Mlle PEREZ-GARINO
Cours de philosophie
Lycée des Iscles –Manosque
2008-2009
s’accumule et pèse sur la conscience, en suscitant un déplaisir croissant. Le refoulement
intervient comme « une sorte d’oubli » qui, en rejetant les désirs hors de la conscience,
maintient le degré d’excitation de ce que Fred nomme l’ « appareil psychique » à un niveau
compatible avec els exigences de la réalité. L’inconscient correspond ainsi, pour l’essentiel, à un
ensemble de désirs refoulés.
On peut donc résumer la thèse comme suit : de la résistance au refoulement, du
refoulement à l’inconscient, de l’inconscient à la libido. Le troisième et dernier point à expliquer
concerne le mécanisme même du refoulement et ses conséquences. En essayant de systématiser
le plus possible sa théorie, Freud à été conduit à distinguer en fait trois instances psychiques : e
moi, le ça, et le surmoi. Sommairement, on dira que le moi correspond à l’ensemble des
processus conscients et de ceux qui peuvent d’eux-mêmes devenir conscients (autrement dit, de
ceux qui ne sont inconscients qu’en un sens descriptif, et que Freud appelle aussi
« préconscients »). On posera alors que « tout ce qui se passe dans le ça est et demeure
phénomène que nous nommons conscience morale » et dérive notamment de l’influence
exercée par les parents ou les éducateurs. Cette troisième « instance » de l’appareil psychique est
supposée jouer en fait un rôle décisif dans le mécanisme du refoulement par lequel se constitue
l’inconscient dynamique : puissance d’évaluation et de censure, le surmoi intervient en quelque
sorte pour sélectionner les désirs dont la satisfaction, en ne perturbant pas excessivement le
rapport du sujet au réel, procure plus de plaisir que de déplaisir. C’est alors une des thèses
majeures de Freud que de considérer que des conflits qui opposent le ça et le surmoi résulte
toute une série de compromis par lesquels les désirs trouvent à se satisfaire de façon plus ou
moins déguisée. Ces compromis peuvent aller dans la vie quotidienne, des rêves aux lapsus et
autres actes manqués, mais aussi, quand ces compromis sont plus ratés que réussis, des
symptômes névrotiques aux psychoses. Tous ces compromis constituent comme des « retours du
refoulé » à la faveur desquels l’inconscient vient au font hanter la conscience, en suscitant en
elle des représentations et des actes dont elle ne peut se penser comme la source.
Ainsi structurée, la théorie psychanalytique de l’inconscient ébranlait profondément la
représentation que la philosophie moderne s’était faite du sujet. En effet, il s’agissait de rendre
l’inconscient dynamique au moi pour assurer à ce dernier la maîtrise de soi, mais sans qu’il soit
envisageable pour autant qu’un tel idéal se réalise en totalité.
Difficile, dans ces conditions, de ne pas voir dans une telle thématique de l’inconscient
l’affirmation d’une dimension d’extériorité irrésorbable vis-à-vis de la conscience. Difficile aussi
de ne pas en tirer la conviction, au moins provisoire, que la reconnaissance d’un te inconscient,
plutôt que de consolider l’idée du sujet, comme avait pu le croire Leibniz, l’exposait à devenir
considérablement plus fragile. Si du moins cette idée de sujet devait demeurer conçue comme
désignant l’aptitude, où se situerait l’humanité de l’homme, à être réellement l’auteur conscient
et responsable de ses pensées et de ses actes. Comment prétendre en effet à cette posture si, à
chaque instant, ma conscience se trouve exposée à se voir envahie, sans l’avoir jamais voulu et
sans saisir le sens de ce qui surgit ainsi en elle, par ces multiples formations de compromis entre
Chapitre 2 : L’Inconscient