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Livre VI: le politique
Livre VII: de l'anthropologie à l'histoire
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*
* *
Introduction : NIETZSCHE précurseur ?
"Peut-être faudrait-il voir le premier effort de ce déracinement de l'Anthropologie, auquel sans doute est vouée la pensée contemporaine, dans
l'expérience de NIETZSCHE : à travers une critique philologique, à travers une certaine forme de biologisme, NIETZSCHE a retrouvé le point
l'homme et Dieu s'appartiennent l'un l'autre, la mort du second est synonyme de la disparition du premier, et la promesse du surhomme signifie
d'abord et avant tout l'imminence de la mort de l'homme.
"A la fin du XIXème siècle, NIETZSCHE a fait une dernière fois scintiller la finitude de l'homme en l'incendiant . Il a repris la fin des temps pour en
faire la mort de Dieu et l'errance du dernier homme ; il a repris la finitude anthropologique, mais pour faire jaillir le bond prodigieux du surhomme »
Michel FOUCAULT
Comment se posait le problème du rapport de l'homme au monde dans les dernières décennies du XIXème siècle ?
Telle est la question à laquelle il faut d’abord répondre, si lon veut comprendre la démarche de Nietzsche.
I. Le problème de Nietzsche : contradiction logique et contradiction vécue.
L'essentiel de la réponse de NIETZSCHE au problème fondamental de la philosophie, qui inaugure une voie nouvelle pour la réflexion "idéaliste", c'est
de montrer qu'il s'agit d'un faux-problème :
Toute l'histoire de la philosophie est une longue errance dont il faut rechercher l'origine : Délivrer l'homme de ce faux problème, c'est en même temps le
libérer. Il ne s'agit plus seulement d'une "critique de la raison" mais d'une contestation vitale: Le cheminement philosophique est en même temps le
déroulement d'un drame "individuel".
Au terme de l’évolution capitaliste au XIXème siècle, l'individu, -non seulement le philosophe mais aussi l'écrivain et l'artiste- fait l'épreuve de l'aliénation :
cette nature dont la science lui promettait la conquête, cette histoire qui s'annonçait comme un progrès, ce christ qui apportait la bonne nouvelle de
nouveaux rapports humains ; mais aussi la prophétie révolutionnaire... -tout ce qui faisait apparaître l'homme comme "réalité" ou comme valeur-, tout cela
se révèle être une illusion, un immense mensonge ; de sorte que l'homme, au terme d'une longue décadence, se nie lui-même : Pour NIETZSCHE, le
nihilisme est le dernier mot de la civilisation européenne.
Contestation chaotique, dont on retrouve tous les mouvements dans le drame d'une Saison en Enfer.
Mais, au milieu de cette débâcle, du fond de cet effondrement, de l'abîme même de cette négation radicale, naît la fulguration, l'éclair d'une Affirmation :
Cette affirmation n'a pas de nom ; c'est une force, une puissance ou une volonté, qui n'a d'autre sens que son surgissement.
Qu'y a-t-il derrière cette découverte de NIETZSCHE ?
- Une épreuve, vécue dramatiquement, par ceux qui sont virés au compte de perte et profits d'une exploitation qui ne peut plus se dissimuler sous le visage
humain d'une culture, et sous les apparences d'un progrès de la civilisation.
Pour ces "individualités", -poètes, artistes- qui sont en même temps coupés de toute pratique sociale, -productive ou politique-, l'aliénation ne peut avoir
aucun sens "économique" : elle n'est pas vécue comme accaparement des produits ou comme aliénation de l'activité (car leur production, leur activité est
précisément création), elle est vécue comme cette explosion "interne" de l'individualité où "je est un autre".
La contradiction économique, dont l'antagonisme constitue la réali concrète, historique de l'aliénation, apparaît comme une explosion qui trouve son
origine dans une sorte de "déchirure" de l'être.
Le rôle de la philosophie, c'est de penser cet antagonisme, vécu comme "éclatement" de l'être, "intérieur" à l'individu lui-même, à partir du dualisme qui
oppose la conscience à la réali. Or cet antagonisme interne, cette lutte intestine, privés de tout lien avec sa base réelle, avec l'antagonisme -historique- des
luttes sociales, ne peut être "rationnellement" compris : il est à proprement parler "impensable".
Michel FOUCAULT dira :
"Toute la pensée moderne est traversée par la loi de penser l'impensé ".
NIETZSCHE confronté à cette expérience "impensable" a procla(mais avec quelle douleur et quel espoir mêlés) : " L'art, rien que l'art peut nous
sauver de la vérité".
C'était reconnaître que la pensée -spéculative- était d'une certaine façon impuissante à exprimer dans les termes de la logique cette expérience
authentiquement vécue par l'Art.
Puis, NIETZSCHE accepta à la fois de tenter une -ou des- traductions conceptuelles de cette expérience et de vivre, jusqu'à la folie, l'impossibilité de la
"dire", prenant le visage ou le masque d'un nouveau philosophe, qui mourrait de la découverte de la vérité.
" Périr par la connaissance absolue pourrait faire partie du fondement de l'être ".
Sil'exigence qui définit la philosophie comme démarche distincte de tout autre, comme idéologie distincte de la religion, de la science, de la politique etc .
c'est bien de répondre à la question : Quels sont les rapports de la conscience et de la réalité ? », la nouveaude la démarche "philosophique" de
NIETZSCHE n’est point d'élaborer de nouveaux concepts mais c'est, pour dépasser le problème, de montrer que ces concepts n'ont aucun sens, ne
conduisent à aucune compréhension des réalités concrètes qu'ils prétendent exprimer :
Montrer que chacun des concepts comprend une contradiction logique de sorte que la réalité qu'ils prétendent saisir est ailleurs, en dehors du logos, de la
logique et de la raison.
II. La démarche spéculative de Nietzsche : "Brûler les promesses de la dialectique et de l'anthropologie".
1. Première étape : Mise en cause du problème philosophique.
Cette première étape consiste à mettre en cause les termes même du problème philosophique.
Qu'il s'agisse de l'idéalisme rationnel de Platon ou de la pensée classique, le problème des rapports de l'homme au monde est celui des rapports de la
pensée à l'être :
-Le problème philosophique chez Platon est celui du dualisme des essences et des réalités sensibles, et, c'est l'idée parnidienne de l'Etre comme totalité
intelligible qui garantit la réalité objective des essences et l'accès de l'homme à la vérité : Socrate, "type de l'homme théorique" est l'ancêtre de toute notre
pensée moderne qui "voit dans la connaissance le but digne de tout homme" et mesure l'Etre à son intelligibilité.
-Le problème de la pensée classique avec Descartes est bien le dualisme qui oppose deux réalités "essentiellement" distinctes : la pensée (rationnelle) et la
nature (étendue). C'est Dieu qui vient garantir qu'à la réalité objective de nos idées correspond une réalité formelle, c'est Dieu qui fonde la vérité comme
adéquation de la pensée et de la nature parce qu'il réalise en soi et pour soi l'équation de la pensée et de l'Etre.
La première exigence c'est donc la mort de Dieu par lequel l'Etre se trouve confondu avec la pensée, avec l'esprit. Dès le moment où l'on a tué Dieu, on ne
peut plus identifier l'homme avec la pensée, on ne peut plus poser le problème du rapport de l'homme au monde dans les termes du problème de la
connaissance.
Telle est la 1ère conclusion : Le rapport de l'homme au monde n'est pas un rapport de connaissance mais un rapport d'être.
2. Deuxième étape : "Brûler les promesses de l'anthropologie".
Mais, quand on a tué Dieu, on n'échappe pas pour autant au dualisme. La conscience ou "le conscient", réalité morale ou réali psychique, reste le
"noyau" de l'être humain : son essence.
NIETZSCHE procède alors au second meurtre :
Sur la base de l'évolutionnisme, il faut révéler à l'homme sa proximité, sa parenté avec le règne animal : " la conscience est la dernière phase de
l'évolution du système organique ". Il faut que l'homme prenne au sérieux son animalité.
