du 18 au 22 janvier 2012 © Joël Mathieu du mercredi au dimanche | 20h, sa 18h & 20h30, di 17h & 20h Les soliloques de Mariette d’après Albert Cohen mise en scène Anne Quesemand Saison 2011-2012 | Dossier de presse Benoît Frachebourg · chargé de communication | [email protected] | +41 (0) 32 717 82 05 Théâtre du Passage | 4, passage Maximilien-de-Meuron · CP 3172 · 2000 Neuchâtel | www.theatredupassage.ch La Maison du Chat bleu présente LES SOLILOQUES DE MARIETTE Extraits de BELLE DU SEIGNEUR d’Albert COHEN avec l’aimable autorisation des éditions Gallimard Interprétation Anne DANAIS Mise en scène Anne QUESEMAND Lumières Samuel ZUCCA du 25 septembre 2010 au 2 janvier 2011 PARIS - PETIT MONTPARNASSE Myriam FEUNE DE COLOMBI et Bertrand THAMIN www.petitmontparnasse.com tournée 2011 SAINT JULIEN EN BORN (40) - 29 janvier LA ROCHELLE (17) - LA COURSIVE Scène Nationale - 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9 et 10 février ÉPINAL (88) - ATP DES VOSGES - 13, 14, 15 et 16 février FIRMINY (42) - 18 février SAINT GERMAIN EN LAYE (78) - THÉÂTRE ALEXANDRE DUMAS - 8 mars LA TALAUDIÈRE (42) - 29 mars MONTRÉAL-DE-L'AUDE (11) - 22 et 23 avril SAINT-SAVINIEN (17) - 9, 10, 11 et 12 juin de septembre 2011 à juin 2012 en construction... Spectacle créé en 2009 par la Maison du Chat bleu en collaboration avec le Théâtre de la Vieille Grille et le Théâtre à Bretelles avec le soutien de la région Poitou-Charentes, du Conseil Général de Charente-Maritime et du Pays des Vals de Saintonge Diffusion : Catherine SCHLEMMER +33 (0)6 66 80 64 92 [email protected] www.cdsproductions.com Assistant Diffusion - Relations publiques : Gaël GABORIT [email protected] L’histoire Sacrée Mariette, la bonne d'Ariane ! Elle raconte en brillant l'argenterie ce qu'elle vit de sa place de domestique : elle voit tout, elle sait tout. Elle est profondément humaine, son langage est cocasse. Elle a vu grandir Ariane, la voit comme sa fille et suit l'évolution de sa passion pour Solal tout en livrant ses réflexions sur la société... Et de plus, elle chante. L’écriture majestueuse et drôle d’Albert Cohen se prête au théâtre : le soliloque est aussi une adresse à sa sœur, à Ariane, au monde, donc à nous. Extraits … donc, comme je vous disais de l’ouvrage j’en ai battu, allez il y a pas beaucoup de jeunettes qu’elles en auraient fait autant comme la vieille Mariette que pourtant elle a pas toujours été vieille allez, petite et boulotte que je suis maintenant et des rides qu’on dirait que je suis une pomme oubliée à la cave vu que soixante ans et plus,… … ce qui faudrait moi je le sais, mais le gouvernement ils sont trop occupés à faire leur beurre, ce qui faudrait à mon idée c’est qu’y ait des petits, d’accord, mais ayant de quoi vivre en bonne vieillesse, et puis des moyens, d’accord aussi, ça fait marcher le commerce, mais pas des gros gros avec des sous à savoir pas qu’en faire, Agha Khân et miyardaires d’Amérique, et princesses de ci et de ça qu’on voit sur les illustrés, ayant tout de trop, colliers et perles précieuses, et si on les vole s’en foutent, rigolent d’un air de dire moi ça me fait rien vu que j’ai de quoi et je m’en rachèterai d’autres, toujours à danser, montant à cheval d’un air de dire tout m’est dû, que c’est un crime devant Dieu bien plus qu’un voleur, vu que souvent c’est pas sa faute le pauvre, sa jeunesse de misère et le père toujours noir rentrant le soir en brutalité, tandis que les princesses qu’est-ce qu’elles ont fait de mérite dans la vie sauf que le roi une nuit il a carambolé la reine, et total tout est dû à mademoiselle la princesse,… L’auteur, Albert Cohen Albert Cohen est né à Corfou (Grèce) en 1895 dans une famille de commerçants juifs qui émigre à Marseille en 1900. Il y devient l’ami de son condisciple Marcel Pagnol, puis rejoint Genève en 1914 où il obtient une licence en Droit. Ottoman de naissance, il est naturalisé Suisse en 1919. En 1925, il est délégué du mouvement sioniste auprès de la Société des Nations et entre au Bureau International du Travail. Sa carrière de diplomate se poursuit notamment pendant la Seconde Guerre Mondiale dans le gouvernement du Général de Gaulle à Londres ; en 1945, il est nommé conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour la protection des réfugiés, travail qu’il poursuit à Genève pour l’Organisation Internationale des Réfugiés. Parallèlement à sa carrière professionnelle, il écrit poèmes, récits autobiographiques, essais, une pièce de théâtre et, bien sûr, la Saga des Solal, Juifs de Céphalonie en quatre romans : Solal (1930), Mangeclous (1938), Belle du Seigneur (1968) et Les Valeureux (1969). Belle du Seigneur, couronné par le Grand Prix de l’Académie Française, est un roman lyrique, rabelaisien, dans lequel se dégagent trois axes récurrents chez Albert Cohen : l’amour du peuple juif, traité avec lucidité, humour, profondeur et exubérance ; l’hymne à la femme et l’exploration des méandres de la passion amoureuse poussée à son paroxysme ; l’obsession de la mort. Dissection au scalpel de la petite bourgeoisie, plume acérée pour décrire les fonctionnaires de la SDN, caricature comique et attendrie des Valeureux, ironie sarcastique pour détailler les comportements : par son écriture plurielle, Albert Cohen embarque le lecteur dans une contrée fantastique, à l’aide entre autres de monologues sans ponctuation, sans paragraphe, dans un tourbillon de mots, de néologismes qui laissent affleurer la densité, l’émotion et l’humanité des personnages. Autres œuvres importantes : Le Livre de ma mère (1954), O vous, frères humains (1972), Carnets (1978). Albert Cohen est mort à Genève en 1981. ...le burlesque est à fleur de plume... Bertrand Poirot-Delpech Le Monde - 20/10/1981 Anne Danais : note d’intention J’entretiens une relation passionnée avec Belle du Seigneur depuis une bonne vingtaine d’années. J’ai eu un coup de foudre pour l’œuvre entière qui provoqua presque une paralysie, une incapacité à lire autre chose pendant plusieurs mois. C’est une histoire d’amour douce et qui dure. Mariette m’a séduite dès la première phrase. J’ai une affection et un intérêt tout particuliers pour les domestiques que j’ai côtoyé(e)s en incarnant Célestine du Journal d’une femme de chambre, Mademoiselle Julie, en dirigeant Les bonnes, en lisant Swift … Mais Mariette, c’est la cerise sur le gâteau. Les passages de Mariette, je les ai tous sortis du livre. Je les ai gardés intacts, tels que. Je les ai lus, relus et relus encore. Peu à peu, je les ai teintés de l’accent des Deux-Sèvres de mes grands-parents maternels. Et Mariette a fini par s’installer dans ma tête durablement, dans mes oreilles, dans ma bouche et dans mon corps. J’ai peu à peu conquis des publics tranquillement. Et j’ai attendu comme je sais si bien faire et j’ai vieilli avec la certitude de jouer un jour, au théâtre ce que j’appelle Les Soliloques de Mariette, ce texte si magnifiquement écrit pour être dit, drôle et essentiel. Mariette témoigne. De sa place de bonne, elle voit tout, elle sait tout. Elle nourrit une relation toute affective avec sa jeune maîtresse, celle qui va devenir La Belle du Seigneur. Elle l’a connue bébé, elle a remplacé sa mère, c’est un peu comme sa fille… elle a l’art de la formule imagée et cocasse. Elle est profonde et drôle à la fois. Elle puise en elle, dans ses observations quotidiennes, la substance de ses pensées philosophiques et populaires. Elle fait mouche car elle voit juste et parle juste. Eh bien voilà que ressortant les Soliloques au printemps 2008, et en en faisant lecture à Anne Quesemand et quelques-uns de ses amis, dans leur théâtre de La Vieille Grille, la rencontre s’est faite. Voilà que Anne Quesemand me propose de me diriger et de me mettre en scène. Belle démonstration encore une fois que les choses arrivent si on les rêve vraiment. Je suis très émue, très touchée, très honorée, et … très impatiente aussi de pouvoir travailler avec Anne Quesemand. Je joins à cette note quelques idées qui m’ont traversée concernant Mariette Jouer le texte intégral sans aucune coupe (c’est la seule chose à laquelle je tiens) N’avoir besoin de rien (ça, ça me plaît beaucoup) Jouer à domicile en faisant le ménage Le jouer dans des cuisines Le jouer dans des bibliothèques Ne rien faire, être à une table assise c’est tout Préparer un plat pour les spectateurs En plumant et vidant des poulets Enfin tout et son contraire… Anne Quesemand : note d’intention de mise en scène Lorsque j’ai entendu la lecture qu’Anne Danais nous a proposée au Théâtre de la Vieille Grille, l’évidence m’a sauté aux yeux : l’adéquation entre le texte et la comédienne est telle que le personnage de Mariette - la “bonne” d’Ariane, la Belle du Seigneur - est là d’emblée, et qu’un spectacle est là aussi, qui ne demande qu’à vivre. L’essentiel de l’intention de mise en scène est ainsi présent dans la note d’intention de la comédienne. Simplement, au lieu qu’Anne Danais, accoudée à une table, occupe ses mains à tourner les pages, elle tient un chiffon, “brille l’argenterie”, écosse des petits pois, prépare et boit un café, lave ou repasse un linge fin, recoud un ourlet ; et son regard porte non plus sur le livre, mais sur sa tâche, sur les spectateurs. Il s’agit de proposer une “petite forme” adaptable à divers lieux : appartement, cuisine, bibliothèque… ou théâtre, les tâches ménagères de Mariette pouvant s’adapter à cette diversité. La variété de ces tâches aidera aussi à dégager la chronologie des monologues qui, dans le roman, s’étalent sur quelques années : Mariette vieillit. Comme les autres personnages de Belle du Seigneur, Mariette ressasse et soliloque - elle est même la seule à “théoriser” le monologue intérieur cher à Albert Cohen : Moi j’aime bien discuter quand même je suis seule, ça tient compagnie quand on travaille. Le “reste” du livre - on allait dire du “pavé”, car c’en fut un joli dans la mare littéraire du moment (1968 !) - nous renseigne sur elle, sur des choses qu’elle ne dit pas, mais qu’elle fait, et dessine une silhouette : Mariette lisse ses accroche-cœurs, elle chante, boit beaucoup de café, elle lit un roman d’amour, et nous livre au passage ses réflexions sur la politique, la guerre, la société, même si sa grande affaire reste le suivi des amours d’Ariane… D’autres personnages nous parlent d’elle, et Solal commente son départ : Bravo, Mariette ! : autant d’indications qu’Albert Cohen nous fournit pour préciser la gestuelle, l’accent, le jeu, pour nourrir la mise en scène. Décor - accessoires – costumes Le décor est minimal, devant s’adapter - et parfois emprunter - aux lieux de la représentation : une table de cuisine recouverte d’une toile cirée bleue, une chaise, une desserte, un tabouret ; dans un théâtre équipé, ces éléments -fournis par nous- seront élégants et soignés : nous sommes dans la cuisine d’une demeure de maître, à Genève d’abord, puis dans la villa “nid d’amour” aménagée par l’aristocrate Ariane d’Amble, sur la Côte d’Azur. Les accessoires en portent la marque : boîte d’argenterie, thermos argentée, linge fin, bouquet de fleurs. L’action se situant dans les années 1930, l’évocation en est donnée par quelques indices : Mariette fait l’argenterie au blanc d’Espagne … Elle porte une robe et un tablier intemporels, bien coupés, dans les tons gris-bleu ; Mariette est soignée et coquette. Quand elle se laisse aller à esquisser un pas de danse, on voit son jupon blanc. Musique Elle est d’abord dans l’écriture-même : comme Proust avec Françoise, Albert Cohen se délecte du langage de la domestique d’une “grande maison” ; non seulement de son vocabulaire, de ses tournures de phrase, mais aussi de son “phrasé”, de son rythme syntaxique, qu’il restitue par l’absence de toute ponctuation : Ah oui alors que j’en ai battu de l’ouvrage depuis avant-hier que je suis de retour comme que jui avais promis à la chameau la saleté d’Antoinette que je viendrais à peine que ma sœur elle aurait dégonflé mais forcément ça a duré plus que jui avais dit vu que jui avais promis début juliette d’après comme que les docteurs avaient dit… Cette musicalité est bien sûr l’essentiel du travail de la comédienne, et le souci premier de la direction d’acteur. Mais la musique est aussi présente directement par trois chansons, interprétées a cappella par Mariette, trois chansons que cite A. Cohen qui dit souvent : “comme dit la chanson” : Parlez -moi d’amour, Une étoile d’amour, Le petit grelot de la vie. Lumières Elles sont paradoxalement essentielles : alors que dans des appartements ou des bibliothèques elles ne pourront guère intervenir, dans un théâtre c’est à elles que seront confiés les “changements de décor”, d’un décor quasi inexistant et qui ne changera pas : les trois premiers “actes” se passent en effet à Genève, le dernier sur la Côte d’Azur. Elles témoignent aussi du passage du temps : les trois premiers actes s’étendent sur quelques mois, le dernier a lieu, en un seul jour, plusieurs années après. De chaudes et larges au début, s’accordant aussi aux “humeurs” de Mariette, elles deviennent de plus en plus froides et ponctuelles, surtout sur la côte d’Azur moi j’aime pas ici, c’est triste toute cette eau de la mer en hiver- , rendant compte aussi du fait que Mariette témoigne comiquement d’une passion tragique. Anne Quesemand, metteur en scène Metteur en scène, auteur, comédienne, accordéoniste, enseignante, Anne Quesemand assure la direction de la Compagnie du Théâtre à Bretelles et du Théâtre de la Vielle Grille à Paris, avec Laurent Berman. Ensemble, ils ont créé une vingtaine de spectacles, entre autres : "Métamorphoses d’une mélodie" (Coprod. Ville de ParisCentre Pompidou-1983), "Le grand Méliès" (Coprod. CDC d'Aurillac-Théâtre 71 Malakoff-1991), "L’herbe de mémoire Voyage avec Louis Guilloux" (Coprod. Scène Nationale La Passerelle - St Brieuc-1998), "Cosi Fa Da Ponte" (Coprod. ATP d'Uzès-1992), "Cabaret Kafka" (Coprod. Centre Culturel de Boulogne-Billancourt-2002). Anne Quesemand a signé des mises en scène extérieures, ainsi que plusieurs courts-métrages. Formatrice en art dramatique et cinématographique, elle anime régulièrement des stages sur le langage et l’écriture au Conservatoire de Littérature Orale (CLIO) à Vendôme (41). Elle a publié une douzaine de livres : pièces de théâtre, romans, contes, essais, albums jeune public dont "Le Colporteur d’images" et "Elles sont tropes" chez Alternatives, "La Mort Marraine" chez Ipomée-Albin-Michel, "La trilogie du Rat" à l’Attrape-Science,... http://theatre.bretelles.free.fr/ http://www.vieillegrille.fr / [email protected] Anne Danais, comédienne Comédienne, poète, auteur-compositeur-interprète, metteur en scène, elle vit en Charente-Maritime. Elle s’est formée en théâtre-chant-écriture-musique-clown auprès du Roy Art Théâtre, de Alain Knapp, Georges Bigot, Gilone Brun, Daniel Lemahieu, Carina Bonan, Jacques Bertin, Christian Dente, Marc Perrone,… Elle a collaboré à de nombreux spectacles avec des compagnies indépendantes (Le journal d’une femme de chambre, Rue des bonnes femmes, Le parcours des humiliés,…), en a créé elle-même comme chanteusecomédienne (Ida voit le jour, Labelles d’âme, La Danais chante, Frau Rupfe,…). Comme auteur-compositeur-interprète, elle se produit en concerts (Charente-Maritime, Calvados, Paris) et a enregistré un CD en 2004. D’autre part, elle a développé des activités de formation au jeu théâtral pour des adultes et en milieu scolaire. En 2011, on la retrouvera dans le téléfilm "A la Recherche du Temps perdu" réalisé par Nina Companeez avec ARTE et France Télévisions. Elle interprète Françoise, la bonne de Proust aux côtés de Dominique Blanc, Didier Sandre, Catherine Samie, Micha Lescot, Eric Ruf, Valentine Varela, Jean-Claude Drouot, Dominique Valadié… www.annedanais.net La Maison du Chat bleu Anne Danais assure la direction artistique de la Maison du Chat bleu créée en 2002, association loi 1901 à vocation culturelle en milieu rural qui crée et reçoit des spectacles (théâtre, poésie, lecture, musique), organise des stages de chant, de théâtre… des expositions… un travail sur la mémoire locale… Elle est installée dans les murs de l'ancienne école du village des Garlopeaux à Saint-Savinien en CharenteMaritime. www.chatbleu.org Création mars - juillet 2009 SAINT-JEAN D'ANGÉLY (17) - Maison du Chat bleu - 6 mars 2009 PARIS (75005) - Théâtre de la Vieille Grille - 1er au 19 avril 2009 AVIGNON FESTIVAL OFF (84) - Théâtre Les Ateliers d'Amphoux - 8 au 31 juillet 2009 Tournée 2009 - 2010 SAINT-SAVINIEN (17) ROCHEFORT-DU-GARD (30) BARBEY (77) SAINT-VICTOR (24) SAINT-JEAN D'ANGÉLY (17) VAL D'ISÈRE (73) ARENGOSSE (40) TARBES (65) GARNAY (28) "Les Soliloques de Mariette" EXTRAITS DE PRESSE Jacques Nerson : "Ce n'est pas un conseil que je vous donne, c'est presqu'un ordre tellement ce spectacle est merveilleux !… C'est prodigieux… vraiment une grande émotion théâtrale !" Le Masque et la Plume / France Inter - Jacques Nerson "Sublime, forcément sublime Anne Danais ! Prodigieuse comédienne, elle a eu l’excellente idée *** de rassembler les Soliloques de Mariette. (...) L’adéquation de l’actrice à son rôle est totale. On dirait Cendrillon chaussant sa pantoufle : ils étaient de toute éternité faits l’un pour l’autre. Le sommet de la perfection." Le Nouvel Observateur - Jacques Nerson ♥♥♥"Dirigée avec simplicité par Anne Quesemand, elle est plus vraie que nature dans sa cuisine, où il ne manque plus que les odeurs de bons petits plats. Un spectacle à déguster." Le Figaro - Nathalie Simon ★★★"Corps quinquagénaire enveloppé d'un tablier, voix polie aux travaux et aux jours, mains de repasseuse et coeur sans faux plis. Mise en scène par Anne Quesemand, la comédienne nous emmène dans le domaine intime, brodé de rêves et de désillusions, de son personnage. Mais au fond de ce bon fond il y a quelque chose, un germe que Jean Genet, lui, laissera pousser jusqu'au crime dans "Les Bonnes". Nous n'en sommes pas là. Et Mariette amuse, émeut dans le talent éclatant d'une comédienne au charme ancien et merveilleux.". L'Express - Laurence Liban T T "Anne Danais joue avec une grande sensibilité… La mise en scène d'Anne Quesemand est sobre et fine et fait passer une belle leçon d'humanité." Télérama - Sylviane Bernard-Gresh "La comédienne...prête au personnage une existence poignante et burlesque." l’Humanité - Muriel Steinmetz ★★★ "Anne Danais prête au personnage une telle humanité qu'on aurait envie de la prendre dans ses bras pour la consoler. C'est merveille de voir une actrice épouser aussi parfaitement un personnage." Valeurs actuelles - Jacques Nerson "La démesure d’Albert Cohen revue en miniature par la tendre bonne de Belle du Seigneur, miraculeusement incarnée par Anne Danais dans la mise en scène d’Anne Quesemand. Dans l’immense fresque amoureuse qu’est Belle du Seigneur du romancier genevois Albert Cohen, Mariette est un petit personnage de rien du tout, qui offre de temps en temps au lecteur une respiration bienvenue et un regard nouveau sur l’intrigue… Exemple unique de spectacle où l’absence de rythme est une qualité : par l’effet jumelé de sa diction flottante au charme de berceuse et des gestes quotidiens de la bonne, exécutés avec le même don d’observation, elle hypnotise le spectateur…étrange chorégraphie du quotidien, qui donne corps aux méandres d’une âme secrète, à l’allégorie même de l’anonymat." Scènes Magazine - Julien Lambert "La friture d’amour...Une sacrée trempe, cette Mariette ! Et une gorgée bien fraîche d’humanité, cette Anne Danais !" Les Trois Coups - Claire Stavaux "Belle du Seigneur par le trou de la serrure ? Le propos pourrait être malotru et scabreux. Il est drôle et humain…. De sa cuisine, Mariette observe tout, sait tout avec malice et intuition. Toinette des années trente, elle incarne l'éternelle ambiguïté des relations maître et serviteur. L'oeil en coulisse et de la malice sous le bonnet, la comédienne Anne Danais se fait la messagère de ce courrier du coeur joliment bien troussé. Un délice." Impact médecine - Jean-Michel Ulmann VVV"Dans sa cuisine, Mariette astique et bavarde… Admirablement dirigée par Anne Quesemand, elle joue avec subtilité sur l'humour et l'émotion pour donner à l'inénarrable Mariette charme et profondeur." La Vie - Christine Monin "Quelques rires ça et là parcourent l’assistance. Pas ce rire condescendant dont on accorde l’obole à ces personnages sacrifiés par la tristement célèbre « raffarinade » (cette « France d’en bas ») mais des rires francs car Mariette est résolument drôle. Et Anne Danais lui prête son talent, sa générosité, son savoir jouer avec un naturel déconcertant. On réussit bien vite à oublier ces longues phrases dont « Belle du Seigneur » regorge et qu’on n’entendra pas ici. Mariette et Anne sont là pour ça. Leur rencontre, tellement évidente qu’elle semblait programmée, est de celles qu’on ne doit pas manquer." CultureCie - Franck Bortelle "Et voilà que c’est par la voix d’une figure apparemment secondaire que Belle du Seigneur trouve sa place sur une scène…/...On se régale de la truculence d’une langue audacieuse et généreuse qui profite de la situation pour prendre toutes les libertés avec la syntaxe et le lexique." webthea.com - Corinne Denailles "Comédienne solaire aussi modeste qu'efficace." Sud Ouest - Alban Boigeol "La performance de l'actrice est stupéfiante avec cette gouaille respectueuse propre aux serviteurs… Monologues délicieux plein d'humour et d'humanité." Notre Temps.com - Sylvaine de Paulin "Une " bavarderie " à ne pas manquer...Formidable Anne Danais qui donne vie au personnage dans la façon de s’approprier la langue, cette musicalité, cette syntaxe ample et déviante, ces mots transformés…" La Terrasse - Agnès Santi "Un petit bijou, ce spectacle d’Anne Danais mis en scène par Anne Quesemand." L’Arche - Karolina Wolfzahn "Ici rien de gratuit ou d’approximatif, tout est minutieux et généreux." blog Marie Ordinis "Dans son flot de paroles, son vocabulaire imagé et ses expressions cocasses nous font rire. Le rythme musical qui s’en dégage est « l’essentiel du travail de la comédienne et le souci premier de la direction d’acteur », souligne le metteur en scène, Anne Quesemand. Quelle justesse aussi dans le ton, la diction, pour dire un texte aussi particulier ! A elle seule elle crée son petit univers –grand dans sa tête, celui d’une domestique qui s’est toujours dévouée à ses maîtres, tout en s’effaçant." Un Fauteuil pour l'Orchestre- Anne-Marie Watelet "Elle tient la scène sans esbroufe mais au contraire en restituant de l’intérieur l’âme de cette bonne attachante au franc-parler, accommodant à sa sauce les expressions usuelles. Sa prestation pleine d’humanité nous la rend si proche qu’à la fin, on a l’impression de l’avoir toujours connue." froggy's delight - Nicolas Arnstam "Albert Cohen revit sur scène...Un savoureux spectacle, porté de bout en bout par une remarquable comédienne." Le Figaro - Nathalie Simon Dimanche 7 novembre 2010 "Alors moi, c'est pas un conseil, c'est presqu'un ordre (que je vous donne) tellement ce spectacle est merveilleux ! C'est "Les Soliloques de Mariette" ! C'est une comédienne qui s'appelle Anne Danais, qui est merveilleuse, qu'on ne connaissait pas à Paris pratiquement, elle est dans les Deux-Sèvres, en Charente-Poitou, et elle a eu l'idée géniale d'abouter les monologues de Mariette qui est la bonne dans Belle du Seigneur, la bonne d'Ariane. Et c'est une idée formidable parce que dans sa cuisine, tout en écossant les petits pois, tout en faisant le café, tout en ravaudant, elle raconte ce qu'elle entend, ce qu'elle perçoit des amours de sa jeune maîtresse avec Solal et c'est une façon indirecte de nous raconter cette histoire. C'est pro-di-gieux !!! C'est vraiment une grande émotion théâtrale. Alors c'est au Petit Montparnasse à 19h. Jacques Nerson "Ce commandement de Jacques Nerson, vous le retrouver sur le site du Masque et la Plume sur franceinter.com" Jérôme Garcin m é m e n t o théâtre 88 ATHÉNÉE - LOUIS-JOUVET (loc. 01.53.05.19.19) u La Cerisaie de Tchekhov - m.e.s. Paul Desveaux - jusqu’au 11 déc. u Caligula de Camus - m.e.s. Stéphane Olivié Bisson - du 20 janvier au 5 février. BOUFFES DU NORD (loc. 01.46.07.34.50) u Une Flûte enchantée de Mozart, par Peter Brook, Frank Krawczyk, Marie-Hélène Estienne - m.e.s Peter Brook - jusqu’au 31 décembre. CARTOUCHERIE THÉÂTRE DU SOLEIL (loc. 01.43.74.24.08) u Les Naufragés du fol espoir - création collective - jusqu’au 31 déc. COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Lulu de Wedeking - m.e.s. Stéphane Braunschweig - jusqu’au 23 décembre Petit théâtre : u Pornographie de Simon Stephens - t h é â t r e m.e.s. Laurent Gutmann - jusqu’au 18 décembre COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES (loc. 01.53.23.99.19) u Le Roi se meurt de Eugène Ionesco - m.e.s. Georges Werler jusqu’au 30 décembre. COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u L’Avare de Molière - m.e.s. Catherine Hiegel - jusqu’au 2 janvier u La Grande Magie de Eduardo de Filippo - m.e.s. Dan Jemmett - jusqu’au 19 décembre. u Les Oiseaux d’Aristophane - m.e.s. Alfredo Arias - jusqu’au 15 déc. u Andromaque de Racine - m.e.s. Muriel Mayette - jusqu’au 14 février. u Un Fil à la patte de Georges Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps - du 4 décembre au 18 juin. u Les Trois Sœurs de Tchekhov m.e.s. Alain Françon - du 16 décembre au 28 mars. STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) u Les Habits neufs de l’Empereur de Andersen - m.e.s. Jacques Allaire - jusqu’au 9 janvier. u La Critique de l'École des femmes de Molière - m.e.s. C. HervieuLéger - du 27 janvier au 6 mars. VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) u Le Mariage de Gogol - m.e.s. Lilo Baur - jusqu’au 2 janvier. u La Maladie de la famille M. de Fausto Paravidino - m.e.s. de l’auteur - du 19 janvier au 20 février. FONTAINE (loc. 01.48.74.74.40) u Thé à la menthe ou t’es citron ? de Danielle Navarro-Haudecœur et Patrick Haudecœur - m.e.s. Patrick Haudecœur - jusqu’au 2 janvier. GUICHET MONTPARNASSE (loc. 01.43.27.88.61) u L’augmentation de Perec - m.e.s. M. Martin-Guyonnet - jusqu’au 8 janv. LUCERNAIRE (loc.01.45.44.57.34) u Francesco de Dario Fo - m.e.s. Stéphane Aucante - jusqu’au 31 déc. u Box-Office de D. Mamet - m.e.s. Aanne Bourgeois - jusqu’au 9 janvier MOUFFETARD (01.43.37.32.35) u Plus qu’hier et moins que demain d’après Courteline et Bergman - Au Petit Montparnasse Les Soliloques de Mariette La démesure d’Albert Cohen revue en miniature par la tendre bonne de Belle du Seigneur, miraculeusement incarnée par Anne Danais dans la mise en scène d’Anne Quesemand. Dans l’immense fresque amoureuse qu’est Belle du Seigneur du romancier genevois Albert Cohen, Mariette est un petit personnage de rien du tout, qui offre de temps en temps au lecteur une respiration bienvenue et un regard nouveau sur l’intrigue. On oublie alors pour un moment et l’on regarde de très loin, par une lorgnette déformante, démystifiante, les personnages fantasques, boursoufflés, sublimes jusqu’à l’écœurement de la « vraie » intrigue. Mariette la domestique, c’est le contraire exactement : la modestie, la petitesse, l’effacement incarnés. Elle nous fait dériver dans un temps suspendu, lui aussi aux antipodes de la temporalité fluviale du roman mégalomane, qui déploie l’épopée amoureuse des confins du bonheur aux confins de l’horreur. Si dans ce contexte, les soliloques de Mariette, dans son charabia populaire et vieillot sans ponctuation ni structure, ménagent un contraste profitable à l’ensemble, en faire un spectacle autonome aurait pu, aurait dû mener à la catastrophe, au gouffre, sans le talent, la méticulosité fascinante et la générosité débordante de la comédienne Anne Danais, dans le minimalisme même de son rôle. Exemple unique de spectacle où l’absence de rythme est une qualité : par «Les soliloques de Mariette» ©Joël Mathieu l’effet jumelé de sa diction flottante au charme de berceuse et des gestes quotidiens de la bonne, exécutés avec le même don d’observation, elle hypnotise le spectateur et le prend ainsi en otage d’une subjectivité vertigineuse. Que Mariette astique l’argenterie ou qu’elle sirote son café goulûment, ce culte du détail participe moins à un naturalisme du personnage ou à une illustration vaine pour « meubler », qu’à une étrange chorégraphie du quotidien, qui donne corps aux méandres d’une âme secrète, à l’allégorie même de l’anonymat. Cette approche rend surtout honneur aux aspects les plus précieux du personnage, non les plus évidents : la mélancolie que cache son dévouement aveugle, et sa tendresse derrière ses manières et ses mots frustres. . Actuellement au Petit Montparnasse. Location +33/1.43.22.77.74. Au Théâtre du Passage de Neuchâtel la saison prochaine. a g e n m.e.s. Pierre Maillet et Matthieu Cruciani - jusqu’au 15 janvier u Hamlet de Shakespeare - m.e.s. Igor Mendjisky - 20 janv. au 19 mars. NANTERRE AMANDIERS (rés. 01.46.14.70.00) u Klaxon, trompettes… et pétarades de Dario Fo - du 1er au 18 déc. u Ithaque de Botho Strauss - m.e.s. Jean-Louis Martinelli - du 7 janvier au 12 février. ODÉON (loc. 01.44.85.40.40) u Dämonen de Lars Norén - m.e.s. Thomas Ostermeier - 3 au 11 déc. u Le vrai sang de & m.e.s. Valère Novarina - création - du 5 au 30 janv. ATELIERS BERTHIER : u Pinocchio d'après Carlo Collodi texte & m.e.s. Joël Pommerat - jusqu’au 26 décembre u Le petit chaperon rouge, adapt. Joël Pommerat - m.e.s. Joël Pommerat - jusqu’au 26 décembre u Le jeu de l’amour et du hasard de Marivaux - m.e.s. Michel Raskine - du 12 janvier au 6 février ROND-POINT (loc. 08.92.70.16.03) u Funérailles d'hiver de Hanokh Levin - m.e.s. Laurent Pelly - jusqu’au 11 décembre. u Encore un tour de pédalos (Je hais les gais) de & m.e.s. Alain Marcel jusqu’au 31 décembre. u Suspection de Fabienne Renault m.e.s. Enki Bilal - jusqu’au 30 déc. u Monsieur Martinez de Juliette Coulon - m.e.s. Quentin Defalt - du 1er du 31 décembre. u La Conférence de Christophe Pellet - m.e.s. Stanislas Nordey - du 4 au 30 janvier. u Et l'enfant sur le loup de Pierre Notte - m.e.s. Patrice Kerbrat - du 6 janvier au 13 février u Harper Rega de Simon Stephens m.e.s. Lukas Hemleb - du 19 janvier au 19 février THÉÂTRE DES VARIÉTÉS (rés. 01.42.33.09.92) u Le Dîner de cons de Francis Veber m.e.s. J.