Eléments d’une stratégie scientifique d’exploration du système solaire L e chantier de la prospective spatiale en planétologie au CNES, entrepris en septembre 2001 avec le lancement d’un appel à idées, a connu un parcours cahoteux, voire chaotique dans les deux années suivantes. Le Groupe Thématique « système solaire » du C NES, a poursuivi ses travaux avec constance, jusqu’à l’annulation du séminaire de prospective par décision du CNES en novembre 2002. Il a au passage discuté de nombreuses idées qui alimentent ce rapport d’étape, dans l’attente d’un redémarrage de la prospective du CNES, telle qu’elle a été recommandée par le Comité des Programmes Scientifiques pour 2004. Etapes de la prospective au CNES L ’appel à idées du CNES (septembre 2001), proposait comme échéance de missions la période 2006-2008 , laissant de côté la programmation à plus long terme. Les réponses reçues se classaient en différentes catégories : le programme martien (en particulier pour l’atterrisseur N ASA/2009), hors programme Mars/CNES dont le déroulement est décrit à part ; l’exploration de Vénus (hors mission Venus Express, dont la charge utile est figée par un revol d’instruments existants) ; la mission ESA /BepiColombo vers Mercure, sur ses trois composantes (MMO, MPO et MSE, respectivement orbiteurs magnétosphérique et planétaire, et atterrisseur) ; les bases de données planétaires ; des propositions d’instrumentations non spécifiquement dédiées à une mission. Ces réponses expriment la vitalité de la communauté planétaire spatiale en France, et son enthousiasme à préparer les missions futures. La redéfinition des objectifs scientifiques de la prospective en avril 2002 a cette fois tracé pour objectif de définir les enjeux de la décennie 2010-2020 ; la mise en place de groupes de travail mixtes techniques et scientifiques a conduit a des rapports intermédiaires par thématiques, publiés en septembre 2002, qui constitueront une base solide pour un redémarrage de la prospective spatiale. Ces documents, qui concerneront la préparation de missions de l’après 2010, ne seront pas discutés ici, les besoins pour la prospective en astronomie de l’INSU obéissant à des échéances plus rapprochées. Situation internationale U n état des lieux de l’exploration planétaire en 2003 conduit à la constatation que ses objectifs se sont dispersés vers de nombreux objets, au fur et à mesure que les premières missions pionnières ont abouti. Dans l’exploration des planètes et petits corps du système solaire, toutes les catégories d’objets ont été au moins une fois survolées, à l’exception notable de Pluton et des objets de Kuiper apparentés (K BO), qui font l’objet d’un projet de mission NASA (New Horizons/Pluto). Les questions posées aujourd’hui en planétologie sont d’évidence Groupe « Groupe Thématique Système Solaire » pour la prospective du C NES. Composition : Président : P. Drossart, A. Barucci, M. Chaussidon, P. Coll, Cl. d’Uston, F. Forget, O. Forni, Ph. Lognonné, G. Manhes, S. Maurice, B. Mosser, P. Pinet, F. Robert, F. Rocard (secrétaire). 67 • Spatial : le système solaire beaucoup plus complexes qu’en phase de découverte, et nécessitent des moyens d’investigation toujours plus élaborés, ce qui conduit aussi à définir des missions plus ciblées, à l’exception de quelques missions généralistes engagées ou près de l’être (Cassini, Rosetta, BepiColombo). L’identification de « niches » scientifiques d’excellence pour la science planétaire française est donc cruciale pour favoriser les recherches planétaires au plus haut niveau, dans un contexte français ou européen. La NASA a publié en 2002 un rapport très exhaustif (N RC planetary decadal report), qui comprend pour l’exploration planétaire une liste de questions clés, ainsi que des propositions de priorités de missions dans différentes catégories budgétaires. Ce travail, qui a mobilisé une importante communauté scientifique (avec quelques scientifiques étrangers), est d’une ampleur sans commune mesure avec les efforts réalisés en France, et mérite d’être étudié de près, même si les priorités technologiques et politiques de la NASA nécessitent une lecture prudente des conclusions en termes de programmation de missions. Sur le plan scientifique, les questions importantes qui guident aujourd’hui l’exploration font ainsi l’objet d’un consensus dans la communauté scientifique : le premier milliard d’années du système solaire ; les éléments volatils et organiques, à l’origine du vivant ; l’origine et l’évolution des mondes habitables ; le fonctionnement des systèmes planétaires. En ce qui concerne les missions ESA, définies dans le programme « Cosmic Vision » jusqu’en 2012, elles concernent l’ensemble des planètes telluriques, ainsi que Titan et Saturne via la collaboration avec la NASA sur la mission Cassini/Huygens. Le programme planétaire de l’ESA auquel participe une importante communauté française remplit les objectifs de la communauté sur le court terme (à l’exception notable de la communauté des géophysiciens, comme il sera discuté plus loin). Cependant, ce satisfecit ne doit pas faire oublier que la plupart de ces missions sont lancées ou en cours de réalisation, et que le maintien de cette position pour la planétologie française nécessitera la mise en route, pour la décennie suivante, de nouvelles missions. Un dernier point à mentionner est l’importance prévisible de nations « émergentes » dans le domaine spatial, comme le Japon dont plusieurs sondes couvrent, avec des moyens modestes, des objectifs scientifiques de premier plan, dont la mission Muses C qui doit réaliser une première avec un retour d’échantillons d’astéroïdes. D’autres pays aux capacités spatiales encore modestes (Inde, Taïwan, Chine, …) pourraient à l’avenir participer à des coopérations en matière planétaire. Les thématiques scientifiques C ’est dans ce cadre de questions clés que l’on peut définir deux thématiques pour les recherches en planétologie. La planétologie comparée Des liens entre sciences de la Terre et planétologie ont été tissés depuis le colloque d’Arcachon entre planétologues et géochimistes, dans la perspective d’un retour d’échantillons martiens. Ces relations doivent être cultivées, même si le retour d’échantillons martiens est aujourd’hui repoussé à des échéances plus lointaines. Cette question couvre tant les planètes telluriques avec les relations dans l’évolution de Mars, Vénus ou Mercure à la Terre, que les études des astéroïdes, avec les rapports météorites/astéroïdes qui restent fort mal compris. Les études d’astéroïdes (mission japonaise Muses C), ou de mesures d’échantillons du vent solaire 68 (NASA/Genesis) rapprocheront encore les deux communautés dans les prochaines années. Les liens entre Astronomie et Planétologie sont bien sûr fort anciens : l’étude des comètes et de leur origine probable comme « condensat » du milieu interstellaire d’une part, des planètes géantes et de leur cousinage avec les planètes extrasolaires nouvellement détectées d’autre part, sont deux sujets qui rapprochent les communautés. Enfin les relations entre études magnétosphériques et planétologiques (séparées en deux groupes ad hoc au CNES) restent fortes, dans le cadre de diverses missions, dont en particulier la mission BepiColombo vers Mercure. La question des origines : système(s) solaire(s), objets primitifs (comètes, K BO, astéroïdes), atmosphères planétaires Ces questions recouvrent d’une part l’origine physique des corps du système solaire : formation des planètes géantes et telluriques, des comètes et astéroïdes, et évolution durant le premier milliard d’années (formation des atmosphères des planètes telluriques en particulier). Elles incluent aussi le domaine de l’exobiologie, avec la recherche des éléments clés nécessaires à la biologie des origines (sources d’oxygène, de carbone), l’environnement planétaire primitif, et les mécanismes chimiques analogues aux mécanismes prébiotiques (étude de Titan, des objets primitifs comme les comètes ou certains astéroïdes). Le cas de Mars L ’exploration de Mars est un cas à part dans le cadre de l’exploration planétaire, en raison des enjeux scientifiques, mais aussi de politique spatiale que recouvre la poursuite de ce programme d’exploration en compétition internationale. La mission ESA/Mars Express, qui a été lancée en juin 2003 représente, pour les planétologues français très impliqués, une étape importante de cette exploration. Des observations de l’atmosphère, de la minéralogie de surface, de l’environnement plasma seront obtenues pour la première fois sur cette mission. Cependant, si Mars Express n’était pas suivi d’autres missions martiennes européennes, l’exploration de Mars reviendrait à l’avenir quasiexclusivement à la NASA. Même si des scientifiques français sont associés dans des expériences spatiales à de futures missions NASA, il paraît donc judicieux de recommander de construire l’exploration martienne sur un partenariat équilibré entre N ASA et ESA (via les agences spatiales nationales). La priorité de la prospective du CNES en planétologie définie à Arcachon proposait un programme ambitieux, dans un partenariat CNES/NASA vers un retour d’échantillons martiens (à l’époque prévu en 2008 !). Que reste-t-il de ce programme après cinq ans ? Un bilan factuel des événements qui se sont déroulés ces dernières années parle de lui-même : 2000 : Report par la NASA de la mission de retour d’échantillons, suite à la perte de Mars Polar Lander ; 2001 : définition des objectifs d’une mission CNES (Mars Premier 07) comportant un orbiteur testant un élément de capture des capsules d’échantillons en orbite martienne, la mise à poste des quatre atterrisseurs Netlander et d’un satellite en orbite martienne, avec un instrument orbital de premier plan, un sondeur millimétrique atmosphérique ; printemps 2002 : lancement des appels d’offres scientifiques et industriels pour la mission Mars Premier ; automne 2002 : annulation de la mission Mars Premier par le CNES; recherche d’une solution de secours pour le lancement des Netlander ; printemps 2003 : annulation par la N ASA du soutien au programme Netlander ; 30 avril 2003 : recommandation par le Conseil d’Administration du CNES (sur recommandation du Comité des Programmes Scientifiques) de placer le programme Netlander dans une perspective européenne. Mars Express.© ESA. 69 • Spatial : le système solaire L’élément le plus accessible pour la science européenne dans ce programme reste la science de réseau sur Mars (sismologie et météorologie), aboutissement de 15 ans de stratégie scientifique. Elle devra être reprise dans un cadre international, probablement européen, qui reste à définir (recommandation du CPS du 10 avril 2003 et du C A du 30 avril). L’intérêt scientifique pour cette science de réseau reste aujourd’hui majeur, aucune des expériences en cours par la NASA n’ayant jusqu’ici abordé ce créneau scientifique. Dans le cadre de l’ESA, dont le programme scientifique principal n’offre pas d’opportunité de mission avant 2012, la meilleure opportunité serait la première mission (Exomars) du programme AURORA, le programme dédié à la future exploration humaine de Mars à l’ESA. Ce programme à vocation technologique doit être budgétisé en 2004, et une action pour y inclure le programme Netlander (comme dans le cadre de la mission CNES/Mars Premier abandonnée) est fortement soutenue par le Groupe Système Solaire du C NES. Un autre élément à préserver est l’implantation d’expériences françaises sur les atterrisseurs NASA/2009 (Mars Science Laboratory, ou MSL), où l’expertise des laboratoires français permet d’espérer un retour scientifique majeur. L’appel d’offres MSL est attendu en 2004 et un engagement du CNES sur le soutien aux propositions françaises y est souhaité. Dans l’immédiat, la mission Mars Express, doit permettre aux scientifiques français de rester au premier plan des études martiennes. Exploration planétaire (hors Mars) : implication au niveau français L a table des missions donnée à la fin donne une idée de la large couverture scientifique réalisée par les missions planétaires de la décennie. La présence de missions européennes dans chaque catégorie de