
Réforme de l'hôpital
Des médecins favorables, mais encore prudents
Le Quotidien du Médecin du 20/12/2005
Les présidents de commission médicale d'établissement hospitalier, réunis par la Direction de
l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos), pour une journée « d'échange mutuel », ont
exprimé leurs attentes, leurs espoirs et les difficultés qu'ils rencontrent dans la nouvelle gouvernance.
« C'EST un changement culturel passionnant. » Monique Ricômes, qui dirige l'hôpital européen
Georges-Pompidou à Paris, est l'un des partisans déclarés de la réforme de l'hôpital. Elle n'est pas
la seule.
Lors de la Journée des présidents de CME (commission médicale d'établissement), organisée la
semaine dernière par la Dhos (Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins), la
parole a été donnée aux acteurs de la réforme, ceux qui sont directement concernés. Certains ont
témoigné, à la tribune, des premiers enseignements à tirer de la mise en place de la réforme. « On
continue à percevoir que, globalement, les médecins soutiennent le concept de la réforme, mais,
dans le même temps, ils sont confrontés à certaines difficultés », commente le Pr Pierre Fuentes,
président de la Conférence des présidents de CME de CHU. « Or la seule vraie réponse, c'est que
personne n'est épargné par les difficultés. »
Le tandem médico-administratif fonctionne
Il est vrai que le ton du corps médical était plutôt positif lors de cette assemblée. Tout de même,
certains ne cachaient pas leur inquiétude. « Nous avons beau être chauds partisans de la nouvelle
gouvernance, nous avons du mal à expliquer le burn out des présidents de CME », lance un
président de CME d'Ile-de-France. « Les médecins prennent conscience que l'hôpital artisanal,
gaspilleur a vécu mais craignent dans le même temps l'hôpital usine dans lequel plus personne n'est
responsable du malade », enchaîne un autre.
Quid du chef de service ? Un troisième s'interroge sur le bien-fondé de la persistance des
chefferies de service, désormais mises en « concurrence » avec les nouveaux pôles. Hors de
question de les supprimer, « car les chefs de service restent responsables du soin », estime pour sa
part le Pr Michel Carretier, président de la CME du CHU de Poitiers, par ailleurs très
agréablement surpris du dialogue qui s'est instauré dans son établissement entre le
coordonnateur de pôle et le directeur référent. « Même si le coordonnateur reste décideur, le
directeur lui apporte une aide indispensable ». Le rapprochement médico-administratif semble
fonctionner dans les établissements. « Les soignants prennent conscience des problèmes médico-
économiques », assure le Dr Didier Gaillard, président de la CME de l'hôpital Saint-Joseph, à Paris.
« Les frictions ne viennent pas du tandem président CME-directeur mais du collège des chefs de
service qui voient leur autorité diminuer au profit des chefs de pôle », explique Bernard Gruson,
« grand témoin » de l'assemblée, venu de Suisse porter son regard de directeur des hôpitaux
universitaires de Genève. « Il faut aussi compter avec les responsables des soins infirmiers », ajoute-
t-il. Les organisations syndicales pourraient elles aussi s'inquiéter de cette nouvelle distribution
des pouvoirs.
« Si cette journée a eu lieu, c'est la preuve même que le ministère et la Dhos estiment que la
collectivité médicale a un rôle à jouer », estime le Pr Fuentes.
La tarification à l'activité à l'hôpital
Un taux de T2A entre 30 et 35 % en 2006
Le Quotidien du Médecin du 19/12/2005
Alors que le ministre de la Santé s'apprête à arbitrer sur la part de T2A dans les budgets hospitaliers
pour 2006 (« 30 ou 35 % », selon Xavier Bertrand, contre 25 % en 2005), les conférences des
directeurs et présidents de CME réaffirment leur demande d'une part de T2A augmentée à 40 %.