Dès 1960, en France, on compare le street art à une forme d’art, ce qui s’avère être plutôt singulier à
l’époque. Même si les critiques sont mitigées, l’art du graffiti était né, au grand plaisir des artistes qui
s’adonnaient à cette pratique. Vers la fin des années 1960, on retrouve une valeur très intellectuelle et
songée au sein des graffiti conventionnels, inspirés par la politique pour la plupart. Teintés parfois
d’humour, parfois de poésie, on dépeint des slogans accrocheurs et sympathiques, souvent à double
sens. Ces graffiti sont peints au rouleau ou au pinceau en règle générale, bien que certains artistes
faisaient usage d’aérosols. Au début des années 1980, le graffiti est considéré comme étant de l’art
urbain et son aspect illégal et clandestin intéresse bon nombre d’artistes. On peint de façon
humoristique et légère, en adoptant de nouvelles techniques très intéressantes comme le pochoir, par
exemple. Colorés et déjantés, les graffiti ont la cote ! C’est par ailleurs dans cette même période que
les graffiti de style «new-yorkais» font leur apparition à Paris.
Dans les années 2000, une association importante est créée: le M.U.R (modulable, urbain et réactif).
Elle regroupe quatre vingt artistes et impose un principe simple. Tous les quinze jours un artiste
squatte de grands panneaux publicitaires rue Oberkampf à Paris et expose son œuvre. Le groupe VLP
(vive la peinture ) y exposera son personnage lui faisant dire : «j’existe je résiste». Il deviendra vite
célèbre dans le milieu de l’art. En 2001 Agnés B expose dans sa «galerie du jour» Jonone , Mist , OS
Gemeo et Zevs dans une exposition collective.
Dans les années 2000, un des thèmes récurrents dans l'art urbain est la surconsommation. Celle-ci est
dénoncée par de nombreux artistes.
Le street art remplit son rôle d’art engagé à l’aide de l’utilisation de véritables chefs-d’oeuvre muraux. Il
a su faire réflechir le monde sur des thèmes abordés de manière récurrente, tels que la guerre, la
société de consommation ou encore le capitalisme, et continue son expansion à l’échelle mondiale.
Analyse de l'œuvre
Lecture descriptive et interprétative :
Avant
Visual Kidnapping,
Zevs organisait ses
Visual Attacks
, au cours desquelles il exécutait des icônes
d'affiches publicitaires en bombant un point rouge dégoulinant au milieu du front de ses victimes.
Cependant, le résultat de ses attaques visuelles étant rapidement détruit par les annonceurs, Zevs
décide d'aller plus loin en prenant en otage l'image de l'égérie des cafés Lavazza, qu'il découpe d'une
affiche 15×15 m sur la Alexanderplatz à Berlin, en y laissant le message « VISUAL KIDNAPPING PAY
NOW!!! ». Il présente alors pendant trois semaines la vidéo de l'enlèvement à la Rebell Minds
Gallery de Berlin, où l'affiche découpée est visible. Pendant plusieurs mois, il va tantôt cacher, tantôt
exhiber l'otage visuelle, menaçant de l'exécuter. Il va finalement lui couper un doigt qu'il envoie
enveloppé de coton au PDG de la société, lui demandant une rançon symbolique de 500 000 euros, du
coût approximatif de la campagne publicitaire. Une mise en scène de l'artiste a pu faire croire que
Lavazza accepta de la payer sous forme de mécénat auprès du Palais de Tokyo, permettant ainsi à Zevs
d'y présenter son œuvre. La cérémonie a eu lieu un premier avril.
"Visual kidnapping is like entering an interactive game: If the brand on the billboard kidnaps the attention of
the public with the purpose of consumer demand, I reverse the situation and I kidnap the model on the
poster and I demand a ransom of 500,000€ from the brand. This sum represents the symbolic price of an
advertising campaign for the brand."
Interview with PingMag, 11 August 2008
A partir des années 60 les pays développés entrent dans l’ère de la consommation de masse dont le
symbole est l’achat d’un frigo, d’une voiture et d’une télé. La mise en place d’une société de
consommation est possible grâce à la hausse des niveaux de vie (augmentation des salaires et baisse
des prix). Elle est encouragée par la publicité, le crédit et l’expansion des grandes surfaces. Petit à
petit, les modes de consommation changent, on n’achète pas un produit parce qu’on en a forcément
besoin mais pour l’image qu’il nous permet de donner de nous même.
Zevs s'attaque à la publicité. La publicité joue deux rôles complémentaires : elle construit des «images»
(des images de marque) et elle suscite des besoins. En ce qui concerne l’image de marque, son rôle est