
MONTAUT (40) - Jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 août 2012
ARGENTON-LES-VALLÉES (79) CHÂTEAU DE SANZAY - samedi 1er et dimanche 2 décembre 2012
BERNE (SUISSE) ALLIANCE FRANÇAISE - mardi 15 janvier 2013
BRESSUIRE (79) LE THÉÂTRE - jeudi 31 janvier et vendredi 1er février 2013
LA COUARDE (17) - LA MALINE - 22 février 2013
SOYAUX (16) - GAIRIDON - mardi 5, mercredi 6, jeudi 7, vendredi 8, samedi 9 et dimanche 10 mars
2013
NARBONNE (11) - LE THÉÂTRE, SCÈNE NATIONALE - mardi 26, mercredi 27, jeudi 28 mars 2013
RUFFEC (16) - LA CANOPÉE - vendredi 3 mai 2013
SAINT-SAVINIEN (17) - LA MAISON DU CHAT BLEU - mercredi 5, jeudi 6, vendredi 7, samedi 8 et
dimanche 9 juin 2013
LES SOLILOQUES DE MARIETTE
Spectacle créé en 2009 par la Maison du Chat bleu en collaboration avec
le Théâtre de la Vieille Grille et le Théâtre à Bretelles
avec le soutien de la région Poitou-Charentes, du Conseil Général de Charente-Maritime
et du Pays des Vals de Saintonge
2009, 2010, 2011, 2012, 2013 :
plus de 200 représentations AVIGNON Off 2009, Théâtre du Petit Montparnasse - PARIS,
Théâtre du Passage - NEUCHÂTEL, Scène Nationales de LA ROCHELLE, ANGOULÊME,
NARBONNE (2013)… (cf page 8)
Spectacle filmé en décembre 2010 par la COPAT au Théâtre du Petit Montparnasse - PARIS
DVD disponible FNAC, Virgin...
extraits de BELLE DU SEIGNEUR d’Albert COHEN
avec l’aimable autorisation des éditions Gallimard
Interprétation Anne DANAIS
Mise en scène Anne QUESEMAND
Lumières Samuel ZUCCA
Diffusion :
Catherine SCHLEMMER
+33 (0)6 66 80 64 92
www.cdsproductions.com
L’histoire
Sacrée Mariette, la bonne d'Ariane ! Elle raconte en brillant l'argenterie ce qu'elle vit de sa place de
domestique : elle voit tout, elle sait tout. Elle est profondément humaine, son langage est cocasse.
Elle a vu grandir Ariane, la voit comme sa fille et suit l'évolution de sa passion pour Solal tout en livrant ses
réflexions sur la société...!Et de plus, elle chante.
L’écriture majestueuse et drôle d’Albert Cohen se prête au théâtre!: le soliloque est aussi une adresse à sa sœur,
à Ariane, au monde, donc à nous.
Extraits
donc, comme je vous disais de l’ouvrage j’en ai battu, allez il y a pas beaucoup de jeunettes qu’elles en
auraient fait autant comme la vieille Mariette que pourtant elle a pas toujours été vieille allez, petite et boulotte
que je suis maintenant et des rides qu’on dirait que je suis une pomme oubliée à la cave vu que soixante ans et
plus,…
ce qui faudrait moi je le sais, mais le gouvernement ils sont trop occupés à faire leur beurre, ce qui faudrait à
mon idée c’est qu’y ait des petits, d’accord, mais ayant de quoi vivre en bonne vieillesse, et puis des moyens,
d’accord aussi, ça fait marcher le commerce, mais pas des gros gros avec des sous à savoir pas qu’en faire, Agha
Khân et miyardaires d’Amérique, et princesses de ci et de ça qu’on voit sur les illustrés, ayant tout de trop,
colliers et perles précieuses, et si on les vole s’en foutent, rigolent d’un air de dire moi ça me fait rien vu que j’ai
de quoi et je m’en rachèterai d’autres, toujours à danser, montant à cheval!d’un air de dire tout m’est dû, que
c’est un crime devant Dieu bien plus qu’un voleur, vu que souvent c’est pas sa faute le pauvre, sa jeunesse de
misère et le père toujours noir rentrant le soir en brutalité, tandis que les princesses qu’est-ce qu’elles ont fait de
mérite dans la vie sauf que le roi une nuit il a carambolé la reine, et total tout est à mademoiselle la
princesse,…
L’auteur, Albert Cohen
!
Albert Cohen est né à Corfou (Grèce) en 1895 dans une famille de commerçants juifs qui émigre à Marseille en
1900. Il y devient l’ami de son condisciple Marcel Pagnol, puis rejoint Genève en 1914 il obtient une
licence en Droit. Ottoman de naissance, il est naturalisé Suisse en 1919. En 1925, il est délégué du mouvement
sioniste auprès de la Société des Nations et entre au Bureau International du Travail. Sa carrière de diplomate se
poursuit notamment pendant la Seconde Guerre Mondiale dans le gouvernement du Général de Gaulle à
Londres!; en 1945, il est nommé conseiller juridique au Comité intergouvernemental pour la protection des
réfugiés, travail qu’il poursuit à Genève pour l’Organisation Internationale des Réfugiés.
