
Medef MAG’
La lettre des entrepreneurs isérois
N° 179 - Septembre 2013 - 5 200 exemplaires
EDITO
————————————————————
«La chimie n’est pas Le probLème,… mais La soLution ?»
La Chimie en France c’est 90 Milliards d’€ de CA (12 pour Rhône-Alpes), 200 000 salariés directs
(31 500 en Rhône-Alpes), 500 000 si on y ajoute les emplois induits. La chimie c’est aussi 4,4 mil-
liards d’€ d’excédents commerciaux, 3,7 milliards d’€ d’investissements et 1,5 milliard d’€ consacrés
à la R&D. Par ailleurs, l’industrie chimique a réduit de 50% ses émissions de gaz à effet de serre de
1990 à 2005 et a prévu de les réduire encore de 20% d’ici 2020.
Mais ces belles performances ne doivent pas nous masquer la réalité. La chimie française recule ;
nous sommes passés de la 5ème place en 2000 à la 7ème place mondiale en 2011 et nous
sommes confrontés à de multiples défis et enjeux de compétitivité, dont trois sont critiques : l’énergie,
la fiscalité et la pression règlementaire.
L’industrie chimique est le premier consommateur industriel d’énergie en France (24% des consom-
mations énergétiques de l’industrie, 40% pour le Gaz Naturel) et le coût de l’énergie représente en
moyenne, pour l’amont de la filière, entre 15 et 20% de ses prix de revient.
Or, le contexte international est marqué par deux bouleversements profonds : la révolution énergé-
tique aux Etats-Unis avec l’exploitation des gaz de schiste et le soutien gouvernemental des indus-
triels intensifs en énergie en Allemagne.
Le prix du gaz est 3 à 4 fois moins cher sur le marché américain qu’européen. La pétrochimie, ainsi
que la production industrielle aval se redéveloppent rapidement (200 000 nouveaux emplois dont
40 000 pour la chimie). Ces productions arriveront bientôt sur les marchés mondiaux et d’autres
pays comme l’Allemagne, l’Angleterre, la Pologne, la Chine, l’Australie comptent utiliser ce levier
de croissance en explorant leurs potentiels en hydrocarbures non conventionnels. En outre, les
sites électro-intensifs allemands paient leur coût complet d’électricité (incluant taxes et contribution)
jusqu’à 20% moins cher qu’en France.
L’industrie Chimique a besoin d’un accès pérenne et sécurisé à une énergie compétitive. C’est pour-
quoi nous demandons que soit examiné le potentiel du gaz de schiste et son impact sur l’emploi et
que soit défini le statut du gazo-intensif et de façon générale de l’énergie intensive pour les secteurs
exposés délocalisables. Nous attendons également un support clair au développement d’énergies
alternatives sur le long terme, en particulier la biomasse, pour favoriser la transition énergétique des
industriels.
La fiscalité industrielle environnement et énergie représente déjà au total 13,2 % de la valeur ajou-
tée, son plafonnement est vital pour notre industrie. Tout mécanisme additionnel, comme une taxe
carbone, aurait un lourd impact. Les coûts de la transition énergétique ne peuvent être supportés par
nos entreprises. En Allemagne, ils le sont par les ménages (coûts prévisionnels de 1000 milliards
d’€ d’ici à 2040).
Nous entendons : «oui, mais il y a le CICE…». Qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, le crédit d’impôt ne
profite pas à notre industrie, surtaxée d’un côté alors que de l’autre côté, l’assise du CICE sur une
assiette de salaire allant jusqu’à 2,5 fois le SMIC, exclut de fait une bonne partie des salariés très
qualifiés que nous employons et dont les salaires sont plus élevés.
Enfin, l’équilibre entre pression réglementaire et compétitivité est rompu. Il convient d’arrêter l’inflation
réglementaire, hors coûts pour l’Etat, et de sanctuariser les plateformes dédiées à la chimie. Les
missions de simplification se succèdent sans que nous ne voyions de progrès. Et, pour couronner le
tout, une «sur-transposition» française de certains textes européens vient s’ajouter
à une règlementation d’origine nationale : PPRT, séisme, plan de modernisation
des équipements...
La Chimie est tout sauf une industrie du passé. Elle est impliquée dans l’éco-
nomie circulaire ; elle maintient une bonne capacité à innover; elle fournit aux
autres secteurs des produits et des solutions leur permettant de réduire leur
empreinte environnementale et climatique en particulier.
Soyons fiers de nos résultats et combatifs pour défendre notre compétitivité. La
chimie n’est pas le problème,…. mais la solution.
Jean-Louis MARTIN
Président de l’UIC Rhône-Alpes
BRÈVE
———————————————————
CARTES SUR TABLE 2013 :
ACCÉLÉRER LA TRANSFORMATION
«Cartes sur table 2013»,
vient de sortir. Les
chiffres, les courbes, les
«benchmarks» sont impi-
toyables. Ils décrivent
implacablement le dé-
crochage de la France.
Ce n’est plus une pro-
babilité ou un risque,
c’est une réalité.
Depuis trois ans, le MEDEF ne cesse de
marteler notre besoin de compétitivité. Le
Gouvernement a enfin cessé de le contester
en lançant un Pacte de Compétitivité et le
MEDEF a co-écrit avec trois organisations
syndicales le livre: “Réinventer la croissance”.
Au-delà du diagnostic, des premiers actes
majeurs ont été posés avec le CICE, la
réforme du marché du travail avec l’accord
du 11 janvier 2013 et la modification de la
fiscalité sur les plus-values de cession.
Les chiffres de ce «Cartes sur table 2013»
sont là pour donner un coup d’accélérateur
à ce processus de transformation. Leur lecture
et leur interprétation donnent la clé de la
stratégie économique à mettre en œuvre.
La voie est étroite mais elle existe. Nous
l’appelons «le désendettement compétitif»:
nous devons impérativement rééquilibrer nos
comptes publics et réduire notre dette tout en
donnant des perspectives aux entrepreneurs,
aux investisseurs, aux consommateurs et aux
salariés.
L’inversion de la tendance passe par des
réformes structurelles, au premier rang
desquelles le MEDEF propose la remise
à plat du système de financement de
protection sociale. Quant à la stimulation
de la croissance, elle repose notamment sur
le double enjeu énergétique et numérique.
Toute grande ambition doit inclure un accès
sécurisé à une énergie bon marché d’une
part, le déploiement d’un plan numérique
favorisant la création de valeur d’autre part.
La mutation réussira si elle s’opère dans un
cadre attentif au projet européen, constructif
avec les organisations syndicales, et ouvert à
toutes les composantes de notre société.
Pour recevoir « Cartes sur table 2013 » :
medefisere@medef-isere.com