ATELIER THÉÂTRE ACTUEL Label Théâtre & Cie présente un spectacle du théâtre du Poche-Montparnasse Madame Bovary Un texte de Gustave Flaubert Adaptation Paul Emond Mise en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps Avec Sandrine Molaro - David Talbot Gilles-Vincent Kapps - Félix Kysyl ou Paul Granier Scénographie Barbara de Limburg - Lumières François Thouret Costumes Sabine Schlemmer Musique originale Gilles-Vincent Kapps Collaboration artistique Grétel Delattre À PROPOS DU SPECTACLE Sur scène, quatre chaises, à portée de main quelques instruments. Ce pourrait être la place d’un village, un coin de campagne, ou la dernière table d’un banquet de noces sous les arbres au fond du verger. Une comédienne, trois comédiens, tour à tour personnages ou narrateurs, s’adressent à nous pour conter, chanter, incarner la grande épopée d’Emma Bovary. Avec leurs corps, leurs voix, leurs gestes d’aujourd’hui, ils s’emparent de ce récit inexorable comme une tragédie, flamboyant comme un drame, mordant comme une comédie. BOVARYSME, nom masculin : capacité de l’homme à se concevoir autre qu’il n’est. Le seul moyen de supporter l’existence, c’est de s’étourdir dans la littérature comme dans une orgie perpétuelle. Gustave Flaubert, 1858 L'ADAPTATION Une écriture spécifique Qu’auriez-vous fait à ma place ? Vous êtes amoureux d’Emma Bovary depuis qu’adolescent, vous avez lu ce roman pour la première fois ; vous écrivez des pièces de théâtre ; vous prenez plaisir, de surcroît, à faire régulièrement des adaptations ; et voilà que des amis acteurs viennent vous demander une adaptation du grand livre de Flaubert. Vous hésitez ? Oh non ! Vous répondez oui ! Aussitôt ! Vous vous jetez à l’eau ! Bien sûr vous savez tous les risques, bien sûr vous n’ignorez rien du « casse-gueule » de l’entreprise. Mais quelle importance ? L’envie est trop for te, le désir de vous y colleter vous taraude déjà, l’appel téléphonique à peine terminé, déjà vous reprenez le roman, cherchez par où y entrer, comment procéder… Quatre acteurs ? Vous vous repassez le roman en accéléré sur votre écran intime : tous ces personnages… Quatre acteurs et tous ces personnages ? Oui, excellent ! Car cela veut dire qu’il vous faudra trouver une écriture permettant à tous ces personnages de défiler dans le jeu de ce seul quatuor. Pas question d’imaginer du roman la moindre reproduction scénique de type « plan-plan ». À vous d’inventer une dynamique théâtrale spécifique. D ’arrimer l’incomparable écriture flaubertienne à un rythme qui appartienne à ce seul spectacle. Superbe défi ! Sur tout quand il s’agit en même temps de faire entendre en quoi cette histoire est toujours actuelle. En quoi la rage de vivre d’Emma est celle de tant de femmes d’aujourd’hui. En quoi le carcan dans lequel elle se débat est toujours là pour l’essentiel… Quatre acteurs ? Bien ! Très bien ! Très très bien ! Plus la contrainte est forte, plus vous voilà poussé à l’invention. Auriez-vous sans cela imaginé de faire alterner dialogues et monologues ? De multiplier les adresses au public ? De chercher une succession de scènes qui permette aux acteurs de superposer les personnages ? D’écrire des chansons qui relient au monde d’aujourd’hui le contexte de Madame Bovary ? De trouver encore d’autres façons de faire dont sur tout vous ne direz rien ici ? Tout en ne cessant de vous répéter : quoi qu’impose ce passage de l’ampleur romanesque au temps si restreint de la représentation théâtrale, le plus important sera de faire entendre la langue incomparable d’un des plus grands écrivains de tous les temps… Dès l’adolescence (comme tant d’autres ! rien de plus banal, en somme !) vous étiez déjà, cher adaptateur, amoureux d’Emma Bovary ? Gageons qu’à l’âge bien mûr qui est aujourd’hui le vôtre, et grâce à ce beau