Discours de Charles Bolden, Administrateur de la NASA devant le

Discours de Charles Bolden, Administrateur de la NASA
devant le Groupe des Parlementaires sur l'Espace
Sénateur Auban, Madame la Députée Berthelot, je vous remercie de m'avoir invité ce soir.
C'est pour moi un grand honneur que de m'exprimer devant les membres du GPE, dont mes
homologues m'ont souligné le rôle prépondérant dans le cadre des arbitrages budgétaires de la
France dans le domaine spatial. Ce groupe rassemble plus de cent députés, sénateurs et députés du
parlement européen, et force est de constater qu'il est plus étof et a plus de poids que bien des
commissions du congrès américain avec lesquelles j'ai travaillé. Le soutien que vous apportez à la
politique spatiale et l'influence que vous exercez sur les choix d'avenir dans ce domaine résonnent
en France mais également aux États-Unis.
Lors de notre dernière rencontre à Washington DC en juin 2013, Sénateur Auban, Madame la
Députée Berthelot, nous avions salué la relation de coopération de longue date, très productive,
qu'entretiennent la France et la NASA. J'espère pouvoir ce soir expliciter les projets de la NASA,
projets qui sans nul doute feront participer la France.
Qu'il me soit tout d'abord permis de féliciter le Président du CNES, mon cher ami Jean-Yves Le
Gall ; il a en effet reçu des mains du Président Hollande la prestigieuse Légion d'Honneur en
décembre dernier. L'engagement qui est le sien envers l'exploration spatiale dans le cadre de ses
responsabilités publiques et au-delà est remarquable et tout à fait digne d'un tel honneur.
J'ai eu plaisir à m'entretenir avec lui un peu plus tôt aujourd'hui, tout comme il y a deux semaines à
Washington lors de discussions rassemblant des responsables publiques de plus de trente nations
nourrissant un intérêt pour l'avenir de l'exploration spatiale. Un autre ami cher était également des
nôtres lors de ce rassemblement historique de nations, à savoir Jean-Jacques Dordain, le Directeur
Général de l'Agence Spatiale Européenne. J'aimerais à cet égard qu'il me soit permis de féliciter
l'ESA et la France, en tant qu'État-membre de l'ESA, à l'occasion du 50ème anniversaire de la
présence européenne dans l'espace.
Ces célébrations sont pour nous l'occasion de regarder le chemin parcouru et d'envisager l'avenir.
Nos récentes discussions à Washington m'ont convaincu du fait que les grands acteurs du domaine
spatial dans le monde font montre d'une remarquable unité de buts et de défis.
Alors que les capacités de certaines nations sont extrêmement avancées et que d'autres les
rejoignent peu à peu, il est manifeste que la communauté internationale est prête à œuvrer ensemble
pour pousser l'exploration pacifique de l'espace, pour faire progresser les découvertes scientifiques
et garantir la protection de la planète la plus importante du système solaire – la planète Terre.
J'ai été heureux d'entendre le Docteur John Holdren, le Conseiller pour les Sciences du Président
Obama, annoncer la décision prise par les Etats-Unis de prolonger l'exploitation de la Station
Spatiale Internationale au moins jusqu'en 2024. De la même manière, je me réjouis de l'occasion qui
m'est offerte aujourd'hui de vous exposer notre vision des bienfaits mutuels d'une telle prolongation.
Celle-ci va permettre à la NASA, aux acteurs du secteur privé, aux universitaires et à la
communauté spatiale dans le monde entier de continuer de profiter de cette infrastructure sans
précédent pour mener à bien un large éventail d'activités, en accord avec nos objectifs nationaux
respectifs. Pour nous, l'ISS est indispensable aux objectifs de la NASA, à savoir l'envoi d'une
mission habitée sur Mars au cours de la décennie 2030, le développement et la mise en œuvre d'une
solution américaine robuste pour le transport d'équipages vers l'orbite basse de la Terre, l'avénement
d'une activi de transport commerciale économiquement pérenne vers l'orbite basse de la Terre, et
l'assurance de retombées universelles en matière de recherche et de développement technologique.
