PROFACILITY MAGAZINE N° 31 SEPTEMBRE 2011 3
Deux vidéos ont fait le tour de la « Toile » voici quelques
semaines : avec beaucoup d’humour, Renault-Nissan nous
emmène dans un monde absurde où la photocopieuse, le PC,
le four à micro-ondes, le sèche-cheveux, etc., sont « naturellement »
mus par de très salissants et fumants moteurs à explosion (à voir
sur www.profacility.be). Avec toutes les conséquences cocasses que
cela suppose. Le but est de nous faire dépasser l’idée qu’une voiture
est « naturellement » dotée d’un moteur à essence ou diesel. Et qu’il
pourrait aussi bien être électrique. Si la méthode est efficace, elle
ne doit pas nous faire adopter des idées simplistes : oui, l’électricité
est propre là où elle est utilisée, mais là où elle est produite, elle
est au moins aussi (voire plus) polluante que le pétrole. Si la voiture
elle-même n’émet pas de CO2 sur place, il a fallu en émettre en
centrale électrique. Et pas un peu : le rendement des anciennes
centrales électriques est tellement faible que pour produire une
unité d’énergie électrique, ce sont jusqu’à 2,5 unités d’énergie fossile
qu’il faut brûler.
Ceci ne remet pas en question la voiture électrique, qui est en effet
la solution de bon sens si trois autres logiques sont poussées elles
aussi jusqu’au bout : trouver une source d’électricité non polluante,
réduire les besoins en électricité en général, favoriser d’autres
moyens de transport que la voiture (et réduire les déplacements
inutiles).
Nous n’en sommes en effet qu’aux débuts d’un processus de
« désintoxication » de notre société « carbon-addict ». La deuxième
vague de mesures européennes sur la performance énergétique
des bâtiments (PEB) s’annonce aussi déferlante que la première.
Cette directive PEB « recast » du 19 mai 2010 (2010/30/UE) est une
refonte de l’actuelle législation et elle la dépasse : elle exige qu’à
partir du 1er janvier 2021, toutes les nouvelles constructions soient
« pratiquement neutres d’un point de vue énergétique ». Le très
faible solde d’énergie encore nécessaire au fonctionnement d’un
bâtiment devra provenir de manière très significative d’énergies
renouvelables notamment produites sur place.
Et ce n’est pas tout : le 22 juin dernier, la Commission a publié un
projet(1) de directive qui modifiera la directive 2010/30/UE dans le
sens d’un durcissement. Parmi les mesures proposées : rendre
le Plan d’efficacité énergétique (PEE) de 2008 contraignant pour
les États. Cela se traduira dans le droit régional par des mesures
concrètes. Ainsi, le niveau E actuel (qui vient de passer de E100 à E80
en Wallonie) atteindra E30 à E10 dans les 10 ans dans toute l’Union.
Ceux qui anticipent ces tendances construisent maintenant des
bâtiments qui auront encore de la valeur demain. Quant aux autres…
Patrick BARTHOLOMÉ
Rédacteur en chef
redaction@profacility.be
Un monde de moins
en moins absurde
éDITORIAL
Günther Oettinger,
commissaire européen à l’Énergie
doc. Service de presse de la Commission européenne
(1) Télécharchargez ce texte sur
www.profacility.be/references
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