travail d’adaptation que l’on vous a proposé, vous l’êtes davantage encore… Paul Emond, auteur et adaptateur LA MISE EN SCÈNE Une révolte romanesque Madame Bovary est l’histoire d’une révolte romanesque contre l’ordre établi. Le combat instinctif, isolé, tragique, d’une femme qui refuse de se résigner à sa condition et cherche, quel qu’en soit le prix, à faire l’expérience sensuelle et exaltante d’une vie où figurent l’aventure, le plaisir, le risque, la passion et les gestes théâtraux. Si nous nous emparons de ce « monstre littéraire » qui a nourri tant de fantasmes et de clichés, c’est pour le porter à la scène en un spectacle contemporain, actuel. Pour rendre hommage à cette force de vie, cette capacité d’insurrection qui sont les semences de toute évolution humaine et sociale. Pour donner chair à la sensibilité, l’ironie et la force poétique de l’écriture de Flaubert, qui nous parle de nous, hommes et femmes d’aujourd’hui. Cette œuvre offensive, corrosive, questionne notre propre capacité à l’audace, à l’intégrité. C’est un miroir tendu à nos propres compromissions : à quel prix trouvons-nous l’équilibre entre l’absolu anarchique de nos idéaux et la soumission à la norme sociale ? Avec Emma Bovary, nous interrogerons nos histoires intimes qui parfois se répètent, butent, se frottent aux mêmes impasses. Avec elle nous voguerons entre rêve et désillusion, entre fantasme et réalité, entre beauté et laideur, entre trivialité et héroïsme. Avec truculence et fantaisie, nous ferons le croquis des personnages qui l’entourent, la jugent, l’isolent, toute cette petite société bienpensante, si tristement grotesque, qui se débat avec son époque. Sur le plateau, lieu de résistance où l’on peut pour une heure « s’imaginer autre que ce que l’on est », avec nos instruments de musique, notre imaginaire, nous fabriquerons des paysages avec peu, et envelopperons notre héroïne de ce vent de fraternité propre aux aventures de théâtre, pour faire apparaître un cabaret mélancolique et envoûtant où se produira l’illustre créature de Flaubert… Un univers musical Le récit de l’épopée d’Emma Bovary sera soutenu par la musique jouée en direct par les comédiens qui, comme des bateleurs, seront également chanteurs et musiciens. L’adaptation de Paul Emond intègre en effet plusieurs chansons, parties intégrantes du récit. Les instruments seront toujours à portée de main, comme autant d’accessoires : guitare, piano d’enfant, violon, accordéon, harmonica… La pièce s’ouvre sur la noce campagnarde de Charles et d’Emma, sur une chanson que l’on reprend en chœur comme un air populaire. Elle se conclut quand, à leur mort, leur fille Berthe est envoyée dans une filature de coton, à l’aube de la révolution industrielle. La musique, dans le choix des styles et des sons, suivra cette évolution, de la ruralité à la vie urbaine, du soc de la charrue aux machines industrielles, tout en gardant toujours des accents de « road-movie », de grands espaces, comme un appel au voyage, en écho à notre Emma qui rêve incessamment d’évasion, de grands voyages dans des pays lointains… Par un travail cinématographique et précis sur l’univers sonore, nous ferons surgir des images fortes chez le spectateur, en sollicitant son imaginaire, en le projetant, avec une économie de moyens scéniques, dans le réel des situations : un bal, une fête agricole, une chevauchée en pleine forêt dans la chaleur de l’été, autant d’expériences sensorielles qui seront soutenues à la fois par la musique et les ambiances sonores. BIOGRAPHIES Paul Emond - adaptation Paul Emond vit à Bruxelles, quand il n’est pas aux abonnés absents. Il est l’auteur de plusieurs romans (dont La Danse du fumiste, La Visite du plénipotentiaire culturel à la basilique des collines). Il a écrit aussi une vingtaine de pièces de