Les soignants qui travaillent dans certains services doivent faire preuve de compétences non
seulement techniques mais aussi de compétences dans le domaine des relations humaines et de la
communication.
En effet, il existe un retentissement psychologique sur les professionnels de la santé qui ont à
prendre en charge des patients au pronostic létal. Il s'agit du syndrome de burn out "qui associe
stress, surinvestissement relationnel, de culpabilité syndrome dépressif...
La résonance affective est inéluctable dans l'interrelation entre le Moi professionnel et le Moi
personnel. Il s'en suit une interpénétration avec une émergence de difficultés dans chacune des deux
situations. Les troubles peuvent apparaître autant sur un plan personnel, familiale, que sur son
travail de soignant, avec de l'équipe ou pour une question d'éthique.
Différents questionnements et constatations sont repérables dans cette résonance:
- la maladie incurable, la mort de l'autre nous renvoie à notre propre mort ou à celle d'un de
nos proches,
- les débuts enthousiastes dans la profession alternent avec des phases de lassitude proches
de l'épuisement étayées d'un sentiment d'impuissance,
- comment maintenir une relation soignant-soigné sans éviter un face à face avec un patient
qui exprime révolte et injustice dans l'attente d'une mort inévitable. Autrement dit, accepter
sa propre impuissance de soignant,
- la projection sur le médecin de sa propre impuissance, et de celle de la médecine,
- intérêt d'une relation de vérité avec le patient, mais quelle est sa réalité à lui ? Comment
saisir et décoder le désir de l'autre ? Autrement dit, à partir d'une relation de confiance qui
s'est instaurée entre un soignant et un soi9né jusqu'où peut-on respecter le désir de l'autre
quand ce désir est de ne pas savoir et/ou de pas mourir.
MECANISMES DE DEFENSES
Le clivage
"Je suis soignant, donc protégé de la maladie et ce pouvoir par extension profite à ma famille". Cette
pensée magique est le propre de chacun de nous. Elle représente une pensée conjuratoire qui
permet de compartimenter en deux espaces notre vision du monde. Notre condition de soignant se
représente le monde en "malade" ou "non-malade".
Néanmoins, le clivage est un mécanisme psychique nécessaire qui permet à chacun d'être assuré que
le malade c'est l'Autre et non soi-même. Le soignant est en difficulté lorsqu'il voit apparaître les
symptômes d'une maladie, passant ainsi dans un statut à la fois de soignant et de soigné "Je suis de
l'autre coté de la barrière". La souffrance est d'autant plus grande que sa frontière entre "malade"
et" non-malade" est rigide.
Ce mécanisme a souvent comme conséquence extrême le refus puis la répression (parfois le
refoulement) de toutes les réactions émotionnelles et affectives du soignant face à la souffrance du
patient "je me refuse de compatir à ta souffrance car je m'identifierais à toi ". Ce mécanisme de
défense limite, sinon bloque les capacités de fonctionnement psychique.