Actes de la 1
ère
Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
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A l’heure de la mondialisation des rapports économiques, de l’ouverture des frontières, du
développement des transports aériens et des nouvelles technologies de télécommunication,
une mouvance largement partagée au sein des sociétés occidentales s’inscrit dans une « foi »
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renouvelée dans un certain nombre de valeurs sociales évidentes : respect des lois en vigueur,
de la vie privée, de la non-discrimination, protection de l’environnement, qualité des produits
et services, satisfaction du client, intégrité professionnelle, loyauté et équité. Il s’agit à la fois
de défendre ce qui est juste et de viser l’excellence. La reconnaissance des valeurs sociales et
des droits de l’homme s’exprime tant au niveau national qu’européen et international
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Cette foi a engendré des concepts/comportements nouveaux : « commerce éthique »,
« commerce équitable», « responsabilité sociale de l’entreprise » (R.S.E), « développement
durable » (D.D.). Ainsi le monde semble-t-il entrer dans une nouvelle ère du « dialogue
social » et de la « citoyenneté d’entreprise ». Et c’est d’une manière surprenante que l’éthique
effectue aujourd’hui un retour en force dans les préoccupations de l’époque et notamment
dans celles des entreprises.
Les multinationales émettent depuis longtemps des instructions à l’intention des filiales à
l’étranger. Mais aujourd’hui deux nouveautés fondamentales sont venues transformer cette
pratique. D’une part, la globalisation a conduit à l’élaboration de textes généraux, à vocation
transnationale. Ils traitent de la conduite du Groupe et du réseau, mais également de la
conduite que les collaborateurs, fournisseurs et sous-traitants doivent avoir envers l’ensemble
des actionnaires, clients, consommateurs et communautés locales d’accueil. Et d’autre part,
« l’éthique » apparaît comme une « loi » suprême et interne, à la fois but et moyen des textes
en question. En conséquence, ces textes reçoivent des dénominations variées qui ne manquent
pas de surprendre : code de bonne conduite, code d’éthique, charte éthique, charte
déontologique, principes d’action, déclaration d’intention, politique et guide d’éthique, etc.
En pratique, les textes ou documents établis de manière volontaire par les multinationales
sont dits « éthiques » quand ils ont pour source les directions elles-mêmes et quand ils se
réclament clairement de l’éthique ou quand celle-ci peut y être décelée (affirmation de
valeurs, principes, règles de conduite, etc.).
Dans le secteur de la grande distribution et à l’échelle transnationale, les textes éthiques
sont devenus incontournables pour préserver l’image positive des sociétés auprès de leurs
clients et actionnaires. En France, la grande distribution est au centre de toutes les critiques
(associations de consommateurs, syndicats ou encore ONG). En ce sens les entreprises
supportent un « risque de réputation ». Les codes de conduite permettent alors aux entreprises
de mettre à la charge des fournisseurs et sous-traitants certaines obligations supplémentaires
dépassant le cadre du simple contrat commercial. Ces obligations les exposent à une pression
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Cf. A. Supiot « Du nouveau au self-service normatif : la responsabilité sociale des entreprises », Mélanges
Pelissier, Dalloz 2004, pp. 541-558, spéc. p.551.
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Aussi certains textes juridiques fondamentaux sont-ils aujourd’hui particulièrement exploités: Déclaration des
Droits de l’Homme (1789), Préambule de la Constitution de 1946, Charte Sociale Européenne (1961), Charte des
Nations unies (1945) et Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948). D’autres textes témoignent de la
prise en considération croissante des valeurs sociales dans les réglementations des Etats. Il en est ainsi de la
Charte de l’environnement et certaines lois en France : Loi du 15 mai 2001 sur les Nouvelles Régulations
Economiques (Voir surtout l’art.L225-102-1 du Code de Commerce), Loi du 19 février 2001 sur l’épargne
salariale (art.21), Loi du 1
er
août 2003 dite de sécurité financière (Cf. art. L225-37 et 225-68 du Code de
Commerce et l’art. L621-18-3 du Code Monétaire), Loi du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohésion
sociale (Art. 58), Loi 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances (Art.29). Les organisations
internationales ont également adopté divers textes : Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux
(1989), Charte des Droits Fondamentaux (2000), Déclaration de RIO sur l’environnement (1992), etc.