REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES CONGNITIVES ET CLINIQUES
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Actualités
absolue du temps d’entretien – et,
d’autre part, que la solution à pro-
poser à un proche épuisé et ralenti
n’est pas toujours un traitement an-
tidépresseur mais plutôt de l’aide,
du répit et du repos.
Nouveautés en imagerie
La vedette en IRM est l’imagerie de
repos, qui correspond à l’activation
cérébrale résultante obtenue lors-
que le sujet est dans l’IRM et laisse
vagabonder son esprit. On met
alors en évidence l’activation d’un
réseau neuronal dit « en mode par
défaut » (RMD), qui implique les
régions hippocampiques, le gyrus
cingulaire postérieur et le cortex
préfrontal. L’intérêt de la technique
est qu’elle est utilisable avec toute
IRM, n’exige aucun effort du patient
et dure moins de 10 min. Brier et al.
(Saint-Louis, Missouri) ont montré
que ce RMD s’altérait dans la MA
avec une certaine linéarité depuis
les stades prodromaux jusqu’à la
démence et que cette dégradation
pouvait être corrélée aux valeurs de
tau dans le LCR. Pievani et al. (Milan)
ont par ailleurs prouvé que les ano-
malies observées ne sont pas impu-
tables à la seule atrophie mais bien
à des perturbations fonctionnelles.
D’autres réseaux fonctionnels se
modifi ent, comme le réseau « exé-
cutif », particulièrement au stade
de MCI amnésique, dont l’augmen-
tation d’activité a été interprétée
comme un processus de compen-
sation. Sa facilité d’accès et de réali-
sation amène de nombreux auteurs
à proposer cette technique IRM de
mesure du RDM comme un biomar-
queur, à des fi ns diagnostiques dans
la MA. Cependant, il manque enco-
re des études sur sa spécifi cité.
Oishi et al. (Baltimore) ont fait la
promotion du « signe du fornix »,
aisé à reconnaître en imagerie en
tenseur de diffusion et, selon eux,
saisi en 30 s lors d’une IRM. Il a une
très bonne fi abilité interexamina-
teur et traduit l’atteinte du circuit
de Papez. Les auteurs l’ont donc
cherché chez 24 MCI amnésiques,
23 MA et 25 témoins, avec contrôle
à 1 et 3 ans. Sa spécifi cité était par-
faite, tant dans la MA que pour pré-
dire quels témoins ou quels MCI
allaient s’aggraver. En revanche, le
signe n’était présent que chez 13/25
MA à l’inclusion (sensibilité : 0,67).
La maladie d’Alzheimer du sujet âgé
existe-t-elle ?
Deux équipes ont présenté les don-
nées neuropathologiques obtenues
chez des sujets très âgés suivis sur le
plan neuropsychologique de façon
longitudinale, de 6 mois en 6 mois.
Corrada et al. (Irvine, Californie)
ont analysé le cerveau de 34 cente-
naires (âge moyen : 101 ans, MMSE
moyen : 18, avec une fourchette de 0
à 29), dont 19 étaient déments selon
les critères DSM-IV. Contre toute
attente, il n’y avait aucune différence
dans la densité et la distribution
des dégénérescences neurofi bril-
laires et des plaques séniles entre
le groupe des déments et celui des
sujets cognitivement indemnes.
Un tiers des sujets sains remplissai
les critères histologiques de MA
probable selon le NIA-Reagan (est-
ce la conséquence de leur réserve
cognitive ?). A contrario, un tiers des
déments n’avait pas assez de lé-
sions de type Alzheimer pour expli-
quer leur démence. Il existait alors
d’autres lésions, dont la plus fré-
quente était la sclérose hippocam-
pique isolée (16 % des déments)
ou en association (10 %) ; seuls 5 %
avaient en outre des corps de Lewy.
Ceci est cohérent avec les résultats
de Schneider et al. (Chicago) qui
ont trouvé chez 36/87 sujets suivis
de la même façon (dont la moyenne
d’âge était de 84,7 ans) la présence
de protéine TDP-43 (constituant des
inclusions ubiquitine + dans les dé-
mences fronto-temporales). Cette
présence de TDP-43, surtout dans
l’amygdale et l’hippocampe, était
fortement corrélée à l’âge, à l’exis-
tence d’une détérioration cognitive
(surtout la mémoire et les fonctions
exécutives), à des lésions de type
Alzheimer et à une sclérose hippo-
campique. Ces données montrent
que la démence du sujet âgé est
moins pure et soulignent les diffi -
cultés thérapeutiques que l’on peut
ou pourra donc rencontrer.
MCI amnésique (MCIa) et
« MCI amnésique plus »
Koric et al. (Marseille) ont présenté
le suivi de 31 sujets MCIa (critères
de Sarazin et al., 2007) à 18 mois en
IRM avec analyse morphométri-
que en VBM. Seize sujets avaient
une amnésie hippocampique et 15
une amnésie fronto-sous-corticale.
Cette segmentation clinique des
sujets semblait pertinente pour les
auteurs, avec des profi ls d’atrophie
différents : atrophie hippocampi-
que dans le premier groupe et atro-
phie plus diffuse dans le deuxième.
Cette distinction pourrait avoir un
grand intérêt diagnostique et pro-
nostique quant à la maladie dégé-
nérative à venir et à son mode d’ex-
pression.
La dégénérescence fronto-
temporale comportementale
(DFTc)
Racovsky et al. (Philadelphie) ont
présenté les données du Consor-
tium international des critères de
DFT comportementale (DFTc) avec
une étude réalisée grâce à la colla-
boration de 16 banques de cerveau
aux États-Unis et en Europe (dont
celle de nos collègues lillois) qui a
permis d’étudier a posteriori la sen-
sibilité des critères de Neary et al.
(1998) et ceux du Consortium da-
tant de 2009. On distingue :
- un diagnostic « possible » lorsque
les sujets ont 3 symptômes parmi 6 :
désinhibition, apathie/inertie, dimi-
nution de l’empathie, persévération/
comportement compulsif, trouble
de l’oralité, troubles dysexécutifs ;
- un diagnostic « probable » lorsque
des données d’imagerie caractéris-
tiques sont disponibles.
La sensibilité des critères DFTc était
de 85 % pour le diagnostic « pos-
sible », et elle était meilleure que
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