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Quelles sont les causes de l’endettement public du Québec ? – IRIS
Principales conclusions
• La période de croissance importante du poids de
la dette publique dans l’économie québécoise com-
mence en 1982, soit après et non pendant la période
de croissance importante du poids des dépenses en
biens et services publics dans l’économie québécoise.
• En fait, sur toute la période étudiée, la croissance
du poids des dépenses en biens et services publics
dans l’économie québécoise est faiblement liée à la
croissance du poids de la dette brute et n’est aucu-
nement liée à la croissance du poids de la dette
nette dans l’économie québécoise.
• Les deux éléments centraux qui ont causé la hausse
de l’endettement du Québec sont plutôt la politique
monétaire restrictive du Canada pendant les années
1980 et le virage idéologique qu’a connu l’État
québécois de 1982 à aujourd’hui.
• Cette étude présente des simulations qui illustrent les
eets de la politique monétaire restrictive du gouver-
nement fédéral (en calibrant le service de la dette, le
recours à l’aide sociale et les transferts fédéraux) et de
la réorientation idéologique de l’État (en éliminant
les privatisations d’entreprises publiques et les impor-
tantes baisses d’impôt aux entreprises, et en gardant
stable le niveau d’imposition des particuliers).
• Ces simulations ont pour eet de réduire la dette du
Québec d’au moins 280 G$.
• Selon nos scénarios les plus prudents, cela réduirait
le niveau d’endettement brut du Québec, en 2008,
à 31,6 G$, soit environ 10,4 % du PIB québécois.
En tenant compte de la valeur des actifs nanciers
détenus par le gouvernement en 2008, la dette nette
du Québec, quant à elle, aurait été négative, ce qui
aurait constitué en réalité un surplus nancier net
d’environ 48,4 G$.
• En fait, suivant ces simulations, le gouvernement
n’aurait accumulé aucune dette depuis 1984 et aurait
pu éliminer complètement celle contractée avant par
la vente partielle de ses actifs nanciers.
• Ces simulations nous permettent de conclure que
la dette du Québec a été causée d’abord par la
diminution des transferts fédéraux (32 %) et par
la privatisation d’entreprises publiques couplée à la
baisse de l’impôt des entreprises privées (30 %). La
hausse du service de la dette due à de hauts taux
d’intérêt réels (21 %), les baisses d’impôt aux par-
ticuliers (14 %) et les hausses de demandes d’aide
sociale en temps de crise économique (3 %) ont
également eu un impact.
SOMMAIRE
Dans l’espace public, il est courant d’armer que le
Québec est lourdement endetté à cause de programmes
sociaux généreux qui lui coûteraient très cher. Par cette
étude, l’Institut de recherche et d’informations socio-
économiques (IRIS) cherche à vérier cette armation.
Cette étude représente la première analyse de la dette
du Québec ayant des données comparables entre elles
de 1961 à 2008.