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LYON ENTREPRISES.COM DU 30 MAI 2013
PIERRE GATTAZ, CANDIDAT A LA PRESIDENCE DE
L'ORGANISATION PATRONALE : « JE SUIS POUR UN MEDEF DE
COMBAT »
Propos recueillis par Dominique Largeron
En compagnie des quatre autres candidats, Pierre Gattaz, 51 ans, était présent à Lyon le
mercredi 29 mai devant près de deux cents chefs d'entreprises pour défendre sa
candidature à la tête du Medef. Celui qui apparaît comme le favori car soutenu par trois
grosses Fédérations (métallurgie, banque et assurances) et a déjà réussi à engranger de
nombreux soutiens dans la région est sans conteste le plus rhônalpin des chefs
d'entreprise en lice pour briguer le titre de patron des patrons. Interview.
Votre comité de soutien compte de nombreux chefs d'entreprises de Rhône-Alpes, tels Bernard Gaud, président
du Medef Rhône-Alpes, Bruno Lacroix d'Aldes et président du Ceser, Patrick Bertrand de Cegid, Jean Vaylet, le
président de la CCI de Grenoble, Elisabeth Ducottet, Pdg de Thuasne à Saint-Etienne...
Pierre Gattaz-C'est vrai, comme l'illustre l'histoire de l'entreprise que je dirige, Radiall,
je suis considéré en quelque sorte par eux comme l'enfant du pays...
Votre société, Radiall a en effet un rapport historique avec Rhône-Alpes et plus précisément le bassin
grenoblois...
Mon père, Yvon et mon oncle Lucien étaient deux Berjalliens qui sont montés à Paris où
ils ont créé Radiall, en 1952, une société spécialisée dans la connectique.
En 1962, ils ont créé une usine à Voiron que nous avons dû démanteler il y a quelques
années car elle ne correspondait plus aux nécessités techniques de l'époque.
Quelle présence, la société Radiall conserve-t-elle dans la région ?
Si notre siège est basé à Rosny-sous-Bois en région parisienne, nous possédons deux
sites de fabrication dans la Région : à Voreppe et à l'Isle d'Abeau. En joint-venture, nous
avons également une activité dans l'automobile qui fait travailler une cinquantaine de
personnes à Voiron. Non loin de la région, nous avons également racheté il y a six ans
une entreprise à Dôle dans le Jura.
Notre groupe compte 2 500 personnes au total, dont la moitié en France et près de 700
en Rhône-Alpes.
On n'imagine pas un président du Medef à mi-temps. Comment allez-vous vous organiser alors que vous êtes
actuellement un chef d'entreprise de plein exercice ?
J'ai la chance d'être entouré d'une équipe de quatre dirigeants que j'ai moi-même
embauchés il y a une quinzaine d'années et avec qui j'ai réussi à internationaliser
l'entreprise, en travaillant avec Boeing, en nous implantant en Inde par exemple.
Ces cadres possédent trois qualités indispensables, selon moi et comme le souligne
Warren Buffet, qui sont l'énergie, l'intelligence et la loyauté. Un des quatre prendra
probablement le poste de directeur général.
Ma prise de recul de Radiall ne posera donc pas de problème dans la mesure où nous
avons quitté le secteur des télécoms très instable avec lequel nous réalisions 70 % de
notre chiffre d'affaires pour nous diriger vers l'aéronautique, le militaire qui font
désormais 66 % de notre chiffre d'affaires et l'instrumentation.
Je suis donc serein. Je compte néanmoins, si je suis élu, passer chez Radiall deux demijournées par semaine. Un dirigeant du Medef a besoin d'une « prise de terre » pour
continuer à être relié au terrain, à la vie réelle.
On vous voit plus comme un patron de combat que comme un patron adepte du consensus, non ?
Je suis avant tout un chef d'entreprise qui se bat, qui est un compétiteur.
Si suis élu, je vois mon action à la tête du Medef comme une bataille pour l'économie,
pour l'emploi. Il n'y a pas de temps à perdre, nous sommes dans l'urgence. Notre pays
est dans une situation difficile. Il est encalminé.
Il n'a pas accepté l'économie de marché, la mondialisation. Il n'a pas encore compris
que l'entreprise est après la famille, son bien le plus précieux.
Nous devrions sanctuariser l'entreprise pour sortir le pays du pétrin. Je suis donc
effectivement pour un Medef de combat, positif, adepte de la pédagogie, mais aussi de
pragmatisme et de dialogue social.
Un accord « pour la croissance » vient d'être signé par Laurence Parisot, la présidente actuelle et trois syndicats
réformistes. Est-ce le type d'initiatives que vous allez poursuivre ?
Cet accord est effectivement très intéressant. Il fait suite au rapport sur la compétitivité.
Tous deux prouvent que l'on peut avoir dans notre pays une convergence économique et
sociale. De tels accords nous permettent de développer le dialogue social, de ne pas être
statiques : c'est tout-à-fait le type d'initiatives que j'entends développer dans le cadre de
mon projet « France 2020. »
Quel est donc précisément votre programme ?
Vu la situation économique de notre pays, je veux proposer un remède de cheval à
travers un choc de fiscalité, un choc de compétitivité et un choc de simplification.
Le choc de fiscalité : il est impératif qu'on arrête de décourager l'emploi et la prise de
risques. La taxation à 75 % des salaires de plus de un million d'euros va amener les
cadres supérieurs à quitter l'Hexagone.
Un choc de compétitivité, ensuite. Le coût du travail est en France supérieur de 50
milliards d'euros par rapport à la moyenne européenne. Il faut remettre en œuvre la TVA
sociale qui a été développée dans de nombreux autres pays.
Enfin, pour le choc de simplification, je propose que pour une loi adoptée, on en
supprime deux autres. Chaque année, notre code du travail croît de 50 à 100 pages
supplémentaires. Cela n'est plus possible !
Photo (saisie d'écran de TLM)-En compagnie des quatre autres candidats, Pierre
Gattaz a été auditionné à l'ESDES, à Lyon, en présence de près de deux cents chefs
d'entreprises.
Publiée le 30 mai 2013 par Dominique Largeron.
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