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Éditorial
U
n réseau de santé mentale ne peut
se définir que comme un réseau
secondaire, dont l’objectif est de
réunir, pour repenser l’offre de
soins, tous les professionnels concernés par
la santé mentale dans une zone géographique donnée, choisie pour sa pertinence
fonctionnelle. Le terme de santé mentale
représente l’application d’un programme
de santé publique à notre discipline, qui,
d’ailleurs, parmi l’ensemble des disciplines
médicales, est sans doute celle qui a le plus
tôt intégré à côté des objectifs de soins les
objectifs de prévention et de réinsertion.
Pour répondre aux enjeux actuels de la psychiatrie, un réseau de santé mentale doit se
donner des objectifs de réseau secondaire.
En effet, les réseaux publics de proximité
existent : ce sont les secteurs de psychiatrie. L’existence des secteurs de psychiatrie
n’est pas à remettre en cause ; ils constituent un exemple d’organisation des soins
de proximité. Ce qu’il est urgent de revoir,
c’est leur fonctionnement. Être pour ou
contre la politique de secteur n’a aucun
sens aujourd’hui : la politique de secteur
est. En revanche, être pour ou contre son
changement ne devrait plus être une interrogation mais une évidence. Les secteurs
fonctionnent encore trop souvent comme
des systèmes de soins fermés. En effet, alors
qu’ils ne répondent plus, seuls, aux principes initiaux de prévention, de soins et de
réinsertion que la politique de secteur leur
assignait, ils ne partagent pas avec les
autres professionnels – notamment les libéraux – impliqués dans l’offre de soins le
cadre d’une organisation collégiale.
Le réseau secondaire se donne pour objectif de réunir ces “féodalités” et de les
ouvrir à la réalité de la demande de soins
telle qu’elle est exprimée par d’autres professionnels du libéral mais également par
les partenaires du champ social et les usagers. Le réseau se propose d’organiser des
* Service de psychiatrie des adultes, hôpital
Richaud, Versailles.
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n° 2, mars 2003
réunions autour de problématiques réelles
telles que les enquêtes de besoins peuvent
venir les objectiver. Cette méthodologie
offre une certaine garantie contre des tentations idéologiques.
C’est à partir d’une évaluation objective
des demandes et des dysfonctionnements
repérés dans l’offre de soins que doit être
revue, sur une zone donnée, l’organisation
des circuits de soins. C’est avec l’ensemble
des professionnels intervenant dans ces circuits de soins que doivent être élaborées
des solutions.
Cette méthodologie des réseaux, aussi simplement décrite, suffit à la distinguer de
toute autre forme actuelle d’offre de soins.
Un réseau de santé mentale doit donc avant
tout permettre une confrontation d’idées
autour de problèmes réels posés à la santé
mentale. Tous les acteurs de santé doivent
participer à ces débats pour que les solutions proposées aient une chance d’être
utiles. Un réseau impose pour cette raison
un lieu de coordination et d’animation, de
communication et de diffusion afin de faire
vivre ce partenariat.
Parmi les solutions, au-delà de la formation,
de l’information et de la recherche que le
réseau permet d’ouvrir à tous les partenaires, il permet d’ajuster strictement à la
demande de nouvelles modalités de soins qui
restent à définir. S’appuyant sur les enquêtes,
les manques en matière d’offre de soins
imposent de revoir nos pratiques et d’inventer de nouvelles modalités de réponse.
Un réseau de santé mentale est un lieu de
créativité et d’innovation pour les professionnels. C’est pourquoi une grande liberté
doit être laissée aux expériences locales,
chaque territoire ayant ses propres priorités de santé et ses propres ressources.
Le réseau santé mentale Yvelines-Sud fonctionne depuis maintenant plus de trois ans
avec ces objectifs et cette méthodologie. Il ne
cesse d’offrir de nouvelles solutions et
concerne, à ce jour, plus de mille partenaires
de santé. Son dynamisme est une preuve de
l’intérêt de travailler en réseau.
Éditorial
Par M.C. Hardy-Bayle*
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