Mais la philosophie et la morale ont la vie dure :
Spengler, Strauss et d'autres interprètent l'évolution comme un progrès, un développement continu qui en l'homme réaliserait sa fin.
La démarche de NIETZSCHE révèle toute sa portée: Conservant de l'évolutionnisme la seule idée de l'origine animale de l'homme, il lui faut s'attaquer au
concept même d'évolution, qui semble obéir à une finalité, en lui substituant l'idée du devenir comme expression, explosion incontrôlée, intempestive de
l'être.
Du même coup, ce n'est pas seulement la conscience qui est contestée comme essence de l'homme mais bien l'homme lui-même, l'homme "actuel" dont on
voudrait faire le résultat ou la fin d'une histoire, d'un développement progressif : l'homme actuel n'est ni le but ni même une étape qui serait liée à
l'horizon d'une civilisation. C'est un "accident" du devenir.
La découverte de l'évolution par NIETZSCHE, loin d'être la prise de conscience d'une histoire, d'une réalité qui aurait sa chronologie objective, est la
contestation de toute histoire.
Il s'agit d'une démarche "ontologique" grâce à laquelle "l'individu humain" retrouve son origine dans l'être, non seulement dans le règne animal (dont il
serait la suite ou l'accomplissement) mais dans le statut organique et inorganique de l'être.
Découvrir son animali c'est pour l'homme faire retour à son origine, "répéter" la liberté dans la pureté de ses origines, telle qu'elle se manifeste
dans le devenir.
En même temps se dessine la véri fondamentale : la possibili de devenir un autre homme à travers une liberté, qui n’est que la manifestation du
devenir.
3. Troisième étape : "Brûler les promesses de la dialectique".
Plus décisive encore que la critique de la conscience par la découverte de l'animalité, est la critique de "l'être conscient, de l'être psychique".
La psychologie classique est le règne de l'illusion par laquelle l'homme s'objective lui-même en se transformant en "substrat psychique" : Sorte de théâtre
où s'ordonne, se coordonne un univers de valeurs, d'idées, de volontés, de sentiments.
Il faut donc faire la psychologie de la psychologie :
Ce que l’on appelle "conscient" appart alors comme une broderie sur le fond de l'inconscient ou comme le commentaire d'un texte qui nous reste
inconnu. L'âme, l'être conscient ne sont que le rêve d'une conscience.
Mais la critique de la psychologie, selon NIETZSCHE, mène plus loin encore :
En faisant de la pensée la propriété de la conscience, la psychologie affirme que le sens est explicité dans et par le langage, que la vérité est donnée dans le
discours rationnel : Le mot est le signe de la chose et l'enchaînement des mots dans le discours exprime l'enchaînement des choses.
L'idée que le signe renvoie à la chose, que l'enchaînement des signes explicite le monde, est l'acte de naissance de ce qu'on appelle la Raison. C'est alors
que la vérité se présente avec un caractère systématique comme la connaissance des raisons ( de l’univers comme de nos actes).
Le rationalisme sous-entend que notre rapport au monde est entièrement pensable, conscient, exprimable.
Or l'étude philologique révèle que les mots eux-mêmes, dont on veut faire le véhicule d'une pensée tout entière explicite, recèlent des liens avec les
choses et dévoilent des articulations avec le monde qui ne peuvent "être pensées" ... Au début, aux origines, le langage était ouverture sur l'être ; il est
devenu signe de la chose. On est passé du "cela est" au "cela signifie".
Il y a des mots qu'on ne peut penser en transparence parce qu'ils s'articulent sur un monde qui n'est pas intelligible, qui est "impensé". Ces mots, en
quelque sorte "originaires", expriment non un sens mais un rapport d'être : cette zone "obscure", "nocturne" où la pensée prend naissance.
La pensée découvre son origine ou plutôt elle découvre qu'elle ne peut pas connaître son origine : C'est Oedipe qui découvre la vérité de l'énigme mais
paie sa découverte par le viol des lois divines et naturelles en commettant l'inceste et le parricide
Au travers des racines du langage, grâce à la philologie, ce qui pour NIETZSCHE se révèle, c'est l'énigme de la parenté originelle de la pensée et de
l'être, qu'on ne peut espérer apercevoir qu'en un éclair, à l'instant du meurtre de Dieu et de la mort de l'homme.
La philosophie (-au lieu de garantir la véracité du discours rationnel par l'idée de Dieu où le Sens et l'Etre ne font qu'un-) doit donc s'accomplir comme
retour aux origines du langage.
La philosophie est sacrilège : Ce qu'elle accomplit dans un même mouvement c'est le meurtre de Dieu et la fin de l'homme. Qu'est-ce que Dieu en effet
sinon l'assurance de penser l'Etre comme une totalité intelligible ? - Et qu'est-ce que l'homme sinon l'illusion de la valeur que l'homme s'attribue à lui-même
pour se voiler l'énigme de son appartenance, de sa parenté originelle avec l'Etre ?
L'homme à ce moment est celui qui accomplit le meurtre de Dieu et en même temps "celui qui veut périr".
Alors tout est renversé.
La connaissance, loin d'être connaissance de l'être, est oblitération de l'Etre, dissimulation de notre rapport originaire à l'Etre : Le progrès de la
connaissance, loin d'être approfondissement, accroît notre distance à l'être.
La vérité, qu'il s'agisse d'un fait ou d'une action, dans la mesure elle se donne comme l'essence du phénomène ou comme la raison de l'acte est une
non-vérité ou un non-sens. Car,l'Etre, avant qu'il ne se confonde avec les significations des choses ou les raisons de l’acte, ouvre l'horizon de tous les sens
possibles et le champ illimité de la liber.
Pour la philosophie classique, qui fondait la vérité sur l'intelligibilité de l'Etre, sur l'équation en Dieu de la Pensée et de l'Etre, garantissant l'évidence ou
l'adéquation pour l'homme de l'idée et de la chose, le problème était : -Comment l'erreur est-elle possible ? Après le renversement, le retour à cette
ouverture originaire du rapport à l'Etre, l'on est à la racine, au fondement de la possibili du sens. Tous les sens sont possibles.
Et NIETZSCHE écrit :
" L'erreur est la condition de la vérité et cela dans son fondement le plus profond ".
Le renversement "spéculatif" auquel nous venons d'assister constitue bien la tentative de destruction des concepts qui définissent les termes du
problème de la philosophie : celui des rapports de la pensée à l'être.
Au terme de cette démarche, nous sommes en présence d'une triple révélation :
1. Le concept de monde ou de nature n'est que l'illusion parménidienne, reprise, développée par toute la philosophie et consacrée par la religion : celle
d'un Etre totalement intelligible, défini par la coïncidence de la pensée et de l'être, c'est-à-dire Dieu.
2 . Le concept de l'homme (pensée, raison ou sujet) n'est que l'illusion par laquelle l'homme, niant son propre vouloir au travers duquel s'affirme la
puissance de l'être, a transféré la valeur à sa personne qui n'est que le phantasme né de la négation en lui de sa force de vivre.
3. Le rapport de la pensée à l'être n'est que l'illusion de la raison par laquelle l'on oublie la vérité originaire, le fait que " nous ne pouvons pas penser ce
qui est "
En conduisant la démarche spéculative jusqu'à son terme, la pensée, se retournant jusqu'à son point d'origine, jusqu'à son fondement ou sa fondation,
découvre qu'elle ne peut penser l'origine.
La vérité est connaissance absolue mais toute connaissance est réfutation de la connaissance. La vérité est affirmation de la volonté mais toute volonté est
négation du vouloir.
On pourrait dire que la parenté de la pensée et de l'être se fait jour dans la proximité ensoleile des apparences comme NIETZSCHE disait que les grecs
sont superficiels par profondeur ; alors, le dépassement de la vérité trouverait son sens dans la familiarité de l'apparence et la fidélité à la Terre. Mais la
familiarité de l'apparence est liée à la solitude de l'être, à l'absence de tout ancrage dans l'être. Cette découverte est donc le plus profond des exils.
« Il n'y a aucune façon de Penser l'impensable » ;
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