cibles, avec une implication de laboratoires soutenus par le CNES sur ces missions, assure de la présence des scientifiques français sur les objectifs planétaires majeurs actuels. La mission Cassini/Huygens, qui arrive dans le système de Saturne en 2004, va fournir une masse de données sans précédent sur une planète géante, Saturne, et sur son satellite, Titan. Les avancées attendues devraient constituer une révolution dans les connaissances de ces deux types d’objets, très imparfaitement compris l’un et l’autre. La mission Venus Express, entrée par surprise dans le programme scientifique de l’ESA en 2002 sur un créneau de mission Flexi, a pour objectif l’atmosphère de Vénus, délaissée par les programmes spatiaux depuis les missions soviétiques Vega en 1985. Son lancement en 2005, avec une forte implication française sur l’instrumentation doit permettre des mesures originales sur l’atmosphère de cette planète encore largement méconnue, et dont l’évolution comparée à celle de Mars et la Terre est un enjeu majeur de la compréhension de l’origine et de la stabilité des atmosphères des planètes telluriques. La mission BepiColombo vers Mercure est encore en phase de définition ; l’étude de Mercure permettra de 70 compléter la connaissance des planètes telluriques, et est soutenue conjointement par les scientifiques planétologues et magnétosphéristes. La cohérence dans les actions entreprises recommande qu’un soutien soit accordé aux dépouillements associés à ces missions (c’est le rôle du CNES), ainsi qu’un soutien à l’environnement scientifique autour de ces missions, notamment les expériences de laboratoire associées à ces missions (c’est le rôle du PNP). L’implication de planétologues sur de nombreuses missions vers des cibles variées est aussi une condition du maintien d’une activité scientifique de premier plan dans tous les domaines. Les critiques parfois émises sur une dispersion des missions méconnaissent la réalité de la complexité du système solaire, qui nécessite des avancées sur plusieurs fronts pour progresser dans nos connaissances. Les objectifs scientifiques en planétologie sont plus que jamais à large spectre, et l’atout des scientifiques français pour la décennie reste leur présence sur des objectifs diversifiés, plutôt qu’une trop grande spécialisation qui conduirait inéluctablement à leur marginalisation. C’est aussi vrai pour les objectifs planétologiques de chercheurs en sciences de la Terre, qui ont fait à la suite du séminaire d’Arcachon l’effort de réorientation thématique vers les sciences planétaires, dans la perspective du programme de retour d’échantillons martiens. En dépit de l’effondrement du programme Mars actuel au CNES, cet élément doit être préservé, pour maintenir cette communication entre communautés planétaires qui trouvera d’autres implications à plus court terme (missions Genesis, voire Muses C ou autres missions de retour d’échantillons précédant les missions vers Mars). Résumé des recommandations (prospective à court terme < 2012) L’exploitation des données de missions planétaires en cours (Cassini) ou prochainement lancées (Mars-Express, Rosetta, Smart-1, VenusExpress) va occuper la communauté planétologique de manière importante dans les prochaines années (Rosetta grâce aux survols d’astéroïdes, en attendant le survol cométaire en 2014), en saturant en quelque sorte les capacités de traitement. L’exploitation de ces données, dont la préparation a demandé de longues années de travail technique et d’investissement, est bien évidemment la priorité. Sur Mars, un soutien au projet Netlander reste une priorité, à réaliser dans des collaborations européennes (ou autres). L’implication de la communauté des géochimistes dans la planétologie, une avancée des dernières années grâce au programme martien, doit être soutenue en dépit des retards pris par ce programme au niveau européen. La mission vers Mercure BepiColombo a prouvé le soutien dont elle dispose dans la communauté planétaire (en liaison avec la communauté de la physique des plasmas, dont c’est une