théâtre publiées essentiellement chez Lansman (parmi lesquelles Inaccessibles Amours, Malaga, Histoire de l’homme (tome 1), Il y a des anges qui dansent sur le lac) et autant d’adaptations théâtrales. Cette activité l’a conduit à des compagnonnages artistiques avec des metteurs en scène et des acteurs d’esthétiques parfois très différentes, une diversité d’expériences qu’il a toujours recherchée et dont il s’est toujours réjoui. Sandrine Molaro - metteur en scène et comédienne Formée au cours Périmony, elle y reçoit le prix Louis-Jouvet. Elle complètera sa formation auprès d’Élisabeth Chailloux au Théâtre des Quartiers d’Ivry, de Philippe Adrien au Théâtre de la Tempête et de Philippe Calvario à Théâtre Ouvert. On l’a vue jouer récemment dans Train Train è pericoloso sporgersi de David Talbot, dont elle cosigne la mise en scène, au festival d’Avignon 2015 (Théâtre des Béliers), Mécanique instable de Yann Reuzeau à la Manufacture des Abbesses et dans La Rose tatouée de Tennessee Williams, mise en scène par Benoît Lavigne au Théâtre de l’Atelier. Elle travaille régulièrement sous la direction de Marion Bierry (La Veuve de Corneille, La Ronde d’Arthur Schnitzler, Si j’étais femme/Cabaret poétique, Robert le diable/Cabaret Desnos…) et de Christophe Luthringer (Je t’avais dit, tu m’avais dit ! de Jean Tardieu, Ex-Voto de Xavier Durringer…). Sandrine Molaro a participé à plusieurs créations collectives avec la compagnie Après-Midi piscine dirigée par Géraldine Bourgue, notamment au Théâtre de la Commune. Au cinéma et à la télévision, elle a tourné entre autres avec Sam Karmann, Dominique Farrugia, Philippe Muyl, Igor Sékulic, Dominique Baron, Joyce Buñuel… Gilles-Vincent Kapps - metteur en scène, comédien et musicien Formé au Conservatoire d’art dramatique de Strasbourg, il fait ses armes à la Comédie-Italienne où il joue pendant trois ans, puis poursuit son parcours de comédien à Paris, en province et en tournées, en intégrant différentes compagnies avec lesquelles il joue Brecht, Shakespeare, Molière, Marivaux, Tardieu, Sénèque, Durringer, Visniec, Musset… On l’a vu récemment dans La Colère de Dom Juan de Christophe Luthringer, Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Sébastien Azzopardi, Ex-Voto de Xavier Durringer, La Danse du fumiste de Paul Emond (mise en sc. C. Luthringer) et dans Le Legs de Marivaux au Théâtre de PocheMontparnasse dans une mise en scène de Marion Bierry. Il a tourné au cinéma et à la télévision avec Michel Leclerc, Pascal Chaumeil, Alain Choquart, Nicolas Hertz, Xavier Durringer, Édouard Baer… Après avoir étudié le piano au Conservatoire de Nancy, Gilles-Vincent Kapps choisit la guitare comme instrument de prédilection et poursuit sa formation musicale à Strasbourg, d’abord au Cedim (Centre d’enseignement et de développement de l’improvisation musicale) puis au département jazz du Conservatoire national de région de Strasbourg, où il étudie l’écriture, l’harmonie et l’analyse avec notamment Jean-Pierre Herzog et Bernard Struber. Gilles-Vincent Kapps a composé les musiques originales de spectacles comme Je t’avais dit, tu m’avais dit ! (Tardieu) et Pélagos (Jean Lavinal), tous deux mis en scène par Christophe Luthringer, Eaux-les-Bains, spectacle burlesque et visuel de Jean-Luc Falbriard (pour lequel il obtient une bourse d’écriture du Fonds musique de scène SACD), et dernièrement Si j’étais femme/Cabaret poétique, de Marion Bierry et Train Train è pericoloso sporgersi, de David Talbot, Sandrine Molaro et Gaëlle Lebert. Il compose également à l’image (courts-métrages, documentaires…) et est sélectionné par la Sacem en 2007 pour participer à l’Université d’été du cinéma d’Émergence. Félix Kysyl - comédien Jeune comédien formé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Félix Kysyl a