Je suis heureux et enthousiaste à l'idée de bénéficier pendant encore au moins dix ans de cette
ressource extraordinaire.
Nombre d'entre vous le savent, l'ISS a déjà fait ses preuves en tant qu'instrument de découverte
scientifique et de coopération internationale.
En sciences de la Terre par exemple, la Station s'est d'ores et déjà illustrée comme plateforme de
télédétection. Grâce au lancement cette année de deux instruments des sciences de la Terre vers
l'ISS, ainsi que d'autres dans les années à venir, la NASA va pour la première fois utiliser le
laboratoire en orbite comme une plateforme d'observation de la Terre dans le but de recueillir des
données essentielles sur les vents océaniques, les nuages, les particules rosols dans le cadre des
études climatiques, météorologiques et de la surveillance des ouragans.
L'ISS est un modèle d'exploration spatiale collaborative. Jusqu'à présent plus de quatre-vingts
nations l'ont utilisée ; elle va continuer d'accueillir, en orbite terrestre basse, de nouvelles recherches
et campagnes d'exploration pendant encore des années.
Le CNES et l'ESA ont été au coeur des quinze années de succès à l'actif de l'ISS. Les astronautes
français ont été parmi les membres d'équipage qui ont su faire de l'ISS non seulement une merveille
d'ingéniosité technique et d'infrastructure de recherche scientifique, mais également un symbole de
la collaboration pour le bien commun de différents pays et cultures.
Il est à signaler que désormais, grâce au concours du Ministère Français de l'Agriculture, de l'ESA
et du CNES, la gastronomie française a fait son entrée au menu de l'ISS ; une évolution dont tous
les astronautes, de quelque nationalité qu'ils soient, vous savent gré.
Grâce aux discussions que j'ai pu avoir au cours des derniers mois avec Jean-Yves Le Gall, Jean-
Jacques Dordain et avec de nombreux acteurs de premier plan de l'industrie et de la communauté
spatiales, je comprends beaucoup mieux les choix difficiles que devra faire la France en vue de la
prochaine réunion ministérielle de l'ESA.
J'entends bien sûr que les gouvernements des pays partenaires de l'ISS ne sont peut-être pas prêts à
trancher quant à la prolongation jusqu'en 2024 de l'ISS, néanmoins je nourris l'espoir que les
partenaires de l'ISS parviendront à une décision similaire à la nôtre dans un avenir proche, au terme
des processus gouvernementaux qui leur sont propres.
La période actuelle est une période de bouleversements et de promesses pour le programme spatial
américain. De la même manière que nous avons connu la transition entre l'ère Apollo et la Navette
Spatiale, nous assistons à un changement radical de notre approche de l'exploration spatiale.
Au cours de l'année écoulée, nous avons travaillé d'arrache-pied pour mettre en œuvre le plan
d'exploration spatiale établi par le Président Obama et soutenu par une majorité de représentants au
congrès américain, transcendant par la même les clivages politiques traditionnels.
En collaboration avec ses partenaires du secteur privé, la NASA a permis à des entreprises
commerciales américaines de révolutionner l'accès à l'orbite basse de la Terre, au moment même
la vénérable sonde Voyager 1 atteignait l'espace interstellaire.
En compagnie de onze de nos partenaires internationaux, nous avons, par le biais du Groupe
Internationale de Coordination sur l'Exploration Spatiale, publié une mise à jour de la Feuille de
Route Internationale pour l'Exploration, signifiant ainsi clairement que la communauté
internationale se mobilisait pour une stratégie unifiée concernant l'exploration de l'espace lointain,
au travers de missions habitées et robotiques vers des destinations telles que des astéroïdes croisant
à proximité de la Terre, la lune ou encore Mars.
Cette Feuille de Route met à profit les réussites collectives engrangées jusqu'à présent, elle vient en
appui de l'innovation et des nouvelles technologies, et renforce l'imbrication des explorations
humaines et robotiques, et ce au bénéfice de la communauté internationale dans son ensemble.
Ensemble, la NASA et le CNES ont réalisé des contributions essentielles dans des domaines allant
de l'exploration planétaire aux sciences de la Terre. Cette collaboration améliore la vie sur Terre, car
elle nous permet de mieux observer les changements des systèmes qui gouvernent notre planète,
permettant ainsi, entre autres, d'accroître la précision des prévisions météorologiques.
