LES SOLILOQUES DE MARIETTE
Sacrée Mariette, la bonne d'Ariane ! Elle raconte en brillant l'argenterie ce qu'elle vit de sa
place de domestique : elle voit tout, elle sait tout. Elle est profondément humaine, son
langage est cocasse. Elle a vu grandir Ariane et suit l'évolution de sa passion pour Solal
tout en livrant ses réflexions sur la société...!
PETIT MONTPARNASSE
MYRIAM FEUNE DE COLOMBI ET BERTRAND THAMIN
31, rue de la Gaîté - 75014 Paris - Métro!: Gaîté ou Edgar Quinet - www.petitmontparnasse.com
À PARTIR DU 25 SEPTEMBRE 2010
Extraits de BELLE DU SEIGNEUR d’Albert COHEN
(avec l’aimable autorisation des éditions Gallimard)
Spectacle créé en collaboration avec le Théâtre de la Vieille Grille et le Théâtre à Bretelles
Mise en scène Anne QUESEMAND
Lumières Samuel ZUCCA
Du mardi au samedi à 19 h - matinée dimanche à 15 h (durée!: 1h20)
Prix des places!: 30 et 18 - collectivités!: 22
Premiers aux premières!: 50% du 25 septembre au 10 octobre
Location!: 01 43 22 77 74 (du lundi au samedi de 11 h à 19 h)
et résathéâtre!: 0892 707 705 (0,34/min)



Diffusion : Catherine SCHLEMMER
Port. : 06 66 80 64 92 - email : [email protected]
L’histoire!
Sacrée Mariette, la bonne d'Ariane ! Elle raconte en brillant l'argenterie ce qu'elle vit de sa place de
domestique : elle voit tout, elle sait tout. Elle est profondément humaine, son langage est cocasse.
Elle a vu grandir Ariane, la voit comme sa fille et suit l'évolution de sa passion pour Solal tout en
livrant ses réflexions sur la société...!Et de plus, elle chante.
L’écriture majestueuse et drôle d’Albert Cohen se prête au théâtre!: le soliloque est aussi une adresse
à sa sœur, à Ariane, au monde, donc à nous.
Extraits!
donc, comme je vous disais de l’ouvrage j’en ai battu, allez il y a pas beaucoup de jeunettes
qu’elles en auraient fait autant comme la vieille Mariette que pourtant elle a pas toujours été vieille
allez, petite et boulotte que je suis maintenant et des rides qu’on dirait que je suis une pomme
oubliée à la cave vu que soixante ans et plus,…
ce qui faudrait moi je le sais, mais le gouvernement ils sont trop occupés à faire leur beurre, ce qui
faudrait à mon idée c’est qu’y ait des petits, d’accord, mais ayant de quoi vivre en bonne vieillesse, et
puis des moyens, d’accord aussi, ça fait marcher le commerce, mais pas des gros gros avec des sous à
savoir pas qu’en faire, Agha Khân et miyardaires d’Amérique, et princesses de ci et de ça qu’on voit
sur les illustrés, ayant tout de trop, colliers et perles précieuses, et si on les vole s’en foutent, rigolent
d’un air de dire moi ça me fait rien vu que j’ai de quoi et je m’en rachèterai d’autres, toujours à
danser, montant à cheval!d’un air de dire tout m’est dû, que c’est un crime devant Dieu bien plus
qu’un voleur, vu que souvent c’est pas sa faute le pauvre, sa jeunesse de misère et le père toujours
noir rentrant le soir en brutalité, tandis que les princesses qu’est-ce qu’elles ont fait de mérite dans la
vie sauf que le roi une nuit il a carambolé la reine, et total tout est dû à mademoiselle la princesse,…
L’auteur, Albert Cohen!
Albert Cohen est à Corfou (Grèce) en 1895 dans une famille de commerçants juifs qui émigre à
Marseille en 1900. Il y devient l’ami de son condisciple Marcel Pagnol, puis rejoint Genève en 1914
où il obtient une licence en Droit. Ottoman de naissance, il est naturalisé Suisse en 1919. En 1925, il
est délégué du mouvement sioniste auprès de la Société des Nations et entre au Bureau International
du Travail. Sa carrière de diplomate se poursuit notamment pendant la Seconde Guerre Mondiale
dans le gouvernement du Général de Gaulle à Londres!; en 1945, il est nommé conseiller juridique
au Comité intergouvernemental pour la protection des réfugiés, travail qu’il poursuit à Genève pour
l’Organisation Internationale des Réfugiés.
Parallèlement à sa carrière professionnelle, il écrit poèmes, récits autobiographiques, essais, une
pièce de théâtre et, bien sûr, la Saga des Solal, Juifs de Céphalonie en quatre romans!: Solal (1930),
Mangeclous (1938), Belle du Seigneur (1968) et Les Valeureux (1969).
