filée de la musique pour donner sa vision de l’Eclosion du Verbe, processus pour lequel le poète est
à la fois lieu de surgissement et celui qui l’orchestre.
Autrement dit, quelque chose s’est perdu car on voir un processus de distanciation de la vie. Et
même les romantiques n’ont pas retrouvé cette globalité qu’avait la poésie antique, lorsqu’elle était
la vie.
2) La question de la créativité amène la question du Moi :
Dédoublement de l’être du poète (lignes 15 à 18)
« Car Je est un autre ». Le « je » en poésie c'est la conscience du poète. C'est elle qui parle.
Ce « Je » pour Rimbaud signifie ce que le poète a ressenti et qu'il a compris. En opposition aux
romantiques où le « je » sous-entend l’être ressentant du poète.
Dans la « Préface de Cromwell » (p. 414 du manuel), Victor Hugo expose sa vision du poète qui est
totalement romantique :
le poète se fait porte-parole des événements vécus par tout le monde, c'est la voix qui dit
les choses car il a une sensibilité particulière et il possède l'art de dire les choses.
Ceci confirme les dires de Rimbaud !
Dans ce paragraphe, donc, Rimbaud montre en 4 étapes (comme dans le poème « Le désir de
peindre » de Baudelaire) que le processus créatif et artistique est quelque chose de donné. Il formule
cela par une métaphore filée de la musique : « si le cuivre s'éveille clairon » (l.15), « la symphonie
fait son remuement dans les profondeurs ou vient d'un bon sur la scène » (l.17), tel est bien le rôle
du poète, mais il met cela en opposition avec une activité réelle de l’Homme.
3) Ceci l’amène à parler de l’activité de l’Homme :
Lignes 19 à 22 :
Rimbaud traite de « vieux imbéciles » ceux qui mettent de la prose en rime.
Par la métaphore « balayer ces million de squelette » (l.20) il exprime la quantité de textes qui
n'ont que structure et pas de vie (squelette : une structure sans vie). Il dit de ces gens (auteurs) qu'ils
sont borgnes (« borgnesse »). ils n'ont vu qu'une partie de la poésie. Et s’ils avaient eu sa
conscience, on n'aurait pas aujourd'hui tant de textes sans valeur. Ces auteurs ont cantonné le
concept du Moi à l’activité intellectuelle.
Rimbaud est dans l'exagération ici et cela témoigne combien il est passionné par son rôle et
combien il le prend comme une grande responsabilité.
Opposition entre ce qui est « naturel » et ce qui est « travail » de l'homme (lignes 23 à 30)
Rimbaud reprend sa première idée de la transformation de la poésie dans le temps. Une poésie
inhérente à la vie, qui « rythme l'Action » de la vie (poésie antique) à la poésie qui devient un loisir,
un avachissement.
Il s'occupe dans ce paragraphe de « l’intelligence universelle » ( et non de la pensée). Cette
intelligence a toujours existé et l'homme ne fait que ramasser une raison offerte par la nature (image
d’une moisson).
Il reproche à l'Homme de s’être toujours attaché au côté intellectuel des choses : ce n’est que
toucher à la surface de l’être, les courants profonds restent inexplorés (sensibilité, émotions). En se
cantonnant à l'esprit intellectuel, on n'accède pas jusqu'à la sphère de l'inconscient.
l.28 le mot « s'éveil » signifie pour Rimbaud prendre conscience des choses complètement
inconscientes.
En énonçant ce qui n'existe pas encore (l.29-30) il définit quel est son rôle à lui maintenant.