteintes de troubles mentaux et des établissements qui leur sont dédiés. Tous ces projets sont en cours de réalisation et contribuent sans équivoque à la qualité de la candidature de l’Hôpital au titre d’Institut universitaire de santé mentale et de réadaptation. 88 CONCLUSION La désignation de l’Hôpital comme institut universitaire de santé mentale et de réadaptation fournira un meilleur encadrement et insufflera une nouvelle énergie et une synergie accrue à l’ensemble des interventions de l’Hôpital et de ses partenaires dans le domaine de la santé mentale. Cette décision, attendue depuis quelques années, représente en effet une valeur ajoutée pour les soins, la recherche, l’enseignement et l’évaluation, pour nos partenaires, pour l’Université de Montréal et pour le réseau de la santé et des services sociaux de Montréal et d’ailleurs au Québec. La candidature à cette désignation est le résultat d’une longue démarche qui présente désormais un profil qui tient compte d’une part de l’expérience liée aux contraintes historiques du réseau de l’Université de Montréal et d’autre part de celle, instructive, des instituts de santé mentale déjà créés au Québec. La rédaction de notre document a tenu compte de ces expériences et a sollicité tout au long du processus les commentaires et propositions issus de l’ensemble de ces milieux. De plus, cette demande de désignation propose un projet dynamique, évolutif et flexible qui prendra en compte les nouvelles ententes reliées par exemple aux complémentarités des offres de services, aux organisations nouvelles des soins de pédopsychiatrie émergeant d’une pensée désireuse de promouvoir le continuum du développement des personnes et l’abolition des silos. Cette candidature a acquis au cours des années plus de maturité et de réalisme. Sa maturité tient au fait que le futur Institut a fait évoluer son organisation des soins en programmes, qu'Il s'est doté de mécanismes d’évaluation et d’imputabilité qui tiennent compte des différents éléments de sa mission et du PASM, qu’il a laissé émerger une « âme » au coeur de sa vocation: la réadaptation psycho-sociale et qu’il a permis la reconnaissance d’un centre de recherche désormais en croissance. Son réalisme s'explique par le fait qu’elle propose une gouvernance, souple et ouverte sur un comité de partenaires branché sur la nouvelle Table de santé mentale du Réseau universitaire intégré de santé de l’Université de Montréal. Les efforts déployés pour promouvoir cette candidature ont permis aussi de clarifier les domaines de compétence et d'intervention des trois niveaux nécessaires au département de psychiatrie de l’Université de Montréal : le département lui-même, l’institut et le Réseau universitaire intégré de santé. L’appui à un Institut universitaire nécessitait cette démarche d’éclaircissement. Tout ce processus vers la désignation aboutira à un nouveau nom pour cet Hôpital, signature accompagnatrice de la volonté de se diriger vers l’excellence et l’efficience. La désignation comme Institut ne prend son sens que dans le potentiel de plus value d’une nouvelle organisation. Les soins et services à la population seront les premiers bénéficiaires du renforcement des ententes de collaboration avec nos partenaires actuels. D’autres collaborations viendront s'y greffer qui permettront d’enrichir notre offre de service, faciliteront l’accès aux soins et assureront une distribution plus efficace des expertises sur le territoire de l’Institut. Nous voulons aussi améliorer et consolider notre soutien à la première ligne et favoriser l’essor des deuxième et troisième lignes en vue d’une qualité accrue des soins et services. Le comité des partenaires rapprochera les chercheurs, élargira l’accès aux banques de données, favorisera une vision d’ensemble des objets de recherche, l’échange d’instruments de recherche, la consolidation des masses critiques, l’utilisation plus efficace d’équipements et stimulera l’émergence de nouveaux secteurs de pointe. Il permettra également d’accélérer le développement et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour la télémédecine, la télépsychiatrie, la formation des étudiants, résidents et stagiaires, le perfectionnement continu des intervenants et l’organisation conjointe de congrès, colloques et événements sur la santé mentale. De son côté, l’Université de Montréal accentuera son leadership en santé mentale. De nouveaux