Chapitre 1
Introduction
1.1 Avant-propos
Soit y∈RN,f:RN→RNune application au moins continue et consid´erons l’´equation
f(x) = y. (1.1.1)
Comment peut-on s’assurer de mani`ere “un peu pratique” qu’il existe au moins une solution x`a (1.1.1)?
Il y a une r´eponse relativement simple dans le cas o`u fest lin´eaire: si le d´eterminant de fest non nul,
alors il existe une solution (et mˆeme une seule) `a (1.1.1), et ce pour tout y∈RN.
Ceci n’est pas une condition n´ecessaire et suffisante: il peut exister des solutions, pour certains y, lorsque
le d´eterminant de fs’annule; dans ce cas, on peut cependant constater que ces solutions ne sont pas
stables: si l’on perturbe un peu y, il peut ne plus exister de solution du tout. C’est particuli`erement
critique si l’on veut calculer une solution de (1.1.1), par exemple `a l’aide d’un algorithme tournant dans
un ordinateur: les erreurs machines sur yvont `a coup presque sˆur faire sortir celui-ci de la (tr`es fine)
zone dans laquelle on sait que (1.1.1) est soluble, empˆechant en pratique de trouver les solutions de cette
´equation.
A l’inverse, dans la situation o`u le d´eterminant de fest non-nul, la solution de (1.1.1) est particuli`erement
stable: si l’on perturbe you f(par une application lin´eaire), on sait qu’il continue `a exister une solution
`a (1.1.1), qui est de plus proche de la solution originellement cherch´ee.
Nous souhaitons ici d´evelopper un outil jouant, pour des applications non-lin´eaires, ce rˆole du d´eterminant
pour les applications lin´eaires: un r´eel, le “degr´e”, qui indique par sa non-nullit´e que (1.1.1) a au moins
une solution, et qui plus est une solution “stable”. De mani`ere ´evidente, ce degr´e d´ependra de fet y,
mais aussi de l’ensemble sur lequel on cherche les solutions `a (1.1.1) (cette question n’´etait pas d’actualit´e
dans le cas des applications lin´eaires, qui sont naturellement d´efinies sur tout l’espace et pour lesquelles
il est naturel, du moins dans un premier temps, de ne pas restreindre la zone sur laquelle on cherche `a
r´esoudre (1.1.1)).
Une premi`ere id´ee pour d´efinir le degr´e de fen ysur un ensemble Ω pourrait ˆetre “c’est le nombre de
solutions `a (1.1.1) dans Ω”. Cependant, on souhaite quand mˆeme qu’il soit plus facile en pratique de
prouver la non-nullit´e du degr´e que de prouver que (1.1.1) a des solutions. En ce sens, la d´efinition
pr´ec´edente ne semble pas faire avancer grand chose: on veut savoir qu’il existe des solutions `a (1.1.1)
en prouvant que le degr´e correspondant est non-nul, et pour prouver ceci il faut savoir qu’il existe des
solutions `a (1.1.1)...
Cette premi`ere d´efinition peut donc paraˆıtre trop na¨ıve, mais elle n’est curieusement pas si ´eloign´ee
que cela de la d´efinition finale; en fait, il manque juste deux ingr´edients pour faire de cette d´efinition
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