’est dans ce cadre de questions clés que
l’on peut définir deux thématiques pour
les recherches en planétologie.
La planétologie comparée
Des liens entre sciences de la Terre et planétologie
ont été tissés depuis le colloque d’Arcachon entre
planétologues et géochimistes, dans la perspective
d’un retour d’échantillons martiens. Ces relations
doivent être cultivées, même si le re t o u r
d’échantillons martiens est aujourd’hui repoussé à
des échéances plus lointaines. Cette question couvre
tant les planètes telluriques avec les relations dans
l’évolution de Mars, Vénus ou Mercure à la Terre, que
les études des astéroïdes, avec les rapport s
météorites/astéroïdes qui restent fort mal compris.
Les études d’astéroïdes (mission japonaise Muses C),
ou de mesures d’échantillons du vent solaire
( NA S A /Genesis) rappro c h e r ont encore les deux
communautés dans les prochaines années. Les liens
entre Astronomie et Planétologie sont bien sûr fort
anciens : l’étude des comètes et de leur origine
p robable comme « c o n d e n s a t » du milieu
interstellaire d’une part, des planètes géantes et de
leur cousinage avec les planètes extrasolaire s
nouvellement détectées d’autre part, sont deux sujets
qui rapprochent les communautés. Enfin les relations
entre études magnétosphériques et planétologiques
(séparées en deux groupes ad hoc au CNES) restent
fortes, dans le cadre de diverses missions, dont en
particulier la mission BepiColombo vers Mercure.
La question des origines : système(s)
solaire(s), objets primitifs (comètes, KBO,
astéroïdes), atmosphères planétaires
Ces questions re c o u v rent d’une part l’origine
physique des corps du système solaire: formation
des planètes géantes et telluriques, des comètes et
Les thématiques scientifiques
beaucoup plus complexes qu’en phase de
d é c o u v e rte, et nécessitent des moyens
d’investigation toujours plus élaborés, ce qui conduit
aussi à définir des missions plus ciblées, à l’exception
de quelques missions généralistes engagées ou près
de l’être (Cassini, Rosetta, BepiColombo).
L’identification de « n i c h e s » scientifiques
d’excellence pour la science planétaire française est
donc cruciale pour favoriser les re c h e rc h e s
planétaires au plus haut niveau, dans un contexte
français ou européen. La NASA a publié en 2002 un
rapport très exhaustif (NRC planetary decadal report),
qui comprend pour l’exploration planétaire une liste
de questions clés, ainsi que des propositions de
priorités de missions dans diff é rentes catégories
b u d g é t a i res. Ce travail, qui a mobilisé une
importante communauté scientifique (avec quelques
scientifiques étrangers), est d’une ampleur sans
commune mesure avec les efforts réalisés en France,
et mérite d’être étudié de près, même si les priorités
technologiques et politiques de la NASA nécessitent
une lecture prudente des conclusions en termes de
programmation de missions. Sur le plan scientifique,
les questions importantes qui guident aujourd’hui
l’exploration font ainsi l’objet d’un consensus dans la
communauté scientifique :
le premier milliard d’années du système solaire ;
les éléments volatils et organiques, à l’origine du
vivant ;
l’origine et l’évolution des mondes habitables ;
le fonctionnement des systèmes planétaires.
En ce qui concerne les missions ESA, définies dans le
programme « Cosmic Vision » jusqu’en 2012, elles
concernent l’ensemble des planètes telluriques, ainsi
que Titan et Saturne via la collaboration avec la NASA
sur la mission Cassini/Huygens. Le pro g r a m m e
planétaire de l’ESA auquel participe une importante
communauté française remplit les objectifs de la
communauté sur le court terme (à l’exception notable
de la communauté des géophysiciens, comme il sera
discuté plus loin). Cependant, ce satisfecit ne doit
pas faire oublier que la plupart de ces missions sont
lancées ou en cours de réalisation, et que le maintien
de cette position pour la planétologie française
nécessitera la mise en route, pour la décennie
suivante, de nouvelles missions.
Un dernier point à mentionner est l’import a n c e
prévisible de nations « é m e rg e n t e s » dans le
domaine spatial, comme le Japon dont plusieurs
sondes couvrent, avec des moyens modestes, des
objectifs scientifiques de premier plan, dont la
mission Muses C qui doit réaliser une première avec
un retour d’échantillons d’astéroïdes. D’autres pays
aux capacités spatiales encore modestes (Inde,
Taïwan, Chine, …) pourraient à l’avenir participer à
des coopérations en matière planétaire.
68
• Spatial : le système solaire
C