Parallèlement à sa carrière professionnelle, il écrit poèmes, récits autobiographiques, essais, une pièce de
théâtre et, bien sûr, la Saga des Solal, Juifs de Céphalonie en quatre romans!: Solal (1930), Mangeclous (1938),
Belle du Seigneur (1968) et Les Valeureux (1969).
Belle du Seigneur, couronné par le Grand Prix de l’Académie Française, est un roman lyrique, rabelaisien, dans
lequel se dégagent trois axes récurrents chez Albert Cohen!: l’amour du peuple juif, traité avec lucidité, humour,
profondeur et exubérance!; l’hymne à la femme et l’exploration des méandres de la passion amoureuse poussée
à son paroxysme!; l’obsession de la mort.
Dissection au scalpel de la petite bourgeoisie, plume acérée pour décrire les fonctionnaires de la SDN,
caricature comique et attendrie des Valeureux, ironie sarcastique pour détailler les comportements!: par son
écriture plurielle, Albert Cohen embarque le lecteur dans une contrée fantastique, à l’aide entre autres de
monologues sans ponctuation, sans paragraphe, dans un tourbillon de mots, de néologismes qui laissent
affleurer la densité, l’émotion et l’humanité des personnages.
Autres œuvres importantes!: Le Livre de ma mère (1954), O vous, frères humains (1972), Carnets (1978). Albert
Cohen est mort à Genève en 1981.
...le burlesque est à fleur de plume...
Bertrand Poirot-Delpech
Le Monde - 20/10/1981
Anne Danais!: note d’intention
J’entretiens une relation passionnée avec Belle du Seigneur depuis une bonne vingtaine d’années. J’ai eu un
coup de foudre pour l’œuvre entière qui provoqua presque une paralysie, une incapacité à lire autre chose
pendant plusieurs mois.
C’est une histoire d’amour douce et qui dure.
Mariette m’a séduite dès la première phrase. J’ai une affection et un intérêt tout particuliers pour les
domestiques que j’ai côtoyé(e)s en incarnant Célestine du Journal d’une femme de chambre, Mademoiselle
Julie, en dirigeant Les bonnes, en lisant Swift!… Mais Mariette, c’est la cerise sur le gâteau.
Les passages de Mariette, je les ai tous sortis du livre. Je les ai gardés intacts, tels que. Je les ai lus, relus et relus
encore. Peu à peu, je les ai teintés de l’accent des Deux-Sèvres de mes grands-parents maternels. Et Mariette a
fini par s’installer dans ma tête durablement, dans mes oreilles, dans ma bouche et dans mon corps.
J’ai peu à peu conquis des publics tranquillement.
Et j’ai attendu comme je sais si bien faire et j’ai vieilli avec la certitude de jouer un jour, au théâtre ce que
j’appelle Les Soliloques de Mariette, ce texte si magnifiquement écrit pour être dit, drôle et essentiel.
Mariette témoigne. De sa place de bonne, elle voit tout, elle sait tout. Elle nourrit une relation toute affective
avec sa jeune maîtresse, celle qui va devenir La Belle du Seigneur. Elle l’a connue bébé, elle a remplacé sa
mère, c’est un peu comme sa fille… elle a l’art de la formule imagée et cocasse. Elle est profonde et drôle à la
fois. Elle puise en elle, dans ses observations quotidiennes, la substance de ses pensées philosophiques et
populaires. Elle fait mouche car elle voit juste et parle juste.
Eh bien voilà que ressortant les Soliloques au printemps 2008, et en en faisant lecture à Anne Quesemand et
quelques-uns de ses amis, dans leur théâtre de La Vieille Grille, la rencontre s’est faite.
Voilà que Anne Quesemand me propose de me diriger et de me mettre en scène.
Belle démonstration encore une fois que les choses arrivent si on les rêve vraiment.
Je suis très émue, très touchée, très honorée, et très impatiente aussi de pouvoir travailler avec Anne
Quesemand.
Je joins à cette note quelques idées qui m’ont traversée concernant Mariette
Jouer le texte intégral sans aucune coupe (c’est la seule chose à laquelle je tiens)
N’avoir besoin de rien (ça, ça me plaît beaucoup)
Jouer à domicile en faisant le ménage
Le jouer dans des cuisines
Le jouer dans des bibliothèques
Ne rien faire, être à une table assise c’est tout
Préparer un plat pour les spectateurs
En plumant et vidant des poulets
Enfin tout et son contraire…
Anne Quesemand!: note d’intention de mise en scène
Lorsque j’ai entendu la lecture qu’Anne Danais nous a proposée au Théâtre de la Vieille Grille, l’évidence m’a
sauté aux yeux : l’adéquation entre le texte et la comédienne est telle que le personnage de Mariette - la
“bonne” d’Ariane, la Belle du Seigneur - est d’emblée, et qu’un spectacle est aussi, qui ne demande qu’à
vivre.
