On aura constamment besoin de caractériser des mesures, autrement dit de montrer que deux mesures sont
égales entre elles. Pour cela, il suffit de les comparer sur une famille qui engendre la tribu, à condition qu’elle
soit stable par intersections finies. Citons un cas particulier important :
Proposition
Soit µ,ν deux mesures sur (Rd,B(Rd)). Si, pour tout pavé fermé P,µ(P) = ν(P)<∞, alors µ=ν.
Finissons par quelques définitions relatives aux ensembles de mesure nulle.
Définition
Soit µune mesure sur (E,A).
— Si A∈ A est tel que µ(A) = 0, on dit que Aest négligeable.
On peut préciser « µ-négligeable », ou « négligeable pour la mesure µ», si la mesure µn’est pas claire
d’après le contexte.
— Si une propriété Pxest vraie pour tout x∈A, où Acest négligeable pour la mesure µ, on dit que Px
est vraie pour presque tout x, ou encore que Pest vraie presque partout.
On peut préciser « µ-presque partout », ou « presque partout pour la mesure µ», si la mesure µn’est
pas claire d’après le contexte. Sauf précision contraire, sur Rd, « presque partout » fait référence à la
mesure de Lebesgue λd.
Par sous-additivité des mesures, l’union d’une famille dénombrable d’ensembles négligeables est négligeable.
Définition
Soit µune mesure sur (Rd,B(Rd)). Le support de µest l’ensemble
Supp(µ) = {x∈Rd|∀ε > 0, µB(x,ε)>0}.
On vérifie facilement que l’on a aussi
Supp(µ)c=[
Oouvert,
µ(O)=0
O,
ce qui montre que le support de µest un fermé. Par densité des rationnels, on peut aussi restreindre la réunion
précédente à l’ensemble dénombrable des boules B(x,r)où x∈Qd,r∈Q∩]0,+∞[et telles que µ(B(x,r)) = 0,
d’où il résulte par sous-additivité que Supp(µ)cest µ-négligeable. Le support de µest donc le plus petit fermé
dont le complémentaire est µ-négligeable : c’est le plus petit fermé qui « porte toute la masse » de µ.
2.1.3 Fonctions mesurables
Définition
Soit (E,A)et (F,B)des espaces mesurables. Une application f:E→Fest mesurable si
pour tout B∈ B,f−1(B)∈ A.
Proposition
Les fonctions continues f:Rd→Rd0sont mesurables (pour les tribus boréliennes).
Propriétés
L’espace des fonctions mesurables de (E,A)dans (R,B(R)) est stable par :
a) addition (si f,g :E→Rsont mesurables, alors f+gaussi)
b) multiplication (si f,g :E→Rsont mesurables, alors fg aussi)
c) passage au sup et à l’inf (si, pour tout n,fn:E→Rest mesurable, alors supnfnet infnfnaussi)
d) valeur absolue (si f:E→Rest mesurable, alors |f|aussi)
e) passage à la lim inf,lim sup et donc à la limite (si, pour tout n,fn:E→Rest mesurable, alors lim infnfn
et lim supnfnsont mesurables ; et si fn(x)→f(x)pour tout x∈E, alors fest mesurable)
Ainsi, toute fonction Rd→Robtenue à partir de fonctions continues par ces opérations est mesurable. En
pratique, toutes les fonctions que l’on manipule sont obtenues ainsi et sont donc mesurables. Enfin,
Proposition
Une fonction f:Rd→Rd0est mesurable si, et seulement si ses composantes le sont.
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