Numéro spécial-Août 2015 Focus de ce numéro : L’économie africaine : Bilan et perspectives Conseil National du Commerce Extérieur Angle Avenue Annakhil et Avenue Mehdi Ben Barka Immeuble « Les patios », Bâtiments II, 5ème étage – Hay Ryad BP 1478 (RP) – Rabat - Maroc www.cnce.org.ma [email protected] Tél : +212-537 57 29 83 Fax : +212-537 57 29 82 Editorial Focus : L’économie africaine : Bilan et perspectives Panorama de l’économie africaine 4 Analyse du secteur de l’agroalimentaire 9 Analyse de l’industrie automobile 14 Analyse de l’industrie pharmaceutique 16 Analyse du secteur de textile 18 Analyse du secteur BTP et matériaux de construction 20 L’actualité en bref Espagne : la sécheresse fait craindre une pénurie d'huile d'olive 24 L’Égypte : le gouvernement assouplit l’interdiction de l’importation du coton 24 Sénégal : levée de l’interdiction des importations de sucre et de pommes de terre 24 Le Ghana se lance dans la production de concentré de tomates 24 L’Algérie ressuscite sa tomate 24 L’Afrique du sud investit dans le secteur du Halal 24 Le prix du caoutchouc ivoirien a encore baissé 24 Algérie : contrôle renforcé des importations d’arachides 25 Sénégal : Transformation d’une plante envahissante en une filière porteuse 25 Dangote inaugure sa nouvelle cimenterie zambienne 25 Le cimentier CMG envisage de lancer son premier projet en Tunisie 25 L’Ouganda lance un projet de construction automobile 25 Une nouvelle usine de Ford au Nigeria 25 Bolloré construira une ligne ferroviaire Liant Niamey à Cotonou 25 Installation du géant japonais Mitsui en Côte d’Ivoire 26 Un nouveau hub industriel en Angola 26 Zone de libre-échange tripartite : le Swaziland est résolu à soutenir le processus d’adoption 26 La Zambie et la RDC signent un accord commercial préférentiel 26 La BID a approuvé un financement de 65 millions USD pour trois pays africains 26 Nigéria : L’industrie pharmaceutique exige un droit de douane de 20 % sur les produits importés 26 Les États-Unis font bénéficier aux pays en développement le système généralisé de préférence. 27 2 Editorial La voie africaine tracée par Sa Majesté Le Roi Mohammed VI depuis son intronisation a eu des effets positifs sur les relations commerciales du Maroc avec ses partenaires continentaux. Une nette amélioration a été ressentie sur le plan des échanges puisque les exportations de biens du Royaume vers l’Afrique Subsaharienne sont passées de 330 millions USD en 2005 à 1,5 milliard USD en 2014. Cette évolution a été marquée par une croissance moyenne de l’ordre de 20 % durant la décennie, contre 10 % pour l’ensemble des expéditions de marchandises réalisées au cours de la même décade. En 2014, la région subsaharienne du continent a absorbé 6,6 % de nos exportations totales contre 3% en 2005. Certes, ces chiffres sont fort encourageants. Mais en l’absence d’objectif fixé par le gouvernement en la matière, nous sommes convaincus que les résultats atteints demeurent en deçà des ambitions partagées par les différents acteurs nationaux avec leurs homologues et partenaires subsahariens. La question qui se pose à ce niveau est la marge de progression qui se présente. Autrement dit, quelles perspectives de croissance économique offre le continent africain ? Une autre interrogation nous interpelle, celle des domaines d’activité qui seraient opportun d’investir. A l’image des avancées opérées par les banques marocaines, dans quels autres secteurs les efforts doivent-ils être poursuivis pour approfondir le partenariat avec l’Afrique subsaharienne ? L’équipe de veille du CNCE tente de fournir des éléments de réponses à ces questions dans ce numéro spécial concocté à l’occasion de la saison estivale en remplacement de sa traditionnelle lettre de veille et de son focus mensuel qui, rassurez-vous, seront repris dès la rentrée. Equipe CNCE Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Panorama de l’économie africaine Population en 2014 1,1 4,8 % 7,2 % 55,7 milliard de personnes Croissance du PIB en volume entre 2006-2014 L‘inflation en 2014 Aide publique au développement en 2013 milliards USD Population en plus à l’horizon 2050 1,2 30 % 67 % 39 % milliard de personnes Accès à l’électricité de la population Accès à l’eau potable de la population Accès à l’assainissement de la population Selon le bureau d’études britannique « Control Risk », seulement six pays africains figurent comme des destinations où les entreprises peuvent faire leurs affaires en toute sécurité. Il s’agit du Maroc, le Cap-Vert, les Seychelles, la Namibie, Maurice et le Botswana. En revanche, La Somalie et la République Centrafricaine sont les pays les plus risqués Faible M Moyen Haut -Extrême Source: KPMG, Control RISK, presse, traitement CNCE Evaluation du risque pays selon Control Risk 2015 La dette souveraine africaine a pratiquement doublé entre 2006 et 2013, en passant de 168 milliards USD à 358 milliards USD, soit plus de 20 % du PIB du continent. Trois pays enregistrent le plus fort ratio dette publique sur PIB à savoir : l’Erythrée (129 %), le Cap-Vert (121 %) et la Gambie 100 %. En revanche, le Nigéria, le Botswana et l’Algérie enregistrent les plus faibles ratios avec respectivement 11 %, 12 % et 13 %. Pour sa part, le Maroc est 6e avec un ration de 66%. Source: BM, traitement CNCE Dette publique des pays africains (% du PIB) 4 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Dette globale de 4 pays africains ( % du PIB) Répartition de la dette globale ( % du PIB) Selon McKinsey Global Institute (MGI), la sphère économique africaine est de plus en plus endettée ! Quatre pays arrivent en tête de peloton des plus endettés, à savoir : le Maroc l’Afrique du Sud, de l’Egypte et du Nigéria. Quelques particularités à signaler : - La dette publique représente la plus grande part de l’endettement global pour l’Egypte et le Maroc avec respectivement 77 % et 62 % du PIB ; - L’endettement global de l’Afrique du Sud et du Nigéria est supporté en premier lieu par les entreprises avec respectivement 49 % et 22 % du PIB ; - Les ménages sud-africains et marocains sont les plus endettés et représentent respectivement 39 % et 23 % du PIB ; - La part de l’endettement du secteur financier est plus forte en Afrique du Sud (21 %) et au Maroc (15 %) alors qu’elle est très faible au Nigéria (3 %) et en Egypte (2 %). 4 3 Source: WEF, traitement CNCE Classement de la compétitivité des pays africains 5 Ile Maurice Afrique du Sud Rwanda Maroc Botswana Algérie Tunisie Namibie Kenya Seychelles Zambie Gabon Lesotho Ghana Sénégal Cap-Vert Côte d'Ivoire Cameroun Ethiopie Egypte Tanzanie Ouganda Swaziland Zimbabwe Gambie Libye Nigeria Mali Madagascar Malawi Mozambique Burkina Faso Sierra Leone Burundi Angola Mauritanie Tchad Guinée 2 5 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Classement du Change Readiness Index 2015 2 Namibie 3 Maroc 4 Afrique du Sud 5 Tunisie Zimbabwe -3% Ghana 9% Soudan du Sud Algérie Kenya -4% 12% 18% -5% Tanzanie Le «Change Readiness Index » du cabinet d’études KPMG permet de mesurer la capacité d'un pays (gouvernement, entreprises privées et publiques, société civile) à gérer le changement économique et tirer parti des opportunités d'investissement. Source: KPMG, traitement CNCE Cap-Vert Evolution des flux financiers externes entre 2010 et 2015 Flux financiers externes à destination de l’Afrique (milliards USD) 24% 51,9 48 21,5 46 55,7 51,7 6,8 49,8 61,2 60,6 51,3 55,8 25,7 21,5 49,7 54,2 2010 2011 2012 Transfert de fonds Investissement de portefeuille 61,8 64,6 56,3 54,9 13,5 49,4 18,4 20% 14% 55,2 2013 2014 (e) 2015 (p) Aide publique au développement IDE Source: AFDB, presse, traitement CNCE 1 -14% L’Afrique dans le commerce international 700 Unité : milliards USD 650 25% 600 Hausse des importations 550 10% Importation Afrique 500 Hausse des exportations Exportation Afrique 450 2010 2011 2012 2013 56% La part des combustibles dans les exportations africaines 2014 6 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives L’Afrique dans le commerce international Europe Amérique 214 Asie 59 186 60 250 Afrique Océanie 5,2 70 Source: TradeMao, traitement CNCE 213 4,6 70 13 % La part du commerce intrarégional africain En 2014, l’Afrique a exporté vers le Monde plus de 540 milliards USD et a importé pour prés de 600 milliards USD. Le principal partenaire commercial de l’Afrique est l’Europe. La balance commerciale africaine est excédentaire avec l'Océanie alors qu’elle est déficitaire pour l’Europe, l’Asie et l’Amérique. 3% La part de l‘Afrique dans le commerce mondial 7 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives 93 99 90 64 71 Le Nigéria réalise 17 % des exportations africaines, suivi par l’Afrique du Sud avec 16 % et l’Angola avec 11 %. Pour sa part, le Maroc réalise 4,2 % des exportations du continent. 58 L’Afrique du Sud est le 1er marché africain avec 16 % des importations du continent, suivie par l’Egypte avec 12 % et l’Algérie avec 10 %. Le Maroc est le 5e importateur africain avec 7,5% des importation. Etats-Unis 32 Allemagne 31 Espagne 34 Inde 31 France 34 France 34 Inde 37 Etats-unis 35 Chine Chine 75 La Chine est le 1er client du continent et absorbe 14 % de ses exportations. L’Inde et la France concentre respectivement 7 % et 6 % des expéditions des pays africains. CHINE Source: TradeMao, traitement CNCE L’Afrique dans le commerce international Premier fournisseur et client du continent 99 L’empire du milieu est également le 1er fournisseur de l’Afrique et satisfait 17 % de ses besoins. Les Etats-Unis et la France satisfont 5 % des achats du continent. Croissance et diversification des exportations africaines Les pays de l’Afrique sub-saharienne qui montent en puissance Croissance annuelle moyenne des exportations 2009 -2013 (variation du PIB entre 1994-2019) 55 45 35 Les pays africains disposent d’une faible diversification de leurs exportations Mali Ghana Gabon Tanzanie 25 Burkina Faso 15 Angola Afrique du Sud Ethiopie Algérie Cameroun Kenya Côte d'Ivoire Egypte 5 Afrique Sénégal Maroc Tunisie Nigéria -5 Mozambique 0 10 Indicateur de diversification des exportations 20 30 40 50 L’indicateur de diversification est construit comme l’inverse d’un indice d’Herfindahl, à partir des exportations désagrégées au niveau des codes à 4 chiffres de la Classification type pour le commerce international.(source: OCDE, Afdb) 8 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Le continent africain est très prisé par les investisseurs étrangers dans des secteurs particuliers tels que l’industrie automobile, l’industrie pharmaceutique, le textile, l’agroalimentaire et le BTP et les matériaux de constructions. Ces secteurs précités nous permettront de définir les secteurs clés qui peuvent constituer une opportunité pour le positionnement du Maroc sur le continent africain. Les produits laitiers vient la Libye avec un volume à l’import de près de 120 000 tonnes, suivie de l’Egypte (98 000 tonnes) et l’Angola (79 000 tonnes). Le lait européen cherche son chemin en Afrique L’offensive européenne en Afrique La production laitière mondiale est estimée à environ 804,7 millions de tonnes en 2014, soit une hausse de près de 2,9 % par rapport à l’année 2013. Cette progression devrait s’amplifier suite à l’abolition des quotas européens de production en 2015. Cette situation, conjuguée à l’embargo imposé par la Russie sur les produits alimentaires européens, obligera les laiteries européennes à se tourner vers d’autres marchés porteurs, notamment ceux de l’Afrique. En effet, il est estimé que la consommation mondiale de produits laitiers augmentera de 36 % d’ici 2024. Les exportations africaines de lait ont affiché un volume avoisinant les 207 000 tonnes en 2014. L’Afrique du Sud est le premier exportateur africain de lait avec une part de l’ordre de 66 %, suivie du Togo (10%), de l’Egypte (8%), de l’Ouganda (6%) et du Kenya (2%). L’agroalimentaire Le marché africain des produits laitiers : une demande de plus en plus croissante La production africaine de lait est estimée à 44 millions de tonnes, soit 6% de la production mondiale. Elle reste insuffisante pour satisfaire une demande africaine qui augmente deux fois plus vite que l’offre. Ainsi, les importations africaines de lait ne cessent d’augmenter et se concentrent principalement sur le lait en poudre, une matière première bon marché et disponible toute l’année. En 2014, elles ont atteint plus de 1,4 million de tonnes. L’Algérie en est le principal importateur avec plus de 373 milles tonnes, dont 94 % sont sous forme de lait en poudre. Le Nigéria occupe la deuxième position avec un volume à l’import de 150 000 tonnes, satisfaisant ainsi plus de la moitié de sa demande. Ensuite Les besoins grandissant du continent africain en termes de produits laitiers ont poussé plusieurs groupes internationaux, notamment européens, à s’installer en Afrique. En effet, la laiterie danoise Arla a créé une entreprise conjointe en Côte d’Ivoire pour le conditionnement et la vente de lait en poudre produit au Danemark. La laiterie hollandaise FrieslandCampina est présente au Nigéria à travers sa filiale WAMCO, elle approvisionne la principale marque de lait du Nigeria (Peak), en utilisant des matières premières des Pays-Bas. Par ailleurs, la compagnie laitière française Danone, après avoir acquis des parts de 40% dans le groupe Brookside Dairy, est arrivée à couvrir efficacement différentes régions du continent africain. Elle est présente en Afrique de l’Ouest (via Fan Milk), en Afrique de l’Est (via le kenyan Brookside), en Afrique du Sud (via sa filiale sudafricaine), ainsi qu’en Afrique du Nord à travers le rachat d’une usine de produits laitiers en Egypte en 2005 et l'acquisition des parts majoritaires de la compagnie Centrale Laitière au Maroc. Par ailleurs, le groupe belge a acquis une participation majoritaire dans le 3ème opérateur laitier Marocain Safilaitn, connu sous sa marque Vital. Aussi, les européens se sont d’ores et déjà préparés pour écouler une partie de leurs productions laitières en Afrique. Maroc : l’impératif de l’export ! Actuellement, la production laitière au Maroc est au beau fixe. Elle évolue sur une tendance haussière depuis 2002. En effet, la production a augmenté de plus de 50% entre 2008 et 2013 9 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives pour atteindre 2,4 millions de tonnes et couvre près de 90 % des besoins du Royaume en produits laitiers. Toutefois, le Royaume continue d’importer de plus en plus de lait en poudre, principalement de l’Europe. Avec l’abolition des quotas laitiers, les prix du lait et dérivés en provenance de ce continent risquent de baisser, rendant ainsi la production locale moins compétitive. Notre pays s’est fixé pour objectif de produire 4,5 milliards de litres en 2020. Les besoins du marché local seraient alors largement couverts et l’excédent devrait trouver des débouchés à l’export. A cet égard, les pays de l’UEMOA apparaissent comme un marché potentiel puisqu’ils souffrent d’une insuffisance de la production et demeurent dépendants des importations. En 2014, leurs approvisionnements extérieurs, en lait et produits laitiers, ont représenté plus de 360 millions de dollars USD, soit une hausse de 12% par rapport à 2010. Le lait, à lui seul constitue près de 86 % des importations. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont les principaux demandeurs avec respectivement 91 millions de dollars USD et 84 millions de dollars USD d’importations. Par ailleurs, ces deux pays peuvent être considérés comme des cibles potentielles à l’export de ces produits et l’implantation future de la chaîne marocaine d’hypermarchés Marjane devrait jouer un rôle de catalyseur en la matière. Le Royaume pourra également partager son expérience dans une coopération sud-sud à l’image de ce qui se fait avec le Mali. Le marché des boissons Les soft drinks, un secteur en plein expansion au niveau mondial Le marché mondial des « soft drinks » ou boissons sans alcool figure parmi les marchés les plus dynamiques du secteur agroalimentaire. Il est dominé par de grandes entreprises multinationales telles que Coca Cola, Nestlé, Orangina Schweppes, Pepsi Co ou Unilever. Les exportations mondiales de ces boissons ont atteint plus de 37,7 milliards de dollars USD en 2014, dont 59 % sous forme d’eaux et de boissons gazeuses et 41% constituées de jus de fruits. L’Union Européenne assure près de 58% des exportations des eaux et boissons gazeuses, suivie des Etats-Unis (7%) et du Canada (4%). Pour ce qui est des jus de fruits, l’UE assure plus de 44,6 % des exportations mondiales, suivie du Brésil (14,1%) et des Etats Unis (7,5%). Le marché africain des boissons gazeuses et d’eaux en bouteille: une concurrence acharnée Avec le développement de la classe moyenne en Afrique, les habitudes de consommation évoluent. Les sodas figurent parmi les industries qui connaissent une grande croissance dans le continent. Le continent affiche des perspectives de croissance fortes et durables dans le domaine. La Tunisie, l'Egypte et le Maroc sont classés parmi les 10 premiers marchés de boissons à plus forte expansion en Afrique. Ce secteur est dominé par les deux géants Coca-Cola et Pepsi-Cola. Parallèlement, ces mêmes groupes, à côté de Nestlé, essayent de se positionner sur le marché de l’eau en bouteille. En effet, ils profitent des infrastructures d’adduction d’eau souvent insuffisantes ou vétustes, et du boom démographique des grands centres urbains pour capter cette ressource et la revendre à des prix élevés relativement au niveau de vie local. Les jus de fruits : une demande africaine de plus en plus croissante Les jus de fruits figurent parmi les principaux secteurs bénéficiaires de l’évolution des habitudes alimentaires africaines, bien que la production du continent soit à ses débuts et les échanges 10 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives commerciaux demeurent très faibles voire inexistants pour certains pays. En effet, les importations et exportations africaines de jus de fruits sont très faibles, alors que le continent dispose de ressources considérables mais sousexploitées, telles que les fruits tropicaux, les fruits exotiques ou les agrumes. De plus, les fruits frais, périssables et fragiles, sont gaspillés en quantités considérables, notamment en Afrique subsaharienne, faute de l'inexistence d'une réelle industrie de transformation de fruits à grande échelle. Toutefois, la demande sur le marché africain pour ce produit est appelée à croître, ce qui ouvre de nouvelles opportunités de commercialisation des jus de fruits sur le continent africain. En effet au sein de la CEDEAO, les importations des jus de fruits enregistrent une croissance annuelle moyenne de près de 65 %. Egalement, en Afrique de l’Est, le Kenya réoriente ses priorités sur le marché des jus de fruits. Ils commencent à être très demandés suite à une interdiction récente du gouvernement pour la vente et la consommation d'alcool dans les bars durant des périodes précises de la journée accompagnée d’une campagne agressive de publicité contre les boissons gazeuses qui sont considérées comme nuisibles à la santé. augmentation du pouvoir d’achat en Afrique, ces exportateurs devraient s’intéresser d’avantage au continent en vue d’aborder d’autres marchés. En effet, l’eau en sachets, présent principalement en Afrique de l’Ouest, souffre de plusieurs lacunes au niveau de la chaîne de conditionnement, la provenance et la qualité du produit. En assurant la qualité nécessaire, le Maroc pourrait se positionner sur ce segment de marché surtout dans les pays où les conditions hygiéniques de production ne seraient pas respectées comme au Gabon, au Cameroun, en Côte d’Ivoire ou en Guinée. Pour ce qui est du marché des jus de fruits, le Maroc dispose d’une grande production de fruits, notamment d’agrumes, de fraises et de pommes. Ainsi, pour booster ses exportations, le Maroc devrait s’intéresser plus à la valorisation de sa production afin de développer l’industrie de transformation de fruits en jus et purées. En effet, en plus du traditionnel jus d’oranges, plusieurs potentiels s’offrent aux industriels marocains. Il s’agit notamment de la transformation des pommes, grenades, abricots ou figues de barbarie. Le secteur avicole La viande de volaille marocaine : autosuffisance du marché local et difficulté à l’export sur le marché africain La production mondiale de la viande de volaille est estimée à 110 millions tonnes en 2014. Selon la FAO et l’OCDE cette production devrait croître de 2,3% annuellement de 2013 à 2023. Les Etats-Unis sont le premier producteur mondial avec l’équivalent de 20,4 millions de tonnes en 2014, devant la Chine (17,5 millions de tonnes) et le Brésil (13,4 millions de tonnes). Quelles potentialités pour le Maroc ? Le marché des eaux embouteillées a connu une croissance moyenne de près de 8,8% sur les trois dernières années. L’eau plate et l'eau gazeuse représentent respectivement 85% et 15% de parts de marché marocain. Les principaux acteurs sont Sotherma, Oulmès et Al Karama. Trois sociétés avec des produits qui ne sont pas de la même catégorie (eau minérale, eau plate, eau gazeuse et eau aromatisée). Avec la diversité et la croissance des marques marocaines face à un besoin croissant en eau pure et buvable et une La filière avicole en Afrique et au Maroc Sur le plan africain, la production du continent en viande de volailles a atteint environ cinq millions de tonnes en 2013. L’Afrique du Sud, l’Égypte et le Maroc s’accaparent à eux seuls à peu près les 11 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives deux tiers de la production. Durant l’année en cours, certains pays de l’Afrique de l’Ouest ont vu leurs productions baissées significativement suite à la propagation de la grippe aviaire (H5N1). Le Nigéria qui réalise 32% de la production de la CEDEAO et ambitionnait d’assurer l’autosuffisance de son marché local, est le plus touché par cette maladie. Cette situation a limité davantage les échanges de volailles entre les pays de cette région. La filière avicole marocaine a produit 50 mille tonnes de viande de volailles en 2014 et 800 millions USD d’œufs. Son chiffre d’affaires a avoisiné les 3 milliards USD. Cette filière couvre la grande partie des besoins du marché local en viande et en œufs de consommation. Toutefois, elle passe une période difficile et peine à écouler sa production suite à la surproduction et la baisse des prix, ce qui a poussé de nombreux opérateurs à réduire leurs investissements. africain. Ses produits sont bien positionnés sur la zone australe en bénéficiant de la proximité géographique et de l’accès préférentiel sur ces marchés. Cette filière bénéficie également de l’appui de l’État à travers une politique protectionniste contre les importations des produits américains et européens notamment. Pour sa part, la viande de volaille marocaine est faiblement présente sur les débouchés africains et se concentre essentiellement sur deux marchés (Libéria et Bénin). Elle demeure non compétitive à l’international (1,1 million USD d’exportations en 2014) en raison des coûts de production élevés représentant à peu près le double de ceux du Brésil et des Etats-Unis. Ce surcoût résulte de l’importation de 95% des aliments pour les volailles (maïs, blé et soja). Ces charges représentent environ 70 % du prix de revient des poussins, du poulet de chair et des œufs de consommation. Le marché africain : une demande soutenue et prometteuse La consommation africaine de la viande de volaille ne cesse d’augmenter. Ce constat est expliqué essentiellement par la croissance démographique et l'abondance de l'offre extérieure. L’Afrique Australe possède la plus grande consommation par tête, environ 28,4 kg par personne devant l’Afrique du Nord avec une consommation annuelle de 9,3 kg par personne. Le Brésil, les États-Unis et les pays européens sont les principaux fournisseurs du continent. L’Afrique du sud en est le premier fournisseur Contraintes au développement des exportations marocaines des viandes de volailles en Afrique Malgré la proximité géographique entre le Maroc et plusieurs marchés africains, le développement des exportations marocaines de la viande de volailles vers ces marchés est confronté à plusieurs difficultés. En effet, l’insuffisance des infrastructures logistiques et le coût élevé du transport entravent l’accès rapide aux marchés africains. A cela s’ajoute, la bureaucratie, la lenteur des procédures douanières et les pratiques du protectionnisme déguisé, ce qui rend difficile la conservation de ces produits périssables. Certains pays comme le Nigéria, le marché le plus important dans la zone Ouest africaine, prohibe l’importation des viandes de volailles pour encourager la production locale. 12 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Les conserves de poissons Le marché africain des conserves de poisson : un manque à gagner ! En 2014, les échanges internationaux des conserves de poissons ont atteint 32,8 milliards USD. Les conserves de thons représentent à peu près la moitié de ces échanges. La Chine et la Thaïlande sont les deux premiers fournisseurs de ces produits avec des parts de marché de 18% pour chacune, tandis que les États Unis sont le premier client mondial avec une part de 10,5% de la demande mondiale, devant le Japon avec une part de 9%. africain, dont 98% de conserves de sardines, ce qui permet de répondre à 23% des besoins du contient. Toutefois, l’offre marocaine n’est pas généralement orientée vers les grands pays demandeurs susmentionnés, sachant que notre pays est lié avec l’Égypte et la Libye par des accords commerciaux permettant un accès préférentiel à leurs marchés. Les principaux débouchés du Maroc sur le continent demeurent le Nigéria, l’Angola, le Ghana et la République Démocratique du Congo. Le Maroc est le 6ème exportateur mondial de ces produits avec une valeur de 696 millions USD. Son offre, constituée à hauteur de 67% par les conserves de sardine, 16,5% des autres préparations et conserves de poissons et 10% des conserves de maquereaux. La part du thon est très faible soit à peu près 0,2%. La Thaïlande est le principal fournisseur du marché africain en conserves de poissons La demande africaine en conserves de poissons a atteint 1 milliard USD au titre de l’année 2014, soit 6,3% de la demande mondiale. Les trois principaux importateurs de ces produits, à savoir l’Egypte, l’Afrique du Sud et la Libye, s’accaparent la moitié des importations africaines. Le Maroc est absent sur le marché sud-africain premier importateur continental des conserves de sardine En revanche, le Maroc est absent sur le marché sud-africain, premier importateur africain des conserves de sardine et deuxième au niveau mondial après les États-Unis. Ce marché est alimenté principalement par les produits de la Thaïlande et de la Namibie. L’Égypte et la Libye ne figurent pas dans la liste des cinq premiers clients du Royaume. Le Maroc a exporté une valeur de 234 millions USD de conserves de poissons sur le marché 13 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Les opérateurs marocains devraient renforcer leurs efforts sur les marchés africains Le Maroc devrait mieux se positionner sur les principaux marchés africains demandeurs des conserves de poissons. A titre d’exemple, plus de 80% des importations égyptiennes de conserves de poissons proviennent de la Thaïlande, alors que le pays des Pharaons n’importe du Maroc que 3% de ses besoins, composés majoritairement de conserves de sardines. Les exportateurs marocains devraient promouvoir davantage les conserves de maquereaux sur le marché africain en général et sur l’Egypte en particulier, tout en exploitant l’accès préférentiel qu’offrent les nombreux accords de libre-échange existant sur le plan bilatéral, ou régional (Accord d’Agadir) ou multilatéral (Grande zone de libre-échange arabe). Les exportateurs de conserve de sardine devraient également promouvoir leurs produits sur le marché sud-africain et prospecter d’autres marchés comme le Kenya et l’Ethiopie. Par ailleurs, les opérateurs marocains dans ce secteur devraient saisir les opportunités offertes suite à la signature de plusieurs conventions portant sur la pêche et l’aquaculture entre le Maroc et plusieurs pays africains lors des visites Royales dans ces pays en 2015 et en 2014 et de renforcer leur présence sur ces marchés. L’industrie automobile L’industrie automobile en Afrique : un marché en plein essor Le marché mondial de l’automobile a enregistré une progression de 2,8% pour atteindre plus de 89 milliards de véhicules produites en 2014. Selon l'Organisation des constructeurs automobiles (OICA), l’année 2015 va être marquée par une croissance d'environ 3% tirée essentiellement par la Chine et certains pays européens comme l'Espagne. La production africaine a suivi la même tendance avec une amélioration de 11,3% pour atteindre plus de 700 mille véhicules. L’industrie automobile africaine se comporte mieux qu’il y a quatre ans mis à part la production égyptienne qui connait une tendance baissière passant de plus de 116 mille véhicules produites en 2010 à 27 mille en 2014. L’Afrique du Sud, le leader des producteurs automobiles de l’Afrique assure une production en croissance continue. Cette tendance devrait se poursuivre durant les prochaines années. Les sept plus grands constructeurs automobiles implantés dans ce pays, dont Ford, BMW et Toyota, vont y investir 623 millions USD en 2015. Cet investissement confirme l’engagement des entreprises opérant dans l’industrie automobile en Afrique du Sud. Recul des importations africaines de véhicules En 2014, les importations africaines de véhicules ont enregistré une valeur de 36 milliards USD soit un fléchissement d’environ 9% par rapport à l’année précédente. Cette contraction des importations africaines de véhicules est en partie, le résultat des restrictions mises en place par plusieurs pays africains afin de contrer les importations massives de véhicules. En l’occurrence, l’Algérie a publié un nouvel arrêté ministériel qui interdit aux concessionnaires automobiles d'importer des marques pour lesquelles ils n'ont pas d'agrément et les oblige à investir dans l'industrie locale. La Tunisie, quant à elle, a instauré un ensemble de mesures pour donner un coup de pouce aux exportations et réduire les importations. Parmi ces mesures, figure l’abaissement de 10% des quotas d’importation alloués aux concessionnaires automobiles. La Mauritanie a adopté un projet d’ordonnance modifiant les règles d’importations des véhicules. Dorénavant, seuls les véhicules âgés de 5 à 8 ans, selon les catégories, seront autorisés à l’importation. Quant au Nigéria, ses importations de véhicules ont passé de 7,4 milliards USD en 2010 à 2,6 milliards USD en 2014, soit un taux de croissance annuel moyen de (-15%). Ceci est le résultat de sa stratégie industrielle automobile lancé en 2013 et 14 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives qui a pour objectif de substituer les importations de véhicules par une offre nationale destinée aux marchés local et régional. A cet effet, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures incitatives, notamment des allégements fiscaux et des mesures de protection tarifaire. La plus importante est l’instauration d’un droit d’importation de 35 % assorti d’une taxe supplémentaire de 35 % sur les véhicules neufs finis. En revanche, les véhicules démontés et destinés à l’assemblage sont exonérés de droits de douane ou taxés à seulement 5 % à l’import. La demande africaine est satisfaite à hauteur de 36% par les pays asiatiques. Ces derniers ont écoulé sur le continent l’équivalent de 13 milliards USD. En tête des fournisseurs asiatiques, on trouve le Japon avec 4,5 milliards USD, la Chine avec 8,8 milliards USD, devant l’Inde et la Corée du Sud avec respectivement 3 milliards USD chacune. constructeurs internationaux. En 2014, le français Renault a vendu près de 200 mille véhicules sur le continent africain et envisage d’y écouler 370 mille unités d’ici 2020. Ce groupe offre des véhicules à bas coûts notamment « Logan », « Sandero » et « le 4x4 Duster » qui suscitent un bel engouement au Maghreb et même en Europe. Le groupe PSA « Peugeot-Citroën » quant à lui, a vu ses ventes bondir pour atteindre 141 500 véhicules en 2013 contre 90 000 en 2004. Cette progression est en partie due à une hausse de 77 % des ventes en Egypte. Ce deuxième groupe français cible l’Afrique de l’Ouest, et en particulier le Nigéria pour la mise en place d’une unité d’assemblage de véhicules. A l’instar de ces deux constructeurs français, le géant américain de l’automobile Ford vise l’Afrique subsaharienne et compte profiter de son dynamisme économique. Ford a lancé une stratégie qui vise à booster de 30% ses activités dans la région, et ce, à l’horizon 2020. Le groupe prévoit probablement d’installer aussi des sites d’assemblage au Sénégal à l’image de ceux de l’Afrique du Sud. Le secteur automobile marocain bat son plein Le secteur automobile marocain a enregistré une croissance remarquable, en raison de l’accroissement des flux d’investissement directs étrangers (IDE) et des performances réalisées sur le plan des exportations, en particulier pour le câblage et la construction automobile. Les exportations du secteur ont atteint 39,8 milliards de dirhams en 2014, soit 20 % des ventes marocaines. Cette dynamique à l’export a été tirée par la montée en régime de l’activité du complexe industriel de Renault-Tanger. Avec 230 mille véhicules produits en 2014, le Royaume conserve sa place du premier constructeur automobile d'Afrique du Nord et du deuxième du continent, derrière l'Afrique du Sud. L’Afrique attire la convoitise des constructeurs automobiles Le continent africain qui compte près de 14% de la population de la planète, a absorbé environ 1,7 million de véhicules neufs soit 2% des ventes mondiales. En revanche, malgré cette faible part, ce continent est considéré comme étant un marché d’avenir qui intéresse plusieurs Le marché marocain séduit de plus en plus les constructeurs d’automobiles en raison de sa stabilité économique et politique, des compétences humaines qualifiées, ainsi qu’une position géographique permettant facilement d’exporter vers l’Europe, l’Afrique et les Amériques. Après Renault, le constructeur automobile PSA Peugeot Citroën projette d’ouvrir une usine au Maroc qui débutera sa production en 2019 et qui servira le marché du Maghreb. Quant 15 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Répartition par pays des exportations africaines de produits pharmaceutiques en 2014 (en millions USD) Botswana En effet, le Maroc pourrait d’avantage profiter de cette nouvelle vague de délocalisations en allant vers les constructeurs qui visent l’Afrique afin de les encourager à s’installer au Royaume. L’industrie pharmaceutique L’industrie pharmaceutique africaine est à un stade de développement embryonnaire. Nombreux sont les facteurs qui ont retardé son décollage : le manque d’investissement, la pauvreté, l’insuffisance de la recherche et du développement relatives aux épidémies les plus fréquentes en Afrique (tuberculose, malaria, Sida, … et plus récemment Ebola), …etc. La contrainte du prix est la difficulté principale qui décourage la réalisation de tout investissement national ou celui des « Big Pharma », les leaders mondiaux dans le secteur. Aujourd’hui, le continent africain est dépendant des importations de médicaments et les soins les plus basiques demeurent hors de la portée de la moitié de sa population. Le développement économique de certaines régions africaines ainsi que la croissance de la classe moyenne favorisent l’émergence d’une industrie pharmaceutique africaine. Le seul compromis entre le prix et la demande reste, sans doute, le développement de l’industrie du générique et d’un marché régional de grande envergure. Le boom du secteur pharmaceutique en Afrique La croissance effrénée de la population africaine, qui dépasse aujourd’hui le milliard d’individus, constitue un défi majeur pour les planificateurs du développement. La demande en produits pharmaceutiques se fait de plus en plus croissante et l’Afrique semble ne pas être à même de profiter de l’expansion de ce secteur. En effet, l’industrie pharmaceutique en Afrique demeure à un état embryonnaire. Les dépenses pharmaceutiques sur le continent sont très minimes. Il urge alors de considérer ce secteur, car il semble être un créneau porteur de croissance mais aussi afin de réduire la dépendance du continent vis-à-vis de l’extérieur, notamment sur des sujets aussi sensibles que la santé. 7,9 2% Maroc 26,5 5% Kenya 32,5 7% Autres 29,6 6% Source: Trade Map, traitement CNCE Ouganda 9,7 2% Afrique du Sud 309,7 63% Egypte 74,4 15% Valeur totale exportée en 2014: 490,2 millions USD (-15,7 % par rapport à 2013) Répartition par pays des importations africaines de produits pharmaceutiques en 2014 (en millions USD) Autres 151,4 23% Zimbabwe 145,6 22% Swaziland 22,2 Kenya 3% 24,4 4% Ouganda 34,4 5% Soudan (Nord + Sud) 36,3 5% Namibie 119,6 18% Botswana 62,9 9% Zambie 76,2 11% Source: Trade Map, traitement CNCE au constructeur américain Ford, il a ouvert une base commerciale régionale à Casablanca et envisagerait installer un bureau d’achat à Tanger, la zone franche au nord-ouest du pays. Valeur totale importée en 2014: 673,2 millions USD (-2,6 % par rapport à 2013) Très peu d’entreprises sont actives dans l’industrie pharmaceutique en Afrique. L’offre en produits pharmaceutiques en provenance du continent ne représente que 2% de l’offre mondiale. Les quelques entreprises existantes sont des filiales de laboratoires délocalisés sur le continent. C’est le cas de Sanofi Aventis, Pfizer, Cipla. Ces laboratoires se concentrent sur la production de médicaments génériques destinés au marché local et s’activent surtout dans la recherche. Seul l’Afrique du sud dispose d’une industrie pharmaceutique assez développée. L’essentiel de la consommation de produits pharmaceutiques est couvert par les importations en provenance d’Europe ou d’Asie, notamment de l’Inde. Il en ressort un coût d’achat et de vente assez élevé pour les médicaments, même génériques, dans un continent où plus de 50% de la population dispose d’un revenu de moins de 2 USD en parité du pouvoir d’achat par jour. En effet, une boite de 8 comprimés de paracétamol en Afrique peut atteindre 3 EUR contre 2 EUR en moyenne dans les pays occidentaux. Le prix en Afrique reste très élevé si on le compare en PPA. Le Maroc : une particularité africaine Contrairement aux autres pays africains, le Maroc a la particularité d’avoir une production 16 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives pharmaceutique locale très développée qui satisfait 80% environ de la demande interne. Le Maroc a exporté, en 2014, l’équivalent de 105,2 millions USD en produits pharmaceutiques. Le chiffre d’affaires du Maroc en Afrique a atteint 26,5 millions USD la même année, en croissance de 23,5 % par rapport à 2013. Le Sénégal absorbe 6 % du total des exportations marocaines, suivi par la Mauritanie (4,4%) et la Tunisie (4,3%). La France a consommé plus des deux tiers des exportations marocaines. Actuellement, le secteur pharmaceutique marocain exporte en moyenne 7 à 8 % de sa production et fait tourner 33 sites de production. Le secteur, animé autant par des «Big Pharma » que par des sociétés nationales, a produit environ 411 millions d’unités en 2014, dont 311 millions commercialisées à travers le secteur privé (vendues via les pharmacies) et 100 millions à travers les hôpitaux. La production locale permet de couvrir 69,4 % des besoins nationaux, le reste étant importé. Le marché pharmaceutique marocain en valeur, représente 14,7 milliards de Dirhams dont 9,7 milliards dans le secteur privé. Evolution du marché pharmaceutique privé marocain en volume, en valeur et en unités de production (2003-2014) 350 35 250 33 32 10 Produits Pharmaceutiques: Principaux marchés africains 8 27 200 7 2600 6 2400 5 150 4 3 100 2 50 1 0 0 2004 3. L’implantation d’unités de production locales : le développement du générique sur place et à prix abordable en s’installant directement dans les pays ciblés. Toutefois, de nouvelles localisations s’accompagneront d’un effort d’investissement considérable et d’un transfert de compétences. 9 30 2003 2. Devenir un hub régional : une plateforme logistique permettrait de mutualiser les efforts des industriels à desservir le continent. A l’instar de la plateforme africaine de Sanofi qui a élu lieu à Casablanca. Le principal obstacle est le manque d’institutions supranationales de régulation. L’harmonisation de la règlementation des produits pharmaceutiques au niveau régional pourrait combler les vides juridiques relatifs à la régulation nationale des médicaments. 2005 2006 2007 2008 Chiffre d'affaires (en milliards de Dirhams) 2009 2010 2011 2012 Volume (en millions de boites) 2013 2014 Unités de production Opportunités en Afrique pour les entreprises marocaines Le continent nourrit ses ambitions et veut se faire une place sur son propre marché pharmaceutique. Aujourd’hui, les investissements sont insuffisants, les systèmes de prestation de soins sont défaillants et les produits falsifiés envahissent les marchés africains. Pour répondre à ce débouché commercial, trois pistes différentes sont proposées : 1. L’exportation des génériques : surtout ceux destinés au traitement des pathologies les plus répandues en Afrique (ex. le paludisme) tout en respectant les normes de fabrication Valeur des importations en 2013 (en millions USD) 300 internationales. Cette piste n’est exploitable que si les coûts des matières premières permettent d’obtenir un prix de revient inférieur à celui des produits comparables et importés d’autres pays connus par leur prix concurrentiels comme l’Inde par exemple. L’économie d’échelle et l’optimisation des coûts de transport permettront d’avoir des prix abordables. Pour la réussite de ce modèle, une stratégie promotionnelle est également à déployer auprès des pays importateurs. Algérie Population en millions: 39,2 Afrique du Sud 53,2 2200 (Imp: 2,28 milliards USD) (Imp: 2,27 milliards USD) 2000 Egypte 82,1 1800 1600 1400 Nigeria 173,6 1200 1000 800 Tunisie 10,9 600 400 Maroc 33,0 200 0 0 Kenya 44,4 Ethiopie 94,1 5 10 15 Libye 6,2 20 25 Taux de croissance 2009-2013 Une bonne politique d’intégration régionale et des accords de partenariats économiques bien négociés peuvent servir de levier au développement d’une filière industrielle pharmaceutique locale ou régionale, capable de générer d’importantes ressources et de contribuer à l’amélioration des systèmes de santé des pays africains. Cette industrie se substituera 17 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives progressivement aux médicaments génériques. importations des Le textile Une profonde mutation est en train de s’opérer dans le marché africain du textile. L’essor de cette industrie sera porté inéluctablement dans les prochaines années par les pays de l’Afrique de l’Est (Kenya, Tanzanie, Ethiopie). Cette zone est très attractive pour les investissements dans le secteur. De plus en plus d’entreprises étrangères spécialisées dans le domaine s’implantent sur le continent pour bénéficier d’une main d’œuvre moins chère et une meilleure accessibilité des matières premières. En effet, l’Afrique est un très gros producteur de coton, matière utilisée pour confectionner des vêtements, et produire sur place permet d’économiser. Une expérience est en train d’être menée en Ethiopie où une chaîne de production a été mise en place. En fonction des résultats, qui pour le moment sont satisfaisants, d’autres pays pourraient voir des usines de fabrication se construire sur leur territoire. L’expérience chinoise est très significative dans ce sens. La société chinoise, Jiangsu Lianfa Textile Company, s’est engagée à investir près de 500 millions de dollars pour la construction d’une usine de textile au Kenya, couplée avec une plantation de coton de 50 000 hectares. Cette même entreprise envisage également des investissements en Ethiopie et en Tanzanie. L’Afrique : un marché en plein mutation L’Afrique de l’Est, nouvelle terre d’opportunités pour le textile Les importations africaines du secteur textile et habillement ont atteint plus de 13,40 milliards USD en 2014. Le continent s’approvisionne essentiellement de la Chine qui répond à 55 % de sa demande. L’Afrique du Sud est le premier importateur avec plus de 2 milliards USD. Il est suivi de près par le Nigeria qui importe environ 1,7milliard USD. L’Egypte occupe la 3ème place avec des importations avoisinant 1 milliard USD. L’Afrique de l’Est attire les grands industriels du textile. Ce choix est porté principalement par quatre facteurs : Ces pays sont des marchés potentiels et représentent une opportunité pour le développement des exportations marocaines en textile. Bien que ces marchés sont dominés par la Chine, une approche intégrée et adaptée au continent africain permettra aux produits marocains d’être concurrentiels. - Le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie ont paraphé en 2007 un accord intérimaire de partenariat économique (APE) avec l’UE. Ces trois pays, en plus de l’Ethiopie, négocient un APE complet avec la partie européenne. Ce dernier, une fois conclu, permettra aux pays signataires d’exporter leurs produits vers le marché européen avec des conditions - Cette région bénéficie de la loi américaine (AGOA) qui permet l’accès des produits au marché américain sans droit de douane et sans quota. La mise en place de cette loi a donné un coup de pouce à l’industrie textile africaine. 18 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives préférentielles, notamment en matière de règles d’origine. - La hausse des salaires en Chine a incité plusieurs industriels du secteur à délocaliser la production vers les pays de l’Afrique de l’Est. - La région est-africaine dispose d’un potentiel géothermique important. L’existence des puits de vapeur permet la production de l’électricité moins chère même si ce potentiel est sousexploité par ces pays. Ainsi, plusieurs industriels optent pour la production de l’électricité par leurs propres moyens. L’engouement des investisseurs vers cette zone ne laisse bien évidement pas les habilleurs indifférents. Ainsi, le numéro deux mondial H&M a déjà mis en rayon des produits manufacturés en Ethiopie ou au Kenya. Grâce à ce positionnement bas coût, l’Afrique de l’Est s’impose comme une base d'approvisionnement pour les marques et enseignes internationales d’où la nécessité de se focaliser sur des segments où la compétitivité-prix est faible, à l’image de la stratégie turque. - Ces pays ont adopté des mesures incitatives pour attirer les IDE dans le textile. Il s’agit notamment des exonérations fiscales, la mise en place des zones économiques spécialisées et la culture des terrains pour la construction des usines… - L’Afrique de l’Est bénéficie également d’une position géostratégique, en plus d’un climat favorable pour la culture du coton à grande échelle. En Ethiopie, par exemple, les terres fertiles disponibles pour la culture du coton sont estimées à 3 millions d’hectares dont à peine 1 % est exploité actuellement. L’ensemble de ces atouts, en plus de la croissance de la demande mondiale pour le textile, font de l’Afrique de l’Est une destination de choix et s’impose comme le nouvel « Eldorado » du textile mondiale. C’est ce qui explique que les industriels n’hésitent pas à délocaliser leurs productions bas de gamme vers ces pays où les coûts de production sont deux fois moins chers. En outre, ce revirement ne signifie pas une fermeture d’usines dans les pays d’origine. Bien au contraire, la croissance de la demande mondiale permet d’intégrer progressivement le continent dans le commerce mondial des produits textiles. Pour cela, les investisseurs amorcent des projets d’envergure avec une particularité : celle de mettre en place des projets intégrés (culture du coton, filature, tissage, confection...). La stratégie des investisseurs est claire : construire une véritable chaîne d’approvisionnement, où l’importation de la matière première ne sera plus ou peu requise. De plus, ce sont de larges gammes de produits qui y sont manufacturés : tshirts, polos, tissus, draps, textile de maison... Zoom sur le Maroc Le secteur Textile constitue un secteur de première importance pour l'industrie nationale. Il est identifié comme l'un des métiers mondiaux du Maroc. Pourtant, son développement est freiné depuis quelques années. Cette situation s’explique par la conjugaison d’un ensemble de faiblesses conjoncturelles et structurelles entrainant une perte de compétitivité. Il s’agit notamment de la contraction de la demande étrangère, un tissu d’entreprise de petite taille et une indisponibilité locale de la plupart des intrants. Au niveau africain, les parts de marché de l’Afrique subsaharienne dans les exportations marocaines du textile et habillement sont minimes. Des pays comme l’Angola, le Congo, le Cameroun, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont les premiers demandeurs du textile marocain dans cette région. Leurs importations en provenance du Maroc demeurent négligeables. Cependant, certaines branches arrivent quand même à réaliser des performances 19 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives encourageantes sur certains marchés africains. Il s’agit notamment des exportations de la branche des vêtements et accessoires autres qu’en bonneterie sur le marché ivoirien et les autres articles confectionnés sur le marché camerounais. En effet, le secteur marocain du textile a accumulé les lacunes et ne peut assurer une offre globale complète et intégrée. D’une part, cette industrie est majoritairement composée de PME sous-traitantes. Et d’autre part, le secteur textile importe près de 80 % de ses besoins en intrants. Ce secteur souffre également de l’informel qui réduit son développement local. Ainsi, la clé de voûte pour l’industrie à court terme est d’améliorer l’offre en tissu et maille étoffé. A long terme, il est opportun de procéder à des ajustements et adopter une logique de cluster comme prévu par la stratégie industrielle. Cette stratégie dite vision 2025, est inspirée du modèle turc. Cette feuille de route envisage de hisser la part du marché du textile marocain dans les échanges mondiaux de 0,5 % à 1 % à l’horizon de 2025. La taille du secteur devrait tripler avec l’émergence de nouveaux métiers et de nouvelles entités et le développement des marques locales comme Marwa et Diamantine qui arrivent à réaliser des chiffres d’affaires importants à l’international, notamment, dans des pays concurrents comme l’Egypte et la Turquie. Actuellement, l’industrie textile mondiale vit une nouvelle vague de délocalisation de la production et de la sous-traitance. La cartographie actuelle du sourcing européen, par exemple, n’accorde plus la même importance à la zone asiatique en raison de la hausse du coût de la production en Chine et la multiplication des revendications ouvrières dans d’autres pays comme le Cambodge et le Bangladesh. Cette situation offre des opportunités aux pays du pourtour méditerranéen, dont le Maroc, pour consolider leurs positions de fournisseurs des marchés européens. Le BTP et matériaux de construction La croissance économique des pays, conjuguée à une urbanisation rapide et à l’évolution des caractéristiques démographiques, favorisent les opportunités de développement du secteur africain de la construction. À l’horizon 2025, le marché africain de la construction devrait croître annuellement de 5 % pour répondre aux besoins croissants de logements. Boostée par cette dynamique et celle des projets d’infrastructures, la consommation de ciment est très importante et devrait progresser de 6 % par an jusqu’en 2017. La protection règlementaire des marchés régionaux nécessite une approche coopérative des opérateurs marocains reposant sur le savoirfaire des professionnels du secteur implantés en Afrique Une industrie cimentière en plein essor Pour répondre à la hausse de la demande, les principaux cimentiers africains et étrangers multiplient les investissements. Ainsi, de nouvelles cimenteries voient régulièrement le jour sur le continent. Les nombreux acteurs du secteur sont de plus en plus concentrés autour de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est qui constituent les principaux marchés émergents du BTP. En cohérence avec l’engagement des pays de la région d’améliorer l’accès à l’habitat pour les populations et réduire le déficit de logements, l’Afrique de l’Ouest a opéré l’implantation d’une dizaine de nouvelles cimenteries au cours de ces deux dernières années. En 5 ans, la production africaine de ciment s’est nettement améliorée et a vu son niveau plus que doubler. Le nigérian Dangote Cement concentre à lui seul près de 50 % des capacités de production cimentières du continent avec 50 millions de tonnes, dont 30 millions de tonnes uniquement au Nigéria. Mais dans un contexte africain de plus en plus concurrentiel, il faudra compter avec l’arrivée prochaine de nouveaux concurrents turcs et indiens. Les professionnels africains du ciment appellent de plus en plus à adopter des mesures de restrictions d’accès au marché sous la forme de droits de douanes élevés ou de mesures de défense commerciale pour faire face à l’ardente convoitise des opérateurs internationaux. Des débouchés intéressants pour les produits connexes au secteur de la construction La demande mondiale de carreaux de céramique ne cesse de croître. De 2009 à 2014, elle a enregistré une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 2,7 %. L’Asie absorbe près de 67% de l’offre mondiale et la Chine assure presque la moitié de la production mondiale. Les exportations des carreaux de céramique ont atteint près de 21,1 milliards USD en 2014 contre 20,8 milliards USD en 2013, soit une hausse de 1,6%. La Chine se positionne comme étant le premier exportateur de carreaux de céramique 20 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives avec une valeur à l’export de plus de 7,8 milliards USD en 2014. Les exportations africaines des produits de carrelage ont enregistré près de 322,4 millions USD en 2014. Les importations ont atteint 2,4 milliards USD, soit une hausse de 12 % par rapport à l’année 2013. Le continent absorbe 13 % des importations mondiales de carreaux de céramique. Celles-ci ont affiché de 2010 à 2014 une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 7,6 %. A l’instar du marché mondial, le marché africain de carrelage est caractérisé par une demande de plus en plus croissante, en raison du lancement de plusieurs projets dans le secteur de l’immobilier et des infrastructures. De 2009 à 2014, la demande africaine des carreaux de céramique a enregistré une croissance annuelle moyenne de l’ordre de 11%. Le Nigéria est le premier importateur africain avec 373 millions USD dont 77 % provient de la Chine. Par ailleurs, les marchés clients du secteur de la construction, principal consommateur des matières plastiques avec celui de l’emballage, devraient bénéficier d’une tendance favorable suite au lancement de nombreux chantiers de construction de logements, de centres commerciaux et de locaux administratifs. La demande africaine en produits plastiques représente 4% des importations mondiales et devrait croître annuellement de 8 % au cours des cinq prochaines années. La hausse est considérable là encore pour les pays de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique de l’Ouest qui comptent les pays émergents des produits plastiques pour la construction comme l’Angola, le Ghana ou encore le Kenya. En outre, l’évolution de la demande mondiale de peinture est fortement liée au niveau d’activité dans les secteurs du bâtiment, de l’industrie et de l’automobile. Toutefois, le bâtiment est de loin le premier consommateur de peinture au niveau mondial et les produits utilisés dans ce secteur sont essentiellement destinés aux travaux de construction et de rénovation. En 2014, les exportations mondiales des peintures ont atteint plus de 22 milliards USD, en hausse de 3,2% par rapport à 2013. L’Allemagne est à la fois le premier fournisseur et le premier importateur mondial de peinture avec des parts respectives de 17% et de 5,4%. En Afrique, les importations de peinture ont atteint plus de 737 millions USD, en hausse de 7,7% par rapport à 2013. L’Afrique du Sud est le premier importateur du continent avec une part de 13,9% et s’approvisionne principalement en Europe. Le Maroc se situe en deuxième position avec une part de 8,4%. Les exportations africaines de peinture demeurent limitées et se chiffrent à 275 millions USD. L’Egypte assure presque la moitié de ces expéditions suivie de l’Afrique du Sud qui en représente un peu plus du tiers. Un vecteur d’exportation pour l’ensemble de la filière marocaine de la construction Au Maroc, le secteur du BTP connait actuellement une activité en repli du fait des difficultés de l’immobilier et du ralentissement des chantiers publics. Comme le logement absorbe 80% du ciment, les ventes de ce dernier se sont inscrites dans un trend baissier depuis plus de 3 ans. Cette conjoncture pénalise ainsi l’ensemble de la filière de la construction. En revanche, ce secteur est en plein essor dans le continent africain où sont implantés des opérateurs marocains du ciment et de la promotion immobilière. Plusieurs projets de construction de logements et de cimenteries sont ainsi mis en œuvre dans les pays africains où le groupe immobilier Addoha est présent, à travers la société Cimaf. Ces opérateurs représentent ainsi un atout considérable pour le Royaume et un vecteur essentiel pour la promotion des produits connexes à ce secteur à l’export. Plusieurs produits sont d’ailleurs en croissance et affichent un potentiel de marché précieux pour les opérateurs nationaux. Le Maroc se place au 4e rang des importateurs de carreaux de céramique au niveau continental avec une valeur à l’import de 186 millions USD. Il possède une longue tradition artisanale de fabrication des produits en céramique. Très tôt, le pays a développé la production traditionnelle de carreaux de céramique utilisés pour le revêtement des murs et des sols. Toutefois, les exportations 21 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives marocaines restent très limitées en particulier vers le continent africain. Les produits marocains souffrent d’un manque de compétitivité par rapport à d’autres produits notamment chinois, espagnols ou portugais. Le marché sub-saharien, dépourvu d’unités de production de céramiques, est dépendant des importations de ce produit et présenterait un potentiel de 350 millions de m² par an. À cet effet, les exportateurs marocains devraient tirer parti de cette tendance favorable du marché en s’appuyant sur les promoteurs immobiliers engagés en Afrique qui devraient négocier l’importation en franchise de droit de douane des intrants requis pour la réalisation de leurs projets. Les exportations de l’ensemble de la filière pourraient bénéficier de cet accès préférentiel. Le pays a exporté en 2014 deux fois plus de produits plastiques pour la construction qu’en 2013, dont 70% sont destinés à l’Afrique. Ces exportations ne coïncident pas avec les marchés où sont présentes les entreprises marocaines comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire. Dès lors, les exportateurs marocains gagneraient à s’orienter vers les marchés de la CEDEAO de manière à être portés par les promoteurs immobiliers. Par ailleurs, les pays de l’Afrique de l’Est affichent des importations en croissance de plus de 10% par an pour ces produits plastiques. Le Royaume se situe à la 3ème place des exportations africaines de peinture avec une valeur à l’export de 17 millions USD. L’industrie marocaine de peinture compte 5 grands acteurs qui concentrent à eux seuls près de 80% de parts de marché et ne présentent pas, pour la plupart, un positionnement à l’export très marqué. Dans le cadre du développement de sa stratégie commerciale dédiée aux exportations vers le continent africain, l’entreprise Colorado a, quant à elle, adroitement conclu un accord de distribution exclusive de ses produits avec l’opérateur immobilier ivoirien Cerisier Holding pour répondre aux besoins accrus de logements sociaux et industriels. Malgré une croissance constante de la demande africaine de matériaux de construction, les opérateurs marocains se heurtent à une concurrence rude et des règles complexes. Il serait judicieux pour eux de cibler des marchés moins disputés mais potentiellement attractifs comme ceux de l’Afrique de l’Est et Centrale. En outre, la présence de groupes immobiliers marocains performants dans le continent à l’image d’Addoha devrait favoriser l’accélération des exportations marocaines de matériaux de construction. Il conviendrait d’établir en ce sens une coopération étroite entre les différents opérateurs du secteur BTP et constituer des consortium d’exportation pour tenter progressivement de rivaliser avec les géants européens du secteur comme LafargeHolcim ou Heidelberg-Italcementi, récemment fusionnés et déterminés à renforcer leur présence en Afrique. Le développement d’un pôle de compétitivité spécialisé dans les matériaux de construction permettrait également d’intégrer et professionnaliser cette filière et de soutenir l’offre marocaine de construction sur le marché africain. 22 Focus L’économie africaine : Bilan et perspectives Conclusion L ’Afrique a enregistré une croissance économique forte et continue au cours de la dernière décennie. Tous les indicateurs macro et micro économiques en témoignent. C’est un marché très prometteur au vu de la vitesse de croissance démographique et du reste des chantiers à aboutir pour combler les besoins, notamment en terme d’infrastructure, d’accès à l’eau potable…. Son rôle est en passe de devenir plus important dans le commerce international non seulement parce que les ressources naturelles dont regorge le sol sont abondantes. Mais aussi, parce que le continent s’impose comme un relais de croissance de plus en plus incontournable. L’Afrique a atteint un tournant dans son développement et attire, par conséquent la convoitise des investisseurs mondiaux qui voient leurs marchés traditionnels stagner. Néanmoins, certains facteurs exogènes et endogènes pourraient compromettre les progrès de l’Afrique. Un ralentissement de l’activité économique mondiale issu notamment de la récente crise chinoise et le maintien à la baisse des cours des matières premières auraient des répercussions considérables sur les performances africaines. De plus, les troubles politiques, civils et sociaux représentent toujours une menace pour l’activité économique dans nombre de pays africains. Malgré ces risques, le continent présente d’énormes opportunités de partenariat, comme le révèlent les analyses des secteurs agroalimentaires, textiles, pharmaceutiques ou encore des matériaux de construction. La région ouest africaine apparait comme la destination privilégiée des exportations marocaines où les opérateurs marocains gagnent de plus en plus de part de marché. Cependant, les pays de l’Afrique de l’Est connaissent une croissance considérable et plusieurs secteurs clés sont en pleine évolution d’où la nécessité de s’orienter vers cette zone porteuse d’opportunité. L’approche la plus pertinente semble être celle d’un partenariat équitable orientée vers un développement régional intégré et durable. Les opérateurs marocains gagneraient à privilégier une approche axée sur la délocalisation tout en adoptant des stratégies similaires à celle des chinois et des turques afin de profiter des coûts et de l’accessibilité des matières premières. Aussi, cette approche devrait-elle être accompagnée par une démarche diplomatique en vue de participer à la construction de la zone de libre-échange continentale au risque d’être isolé du reste du continent. 23 Espagne : la sécheresse fait craindre une pénurie d'huile d'olive Ecodafrik- 10/08/2015 L’Espagne, premier producteur mondial d’huile d’olive, est contrainte par la forte sécheresse qui frappe le sud du pays à recourir aux importations. Ces importations proviennent principalement de la Tunisie. Elles sont réexportées ensuite hors Union européenne, vers des pays émergents, afin de permettre à la péninsule ibérique de préserver ses parts de marché. Commodafrica - 18/08/2015 La société Conserveria Africana Ghana Limited (CAL) a annoncé son intention d’investir environ 2 millions USD dans le développement de sa production de concentré de tomates. L’objectif de ce projet est de produire 25 mille tonnes de concentré de tomates et satisfaire 25 à 29% de la demande locale qui se situe entre 70 mille tonnes et 100 mille tonnes annuellement. L’Algérie ressuscite sa tomate Agence ecofin - 03/08/2015 L’Égypte : le gouvernement assouplit l’interdiction de l’importation du coton Commentmieuxdormir - 05/08/2015 Après avoir interdit l’importation du coton suite à la chute des exportations locales, le gouvernement égyptien a assoupli le bannissement de l’importation de cette matière pour promouvoir les exportations du secteur textile et habillement. Ce dernier se base à hauteur de 90% sur le coton importé et réalise un chiffre d’affaires à l’export de 2 milliards USD par an. Sénégal : levée de l’interdiction des importations de sucre et de pommes de terre commodafrica– 13/08/2015 La production algérienne de tomates semble profiter de l’accompagnement gouvernemental dont elle a bénéficié et commence à afficher des performances positives. Selon le ministre algérien de l’Agriculture, cette production pourra atteindre 1,2 million de tonnes de tomates fraîches et environ 90 000 tonnes de double concentré. L’Afrique du sud investit dans le secteur du Halal Leaders - 29/07/2015 La province du Cap-Ouest en Afrique du Sud projette la création d’un parc agro-industriel destiné aux produits halal. Ce dernier sera opérationnel au bout de deux prochaines années et ciblera les marchés de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Le gouvernement Sénégalais a décidé de rompre le gel des importations de sucre et de pommes de terre afin d’accroître les recettes douanières. Par contre, les mesures d’interdiction des importations sont maintenues pour l’oignon et l’huile d’olive à des fins de protection de la production locale. Le prix du caoutchouc ivoirien a encore baissé Le Ghana se lance dans la production de concentré de tomates Après une diminution sans précédent suivie d’une phase de reprise, le prix à la vente du Connection ivoirienne - 06/06/2015 24 kilo de caoutchouc naturel connait, de nouveau, une baisse de 7% sur le marché ivoirien. Il subit de plein fouet les effets cumulés de la chute des cours du pétrole qui a réactivé la concurrence du caoutchouc synthétique et de la faiblesse des cours mondiaux. Algérie : contrôle renforcé importations d’arachides des Commodafrica – 13/08/2015 La société Ciment de la méditerranée S.A. (CMG) réalisera un projet Greenfield pour une unité intégrée de capacité de 1 million de tonne de Clinker par an avec un investissement prévu de 220 million USD. La construction démarrera le premier janvier 2016 et l’usine entrera en exploitation en juin 2018. L’Ouganda lance un projet de construction automobile Les autorités algériennes ont mis en place un dispositif de blocage des importations d’arachides indiennes contaminées par une substance toxique appelée aflatoxine. Sénégal : Transformation d’une plante envahissante en une filière porteuse Commodafrica - 11/08/2015 Scidev- 11/08/2015 A partir de 2018, l'Ouganda fabriquera 7000 voitures hybrides par an par le constructeur Kiira Motors Corporation (KMC), dans le cadre de son projet d’industrie automobile. Une nouvelle usine de Ford au Nigeria Agence Ecofin - 12/08/2015 Le typha, une plante considérée comme envahissante, est devenu une alternative pour la promotion, au Sénégal, d’une filière de matériaux d’isolation thermique efficace pour la construction de bâtiments bioclimatiques. Dangote inaugure sa nouvelle cimenterie zambienne Jeuneafrique - 06/08/2015 Le groupe nigérian Dangote a inauguré une nouvelle cimenterie à Ndola près de la capitale zambienne Lusaka. Cette unité est dotée d’une capacité de production annuelle de 1,5 million de tonnes de ciment et a nécessité un investissement de 450 millions USD. Le cimentier CMG envisage de lancer son premier projet en Tunisie Leaders - 29/07/2015 Le constructeur automobile américain Ford Motor Company ouvrira une usine d'assemblage de son modèle de pick-up Ford Ranger au Nigeria. L’usine devrait avoir une capacité de 5000 unités par an. L’imposition par le Nigéria d’une nouvelle taxe de 35 % sur les véhicules neufs importés a poussé les constructeurs automobiles à s’installer dans le pays. Par ailleurs, d’autres constructeurs comme Volkswagen, Kia Motors, ou encore Honda ont annoncé leur intention d’assembler des véhicules au Nigéria. Bolloré construira une ligne ferroviaire Liant Niamey à Cotonou Agenceecofin - 17/08/2015 L’opérateur français Bolloré a signé une convention avec les gouvernements nigérien et béninois pour la construction et l’exploitation du chemin de fer Niamey25 Cotonou. Cette ligne, dont le coût de réalisation est estimé à 1 milliard d’euros, atteindra 1050 Km. Elle constitue, par ailleurs, un important tronçon de la boucle ferroviaire ouest-africaine qui, à terme, devrait relier Abidjan et Ouagadougou. Installation du géant japonais Mitsui en Côte d’Ivoire Ecodafrik - 08/08/2015 Ici Lomé - 08/08/2015 La Zambie et la République démocratique du Congo (RDC) voisine ont signé un accord commercial bilatéral qui permettra à chacun des deux pays d'importer les produits de l'autre sans droits de douane. L'accord commercial ne sera opérationnel qu’une fois la liste des produits concernés sera arrêtée. La BID a approuvé un financement de 65 millions USD pour trois pays africains News abidjan - 05/08/2015 Le conglomérat japonais Mitsui & Co a annoncé qu’il allait ouvrir un bureau de représentation en Côte d’Ivoire en vue d’y investir entre 3 et 10 milliards USD, notamment dans le domaine des infrastructures, de l’énergie, de l’agriculture et des transports. Un nouveau hub industriel en Angola Construction review online - 08/08/2015 Un hub industriel baptisé « Le Lubango industrial Hub » contenant une brasserie, une usine de produits laitiers, et un abattoir sera réalisé en Angola. Le projet, estimé à 350 millions USD, sera construit par le groupe d'investissement angolais Silverstre Tulumba Investment (STI). Il devra être achevé d'ici quatre ans. Zone de libre-échange tripartite : le Swaziland est résolu à soutenir le processus d’adoption La Banque Islamique de développement (BID) a octroyé 65 millions USD pour le financement de trois projets de développement en Afrique. Le premier financement de 21,2 millions USD est destiné au projet pour le développement de l'élevage au Mali. Le deuxième d’un montant de 30,1 millions USD vise l'alimentation en eau et d'assainissement en milieu rural au Cameroun. Enfin le troisième concerne la création d'une école de formation professionnelle en agriculture, élevage et pèche en Côte d’Ivoire avec une enveloppe de 13,7 millions USD. Nigéria : L’industrie pharmaceutique exige un droit de douane de 20 % sur les produits importés Business Day online - 06/08/2015 Bilaterals– 14/08/2015 Le Swaziland s’est engagé à éliminer tous les freins à une ratification rapide de l’accord consacrant la zone de libre-échange tripartite (ZLET). La libre circulation des personnes va faciliter et stimuler le développement des échanges commerciaux et créer des opportunités d’investissement et d’emploi. La Zambie et la RDC signent un accord commercial préférentiel Le secteur de la santé au Nigeria est actuellement menacé par un désaccord au sein de l'industrie pharmaceutique sur l'imposition éventuelle d'un tarif de 20 % sur les médicaments importés. Le conflit découle du tarif extérieur commun (TEC) en vigueur qui fait bénéficier les médicaments importés d’un droit de douane nul alors qu’il impose des droits entre 5 et 20 pour cent sur les matières premières et d'emballage importés par l’industrie pharmaceutique. 26 Les États-Unis font bénéficier aux pays en développement le système généralisé de préférence. Web manager center - 30/07/2015 Le département du Commerce des États-Unis a décidé la reconduction de l'application du régime du système américain généralisé des préférences (GSP) à partir du 29 juillet 2015 jusqu'au 31 décembre 2017. Grâce à ce système, les Etats-Unis d'Amérique accordent aux pays en développement, des exonérations douanières pour une liste de 1 400 produits importés, notamment les produits agricoles, industriels, et de l’artisanat. 27 Vos idées et commentaires seront les bienvenus. N’hésitez pas à nous contacter : [email protected]