PREMIERE PARTIE : Questions – Réécriture – Dictée

Séquence 4 Séance 8 : entraînement type DNB
PREMIERE PARTIE : Questions Réécriture Dictée
Toutes vos réponses devront être rédigées 1H30
Arthur Rimbaud
« Le Dormeur du val » dans Poésies 1870
Le jeune poète Arthur Rimbaud (1854-1891), brillant élève et auteur précoce, est surpris par la
guerre franco-allemande de 1870. Il part sur les chemins et contemple une vallée étroite sur laquelle
il crée un poème. Le Dormeur du val
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons1
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
5 Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson 2bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue3,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
10 Les pieds dans les glaïeuls4, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; 15 Il dort dans le soleil, la main sur la poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Questions (15 points)
I . UN PAYSAGE RADIEUX 5,5 POINTS
1.
a) Ce texte est un poème : donnez deux justifications à cette affirmation. (0,5 point)
b) Comment appelle-t-on ce type de poème formé de 4 strophes : deux de quatre vers et deux de trois vers ?
(0,5 point)
c) Quel est la longueur des vers ? Comment appelle-t-on ce type de vers ? (0,5point)
2. Dans la première strophe, relevez le champ lexical de la lumière. (1 point)
3. « un petit val qui mousse de rayons » (vers 4) : relevez le déterminant et les expansions du mot « val » (c'est-
à-dire les mots qui le caractérisent) en donnant leur nature et leur fonction.(1,5 point)
4. Cette première strophe est-elle triste ou gaie ? Justifiez votre réponse en citant une expression du texte. (0,5
point)
5. « où chante une rivière » (vers 1) : quelle est la figure de style contenue dans cette expression ? Expliquez-la.
(1 point)
II . DES DÉTAILS ÉTRANGES 4,5 POINTS
6. Dans la première strophe, un mot a un sens souvent péjoratif. Quel est ce mot ? le retrouve-t-on dans le
poème ? (1 point)
7. a) Citez les mots exprimant le sommeil dans le poème. (1 point)
b) Quelle remarque faites-vous par rapport à l’un de ces mots du champ lexical du sommeil ? (0,5 point)
8. Plusieurs tails montrent que le soldat n’est pas couché de façon habituelle pour se reposer de manière
confortable. Citez-en au moins deux. (1 point)
9. À qui est comparé le soldat ? (0,25 point)
10. « Sourirait » (vers 10) : donnez le mode, le temps et la valeur d’emploi de ce verbe. (0,75 point)
III . UNE RÉALITÉ QUI SE RÉVÈLE 5 POINTS
11. Montrez que la vision de Rimbaud correspond à un effet de « zoom » : il va du plus grand au plus petit. (1
point)
12. Montrez que les couleurs de la strophe 2 s’opposent à celles de la strophe 1 en relevant les adjectifs
qualificatifs qui indiquent une couleur dans la strophe 2. Comment appelle-t-on ce genre de couleur ? Quelle
impression est donnée par ce genre de couleur ? (1,5 point)
13. À la strophe 4, que symbolise la couleur rouge ? (0,5 point)
14. Qu’est-il arrivé finalement au soldat ? Relevez deux expressions de la dernière strophe qui le prouvent et
commentez-les. (1 point)
15. Par quel terme pourriez-vous remplacer l’expression « trou de verdure » du début pour l’adapter à la
situation du soldat ? Justifiez votre choix. (1 point)
_ Réécriture (5 points)
Réécrivez la troisième strophe (vers 9 à 11) en mettant le pronom personnel singulier « il » et le mot « enfant »
au pluriel. Faites tous les changements nécessaires.
« Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid. »
Corrigé
Questions
I. Un paysage radieux
1.
a) Ce texte présente les caractéristiques formelles d'un poème. En effet, il est composé en alexandrins (vers de
douze syllabes). Il présente des rimes, c'est-à-dire que chaque vers s'achève avec un mot dont la sonorité est
reprise à la fin d'un autre vers. Par exemple, dans la première strophe, les rimes sont croisées : « rivière »/
« fière » ; « haillons »/ « rayons ».
b) Ce type de poème formé de deux quatrains et de deux tercets est appelé un sonnet.
2. Dans la première strophe, les mots qui appartiennent au champ lexical de la lumière sont : « argent » ;
« soleil » ; « luit » (verbe « luire ») ; « rayons ».
3. Dans « un petit val qui mousse de rayons. », le nom « val » est déterminé par l'article indéfini « un ». Ses
expansions sont l'adjectif qualificatif « petit », épithète du nom « val » et la proposition subordonnée relative
« qui mousse de rayons », complément du nom « val ».
4. Cette première strophe est plutôt gaie, elle évoque un paysage joyeux par son ambiance sonore avec
l'expression « où chante une rivière » (vers 1) et par sa luminosité avec l'expression « qui mousse de rayons »
(vers 4).
5. L'expression « où chante une rivière » est une personnification. Le bruit que fait la rivière est assimilé au
chant produit par une personne.
II. Des détails étranges
1. Dans la première strophe, le nom qui a souvent un sens péjoratif est « trou ». On retrouve ce mot à la fin du
poème, au dernier vers, dans le groupe nominal « deux trous rouges ».
2.
a) Les mots exprimant le sommeil dans le poème sont les suivants : « Dormeur » (titre) ; « dort » (vers 7, 9
et 13) ; « lit » (vers 8) ; « il fait un somme » (vers 10) ; « berce-le » (vers 11).
b) Le verbe dormir est employé à trois reprises.
3. Certains détails montrent que la position du soldat n'est pas favorable à un repos confortable : « la nuque
baignant dans le frais cresson bleu » (vers 6) ; « Les pieds dans les glaïeuls… » (vers 9) ; « Il dort dans le
soleil… » (vers 13).
4. Le soldat est comparé à « un enfant malade » (vers 10) par l'expression de son visage dans la proposition
« Souriant comme sourirait un enfant malade… » (vers 9-10).
5. Le verbe « sourirait » est au présent du mode conditionnel. Il exprime une hypothèse qui sous-entend « si le
soldat était un enfant malade ».
III. Une réalité qui se révèle
1. La description du « dormeur du val » est construite selon une progression du plus grand au plus petit qui
reproduit une séquence cinématographique dans laquelle, par un effet de zoom, on s'approche de plus en plus
du sujet. Dans la première strophe, c'est un plan large qui englobe tout le paysage. Dans la seconde et dans la
troisième, le soldat est cadré dans son ensemble, de la tête (vers 5) aux pieds (vers 9) avec quelques détails (la
bouche, la nuque, le sourire). Dans la dernière strophe, des détails significatifs sont présentés en gros plan : sa
narine, sa main sur sa poitrine, enfin les « deux trous rouges » à son côté.
2.
Les couleurs citées dans la deuxième strophe sont des couleurs froides : le bleu et le vert. Elles s'opposent aux
teintes lumineuses suggérées dans les expressions « haillons d'argent », « le soleil […] luit » et « qui mousse
de rayons. »
3.
Dans la quatrième strophe, la couleur rouge évoque le sang qui a coulé des blessures, elle symbolise donc la
mort.
4.
Le soldat a reçu des blessures et s'est traîné jusqu'au bord de la rivière pour y mourir. Sa mort est suggérée par
son immobilité totale, son absence de souffle (« Les parfums ne font pas frissonner sa narine… » (vers 12),
« sa poitrine tranquille. » (vers 13), c'est-à-dire qui n'est pas animée par la respiration).
5.
L'expression « trou de verdure » pourrait être remplacée par le nom « tombe » puisque c'est l'endroit où gît le
corps du soldat mort.
Réécriture
Les pieds dans les glaïeuls, ils dorment. Souriant comme souriraient des enfants malades, ils font un
somme : Nature, berce-les chaudement : ils ont froid.
_ Dictée (5 points)
Arthur Rimbaud
« Lettre du 2 novembre 1870 à Georges Izambard », dans OEuvres complètes, Le Livre
de poche, 1963
Je suis rentré à Charleville un jour après vous avoir quitté. Ma mère m’a reçu, et je suis
là… tout à fait oisif. Ma mère ne me mettrait en pension qu’en janvier 71. Eh bien, j’ai
tenu ma promesse ! Je meurs, je me décompose dans la platitude, dans la mauvaiseté,
dans la grisaille. Que voulez-vous, je m’entête affreusement à adorer la liberté libre, et…
un tas de choses que « ça fait pitié », n’est-ce pas ? Je devais repartir aujourd’hui même ;
je le pouvais : j’étais vêtu de neuf, j’aurais vendu ma montre, et vive la liberté ! Donc je
suis resté ! Je suis resté !
Écrire au tableau : Charleville, « mauvaiseté ». Dire que Rimbaud écrit alors qu’il a
seize ans à un professeur qui est son ami, en novembre 1870.
1 Haillons : vêtements usés, troués.
2 Cresson : plante comestible qui pousse dans les endroits très humides.
3 Nue : expression poétique pour « les nuages », « le ciel ».
4 Glaïeuls : plantes dont la longue tige porte des fleurs disposées en épis.
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