sur le déroulement des réunions du Conseil
général. C'est dans ce journal qu'il relata les
protestations de l'opposition provoquées par
les procès intentés contre les personnalités
de l'opposition siégeant à la Diète de 1832-
36. Le pouvoir réagit en sommant Kossuth
de cesser ses activités, puis en décidant de le
traduire en justice pour crime de lèse-
majesté. Arrêté le 5 mai 1837, il fut
condamné à plusieurs années de prison.
L'arrestation de Kossuth suscita une
consternation générale. L'intervention
vigoureuse du régime provoqua toute une
série d'actions protestataires. En prison,
Kossuth ne passa pas tout son temps à
élaborer sa défense. Peu après son
arrestation, il demandait déjà à sa mère de
lui envoyer des livres. Ainsi s'efforçait-il de
rester en contact avec le monde extérieur. Il
perfectionna aussi ses connaissances
d'anglais. Il traduisit et adapta de l'allemand
l'ouvrage de Samuel Wilderspin sur
l'éducation des enfants en bas âge et
commença aussi à traduire Macbeth de
Shakespeare. Afin de se tenir au courant de
la politique, il lisait régulièrement une
demi-douzaine de journaux hongrois et
allemands. Les lettres écrites à ses parents
de sa prison constituent les pièces majeures
de son uvre littéraire, certaines d'entre
elles sont de véritables essais.
La captivité ne brisa donc pas Kossuth et
grâce aux changements politiques, il ne dut
pas purger sa peine de quatre ans. Trois
mois après sa condamnation, la nouvelle
Diète se réunit le 2 juin 1839. Profitant
d'une erreur politique commise par le
gouvernement, la Chambre basse réclama
dans une adresse la cessation des poursuites
contre Wesselényi, Kossuth et László
Lovassy (1815-1892), ainsi que leur
libération. La Cour fut contrainte de céder,
et le 10 mai 1840 Kossuth fut libéré. Le 9
juin 1840, à la réunion du Conseil général
du comitat de Pest, Kossuth remercia la
population du comitat de l'avoir soutenu
avec tant de persévérance et d'efficacité.
Durant sa captivité, il avait perdu son
père László Kossuth, le 13 juin 1839.
Désormais, il devait subvenir seul aux
besoins de la famille Kossuth. Il se produisit
encore un autre changement important dans
la vie privée de Kossuth. En été 1840, il fit
la connaissance de Terézia Meszlényi,
originaire d'une famille catholique noble de
Transdanubie. Peu de temps après, le 9
janvier 1841, Kossuth épousait sa fiancée.
Après sa libération, il ne se retira point
de la vie politique. A Vienne aussi, on
préférait l'avoir à l'oeil; ainsi Lajos
Landerer (1800-1854), propriétaire d'une
imprimerie, fut-il autorisé à lui confier la
rédaction du Pesti Hírlap (Journal de Pest).
Il remplit cette fonction du 2 janvier 1841
au printemps de 1844. Dans de nombreux
articles, il propagea des idées réformistes
en démontrant le caractère intenable du
régime féodal en place. Dans la rédaction
du journal, il s'appuyait également sur les
membres de l'opposition. C'est lui qui a
écrit le premier éditorial de la presse
hongroise, ce qui montre bien la modernité
de son journal. (C'est encore lui qui a créé
l'équivalent hongrois du mot éditorial.)
Passé de 60 à 5000, le tirage de cette
publication était le plus fort dans la
monarchie des Habsbourg. Son poste de
rédacteur permit aussi à Kossuth de
consolider sa situation matérielle.
C'est au sujet des articles parus dans
Pesti Hirlap que s'engagea le grand débat
entre Kossuth et Széchenyi sur la tactique à
suivre par l'opposition réformiste.
Széchenyi désapprouvait l'attitude trop
ferme et trop critique de Kossuth et
s'opposait à la détérioration des rapports
avec l'Autriche. Il attaqua Kossuth dans
son livre Kelet népe (Le Peuple de l'Est),
puis dans une douzaine d'articles.
Kossuth et les premiers billets de banque hongrois
« Lajos Kossuth veille au pays »- caricature