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Numéro spécial-Août 2015
Focus de ce numéro :
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Conseil National du Commerce Extérieur
Angle Avenue Annakhil et Avenue Mehdi Ben Barka
Immeuble « Les patios », Bâtiments II, 5ème étage – Hay Ryad
BP 1478 (RP) – Rabat - Maroc
www.cnce.org.ma
[email protected]
Tél : +212-537 57 29 83
Fax : +212-537 57 29 82
Editorial
Focus : L’économie africaine : Bilan et perspectives
Panorama de l’économie africaine
4
Analyse du secteur de l’agroalimentaire
9
Analyse de l’industrie automobile
14
Analyse de l’industrie pharmaceutique
16
Analyse du secteur de textile
18
Analyse du secteur BTP et matériaux de construction
20
L’actualité en bref
Espagne : la sécheresse fait craindre une pénurie d'huile d'olive
24
L’Égypte : le gouvernement assouplit l’interdiction de l’importation du coton
24
Sénégal : levée de l’interdiction des importations de sucre et de pommes de terre
24
Le Ghana se lance dans la production de concentré de tomates
24
L’Algérie ressuscite sa tomate
24
L’Afrique du sud investit dans le secteur du Halal
24
Le prix du caoutchouc ivoirien a encore baissé
24
Algérie : contrôle renforcé des importations d’arachides
25
Sénégal : Transformation d’une plante envahissante en une filière porteuse
25
Dangote inaugure sa nouvelle cimenterie zambienne
25
Le cimentier CMG envisage de lancer son premier projet en Tunisie
25
L’Ouganda lance un projet de construction automobile
25
Une nouvelle usine de Ford au Nigeria
25
Bolloré construira une ligne ferroviaire Liant Niamey à Cotonou
25
Installation du géant japonais Mitsui en Côte d’Ivoire
26
Un nouveau hub industriel en Angola
26
Zone de libre-échange tripartite : le Swaziland est résolu à soutenir le processus d’adoption
26
La Zambie et la RDC signent un accord commercial préférentiel
26
La BID a approuvé un financement de 65 millions USD pour trois pays africains
26
Nigéria : L’industrie pharmaceutique exige un droit de douane de 20 % sur les produits importés
26
Les États-Unis font bénéficier aux pays en développement le système généralisé de préférence.
27
2
Editorial
La voie africaine tracée par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI depuis son
intronisation a eu des effets positifs sur les relations commerciales du Maroc avec
ses partenaires continentaux. Une nette amélioration a été ressentie sur le plan des
échanges puisque les exportations de biens du Royaume vers l’Afrique
Subsaharienne sont passées de 330 millions USD en 2005 à 1,5 milliard USD en
2014. Cette évolution a été marquée par une croissance moyenne de l’ordre de 20
% durant la décennie, contre 10 % pour l’ensemble des expéditions de
marchandises réalisées au cours de la même décade. En 2014, la région
subsaharienne du continent a absorbé 6,6 % de nos exportations totales contre
3% en 2005.
Certes, ces chiffres sont fort encourageants. Mais en l’absence d’objectif fixé
par le gouvernement en la matière, nous sommes convaincus que les résultats
atteints demeurent en deçà des ambitions partagées par les différents acteurs
nationaux avec leurs homologues et partenaires subsahariens. La question qui se
pose à ce niveau est la marge de progression qui se présente. Autrement dit,
quelles perspectives de croissance économique offre le continent africain ?
Une autre interrogation nous interpelle, celle des domaines d’activité qui
seraient opportun d’investir. A l’image des avancées opérées par les banques
marocaines, dans quels autres secteurs les efforts doivent-ils être poursuivis pour
approfondir le partenariat avec l’Afrique subsaharienne ?
L’équipe de veille du CNCE tente de fournir des éléments de réponses à ces
questions dans ce numéro spécial concocté à l’occasion de la saison estivale en
remplacement de sa traditionnelle lettre de veille et de son focus mensuel qui,
rassurez-vous, seront repris dès la rentrée.
Equipe CNCE
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Panorama de l’économie africaine
Population en 2014
1,1
4,8 %
7,2 %
55,7
milliard de personnes
Croissance du PIB en volume entre 2006-2014
L‘inflation en 2014
Aide publique au développement en 2013
milliards USD
Population en plus à l’horizon 2050
1,2
30 %
67 %
39 %
milliard de personnes
Accès à l’électricité
de la population
Accès à l’eau potable
de la population
Accès à l’assainissement
de la population
Selon le bureau d’études britannique « Control
Risk », seulement six pays africains figurent
comme des destinations où les entreprises
peuvent faire leurs affaires en toute sécurité. Il
s’agit du Maroc, le Cap-Vert, les Seychelles, la
Namibie, Maurice et le Botswana. En revanche,
La Somalie et la République Centrafricaine
sont les pays les plus risqués
Faible
M
Moyen
Haut -Extrême
Source: KPMG, Control RISK, presse, traitement CNCE
Evaluation du risque pays selon Control Risk 2015
La dette souveraine africaine a pratiquement doublé
entre 2006 et 2013, en passant de 168 milliards USD
à 358 milliards USD, soit plus de 20 % du PIB du
continent.
Trois pays enregistrent le plus fort ratio dette publique
sur PIB à savoir : l’Erythrée (129 %), le Cap-Vert (121
%) et la Gambie 100 %.
En revanche, le Nigéria, le Botswana et l’Algérie
enregistrent
les
plus
faibles
ratios
avec
respectivement 11 %, 12 % et 13 %.
Pour sa part, le Maroc est 6e avec un ration de 66%.
Source: BM, traitement CNCE
Dette publique des pays africains (% du PIB)
4
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Dette globale de 4 pays africains
( % du PIB)
Répartition de la dette globale
( % du PIB)
Selon McKinsey Global Institute (MGI), la sphère économique africaine est de plus en plus
endettée ! Quatre pays arrivent en tête de peloton des plus endettés, à savoir : le Maroc
l’Afrique du Sud, de l’Egypte et du Nigéria. Quelques particularités à signaler :
- La dette publique représente la plus grande part de l’endettement global pour l’Egypte et le
Maroc avec respectivement 77 % et 62 % du PIB ;
- L’endettement global de l’Afrique du Sud et du Nigéria est supporté en premier lieu par les
entreprises avec respectivement 49 % et 22 % du PIB ;
- Les ménages sud-africains et marocains sont les plus endettés et représentent
respectivement 39 % et 23 % du PIB ;
- La part de l’endettement du secteur financier est plus forte en Afrique du Sud (21 %) et au
Maroc (15 %) alors qu’elle est très faible au Nigéria (3 %) et en Egypte (2 %).
4
3
Source: WEF, traitement CNCE
Classement de la compétitivité des pays africains
5
Ile Maurice
Afrique du Sud
Rwanda
Maroc
Botswana
Algérie
Tunisie
Namibie
Kenya
Seychelles
Zambie
Gabon
Lesotho
Ghana
Sénégal
Cap-Vert
Côte d'Ivoire
Cameroun
Ethiopie
Egypte
Tanzanie
Ouganda
Swaziland
Zimbabwe
Gambie
Libye
Nigeria
Mali
Madagascar
Malawi
Mozambique
Burkina Faso
Sierra Leone
Burundi
Angola
Mauritanie
Tchad
Guinée
2
5
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Classement du Change Readiness Index 2015
2
Namibie
3
Maroc
4
Afrique du Sud
5
Tunisie
Zimbabwe
-3% Ghana
9%
Soudan du Sud
Algérie
Kenya
-4%
12%
18%
-5%
Tanzanie
Le «Change Readiness Index » du cabinet d’études KPMG permet de mesurer la
capacité d'un pays (gouvernement, entreprises privées et publiques, société civile) à
gérer le changement économique et tirer parti des opportunités d'investissement.
Source: KPMG, traitement CNCE
Cap-Vert
Evolution des flux financiers externes
entre 2010 et 2015
Flux financiers externes à destination de
l’Afrique (milliards USD)
24%
51,9
48
21,5
46
55,7
51,7
6,8
49,8
61,2
60,6
51,3
55,8
25,7
21,5
49,7
54,2
2010
2011
2012
Transfert de fonds
Investissement de portefeuille
61,8
64,6
56,3
54,9
13,5
49,4
18,4
20%
14%
55,2
2013
2014 (e) 2015 (p)
Aide publique au développement
IDE
Source: AFDB, presse, traitement CNCE
1
-14%
L’Afrique dans le commerce international
700
Unité : milliards USD
650
25%
600
Hausse des
importations
550
10%
Importation Afrique
500
Hausse des
exportations
Exportation Afrique
450
2010
2011
2012
2013
56%
La part des combustibles
dans les exportations
africaines
2014
6
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
L’Afrique dans le commerce international
Europe
Amérique
214
Asie
59
186
60
250
Afrique
Océanie
5,2
70
Source: TradeMao, traitement CNCE
213
4,6
70
13 %
La part du
commerce intrarégional africain
En 2014, l’Afrique a exporté vers le Monde plus de
540 milliards USD et a importé pour prés de 600
milliards USD.
Le principal partenaire commercial de l’Afrique est
l’Europe. La balance commerciale africaine est
excédentaire avec l'Océanie alors qu’elle est déficitaire
pour l’Europe, l’Asie et l’Amérique.
3%
La part de
l‘Afrique dans le
commerce
mondial
7
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
93
99
90
64
71
Le Nigéria réalise 17 % des exportations
africaines, suivi par l’Afrique du Sud avec 16 %
et l’Angola avec 11 %. Pour sa part, le Maroc
réalise 4,2 % des exportations du continent.
58
L’Afrique du Sud est le 1er marché africain avec
16 % des importations du continent, suivie par
l’Egypte avec 12 % et l’Algérie avec 10 %. Le
Maroc est le 5e importateur africain avec 7,5%
des importation.
Etats-Unis
32
Allemagne
31
Espagne
34
Inde
31
France
34
France
34
Inde
37
Etats-unis
35
Chine
Chine
75
La Chine est le 1er client du continent et
absorbe 14 % de ses exportations. L’Inde et la
France concentre respectivement 7 % et 6 %
des expéditions des pays africains.
CHINE
Source: TradeMao, traitement CNCE
L’Afrique dans le commerce international
Premier
fournisseur
et client du
continent
99
L’empire du milieu est également le 1er
fournisseur de l’Afrique et satisfait 17 % de ses
besoins. Les Etats-Unis et la France satisfont 5
% des achats du continent.
Croissance et diversification des
exportations africaines
Les pays de l’Afrique sub-saharienne qui
montent en puissance
Croissance annuelle moyenne des
exportations 2009 -2013
(variation du PIB entre 1994-2019)
55
45
35
Les pays africains disposent d’une faible
diversification de leurs exportations
Mali Ghana
Gabon
Tanzanie
25
Burkina Faso
15
Angola
Afrique du Sud
Ethiopie
Algérie Cameroun
Kenya
Côte d'Ivoire Egypte
5
Afrique
Sénégal
Maroc
Tunisie
Nigéria
-5
Mozambique
0
10
Indicateur de diversification des exportations
20
30
40
50
L’indicateur de diversification est construit comme l’inverse d’un indice d’Herfindahl, à partir
des exportations désagrégées au niveau des codes à 4 chiffres de la Classification type pour
le commerce international.(source: OCDE, Afdb)
8
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Le continent africain est très prisé par les investisseurs étrangers dans des secteurs particuliers tels que
l’industrie automobile, l’industrie pharmaceutique, le textile, l’agroalimentaire et le BTP et les matériaux de
constructions. Ces secteurs précités nous permettront de définir les secteurs clés qui peuvent constituer une
opportunité pour le positionnement du Maroc sur le continent africain.
Les produits laitiers
vient la Libye avec un volume à l’import de près
de 120 000 tonnes, suivie de l’Egypte (98 000
tonnes) et l’Angola (79 000 tonnes).
Le lait européen cherche son chemin en Afrique
L’offensive européenne en Afrique
La production laitière mondiale est estimée à
environ 804,7 millions de tonnes en 2014, soit
une hausse de près de 2,9 % par rapport à
l’année 2013. Cette progression devrait s’amplifier
suite à l’abolition des quotas européens de
production en 2015. Cette situation, conjuguée à
l’embargo imposé par la Russie sur les produits
alimentaires européens, obligera les laiteries
européennes à se tourner vers d’autres marchés
porteurs, notamment ceux de l’Afrique. En effet, il
est estimé que la consommation mondiale de
produits laitiers augmentera de 36 % d’ici 2024.
Les exportations africaines de lait ont affiché un
volume avoisinant les 207 000 tonnes en 2014.
L’Afrique du Sud est le premier exportateur
africain de lait avec une part de l’ordre de 66 %,
suivie du Togo (10%), de l’Egypte (8%), de
l’Ouganda (6%) et du Kenya (2%).
L’agroalimentaire
Le marché africain des produits laitiers : une
demande de plus en plus croissante
La production africaine de lait est estimée à 44
millions de tonnes, soit 6% de la production
mondiale. Elle reste insuffisante pour satisfaire
une demande africaine qui augmente deux fois
plus vite que l’offre. Ainsi, les importations
africaines de lait ne cessent d’augmenter et se
concentrent principalement sur le lait en poudre,
une matière première bon marché et disponible
toute l’année. En 2014, elles ont atteint plus de 1,4
million de tonnes. L’Algérie en est le principal
importateur avec plus de 373 milles tonnes, dont
94 % sont sous forme de lait en poudre. Le
Nigéria occupe la deuxième position avec un
volume à l’import de 150 000 tonnes, satisfaisant
ainsi plus de la moitié de sa demande. Ensuite
Les besoins grandissant du continent africain en
termes de produits laitiers ont poussé plusieurs
groupes internationaux, notamment européens, à
s’installer en Afrique. En effet, la laiterie danoise
Arla a créé une entreprise conjointe en Côte
d’Ivoire pour le conditionnement et la vente de lait
en poudre produit au Danemark. La laiterie
hollandaise FrieslandCampina est présente au
Nigéria à travers sa filiale WAMCO, elle
approvisionne la principale marque de lait du
Nigeria (Peak), en utilisant des matières
premières des Pays-Bas. Par ailleurs, la
compagnie laitière française Danone, après avoir
acquis des parts de 40% dans le groupe
Brookside Dairy, est arrivée à couvrir
efficacement différentes régions du continent
africain. Elle est présente en Afrique de l’Ouest
(via Fan Milk), en Afrique de l’Est (via le kenyan
Brookside), en Afrique du Sud (via sa filiale sudafricaine), ainsi qu’en Afrique du Nord à travers le
rachat d’une usine de produits laitiers en Egypte
en 2005 et l'acquisition des parts majoritaires de
la compagnie Centrale Laitière au Maroc.
Par ailleurs, le groupe belge a acquis une
participation majoritaire dans le 3ème opérateur
laitier Marocain Safilaitn, connu sous sa marque
Vital. Aussi, les européens se sont d’ores et déjà
préparés pour écouler une partie de leurs
productions laitières en Afrique.
Maroc : l’impératif de l’export !
Actuellement, la production laitière au Maroc est
au beau fixe. Elle évolue sur une tendance
haussière depuis 2002. En effet, la production a
augmenté de plus de 50% entre 2008 et 2013
9
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
pour atteindre 2,4 millions de tonnes et couvre
près de 90 % des besoins du Royaume en
produits laitiers.
Toutefois, le Royaume continue d’importer de plus
en plus de lait en poudre, principalement de
l’Europe. Avec l’abolition des quotas laitiers, les
prix du lait et dérivés en provenance de ce
continent risquent de baisser, rendant ainsi la
production locale moins compétitive. Notre pays
s’est fixé pour objectif de produire 4,5 milliards de
litres en 2020. Les besoins du marché local
seraient alors largement couverts et l’excédent
devrait trouver des débouchés à l’export.
A cet égard, les pays de l’UEMOA apparaissent
comme un marché potentiel puisqu’ils souffrent
d’une insuffisance de la production et demeurent
dépendants des importations. En 2014, leurs
approvisionnements extérieurs, en lait et produits
laitiers, ont représenté plus de 360 millions de
dollars USD, soit une hausse de 12% par rapport à
2010. Le lait, à lui seul constitue près de 86 %
des importations. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire
sont
les
principaux
demandeurs
avec
respectivement 91 millions de dollars USD et 84
millions de dollars USD d’importations. Par ailleurs,
ces deux pays peuvent être considérés comme
des cibles potentielles à l’export de ces produits
et l’implantation future de la chaîne marocaine
d’hypermarchés Marjane devrait jouer un rôle de
catalyseur en la matière. Le Royaume pourra
également partager son expérience dans une
coopération sud-sud à l’image de ce qui se fait
avec le Mali.
Le marché des boissons
Les soft drinks, un secteur en plein expansion au
niveau mondial
Le marché mondial des « soft drinks » ou
boissons sans alcool figure parmi les marchés les
plus dynamiques du secteur agroalimentaire. Il est
dominé
par
de
grandes
entreprises
multinationales telles que Coca Cola, Nestlé,
Orangina Schweppes, Pepsi Co ou Unilever. Les
exportations mondiales de ces boissons ont
atteint plus de 37,7 milliards de dollars USD en
2014, dont 59 % sous forme d’eaux et de
boissons gazeuses et 41% constituées de jus de
fruits. L’Union Européenne assure près de 58%
des exportations des eaux et boissons gazeuses,
suivie des Etats-Unis (7%) et du Canada (4%).
Pour ce qui est des jus de fruits, l’UE assure plus
de 44,6 % des exportations mondiales, suivie du
Brésil (14,1%) et des Etats Unis (7,5%).
Le marché africain des boissons gazeuses et
d’eaux en bouteille: une concurrence acharnée
Avec le développement de la classe moyenne en
Afrique, les habitudes de consommation évoluent.
Les sodas figurent parmi les industries qui
connaissent une grande croissance dans le
continent. Le continent affiche des perspectives
de croissance fortes et durables dans le domaine.
La Tunisie, l'Egypte et le Maroc sont classés parmi
les 10 premiers marchés de boissons à plus forte
expansion en Afrique. Ce secteur est dominé par
les deux géants Coca-Cola et Pepsi-Cola.
Parallèlement, ces mêmes groupes, à côté de
Nestlé, essayent de se positionner sur le marché
de l’eau en bouteille. En effet, ils profitent des
infrastructures
d’adduction
d’eau
souvent
insuffisantes ou vétustes, et du boom
démographique des grands centres urbains pour
capter cette ressource et la revendre à des prix
élevés relativement au niveau de vie local.
Les jus de fruits : une demande africaine de plus
en plus croissante
Les jus de fruits figurent parmi les principaux
secteurs bénéficiaires de l’évolution des habitudes
alimentaires africaines, bien que la production du
continent soit à ses débuts et les échanges
10
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
commerciaux demeurent très faibles voire
inexistants pour certains pays. En effet, les
importations et exportations africaines de jus de
fruits sont très faibles, alors que le continent
dispose de ressources considérables mais sousexploitées, telles que les fruits tropicaux, les fruits
exotiques ou les agrumes. De plus, les fruits frais,
périssables et fragiles, sont gaspillés en quantités
considérables,
notamment
en
Afrique
subsaharienne, faute de l'inexistence d'une réelle
industrie de transformation de fruits à grande
échelle.
Toutefois, la demande sur le marché africain pour
ce produit est appelée à croître, ce qui ouvre de
nouvelles opportunités de commercialisation des
jus de fruits sur le continent africain. En effet au
sein de la CEDEAO, les importations des jus de
fruits enregistrent une croissance annuelle
moyenne de près de 65 %. Egalement, en
Afrique de l’Est, le Kenya réoriente ses priorités
sur le marché des jus de fruits. Ils commencent à
être très demandés suite à une interdiction
récente du gouvernement pour la vente et la
consommation d'alcool dans les bars durant des
périodes précises de la journée accompagnée
d’une campagne agressive de publicité contre les
boissons gazeuses qui sont considérées comme
nuisibles à la santé.
augmentation du pouvoir d’achat en Afrique, ces
exportateurs devraient s’intéresser d’avantage au
continent en vue d’aborder d’autres marchés. En
effet, l’eau en sachets, présent principalement en
Afrique de l’Ouest, souffre de plusieurs lacunes au
niveau de la chaîne de conditionnement, la
provenance et la qualité du produit. En assurant la
qualité nécessaire, le Maroc pourrait se
positionner sur ce segment de marché surtout
dans les pays où les conditions hygiéniques de
production ne seraient pas respectées comme au
Gabon, au Cameroun, en Côte d’Ivoire ou en
Guinée.
Pour ce qui est du marché des jus de fruits, le
Maroc dispose d’une grande production de fruits,
notamment d’agrumes, de fraises et de pommes.
Ainsi, pour booster ses exportations, le Maroc
devrait s’intéresser plus à la valorisation de sa
production afin de développer l’industrie de
transformation de fruits en jus et purées. En effet,
en plus du traditionnel jus d’oranges, plusieurs
potentiels s’offrent aux industriels marocains. Il
s’agit notamment de la transformation des
pommes, grenades, abricots ou figues de barbarie.
Le secteur avicole
La viande de volaille marocaine : autosuffisance
du marché local et difficulté à l’export sur le
marché africain
La production mondiale de la viande de volaille
est estimée à 110 millions tonnes en 2014. Selon
la FAO et l’OCDE cette production devrait croître
de 2,3% annuellement de 2013 à 2023.
Les Etats-Unis sont le premier producteur mondial
avec l’équivalent de 20,4 millions de tonnes en
2014, devant la Chine (17,5 millions de tonnes) et
le Brésil (13,4 millions de tonnes).
Quelles potentialités pour le Maroc ?
Le marché des eaux embouteillées a connu une
croissance moyenne de près de 8,8% sur les trois
dernières années. L’eau plate et l'eau gazeuse
représentent respectivement 85% et 15% de
parts de marché marocain. Les principaux acteurs
sont Sotherma, Oulmès et Al Karama. Trois
sociétés avec des produits qui ne sont pas de la
même catégorie (eau minérale, eau plate, eau
gazeuse et eau aromatisée). Avec la diversité et
la croissance des marques marocaines face à un
besoin croissant en eau pure et buvable et une
La filière avicole en Afrique et au Maroc
Sur le plan africain, la production du continent en
viande de volailles a atteint environ cinq millions
de tonnes en 2013. L’Afrique du Sud, l’Égypte et le
Maroc s’accaparent à eux seuls à peu près les
11
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
deux
tiers
de
la
production.
Durant l’année en cours, certains pays de l’Afrique
de l’Ouest ont vu leurs productions baissées
significativement suite à la propagation de la
grippe aviaire (H5N1). Le Nigéria qui réalise 32%
de la production de la CEDEAO et ambitionnait
d’assurer l’autosuffisance de son marché local, est
le plus touché par cette maladie. Cette situation a
limité davantage les échanges de volailles entre
les pays de cette région.
La filière avicole marocaine a produit 50 mille
tonnes de viande de volailles en 2014 et 800
millions USD d’œufs. Son chiffre d’affaires a
avoisiné les 3 milliards USD. Cette filière couvre la
grande partie des besoins du marché local en
viande et en œufs de consommation. Toutefois,
elle passe une période difficile et peine à écouler
sa production suite à la surproduction et la baisse
des prix, ce qui a poussé de nombreux opérateurs
à réduire leurs investissements.
africain. Ses produits sont bien positionnés sur la
zone australe en bénéficiant de la proximité
géographique et de l’accès préférentiel sur ces
marchés. Cette filière bénéficie également de
l’appui de l’État à travers une politique
protectionniste contre les importations des
produits américains et européens notamment.
Pour sa part, la viande de volaille marocaine est
faiblement présente sur les débouchés africains et
se concentre essentiellement sur deux marchés
(Libéria et Bénin). Elle demeure non compétitive à
l’international (1,1 million USD d’exportations en
2014) en raison des coûts de production élevés
représentant à peu près le double de ceux du
Brésil et des Etats-Unis. Ce surcoût résulte de
l’importation de 95% des aliments pour les
volailles (maïs, blé et soja). Ces charges
représentent environ 70 % du prix de revient des
poussins, du poulet de chair et des œufs de
consommation.
Le marché africain : une demande soutenue et
prometteuse
La consommation africaine de la viande de
volaille ne cesse d’augmenter. Ce constat est
expliqué essentiellement par la croissance
démographique et l'abondance de l'offre
extérieure. L’Afrique Australe possède la plus
grande consommation par tête, environ 28,4 kg
par personne devant l’Afrique du Nord avec une
consommation annuelle de 9,3 kg par personne.
Le Brésil, les États-Unis et les pays européens
sont les principaux fournisseurs du continent.
L’Afrique du sud en est le premier fournisseur
Contraintes au développement des exportations
marocaines des viandes de volailles en Afrique
Malgré la proximité géographique entre le Maroc
et plusieurs marchés africains, le développement
des exportations marocaines de la viande de
volailles vers ces marchés est confronté à
plusieurs difficultés. En effet, l’insuffisance des
infrastructures logistiques et le coût élevé du
transport entravent l’accès rapide aux marchés
africains. A cela s’ajoute, la bureaucratie, la
lenteur des procédures douanières et les
pratiques du protectionnisme déguisé, ce qui rend
difficile la conservation de ces produits
périssables.
Certains pays comme le Nigéria, le marché le plus
important dans la zone Ouest africaine, prohibe
l’importation des viandes de volailles pour
encourager la production locale.
12
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Les conserves de poissons
Le marché africain des conserves de poisson : un
manque à gagner !
En 2014, les échanges internationaux des
conserves de poissons ont atteint 32,8 milliards
USD. Les conserves de thons représentent à peu
près la moitié de ces échanges.
La Chine et la Thaïlande sont les deux premiers
fournisseurs de ces produits avec des parts de
marché de 18% pour chacune, tandis que les
États Unis sont le premier client mondial avec une
part de 10,5% de la demande mondiale, devant le
Japon avec une part de 9%.
africain, dont 98% de conserves de sardines, ce
qui permet de répondre à 23% des besoins du
contient.
Toutefois,
l’offre
marocaine
n’est
pas
généralement orientée vers les grands pays
demandeurs susmentionnés, sachant que notre
pays est lié avec l’Égypte et la Libye par des
accords commerciaux permettant un accès
préférentiel à leurs marchés.
Les principaux débouchés du Maroc sur le
continent demeurent le Nigéria, l’Angola, le Ghana
et la République Démocratique du Congo.
Le Maroc est le 6ème exportateur mondial de ces
produits avec une valeur de 696 millions USD.
Son offre, constituée à hauteur de 67% par les
conserves de sardine, 16,5% des autres
préparations et conserves de poissons et 10%
des conserves de maquereaux. La part du thon
est très faible soit à peu près 0,2%.
La Thaïlande est le principal fournisseur du
marché africain en conserves de poissons
La demande africaine en conserves de poissons a
atteint 1 milliard USD au titre de l’année 2014, soit
6,3% de la demande mondiale. Les trois
principaux importateurs de ces produits, à savoir
l’Egypte, l’Afrique du Sud et la Libye, s’accaparent
la moitié des importations africaines.
Le Maroc est absent sur le marché sud-africain
premier importateur continental des conserves de
sardine
En revanche, le Maroc est absent sur le marché
sud-africain, premier importateur africain des
conserves de sardine et deuxième au niveau
mondial après les États-Unis. Ce marché est
alimenté principalement par les produits de la
Thaïlande et de la Namibie.
L’Égypte et la Libye ne figurent pas dans la liste
des cinq premiers clients du Royaume.
Le Maroc a exporté une valeur de 234 millions
USD de conserves de poissons sur le marché
13
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Les opérateurs marocains devraient renforcer
leurs efforts sur les marchés africains
Le Maroc devrait mieux se positionner sur les
principaux marchés africains demandeurs des
conserves de poissons. A titre d’exemple, plus de
80% des importations égyptiennes de conserves
de poissons proviennent de la Thaïlande, alors que
le pays des Pharaons n’importe du Maroc que 3%
de ses besoins, composés majoritairement de
conserves de sardines. Les exportateurs
marocains devraient promouvoir davantage les
conserves de maquereaux sur le marché africain
en général et sur l’Egypte en particulier, tout en
exploitant l’accès préférentiel qu’offrent les
nombreux accords de libre-échange existant sur le
plan bilatéral, ou régional (Accord d’Agadir) ou
multilatéral (Grande zone de libre-échange arabe).
Les exportateurs de conserve de sardine
devraient également promouvoir leurs produits
sur le marché sud-africain et prospecter d’autres
marchés comme le Kenya et l’Ethiopie.
Par ailleurs, les opérateurs marocains dans ce
secteur devraient saisir les opportunités offertes
suite à la signature de plusieurs conventions
portant sur la pêche et l’aquaculture entre le
Maroc et plusieurs pays africains lors des visites
Royales dans ces pays en 2015 et en 2014 et de
renforcer leur présence sur ces marchés.
L’industrie automobile
L’industrie automobile en Afrique : un marché en
plein essor
Le marché mondial de l’automobile a enregistré
une progression de 2,8% pour atteindre plus de
89 milliards de véhicules produites en 2014. Selon
l'Organisation des constructeurs automobiles
(OICA), l’année 2015 va être marquée par une
croissance d'environ 3% tirée essentiellement par
la Chine et certains pays européens comme
l'Espagne.
La production africaine a suivi la même tendance
avec une amélioration de 11,3% pour atteindre
plus de 700 mille véhicules. L’industrie automobile
africaine se comporte mieux qu’il y a quatre ans
mis à part la production égyptienne qui connait
une tendance baissière passant de plus de 116
mille véhicules produites en 2010 à 27 mille en
2014.
L’Afrique du Sud, le leader des producteurs
automobiles de l’Afrique assure une production en
croissance continue. Cette tendance devrait se
poursuivre durant les prochaines années. Les
sept plus grands constructeurs automobiles
implantés dans ce pays, dont Ford, BMW et
Toyota, vont y investir 623 millions USD en 2015.
Cet investissement confirme l’engagement des
entreprises opérant dans l’industrie automobile en
Afrique du Sud.
Recul des importations africaines de véhicules
En 2014, les importations africaines de véhicules
ont enregistré une valeur de 36 milliards USD soit
un fléchissement d’environ 9% par rapport à
l’année précédente. Cette contraction des
importations africaines de véhicules est en partie,
le résultat des restrictions mises en place par
plusieurs pays africains afin de contrer les
importations massives de véhicules.
En l’occurrence, l’Algérie a publié un nouvel arrêté
ministériel qui interdit aux concessionnaires
automobiles d'importer des marques pour
lesquelles ils n'ont pas d'agrément et les oblige à
investir dans l'industrie locale.
La Tunisie, quant à elle, a instauré un ensemble de
mesures pour donner un coup de pouce aux
exportations et réduire les importations. Parmi
ces mesures, figure l’abaissement de 10% des
quotas d’importation alloués aux concessionnaires
automobiles.
La Mauritanie a adopté un projet d’ordonnance
modifiant les règles d’importations des véhicules.
Dorénavant, seuls les véhicules âgés de 5 à 8 ans,
selon les catégories, seront autorisés à
l’importation.
Quant au Nigéria, ses importations de véhicules
ont passé de 7,4 milliards USD en 2010 à 2,6
milliards USD en 2014, soit un taux de croissance
annuel moyen de (-15%). Ceci est le résultat de sa
stratégie industrielle automobile lancé en 2013 et
14
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
qui a pour objectif de substituer les importations
de véhicules par une offre nationale destinée aux
marchés local et régional. A cet effet, le
gouvernement a mis en place plusieurs mesures
incitatives, notamment des allégements fiscaux et
des mesures de protection tarifaire. La plus
importante
est
l’instauration
d’un
droit
d’importation de 35 % assorti d’une taxe
supplémentaire de 35 % sur les véhicules neufs
finis. En revanche, les véhicules démontés et
destinés à l’assemblage sont exonérés de droits
de douane ou taxés à seulement 5 % à l’import.
La demande africaine est satisfaite à hauteur de
36% par les pays asiatiques. Ces derniers ont
écoulé sur le continent l’équivalent de 13 milliards
USD. En tête des fournisseurs asiatiques, on
trouve le Japon avec 4,5 milliards USD, la Chine
avec 8,8 milliards USD, devant l’Inde et la Corée
du Sud avec respectivement 3 milliards USD
chacune.
constructeurs internationaux. En 2014, le français
Renault a vendu près de 200 mille véhicules sur le
continent africain et envisage d’y écouler 370
mille unités d’ici 2020. Ce groupe offre des
véhicules à bas coûts notamment « Logan »,
« Sandero » et « le 4x4 Duster » qui suscitent un
bel engouement au Maghreb et même en Europe.
Le groupe PSA « Peugeot-Citroën » quant à lui, a
vu ses ventes bondir pour atteindre 141 500
véhicules en 2013 contre 90 000 en 2004. Cette
progression est en partie due à une hausse de 77
% des ventes en Egypte. Ce deuxième groupe
français cible l’Afrique de l’Ouest, et en particulier
le Nigéria pour la mise en place d’une unité
d’assemblage de véhicules.
A l’instar de ces deux constructeurs français, le
géant américain de l’automobile Ford vise
l’Afrique subsaharienne et compte profiter de son
dynamisme économique. Ford a lancé une
stratégie qui vise à booster de 30% ses activités
dans la région, et ce, à l’horizon 2020. Le groupe
prévoit probablement d’installer aussi des sites
d’assemblage au Sénégal à l’image de ceux de
l’Afrique du Sud.
Le secteur automobile marocain bat son plein
Le secteur automobile marocain a enregistré une
croissance
remarquable,
en
raison
de
l’accroissement des flux d’investissement directs
étrangers (IDE) et des performances réalisées sur
le plan des exportations, en particulier pour le
câblage et la construction automobile. Les
exportations du secteur ont atteint 39,8 milliards
de dirhams en 2014, soit 20 % des ventes
marocaines. Cette dynamique à l’export a été
tirée par la montée en régime de l’activité du
complexe industriel de Renault-Tanger.
Avec 230 mille véhicules produits en 2014, le
Royaume conserve sa place du premier
constructeur automobile d'Afrique du Nord et du
deuxième du continent, derrière l'Afrique du Sud.
L’Afrique attire la convoitise des constructeurs
automobiles
Le continent africain qui compte près de 14% de
la population de la planète, a absorbé environ 1,7
million de véhicules neufs soit 2% des ventes
mondiales. En revanche, malgré cette faible part,
ce continent est considéré comme étant un
marché
d’avenir
qui
intéresse
plusieurs
Le marché marocain séduit de plus en plus les
constructeurs d’automobiles en raison de sa
stabilité
économique
et
politique,
des
compétences humaines qualifiées, ainsi qu’une
position géographique permettant facilement
d’exporter vers l’Europe, l’Afrique et les
Amériques. Après Renault, le constructeur
automobile PSA Peugeot Citroën projette d’ouvrir
une usine au Maroc qui débutera sa production en
2019 et qui servira le marché du Maghreb. Quant
15
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Répartition par pays des exportations africaines de produits
pharmaceutiques en 2014
(en millions USD)
Botswana
En effet, le Maroc pourrait d’avantage profiter de
cette nouvelle vague de délocalisations en allant
vers les constructeurs qui visent l’Afrique afin de
les encourager à s’installer au Royaume.
L’industrie pharmaceutique
L’industrie pharmaceutique africaine est à un
stade de développement embryonnaire. Nombreux
sont les facteurs qui ont retardé son décollage : le
manque
d’investissement,
la
pauvreté,
l’insuffisance
de
la
recherche
et
du
développement relatives aux épidémies les plus
fréquentes en Afrique (tuberculose, malaria, Sida,
… et plus récemment Ebola), …etc. La contrainte
du prix est la difficulté principale qui décourage la
réalisation de tout investissement national ou
celui des « Big Pharma », les leaders mondiaux
dans le secteur. Aujourd’hui, le continent africain
est dépendant des importations de médicaments
et les soins les plus basiques demeurent hors de la
portée de la moitié de sa population. Le
développement économique de certaines régions
africaines ainsi que la croissance de la classe
moyenne favorisent l’émergence d’une industrie
pharmaceutique africaine. Le seul compromis
entre le prix et la demande reste, sans doute, le
développement de l’industrie du générique et d’un
marché régional de grande envergure.
Le boom du secteur pharmaceutique en Afrique
La croissance effrénée de la population africaine,
qui dépasse aujourd’hui le milliard d’individus,
constitue un défi majeur pour les planificateurs du
développement.
La demande en produits
pharmaceutiques se fait de plus en plus croissante
et l’Afrique semble ne pas être à même de
profiter de l’expansion de ce secteur. En effet,
l’industrie pharmaceutique en Afrique demeure à
un
état
embryonnaire.
Les
dépenses
pharmaceutiques sur le continent sont très
minimes. Il urge alors de considérer ce secteur,
car il semble être un créneau porteur de
croissance mais aussi afin de réduire la
dépendance du continent vis-à-vis de l’extérieur,
notamment sur des sujets aussi sensibles que la
santé.
7,9
2%
Maroc
26,5
5%
Kenya
32,5
7%
Autres
29,6
6%
Source: Trade Map, traitement CNCE
Ouganda
9,7
2%
Afrique du Sud
309,7
63%
Egypte
74,4
15%
Valeur totale exportée en 2014: 490,2 millions USD (-15,7 % par rapport à 2013)
Répartition par pays des importations africaines de
produits pharmaceutiques en 2014
(en millions USD)
Autres
151,4
23%
Zimbabwe
145,6
22%
Swaziland
22,2 Kenya
3% 24,4
4%
Ouganda
34,4
5%
Soudan (Nord + Sud)
36,3
5%
Namibie
119,6
18%
Botswana
62,9
9%
Zambie
76,2
11%
Source: Trade Map, traitement CNCE
au constructeur américain Ford, il a ouvert une
base commerciale régionale à Casablanca et
envisagerait installer un bureau d’achat à Tanger,
la zone franche au nord-ouest du pays.
Valeur totale importée en 2014: 673,2 millions USD (-2,6 % par rapport à 2013)
Très peu d’entreprises sont actives dans l’industrie
pharmaceutique en Afrique. L’offre en produits
pharmaceutiques en provenance du continent ne
représente que 2% de l’offre mondiale. Les
quelques entreprises existantes sont des filiales de
laboratoires délocalisés sur le continent. C’est le
cas de Sanofi Aventis, Pfizer, Cipla. Ces
laboratoires se concentrent sur la production de
médicaments génériques destinés au marché local
et s’activent surtout dans la recherche. Seul
l’Afrique du sud dispose d’une
industrie
pharmaceutique assez développée. L’essentiel de
la consommation de produits pharmaceutiques
est couvert par les importations en provenance
d’Europe ou d’Asie, notamment de l’Inde. Il en
ressort un coût d’achat et de vente assez élevé
pour les médicaments, même génériques, dans un
continent où plus de 50% de la population
dispose d’un revenu de moins de 2 USD en parité
du pouvoir d’achat par jour. En effet, une boite de
8 comprimés de paracétamol en Afrique peut
atteindre 3 EUR contre 2 EUR en moyenne dans
les pays occidentaux. Le prix en Afrique reste très
élevé si on le compare en PPA.
Le Maroc : une particularité africaine
Contrairement aux autres pays africains,
le
Maroc a la particularité d’avoir une production
16
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
pharmaceutique locale très développée qui
satisfait 80% environ de la demande interne.
Le Maroc a exporté, en 2014, l’équivalent de
105,2 millions USD en produits pharmaceutiques.
Le chiffre d’affaires du Maroc en Afrique a atteint
26,5 millions USD la même année, en croissance
de 23,5 % par rapport à 2013. Le Sénégal
absorbe 6 % du total des exportations
marocaines, suivi par la Mauritanie (4,4%) et la
Tunisie (4,3%). La France a consommé plus des
deux tiers des exportations marocaines.
Actuellement,
le
secteur
pharmaceutique
marocain exporte en moyenne 7 à 8 % de sa
production et fait tourner 33 sites de production.
Le secteur, animé autant par des «Big
Pharma » que par des sociétés nationales, a
produit environ 411 millions d’unités en 2014, dont
311 millions commercialisées à travers le secteur
privé (vendues via les pharmacies) et 100 millions
à travers les hôpitaux. La production locale
permet de couvrir 69,4 % des besoins nationaux,
le reste étant importé.
Le marché pharmaceutique marocain en valeur,
représente 14,7 milliards de Dirhams dont 9,7
milliards dans le secteur privé.
Evolution du marché pharmaceutique privé marocain en
volume, en valeur et en unités de production (2003-2014)
350
35
250
33
32
10
Produits Pharmaceutiques: Principaux marchés africains
8
27
200
7
2600
6
2400
5
150
4
3
100
2
50
1
0
0
2004
3.
L’implantation d’unités de production
locales : le développement du générique sur place
et à prix abordable en s’installant directement
dans les pays ciblés. Toutefois, de nouvelles
localisations s’accompagneront d’un effort
d’investissement considérable et d’un transfert de
compétences.
9
30
2003
2.
Devenir un hub régional : une plateforme
logistique permettrait de mutualiser les efforts
des industriels à desservir le continent. A l’instar
de la plateforme africaine de Sanofi qui a élu lieu
à Casablanca. Le principal obstacle est le manque
d’institutions supranationales de régulation.
L’harmonisation de la règlementation des produits
pharmaceutiques au niveau régional pourrait
combler les vides juridiques relatifs à la régulation
nationale des médicaments.
2005
2006
2007
2008
Chiffre d'affaires (en milliards de Dirhams)
2009
2010
2011
2012
Volume (en millions de boites)
2013
2014
Unités de
production
Opportunités en Afrique pour les entreprises
marocaines
Le continent nourrit ses ambitions et veut se faire
une place sur son propre marché pharmaceutique.
Aujourd’hui, les investissements sont insuffisants,
les systèmes de prestation de soins sont
défaillants et les produits falsifiés envahissent les
marchés africains. Pour répondre à ce débouché
commercial, trois pistes différentes sont
proposées :
1.
L’exportation des génériques : surtout
ceux destinés au traitement des pathologies les
plus répandues en Afrique (ex. le paludisme) tout
en respectant les normes de fabrication
Valeur des importations en 2013 (en millions USD)
300
internationales. Cette piste n’est exploitable que si
les coûts des matières premières permettent
d’obtenir un prix de revient inférieur à celui des
produits comparables et importés d’autres pays
connus par leur prix concurrentiels comme l’Inde
par
exemple.
L’économie
d’échelle
et
l’optimisation des coûts de transport permettront
d’avoir des prix abordables. Pour la réussite de ce
modèle, une stratégie promotionnelle est
également à déployer auprès des pays
importateurs.
Algérie
Population en
millions: 39,2
Afrique du Sud
53,2
2200
(Imp: 2,28 milliards
USD)
(Imp: 2,27 milliards
USD)
2000
Egypte
82,1
1800
1600
1400
Nigeria
173,6
1200
1000
800
Tunisie
10,9
600
400
Maroc
33,0
200
0
0
Kenya
44,4
Ethiopie
94,1
5
10
15
Libye
6,2
20
25
Taux de croissance 2009-2013
Une bonne politique d’intégration régionale et des
accords de partenariats économiques bien
négociés peuvent servir de levier au
développement
d’une
filière
industrielle
pharmaceutique locale ou régionale, capable de
générer d’importantes ressources et de contribuer
à l’amélioration des systèmes de santé des pays
africains. Cette industrie se substituera
17
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
progressivement
aux
médicaments génériques.
importations
des
Le textile
Une profonde mutation est en train de s’opérer
dans le marché africain du textile. L’essor de
cette industrie sera porté inéluctablement dans
les prochaines années par les pays de l’Afrique de
l’Est (Kenya, Tanzanie, Ethiopie). Cette zone est
très attractive pour les investissements dans le
secteur. De plus en plus d’entreprises étrangères
spécialisées dans le domaine s’implantent sur le
continent pour bénéficier d’une main d’œuvre
moins chère et une meilleure accessibilité des
matières premières.
En effet, l’Afrique est un très gros producteur de
coton, matière utilisée pour confectionner des
vêtements, et produire sur place permet
d’économiser. Une expérience est en train d’être
menée en Ethiopie où une chaîne de production a
été mise en place. En fonction des résultats, qui
pour le moment sont satisfaisants, d’autres pays
pourraient voir des usines de fabrication se
construire sur leur territoire.
L’expérience chinoise est très significative dans
ce sens. La société chinoise, Jiangsu Lianfa
Textile Company, s’est engagée à investir près de
500 millions de dollars pour la construction d’une
usine de textile au Kenya, couplée avec une
plantation de coton de 50 000 hectares. Cette
même entreprise envisage également des
investissements en Ethiopie et en Tanzanie.
L’Afrique : un marché en plein mutation
L’Afrique de l’Est, nouvelle terre d’opportunités
pour le textile
Les importations africaines du secteur textile et
habillement ont atteint plus de 13,40 milliards USD
en
2014.
Le
continent
s’approvisionne
essentiellement de la Chine qui répond à 55 % de
sa demande. L’Afrique du Sud est le premier
importateur avec plus de 2 milliards USD. Il est
suivi de près par le Nigeria qui importe environ
1,7milliard USD. L’Egypte occupe la 3ème place
avec des importations avoisinant 1 milliard USD.
L’Afrique de l’Est attire les grands industriels du
textile. Ce choix est porté principalement par
quatre facteurs :
Ces pays sont des marchés potentiels et
représentent
une
opportunité
pour
le
développement des exportations marocaines en
textile. Bien que ces marchés sont dominés par la
Chine, une approche intégrée et adaptée au
continent africain permettra aux produits
marocains d’être concurrentiels.
- Le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie ont
paraphé en 2007 un accord intérimaire de
partenariat économique (APE) avec l’UE. Ces
trois pays, en plus de l’Ethiopie, négocient un
APE complet avec la partie européenne. Ce
dernier, une fois conclu, permettra aux pays
signataires d’exporter leurs produits vers le
marché européen avec des conditions
- Cette région bénéficie de la loi américaine
(AGOA) qui permet l’accès des produits au
marché américain sans droit de douane et
sans quota. La mise en place de cette loi a
donné un coup de pouce à l’industrie textile
africaine.
18
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
préférentielles, notamment en matière de
règles d’origine.
- La hausse des salaires en Chine a incité
plusieurs industriels du secteur à délocaliser la
production vers les pays de l’Afrique de l’Est.
- La région est-africaine dispose d’un potentiel
géothermique important. L’existence des puits
de vapeur permet la production de l’électricité
moins chère même si ce potentiel est sousexploité par ces pays. Ainsi, plusieurs
industriels optent pour la production de
l’électricité par leurs propres moyens.
L’engouement des investisseurs vers cette zone
ne laisse bien évidement pas les habilleurs
indifférents. Ainsi, le numéro deux mondial H&M a
déjà mis en rayon des produits manufacturés en
Ethiopie ou au Kenya.
Grâce à ce positionnement bas coût, l’Afrique de
l’Est
s’impose
comme
une
base
d'approvisionnement pour les marques et
enseignes internationales d’où la nécessité de se
focaliser sur des segments où la compétitivité-prix
est faible, à l’image de la stratégie turque.
- Ces pays ont adopté des mesures incitatives
pour attirer les IDE dans le textile. Il s’agit
notamment des exonérations fiscales, la mise
en place des zones économiques spécialisées
et la culture des terrains pour la construction
des usines…
- L’Afrique de l’Est bénéficie également d’une
position géostratégique, en plus d’un climat
favorable pour la culture du coton à grande
échelle. En Ethiopie, par exemple, les terres
fertiles disponibles pour la culture du coton
sont estimées à 3 millions d’hectares dont à
peine 1 % est exploité actuellement.
L’ensemble de ces atouts, en plus de la croissance
de la demande mondiale pour le textile, font de
l’Afrique de l’Est une destination de choix et
s’impose comme le nouvel « Eldorado » du textile
mondiale. C’est ce qui explique que les industriels
n’hésitent pas à délocaliser leurs productions bas
de gamme vers ces pays où les coûts de
production sont deux fois moins chers.
En outre, ce revirement ne signifie pas une
fermeture d’usines dans les pays d’origine. Bien au
contraire, la croissance de la demande mondiale
permet d’intégrer progressivement le continent
dans le commerce mondial des produits textiles.
Pour cela, les investisseurs amorcent des projets
d’envergure avec une particularité : celle de
mettre en place des projets intégrés (culture du
coton, filature, tissage, confection...). La stratégie
des investisseurs est claire : construire une
véritable
chaîne
d’approvisionnement,
où
l’importation de la matière première ne sera plus
ou peu requise. De plus, ce sont de larges
gammes de produits qui y sont manufacturés : tshirts, polos, tissus, draps, textile de maison...
Zoom sur le Maroc
Le secteur Textile constitue un secteur de
première importance pour l'industrie nationale. Il
est identifié comme l'un des métiers mondiaux du
Maroc. Pourtant, son développement est freiné
depuis quelques années. Cette situation s’explique
par la conjugaison d’un ensemble de faiblesses
conjoncturelles et structurelles entrainant une
perte de compétitivité. Il s’agit notamment de la
contraction de la demande étrangère, un tissu
d’entreprise de petite taille et une indisponibilité
locale de la plupart des intrants.
Au niveau africain, les parts de marché de
l’Afrique subsaharienne dans les exportations
marocaines du textile et habillement sont
minimes. Des pays comme l’Angola, le Congo, le
Cameroun, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Sénégal
sont les premiers demandeurs du textile marocain
dans cette région. Leurs importations en
provenance du Maroc demeurent négligeables.
Cependant, certaines branches arrivent quand
même
à
réaliser
des
performances
19
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
encourageantes sur certains marchés africains. Il
s’agit notamment des exportations de la branche
des vêtements et accessoires autres qu’en
bonneterie sur le marché ivoirien et les autres
articles confectionnés sur le marché camerounais.
En effet, le secteur marocain du textile a
accumulé les lacunes et ne peut assurer une offre
globale complète et intégrée. D’une part, cette
industrie est majoritairement composée de PME
sous-traitantes. Et d’autre part, le secteur textile
importe près de 80 % de ses besoins en intrants.
Ce secteur souffre également de l’informel qui
réduit son développement local. Ainsi, la clé de
voûte pour l’industrie à court terme est
d’améliorer l’offre en tissu et maille étoffé. A long
terme,
il est opportun de procéder à des
ajustements et adopter une logique de cluster
comme prévu par la stratégie industrielle. Cette
stratégie dite vision 2025, est inspirée du modèle
turc. Cette feuille de route envisage de hisser la
part du marché du textile marocain dans les
échanges mondiaux de 0,5 % à 1 % à l’horizon de
2025. La taille du secteur devrait tripler avec
l’émergence de nouveaux métiers et de nouvelles
entités et le développement des marques locales
comme Marwa et Diamantine qui arrivent à
réaliser des chiffres d’affaires importants à
l’international, notamment, dans des pays
concurrents comme l’Egypte et la Turquie.
Actuellement, l’industrie textile mondiale vit une
nouvelle vague de délocalisation de la production
et de la sous-traitance. La cartographie actuelle
du sourcing européen, par exemple, n’accorde plus
la même importance à la zone asiatique en raison
de la hausse du coût de la production en Chine et
la multiplication des revendications ouvrières dans
d’autres pays comme le Cambodge et le
Bangladesh. Cette situation offre des opportunités
aux pays du pourtour méditerranéen, dont le
Maroc, pour consolider leurs positions de
fournisseurs des marchés européens.
Le BTP et matériaux de construction
La croissance économique des pays, conjuguée à
une urbanisation rapide et à l’évolution des
caractéristiques démographiques, favorisent les
opportunités de développement du secteur
africain de la construction. À l’horizon 2025, le
marché africain de la construction devrait croître
annuellement de 5 % pour répondre aux besoins
croissants de logements. Boostée par cette
dynamique et celle des projets d’infrastructures, la
consommation de ciment est très importante et
devrait progresser de 6 % par an jusqu’en 2017.
La protection règlementaire des marchés
régionaux nécessite une approche coopérative
des opérateurs marocains reposant sur le savoirfaire des professionnels du secteur implantés en
Afrique
Une industrie cimentière en plein essor
Pour répondre à la hausse de la demande, les
principaux cimentiers africains et étrangers
multiplient les investissements. Ainsi, de nouvelles
cimenteries voient régulièrement le jour sur le
continent. Les nombreux acteurs du secteur sont
de plus en plus concentrés autour de l’Afrique de
l’Ouest et de l’Est qui constituent les principaux
marchés émergents du BTP. En cohérence avec
l’engagement des pays de la région d’améliorer
l’accès à l’habitat pour les populations et réduire
le déficit de logements, l’Afrique de l’Ouest a
opéré l’implantation d’une dizaine de nouvelles
cimenteries au cours de ces deux dernières
années. En 5 ans, la production africaine de
ciment s’est nettement améliorée et a vu son
niveau plus que doubler. Le nigérian Dangote
Cement concentre à lui seul près de 50 % des
capacités de production cimentières du continent
avec 50 millions de tonnes, dont 30 millions de
tonnes uniquement au Nigéria. Mais dans un
contexte africain de plus en plus concurrentiel, il
faudra compter avec l’arrivée prochaine de
nouveaux concurrents turcs et indiens. Les
professionnels africains du ciment appellent de
plus en plus à adopter des mesures de restrictions
d’accès au marché sous la forme de droits de
douanes élevés ou de mesures de défense
commerciale pour faire face à l’ardente convoitise
des opérateurs internationaux.
Des débouchés intéressants pour les produits
connexes au secteur de la construction
La demande mondiale de carreaux de céramique
ne cesse de croître. De 2009 à 2014, elle a
enregistré une croissance annuelle moyenne de
l’ordre de 2,7 %. L’Asie absorbe près de 67% de
l’offre mondiale et la Chine assure presque la
moitié de la production mondiale. Les
exportations des carreaux de céramique ont
atteint près de 21,1 milliards USD en 2014 contre
20,8 milliards USD en 2013, soit une hausse de
1,6%. La Chine se positionne comme étant le
premier exportateur de carreaux de céramique
20
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
avec une valeur à l’export de plus de 7,8 milliards
USD en 2014. Les exportations africaines des
produits de carrelage ont enregistré près de
322,4 millions USD en 2014. Les importations ont
atteint 2,4 milliards USD, soit une hausse de 12 %
par rapport à l’année 2013. Le continent absorbe
13 % des importations mondiales de carreaux de
céramique. Celles-ci ont affiché de 2010 à 2014
une croissance annuelle moyenne de l’ordre de
7,6 %. A l’instar du marché mondial, le marché
africain de carrelage est caractérisé par une
demande de plus en plus croissante, en raison du
lancement de plusieurs projets dans le secteur de
l’immobilier et des infrastructures. De 2009 à
2014, la demande africaine des carreaux de
céramique a enregistré une croissance annuelle
moyenne de l’ordre de 11%. Le Nigéria est le
premier importateur africain avec 373 millions
USD dont 77 % provient de la Chine.
Par ailleurs, les marchés clients du secteur de la
construction,
principal
consommateur
des
matières plastiques avec celui de l’emballage,
devraient bénéficier d’une tendance favorable
suite au lancement de nombreux chantiers de
construction
de
logements,
de
centres
commerciaux et de locaux administratifs. La
demande africaine en produits plastiques
représente 4% des importations mondiales et
devrait croître annuellement de 8 % au cours des
cinq prochaines années. La hausse est
considérable là encore pour les pays de l’Afrique
de l’Est et de l’Afrique de l’Ouest qui comptent les
pays émergents des produits plastiques pour la
construction comme l’Angola, le Ghana ou encore
le Kenya.
En outre, l’évolution de la demande mondiale de
peinture est fortement liée au niveau d’activité
dans les secteurs du bâtiment, de l’industrie et de
l’automobile. Toutefois, le bâtiment est de loin le
premier consommateur de peinture au niveau
mondial et les produits utilisés dans ce secteur
sont essentiellement destinés aux travaux de
construction et de rénovation. En 2014, les
exportations mondiales des peintures ont atteint
plus de 22 milliards USD, en hausse de 3,2% par
rapport à 2013. L’Allemagne est à la fois le
premier fournisseur et le premier importateur
mondial de peinture avec des parts respectives de
17% et de 5,4%. En Afrique, les importations de
peinture ont atteint plus de 737 millions USD, en
hausse de 7,7% par rapport à 2013. L’Afrique du
Sud est le premier importateur du continent avec
une part de 13,9% et s’approvisionne
principalement en Europe. Le Maroc se situe en
deuxième position avec une part de 8,4%. Les
exportations africaines de peinture demeurent
limitées et se chiffrent à 275 millions USD.
L’Egypte assure presque la moitié de ces
expéditions suivie de l’Afrique du Sud qui en
représente un peu plus du tiers.
Un vecteur d’exportation pour l’ensemble de la
filière marocaine de la construction
Au Maroc, le secteur du BTP connait actuellement
une activité en repli du fait des difficultés de
l’immobilier et du ralentissement des chantiers
publics. Comme le logement absorbe 80% du
ciment, les ventes de ce dernier se sont inscrites
dans un trend baissier depuis plus de 3 ans. Cette
conjoncture pénalise ainsi l’ensemble de la filière
de la construction. En revanche, ce secteur est en
plein essor dans le continent africain où sont
implantés des opérateurs marocains du ciment et
de la promotion immobilière. Plusieurs projets de
construction de logements et de cimenteries sont
ainsi mis en œuvre dans les pays africains où le
groupe immobilier Addoha est présent, à travers
la société Cimaf. Ces opérateurs représentent
ainsi un atout considérable pour le Royaume et un
vecteur essentiel pour la promotion des produits
connexes à ce secteur à l’export. Plusieurs
produits sont d’ailleurs en croissance et affichent
un potentiel de marché précieux pour les
opérateurs nationaux.
Le Maroc se place au 4e rang des importateurs
de carreaux de céramique au niveau continental
avec une valeur à l’import de 186 millions USD. Il
possède une longue tradition artisanale de
fabrication des produits en céramique. Très tôt, le
pays a développé la production traditionnelle de
carreaux de céramique utilisés pour le revêtement
des murs et des sols. Toutefois, les exportations
21
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
marocaines restent très limitées en particulier
vers le continent africain. Les produits marocains
souffrent d’un manque de compétitivité par
rapport à d’autres produits notamment chinois,
espagnols ou portugais. Le marché sub-saharien,
dépourvu d’unités de production de céramiques,
est dépendant des importations de ce produit et
présenterait un potentiel de 350 millions de m²
par an. À cet effet, les exportateurs marocains
devraient tirer parti de cette tendance favorable
du marché en s’appuyant sur les promoteurs
immobiliers engagés en Afrique qui devraient
négocier l’importation en franchise de droit de
douane des intrants requis pour la réalisation de
leurs projets. Les exportations de l’ensemble de la
filière pourraient bénéficier de cet accès
préférentiel.
Le pays a exporté en 2014 deux fois plus de
produits plastiques pour la construction qu’en
2013, dont 70% sont destinés à l’Afrique. Ces
exportations ne coïncident pas avec les marchés
où sont présentes les entreprises marocaines
comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire. Dès lors, les
exportateurs marocains gagneraient à s’orienter
vers les marchés de la CEDEAO de manière à être
portés par les promoteurs immobiliers. Par ailleurs,
les pays de l’Afrique de l’Est affichent des
importations en croissance de plus de 10% par an
pour ces produits plastiques.
Le Royaume se situe à la 3ème place des
exportations africaines de peinture avec une
valeur à l’export de 17 millions USD. L’industrie
marocaine de peinture compte 5 grands acteurs
qui concentrent à eux seuls près de 80% de parts
de marché et ne présentent pas, pour la plupart,
un positionnement à l’export très marqué. Dans le
cadre du développement de sa stratégie
commerciale dédiée aux exportations vers le
continent africain, l’entreprise Colorado a, quant à
elle, adroitement conclu un accord de distribution
exclusive de ses produits avec l’opérateur
immobilier ivoirien Cerisier Holding pour répondre
aux besoins accrus de logements sociaux et
industriels.
Malgré une croissance constante de la demande
africaine de matériaux de construction, les
opérateurs marocains se heurtent à une
concurrence rude et des règles complexes. Il
serait judicieux pour eux de cibler des marchés
moins disputés mais potentiellement attractifs
comme ceux de l’Afrique de l’Est et Centrale. En
outre, la présence de groupes immobiliers
marocains performants dans le continent à
l’image d’Addoha devrait favoriser l’accélération
des exportations marocaines de matériaux de
construction. Il conviendrait d’établir en ce sens
une coopération étroite entre les différents
opérateurs du secteur BTP et constituer des
consortium
d’exportation
pour
tenter
progressivement de rivaliser avec les géants
européens du secteur comme LafargeHolcim ou
Heidelberg-Italcementi, récemment fusionnés et
déterminés à renforcer leur présence en Afrique.
Le développement d’un pôle de compétitivité
spécialisé dans les matériaux de construction
permettrait
également
d’intégrer
et
professionnaliser cette filière et de soutenir l’offre
marocaine de construction sur le marché africain.
22
Focus
L’économie africaine : Bilan et perspectives
Conclusion
L ’Afrique a enregistré une croissance économique forte et continue au cours de la dernière décennie. Tous
les indicateurs macro et micro économiques en témoignent. C’est un marché très prometteur au vu de la
vitesse de croissance démographique et du reste des chantiers à aboutir pour combler les besoins,
notamment en terme d’infrastructure, d’accès à l’eau potable…. Son rôle est en passe de devenir plus
important dans le commerce international non seulement parce que les ressources naturelles dont regorge le
sol sont abondantes. Mais aussi, parce que le continent s’impose comme un relais de croissance de plus en
plus incontournable. L’Afrique a atteint un tournant dans son développement et attire, par conséquent la
convoitise des investisseurs mondiaux qui voient leurs marchés traditionnels stagner.
Néanmoins, certains facteurs exogènes et endogènes pourraient compromettre les progrès de l’Afrique. Un
ralentissement de l’activité économique mondiale issu notamment de la récente crise chinoise et le maintien
à la baisse des cours des matières premières auraient des répercussions considérables sur les performances
africaines. De plus, les troubles politiques, civils et sociaux représentent toujours une menace pour l’activité
économique dans nombre de pays africains.
Malgré ces risques, le continent présente d’énormes opportunités de partenariat, comme le révèlent les
analyses des secteurs agroalimentaires, textiles, pharmaceutiques ou encore des matériaux de construction.
La région ouest africaine apparait comme la destination privilégiée des exportations marocaines où les
opérateurs marocains gagnent de plus en plus de part de marché. Cependant, les pays de l’Afrique de l’Est
connaissent une croissance considérable et plusieurs secteurs clés sont en pleine évolution d’où la nécessité
de s’orienter vers cette zone porteuse d’opportunité.
L’approche la plus pertinente semble être celle d’un partenariat équitable orientée vers un développement
régional intégré et durable. Les opérateurs marocains gagneraient à privilégier une approche axée sur la
délocalisation tout en adoptant des stratégies similaires à celle des chinois et des turques afin de profiter
des coûts et de l’accessibilité des matières premières. Aussi, cette approche devrait-elle être accompagnée
par une démarche diplomatique en vue de participer à la construction de la zone de libre-échange
continentale au risque d’être isolé du reste du continent.
23
Espagne : la sécheresse fait craindre
une pénurie d'huile d'olive
Ecodafrik- 10/08/2015
L’Espagne, premier producteur mondial
d’huile d’olive, est contrainte par la forte
sécheresse qui frappe le sud du pays à
recourir aux importations. Ces importations
proviennent principalement de la Tunisie. Elles
sont réexportées ensuite hors Union
européenne, vers des pays émergents, afin de
permettre à la péninsule ibérique de
préserver ses parts de marché.
Commodafrica - 18/08/2015
La société Conserveria Africana Ghana
Limited (CAL) a annoncé son intention
d’investir environ 2 millions USD dans le
développement de sa production de
concentré de tomates. L’objectif de ce projet
est de produire 25 mille tonnes de concentré
de tomates et satisfaire 25 à 29% de la
demande locale qui se situe entre 70 mille
tonnes et 100 mille tonnes annuellement.
L’Algérie ressuscite sa tomate
Agence ecofin - 03/08/2015
L’Égypte : le gouvernement assouplit
l’interdiction de l’importation du coton
Commentmieuxdormir - 05/08/2015
Après avoir interdit l’importation du coton
suite à la chute des exportations locales, le
gouvernement égyptien a assoupli le
bannissement de l’importation de cette
matière pour promouvoir les exportations du
secteur textile et habillement. Ce dernier se
base à hauteur de 90% sur le coton importé
et réalise un chiffre d’affaires à l’export de 2
milliards USD par an.
Sénégal : levée de l’interdiction des
importations de sucre et de
pommes de terre
commodafrica– 13/08/2015
La production algérienne de tomates semble
profiter
de
l’accompagnement
gouvernemental dont elle a bénéficié et
commence à afficher des performances
positives. Selon le ministre algérien de
l’Agriculture,
cette
production
pourra
atteindre 1,2 million de tonnes de tomates
fraîches et environ 90 000 tonnes de double
concentré.
L’Afrique du sud investit dans le secteur
du Halal
Leaders - 29/07/2015
La province du Cap-Ouest en Afrique du Sud
projette la création d’un parc agro-industriel
destiné aux produits halal. Ce dernier sera
opérationnel au bout de deux prochaines
années et ciblera les marchés de la région
Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA).
Le gouvernement Sénégalais a décidé de
rompre le gel des importations de sucre et de
pommes de terre afin d’accroître les recettes
douanières. Par contre, les mesures
d’interdiction
des
importations
sont
maintenues pour l’oignon et l’huile d’olive à
des fins de protection de la production locale.
Le prix du caoutchouc ivoirien a encore
baissé
Le Ghana se lance dans la production de
concentré de tomates
Après une diminution sans précédent suivie
d’une phase de reprise, le prix à la vente du
Connection ivoirienne - 06/06/2015
24
kilo de caoutchouc naturel connait, de
nouveau, une baisse de 7% sur le marché
ivoirien. Il subit de plein fouet les effets
cumulés de la chute des cours du pétrole qui
a réactivé la concurrence du caoutchouc
synthétique et de la faiblesse des cours
mondiaux.
Algérie : contrôle renforcé
importations d’arachides
des
Commodafrica – 13/08/2015
La société Ciment de la méditerranée S.A.
(CMG) réalisera un projet Greenfield pour une
unité intégrée de capacité de 1 million de
tonne de Clinker par an avec un
investissement prévu de 220 million USD. La
construction démarrera le premier janvier
2016 et l’usine entrera en exploitation en juin
2018.
L’Ouganda lance un projet de construction
automobile
Les autorités algériennes ont mis en place un
dispositif de blocage des importations
d’arachides indiennes contaminées par une
substance toxique appelée aflatoxine.
Sénégal : Transformation d’une plante
envahissante en une filière porteuse
Commodafrica - 11/08/2015
Scidev- 11/08/2015
A partir de 2018, l'Ouganda fabriquera 7000
voitures hybrides par an par le constructeur
Kiira Motors Corporation (KMC), dans le
cadre de son projet d’industrie automobile.
Une nouvelle usine de Ford au Nigeria
Agence Ecofin - 12/08/2015
Le typha, une plante considérée comme
envahissante, est devenu une alternative
pour la promotion, au Sénégal, d’une filière de
matériaux d’isolation thermique efficace pour
la construction de bâtiments bioclimatiques.
Dangote inaugure sa nouvelle cimenterie
zambienne
Jeuneafrique - 06/08/2015
Le groupe nigérian Dangote a inauguré une
nouvelle cimenterie à Ndola près de la
capitale zambienne Lusaka. Cette unité est
dotée d’une capacité de production annuelle
de 1,5 million de tonnes de ciment et a
nécessité un investissement de 450 millions
USD.
Le cimentier CMG envisage de lancer son
premier projet en Tunisie
Leaders - 29/07/2015
Le constructeur automobile américain Ford
Motor
Company
ouvrira
une
usine
d'assemblage de son modèle de pick-up Ford
Ranger au Nigeria. L’usine devrait avoir une
capacité de 5000 unités par an. L’imposition
par le Nigéria d’une nouvelle taxe de 35 %
sur les véhicules neufs importés a poussé les
constructeurs automobiles à s’installer dans
le pays. Par ailleurs, d’autres constructeurs
comme Volkswagen, Kia Motors, ou encore
Honda
ont
annoncé
leur
intention
d’assembler des véhicules au Nigéria.
Bolloré construira une ligne ferroviaire
Liant Niamey à Cotonou
Agenceecofin - 17/08/2015
L’opérateur français Bolloré a signé une
convention avec les gouvernements nigérien
et béninois pour la construction et
l’exploitation du chemin de fer Niamey25
Cotonou. Cette ligne, dont le coût de
réalisation est estimé à 1 milliard d’euros,
atteindra 1050 Km. Elle constitue, par ailleurs,
un important tronçon de la boucle ferroviaire
ouest-africaine qui, à terme, devrait relier
Abidjan et Ouagadougou.
Installation du géant japonais Mitsui en
Côte d’Ivoire
Ecodafrik - 08/08/2015
Ici Lomé - 08/08/2015
La Zambie et la République démocratique du
Congo (RDC) voisine ont signé un accord
commercial bilatéral qui permettra à chacun
des deux pays d'importer les produits de
l'autre sans droits de douane. L'accord
commercial ne sera opérationnel qu’une fois
la liste des produits concernés sera arrêtée.
La BID a approuvé un financement de 65
millions USD pour trois pays africains
News abidjan - 05/08/2015
Le conglomérat japonais Mitsui & Co a
annoncé qu’il allait ouvrir un bureau de
représentation en Côte d’Ivoire en vue d’y
investir entre 3 et 10 milliards USD,
notamment
dans
le
domaine
des
infrastructures, de l’énergie, de l’agriculture et
des transports.
Un nouveau hub industriel en Angola
Construction review online - 08/08/2015
Un hub industriel baptisé « Le Lubango
industrial Hub » contenant une brasserie, une
usine de produits laitiers, et un abattoir sera
réalisé en Angola.
Le projet, estimé à 350 millions USD, sera
construit par le groupe d'investissement
angolais Silverstre Tulumba Investment (STI).
Il devra être achevé d'ici quatre ans.
Zone de libre-échange tripartite : le
Swaziland est résolu à soutenir le
processus d’adoption
La Banque Islamique de développement (BID)
a octroyé 65 millions USD pour le
financement
de
trois
projets
de
développement en Afrique.
Le premier financement de 21,2 millions USD
est destiné au projet pour le développement
de l'élevage au Mali. Le deuxième d’un
montant de 30,1 millions USD vise
l'alimentation en eau et d'assainissement en
milieu rural au Cameroun. Enfin le troisième
concerne la création d'une école de
formation professionnelle en agriculture,
élevage et pèche en Côte d’Ivoire avec une
enveloppe de 13,7 millions USD.
Nigéria : L’industrie pharmaceutique exige
un droit de douane de 20 % sur les
produits importés
Business Day online - 06/08/2015
Bilaterals– 14/08/2015
Le Swaziland s’est engagé à éliminer tous les
freins à une ratification rapide de l’accord
consacrant la zone de libre-échange tripartite
(ZLET). La libre circulation des personnes va
faciliter et stimuler le développement des
échanges commerciaux et créer des
opportunités d’investissement et d’emploi.
La Zambie et la RDC signent un accord
commercial préférentiel
Le secteur de la santé au Nigeria est
actuellement menacé par un désaccord au
sein de l'industrie pharmaceutique sur
l'imposition éventuelle d'un tarif de 20 % sur
les médicaments importés. Le conflit découle
du tarif extérieur commun (TEC) en vigueur
qui fait bénéficier les médicaments importés
d’un droit de douane nul alors qu’il impose
des droits entre 5 et 20 pour cent sur les
matières premières et d'emballage importés
par l’industrie pharmaceutique.
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Les États-Unis font bénéficier aux pays en
développement le système généralisé de
préférence.
Web manager center - 30/07/2015
Le département du Commerce des États-Unis
a décidé la reconduction de l'application du
régime du système américain généralisé des
préférences (GSP) à partir du 29 juillet 2015
jusqu'au 31 décembre 2017.
Grâce à ce système, les Etats-Unis
d'Amérique accordent aux pays en
développement, des exonérations douanières
pour une liste de 1 400 produits importés,
notamment les produits agricoles, industriels,
et de l’artisanat.
27
Vos idées et commentaires seront les
bienvenus.
N’hésitez pas à nous contacter :
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