Belle du Seigneur, couronné par le Grand Prix de l’Académie Française, est un roman lyrique,
rabelaisien, dans lequel se dégagent trois axes récurrents chez Albert Cohen!: l’amour du peuple juif,
traité avec lucidité, humour, profondeur et exubérance!; l’hymne à la femme et l’exploration des
méandres de la passion amoureuse poussée à son paroxysme!; l’obsession de la mort.
Dissection au scalpel de la petite bourgeoisie, plume acérée pour décrire les fonctionnaires de la
SDN, caricature comique et attendrie des Valeureux, ironie sarcastique pour détailler les
comportements!: par son écriture plurielle, Albert Cohen embarque le lecteur dans une contrée
fantastique, à l’aide entre autres de monologues sans ponctuation, sans paragraphe, dans un
tourbillon de mots, de néologismes qui laissent affleurer la densité, l’émotion et l’humanité des
personnages.
Autres œuvres importantes!: Le Livre de ma mère (1954), O vous, frères humains (1972), Carnets
(1978). Albert Cohen est mort à Genève en 1981.
...le burlesque est à fleur de plume...
Bertrand Poirot-Delpech
Le Monde - 20/10/1981
Anne Danais!: note d’intention
J’entretiens une relation passionnée avec Belle du Seigneur depuis une bonne vingtaine d’années. J’ai
eu un coup de foudre pour l’œuvre entière qui provoqua presque une paralysie, une incapacité à lire
autre chose pendant plusieurs mois.
C’est une histoire d’amour douce et qui dure.
Mariette m’a séduite dès la première phrase. J’ai une affection et un intérêt tout particuliers pour les
domestiques que j’ai côtoyé(e)s en incarnant Célestine du Journal d’une femme de chambre,
Mademoiselle Julie, en dirigeant Les bonnes, en lisant Swift! Mais Mariette, c’est la cerise sur le
gâteau.
Les passages de Mariette, je les ai tous sortis du livre. Je les ai gardés intacts, tels que. Je les ai lus,
relus et relus encore. Peu à peu, je les ai teintés de l’accent des Deux-Sèvres de mes grands-parents
maternels. Et Mariette a fini par s’installer dans ma tête durablement, dans mes oreilles, dans ma
bouche et dans mon corps.
J’ai peu à peu conquis des publics tranquillement.
Et j’ai attendu comme je sais si bien faire et j’ai vieilli avec la certitude de jouer un jour, au théâtre ce
que j’appelle Les Soliloques de Mariette, ce texte si magnifiquement écrit pour être dit, drôle et
essentiel.
Mariette témoigne. De sa place de bonne, elle voit tout, elle sait tout. Elle nourrit une relation toute
affective avec sa jeune maîtresse, celle qui va devenir La Belle du Seigneur. Elle l’a connue bébé, elle
a remplacé sa mère, c’est un peu comme sa fille… elle a l’art de la formule imagée et cocasse. Elle
est profonde et drôle à la fois. Elle puise en elle, dans ses observations quotidiennes, la substance de
ses pensées philosophiques et populaires. Elle fait mouche car elle voit juste et parle juste.
Eh bien voilà que ressortant les Soliloques au printemps 2008, et en en faisant lecture à Anne
Quesemand et quelques-uns de ses amis, dans leur théâtre de La Vieille Grille, la rencontre s’est faite.
Voilà que Anne Quesemand me propose de me diriger et de me mettre en scène.
Belle démonstration encore une fois que les choses arrivent si on les rêve vraiment.
Je suis très émue, très touchée, très honorée, et … très impatiente aussi
de pouvoir travailler avec Anne Quesemand.
Je joins à cette note quelques idées qui m’ont traversée concernant Mariette
Jouer le texte intégral sans aucune coupe (c’est la seule chose à laquelle je tiens)
N’avoir besoin de rien (ça, ça me plaît beaucoup)
Jouer à domicile en faisant le ménage
Le jouer dans des cuisines
Le jouer dans des bibliothèques
Ne rien faire, être à une table assise c’est tout
Préparer un plat pour les spectateurs
En plumant et vidant des poulets
Enfin tout et son contraire…
Anne Quesemand!: note d’intention de mise en scène
Lorsque j’ai entendu la lecture qu’Anne Danais nous a proposée au Théâtre de la Vieille Grille,
l’évidence m’a sauté aux yeux : l’adéquation entre le texte et la comédienne est telle que le
personnage de Mariette - la “bonne” d’Ariane, la Belle du Seigneur - est d’emblée, et qu’un
spectacle est là aussi, qui ne demande qu’à vivre.
L’essentiel de l’intention de mise en scène est ainsi présent dans la note d’intention de la
comédienne. Simplement, au lieu qu’Anne Danais, accoudée à une table, occupe ses mains à tourner
les pages, elle tient un chiffon, “brille l’argenterie”, écosse des petits pois, prépare et boit un café,
lave ou repasse un linge fin, recoud un ourlet ; et son regard porte non plus sur le livre, mais sur sa
tâche, sur les spectateurs. Il s’agit de proposer une “petite forme” adaptable à divers lieux :
appartement, cuisine, bibliothèque… ou théâtre, les tâches ménagères de Mariette pouvant s’adapter
à cette diversité. La variété de ces tâches aidera aussi à dégager la chronologie des monologues qui,
dans le roman, s’étalent sur quelques années : Mariette vieillit.
Comme les autres personnages de Belle du Seigneur, Mariette ressasse et soliloque - elle est même la
seule à “théoriser” le monologue intérieur cher à Albert Cohen : Moi j’aime bien discuter quand
même je suis seule, ça tient compagnie quand on travaille. Le “reste” du livre - on allait dire du
“pavé”, car c’en fut un joli dans la mare littéraire du moment (1968 !) - nous renseigne sur elle, sur
des choses qu’elle ne dit pas, mais qu’elle fait, et dessine une silhouette : Mariette lisse ses accroche-
cœurs, elle chante, boit beaucoup de café, elle lit un roman d’amour, et nous livre au passage ses
réflexions sur la politique, la guerre, la société, même si sa grande affaire reste le suivi des amours
d’Ariane… D’autres personnages nous parlent d’elle, et Solal commente son départ :
Bravo, Mariette ! : autant d’indications qu’Albert Cohen nous fournit pour préciser la gestuelle,
l’accent, le jeu, pour nourrir la mise en scène.
Décor - accessoires – costumes
Le décor est minimal, devant s’adapter - et parfois emprunter - aux lieux de la représentation : une table de cuisine
recouverte d’une toile cirée bleue, une chaise, une desserte, un tabouret ; dans un théâtre équipé, ces éléments -fournis par
nous- seront élégants et soignés : nous sommes dans la cuisine d’une demeure de maître, à Genève d’abord, puis dans la
villa “nid d’amour” aménagée par l’aristocrate Ariane d’Amble, sur la Côte d’Azur.
Les accessoires en portent la marque : boîte d’argenterie, thermos argentée, linge fin, bouquet de fleurs. L’action se situant
dans les années 1930, l’évocation en est donnée par quelques indices : Mariette fait l’argenterie au blanc d’Espagne …
Elle porte une robe et un tablier intemporels, bien coupés, dans les tons gris-bleu ; Mariette est soignée et coquette. Quand
elle se laisse aller à esquisser un pas de danse, on voit son jupon blanc.
Musique
Elle est d’abord dans l’écriture-même : comme Proust avec Françoise, Albert Cohen se délecte du langage de la domestique
d’une “grande maison” ; non seulement de son vocabulaire, de ses tournures de phrase, mais aussi de son “phrasé”, de son
rythme syntaxique, qu’il restitue par l’absence de toute ponctuation : Ah oui alors que j’en ai battu de l’ouvrage depuis
avant-hier que je suis de retour comme que jui avais promis à la chameau la saleté d’Antoinette que je viendrais à peine que
ma sœur elle aurait dégonflé mais forcément ça a duré plus que jui avais dit vu que jui avais promis début juliette d’après
comme que les docteurs avaient dit…
Cette musicalité est bien sûr l’essentiel du travail de la comédienne, et le souci premier de la direction d’acteur.
Mais la musique est aussi présente directement par trois chansons, interprétées a cappella par Mariette, trois chansons que
cite A. Cohen qui dit souvent : “comme dit la chanson” : Parlez -moi d’amour, Une étoile d’amour, Le petit grelot de la vie.
Lumières
Elles sont paradoxalement essentielles : alors que dans des appartements ou des bibliothèques elles ne pourront guère
intervenir, dans un théâtre c’est à elles que seront confiés les “changements de décor”, d’un décor quasi inexistant et qui ne
changera pas : les trois premiers “actes” se passent en effet à Genève, le dernier sur la Côte d’Azur. Elles témoignent aussi
du passage du temps : les trois premiers actes s’étendent sur quelques mois, le dernier a lieu, en un seul jour, plusieurs
années après. De chaudes et larges au début, s’accordant aussi aux “humeurs” de Mariette, elles deviennent de plus en plus
froides et ponctuelles, surtout sur la côte d’Azur -moi j’aime pas ici, c’est triste toute cette eau de la mer en hiver- , rendant
compte aussi du fait que Mariette témoigne comiquement d’une passion tragique.
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !