Alexis Naline, Marketing Viral & Lancement d’un Nouveau Produit sur le Marché de l’e-Publicité, 2002
Introduction
Qu’entend-on par marketing viral ? Pour certains, il s’agirait de créer un buzz sur Internet en utilisant
la diffusion exponentielle de l’information sur le réseau : d’un agent initialement informé, on passe au
premier niveau de diffusion à x agents, au deuxième niveau à x2 agents, avant de toucher au ième
niveau xi agents.
C’est oublier que rien n’oblige un agent à diffuser l’information : il peut ne pas apprécier le message,
ne pas le comprendre, ne pas le recevoir car il l’aura filtré ou n’utilisera pas l’adresse indiquée. Il peut
ne pas avoir le temps ou l’envie de le rediffuser. Il peut même l’avoir déjà fait ! Il faudrait pouvoir
évaluer le nombre moyen de nouveaux agents informé par un agent, et la propension qu’auront ceux-
ci à informer leurs propres contacts.
Par exemple, si chaque agent transmetteur envoie en moyenne à cinq nouveaux contacts le
message avec une probabilité de 10%, 100 agents à l’étape 1 contactent 10x5=50 agents, qui
contactent 5x5=25 agents, qui en contactent eux-même moins de 15, puis moins de 10, et la
campagne meurt…
Autrement dit, rien ne permet de supposer que le « x » soit strictement supérieur à 1, condition
indispensable pour que le « xi » ne tende pas vers 0 !
Au contraire, compte tenu du nombre d’e-mails de type « renvoyer ce message à vos amis » qui
existent1, si le modèle exponentiel était correct, nos boîtes aux lettres informatiques seraient en
permanence saturées. Or ce n’est pas le cas, il faut donc réfuter ce modèle.
Par ailleurs, il est faux de limiter le marketing viral à Internet. Il est vrai que « viral » peut être compris
comme une référence aux virus informatiques – sujet très apprécié des auteurs de canulars – mais
n’oublions pas que ces virus font référence aux parasites qui attaquent nos corps dans le monde
physique.
De plus, hors de toute considération sémantique, une opération marketing n’est pas une fin en soi. Il
peut s’agir de transmettre une information au plus grand nombre et au moindre coût. C’est un objectif
au service par exemple de la promotion d’une offre ou du développement d’une image de marque,
pour aboutir in fine à l’acte d’achat.
On objectera que l’acte d’achat peut n’être qu’échange d’information : un internaute obtient sur le site
d’un commerçant des informations sur un produit, envoie les informations correspondant à sa carte
1
Si le modèle était correct, un seul hoax suffirait à faire exploser le réseau car rien n’informe les agents de la
génération i+1 de l’identité des agents de la génération i-1 !