-L. Moreau - jusqu’au 2 janv. THÉÂTRE DE LA VILLE (loc. 01.42.74.22.77) u Rêve d’automne de Jon Fosse m.e.s. Patrice Chéreau - du 4 décembre au 25 janvier d a Théatre Pièce de théâtre : " Les Soliloques de Mariette "d'Anne Danais Extraits de " Belle du Seigneur " d'Albert Cohen. Au Petit Théâtre Montparnasse 31 rue de la Gaité Paris 14° Tél.: 01 43 22 77 74 L'avis de Gérard Bensaid Albert Cohen ? un monument. « Belle du Seigneur » ? Un chef d’œuvre. Il devenait alors tentant de viser à en extraire des passages pour en faire une pièce de théâtre ou tout autre spectacle vivant. En composant bien évidemment, peut être pas une intrigue au sens habituel du terme mais une histoire , une tranche de vie commune de certains des protagonistes du roman : depuis l’enfance de la belle Ariane jusqu’à la retraite de la préceptrice Mariette en passant par l’adolescence d’Ariane , son mariage, sa vie de couple et son divorce ; l’accent est mis dans la pièce sur les relations mère (adoptive) / fille ( supposée adoptée suivant les besoins de la cause ) . C’est Anne Danais qui, aimant tellement le roman, en a extrait Les Soliloques. Noble idée qui aurait pu donner naissance à quelque chose de lourd et de terne tant cette apparait comme difficile à mettre en œuvre. Dans les faits pas du tout : l’attention est maintenue constante malgré (ou grâce, c’est selon chacun) un phrasé en langue française, certes, mais transformée en parler « peuple », celui d’une domestique au langage plus proche d’agriculteurs de la France profonde (les Deux Sèvres) que de fonctionnaires de la Société des Nations… Le texte est d’Albert Cohen, l’accent pour le dire est d’Anne Danais. On rit peu mais on sourit beaucoup car Mariette a une vision tellement personnelle des choses et des événements quand elle veut nous persuader par exemple qu’elle est la mère adoptive d’Ariane ; elle a son franc parler, essaie de nous manipuler, distillant ses indiscrétions en fonction de son seul intérêt. Les Soliloques, une pièce dans le roman ; une originalité pour sûr ; un genre qu’il faut encourager en tout cas, car in fine il donne envie de lire ou de relire l’œuvre complète d’Albert Cohen et de le remercier une nouvelle fois. G.B. CultureCie fait sa comédie "Le théâtre n'est fait que pour être vu." Molière « Les Soliloques de Mariette » : Anna Danais nous a à la bonne ! Le pavé et chef d’œuvre d’Albert Cohen « Belle du Seigneur » est présenté au Petit Montparnasse par le petit bout de la lorgnette, à travers le personnage le plus insignifiant du roman. Au final, un spectacle délicieux, bougrement intelligent, foncièrement humain et mené par une comédienne qui semble avoir trouvé le rôle de sa vie. A savourer sans modération. Par Franck Bortelle C’est un culte légitime que vouent de très nombreux admirateurs à « Belle du Seigneur » le chef d’œuvre d’Albert Cohen. Sur plus d’un millier de pages qui se consument dans une frénésie de lecture qu’envieraient bien des auteurs de polars, le romancier livre un constat vitriolé sur le monde diplomatique, auquel succède une introspection de la passion destructrice d’une femme (Ariane) pour son amant (Solal). Renforcée par le ton ironique à force de décalage dans la première partie (ah ces pages jubilatoires où est décrite la journée d’un diplomate boursoufflé d’importance mais n’ayant strictement rien à faire !), l’écriture confine au sublime.! Elle se fait plus empathique dans les rapports de force des deux amants, sans perdre bien sûr de son style à la fois nerveux et délié. Moins aptes à susciter un quelconque souvenir, de courts chapitres, dans un style en totale rupture avec le reste du roman, parsèment le propos : les fameux soliloques de Mariette, la femme de chambre d’Ariane. Cohen fait parler cette femme comme la paysanne qu’elle est, ce qui au milieu d’un océan de chapitres des plus stylisés, déroute. Déroute parce que ce langage se prête moins à une lecture silencieuse qu’à un exercice qu’induit son potentiel oral, déroute aussi, à cause de l’absence totale de ponctuation du texte. L’ombre de Mirbeau C’est cette dimension orale qu’Anne Danais fait vivre sur la scène. Et le miracle qui pouvait sembler improbable à la lecture, se produit au-delà de toutes les attentes. Cette petite bonne, quasi sœur jumelle, avec soixante-dix ans d’écart, de la femme de chambre du génial Mirbeau, livre ses états d’âme. Avec ses mots du terroir, ses néologismes où se mêlent dyslexie, approximations sémantiques et un langage plus fleuri qu’un chant de marguerites au printemps. Tout en astiquant son argenterie, Mariette va s’adresser à nous, nous faire part de ses inquiétudes à l’endroit de la belle Ariane, qu’elle voit malheureuse en amour avec son pâle époux et dont elle devine, fine mouche, la liaison naissante avec Solal. Peu instruite mais loin d’être idiote, elle nous dresse à sa manière un état du monde ô combien pertinent. La mise en scène d’Anne Quesemand va prendre appui sur la comédienne. Anne Danais est Mariette. Dès son entrée en scène, on y croit, on est avec elle, dans sa cuisine et on savoure toutes ses vérités. Et si un soupir d’admiration s’empare du public lorsque, pas bégueule, elle nous montre cette argenterie rutilante qu’elle a briquée devant nous, c’est bien parce que la symbiose avec la salle est totale. Quelques rires ça et là parcourent l’assistance. Pas ce rire condescendant dont on accorde l’obole à ces personnages sacrifiés par la tristement célèbre « raffarinade » (cette « France d’en bas ») mais des rires francs car Mariette est résolument drôle. Et Anne Danais lui prête son talent, sa générosité, son savoir jouer avec un naturel déconcertant. On réussit bien vite à oublier ces longues phrases dont « Belle du Seigneur » regorge et qu’on n’entendra pas ici. Mariette et Anna sont là pour ça. Leur rencontre, tellement évidente qu’elle semblait programmée, est de celles qu’on ne doit pas manquer. Moi, mon mari, mes emmerdes Les soliloques de Mariette Q Mariette est le nom de la domestique de la jolie Ariane de « Belle du Seigneur ». Dans ce chef-d’œuvre d’Albert Cohen, tout un passage lui est consacré. Posant un regard extérieur à la passion sublimée entre Ariane et Solal, la vieille dame a du mal à comprendre cette relation : « Si c’est ça l’amour, moi j’en veux pas. » Gommant les deux tourtereaux, Anne Quesemand, à la mise en scène, et Anne Danais, à l’interprétation, se sont concentrées sur Mariette : son ouvrage, son travail, ses patrons, sa vision du monde, de la société… C’est une parfaite réussite, sauf qu’à la fin on perd sa colère face à « tout ce cinéma » entre Madame et Monsieur. On pardonne, tant Anne Danais incarne à merveille cette brave femme pleine de bon sens, au parlé direct et qui n’utilise jamais les bonnes expressions. Le travail sur le phrasé et l’accent, comme sur le physique, la démarche et les costumes, est formidable. Anne Quesemand a choisi le réalisme tant dans le décor, une cuisine à l’ancienne, que dans les actions, où on la voit nettoyer l’argenterie… On oublie Ariane et le beau Solal, pour n’être qu’avec Mariette, sorte de Bécassine cocasse et touchante. Si je t’attrape, je te «mort» ! L Les bons cons font les bons amis 1, 2, 3 souvenirs U Les plateaux d’humour de L’autruche rebelle.tv U Beethoven délire inside M M-C.N. Petit Montparnasse. Voir page 34. Les cocottes se soignent U Salle Michèle Laroque Christian Legal « 100 voix en l’air » C Aurélia Decker dans « Je crois qu’il faut qu’on parle ! ». E Attention au départ ! E A la folie, pas du tout («Putain de week-end»). © Wikispectacle U Olivier Maille dans « Jusqu’ici tout va mal ». L 40 Pariscope semaine du 10 au 16 novembre ■ ■ Les Soliloques de Mariette sept 28, 2010 Lucidité, humour et renoncement : voici Mariette qui nous parle. Albert Cohen reçut le Grand Prix de l’Académie Française pour son roman Belle du Seigneur, paru en 1968. A l’origine de ce spectacle, c’est le coup de foudre d’Anne Quesemand pour la lecture vivante d’Anne Danais, passionnée par le personnage de Mariette, la domestique de la belle Ariane. Une œuvre lyrique dont l’écriture fit merveille autant qu’elle étonna : des monologues décousus, sans ponctuation, un « tourbillon de mots » avec lesquels Mariette soliloque. Durant une heure vingt, celle-ci, toute à ses besognes, comme « briller » l’argenterie, se faire du café, coudre, lisser son accroche-cœur, témoigne de ce qu’elle voit de sa place de domestique –et elle voit tout ! – des figures qui l’entourent ; multiplie les anecdotes, livre ses réflexions sur le monde. Sa sœur tient une grande place dans son cœur. Elle chante aussi pour se donner du cœur à l’ouvrage (parlez-moi d’amour), en trottant dans sa cuisine. Elle conserve une tendresse indéfectible pour Ariane qu’elle a vu grandir, et progressivement, son errance verbale fait place aux récits de l’évolution d’Ariane, amoureuse tragique de Solal, son bel amant. Ce faisant, Mariette égrène les peines que lui procurent son comportement nouveau. Les réflexions de cette femme simple, elle les énonce avec son langage teinté d’un accent –et cela mérite d’être signalé : l’accent des Deux-Sèvres, héritage des grands-parents de la comédienne. Dans son flot de paroles, son vocabulaire imagé et ses expressions cocasses nous font rire. Le rythme musical qui s’en dégage est « l’essentiel du travail de la comédienne et le souci premier de la direction d’acteur », souligne le metteur en scène, A. Quesemand. Jamais théâtrale, la gestuelle de Mariette reste modeste, authentique et ses menues activités n’entravent jamais son monologue. Quelle justesse aussi dans le ton, la diction, pour dire un texte aussi particulier ! A elle seule elle crée son petit univers –grand dans sa tête, celui d’une domestique qui s’est toujours dévouée à ses maîtres, tout en s’effaçant. A. Quesemand a utilisé les précieuses indications d’Albert Cohen dans son roman, pour « nourrir la mise en scène » et « dessiner une silhouette ». Les tâches de Mariette permettent de dégager la chronologie des monologues qui, comme dans le roman, s’étale sur plusieurs années. Quatre tableaux de durée inégale marquent les étapes. Le travail sur la lumière est révélateur : au gré des humeurs de Mariette, elle est claire et chaleureuse, puis, se fait froide lorsque le personnage témoigne, toujours de façon comique dans son parler, de la tragique passion de la Belle du Seigneur. Il faut à tout prix aller voir cette pièce, fruit d’une belle collaboration enthousiaste entre le metteur en scène et la comédienne qui excelle à jouer des rôles de domestiques (Célestine du Journal d’une femme de chambre, les Bonnes…). Son choix judicieux des extraits, est représentatif de l’écriture propre à l’auteur. Anne Danais assure la direction de La Maison du Chat Bleu créée en 2002, association à vocation culturelle en milieu rural : théâtre, chant, poésie, expositions… à St Salvinien en Charente Maritime. Anne-Marie Watelet LE SNES 21 novembre 2010 Actualité théâtrale Au Petit Monparnasse "Les soliloques de Mariette" extraits de "Belle du Seigneur" d’Albert Cohen. Mise en scène Anne Quesemand 22 octobre 2010 Anne Danais, la comédienne qui interprète le personnage de Mariette entretient depuis plus de vingt ans une relation passionnée avec "Belle du seigneur" d’Albert Cohen (ouvrage commencé dans les années 30 et publié en 1968) et le personnage de la servante l’a séduite dès la première phrase lors de la première lecture. Elle qui avait incarné au théâtre la Célestine de "Journal d’une femme de chambre", la servante de "Mademoiselle Julie" ou dirigé une mise en scène des "Bonnes" nourrit très tôt après sa "rencontre" avec le texte, la certitude qu’elle jouerait ce personnage et ce texte magnifique qui lui semblait avoir été écrit pour être dit. Mariette est la bonne d’Ariane. Elle revient en "dépannage" dans cette maison où elle a servi pendant de nombreuses années la tante d’Ariane. Elle a connu "Madame" bébé, l’a longtemps tutoyée. Maintenant elle la vouvoie, lui voue une grande affection qu’elle pense réciproque, et reste impuissante devant les mélancolies de sa maîtresse qu’elle attribue au mauvais mariage qu’elle a fait avec un homme haut placé mais certainement piètre amant… Jusqu’au jour où arrive un télégramme qui met "Madame" en joie. Anne Danais est Mariette avec toute cette douceur et cette rudesse qu’elle doit à ses origines paysannes. Elle a du bon sens et remédie à sa grande solitude comme elle peut, en servant avec beaucoup de dévouement et en mettant un point d’honneur à donner toute sa "brillance" à l’argenterie. Les expressions de Mariette dans le volumineux livre d’Albert Cohen ont été gardées intactes, dans le style quasi-parlé de ces passages en 4ème partie, et Anne Danais les a teintés de l’accent des Deux Sèvres dont étaient originaires ses grands parents. Une mise en scène discrète, quelques éclairages tout simples soulignent une interprétation subtile toutes en légères ruptures de ton qui rendent à Mariette son humour, sa nature espiègle, son franc parler mais aussi les moments où elle cède au découragement, à la monotonie de la vie et à cette solitude qui l’oblige à se parler à elle-même et à trouver dans une pause-café une joie simple et revigorante. Notre collègue Anne Quesemand, qui signe la mise en scène, est l’auteur de nombreux textes de spectacles, de plusieurs livres pour jeunes, et d’un ouvrage savoureux sur les figures de style de la langue française "Elles sont tropes" (voir notre présentation en 2007). Nous avons salué dans l’Us la plupart de ses créations avec sa Compagnie du Théâtre à Bretelles, qui a collaboré à cette nouvelle création de même que le Théâtre de la Vieille Grille… Lieu pittoresque qu’elle a repris (lorsqu’elle a quitté l’enseignement), avec son complice Laurent Berman, en s’associant avec des musiciens afin de poursuivre le travail de Maurice Alezra, qui créa ce petit théâtre en 1960 au cœur du quartier latin, à côté de la place Monge [1]. C’est à la Vieille Grille que la compagnie Théâtre à Bretelles présenta dès 1996, "Métamorphoses d’une mélodie", inspirée d’une nouvelle de Peretz, où une petite mélodie gaie et nostalgique à la fois, se transforme en parcourant le monde, les cultures et les évènements du siècle (voir http://theatre.bretelles.free.fr/)… L’empreinte musicale se retrouve dans "Les soliloques de Mariette" avec de petits airs et chansons qui marquent les transitions et les ellipses de temps (ou de passages du livre qui ne comportent pas la présence de Mariette). "Les soliloques de Mariette" est l’un de ces petits spectacles magnifiquement concoctés, réjouissants, que nous offrent des petits théâtres soucieux de qualité et d’originalité. Le public applaudit à tout rompre et l’ovation est largement méritée. Francis Dubois et Philippe Laville [1] S’y joue actuellement, les 25,27, 30 et 31 octobre, puis 3,6,7 et 13/11, une autre création d’Anne Quesemand "Meliès, cabaret magique" ; au 1 rue du puits de l’Ermite 75005, 01 47 07 22 11 – Toute la programmation sur http:// www.vieillegrille.fr/tiki-index.php Sapho chante Léo Ferré LES SOLILOQUES D E MARIETTE Théâtre du Petit Montparnasse (Paris) septembre 2010 Monologues dramatiques extraits du roman "Belle du seigneur" de Albert Cohen, dits par Anne Danais dans une mise en scène de Anne Quesemand. Tandis qu’elle essuie l’argenterie avec application ou boit son café avec délice, Mariette parle. Elle commente à sa façon la vie d’Ariane, sa maîtresse, qu’elle a vu grandir et qu’elle aime comme sa fille. L’œil malicieux, avec beaucoup de simplicité et de bon sens, elle raconte une vie de domestique, en s’interrompant parfois pour chanter l’amour. Ceux qui ont lu "Belle du seigneur" retrouveront dans "Les soliloques de Mariette" la langue d’Albert Cohen qui, dans la bouche de Mariette, est fleurie, drôle et poétique. Anne Danais a choisi d’interpréter tous les passages de Mariette, extraits du chef d’œuvre de Cohen. Elle tient la scène sans esbroufe mais au contraire en restituant de l’intérieur l’âme de cette bonne attachante au franc-parler, légèrement dyslexique et accommodant à sa sauce les expressions usuelles. Sa prestation pleine d’humanité nous la rend si proche qu’à la fin, on a l’impression de l’avoir toujours connue. La mise en scène d’Anne Quesemand, sobre, donne encore un peu plus d’évidence à ce spectacle merveilleux et émouvant. Nicolas Arnstam www.froggydelight.com Les Soliloques de Mariette Les Soliloques de Mariette, extraits de Belle du Seigneur d’Albert Cohen Avec Anne Danais, mise en scène : Anne Quesemand. Lisant et relisant ce livre intense vous êtes-vous senti comme emporté par une vague dévastatrice ? Vous n’êtes pas le seul . La comédienne qui habite ces Soliloques vous accompagne, elle qui respectant toujours le texte de Cohen s’est faufilée puis nichée au creux de cette saga pour en tirer sa partition, et y devenir Mariette servante de Madame Ariane, la Belle. Disons vite la jubilation que nous a procuré ce spectacle à comédienne unique, alors que tant de one-woman shows prétentieux ont racolé à tout va ces dernières saisons. Ici rien de gratuit ou d’approximatif, tout est minutieux et généreux. Dans un décor pertinent pour cuisine d’autrefois : tabouret, tablette ou desserte et vraie table de travail, la comédienne ressuscite une époque. Elle replie la toile cirée qui protège la table, y installe une nappe, après avoir interminablement poli une ‘ménagère’ traditionnelle avec des dizaines de couverts. Elle s’habille, se chausse comme il faut pour sortir, chante, sort, rentre, remet sa tenue de servante stylée avec tablier blanc, empoigne un ancien moulin à café et le fait grincer, répare une tasse à l’aide d’une vraie bonne colle. Mais quand elle ne fait que raconter, ses gestes authentiques retrouvent leur liberté . Mariette est perspicace, curieuse sans l’être de façon malsaine, astucieuse, compatissante, réaliste. Mais à chaque fois qu’elle entreprend une tâche, elle la mène à bien. Madame-sa patronne a eu une vie sentimentale avec amours vrais et drames authentiques. La vieille Mariette : «… qu’elle a toujours été vieille » comme elle l’assure, est une veuve qui a eu son épisode fibrome, a été une nounou pour sa patronne . En veine de confidences elle avoue : « des livres ? j’en ai lu un. » Celle qui a résidé en Suisse à cause de sa maîtresse, philosophant, elle égrène : « les pasteurs, la protestance, l’honnêteté, la tolérance ». Elle pèle une pomme, à l’aide d’un couteau redoutable, la coupe en quartiers, la mange, et puis elle danse et chante encore. Cette fois c’est « Parlez-moi d’amour » . Truculente, ayant adopté un accent du genre charentais, elle écorche aussi les mots, parle de térégrammes et de sacrofages, mais quand sa patronne a décidé d’aller vivre sur la Côte d’Azur, Mariette avoue ne pas avoir aimé « le bruit de la mer » parce que « c’est triste toute cette eau de la mer en hiver ». La fin ? Applaudissements, rappels et bravos d’un public emballé par la qualité de ce spectacle donné au Petit Montparnasse et que vous n’aurez aucune excuse à ne pas courir voir. Marie Ordinis - 8 octobre 2010 http://marieordinis.blogspot.com/ Théâtre Par Corinne Denailles Les Soliloques de Mariette d’après Albert Cohen La servante au grand coeur Paris- Théâtre Montparnasse La tentation de représenter l’œuvre d’Albert Cohen au théâtre a tenté plus d’un metteur en scène qui, sourds aux avertissements de l’auteur qui disait lui-même de son œuvre qu’elle est faussement théâtrale, s’y sont généralement cassé les dents, excepté Jean-Louis Hourdin dont le magnifique spectacle, Des babouins et des hommes, avait su éviter de prendre l’œuvre au pied de la lettre et en avait donné une très belle évocation poétique. Et voici que, grâce à Anne Danais et à la metteur en scène Anne Quesemand, sur un mode tout différent, un pan entier de l’œuvre nous est offert par l’entremise de Mariette, la bonne de la belle Ariane, sa nounou, celle qui l’a élevée et qui, dans sa solitude, l’aime comme sa fille. Ce petit miracle est admirable à plus d’un titre. D’abord parce que le pari est audacieux. En effet, si les personnages d’Albert Cohen sont hauts en couleur et les situations infiniment cocasses, la nature profonde de ses livres est absolument romanesque et ne livre ses richesses que dans le face à face intime avec le lecteur à l’écoute de la voix du narrateur qui tire toutes les ficelles. La théâtralité du style est éminemment littéraire. Même le cinéma, séduit par la faconde des oncles et cousins de Céphalonie dont l’auteur fait des descriptions imagées irrésistibles, a échoué à s’emparer de la tribu des Valeureux. Et voilà que c’est par la voix d’une figure apparemment secondaire que Belle du Seigneur trouve sa place sur une scène. Seule la petite voix de Mariette, au cœur de cette œuvre monumentale, pouvait se frayer un chemin jusqu’à la scène. Bien sûr, si l’on veut chicaner, on pourrait dire qu’on n’a là qu’un fragment, qu’il ne s’agit que d’un fil tiré qui n’entraîne pas toute la pelote de cet univers complexe qui ne se réduit pas à la folle passion tournoyante entre Ariane et Solal. Mais peu importe, car on ne peut imaginer que les spectateurs qui ne connaîtraient pas Belle du Seigneur (et Solal, l’indispensable entrée dans l’œuvre) ne se précipite pas chez leur libraire à l’issue du spectacle. La voix de l’auteur Mariette est un mélange de la Françoise de Proust (l’écrivain que Cohen admirait peut-être le plus) et de la Toinette de Molière. Comme chez Molière, la domestique est en partie le porte-parole de l’auteur, celle qui a les idées claires, le bon sens paysan et le jugement sain, qui n’a pas la langue dans sa poche et ne l’envoie pas dire. Du fond de sa cuisine où elle brille l’argenterie ou épluche les légumes, elle observe le monde et a des points de vue sur tout, sur sa maîtresse, « la chameau » qu’elle déteste et son Didi qui ne mérite pas d’avoir épousé la déesse Ariane ni de « lui faire sa combine dans le lit », mais aussi sur les gouvernements, sur les richesses du monde mal partagées. Quand elle défend l’idée d’une seule religion, plutôt la juive qui n’a qu’un seul Bon Dieu mais l’ennui « c’est que c’est quand même des juifs », ou sa conception de l’amour qui doit être partage de tous les moments de la vie, même les plus intimes, on reconnaît la voix de l’auteur. Soyons clair, Anne Danais est Mariette. Vêtue d’une sobre blouse gris-bleu, les cheveux gris agrémentés d’un coquet « crochon », elle donne à Mariette un discret accent de sa région des Deux-sèvres. La comédienne, qui nourrit une relation amoureuse avec l’œuvre de Cohen depuis vingt ans, a vite perçu que seule Mariette pouvait passer la rampe. Elle a extrait les quelques monologues écrit dans un style si particulier, un fleuve de mots souvent joliment estropiés, sans ponctuation ou presque, une parole incroyablement vivante qui dit toute la solitude de ce personnage de l’ombre élu par l’auteur. C’est donc en une succession de tableaux que Mariette nous fait pénétrer dans le monde d’Ariane. Elle nous apprend tout d’elle ou presque de son enfance, son mariage et sa rencontre avec Solal, l’adoré, le seul, l’unique. Chaque tableau se conclut sur une chanson d’amour, fort bien interprétée (Anne Danais est aussi auteur-compositeur-interprète), Parlez-moi d’amour, les grelots de l’amour les colliers de la vie. Elle rentre par une porte, sort par l’autre sur un petit pas de danse, en toute simplicité. Aucun effet théâtral, la sobriété de son jeu laisse le style s’épanouir, avec ses exubérances et ses excès, ses traits d’esprit. On se régale de la truculence d’une langue audacieuse et généreuse qui profite de la situation pour prendre toutes les libertés avec la syntaxe et le lexique, de la « mérancolie » au « bouc commissaire » en passant par la « friture d’amour ». Mariette parle toute seule pour se tenir compagnie. On pense à Cohen qui parle tout seul pour se consoler de la haine. comme tous les solitaires elle s’adresse à un interlocuteur imaginaire et on est presque content pour elle que, grâce au théâtre, elle ait enfin trouvé quelqu’un qui l’écoute, en chair et en os car elle le mérite bien. Ce petit bijou créé au festival d’Avignon Off méritait bien d’être repris à Paris pour une seconde vie. Saluons au passage le théâtre Montparnasse pour ce choix de programmation hors des sentiers battus. Les Soliloques de Mariette, d’après Belle du seigneur d’Albert Cohen, mise en scène Anne Quesemand, avec Anne Danais. A partir du 25 septembre du mardi au samedi à 19h, dimanche à 15h, au Théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaîté, 75014 Paris. Tél : 01 43 22 77 74. © Léo Danais Les Soliloques de Mariette, d’après Albert Cohen Mariette! ? C’est la domestique des Deume, et surtout, celle qui a suivi Ariane d’Auble depuis son enfance jusqu’à sa vie d’épouse non-épanouie. Tirés textuellement du roman d’Albert Cohen, Belle du Seigneur, ses soliloques mêlent à ses petits soucis quotidiens le dessous des humeurs de sa maîtresse. Seule, dans sa cuisine, elle s’adresse à un auditoire imaginaire, se croyant tantôt au confessionnal, tantôt au coin de la rue en discussion avec une de ses semblables. Elle confie ses observations, sur Didi, ou sur les bains d’Ariane et les «! térégrammes! » qu’elle reçoit. Rien n’échappe à son œil curieux, et elle se situe véritablement comme un personnage omniscient. Ainsi, elle relate dans son propre langage, nourri de cuirs et de pataquès, qu’il y a «! anguille sous cloche! », et qu’il doit bien y avoir une raison pour laquelle sa chère maîtresse ne veut plus rien avaler. Certes, sa santé l’inquiète, mais pas autant que tous les plats qu’elle a cuisinés et qui seront gâtés si elle-même ne les engloutit pas. Dans son univers de domestique, elle s’active tout en bavardant, pour faire briller l’argenterie, pour raccommoder un tissu ou pour arranger un bouquet. Ses mains tortillent sans cesse son torchon, et sa frénésie à tout nettoyer montre bien qu’elle se sent touchée par un tas de choses. Par fidélité, elle suit Ariane, dans sa fuite avec Solal. Mais ce qu’elle croyait être une bonne chose pour sa protégée n’est en réalité que le leurre d’une illusion grotesque. Leur conception de l’amour pur ne lui plaît pas, et elle préfère rendre son tablier que devoir supporter tant d’hypocrisie. Finalement, c’est peut-être elle la voix de la sagesse dans tous ses tourbillons de sentiments. En cela, elle entre directement dans la lignée de la Nicole de Molière, qui tourne en dérision et s’effraie des folies de Monsieur Jourdain. Si elle ne fait pas progresser l’action, ses commentaires l’éclairent et ouvrent des perspectives. Cette fois-ci, elle s’apparente au Jardinier de l’Electre de Giraudoux. Dans son lamento qui marque une pause dans la tragédie, il se place à la frontière du drame et du public et se fait le porte-parole de l’auteur. Enfin, comment ne pas penser à Françoise, que le narrateur proustien ne cesse d’observer pour la richesse que son langage maladroit révèle. Ses propos, à elle aussi franches et abrupts, sont un ancrage dans la réalité la plus profonde. Anne Danais propose une performance riche en échos, et la justesse de son jeu et de son parler réjouit. C’est une merveilleuse façon de réapprocher Belle du Seigneur et de revenir à l’oralité d’origine de Cohen, dictant son roman à sa dactylographe. F. La Parafe - 12 octobre 2010 www.laparafe.fr MARDI 17 JANVIER 2012 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL SP BEAU LIVRE Voyage par l’image Jean-Claude Simoën invite le lecteur à un voyage le long du Nil, dans le sillage de ceux qui ont exploré les richesses de l’Egypte. PAGE 16 LE MAG LITTÉRATURE Luc Lang parlera de sa pratique de romancier jeudi au Club 44. Une expérience offerte au lecteur LE CONTEXTE Le Club 44 convie le public au chevet du roman contemporain, jeudi à La Chaux-de-Fonds. Professeur de littérature moderne et contemporaine à l’Université de Lille, Dominique Viart engagera le dialogue avec Luc Lang, auteur, entre autres, de «11 septembre mon amour» et d’«Esprit chien». TABLE DES MATIÈRES CARTE D’IDENTITÉ Luc Lang est né en 1956 à Suresnes (France), dans une famille ouvrière. LE ROMANCIER Contrairement à d’autres écrivains, Luc Lang n’est pas au rendez-vous de toutes les rentrées littéraires. «L’essentiel n’est pas dans la fréquence des publications!». «Voyage sur la ligne d’horizon» (1988), Liverpool marée haute» (1991), «Furies» (1995), «Mille six cents ventres» (1998, Goncourt des lycéens), «Les Indiens» (2003), «11 septembre mon amour» (2003), «La fin des paysages» (2006), «Cruels, 13» (2008), «Esprit chien» (2010) jalonnent son parcours. PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE BOSSHARD Luc Lang, quels sont, pour vous, les enjeux de la littérature? Dans ma pratique, c’est de faire vivre une expérience au lecteur, de manière telle que sa vision du monde ne soit plus la même après. Quand je dis du monde, c’est à la fois au sens le plus large et le plus intime, le plus personnel, du terme. Ce qui m’intéresse, c’est que le lecteur soit en train de vivre une expérience, non pas de lire une histoire. Mes trois premiers romans sont écrits dans les temps classiques du roman, passé simple, imparfait et plus-que-parfait. Mais je trouve que l’expérience, l’identification du lecteur à ce qu’il lit, est encore plus intense si l’on recourt au présent. Ce passage au présent, c’est pour moi une manière d’être plus encore dans la vitesse, le rythme de la phrase, dans l’action qui se déroule sous les yeux du lecteur. L’actualité, tel que les événements du 11 septembre, le fait divers, sont pour vous des sources d’inspiration... Oui. Je ne suis jamais dans la reconstitution historique, ce sont, toujours, des sujets ou des problèmes contemporains qui m’interpellent. Et je cherche à chaque fois les formes les plus à même d’exprimer ce que j’essaie de faire passer. Je n’ai pas de stabilité formelle, ni thématique, d’un livre à l’autre; j’évolue dans des univers extrêmement différents. En me lisant, on peut se rendre compte d’une grande diversité syntaxique, de structures, de rythmes d’écriture. L’enjeu n’est pas d’innover à tout prix, mais de trouver la forme qui fasse sens. L’ESSAYISTE Luc Lang a notamment publié «Les invisibles: 12 récits sur l’art contemporain» (2002) et «Délit de fiction» (2011). «Mais j’ai arrêté d’écrire sur l’art, car je préfère être dans l’action, la création de formes, plutôt que dans le commentaire.» DBO Sauf si lieu est la ville elle-même, comme ce fut le cas avec Liverpool; mais je me suis tout de même autorisé quelques inexactitudes géographiques, pour des raisons de cohérence symbolique. L’écrivain français Luc Lang, invité à La Chaux-de-Fonds par le Club 44. SP Les sujets «contemporains m’interpellent.» LUC LANG ÉCRIVAIN «La fin des paysages», publié en 2006, est le remake de «Liverpool marée haute» sorti 15 ans auparavant. Pourquoi cette démarche, courante au cinéma ou dans les arts visuels, moins en littérature? J’ai gardé la ligne de l’histoire, la ligne mélodique comme on dirait en musique; mais j’ai complètement cassé la phrase, et du coup inventé un autre rythme, une autre pulsation. Des scènes inédites se sont imposées dans la 2e ver- sion. Quinze ans après, l’écriture avait tellement bougé que le roman était absolument un autre roman, même si on y lit la même histoire. De manière générale d’ailleurs, la gamme des histoires, celles d’amour, par exemple, a peu varié en plusieurs siècles. En revanche, l’écriture de ces histoires s’est tellement modifiée qu’on ne lit jamais le même livre. C’est ce j’ai voulu vérifier dans la réécriture de «Liverpool». Je ne l’ai pas fait sur le mode d’un reniement du passé; chaque version est un état des lieux de mon écriture et de ma pensée. D’ailleurs, je me revois bien en refaire une nouvelle version dans dix ans. On décèle une certaine cruauté dans plusieurs de vos romans. Une forme de lucidité? Dans «Esprit chien» par exemple, la cruauté est comique. En fait, j’utilise plusieurs ressorts, mais j’ai une prédi- lection, il est vrai, pour l’humour et la cruauté. Comme une forme de lucidité, oui, et, pour le rire, comme une manière de se sauver. Je suis très content quand les lecteurs me disent qu’ils ont ri à gorge déployée. Vos univers, disiez-vous, sont multiples. Comment les approchez-vous? J’ai besoin de m’immerger dans les différents milieux que je décris. Dans chaque métier, il y a des gestes, des expressions, des attitudes que je ne peux pas inventer. Je renoue là avec une idée qui appartient particulièrement à Emile Zola: pour moi comme pour lui, la personne se définit avant tout par son métier. J’aborde toujours un personnage par son activité, sa compétence. A partir de là, je lui trouve d’autres caractéris- INFO tiques, familiales, affectives, etc. En re- La Chaux-de-Fonds: Club 44, jeudi 19 janvier à librairie la Méridienne, vendredi 20 janvier, vanche, j’invente tous les lieux dans 20h15; lecture et signature de 16h30 à 18h30. lesquels mes personnages évoluent. LA CRITIQUE DE... L’ESN EN IMAGE Des envolées proches du chant de l’oiseau NEUCHÂTEL «Les soliloques de Mariette». Une histoire Habemus orchestram! Acclamé samedi à la Salle de musique de La Chaux-de-Fonds et dimanche à Fleurier, l’Ensemble symphonique Neuchâtel (ESN), dirigé par Alexander Mayer, parcourt le cantondepuisleprintemps2010avecunsuccèsgrandissant. Les oiseaux chantent-ils dans le nord de la Finlande? De ce poétique langage, Einojuhani Rautavaara a créé «Cantus articus». Cris et jacassementsplanerontsurl’orchestre,chargédedévelopper des étendues sonores évocatrices de paysages romantiques nordiques. Cette exécution a conduit tout naturellement à la création d’«Instants», une commande de l’ESN à VictorCordero.Laluminosité,dansl’extrêmeaigu,du tableau «Suspension» s’approche du chant de l’oiseau. D’une écriture postsérielle, l’œuvre se déroule enquatretableaux.Degrandestramess’affinentprogressivement ou se diversifient, décentralisées vers d’autres points culminants. On apprécie l’orchestration symphonique raffinée confirmant le talent de Victor Cordero. L’orchestredontonavaitrêvéétaitlà,surscène.Les musiciens, tous registres confondus, ont démontré un vrai bonheur de jouer ensemble. Notamment la Symphonie No 2 de Beethoven, qui leur sied si bien sous la baguette d’Alexander Mayer, magnifique à sonhabitudeparlestyleetl’éclat.Bref,soyonsfrancs, c’était superbe. De tous les concerts de l’ESN à La Chaux-de-Fonds, celui de samedi était le meilleur. En bis, l’ESN a joué l’ouverture «Ptolémée» de Beethoven,œuvrequiseraauprogrammeenregistré par Espace 2, jeudi à Neuchâtel. DENISE DE CEUNINCK + INFO Neuchâtel: temple du Bas, jeudi 19 janvier à 20h Vous enseignez l’esthétique à l’Ecole nationale supérieure d’arts à Paris. Des passerelles avec votre travail littéraire? Ma fréquentation de l’art et des artistes me donne probablement une acuité particulière du regard sur les formes. Elle se retranscrit dans la précision de mes descriptions par exemple, descriptions d’une personne, d’une ville, d’une architecture. On dit souvent que mon écriture est très visuelle, et je le dois sans doute à cette fréquentation et à mon goût pour les formes. D’ailleurs, je voue une véritable passion à l’architecture; si je n’étais pas romancier, j’aurais aimé être architecte. + d’Albert Cohen mijotée à la sauce Mariette, la cuisinière de «Belle du Seigneur». Epouse d’Adrien, mais éperdument éprise de Solal, Ariane est épinglée à son insu au fil du monologue tendre et vif de sa drôle de bonne. Entre ses casseroles et sa couture, Mariette manie le soliloque comme ses ustensiles de cuisine, et ceci sans oublier le spectateur sur le feu. A déguster au théâtre du Passage, à Neuchâtel, du 18 au 22 janvier. Me-ve à 20h, sa à 18 h, dimanche à 17h. ISC SP- JOËL MATHIEU SAMEDI 21 JANVIER 2012 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL JEUX SP Il faut un héros Les dragons sont de retour à Bordeciel. Les voilà bien partis pour faire régner la terreur. Le salut ne pourra venir que de vous. PAGE 18 LE MAG NEUCHÂTEL L’ensemble I Salonisti en concert au temple du Bas demain. = LE LIVRE DE LA SEMAINE Du «Titanic» au Danube pas jouer un concert sans partitions. Un musicien folklorique ou de jazz, quant à lui, a tout dans la tête. On a trouvé d’excellents arrangeurs qui nous écrivent cette musique folklorique sur papier, et c’est le style d’interprétation que nous essayons de transférer à notre ensemble. ISABEL SCHARDT L’ensemble I Salonisti a joué sous les projecteurs du «Titanic» (le film!) il y a quinze ans. Demain, le groupe fera des vagues avec «Le Danube... de la Forêt Noire... à la mer Noire» au temple du Bas. Au téléphone, on entend un air de violon s’interrompre, et Lorenz Hasler suggère gentiment de rappeler après cette leçon donnée à son domicile. Plus tard, c’est d’une voix chaleureuse, bercée par un léger accent suisseallemand, que le Bernois répondra à nos questions. Voilà 30 ans que le groupe évolue ensemble... Nous jouions alors tous à l’Orchestre symphonique de Berne. Nous avions chacun envie de faire de la musique hors du cercle classique, tellement formel et défini par le cadre social, par les lieux où l’on joue et par ce répertoire de musique «sérieuse». Depuis notre premier concert en tant que musiciens classiques au moulin de Rubigen, qui est un jazz club, notre programme a beaucoup évolué. Il s’agit d’arrangements de tout ce que nous aimons, entre musique de films, morceaux folkloriques, œuvres classiques... L’idée est de faire un voyage dans l’esprit et les racines de la musique. Justement, les titres de vos CDs citent le Transatlantique, le Transsibérien, l’Orient-Express... La musique va-t-elle toujours de pair avec un voyage? Pas toujours. Mais il faut un fil rouge auquel accrocher toute la variété des pièces musicales. Dans cette optique, les voyages se sont présentés comme un thème idéal. Comment avez-vous rencontré le Que retenez-vous de l’expérience sur les plateaux de «Titanic»? C’était incroyable que de participer à une production de telle qualité. L’expérience fait partie de notre biographie et a changé notre relation avec le monde cinématographique, même si l’idée n’a jamais été de passer à une carrière d’acteur. Piotr Plawner, Béla Szedlak, André Thomet, Lorenz Hasler et Ferenc Szédlak, un quintette invitant à l’aventure. Dans laquelle on le suit volontiers. SP-PIERRE MARTI cymbaliste qui vous accompagne sur le concert du Danube? Le contact s’est établi grâce à deux membres de l’ensemble, qui sont hongrois. Ils ont connu ce virtuose du cymbale à Budapest, où il vit toujours. Il vient d’une tradition tzigane, mais il est très ouvert à l’idée d’un ensemble classique. Notre premier concert avec lui date de 1987, et le courant est si bien passé qu’on a ensuite continué la collaboration. Le long de cette «croisière» sur le Danube, où aimeriez-vous faire escale? (Il rit.) Ça change de jour en jour... C’est comme me demander ma pièce préférée du répertoire. C’est toujours celle que je joue sur le moment qui me plaît le plus. Entre la Serbie, la Bulgarie, la Croatie... il y une telle vitalité, L’idée est «de faire un voyage dans l’esprit et les racines de la musique» LORENZ HASLER VIOLONISTE et je me dis que ça doit être si beau d’être un musicien folklorique. Cela dit, nous jouons cette rhapsodie d’Enescu ou Bartok, ou encore «Le bourgeois gentilhomme» de Richard Strauss... La musique classique, en tant TEMPLE DU BAS Le groupe Café-Café en concert avec Michel Bühler. Ce soir, c’est la fête à Jean Ferrat «Potemkine», «Que serais-je sans toi?», «La montagne»... Ce sera «La fête à Jean Ferrat» ce soir au temple du Bas, à Neuchâtel. Dirigés par le Neuchâtelois Pierre Huwiler, le groupe choral Café-Café, renforcé par l’ensemble Lundi 7 heures, accompagnera les trois solistes Michel Bühler, Loraine Félix et Denis Alber, à travers le répertoire du chanteur-poète décédé en mars 2010. A guichets fermés Le scénario musical et les harmonisations vocales sont dus à Pierre Huwiler, qui a fondé il y a 18 ans Café-Café dans les sillages de la Chanson du pays de Neuchâtel. Aujourd’hui, la formation compte une centaine de chanteurs venant de VALÉRIE MEYLAN LIBRAIRIE REPÈRES BIENNE Michel Bühler sera de la fête avec le groupe Café-Café. CHRISTIAN GALLEY toute la Suisse romande, de Genève au Jura, en passant par Neuchâtel bien sûr. Cantonnés dans la chanson française contemporaine, les choristes font salle comble à chaque fois. Le temple du Bas affiche complet depuis décembre. Même topo pour «Starmania», autre spectacle de Café-Café, coproduit avec le Club des accordéonistes de Bulle, qui se joue à guichets fermés depuis deux ans. Un succès qui s’explique par «la passion qui nous habite tous», sourit le chanteur neuchâtelois Paul Jean-Noël, rendant hommage à l’émulateur Pierre Huwiler. Enthousiasme, exigence sont les maîtres-mots du groupe, alliés à la volonté de rester dans le registre de la chanson française contemporaine: «Aujourd’hui, c’est chose courante. Mais il y a 18 ans, nous étions une des rares chorales à revister ce répertoire», ajoute Paul Jean-Noël. CFA + INFO Neuchâtel: temple du Bas, ce soir, 20h15 qu’œuvre unique d’un compositeur, complète bien la musique folklorique. Sur quels points diffèrent les deux genres? En musique classique, le compositeur écrit chaque note. C’est sa propre vue qui définit la forme et le résultat de l’œuvre, polie jusqu’au détail. Le musicien est donc plus interprète que créateur. En musique populaire, c’est plutôt une idée, un conte, une forme de danse, le texte d’une chanson, qui sont interprétés d’après la mentalité des musiciens de la région. Sur scène, la participation du musicien folklorique est plus grande. Etes-vous à l’aise partout? Nous sommes de formation absolument classique. Je ne peux Au fil de tant d’années, l’alchimie du groupe a-t-elle toujours coulé de source? Il faut accepter chacun avec sa personnalité. Ce n’est pas un travail uniquement musical, et c’est la responsabilité d’un membre que de participer à l’unité du groupe. Ce qu’on a toujours su garder, c’est cette joie immédiate d’être sur scène et de faire de la musique ensemble. Depuis vos débuts, qu’est-ce qui a changé sur scène? Au début, on est très concerné par la performance, puis on gagne une certaine confiance. Ce qui change toujours, c’est le contact avec le spectateur. Il est excitant de voir si le public est prêt aux détours musicaux. Notre programme passe du «Beau Danube bleu», une valse, à de la musique traditionnelle serbe. J’aime découvrir comment les jeunes, tout comme un public plus «classique», y goûtent. + INFO Neuchâtel: temple du Bas, demain à 17h «Je suis une créature émotionnelle» Les années 70 sont bien loin. L’égalité entre hommes et femmes semble acquise dans nos pays démocratiques. Le féminisme n’est plus vraiment une priorité chez les jeunes filles et jeunes femmes. Celles d’entre nous qui en parlent encore passent toujours, ou à nouveau, pour des extrémistes, des vieilles rabat-joie. Un petit rafraîchissement ne peut pas faire de mal. Eve Ensler qui avait déjà choqué plus d’une personne avec ses «Monologues du vagin» revient avec «Je suis une créature émotionnelle», qui met en scène les pensées des jeunes filles à propos de toutes sortes de sujets allant du plaisir de porter une minijupe à la terreur de se faire violer. Des déclarations qui claquent à nos oreilles comme du slam et nous font réfléchir à la condition des femmes dans le monde. Entre ces réflexions, des faits bruts comme celui-ci: à des jeunes filles, il est demandé si elles préféreraient être grosses ou se faire couper un bras, à l’unanimité toute préfèrent se faire couper un bras! La démarche d’Eve Ensler est peut-être facile, démago, ringarde, mais elle est efficace et certainement encore nécessaire. «Je suis une créature émotionnelle» Eve Ensler 10 x 18 MÉMENTO NEUCHÂTEL «Le dessin». La galerie Ditesheim inaugure aujourd’hui, de 11h à 16h, une exposition consacrée à des artistes qui pratiquent le dessin: Asse, Bokor, Giacometti, Lüpertz, Pichler... A voir jusqu’au 26 février. LA CRITIQUE DES... «SOLILOQUES DE MARIETTE» Faire l’expérience théâtrale de la sympathie Il y a des pièces qui s’évertuent à s’éloigner des textes dont elles sont l’adaptation; «Les soliloques de Mariette» nous ramènent au contraire, par-delà les mots d’Albert Cohen, au cœur même de «Belle du Seigneur». Si l’on croit encore que les caractères de romans sont des créatures de papier, qu’on aille se détromper ce soir, ou demain, au théâtre du Passage, à Neuchâtel! Mariette. Un diminutif dans une grande famille, un petit personnage solitaire dans une énorme fresque sociale. Et pourtant, bavarde, la bonne d’Ariane se raconte à elle-même, en travaillant, tous les méandres sentimentaux de sa chère maîtresse, qui forment la trame de «Belle du Seigneur». Ce sont d’abord ses défauts d’élocution, ses tournures argotiques et gaillardes, ses badineries ébouriffées qui surprennent, qui amusent, qui conquièrent. Mais sans cesser de rire, on se laisse saisir par la profondeur d’une sagesse sans culture. Elle n’a l’air de rien, mais elle exprime beau- coup: ses idées, ses douleurs, ses désirs secrets… Et voilà la sympathie qui nous gagne, la même sympathie que Mariette éprouve à l’égard d’Ariane. Cette sympathie est absolue, c’est une évidence, chez l’unique comédienne, Anne Danais, qui dit entretenir une relation quasi fusionnelle avec l’œuvre d’Albert Cohen. Aux monologues débraillés du roman, écrits sans points ni paragraphes, il fallait ajouter des soupirs, des mesures, un tempo. Le travail d’Anne Danais et de la metteuse en scène Anne Quesemand, est donc, avant tout, d’ordre musical, sinon rythmique. La scénographie est simple, l’action minimale: les événements sont seulement évoqués. Mais la figure de Mariette est un spectacle à elle seule, et un spectacle complet. TIMOTHÉE LÉCHOT + INFO Neuchâtel théâtre du Passage, ce soir à 18h et 20h30, demain à 17h et 20h L'équipe Interprétation : Anne DANAIS Mise en scène : Anne QUESEMAND Création lumière / Régie : Samuel ZUCCA Répétitrice : Jocelyne GUILLEMETEAU Réalisation costume : Viviane NEVEU Diffusion : Catherine SCHLEMMER, Gaël GABORIT Administration : Reine MICHAUD Affiche : Laurent BERMAN Couverture photographique : Léo DANAIS, Joël MATHIEU Contacts Diffusion : Catherine Schlemmer : +33 (0)6 66 80 64 92 [email protected] http://www.chatbleu.org/mariette.html www.cdsproductions.com Assistant Diffusion / Relations publiques : Gaël Gaborit [email protected] Administration : Reine Michaud : 09 77 64 32 35 / 05 46 90 15 75 [email protected] / www.chatbleu.org La Maison du Chat bleu - Mairie - Place d’Ahrensbök 17350 Saint Savinien Technique : Samuel Zucca : 06 72 15 33 72 [email protected]