L’essentiel de l’intention de mise en scène est ainsi présent dans la note d’intention de la comédienne.
Simplement, au lieu qu’Anne Danais, accoudée à une table, occupe ses mains à tourner les pages, elle tient un
chiffon, “brille l’argenterie”, écosse des petits pois, prépare et boit un café, lave ou repasse un linge fin, recoud
un ourlet ; et son regard porte non plus sur le livre, mais sur sa tâche, sur les spectateurs. Il s’agit de proposer
une “petite forme” adaptable à divers lieux : appartement, cuisine, bibliothèque… ou théâtre, les tâches
ménagères de Mariette pouvant s’adapter à cette diversité. La variété de ces tâches aidera aussi à dégager la
chronologie des monologues qui, dans le roman, s’étalent sur quelques années : Mariette vieillit.
Comme les autres personnages de Belle du Seigneur, Mariette ressasse et soliloque - elle est même la seule à
“théoriser” le monologue intérieur cher à Albert Cohen : Moi j’aime bien discuter quand même je suis seule, ça
tient compagnie quand on travaille. Le “reste” du livre - on allait dire du “pavé”, car c’en fut un joli dans la
mare littéraire du moment (1968 !) - nous renseigne sur elle, sur des choses qu’elle ne dit pas, mais qu’elle fait,
et dessine une silhouette : Mariette lisse ses accroche-cœurs, elle chante, boit beaucoup de café, elle lit un
roman d’amour, et nous livre au passage ses réflexions sur la politique, la guerre, la société, même si sa grande
affaire reste le suivi des amours d’Ariane… D’autres personnages nous parlent d’elle, et Solal commente son
départ :
Bravo, Mariette ! : autant d’indications qu’Albert Cohen nous fournit pour préciser la gestuelle, l’accent, le jeu,
pour nourrir la mise en scène.
Décor - accessoires – costumes
Le décor est minimal, devant s’adapter - et parfois emprunter - aux lieux de la représentation : une table de
cuisine recouverte d’une toile cirée bleue, une chaise, une desserte, un tabouret ; dans un théâtre équipé, ces
éléments -fournis par nous- seront élégants et soignés : nous sommes dans la cuisine d’une demeure de maître,
à Genève d’abord, puis dans la villa “nid d’amour” aménagée par l’aristocrate Ariane d’Amble, sur la Côte
d’Azur.
Les accessoires en portent la marque : boîte d’argenterie, thermos argentée, linge fin, bouquet de fleurs. L’action
se situant dans les années 1930, l’évocation en est donnée par quelques indices : Mariette fait l’argenterie au
blanc d’Espagne …
Elle porte une robe et un tablier intemporels, bien coupés, dans les tons gris-bleu ; Mariette est soignée et
coquette. Quand elle se laisse aller à esquisser un pas de danse, on voit son jupon blanc.
Musique
Elle est d’abord dans l’écriture-même : comme Proust avec Françoise, Albert Cohen se délecte du langage de la
domestique d’une “grande maison” ; non seulement de son vocabulaire, de ses tournures de phrase, mais aussi
de son “phrasé”, de son rythme syntaxique, qu’il restitue par l’absence de toute ponctuation : Ah oui alors que
j’en ai battu de l’ouvrage depuis avant-hier que je suis de retour comme que jui avais promis à la chameau la
saleté d’Antoinette que je viendrais à peine que ma sœur elle aurait dégonflé mais forcément ça a duré plus que
jui avais dit vu que jui avais promis début juliette d’après comme que les docteurs avaient dit…
Cette musicalité est bien sûr l’essentiel du travail de la comédienne, et le souci premier de la direction d’acteur.
Mais la musique est aussi présente directement par trois chansons, interprétées a cappella par Mariette, trois
chansons que cite A. Cohen qui dit souvent : “comme dit la chanson” : Parlez -moi d’amour, Une étoile
d’amour, Le petit grelot de la vie.
Lumières
Elles sont paradoxalement essentielles : alors que dans des appartements ou des bibliothèques elles ne
pourront guère intervenir, dans un théâtre c’est à elles que seront confiés les “changements de décor”, d’un
décor quasi inexistant et qui ne changera pas : les trois premiers “actes” se passent en effet à Genève, le dernier
sur la Côte d’Azur. Elles témoignent aussi du passage du temps : les trois premiers actes s’étendent sur quelques
mois, le dernier a lieu, en un seul jour, plusieurs années après. De chaudes et larges au début, s’accordant aussi
aux “humeurs” de Mariette, elles deviennent de plus en plus froides et ponctuelles, surtout sur la côte d’Azur -
moi j’aime pas ici, c’est triste toute cette eau de la mer en hiver- , rendant compte aussi du fait que Mariette
témoigne comiquement d’une passion tragique.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !