M. Tubiana-Hulin et al. / Revue du Rhumatisme 75 (2008) 332–338 333
Tableau 1
Origine des principales métastases osseuses et leur type histologique principal
identifié lors d’autopsie [28]
Site de la tumeur primitive Type histologique principal Fréquence (%)
Sein Adénocarcinome 32,6
Bronches Carcinome épidermoïde 16,8
Inconnu Variable 10,9
Prostate Adénocarcinome 7,7
ORL Carcinome épidermoïde 7,4
Rein Adénocarcinome 4,2
Peau Mélanome 1,9
Vessie Carcinome transitionnel 1,6
Cependant, une telle attitude est remise en question, en rai-
son d’une amélioration des techniques de prélèvement et du
développement des techniques immnohistochimiques et molé-
culaires pouvant influer sur la prise en charge (voir le chapitre
Pathologie).
Une deuxième situation clinique est celle où manque l’un des
éléments de ce trépied. Il existe un antécédent de cancer mais la
localisation osseuse est unique, l’aspect radiologique est inha-
bituel, les marqueurs spécifiques de la tumeur primitive connue
sont normaux. Un antécédent de cancer, même ostéophile, ne
suffit pas à affirmer la filiation. Il faut recourir au prélèvement
osseux dirigé, cytoponctions, biopsies au trocart, plus rarement
la biopsie chirurgicale.
2. Métastases osseuses révélatrices sans antécédent de
cancer
Elles sont révélées par des douleurs osseuses ou une compli-
cation, fractures spontanées ou survenant après un traumatisme
minime, compressions neurologiques, hypercalcémie... le plus
souvent chez des sujets de plus de 60 ans.
Cela explique la prise en charge habituelle en milieu rhuma-
tologique ou en médecine interne, et plus rarement, d’emblée en
chirurgie orthopédique ou neurochirurgie.
2.1. Diagnostic de métastase osseuse
Il repose sur l’imagerie et l’anatomie pathologique. Dans le
temps imparti à la réalisation de ces examens, on conduit la
recherche de la tumeur primitive par une démarche systéma-
tique, secondairement orientée par les résultats histologiques.
Le diagnostic de métastase osseuse est évoqué sur les radio-
graphies standard réalisées en première intention, de faible
sensibilité mais de bonne spécificité, montrant des lésions
d’aspect lytique, mixte ou condensant. La scintigraphie osseuse
au technétium-99 est un examen très sensible qui explore
l’ensemble du squelette, très évocateur quand les images sont
multiples et extra-articulaires ; mais, peu spécifique, rarement,
elle met en évidence une tumeur primitive osseuse méconnue.
Le scanner centré sur la zone douloureuse ou hyperfixante est
plus sensible que les radiographies osseuses et a une très bonne
spécificité. Il montre la destruction osseuse, l’envahissement des
parties molles et permet de guider un geste local biopsique ou
thérapeutique (cimentoplastie ou chirurgie). L’IRM enfin est très
sensible et montre au mieux l’extension locorégionale intramé-
dullaire, vers des parties molles et des structures neurologiques,
mais sa spécificité est moindre que les examens aux rayons X
qui apprécient la structure osseuse.
2.2. Recherche de la tumeur primitive
L’examen clinique requiert un interrogatoire soigneux, avec
une recherche des antécédents personnels et familiaux, du mode
d’apparition des troubles et un examen clinique complet en par-
ticulier de la peau, des seins, des aires ganglionnaires, de la
thyroïde, des touchers pelviens et de l’examen des testicules.
La découverte d’une anomalie conduit à réaliser des examens
complémentaires dirigés.
Il n’y a pas de consensus définitif sur l’imagerie et les exa-
mens biochimiques systématiques en l’absence de piste clinique,
ce d’autant que l’introduction de nouvelles techniques peut faire
reposer la question de l’utilité de chacun d’entre eux [6]. Ce bilan
doit répondre à plusieurs impératifs :
•il doit être efficace, susceptible de dépister les tumeurs les
plus fréquentes et surtout celles conduisant à un traitement
antitumoral spécifique ;
•il doit être rapide afin de ne pas prolonger l’hospitalisation,
majorer l’inconfort du patient et allonger le délai avant trai-
tement.
La majorité des auteurs s’accordent pour juger indispensable
la réalisation d’une mammographie chez la femme même s’il est
rare que l’examen clinique ne montre pas d’anomalie évocatrice
[7]. En effet, il s’agit d’une tumeur très fréquente, ostéophile, et
pour laquelle les possibilités thérapeutiques sont nombreuses.
La radiographie pulmonaire est classiquement demandée, car
l’origine pulmonaire de ces métastases osseuses inaugurales est
très fréquente [2,8], aussi bien chez l’homme et que chez la
femme. Mais elle doit logiquement être remplacée par le scanner
thoracique, dont l’obtention est rapide et qui accroît le taux de
détection de ces tumeurs [9,10].
Une exploration abdominale est utile ; plutôt que
l’échographie abdominale, là encore, le scanner parait
plus performant. On s’attache en particulier à l’exploration de
l’étage sus mésocolique et des reins et surrénales. La réalisation
dans un même examen, du scanner thoracoabdominopelvien
limite les désagréments pour le patient.
Si ces explorations sont négatives, seuls les examens dirigés
(par une anomalie clinique, une particularité de l’étude anatomo-
pathologique, un test biologique) apparaissent justifiés. En leur
absence, les pan-endoscopies ont une rentabilité très faible et
n’ont habituellement pas de sanction pratique.
La tomographie par émission de positron (TEP) au 18-
fluorodéoxyglucose couplée au scanner est un examen de haute
sensibilité qui permet la détection de nombreux foyers tumoraux
ayant échappés aux autres investigations. Son utilisation est de
plus en plus fréquente en pratique oncologique. Cette technique
qui détecte des processus hypermétaboliques a l’avantage d’une
résolution spatiale élevée (aux alentours de 5 mm) et de per-
mettre l’exploration du corps entier en un seul examen. Son