« La pente de la bureaucratie culturelle, si prompte pourtant à
invoquer la défense de la culture contre ses agresseurs mercantiles ou
étrangers, est de brimer la demande de ces publics divers, au nom
d’un non-public anonyme, qu’il faut, malgré lui, amener au théâtre, à
l’opéra, au concert, au musée, à la bibliothèque. Cet impératif abstrait
sacrifie le réel à une entité imaginaire (le suffrage universel de la
Culture), et la qualité à la quantité. On retombe dans ce que l’on
prétendait fuir : la médiocrité du grand commerce, et l’on y retombe
en s’embrouillant dans des contradictions que le grand commerce,
plus naturel dans son ordre, ne connaît pas. »
Marc Fumaroli, L’Etat culturel : une religion moderne,
Editions de Fallois, 1992, 410 p.