Avec au départ TOPEX/Poseidon puis avec la série de satellites Jason, la coopération franco-
américaine a permis d'inscrire la topographie océanique satellitaire au cœur de la surveillance du
niveau des océans, des prévisions de l'intensité des ouragans et des prévisions climatiques
saisonnières.
Le satellite Jason 3 compte à son bord trois instruments construits par la NASA; perpétuant ainsi
deux décennies d'observation satellitaire du changement du niveau des océans, il va renforcer la
précision des prévisions météorologiques, océaniques et climatiques.
La mission conjointe dite SWOT (pour « Surface Water Ocean Topography » ou « Mission de
Mesure du Niveau des Eaux de Surface »), dont le lancement est prévue pour 2020, fournira la
première étude globale des eaux de surface de la planète, nous permettant ainsi de beaucoup mieux
cerner la manière dont ces étendues d'eau évoluent dans le temps.
En outre, grâce à notre mission commune avec le CNES dite CALIPSO, nous comprenons mieux le
rôle que jouent les nuages et les aérosols dans la régulation des intempéries, du climat et de la
qualité de l'air sur Terre.
Mettant à profit l'intérêt tout particulier de la France pour l'exploration martienne, la NASA et le
CNES ont été des partenaires quasi-constants dans le cadre des missions vers la planète Mars au
cours des quinze dernières années. Celles-ci incluent : Mars Global Surveyor, Odyssey, Mars
Express, Spirit, Opportunity, Curiosity, et MAVEN. La prochaine étape de cette étroite collaboration
verra le CNES réaliser une contribution de première importance à l'atterrisseur Insight en 2016, à
savoir un sismographe.
La NASA s'est engagée dans une transition vers le secteur privé vis-à-vis des transports de fret et de
personnel vers l'ISS. A l'heure nous parlons, l'engin spatiale Cygnus de l'entreprise Orbital
Sciences est arrimé à l'ISS, dans le cadre du premier contrat de réapprovisionnement en
marchandises signé avec Orbital.
Ces partenariats commerciaux nous permettront ainsi, au sein de la NASA, de continuer à mettre
l'accent sur le développement de la prochaine génération de fusée de transport lourd, à savoir le
Space Launch System, ainsi que du véhicule passagers multi-usage Orion, qui nous emmènera au-
delà de l'orbite basse de la Terre, y compris pour nos missions vers un astéroïde d'ici à 2025 et vers
Mars au cours de la décennie 2030.
Je sais que des arbitrages importants attendent l'Europe cette année concernant le rôle du secteur
privé et le développement d'un véhicule de lancement. Quelque soit la voie empruntée par l'Europe
vis-à-vis de ce dernier, nous espérons qu'elle contribuera aux efforts réalisés de par le monde, qui
visent à emmener humains et robots vers des contrées plus lointaines de notre système solaire.
Comme je l'évoquais auparavant, tous nos efforts tendent vers la mise au point des technologies
nécessaires aux missions dans l'espace lointain.
Nous estimons que notre mission ARM (pour « Asteroid Redirect Mission » ou « Mission de
Réorientation d'un Astéroïde ») nous rapprochera de notre but au fur et à mesure que nous
perfectionnerons ces technologies. Le budget 2014 de la NASA, récemment approuvé, prévoit une
enveloppe dédiée à la définition détaillée de cette mission. Nous avons pour projet de combiner nos
capacités d'explorations humaine et robotique pour capturer un astéroïde passant à proximité de la
Terre et l'orienter vers une orbite lunaire stable, pour ensuite s'y rendre grâce à Orion et au SLS,
afin de permettre aux astronautes de collecter et de rapporter des échantillons sur Terre .
Nous appelons de nosux une participation internationale à la mission « Astéroïde » tout comme
à la mission martienne.
Nous sommes fiers du rôle de premier plan que joue la NASA, néanmoins nous sommes conscients
que les succès des cinquante dernières années en matière de vols scientifiques et habités n'auraient
pas été possibles sans coopération internationale.
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