défis se présenteront pour le département de psychiatrie de l’Université, particulièrement au niveau de l’intégration des soins, de la recherche, de l’enseignement, de l’évaluation et de la collaboration des chercheurs, professeurs et des cliniciens. Le réseau francophone de la santé et des services sociaux y gagnera en cohésion et en cohérence puisque la création de l’Institut consolidera les alliances entre les partenaires, favorisera de nouveaux 89 consensus et contribuera à éliminer les dédoublements et les zones grises des services, de la recherche, du transfert des connaissances, de l’évaluation. En raison du prestige et de la notoriété rattachés à la désignation d’institut universitaire, le leadership de l’Hôpital avec le soutien de ses partenaires s'en trouvera accru sur les plans local, national et international. Les expertises développées à l’intérieur de l’Institut rayonneront davantage au Québec et ailleurs dans le monde à l’honneur de tout le réseau public québécois de santé et services sociaux pour le mieux-être des personnes atteintes de maladie mentale. 90 LETTRES DE SOUTIEN DES PARTENAIRES DE L’HÔPITAL LOUIS-H. LAFONTAINE À SA DEMANDE DE DÉSIGNATION COMME INSTITUT UNIVERSITAIRE DE SANTÉ MENTALE ET DE RÉADAPTATION 91 92 93 94 95 96 97 98 99 100 101 103 104 EXTRAIT du PROCÈS-VERBAL de la SÉANCE PUBLIQUE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION de l'HÔPITAL LOUIS-H. LAFONTAINE TENUE LE 28 SEPTEMBRE 2010 À 18 h 30 RÉSOLUTION NO.: 20100928-3.1.2 DOSSIER INSTITUT UNIVERSITAIRE EN SANTÉ MENTALE ATTENDU l’intention de l’Hôpital Louis-H. Lafontaine d’être désigné Institut universitaire en santé mentale; ATTENDU la volonté de l’Université de Montréal (l’UdeM), du Réseau universitaire intégré de santé (RUIS) de l’UdeM et des établissements partenaires d’adhérer à un projet d’institut réseau en santé mentale; ATTENDU l’accueil favorable manifesté par le comité exécutif du RUIS de l’UdeM à l’égard des orientations présentées par le Dr Stip en octobre 2009; ATTENDU l’accueil favorable manifesté par les docteurs Dufresne et Delorme à ces même orientations; ATTENDU l’accueil favorable du doyen de la Faculté de médecine à la seconde présentation du Dr Stip au comité exécutif du RUIS de l’UdeM en mars 2010; ATTENDU la lettre d’appui de Mme Suzanne Hébert, directrice générale du CSSS St-Léonard St-Michel; ATTENDU la lettre d’appui de M. Gary Furlong, directeur général du CSSS Lucille-Teasdale; ATTENDU la lettre d’appui de M. André Gagnière, directeur général du CSSS Pointe-de-l’Île; ATTENDU la lettre d’appui du Dr Jean L Rouleau, doyen la Faculté de médecine de l’Université de Montréal; ATTENDU la lettre d’appui de M. Daniel Bourbonnais, directeur de l’École de réadaptation de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal; ATTENDU la lettre d’appui de Mme Francine Girard, doyenne de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal; ATTENDU la lettre d’appui de M. Pierre Moreau, doyen de la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal; ATTENDU l’appui du conseil d’administration de l’Hôpital Sacré-Cœur de Montréal; ATTENDU la lettre d’appui de M. David Levine, président directeur général de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal; ATTENDU qu'à sa face même, l'Hôpital Louis-H. Lafontaine répond à l'ensemble des critères, en plus de disposer de l'appui solide et soutenu de la part de l'Université de Montréal et de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal; ATTENDU que ce projet s'inscrit dans la suite logique de l'évolution de l'Hôpital Louis-H. Lafontaine, du Plan d’action en santé mentale, et qu'il témoigne de son excellence et de ses expertises de pointe, de ses partenariats, ainsi que de son rôle de leader et de centre de référence en matière de santé mentale; ATTENDU la reconnaissance officielle du FRSQ à l’égard de notre centre de recherche; SUR PROPOSITION DU DR PIERRE BOYLE.; DÛMENT APPUYÉE PAR MME LISE CHAGNON, IL EST RÉSOLU À L’UNANIMITÉ : D'APPROUVER le dossier de candidature à la désignation d'institut universitaire en santé mentale; DE MANDATER le directeur général, M. André Lemieux, afin qu'il dépose au MSSS les documents requis pour la désignation du statut d'institut universitaire en santé mentale et d'entreprendre toutes les démarches jugées nécessaires à ce propos. Le Secrétaire général André Lemieux Direction générale /cmy (2010-09-28) Copie certifiée conforme