mission clé). Il s’agit là aussi d’un domaine relativement préservé, où une mission européenne pourra apporter des avancées de premier plan. Dans le domaine des planètes extrasolaires, la mission Corot concerne également les planétologues (même si cette mission est du ressort du groupe astronomie, et n’a pas été incluse dans les discussions directes du groupe système solaire), par les implications sur les détections des planètes extrasolaires et les modèles impliqués. Le Programme National de Planétologie est un outil essentiel des relations entre la communauté planétologique spatiale et les laboratoires extérieurs, en particulier pour l’aide à l’exploitation des données spatiales des missions en cours. La mise en place de bases de données planétaires est d’une importance majeure pour la mise en place pérenne d’un accès français (ou européen pour les missions ESA) aux données des sondes planétaires. Plusieurs groupes en France ont avancé des propositions concrètes, et un démarrage rapide de cette activité est une nécessité pour la planétologie. Enfin, le maintien des activités de développement instrumental dans les laboratoires spatiaux est un élément crucial d’une politique scientifique spatiale en France ; c’est vrai de toutes les disciplines spatiales, mais la spécificité des instruments planétaires, bien plus prononcée que pour tout autre observatoire spatial, les rend plus dépendants de la recherche de base. Les missions planétaires principales de la décennie impliquant les laboratoires français sont principalement des missions de l’ESA, les collaborations bilatérales avec la NASA ou d’autres agences étant aujourd’hui moins favorisées. Ce constat implique qu’une coordination renforcée entre les groupes d’experts du CNES et de l’ESA serait souhaitable, en particulier pour la préparation des prochaines échéances de prospective. A plus long terme, l’exploration planétaire se poursuivra dans des directions différentes : des missions ciblées (type NASA/Discovery ou ESA/Flexi), sur les objets variés, et aisément accessibles du système solaire interne, et des missions de grande ampleur, utilisant probablement la propulsion électrique nucléaire, vers les planètes géantes dans la prochaine décennie. L’exploration de Mars devrait enfin voir aboutir le retour d’échantillons. L’implication des planétologues européens dans un tel programme d’exploration nécessitera une stratégie adaptée aux moyens disponibles à l’échelle européenne : l’excellence des recherches planétaires françaises reste le meilleur atout pour que les laboratoires français y participent. 71 • Spatial : le système solaire Missions spatiales engagées ou en service (décennie 2003/2013) Mercure Messenger NASA Discovery 2004 BepiColombo ESA, JAXA, Russie? Pierre Angulaire 2011 - 2013 Venus Express ESA Mission Flexi Planet C JAXA Vénus 2005 - 2007 2009 Lune Lunar-A (*) JAXA SMART-1 ESA SELENE JAXA/NASA 2002 Technologique 2003 2005 Mars Mars Global Surveyor (*) NASA En service 1999 Mars Odyssey (*) NASA En service 2001 Nozomi JAXA «échec» Mars Rovers 03 NASA Mars Express ESA Mission Flexi MRO (*) NASA Mars Reconnaissance Orbiter Scouts NASA 2007 Mars Science Laboratory Système solaire extérieur NASA 2009 1998 2003 2003-2005 2005 GALILEO (*) NASA Achevée en septembre 2003 1989-2003 Cassini-Huygens NASA /ESA Arrivée à Saturne en 2004 1997-2005 Pluto Kuiper Express NASA New Horizons 2006 ? Europa Orbiter Petits corps, comètes NASA Programme long terme > 2010 Stardust NASA Discovery 1999 Rosetta ESA Pierre Angulaire Muses C JAXA Deep Impact NASA Discovery 2004 Dawn (*) NASA Discovery 2006 Discovery 2002 2004 - 2015 2003 Milieu interplanétaire / vent solair e Genesis (*) NASA (*) mission non européenne, mais avec co-investigateurs français (liste probablement incomplète). Sites Nasa/Esa/Cnes des différentes missions spatiales : Nasa decadal study : http://www.aas.org/~dps/decadal/ Missions Nasa : http://spacescience.nasa.gov/missions/index.htm Missions Esa : http://sci.esa.int/home/ourmissions/index.cfm Missions Cnes : http://www.cnes.fr/ 72