travaillé au théâtre avec Richard Brunel (J’ai la femme dans le sang d’après Feydeau), Jérémie Milsztein (Tartuffe de Molière), Jean-Pierre Garnier (Les Brigands de Schiller), Geoffrey Dahm (L’Éveil du printemps de Wedekind). On a pu le voir récemment dans une mise en scène de Lukas Hemleb au Théâtre des Célestins (Les Arrangements de Pauline Sales) et dans Camiski de Fabrice Melquiot et Pauline Sales, mis en scène par Guy-Pierre Couleau. Pour la télévision, Félix Kysyl a tourné entre autres avec Rodolphe Tissot. Paul Granier - comédien Après sa formation au Conservatoire de Béziers puis dans la Classe libre du cours Florent, Paul Granier a joué sous la direction de Jean-Pierre Garnier (La Nuit des rois de Shakespeare), Juliette Chillet (La Nuit des assassins de José Triana), avec le collectif Les Possédés (Stilla Valten de Lars Norén), Philippe Duclos (Tartuffe de Molière) et Emmanuel Demarcy-Mota (Bouli année zéro de Fabrice Melquiot). Il tourne également pour la télévision avec entre autres Merzak Allouache, Jean-Philippe Amar, Sandrine Cohen et au cinéma avec Laurent Tuel et Frédéric Mermoud (Talent Adami Cannes 2015). David Talbot - comédien Après sa formation au cours Périmony à Paris, il débute sous la direction de Julien Rochefort dans Ainsi va la vie de Sylvie Blotnikas, puis joue dans de nombreuses comédies, notamment au Théâtre du Splendid dans Célibataires qu’il coécrit, dans J’aime beaucoup ce que vous faites de Carole Greep au Café de la Gare, dans Chat en poche de Feydeau mis en scène par Pierre Laville au Théâtre Saint-Georges ou aussi dans La Ronde de Schnitzler mise en scène par Marion Bierry. Il suit parallèlement des formations avec Massimo Furlan (« L’acteur post-dramatique ») ou plus récemment avec Pierre Notte (« Explorer les écritures d’auteurs vivants ») et se dirige vers d’autres formes de théâtre, moins fondées sur le récit et qui prennent le risque d’une expérience inédite, convoquant le singulier, le flottant, le bizarre : un travail sur Rêves mis en scène par Philippe Adrien au Théâtre de La Tempête, une immersion dans les méandres de l’inconscient familial avec Troubles, féerie familiale de Jean-Marie Galey à la Maison des Métallos ainsi qu’au Théâtre de la Tempête, et un dialogue entre soi et les forces imaginantes avec Le Frigo de Copi mis en scène par François Baldassare au Théâtre de la Ville de Luxembourg. Il a aussi mis en scène Meilleurs Vœux, une pièce de Carole Greep en 2012 au Théâtre Tristan-Bernard, et Train Train è pericoloso sporgersi, dont il est l’auteur, en collaboration avec Sandrine Molaro et Gaëlle Lebert, au Théâtre des Béliers (festival d’Avignon 2015). Barbara de Limburg - scénographie Formée à l’École nationale supérieure des arts visuels de Bruxelles, Barbara de Limburg est scénographe tant au théâtre qu’à l’opéra. Elle a été assistante de Chantal Thomas sur des opéras comme L’Élixir d’amour et La Fille du régiment de Donizetti (Opéra national de Paris-Bastille, Royal Opera House-Covent Garden, Vienna State Opera, The Metropolitan Opera à New York). Elle collabore régulièrement avec Laurent Pelly sur des opéras comme Cendrillon et Don Quichotte de Massenet, L’Enfant et les Sortilèges de Ravel… Au théâtre, elle a travaillé récemment avec Delphine Salkin au Théâtre national de Bordeaux sur le spectacle Sous la ceinture de Richard Dresser et avec Agathe Mélinand pour Tennessee Williams- Short Stories et Erik Satie, mémoires d’un amnésique. François Thouret - lumières François Thouret travaille avec Patrice Chéreau (Phèdre, Rêves d’automne, I’m the Wind, Elektra), Luc Bondy (Macbeth, Hercules, Idoménée, Le Tour d’écrou, Le Retour…), Jérôme Deschamps (Les Frères Zénith, Les Pieds dans l’eau, C’est magnifique, Mozart Short Cuts, Zampa), Déborah Warner (Maison de poupée), Emma