
Il est alors illusoire de croire à l’efficacité durable,
de quelques manœuvres manuelles ou de quelques
séances, pour rétablir un équilibre viscoélastique
fonctionnel.
Réaccorder sa colonne devient un acte de mainte-
nance quotidienne. Ce doit être une hygiène de vie,
une « toilette viscoélastique » journalière. Cette
partition (la Relaxation Viscoélastique Vertébrale)
qui réaccorde ce double instrument vertébral
est accessible à tous. Elle doit être individuelle,
personnelle, donner l’autonomie au pratiquant,
à l’instar du pianiste qui fait ses gammes. Elle
devient alors un vrai plaisir relaxant (+ 2cm). Pour
les patients en grande souffrance, le thérapeute
peut les « coacher », et initier la découverte de leur
« chemin viscoélastique » en jachère (exploration
plus difficile pour eux). Cela se fait sur 3 séances
et sur une période de 2 mois. Le patient doit devenir
rapidement indépendant, sachant interpréter ses
propres informations. Il est en addiction à la poutre,
et non pas à son thérapeute.
Quand le patient maîtrise complètement cet outil
de la Relaxation, il devient alors très intéressant
de le faire progresser encore, en mariant cet outil,
aux techniques d’étirement actif et de gainage…
Dans la logique viscoélastique, l’ordre chronologique
efficient est :
→ relaxation axiale,
→ relaxation axiale et périphérique (les membres),
→ étirement actif suivi de récupération par la
relaxation,
→ gainage suivi de récupération par la relaxation.
La relaxation reste toujours prédominante dans
la notion de récupération. En effet, « étirement
actif » et « gainage » sont des démarches de
compression fluidique.
Les lombalgies chroniques attestent la compression
permanente, de la colonne lombaire. Malgré
l’ergonomie, la prophylaxie, comment améliorer
durablement cette colonne, si les protocoles ciblant
les muscles sont encore, de nature compressive ?
3. La Poutre de relaxation
3.1 Le rodage vertébral
Le rodage articulaire vertébral est une période
absolument nécessaire pour rendre compatible
et confortable la poutre.
La non-réactivité des cordes, sous tension
d’allongement doux est l’objectif prioritaire. Il faut
« amadouer » le système vertébral, il faut inhiber
toutes les contractures profondes… Les postures
passives (trop prolongées) mais agressives sur
la poutre ou les postures d’étirement actif sont
de nature compressive sur la colonne fluidique...
Pourtant la persévérance douce, fragmentée et
répétée par des séquences courtes fait « sauter »
tous les verrous. L’initiation avec une précaution
maximale est de réaliser des postures de 3 mn /
3 fois par jour (pendant 1 semaine), puis 5 mn /
3 fois par jour (1 semaine) puis 10 mn / 2 fois par
jour… enfin couramment 20 mn / 1 fois par jour
en soirée.
Il y a aussi des procédures très spécifiques, selon
l’âge du patient, sa souplesse conservée ou perdue,
sa qualité de sportif ou non… Quand le pratiquant est
âgé, en surpoids, ou en grande difficulté de confort
sur la poutre, il faut utiliser des accessoires d’appui
sous les omoplates (2 annuaires de téléphone),
un coussin sous la tête. La persévérance doit être
douce, sans réaction négative lors du retour vertical
(après l’arrêt de la posture horizontale sur la
poutre).
Cette période de rodage peut durer de quelques
jours à plusieurs semaines. L’octogénaire aura
peut-être besoin de 6 semaines. L’important est
d’arriver à cette sensation de bien-être sur la
poutre, peu importe la durée de cette phase de
démarrage.
Cette pratique peut se faire au sol chez soi, sur le
lieu de travail lors des moments de pause, sur les
pelouses l’été… le matin, le midi, le soir, même la
nuit quand le lit devient insupportable…
3.2 Qu’apporte cette pratique sur la poutre,
pour le thérapeute et le patient
Cette approche est déroutante pour le thérapeute
manuel. Le professeur de violon a une pédagogie
subtile qui lui permet de s’adresser à tous ses
élèves quelque soit leur niveau. Il a lui-même une
pratique passionnée de son instrument depuis de
nombreuses années…
Le thérapeute qui n’aura qu’une connaissance
théorique de la Relaxation Viscoélastique
Vertébrale aura le niveau basique de son patient…
À l’inverse, celui qui fera régulièrement ses gammes
sur lui-même, aura la capacité de partager et de
faire progresser plus facilement son patient. À son
tour, l’élève va se détacher du maître. Il explore son
corps, et découvre seul, sa propre vérité. Il devient
complètement autonome dans sa relaxation.
Dans cet article, je veux vous ouvrir un chemin
complètement identique et pourtant très différent.
Il s’appuie sur les mêmes thèmes fondamentaux,
les mêmes lois, mais cette fois, dans l’objectif de
la prévention tertiaire.
Cet article, par définition « court », n’ébauche
que les thèmes essentiels de la viscoélasticité du
rachis, par rapport à la « lombalgie chronique ».
Il faut pourtant les approfondir, les densifier par
votre propre « travail d’écoute » sur vous-même.
Vous devenez maître, capable d’enseigner à vos
patients.
4. L’approche de la douleur
chronique par la Relaxation
✓
1er Objectif : se faire du bien
Cette approche est la plus importante. Lorsqu’elle
est réussie, le reconditionnement à l’effort
devient plus facile. La pérennisation dans le
temps sera acquise. Le pratiquant redevient
confiant dans ses seuls et propres moyens.
C’est encore une grande différence, avec les
autres pratiques de reconditionnement à l’effort,
où l’on tient compte a minima, du terrain
douloureux préexistant.
4.1 Auto-pompages par le bercement des
culbutos (diaphragme thoracique)
Sur la poutre, j’ai défini le rachis par 3 culbutos
et 2 zones de liaison (lombaire et cervicale). J’ai
aussi défini un clavier abdominal à 10 touches
qui permet de contrôler toutes les informations
proprioceptives de la colonne {Photo 3}.
Le diaphragme thoracique et ses synergies ont
la capacité à manipuler (en micromouvements),
et à bercer toutes les vertèbres de notre rachis,
sur la poutre :
• La touche 1 correspond à l’inspiration
diaphragmatique abdominale ;
• La touche 2 correspond à l’inspiration
diaphragmatique thoracique inférieure ;
• La touche 3 correspond à l’inspiration
diaphragmatique thoracique supérieure ;
• La touche 4 correspond à l’expiration
abdominale par le transverse abdominal ;
• La touche 5 correspond à l’expiration
thoracique inférieure par les obliques ;
• La touche 6 correspond à l’expiration
thoracique supérieure par les grands droits.
La Relaxation Viscoélastique Vertébrale pérennise le recondionnement à l’effort, chez le lombalgique chronique / SPÉCIALITÉS PRÉVENTION
Photo 3 : Les 3 culbutos en position neutre
46
Profession Kiné N°48 - Le magazine des masseurs-kinésithérapeutes passionnés