§§ 12-14 le délaissement où se trouve la conscience humaine
être délaissé = être laissé seul, être abandonné
§12 1/ le délaissement : la conséquence du fait que Dieu n'existe pas. Il
faut faire face à cette réalité, il faut assumer notre délaissement.
2/ Pas de place alors pour une « morale laïque », un « radicalisme » (= la
pensée républicaine en France entre 1870 et 1940, représentée en politique
par Clémenceau et en philosophie par Alain)
La morale laïque « voudrait supprimer Dieu avec le moins de frais
posssible ».
Principe de cette morale : « il est nécessaire, pour qu'il y ait une morale,
une société, un monde policé, que certaines valeurs soient prises au sérieux,
et considérées comme existant a priori. » (exemples: l'honnêteté, la véracité,
la non-violence, la fécondité...)
Cette morale promeut des normes d'honnêteté, de progrès, d'humanisme.
Remarque 1 : c'est aussi notre morale sociale aujourd'hui. Les normes
culturelles et sociales sont pour nous celles de cette « morale laïque », et elle
est en conflit plus ou moins ouvert avec des morales « religieuses » qui
défendent des normes différentes.
Remarque 2 : cette morale « laïque » s'inspire elle-même de la morale de
Kant :
il est impossible de démontrer l'existence de Dieu au moyen de la raison.
Mais l'idée de Dieu a un usage pratique, elle donne sa cohérence et sa
possibilité à un usage pratique de la raison. = l'idée de Dieu est régulatrice,
elle donne sa règle à la raison dans son usage pratique.
Remarque 3 : on voit qu'en morale on hésite entre deux conceptions : soit
on a des comptes à rendre à la société, à la communauté etc. En ce sens les
devoirs sont des contraintes. Soit on n'a de comptes à rendre qu'à soi-même,
en conscience, et dans ce cas nos devoirs sont des normes que nous voulons
librement.
Désobéir aux devoirs sociaux et culturels ça coûte cher, mais désobéir à
soi-même c'est toujours facile => le devoir purement moral n'est pas
contraignant (il est seulement angoissant).
§13 3/ « il ne peut plus y avoir de bien a priori, puisqu'il n'y a plus de
conscience infinie pour le penser. »
« il n'est écrit nulle part que le bien existe, qu'il faut être honnête, qu'il ne
faut pas mentir, puisque précisement nous sommes sur un plan où il y a
seulement des hommes. »
4/ Référence à Dostoïevsky : « si Dieu n'existait pas, tout serait permis. »
Tout est permis effectivement puisque Dieu n'existe pas => l'homme est
délaissé : « il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de
s'accrocher. » ; et il ne trouve pas « d'excuses ». « Nous sommes seuls, sans
excuses. »