Les soliloques de Mariette

publicité
du
18 au 22 janvier 2012
© Joël Mathieu
du mercredi au dimanche | 20h, sa 18h & 20h30, di 17h & 20h
Les soliloques de Mariette
d’après
Albert Cohen mise en scène
Anne Quesemand
Saison 2011-2012 | Dossier de presse
Benoît Frachebourg · chargé de communication | [email protected] | +41 (0) 32 717 82 05
Théâtre du Passage | 4, passage Maximilien-de-Meuron · CP 3172 · 2000 Neuchâtel | www.theatredupassage.ch
La Maison du Chat bleu
présente
LES SOLILOQUES DE MARIETTE
Extraits de BELLE DU SEIGNEUR d’Albert COHEN
avec l’aimable autorisation des éditions Gallimard
Interprétation Anne DANAIS
Mise en scène Anne QUESEMAND
Lumières Samuel ZUCCA
du 25 septembre 2010 au 2 janvier 2011
PARIS - PETIT MONTPARNASSE
Myriam FEUNE DE COLOMBI et Bertrand THAMIN
www.petitmontparnasse.com
tournée 2011
SAINT JULIEN EN BORN (40) - 29 janvier
LA ROCHELLE (17) - LA COURSIVE Scène Nationale - 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9 et 10 février
ÉPINAL (88) - ATP DES VOSGES - 13, 14, 15 et 16 février FIRMINY (42) - 18 février SAINT GERMAIN EN LAYE (78) - THÉÂTRE ALEXANDRE DUMAS - 8 mars
LA TALAUDIÈRE (42) - 29 mars MONTRÉAL-DE-L'AUDE (11) - 22 et 23 avril
SAINT-SAVINIEN (17) - 9, 10, 11 et 12 juin
de septembre 2011 à juin 2012
en construction...
Spectacle créé en 2009 par la Maison du Chat bleu en collaboration avec
le Théâtre de la Vieille Grille et le Théâtre à Bretelles
avec le soutien de la région Poitou-Charentes, du Conseil Général de Charente-Maritime
et du Pays des Vals de Saintonge
Diffusion :
Catherine SCHLEMMER
+33 (0)6 66 80 64 92
[email protected]
www.cdsproductions.com
Assistant Diffusion - Relations publiques :
Gaël GABORIT
[email protected]
L’histoire
Sacrée Mariette, la bonne d'Ariane ! Elle raconte en brillant l'argenterie ce qu'elle vit de sa place de
domestique : elle voit tout, elle sait tout. Elle est profondément humaine, son langage est cocasse.
Elle a vu grandir Ariane, la voit comme sa fille et suit l'évolution de sa passion pour Solal tout en livrant ses
réflexions sur la société... Et de plus, elle chante.
L’écriture majestueuse et drôle d’Albert Cohen se prête au théâtre : le soliloque est aussi une adresse à sa sœur,
à Ariane, au monde, donc à nous.
Extraits
… donc, comme je vous disais de l’ouvrage j’en ai battu, allez il y a pas beaucoup de jeunettes qu’elles en
auraient fait autant comme la vieille Mariette que pourtant elle a pas toujours été vieille allez, petite et boulotte
que je suis maintenant et des rides qu’on dirait que je suis une pomme oubliée à la cave vu que soixante ans et
plus,…
… ce qui faudrait moi je le sais, mais le gouvernement ils sont trop occupés à faire leur beurre, ce qui faudrait à
mon idée c’est qu’y ait des petits, d’accord, mais ayant de quoi vivre en bonne vieillesse, et puis des moyens,
d’accord aussi, ça fait marcher le commerce, mais pas des gros gros avec des sous à savoir pas qu’en faire, Agha
Khân et miyardaires d’Amérique, et princesses de ci et de ça qu’on voit sur les illustrés, ayant tout de trop,
colliers et perles précieuses, et si on les vole s’en foutent, rigolent d’un air de dire moi ça me fait rien vu que j’ai
de quoi et je m’en rachèterai d’autres, toujours à danser, montant à cheval d’un air de dire tout m’est dû, que
c’est un crime devant Dieu bien plus qu’un voleur, vu que souvent c’est pas sa faute le pauvre, sa jeunesse de
misère et le père toujours noir rentrant le soir en brutalité, tandis que les princesses qu’est-ce qu’elles ont fait de
mérite dans la vie sauf que le roi une nuit il a carambolé la reine, et total tout est dû à mademoiselle la
princesse,…
L’auteur, Albert Cohen
Albert Cohen est né à Corfou (Grèce) en 1895 dans une famille de commerçants juifs qui émigre à Marseille en
1900. Il y devient l’ami de son condisciple Marcel Pagnol, puis rejoint Genève en 1914 où il obtient une
licence en Droit. Ottoman de naissance, il est naturalisé Suisse en 1919. En 1925, il est délégué du mouvement
sioniste auprès de la Société des Nations et entre au Bureau International du Travail. Sa carrière de diplomate se
poursuit notamment pendant la Seconde Guerre Mondiale dans le gouvernement du Général de Gaulle à
Londres ; en 1945, il est nommé conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour la protection des
réfugiés, travail qu’il poursuit à Genève pour l’Organisation Internationale des Réfugiés.
Parallèlement à sa carrière professionnelle, il écrit poèmes, récits autobiographiques, essais, une pièce de
théâtre et, bien sûr, la Saga des Solal, Juifs de Céphalonie en quatre romans : Solal (1930), Mangeclous (1938),
Belle du Seigneur (1968) et Les Valeureux (1969).
Belle du Seigneur, couronné par le Grand Prix de l’Académie Française, est un roman lyrique, rabelaisien, dans
lequel se dégagent trois axes récurrents chez Albert Cohen : l’amour du peuple juif, traité avec lucidité, humour,
profondeur et exubérance ; l’hymne à la femme et l’exploration des méandres de la passion amoureuse poussée
à son paroxysme ; l’obsession de la mort.
Dissection au scalpel de la petite bourgeoisie, plume acérée pour décrire les fonctionnaires de la SDN,
caricature comique et attendrie des Valeureux, ironie sarcastique pour détailler les comportements : par son
écriture plurielle, Albert Cohen embarque le lecteur dans une contrée fantastique, à l’aide entre autres de
monologues sans ponctuation, sans paragraphe, dans un tourbillon de mots, de néologismes qui laissent
affleurer la densité, l’émotion et l’humanité des personnages.
Autres œuvres importantes : Le Livre de ma mère (1954), O vous, frères humains (1972), Carnets (1978). Albert
Cohen est mort à Genève en 1981.
...le burlesque est à fleur de plume...
Bertrand Poirot-Delpech
Le Monde - 20/10/1981
Anne Danais : note d’intention
J’entretiens une relation passionnée avec Belle du Seigneur depuis une bonne vingtaine d’années. J’ai eu un
coup de foudre pour l’œuvre entière qui provoqua presque une paralysie, une incapacité à lire autre chose
pendant plusieurs mois.
C’est une histoire d’amour douce et qui dure.
Mariette m’a séduite dès la première phrase. J’ai une affection et un intérêt tout particuliers pour les
domestiques que j’ai côtoyé(e)s en incarnant Célestine du Journal d’une femme de chambre, Mademoiselle
Julie, en dirigeant Les bonnes, en lisant Swift … Mais Mariette, c’est la cerise sur le gâteau.
Les passages de Mariette, je les ai tous sortis du livre. Je les ai gardés intacts, tels que. Je les ai lus, relus et relus
encore. Peu à peu, je les ai teintés de l’accent des Deux-Sèvres de mes grands-parents maternels. Et Mariette a
fini par s’installer dans ma tête durablement, dans mes oreilles, dans ma bouche et dans mon corps.
J’ai peu à peu conquis des publics tranquillement.
Et j’ai attendu comme je sais si bien faire et j’ai vieilli avec la certitude de jouer un jour, au théâtre ce que
j’appelle Les Soliloques de Mariette, ce texte si magnifiquement écrit pour être dit, drôle et essentiel.
Mariette témoigne. De sa place de bonne, elle voit tout, elle sait tout. Elle nourrit une relation toute affective
avec sa jeune maîtresse, celle qui va devenir La Belle du Seigneur. Elle l’a connue bébé, elle a remplacé sa
mère, c’est un peu comme sa fille… elle a l’art de la formule imagée et cocasse. Elle est profonde et drôle à la
fois. Elle puise en elle, dans ses observations quotidiennes, la substance de ses pensées philosophiques et
populaires. Elle fait mouche car elle voit juste et parle juste.
Eh bien voilà que ressortant les Soliloques au printemps 2008, et en en faisant lecture à Anne Quesemand et
quelques-uns de ses amis, dans leur théâtre de La Vieille Grille, la rencontre s’est faite.
Voilà que Anne Quesemand me propose de me diriger et de me mettre en scène.
Belle démonstration encore une fois que les choses arrivent si on les rêve vraiment.
Je suis très émue, très touchée, très honorée, et … très impatiente aussi de pouvoir travailler avec Anne
Quesemand.
Je joins à cette note quelques idées qui m’ont traversée concernant Mariette
Jouer le texte intégral sans aucune coupe (c’est la seule chose à laquelle je tiens)
N’avoir besoin de rien (ça, ça me plaît beaucoup)
Jouer à domicile en faisant le ménage
Le jouer dans des cuisines
Le jouer dans des bibliothèques
Ne rien faire, être à une table assise c’est tout
Préparer un plat pour les spectateurs
En plumant et vidant des poulets
Enfin tout et son contraire…
Anne Quesemand : note d’intention de mise en scène
Lorsque j’ai entendu la lecture qu’Anne Danais nous a proposée au Théâtre de la Vieille Grille, l’évidence m’a
sauté aux yeux : l’adéquation entre le texte et la comédienne est telle que le personnage de Mariette - la
“bonne” d’Ariane, la Belle du Seigneur - est là d’emblée, et qu’un spectacle est là aussi, qui ne demande qu’à
vivre.
L’essentiel de l’intention de mise en scène est ainsi présent dans la note d’intention de la comédienne.
Simplement, au lieu qu’Anne Danais, accoudée à une table, occupe ses mains à tourner les pages, elle tient un
chiffon, “brille l’argenterie”, écosse des petits pois, prépare et boit un café, lave ou repasse un linge fin, recoud
un ourlet ; et son regard porte non plus sur le livre, mais sur sa tâche, sur les spectateurs. Il s’agit de proposer
une “petite forme” adaptable à divers lieux : appartement, cuisine, bibliothèque… ou théâtre, les tâches
ménagères de Mariette pouvant s’adapter à cette diversité. La variété de ces tâches aidera aussi à dégager la
chronologie des monologues qui, dans le roman, s’étalent sur quelques années : Mariette vieillit.
Comme les autres personnages de Belle du Seigneur, Mariette ressasse et soliloque - elle est même la seule à
“théoriser” le monologue intérieur cher à Albert Cohen : Moi j’aime bien discuter quand même je suis seule, ça
tient compagnie quand on travaille. Le “reste” du livre - on allait dire du “pavé”, car c’en fut un joli dans la
mare littéraire du moment (1968 !) - nous renseigne sur elle, sur des choses qu’elle ne dit pas, mais qu’elle fait,
et dessine une silhouette : Mariette lisse ses accroche-cœurs, elle chante, boit beaucoup de café, elle lit un
roman d’amour, et nous livre au passage ses réflexions sur la politique, la guerre, la société, même si sa grande
affaire reste le suivi des amours d’Ariane… D’autres personnages nous parlent d’elle, et Solal commente son
départ :
Bravo, Mariette ! : autant d’indications qu’Albert Cohen nous fournit pour préciser la gestuelle, l’accent, le jeu,
pour nourrir la mise en scène.
Décor - accessoires – costumes
Le décor est minimal, devant s’adapter - et parfois emprunter - aux lieux de la représentation : une table de
cuisine recouverte d’une toile cirée bleue, une chaise, une desserte, un tabouret ; dans un théâtre équipé, ces
éléments -fournis par nous- seront élégants et soignés : nous sommes dans la cuisine d’une demeure de maître,
à Genève d’abord, puis dans la villa “nid d’amour” aménagée par l’aristocrate Ariane d’Amble, sur la Côte
d’Azur.
Les accessoires en portent la marque : boîte d’argenterie, thermos argentée, linge fin, bouquet de fleurs. L’action
se situant dans les années 1930, l’évocation en est donnée par quelques indices : Mariette fait l’argenterie au
blanc d’Espagne …
Elle porte une robe et un tablier intemporels, bien coupés, dans les tons gris-bleu ; Mariette est soignée et
coquette. Quand elle se laisse aller à esquisser un pas de danse, on voit son jupon blanc.
Musique
Elle est d’abord dans l’écriture-même : comme Proust avec Françoise, Albert Cohen se délecte du langage de la
domestique d’une “grande maison” ; non seulement de son vocabulaire, de ses tournures de phrase, mais aussi
de son “phrasé”, de son rythme syntaxique, qu’il restitue par l’absence de toute ponctuation : Ah oui alors que
j’en ai battu de l’ouvrage depuis avant-hier que je suis de retour comme que jui avais promis à la chameau la
saleté d’Antoinette que je viendrais à peine que ma sœur elle aurait dégonflé mais forcément ça a duré plus que
jui avais dit vu que jui avais promis début juliette d’après comme que les docteurs avaient dit…
Cette musicalité est bien sûr l’essentiel du travail de la comédienne, et le souci premier de la direction d’acteur.
Mais la musique est aussi présente directement par trois chansons, interprétées a cappella par Mariette, trois
chansons que cite A. Cohen qui dit souvent : “comme dit la chanson” : Parlez -moi d’amour, Une étoile
d’amour, Le petit grelot de la vie.
Lumières
Elles sont paradoxalement essentielles : alors que dans des appartements ou des bibliothèques elles ne
pourront guère intervenir, dans un théâtre c’est à elles que seront confiés les “changements de décor”, d’un
décor quasi inexistant et qui ne changera pas : les trois premiers “actes” se passent en effet à Genève, le dernier
sur la Côte d’Azur. Elles témoignent aussi du passage du temps : les trois premiers actes s’étendent sur quelques
mois, le dernier a lieu, en un seul jour, plusieurs années après. De chaudes et larges au début, s’accordant aussi
aux “humeurs” de Mariette, elles deviennent de plus en plus froides et ponctuelles, surtout sur la côte d’Azur moi j’aime pas ici, c’est triste toute cette eau de la mer en hiver- , rendant compte aussi du fait que Mariette
témoigne comiquement d’une passion tragique.
Anne Quesemand, metteur en scène Metteur en scène, auteur, comédienne, accordéoniste, enseignante, Anne Quesemand assure la direction de la
Compagnie du Théâtre à Bretelles et du Théâtre de la Vielle Grille à Paris, avec Laurent Berman. Ensemble, ils
ont créé une vingtaine de spectacles, entre autres : "Métamorphoses d’une mélodie" (Coprod. Ville de ParisCentre Pompidou-1983), "Le grand Méliès" (Coprod. CDC d'Aurillac-Théâtre 71 Malakoff-1991), "L’herbe de
mémoire Voyage avec Louis Guilloux" (Coprod. Scène Nationale La Passerelle - St Brieuc-1998), "Cosi Fa Da
Ponte" (Coprod. ATP d'Uzès-1992), "Cabaret Kafka" (Coprod. Centre Culturel de Boulogne-Billancourt-2002).
Anne Quesemand a signé des mises en scène extérieures, ainsi que plusieurs courts-métrages. Formatrice en art
dramatique et cinématographique, elle anime régulièrement des stages sur le langage et l’écriture au
Conservatoire de Littérature Orale (CLIO) à Vendôme (41).
Elle a publié une douzaine de livres : pièces de théâtre, romans, contes, essais, albums jeune public dont "Le
Colporteur d’images" et "Elles sont tropes" chez Alternatives, "La Mort Marraine" chez Ipomée-Albin-Michel, "La
trilogie du Rat" à l’Attrape-Science,...
http://theatre.bretelles.free.fr/
http://www.vieillegrille.fr / [email protected]
Anne Danais, comédienne
Comédienne, poète, auteur-compositeur-interprète, metteur en scène, elle vit en Charente-Maritime.
Elle s’est formée en théâtre-chant-écriture-musique-clown auprès du Roy Art Théâtre, de Alain Knapp,
Georges Bigot, Gilone Brun, Daniel Lemahieu, Carina Bonan, Jacques Bertin, Christian Dente, Marc
Perrone,…
Elle a collaboré à de nombreux spectacles avec des compagnies indépendantes (Le journal d’une femme de
chambre, Rue des bonnes femmes, Le parcours des humiliés,…), en a créé elle-même comme chanteusecomédienne (Ida voit le jour, Labelles d’âme, La Danais chante, Frau Rupfe,…).
Comme auteur-compositeur-interprète, elle se produit en concerts (Charente-Maritime, Calvados, Paris)
et a enregistré un CD en 2004.
D’autre part, elle a développé des activités de formation au jeu théâtral pour des adultes et en milieu
scolaire.
En 2011, on la retrouvera dans le téléfilm "A la Recherche du Temps perdu" réalisé par Nina Companeez
avec ARTE et France Télévisions. Elle interprète Françoise, la bonne de Proust aux côtés de Dominique
Blanc, Didier Sandre, Catherine Samie, Micha Lescot, Eric Ruf, Valentine Varela, Jean-Claude Drouot,
Dominique Valadié…
www.annedanais.net
La Maison du Chat bleu
Anne Danais assure la direction artistique de la Maison du Chat bleu créée en 2002, association loi 1901 à
vocation culturelle en milieu rural qui crée et reçoit des spectacles (théâtre, poésie, lecture, musique), organise
des stages de chant, de théâtre… des expositions… un travail sur la mémoire locale…
Elle est installée dans les murs de l'ancienne école du village des Garlopeaux à Saint-Savinien en CharenteMaritime. www.chatbleu.org
Création mars - juillet 2009
SAINT-JEAN D'ANGÉLY (17) - Maison du Chat bleu - 6 mars 2009
PARIS (75005) - Théâtre de la Vieille Grille - 1er au 19 avril 2009
AVIGNON FESTIVAL OFF (84) - Théâtre Les Ateliers d'Amphoux - 8 au 31 juillet 2009
Tournée 2009 - 2010
SAINT-SAVINIEN (17)
ROCHEFORT-DU-GARD (30)
BARBEY (77)
SAINT-VICTOR (24)
SAINT-JEAN D'ANGÉLY (17)
VAL D'ISÈRE (73)
ARENGOSSE (40)
TARBES (65)
GARNAY (28)
"Les Soliloques de Mariette"
EXTRAITS DE PRESSE
Jacques Nerson : "Ce n'est pas un conseil que je vous donne, c'est presqu'un ordre tellement ce
spectacle est merveilleux !… C'est prodigieux… vraiment une grande émotion théâtrale !"
Le Masque et la Plume / France Inter - Jacques Nerson
"Sublime, forcément sublime Anne Danais ! Prodigieuse comédienne, elle a eu l’excellente idée
***
de rassembler les Soliloques de Mariette. (...) L’adéquation de l’actrice à son rôle est totale.
On dirait Cendrillon chaussant sa pantoufle : ils étaient de toute éternité faits l’un pour l’autre.
Le sommet de la perfection." Le Nouvel Observateur - Jacques Nerson
♥♥♥"Dirigée avec simplicité par Anne Quesemand, elle est plus vraie que nature dans sa cuisine, où
il ne manque plus que les odeurs de bons petits plats. Un spectacle à déguster."
Le Figaro - Nathalie Simon
★★★"Corps quinquagénaire enveloppé d'un tablier, voix polie aux travaux et aux jours, mains de
repasseuse et coeur sans faux plis. Mise en scène par Anne Quesemand, la comédienne nous
emmène dans le domaine intime, brodé de rêves et de désillusions, de son personnage. Mais au fond
de ce bon fond il y a quelque chose, un germe que Jean Genet, lui, laissera pousser jusqu'au crime
dans "Les Bonnes". Nous n'en sommes pas là. Et Mariette amuse, émeut dans le talent éclatant d'une
comédienne au charme ancien et merveilleux.". L'Express - Laurence Liban
T T "Anne
Danais joue avec une grande sensibilité… La mise en scène d'Anne Quesemand est
sobre et fine et fait passer une belle leçon d'humanité." Télérama - Sylviane Bernard-Gresh
"La comédienne...prête au personnage une existence poignante et burlesque."
l’Humanité - Muriel Steinmetz
★★★ "Anne Danais prête au personnage une telle humanité qu'on aurait envie de la prendre dans
ses bras pour la consoler. C'est merveille de voir une actrice épouser aussi parfaitement un
personnage." Valeurs actuelles - Jacques Nerson
"La démesure d’Albert Cohen revue en miniature par la tendre bonne de Belle du Seigneur,
miraculeusement incarnée par Anne Danais dans la mise en scène d’Anne Quesemand.
Dans l’immense fresque amoureuse qu’est Belle du Seigneur du romancier genevois Albert Cohen,
Mariette est un petit personnage de rien du tout, qui offre de temps en temps au lecteur une
respiration bienvenue et un regard nouveau sur l’intrigue…
Exemple unique de spectacle où l’absence de rythme est une qualité : par l’effet jumelé de sa diction
flottante au charme de berceuse et des gestes quotidiens de la bonne, exécutés avec le même don
d’observation, elle hypnotise le spectateur…étrange chorégraphie du quotidien, qui donne corps aux
méandres d’une âme secrète, à l’allégorie même de l’anonymat." Scènes Magazine - Julien Lambert
"La friture d’amour...Une sacrée trempe, cette Mariette ! Et une gorgée bien fraîche d’humanité, cette
Anne Danais !" Les Trois Coups - Claire Stavaux
"Belle du Seigneur par le trou de la serrure ? Le propos pourrait être malotru et scabreux. Il est
drôle et humain…. De sa cuisine, Mariette observe tout, sait tout avec malice et intuition.
Toinette des années trente, elle incarne l'éternelle ambiguïté des relations maître et serviteur.
L'oeil en coulisse et de la malice sous le bonnet, la comédienne Anne Danais se fait la
messagère de ce courrier du coeur joliment bien troussé. Un délice."
Impact médecine - Jean-Michel Ulmann
VVV"Dans
sa cuisine, Mariette astique et bavarde… Admirablement dirigée par Anne
Quesemand, elle joue avec subtilité sur l'humour et l'émotion pour donner à l'inénarrable
Mariette charme et profondeur." La Vie - Christine Monin
"Quelques rires ça et là parcourent l’assistance. Pas ce rire condescendant dont on accorde l’obole à
ces personnages sacrifiés par la tristement célèbre « raffarinade » (cette « France d’en bas ») mais des
rires francs car Mariette est résolument drôle. Et Anne Danais lui prête son talent, sa générosité, son
savoir jouer avec un naturel déconcertant. On réussit bien vite à oublier ces longues phrases dont «
Belle du Seigneur » regorge et qu’on n’entendra pas ici. Mariette et Anne sont là pour ça. Leur
rencontre, tellement évidente qu’elle semblait programmée, est de celles qu’on ne doit pas manquer."
CultureCie - Franck Bortelle
"Et voilà que c’est par la voix d’une figure apparemment secondaire que Belle du Seigneur trouve sa
place sur une scène…/...On se régale de la truculence d’une langue audacieuse et généreuse qui
profite de la situation pour prendre toutes les libertés avec la syntaxe et le lexique."
webthea.com - Corinne Denailles
"Comédienne solaire aussi modeste qu'efficace." Sud Ouest - Alban Boigeol
"La performance de l'actrice est stupéfiante avec cette gouaille respectueuse propre aux serviteurs…
Monologues délicieux plein d'humour et d'humanité." Notre Temps.com - Sylvaine de Paulin
"Une " bavarderie " à ne pas manquer...Formidable Anne Danais qui donne vie au personnage dans
la façon de s’approprier la langue, cette musicalité, cette syntaxe ample et déviante, ces mots
transformés…" La Terrasse - Agnès Santi
"Un petit bijou, ce spectacle d’Anne Danais mis en scène par Anne Quesemand."
L’Arche - Karolina Wolfzahn
"Ici rien de gratuit ou d’approximatif, tout est minutieux et généreux." blog Marie Ordinis
"Dans son flot de paroles, son vocabulaire imagé et ses expressions cocasses nous font rire. Le rythme
musical qui s’en dégage est « l’essentiel du travail de la comédienne et le souci premier de la direction
d’acteur », souligne le metteur en scène, Anne Quesemand. Quelle justesse aussi dans le ton, la
diction, pour dire un texte aussi particulier ! A elle seule elle crée son petit univers –grand dans sa
tête, celui d’une domestique qui s’est toujours dévouée à ses maîtres, tout en s’effaçant."
Un Fauteuil pour l'Orchestre- Anne-Marie Watelet
"Elle tient la scène sans esbroufe mais au contraire en restituant de l’intérieur l’âme de cette
bonne attachante au franc-parler, accommodant à sa sauce les expressions usuelles. Sa
prestation pleine d’humanité nous la rend si proche qu’à la fin, on a l’impression de l’avoir
toujours connue." froggy's delight - Nicolas Arnstam
"Albert Cohen revit sur scène...Un savoureux spectacle, porté de bout en bout par une remarquable
comédienne." Le Figaro - Nathalie Simon
Dimanche 7 novembre 2010
"Alors moi, c'est pas un conseil, c'est presqu'un ordre (que je vous donne) tellement ce
spectacle est merveilleux ! C'est "Les Soliloques de Mariette" !
C'est une comédienne qui s'appelle Anne Danais, qui est merveilleuse, qu'on ne connaissait
pas à Paris pratiquement, elle est dans les Deux-Sèvres, en Charente-Poitou, et elle a eu
l'idée géniale d'abouter les monologues de Mariette qui est la bonne dans Belle du Seigneur,
la bonne d'Ariane.
Et c'est une idée formidable parce que dans sa cuisine, tout en écossant les petits pois, tout
en faisant le café, tout en ravaudant, elle raconte ce qu'elle entend, ce qu'elle perçoit des
amours de sa jeune maîtresse avec Solal et c'est une façon indirecte de nous raconter cette
histoire.
C'est pro-di-gieux !!!
C'est vraiment une grande émotion théâtrale.
Alors c'est au Petit Montparnasse à 19h.
Jacques Nerson
"Ce commandement de Jacques Nerson, vous le retrouver sur le site du Masque et la Plume
sur franceinter.com" Jérôme Garcin
m é m e n t o
théâtre
88
ATHÉNÉE - LOUIS-JOUVET
(loc. 01.53.05.19.19)
u La Cerisaie de Tchekhov - m.e.s.
Paul Desveaux - jusqu’au 11 déc.
u Caligula de Camus - m.e.s.
Stéphane Olivié Bisson - du 20 janvier au 5 février.
BOUFFES DU NORD
(loc. 01.46.07.34.50)
u Une Flûte enchantée de Mozart,
par Peter Brook, Frank Krawczyk,
Marie-Hélène Estienne - m.e.s Peter
Brook - jusqu’au 31 décembre.
CARTOUCHERIE THÉÂTRE DU SOLEIL
(loc. 01.43.74.24.08)
u Les Naufragés du fol espoir - création collective - jusqu’au 31 déc.
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
u Lulu de Wedeking - m.e.s.
Stéphane Braunschweig - jusqu’au
23 décembre
Petit théâtre :
u Pornographie de Simon Stephens -
t h é â t r e
m.e.s. Laurent Gutmann - jusqu’au
18 décembre
COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES
(loc. 01.53.23.99.19)
u Le Roi se meurt de Eugène
Ionesco - m.e.s. Georges Werler jusqu’au 30 décembre.
COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
u L’Avare de Molière - m.e.s.
Catherine Hiegel - jusqu’au 2 janvier
u La Grande Magie de Eduardo de
Filippo - m.e.s. Dan Jemmett - jusqu’au 19 décembre.
u Les Oiseaux d’Aristophane - m.e.s.
Alfredo Arias - jusqu’au 15 déc.
u Andromaque de Racine - m.e.s.
Muriel Mayette - jusqu’au 14 février.
u Un Fil à la patte de Georges
Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps
- du 4 décembre au 18 juin.
u Les Trois Sœurs de Tchekhov m.e.s. Alain Françon - du 16 décembre au 28 mars.
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
u Les Habits neufs de l’Empereur
de Andersen - m.e.s. Jacques
Allaire - jusqu’au 9 janvier.
u La Critique de l'École des femmes de Molière - m.e.s. C. HervieuLéger - du 27 janvier au 6 mars.
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
u Le Mariage de Gogol - m.e.s. Lilo
Baur - jusqu’au 2 janvier.
u La Maladie de la famille M. de
Fausto Paravidino - m.e.s. de l’auteur - du 19 janvier au 20 février.
FONTAINE (loc. 01.48.74.74.40)
u Thé à la menthe ou t’es citron ? de
Danielle Navarro-Haudecœur et
Patrick Haudecœur - m.e.s. Patrick
Haudecœur - jusqu’au 2 janvier.
GUICHET MONTPARNASSE
(loc. 01.43.27.88.61)
u L’augmentation de Perec - m.e.s. M.
Martin-Guyonnet - jusqu’au 8 janv.
LUCERNAIRE (loc.01.45.44.57.34)
u Francesco de Dario Fo - m.e.s.
Stéphane Aucante - jusqu’au 31 déc.
u Box-Office de D. Mamet - m.e.s.
Aanne Bourgeois - jusqu’au 9 janvier
MOUFFETARD (01.43.37.32.35)
u Plus qu’hier et moins que demain
d’après Courteline et Bergman -
Au Petit Montparnasse
Les Soliloques de Mariette
La démesure d’Albert Cohen revue en miniature par la tendre bonne de Belle du Seigneur, miraculeusement
incarnée par Anne Danais dans la mise en scène d’Anne Quesemand.
Dans l’immense fresque amoureuse qu’est Belle du Seigneur du romancier genevois Albert Cohen, Mariette
est un petit personnage de rien du tout, qui offre de temps en temps au lecteur une respiration bienvenue et un regard
nouveau sur l’intrigue. On oublie alors pour un moment et l’on regarde de très loin, par une lorgnette déformante,
démystifiante, les personnages fantasques, boursoufflés, sublimes jusqu’à l’écœurement de la « vraie » intrigue.
Mariette la domestique, c’est le contraire exactement : la modestie, la petitesse, l’effacement incarnés. Elle nous
fait dériver dans un temps suspendu, lui aussi aux
antipodes de la temporalité fluviale du roman mégalomane, qui déploie l’épopée amoureuse des confins du
bonheur aux confins de l’horreur. Si dans ce contexte, les
soliloques de Mariette, dans son charabia populaire et
vieillot sans ponctuation ni structure, ménagent un contraste profitable à l’ensemble, en faire un spectacle
autonome aurait pu, aurait dû mener à la catastrophe, au
gouffre, sans le talent, la méticulosité fascinante et la
générosité débordante de la comédienne Anne Danais,
dans le minimalisme même de son rôle. Exemple unique
de spectacle où l’absence de rythme est une qualité : par
«Les soliloques de Mariette» ©Joël Mathieu
l’effet jumelé de sa diction flottante au charme de
berceuse et des gestes quotidiens de la bonne, exécutés
avec le même don d’observation, elle hypnotise le spectateur et le prend ainsi en otage d’une subjectivité vertigineuse. Que Mariette astique l’argenterie ou qu’elle sirote son café goulûment, ce culte du détail participe moins à
un naturalisme du personnage ou à une illustration vaine pour « meubler », qu’à une étrange chorégraphie du quotidien, qui donne corps aux méandres d’une âme secrète, à l’allégorie même de l’anonymat. Cette approche rend
surtout honneur aux aspects les plus précieux du personnage, non les plus évidents : la mélancolie que cache son
dévouement aveugle, et sa tendresse derrière ses manières et ses mots frustres.
. Actuellement au Petit Montparnasse.
Location +33/1.43.22.77.74.
Au Théâtre du Passage de Neuchâtel la saison prochaine.
a
g
e
n
m.e.s. Pierre Maillet et Matthieu
Cruciani - jusqu’au 15 janvier
u Hamlet de Shakespeare - m.e.s.
Igor Mendjisky - 20 janv. au 19 mars.
NANTERRE AMANDIERS
(rés. 01.46.14.70.00)
u Klaxon, trompettes… et pétarades
de Dario Fo - du 1er au 18 déc.
u Ithaque de Botho Strauss - m.e.s.
Jean-Louis Martinelli - du 7 janvier
au 12 février.
ODÉON (loc. 01.44.85.40.40)
u Dämonen de Lars Norén - m.e.s.
Thomas Ostermeier - 3 au 11 déc.
u Le vrai sang de & m.e.s. Valère
Novarina - création - du 5 au 30 janv.
ATELIERS BERTHIER :
u Pinocchio d'après Carlo Collodi texte & m.e.s. Joël Pommerat - jusqu’au 26 décembre
u Le petit chaperon rouge, adapt.
Joël Pommerat - m.e.s. Joël
Pommerat - jusqu’au 26 décembre
u Le jeu de l’amour et du hasard de
Marivaux - m.e.s. Michel Raskine - du
12 janvier au 6 février
ROND-POINT (loc. 08.92.70.16.03)
u Funérailles d'hiver de Hanokh
Levin - m.e.s. Laurent Pelly - jusqu’au
11 décembre.
u Encore un tour de pédalos (Je hais
les gais) de & m.e.s. Alain Marcel jusqu’au 31 décembre.
u Suspection de Fabienne Renault m.e.s. Enki Bilal - jusqu’au 30 déc.
u Monsieur Martinez de Juliette
Coulon - m.e.s. Quentin Defalt - du
1er du 31 décembre.
u La Conférence de Christophe
Pellet - m.e.s. Stanislas Nordey - du
4 au 30 janvier.
u Et l'enfant sur le loup de Pierre
Notte - m.e.s. Patrice Kerbrat - du 6
janvier au 13 février
u Harper Rega de Simon Stephens m.e.s. Lukas Hemleb - du 19 janvier
au 19 février
THÉÂTRE DES VARIÉTÉS
(rés. 01.42.33.09.92)
u Le Dîner de cons de Francis Veber m.e.s. J.-L. Moreau - jusqu’au 2 janv.
THÉÂTRE DE LA VILLE
(loc. 01.42.74.22.77)
u Rêve d’automne de Jon Fosse m.e.s. Patrice Chéreau - du 4 décembre au 25 janvier
d
a
Théatre
Pièce de théâtre : " Les Soliloques de Mariette "d'Anne Danais
Extraits de " Belle du Seigneur " d'Albert Cohen.
Au Petit Théâtre Montparnasse
31 rue de la Gaité
Paris 14°
Tél.: 01 43 22 77 74
L'avis de Gérard Bensaid
Albert Cohen ? un monument. « Belle du Seigneur » ? Un chef d’œuvre.
Il devenait alors tentant de viser à en extraire des passages pour en faire une pièce de
théâtre ou tout autre spectacle vivant. En composant bien évidemment, peut être pas une
intrigue au sens habituel du terme mais une histoire , une tranche de vie commune de
certains des protagonistes du roman : depuis l’enfance de la belle Ariane jusqu’à la retraite
de la préceptrice Mariette en passant par l’adolescence d’Ariane , son mariage, sa vie de
couple et son divorce ; l’accent est mis dans la pièce sur les relations mère (adoptive) /
fille ( supposée adoptée suivant les besoins de la cause ) .
C’est Anne Danais qui, aimant tellement le roman, en a extrait Les Soliloques. Noble idée
qui aurait pu donner naissance à quelque chose de lourd et de terne
tant cette apparait comme difficile à mettre en œuvre. Dans les faits pas du tout :
l’attention est maintenue constante malgré (ou grâce, c’est selon chacun) un phrasé en
langue française, certes, mais transformée en parler « peuple », celui d’une domestique
au langage plus proche d’agriculteurs de la France profonde (les Deux Sèvres) que de
fonctionnaires de la Société des Nations…
Le texte est d’Albert Cohen, l’accent pour le dire est d’Anne Danais.
On rit peu mais on sourit beaucoup car Mariette a une vision tellement personnelle des
choses et des événements quand elle veut nous persuader par exemple qu’elle est la
mère adoptive d’Ariane ; elle a son franc parler, essaie de nous manipuler, distillant ses
indiscrétions en fonction de son seul intérêt.
Les Soliloques, une pièce dans le roman ; une originalité pour sûr ; un genre qu’il faut
encourager en tout cas, car in fine il donne envie de lire ou de relire l’œuvre complète
d’Albert Cohen et de le remercier une nouvelle fois.
G.B.
CultureCie fait sa comédie
"Le théâtre n'est fait que pour être vu."
Molière
« Les Soliloques de Mariette » : Anna Danais nous a à la bonne !
Le pavé et chef d’œuvre d’Albert Cohen « Belle du Seigneur » est présenté au Petit Montparnasse par le petit bout de la
lorgnette, à travers le personnage le plus insignifiant du roman. Au final, un spectacle délicieux, bougrement intelligent,
foncièrement humain et mené par une comédienne qui semble avoir trouvé le rôle de sa vie. A savourer sans
modération.
Par Franck Bortelle
C’est un culte légitime que vouent de très nombreux admirateurs à « Belle du Seigneur » le chef d’œuvre d’Albert Cohen.
Sur plus d’un millier de pages qui se consument dans une frénésie de lecture qu’envieraient bien des auteurs de polars,
le romancier livre un constat vitriolé sur le monde diplomatique, auquel succède une introspection de la passion
destructrice d’une femme (Ariane) pour son amant (Solal). Renforcée par le ton ironique à force de décalage dans la
première partie (ah ces pages jubilatoires où est décrite la journée d’un diplomate boursoufflé d’importance mais
n’ayant strictement rien à faire !), l’écriture confine au sublime.! Elle se fait plus empathique dans les rapports de force
des deux amants, sans perdre bien sûr de son style à la fois nerveux et délié.
Moins aptes à susciter un quelconque souvenir, de courts chapitres, dans un style en totale rupture avec le reste du
roman, parsèment le propos : les fameux soliloques de Mariette, la femme de chambre d’Ariane. Cohen fait parler cette
femme comme la paysanne qu’elle est, ce qui au milieu d’un océan de chapitres des plus stylisés, déroute. Déroute
parce que ce langage se prête moins à une lecture silencieuse qu’à un exercice qu’induit son potentiel oral, déroute
aussi, à cause de l’absence totale de ponctuation du texte.
L’ombre de Mirbeau
C’est cette dimension orale qu’Anne Danais fait vivre sur la scène. Et le miracle qui pouvait sembler improbable à la
lecture, se produit au-delà de toutes les attentes. Cette petite bonne, quasi sœur jumelle, avec soixante-dix ans d’écart,
de la femme de chambre du génial Mirbeau, livre ses états d’âme. Avec ses mots du terroir, ses néologismes où se
mêlent dyslexie, approximations sémantiques et un langage plus fleuri qu’un chant de marguerites au printemps.
Tout en astiquant son argenterie, Mariette va s’adresser à nous, nous faire part de ses inquiétudes à l’endroit de la belle
Ariane, qu’elle voit malheureuse en amour avec son pâle époux et dont elle devine, fine mouche, la liaison naissante
avec Solal. Peu instruite mais loin d’être idiote, elle nous dresse à sa manière un état du monde ô combien pertinent.
La mise en scène d’Anne Quesemand va prendre appui sur la comédienne. Anne Danais est Mariette. Dès son entrée en
scène, on y croit, on est avec elle, dans sa cuisine et on savoure toutes ses vérités. Et si un soupir d’admiration s’empare
du public lorsque, pas bégueule, elle nous montre cette argenterie rutilante qu’elle a briquée devant nous, c’est bien
parce que la symbiose avec la salle est totale.
Quelques rires ça et là parcourent l’assistance. Pas ce rire condescendant dont on accorde l’obole à ces personnages
sacrifiés par la tristement célèbre « raffarinade » (cette « France d’en bas ») mais des rires francs car Mariette est
résolument drôle. Et Anne Danais lui prête son talent, sa générosité, son savoir jouer avec un naturel déconcertant. On
réussit bien vite à oublier ces longues phrases dont « Belle du Seigneur » regorge et qu’on n’entendra pas ici. Mariette et
Anna sont là pour ça. Leur rencontre, tellement évidente qu’elle semblait programmée, est de celles qu’on ne doit pas
manquer.
Moi, mon mari, mes emmerdes
Les soliloques
de Mariette
Q
Mariette est le nom de la domestique de la jolie Ariane
de « Belle du Seigneur ». Dans ce chef-d’œuvre d’Albert Cohen, tout un passage lui est consacré. Posant
un regard extérieur à la passion sublimée entre Ariane
et Solal, la vieille dame a du mal à comprendre cette
relation : « Si c’est ça l’amour, moi j’en veux pas. »
Gommant les deux tourtereaux, Anne Quesemand, à
la mise en scène, et Anne Danais, à l’interprétation, se
sont concentrées sur Mariette : son ouvrage, son travail, ses patrons, sa vision du monde, de la société…
C’est une parfaite réussite, sauf qu’à la fin on perd
sa colère face à « tout ce cinéma » entre Madame et
Monsieur. On pardonne, tant Anne Danais incarne à
merveille cette brave femme pleine de bon sens, au
parlé direct et qui n’utilise jamais les bonnes expressions. Le travail sur le phrasé et l’accent, comme sur
le physique, la démarche et les costumes, est formidable. Anne Quesemand a choisi le réalisme tant dans
le décor, une cuisine à l’ancienne, que dans les
actions, où on la voit nettoyer l’argenterie… On oublie
Ariane et le beau Solal, pour n’être qu’avec Mariette,
sorte de Bécassine cocasse et touchante.
Si je t’attrape, je te «mort» !
L
Les bons cons font les bons amis 1, 2, 3 souvenirs
U
Les plateaux d’humour de L’autruche
rebelle.tv
U
Beethoven délire inside
M
M-C.N.
Petit Montparnasse. Voir page 34.
Les cocottes se soignent
U
Salle Michèle Laroque
Christian Legal « 100 voix en l’air »
C
Aurélia Decker dans « Je crois qu’il faut qu’on parle ! ».
E
Attention au départ !
E
A la folie, pas du tout («Putain de week-end»).
© Wikispectacle
U
Olivier Maille dans « Jusqu’ici tout va mal ».
L
40 Pariscope semaine du 10 au 16 novembre
■
■
Les Soliloques de Mariette
sept 28, 2010
Lucidité, humour et renoncement : voici Mariette qui nous parle.
Albert Cohen reçut le Grand Prix de l’Académie Française pour son roman Belle du Seigneur, paru
en 1968. A l’origine de ce spectacle, c’est le coup de foudre d’Anne Quesemand pour la lecture
vivante d’Anne Danais, passionnée par le personnage de Mariette, la domestique de la belle Ariane.
Une œuvre lyrique dont l’écriture fit merveille autant qu’elle étonna : des monologues décousus,
sans ponctuation, un « tourbillon de mots » avec lesquels Mariette soliloque.
Durant une heure vingt, celle-ci, toute à ses besognes, comme « briller » l’argenterie, se faire du
café, coudre, lisser son accroche-cœur, témoigne de ce qu’elle voit de sa place de domestique –et
elle voit tout ! – des figures qui l’entourent ; multiplie les anecdotes, livre ses réflexions sur le monde.
Sa sœur tient une grande place dans son cœur. Elle chante aussi pour se donner du cœur à
l’ouvrage (parlez-moi d’amour), en trottant dans sa cuisine. Elle conserve une tendresse indéfectible
pour Ariane qu’elle a vu grandir, et progressivement, son errance verbale fait place aux récits de
l’évolution d’Ariane, amoureuse tragique de Solal, son bel amant. Ce faisant, Mariette égrène les
peines que lui procurent son comportement nouveau.
Les réflexions de cette femme simple, elle les énonce avec son langage teinté d’un accent –et cela
mérite d’être signalé : l’accent des Deux-Sèvres, héritage des grands-parents de la comédienne.
Dans son flot de paroles, son vocabulaire imagé et ses expressions cocasses nous font rire. Le
rythme musical qui s’en dégage est « l’essentiel du travail de la comédienne et le souci premier de la
direction d’acteur », souligne le metteur en scène, A. Quesemand. Jamais théâtrale, la gestuelle de
Mariette reste modeste, authentique et ses menues activités n’entravent jamais son monologue.
Quelle justesse aussi dans le ton, la diction, pour dire un texte aussi particulier ! A elle seule elle crée
son petit univers –grand dans sa tête, celui d’une domestique qui s’est toujours dévouée à ses
maîtres, tout en s’effaçant. A. Quesemand a utilisé les précieuses indications d’Albert Cohen dans
son roman, pour « nourrir la mise en scène » et « dessiner une silhouette ». Les tâches de Mariette
permettent de dégager la chronologie des monologues qui, comme dans le roman, s’étale sur
plusieurs années. Quatre tableaux de durée inégale marquent les étapes.
Le travail sur la lumière est révélateur : au gré des humeurs de Mariette, elle est claire et
chaleureuse, puis, se fait froide lorsque le personnage témoigne, toujours de façon comique dans
son parler, de la tragique passion de la Belle du Seigneur.
Il faut à tout prix aller voir cette pièce, fruit d’une belle collaboration enthousiaste entre le metteur en
scène et la comédienne qui excelle à jouer des rôles de domestiques (Célestine du Journal d’une
femme de chambre, les Bonnes…). Son choix judicieux des extraits, est représentatif de l’écriture
propre à l’auteur. Anne Danais assure la direction de La Maison du Chat Bleu créée en 2002,
association à vocation culturelle en milieu rural : théâtre, chant, poésie, expositions… à St Salvinien
en Charente Maritime.
Anne-Marie Watelet
LE SNES
21 novembre 2010
Actualité théâtrale
Au Petit Monparnasse
"Les soliloques de Mariette"
extraits de "Belle du Seigneur" d’Albert Cohen. Mise en scène Anne Quesemand
22 octobre 2010
Anne Danais, la comédienne qui interprète le personnage de Mariette entretient
depuis plus de vingt ans une relation passionnée avec "Belle du seigneur" d’Albert
Cohen (ouvrage commencé dans les années 30 et publié en 1968) et le
personnage de la servante l’a séduite dès la première phrase lors de la première
lecture. Elle qui avait incarné au théâtre la Célestine de "Journal d’une femme de
chambre", la servante de "Mademoiselle Julie" ou dirigé une mise en scène des
"Bonnes" nourrit très tôt après sa "rencontre" avec le texte, la certitude qu’elle
jouerait ce personnage et ce texte magnifique qui lui semblait avoir été écrit pour
être dit.
Mariette est la bonne d’Ariane. Elle revient en "dépannage" dans cette maison où
elle a servi pendant de nombreuses années la tante d’Ariane. Elle a connu
"Madame" bébé, l’a longtemps tutoyée. Maintenant elle la vouvoie, lui voue une
grande affection qu’elle pense réciproque, et reste impuissante devant les
mélancolies de sa maîtresse qu’elle attribue au mauvais mariage qu’elle a fait
avec un homme haut placé mais certainement piètre amant… Jusqu’au jour où
arrive un télégramme qui met "Madame" en joie.
Anne Danais est Mariette avec toute cette douceur et cette rudesse qu’elle doit à
ses origines paysannes. Elle a du bon sens et remédie à sa grande solitude
comme elle peut, en servant avec beaucoup de dévouement et en mettant un
point d’honneur à donner toute sa "brillance" à l’argenterie.
Les expressions de Mariette dans le volumineux livre d’Albert Cohen ont été
gardées intactes, dans le style quasi-parlé de ces passages en 4ème partie, et
Anne Danais les a teintés de l’accent des Deux Sèvres dont étaient originaires ses
grands parents. Une mise en scène discrète, quelques éclairages tout simples
soulignent une interprétation subtile toutes en légères ruptures de ton qui
rendent à Mariette son humour, sa nature espiègle, son franc parler mais aussi
les moments où elle cède au découragement, à la monotonie de la vie et à cette
solitude qui l’oblige à se parler à elle-même et à trouver dans une pause-café une
joie simple et revigorante.
Notre collègue Anne Quesemand, qui signe la mise en scène, est l’auteur de
nombreux textes de spectacles, de plusieurs livres pour jeunes, et d’un ouvrage
savoureux sur les figures de style de la langue française "Elles sont tropes" (voir
notre présentation en 2007).
Nous avons salué dans l’Us la plupart de ses créations avec sa Compagnie du
Théâtre à Bretelles, qui a collaboré à cette nouvelle création de même que le
Théâtre de la Vieille Grille… Lieu pittoresque qu’elle a repris (lorsqu’elle a quitté
l’enseignement), avec son complice Laurent Berman, en s’associant avec des
musiciens afin de poursuivre le travail de Maurice Alezra, qui créa ce petit théâtre
en 1960 au cœur du quartier latin, à côté de la place Monge [1]. C’est à la Vieille
Grille que la compagnie Théâtre à Bretelles présenta dès 1996, "Métamorphoses
d’une mélodie", inspirée d’une nouvelle de Peretz, où une petite mélodie gaie et
nostalgique à la fois, se transforme en parcourant le monde, les cultures et les
évènements du siècle (voir http://theatre.bretelles.free.fr/)… L’empreinte
musicale se retrouve dans "Les soliloques de Mariette" avec de petits airs et
chansons qui marquent les transitions et les ellipses de temps (ou de passages du
livre qui ne comportent pas la présence de Mariette).
"Les soliloques de Mariette" est l’un de ces petits spectacles magnifiquement
concoctés, réjouissants, que nous offrent des petits théâtres soucieux de qualité
et d’originalité. Le public applaudit à tout rompre et l’ovation est largement
méritée.
Francis Dubois et Philippe Laville
[1] S’y joue actuellement, les 25,27, 30 et 31 octobre, puis 3,6,7 et 13/11, une
autre création d’Anne Quesemand "Meliès, cabaret magique" ; au 1 rue du puits
de l’Ermite 75005, 01 47 07 22 11 – Toute la programmation sur http://
www.vieillegrille.fr/tiki-index.php
Sapho chante Léo Ferré
LES SOLILOQUES D E MARIETTE
Théâtre du Petit Montparnasse (Paris) septembre 2010
Monologues dramatiques extraits du roman "Belle
du seigneur" de Albert Cohen, dits par Anne Danais
dans une mise en scène de Anne Quesemand.
Tandis qu’elle essuie l’argenterie avec application ou boit
son café avec délice, Mariette parle. Elle commente à sa
façon la vie d’Ariane, sa maîtresse, qu’elle a vu grandir
et qu’elle aime comme sa fille. L’œil malicieux, avec
beaucoup de simplicité et de bon sens, elle raconte une
vie de domestique, en s’interrompant parfois pour
chanter l’amour.
Ceux qui ont lu "Belle du seigneur" retrouveront dans
"Les soliloques de Mariette" la langue d’Albert Cohen
qui, dans la bouche de Mariette, est fleurie, drôle et poétique. Anne Danais a
choisi d’interpréter tous les passages de Mariette, extraits du chef d’œuvre de
Cohen.
Elle tient la scène sans esbroufe mais au contraire en restituant de l’intérieur
l’âme de cette bonne attachante au franc-parler, légèrement dyslexique et
accommodant à sa sauce les expressions usuelles. Sa prestation pleine
d’humanité nous la rend si proche qu’à la fin, on a l’impression de l’avoir toujours
connue.
La mise en scène d’Anne Quesemand, sobre, donne encore un peu plus
d’évidence à ce spectacle merveilleux et émouvant.
Nicolas Arnstam
www.froggydelight.com
Les Soliloques de Mariette
Les Soliloques de Mariette, extraits de Belle du Seigneur d’Albert Cohen
Avec Anne Danais, mise en scène : Anne Quesemand.
Lisant et relisant ce livre intense vous êtes-vous senti comme emporté par une vague dévastatrice ?
Vous n’êtes pas le seul . La comédienne qui habite ces Soliloques vous accompagne, elle qui
respectant toujours le texte de Cohen s’est faufilée puis nichée au creux de cette saga pour en tirer sa
partition, et y devenir Mariette servante de Madame Ariane, la Belle.
Disons vite la jubilation que nous a procuré ce spectacle à comédienne unique, alors que tant de
one-woman shows prétentieux ont racolé à tout va ces dernières saisons.
Ici rien de gratuit ou d’approximatif, tout est minutieux et généreux.
Dans un décor pertinent pour cuisine d’autrefois : tabouret, tablette ou desserte et vraie table de
travail, la comédienne ressuscite une époque. Elle replie la toile cirée qui protège la table, y installe
une nappe, après avoir interminablement poli une ‘ménagère’ traditionnelle avec des dizaines de
couverts. Elle s’habille, se chausse comme il faut pour sortir, chante, sort, rentre, remet sa tenue de
servante stylée avec tablier blanc, empoigne un ancien moulin à café et le fait grincer, répare une
tasse à l’aide d’une vraie bonne colle. Mais quand elle ne fait que raconter, ses gestes authentiques
retrouvent leur liberté .
Mariette est perspicace, curieuse sans l’être de façon malsaine, astucieuse, compatissante, réaliste.
Mais à chaque fois qu’elle entreprend une tâche, elle la mène à bien.
Madame-sa patronne a eu une vie sentimentale avec amours vrais et drames authentiques.
La vieille Mariette : «… qu’elle a toujours été vieille » comme elle l’assure, est une veuve qui a eu son
épisode fibrome, a été une nounou pour sa patronne . En veine de confidences elle avoue : « des
livres ? j’en ai lu un. » Celle qui a résidé en Suisse à cause de sa maîtresse, philosophant, elle égrène :
« les pasteurs, la protestance, l’honnêteté, la tolérance ». Elle pèle une pomme, à l’aide d’un couteau
redoutable, la coupe en quartiers, la mange, et puis elle danse et chante encore. Cette fois c’est «
Parlez-moi d’amour » .
Truculente, ayant adopté un accent du genre charentais, elle écorche aussi les mots, parle de
térégrammes et de sacrofages, mais quand sa patronne a décidé d’aller vivre sur la Côte d’Azur,
Mariette avoue ne pas avoir aimé « le bruit de la mer » parce que « c’est triste toute cette eau de la
mer en hiver ».
La fin ?
Applaudissements, rappels et bravos d’un public emballé par la qualité de ce spectacle donné au
Petit Montparnasse et que vous n’aurez aucune excuse à ne pas courir voir.
Marie Ordinis - 8 octobre 2010
http://marieordinis.blogspot.com/
Théâtre
Par Corinne Denailles
Les Soliloques de Mariette d’après Albert Cohen
La servante au grand coeur
Paris- Théâtre Montparnasse
La tentation de représenter l’œuvre d’Albert Cohen au théâtre a tenté plus d’un
metteur en scène qui, sourds aux avertissements de l’auteur qui disait lui-même de
son œuvre qu’elle est faussement théâtrale, s’y sont généralement cassé les dents,
excepté Jean-Louis Hourdin dont le magnifique spectacle, Des babouins et des
hommes, avait su éviter de prendre l’œuvre au pied de la lettre et en avait donné
une très belle évocation poétique. Et voici que, grâce à Anne Danais et à la metteur
en scène Anne Quesemand, sur un mode tout différent, un pan entier de l’œuvre
nous est offert par l’entremise de Mariette, la bonne de la belle Ariane, sa nounou,
celle qui l’a élevée et qui, dans sa solitude, l’aime comme sa fille. Ce petit miracle
est admirable à plus d’un titre. D’abord parce que le pari est audacieux. En effet, si
les personnages d’Albert Cohen sont hauts en couleur et les situations infiniment
cocasses, la nature profonde de ses livres est absolument romanesque et ne livre
ses richesses que dans le face à face intime avec le lecteur à l’écoute de la voix du
narrateur qui tire toutes les ficelles. La théâtralité du style est éminemment littéraire.
Même le cinéma, séduit par la faconde des oncles et cousins de Céphalonie dont
l’auteur fait des descriptions imagées irrésistibles, a échoué à s’emparer de la tribu
des Valeureux. Et voilà que c’est par la voix d’une figure apparemment secondaire
que Belle du Seigneur trouve sa place sur une scène. Seule la petite voix de
Mariette, au cœur de cette œuvre monumentale, pouvait se frayer un chemin jusqu’à
la scène. Bien sûr, si l’on veut chicaner, on pourrait dire qu’on n’a là qu’un fragment,
qu’il ne s’agit que d’un fil tiré qui n’entraîne pas toute la pelote de cet univers
complexe qui ne se réduit pas à la folle passion tournoyante entre Ariane et Solal.
Mais peu importe, car on ne peut imaginer que les spectateurs qui ne connaîtraient
pas Belle du Seigneur (et Solal, l’indispensable entrée dans l’œuvre) ne se précipite
pas chez leur libraire à l’issue du spectacle.
La voix de l’auteur
Mariette est un mélange de la Françoise de Proust (l’écrivain que Cohen admirait
peut-être le plus) et de la Toinette de Molière. Comme chez Molière, la domestique
est en partie le porte-parole de l’auteur, celle qui a les idées claires, le bon sens
paysan et le jugement sain, qui n’a pas la langue dans sa poche et ne l’envoie pas
dire. Du fond de sa cuisine où elle brille l’argenterie ou épluche les légumes, elle
observe le monde et a des points de vue sur tout, sur sa maîtresse, « la chameau »
qu’elle déteste et son Didi qui ne mérite pas d’avoir épousé la déesse Ariane ni de
« lui faire sa combine dans le lit », mais aussi sur les gouvernements, sur les
richesses du monde mal partagées. Quand elle défend l’idée d’une seule religion,
plutôt la juive qui n’a qu’un seul Bon Dieu mais l’ennui « c’est que c’est quand même
des juifs », ou sa conception de l’amour qui doit être partage de tous les moments
de la vie, même les plus intimes, on reconnaît la voix de l’auteur. Soyons clair, Anne
Danais est Mariette. Vêtue d’une sobre blouse gris-bleu, les cheveux gris
agrémentés d’un coquet « crochon », elle donne à Mariette un discret accent de sa
région des Deux-sèvres. La comédienne, qui nourrit une relation amoureuse avec
l’œuvre de Cohen depuis vingt ans, a vite perçu que seule Mariette pouvait passer la
rampe. Elle a extrait les quelques monologues écrit dans un style si particulier, un
fleuve de mots souvent joliment estropiés, sans ponctuation ou presque, une parole
incroyablement vivante qui dit toute la solitude de ce personnage de l’ombre élu par
l’auteur. C’est donc en une succession de tableaux que Mariette nous fait pénétrer
dans le monde d’Ariane. Elle nous apprend tout d’elle ou presque de son enfance,
son mariage et sa rencontre avec Solal, l’adoré, le seul, l’unique. Chaque tableau se
conclut sur une chanson d’amour, fort bien interprétée (Anne Danais est aussi
auteur-compositeur-interprète), Parlez-moi d’amour, les grelots de l’amour les
colliers de la vie. Elle rentre par une porte, sort par l’autre sur un petit pas de danse,
en toute simplicité. Aucun effet théâtral, la sobriété de son jeu laisse le style
s’épanouir, avec ses exubérances et ses excès, ses traits d’esprit. On se régale de
la truculence d’une langue audacieuse et généreuse qui profite de la situation pour
prendre toutes les libertés avec la syntaxe et le lexique, de la « mérancolie » au
« bouc commissaire » en passant par la « friture d’amour ». Mariette parle toute
seule pour se tenir compagnie. On pense à Cohen qui parle tout seul pour se
consoler de la haine. comme tous les solitaires elle s’adresse à un interlocuteur
imaginaire et on est presque content pour elle que, grâce au théâtre, elle ait enfin
trouvé quelqu’un qui l’écoute, en chair et en os car elle le mérite bien. Ce petit bijou
créé au festival d’Avignon Off méritait bien d’être repris à Paris pour une seconde
vie. Saluons au passage le théâtre Montparnasse pour ce choix de programmation
hors des sentiers battus.
Les Soliloques de Mariette, d’après Belle du seigneur d’Albert Cohen, mise en scène
Anne Quesemand, avec Anne Danais. A partir du 25 septembre du mardi au samedi
à 19h, dimanche à 15h, au Théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaîté, 75014 Paris.
Tél : 01 43 22 77 74.
© Léo Danais
Les Soliloques de Mariette, d’après Albert Cohen
Mariette! ? C’est la domestique des Deume, et surtout, celle qui a suivi Ariane d’Auble depuis son
enfance jusqu’à sa vie d’épouse non-épanouie. Tirés textuellement du roman d’Albert Cohen, Belle
du Seigneur, ses soliloques mêlent à ses petits soucis quotidiens le dessous des humeurs de sa
maîtresse.
Seule, dans sa cuisine, elle s’adresse à un auditoire imaginaire, se croyant tantôt au confessionnal,
tantôt au coin de la rue en discussion avec une de ses semblables. Elle confie ses observations, sur
Didi, ou sur les bains d’Ariane et les «! térégrammes! » qu’elle reçoit. Rien n’échappe à son œil
curieux, et elle se situe véritablement comme un personnage omniscient.
Ainsi, elle relate dans son propre langage, nourri de cuirs et de pataquès, qu’il y a «! anguille sous
cloche! », et qu’il doit bien y avoir une raison pour laquelle sa chère maîtresse ne veut plus rien
avaler. Certes, sa santé l’inquiète, mais pas autant que tous les plats qu’elle a cuisinés et qui seront
gâtés si elle-même ne les engloutit pas.
Dans son univers de domestique, elle s’active tout en bavardant, pour faire briller l’argenterie, pour
raccommoder un tissu ou pour arranger un bouquet. Ses mains tortillent sans cesse son torchon, et sa
frénésie à tout nettoyer montre bien qu’elle se sent touchée par un tas de choses.
Par fidélité, elle suit Ariane, dans sa fuite avec Solal. Mais ce qu’elle croyait être une bonne chose
pour sa protégée n’est en réalité que le leurre d’une illusion grotesque. Leur conception de l’amour
pur ne lui plaît pas, et elle préfère rendre son tablier que devoir supporter tant d’hypocrisie.
Finalement, c’est peut-être elle la voix de la sagesse dans tous ses tourbillons de sentiments. En cela,
elle entre directement dans la lignée de la Nicole de Molière, qui tourne en dérision et s’effraie des
folies de Monsieur Jourdain.
Si elle ne fait pas progresser l’action, ses commentaires l’éclairent et ouvrent des perspectives. Cette
fois-ci, elle s’apparente au Jardinier de l’Electre de Giraudoux. Dans son lamento qui marque une
pause dans la tragédie, il se place à la frontière du drame et du public et se fait le porte-parole de
l’auteur.
Enfin, comment ne pas penser à Françoise, que le narrateur proustien ne cesse d’observer pour la
richesse que son langage maladroit révèle. Ses propos, à elle aussi franches et abrupts, sont un
ancrage dans la réalité la plus profonde.
Anne Danais propose une performance riche en échos, et la justesse de son jeu et de son parler
réjouit. C’est une merveilleuse façon de réapprocher Belle du Seigneur et de revenir à l’oralité
d’origine de Cohen, dictant son roman à sa dactylographe.
F. La Parafe - 12 octobre 2010
www.laparafe.fr
MARDI 17 JANVIER 2012 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL
SP
BEAU LIVRE
Voyage par
l’image
Jean-Claude Simoën invite le lecteur
à un voyage le long du Nil, dans
le sillage de ceux qui ont exploré
les richesses de l’Egypte.
PAGE 16
LE MAG
LITTÉRATURE Luc Lang parlera de sa pratique de romancier jeudi au Club 44.
Une expérience offerte au lecteur
LE CONTEXTE
Le Club 44 convie le public au chevet
du roman contemporain, jeudi à La
Chaux-de-Fonds. Professeur de littérature moderne et contemporaine à
l’Université de Lille, Dominique Viart
engagera le dialogue avec Luc Lang,
auteur, entre autres, de «11 septembre mon amour» et d’«Esprit chien».
TABLE DES MATIÈRES
CARTE D’IDENTITÉ Luc Lang est né en
1956 à Suresnes (France), dans une
famille ouvrière.
LE ROMANCIER Contrairement à
d’autres écrivains, Luc Lang n’est pas
au rendez-vous de toutes les rentrées
littéraires. «L’essentiel n’est pas dans la
fréquence des publications!». «Voyage
sur la ligne d’horizon» (1988), Liverpool
marée haute» (1991), «Furies» (1995),
«Mille six cents ventres» (1998,
Goncourt des lycéens), «Les Indiens»
(2003), «11 septembre mon amour»
(2003), «La fin des paysages» (2006),
«Cruels, 13» (2008), «Esprit chien» (2010)
jalonnent son parcours.
PROPOS RECUEILLIS PAR
DOMINIQUE BOSSHARD
Luc Lang, quels sont, pour vous, les enjeux de la littérature?
Dans ma pratique, c’est de faire vivre
une expérience au lecteur, de manière telle que sa vision du monde ne
soit plus la même après. Quand je dis
du monde, c’est à la fois au sens le plus
large et le plus intime, le plus personnel, du terme. Ce qui m’intéresse,
c’est que le lecteur soit en train de vivre une expérience, non pas de lire
une histoire. Mes trois premiers romans sont écrits dans les temps classiques du roman, passé simple, imparfait et plus-que-parfait. Mais je trouve
que l’expérience, l’identification du
lecteur à ce qu’il lit, est encore plus intense si l’on recourt au présent. Ce
passage au présent, c’est pour moi une
manière d’être plus encore dans la vitesse, le rythme de la phrase, dans l’action qui se déroule sous les yeux du
lecteur.
L’actualité, tel que les événements du
11 septembre, le fait divers, sont pour
vous des sources d’inspiration...
Oui. Je ne suis jamais dans la reconstitution historique, ce sont, toujours, des sujets ou des problèmes
contemporains qui m’interpellent.
Et je cherche à chaque fois les formes
les plus à même d’exprimer ce que
j’essaie de faire passer. Je n’ai pas de
stabilité formelle, ni thématique,
d’un livre à l’autre; j’évolue dans des
univers extrêmement différents. En
me lisant, on peut se rendre compte
d’une grande diversité syntaxique, de
structures, de rythmes d’écriture.
L’enjeu n’est pas d’innover à tout
prix, mais de trouver la forme qui
fasse sens.
L’ESSAYISTE Luc Lang a notamment
publié «Les invisibles: 12 récits sur l’art
contemporain» (2002) et «Délit de
fiction» (2011). «Mais j’ai arrêté d’écrire
sur l’art, car je préfère être dans
l’action, la création de formes, plutôt
que dans le commentaire.» DBO
Sauf si lieu est la ville elle-même,
comme ce fut le cas avec Liverpool;
mais je me suis tout de même autorisé
quelques inexactitudes géographiques,
pour des raisons de cohérence symbolique.
L’écrivain français Luc Lang, invité à La Chaux-de-Fonds par le Club 44. SP
Les sujets
«contemporains
m’interpellent.»
LUC LANG ÉCRIVAIN
«La fin des paysages», publié en 2006,
est le remake de «Liverpool marée
haute» sorti 15 ans auparavant. Pourquoi cette démarche, courante au cinéma ou dans les arts visuels, moins en littérature?
J’ai gardé la ligne de l’histoire, la ligne
mélodique comme on dirait en musique; mais j’ai complètement cassé la
phrase, et du coup inventé un autre
rythme, une autre pulsation. Des scènes
inédites se sont imposées dans la 2e ver-
sion. Quinze ans après, l’écriture avait
tellement bougé que le roman était absolument un autre roman, même si on y
lit la même histoire. De manière générale d’ailleurs, la gamme des histoires,
celles d’amour, par exemple, a peu varié
en plusieurs siècles. En revanche, l’écriture de ces histoires s’est tellement modifiée qu’on ne lit jamais le même livre.
C’est ce j’ai voulu vérifier dans la réécriture de «Liverpool». Je ne l’ai pas fait sur
le mode d’un reniement du passé; chaque version est un état des lieux de mon
écriture et de ma pensée. D’ailleurs, je
me revois bien en refaire une nouvelle
version dans dix ans.
On décèle une certaine cruauté dans
plusieurs de vos romans. Une forme de
lucidité?
Dans «Esprit chien» par exemple, la
cruauté est comique. En fait, j’utilise
plusieurs ressorts, mais j’ai une prédi-
lection, il est vrai, pour l’humour et la
cruauté. Comme une forme de lucidité,
oui, et, pour le rire, comme une manière de se sauver. Je suis très content
quand les lecteurs me disent qu’ils ont ri
à gorge déployée.
Vos univers, disiez-vous, sont multiples. Comment les approchez-vous?
J’ai besoin de m’immerger dans les différents milieux que je décris. Dans chaque métier, il y a des gestes, des expressions, des attitudes que je ne peux pas
inventer. Je renoue là avec une idée qui
appartient particulièrement à Emile
Zola: pour moi comme pour lui, la personne se définit avant tout par son métier. J’aborde toujours un personnage
par son activité, sa compétence. A partir de là, je lui trouve d’autres caractéris- INFO
tiques, familiales, affectives, etc. En re- La Chaux-de-Fonds: Club 44, jeudi 19 janvier à
librairie la Méridienne, vendredi 20 janvier,
vanche, j’invente tous les lieux dans 20h15;
lecture et signature de 16h30 à 18h30.
lesquels mes personnages évoluent.
LA CRITIQUE DE... L’ESN
EN IMAGE
Des envolées proches du chant de l’oiseau
NEUCHÂTEL
«Les soliloques de
Mariette». Une histoire
Habemus orchestram! Acclamé samedi à la Salle
de musique de La Chaux-de-Fonds et dimanche à
Fleurier, l’Ensemble symphonique Neuchâtel
(ESN), dirigé par Alexander Mayer, parcourt le cantondepuisleprintemps2010avecunsuccèsgrandissant. Les oiseaux chantent-ils dans le nord de la Finlande? De ce poétique langage, Einojuhani
Rautavaara a créé «Cantus articus». Cris et jacassementsplanerontsurl’orchestre,chargédedévelopper
des étendues sonores évocatrices de paysages romantiques nordiques.
Cette exécution a conduit tout naturellement à la
création d’«Instants», une commande de l’ESN à
VictorCordero.Laluminosité,dansl’extrêmeaigu,du
tableau «Suspension» s’approche du chant de l’oiseau. D’une écriture postsérielle, l’œuvre se déroule
enquatretableaux.Degrandestramess’affinentprogressivement ou se diversifient, décentralisées vers
d’autres points culminants. On apprécie l’orchestration symphonique raffinée confirmant le talent de
Victor Cordero.
L’orchestredontonavaitrêvéétaitlà,surscène.Les
musiciens, tous registres confondus, ont démontré
un vrai bonheur de jouer ensemble. Notamment la
Symphonie No 2 de Beethoven, qui leur sied si bien
sous la baguette d’Alexander Mayer, magnifique à
sonhabitudeparlestyleetl’éclat.Bref,soyonsfrancs,
c’était superbe. De tous les concerts de l’ESN à La
Chaux-de-Fonds, celui de samedi était le meilleur.
En bis, l’ESN a joué l’ouverture «Ptolémée» de
Beethoven,œuvrequiseraauprogrammeenregistré
par Espace 2, jeudi à Neuchâtel. DENISE DE CEUNINCK
+
INFO
Neuchâtel: temple du Bas, jeudi 19 janvier à 20h
Vous enseignez l’esthétique à l’Ecole
nationale supérieure d’arts à Paris. Des
passerelles avec votre travail littéraire?
Ma fréquentation de l’art et des artistes
me donne probablement une acuité
particulière du regard sur les formes.
Elle se retranscrit dans la précision de
mes descriptions par exemple, descriptions d’une personne, d’une ville, d’une
architecture. On dit souvent que mon
écriture est très visuelle, et je le dois
sans doute à cette fréquentation et à
mon goût pour les formes. D’ailleurs, je
voue une véritable passion à l’architecture; si je n’étais pas romancier, j’aurais
aimé être architecte. +
d’Albert Cohen mijotée à la
sauce Mariette, la cuisinière
de «Belle du Seigneur».
Epouse d’Adrien, mais
éperdument éprise de Solal,
Ariane est épinglée à son insu
au fil du monologue tendre et
vif de sa drôle de bonne. Entre
ses casseroles et sa couture,
Mariette manie le soliloque
comme ses ustensiles de
cuisine, et ceci sans oublier
le spectateur sur le feu.
A déguster au théâtre du
Passage, à Neuchâtel, du 18
au 22 janvier. Me-ve à 20h,
sa à 18 h, dimanche à 17h.
ISC
SP- JOËL MATHIEU
SAMEDI 21 JANVIER 2012 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL
JEUX
SP
Il faut un héros
Les dragons sont de retour à
Bordeciel. Les voilà bien partis pour
faire régner la terreur. Le salut ne
pourra venir que de vous.
PAGE 18
LE MAG
NEUCHÂTEL L’ensemble I Salonisti en concert au temple du Bas demain.
= LE LIVRE DE LA SEMAINE
Du «Titanic» au Danube
pas jouer un concert sans partitions. Un musicien folklorique
ou de jazz, quant à lui, a tout dans
la tête. On a trouvé d’excellents
arrangeurs qui nous écrivent
cette musique folklorique sur papier, et c’est le style d’interprétation que nous essayons de transférer à notre ensemble.
ISABEL SCHARDT
L’ensemble I Salonisti a joué
sous les projecteurs du «Titanic»
(le film!) il y a quinze ans. Demain, le groupe fera des vagues
avec «Le Danube... de la Forêt
Noire... à la mer Noire» au temple
du Bas. Au téléphone, on entend
un air de violon s’interrompre, et
Lorenz Hasler suggère gentiment de rappeler après cette leçon donnée à son domicile. Plus
tard, c’est d’une voix chaleureuse,
bercée par un léger accent suisseallemand, que le Bernois répondra à nos questions.
Voilà 30 ans que le groupe évolue
ensemble...
Nous jouions alors tous à l’Orchestre symphonique de Berne.
Nous avions chacun envie de
faire de la musique hors du cercle
classique, tellement formel et défini par le cadre social, par les
lieux où l’on joue et par ce répertoire de musique «sérieuse». Depuis notre premier concert en
tant que musiciens classiques au
moulin de Rubigen, qui est un
jazz club, notre programme a
beaucoup évolué. Il s’agit d’arrangements de tout ce que nous aimons, entre musique de films,
morceaux folkloriques, œuvres
classiques... L’idée est de faire un
voyage dans l’esprit et les racines
de la musique.
Justement, les titres de vos CDs citent
le
Transatlantique,
le Transsibérien, l’Orient-Express... La musique va-t-elle toujours de pair avec un voyage?
Pas toujours. Mais il faut un fil
rouge auquel accrocher toute la
variété des pièces musicales.
Dans cette optique, les voyages se
sont présentés comme un thème
idéal.
Comment avez-vous rencontré le
Que retenez-vous de l’expérience
sur
les
plateaux
de
«Titanic»?
C’était incroyable que de participer à une production de telle
qualité. L’expérience fait partie
de notre biographie et a changé
notre relation avec le monde cinématographique, même si l’idée
n’a jamais été de passer à une carrière d’acteur.
Piotr Plawner, Béla Szedlak, André Thomet, Lorenz Hasler et Ferenc Szédlak, un quintette invitant à l’aventure.
Dans laquelle on le suit volontiers. SP-PIERRE MARTI
cymbaliste qui vous accompagne
sur le concert du Danube?
Le contact s’est établi grâce à
deux membres de l’ensemble, qui
sont hongrois. Ils ont connu ce
virtuose du cymbale à Budapest,
où il vit toujours. Il vient d’une
tradition tzigane, mais il est très
ouvert à l’idée d’un ensemble
classique. Notre premier concert
avec lui date de 1987, et le courant est si bien passé qu’on a ensuite continué la collaboration.
Le long de cette «croisière» sur le
Danube, où aimeriez-vous faire
escale?
(Il rit.) Ça change de jour en
jour... C’est comme me demander ma pièce préférée du répertoire. C’est toujours celle que je
joue sur le moment qui me plaît le
plus. Entre la Serbie, la Bulgarie,
la Croatie... il y une telle vitalité,
L’idée est
«de faire
un
voyage dans
l’esprit et les
racines de la
musique»
LORENZ HASLER
VIOLONISTE
et je me dis que ça doit être si
beau d’être un musicien folklorique. Cela dit, nous jouons cette
rhapsodie d’Enescu ou Bartok,
ou encore «Le bourgeois gentilhomme» de Richard Strauss... La
musique classique, en tant
TEMPLE DU BAS Le groupe Café-Café en concert avec Michel Bühler.
Ce soir, c’est la fête à Jean Ferrat
«Potemkine», «Que serais-je
sans toi?», «La montagne»...
Ce sera «La fête à Jean Ferrat»
ce soir au temple du Bas, à Neuchâtel. Dirigés par le Neuchâtelois Pierre Huwiler, le groupe
choral Café-Café, renforcé par
l’ensemble Lundi 7 heures, accompagnera les trois solistes
Michel Bühler, Loraine Félix et
Denis Alber, à travers le répertoire du chanteur-poète décédé
en mars 2010.
A guichets fermés
Le scénario musical et les harmonisations vocales sont dus à
Pierre Huwiler, qui a fondé il y
a 18 ans Café-Café dans les
sillages de la Chanson du pays
de Neuchâtel. Aujourd’hui, la
formation compte une centaine de chanteurs venant de
VALÉRIE MEYLAN
LIBRAIRIE
REPÈRES
BIENNE
Michel Bühler sera de la fête avec
le groupe Café-Café. CHRISTIAN GALLEY
toute la Suisse romande, de Genève au Jura, en passant par
Neuchâtel bien sûr. Cantonnés
dans la chanson française contemporaine, les choristes font
salle comble à chaque fois. Le
temple du Bas affiche complet
depuis décembre. Même topo
pour «Starmania», autre spectacle de Café-Café, coproduit
avec le Club des accordéonistes
de Bulle, qui se joue à guichets
fermés depuis deux ans. Un
succès qui s’explique par «la
passion qui nous habite tous»,
sourit le chanteur neuchâtelois
Paul Jean-Noël, rendant hommage à l’émulateur Pierre
Huwiler. Enthousiasme, exigence sont les maîtres-mots du
groupe, alliés à la volonté de
rester dans le registre de la
chanson française contemporaine: «Aujourd’hui, c’est chose
courante. Mais il y a 18 ans, nous
étions une des rares chorales à revister ce répertoire», ajoute Paul
Jean-Noël. CFA
+
INFO
Neuchâtel: temple du Bas, ce soir, 20h15
qu’œuvre unique d’un compositeur, complète bien la musique
folklorique.
Sur quels points diffèrent les
deux genres?
En musique classique, le compositeur écrit chaque note. C’est
sa propre vue qui définit la forme
et le résultat de l’œuvre, polie jusqu’au détail. Le musicien est
donc plus interprète que créateur. En musique populaire, c’est
plutôt une idée, un conte, une
forme de danse, le texte d’une
chanson, qui sont interprétés
d’après la mentalité des musiciens de la région. Sur scène, la
participation du musicien folklorique est plus grande.
Etes-vous à l’aise partout?
Nous sommes de formation absolument classique. Je ne peux
Au fil de tant d’années, l’alchimie
du groupe a-t-elle toujours coulé
de source?
Il faut accepter chacun avec sa
personnalité. Ce n’est pas un travail uniquement musical, et c’est
la responsabilité d’un membre
que de participer à l’unité du
groupe. Ce qu’on a toujours su
garder, c’est cette joie immédiate
d’être sur scène et de faire de la
musique ensemble.
Depuis vos débuts, qu’est-ce qui
a changé sur scène?
Au début, on est très concerné
par la performance, puis on gagne une certaine confiance. Ce
qui change toujours, c’est le contact avec le spectateur. Il est excitant de voir si le public est prêt
aux détours musicaux. Notre
programme passe du «Beau Danube bleu», une valse, à de la musique traditionnelle serbe. J’aime
découvrir comment les jeunes,
tout comme un public plus «classique», y goûtent. +
INFO
Neuchâtel: temple du Bas, demain à 17h
«Je suis
une créature
émotionnelle»
Les années 70 sont bien loin. L’égalité
entre hommes et femmes semble acquise dans nos pays démocratiques. Le
féminisme n’est plus vraiment une
priorité chez les jeunes filles et jeunes
femmes. Celles d’entre nous qui en
parlent encore passent toujours, ou à
nouveau, pour des extrémistes, des
vieilles rabat-joie.
Un petit rafraîchissement ne peut pas
faire de mal. Eve Ensler qui avait déjà
choqué plus d’une personne avec ses
«Monologues du vagin» revient avec
«Je suis une créature émotionnelle»,
qui met en scène les pensées des jeunes filles à propos de toutes sortes de
sujets allant du plaisir de porter une
minijupe à la terreur de se faire violer.
Des déclarations qui claquent à nos
oreilles comme du slam et nous font
réfléchir à la condition des femmes
dans le monde. Entre ces réflexions,
des faits bruts comme celui-ci: à des
jeunes filles, il est demandé si elles
préféreraient être grosses ou se faire
couper un bras, à l’unanimité toute préfèrent se faire couper un bras! La démarche d’Eve Ensler est peut-être facile,
démago, ringarde, mais elle est efficace
et certainement encore nécessaire.
«Je suis une créature
émotionnelle»
Eve Ensler
10 x 18
MÉMENTO
NEUCHÂTEL
«Le dessin». La galerie
Ditesheim inaugure aujourd’hui, de
11h à 16h, une exposition consacrée
à des artistes qui pratiquent le
dessin: Asse, Bokor, Giacometti,
Lüpertz, Pichler... A voir jusqu’au
26 février. LA CRITIQUE DES... «SOLILOQUES DE MARIETTE»
Faire l’expérience théâtrale de la sympathie
Il y a des pièces qui s’évertuent à s’éloigner des
textes dont elles sont l’adaptation; «Les soliloques de Mariette» nous ramènent au contraire,
par-delà les mots d’Albert Cohen, au cœur même
de «Belle du Seigneur».
Si l’on croit encore que les caractères de romans sont des créatures de papier, qu’on aille se
détromper ce soir, ou demain, au théâtre du Passage, à Neuchâtel!
Mariette. Un diminutif dans une grande famille, un petit personnage solitaire dans une
énorme fresque sociale. Et pourtant, bavarde, la
bonne d’Ariane se raconte à elle-même, en travaillant, tous les méandres sentimentaux de sa
chère maîtresse, qui forment la trame de «Belle
du Seigneur».
Ce sont d’abord ses défauts d’élocution, ses
tournures argotiques et gaillardes, ses badineries
ébouriffées qui surprennent, qui amusent, qui
conquièrent. Mais sans cesser de rire, on se laisse
saisir par la profondeur d’une sagesse sans culture.
Elle n’a l’air de rien, mais elle exprime beau-
coup: ses idées, ses douleurs, ses désirs secrets… Et voilà la sympathie qui nous gagne, la
même sympathie que Mariette éprouve à l’égard
d’Ariane.
Cette sympathie est absolue, c’est une évidence, chez l’unique comédienne, Anne Danais,
qui dit entretenir une relation quasi fusionnelle
avec l’œuvre d’Albert Cohen.
Aux monologues débraillés du roman, écrits
sans points ni paragraphes, il fallait ajouter des
soupirs, des mesures, un tempo. Le travail
d’Anne Danais et de la metteuse en scène Anne
Quesemand, est donc, avant tout, d’ordre musical, sinon rythmique.
La scénographie est simple, l’action minimale:
les événements sont seulement évoqués. Mais la
figure de Mariette est un spectacle à elle seule, et
un spectacle complet. TIMOTHÉE LÉCHOT
+
INFO
Neuchâtel
théâtre du Passage, ce soir à 18h et 20h30,
demain à 17h et 20h
L'équipe
Interprétation : Anne DANAIS
Mise en scène : Anne QUESEMAND
Création lumière / Régie : Samuel ZUCCA
Répétitrice : Jocelyne GUILLEMETEAU
Réalisation costume : Viviane NEVEU
Diffusion : Catherine SCHLEMMER, Gaël GABORIT
Administration : Reine MICHAUD
Affiche : Laurent BERMAN
Couverture photographique : Léo DANAIS, Joël MATHIEU
Contacts
Diffusion : Catherine Schlemmer : +33 (0)6 66 80 64 92
[email protected]
http://www.chatbleu.org/mariette.html
www.cdsproductions.com
Assistant Diffusion / Relations publiques :
Gaël Gaborit [email protected]
Administration :
Reine Michaud : 09 77 64 32 35 / 05 46 90 15 75
[email protected] / www.chatbleu.org
La Maison du Chat bleu - Mairie - Place d’Ahrensbök 17350 Saint Savinien
Technique :
Samuel Zucca : 06 72 15 33 72
[email protected] 
Téléchargement