Dante (Carmen, La Muette de Portici), Jorge Lavelli, Lukas Hemleb, Emmanuelle Bastet (La Flûte enchantée, Lucio Silla, Orphée et Eurydice, La Traviata)… Grétel Delattre - collaboration artistique Après sa formation dans la Classe libre du cours Florent puis au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (promotion 2000 avec Philippe Adrien, Piotr Fomenko, Daniel Mesguich, Jacques Lassalle), elle a notamment joué au théâtre sous la direction de Jacques Osinski (Orage, Ivanov, Le Chien, la nuit et le couteau, L’Usine, Dom Juan, Richard II, L’Ombre de Mart), Benoît Lavigne (La Rose tatouée de Tennessee Williams), Jean-Louis Martinelli, Bruno Bayen, Jean-Pierre Miquel, Volodia Serre, Philippe Ulysse, Julie Recoing, Daniel Mesguich… Pour le cinéma et la télévision, elle a tourné avec Jacques Audiard, Mia Hansen-Løve, Sébastien Betbeder, Suzanne Fenn et Gilles Bannier. Elle a également adapté deux romans pour le théâtre : Le Livre de l’intranquillité de Pessoa et Les Palmiers sauvages de Faulkner. Titulaire d’un diplôme d’État d’enseignement du théâtre, elle enseigne au cours Florent. Sabine Schlemmer - costumes Après avoir obtenu un diplôme des métiers d’art spécialisé en réalisation de costumes de scène à Paris, Sabine Schlemmer entre en confection pour le théâtre, la danse et le cirque dans des créations de commande et des projets personnels. Depuis 2013, elle est costumière et habilleuse pour la Compagnie du Hanneton, dirigée par James Thierrée. Elle signe et réalise les costumes et la scénographie de la pièce de Daphné Tesson On a perdu la Lune ! mise en scène par Philippe Fenwick (Théâtre de Poche, automne 2014) et crée ensuite les costumes d’Aucassin et Nicolette, une chantefable du XIIIe siècle traduite et mise en scène par Stéphanie Tesson (Théâtre de Poche, automne et hiver 2014). PRESSE Emma brûle les planches au Théâtre de Poche « Madame Bovary », de Gustave Flaubert (1856), est un monument de la littérature française. Un pari risqué pour le Théâtre de Poche-Montparnasse, qui en a fait sa nouvelle production. Heureusement, le défi est relevé avec brio. Les metteurs en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps installent les héros provinciaux dans un dispositif minimal. Quatre chaises sont installées face au public. En fond, un champ d'herbes hautes. On est dans un bal de l'arrière-pays rouennais ; le public est invité à se laisser conter l'histoire d'Emma Bovary, dont l'âme perdue hante encore les esprits. De petits riens fabriquent l'ambiance : le bruit d'une horloge marque la lourdeur d'un après-midi, un projecteur sur un groupe ébahi évoque les lumières du bal. Devant nous défile l'existence d'Emma, son espérance d'une vie meilleure une fois que Charles Bovary l'aura épousée, l'ennui profond qui succède à l'installation du couple, l'obligation sociale de tenir le foyer et les romans, qui, seuls, constituent une échappatoire. L'oisiveté se transforme en perversité. Charles Bovary l'ignore : sa femme a des aspirations bien différentes de la vie qu'il lui offre. Jouant entre désir libertaire et corruption charnelle, cette création souligne toute la dichotomie du roman. La femme amoureuse, Emma, devient méchante. L'ennui se transforme en mépris. Elle attire son entourage dans une perte inéluctable. Les voix de la raison, de l'amour et des plaisirs coupables s'enchevêtrent dans son esprit lorsqu'elle rencontre d'abord Léon, puis Rodolphe, puis Léon de nouveau, pour qui elle ruinera son mari. Tout cela afin de vivre sa passion dévastatrice. Loin des clichés Subtilement interprétés, les personnages d'Emma, de Charles ou de Léon apparaissent loin des clichés. L'héroïne est incarnée avec force par Sandrine Molaro : elle fait d'Emma une femme mûre, émancipée, aussi bien qu'une égoïste, dépassée par ses ambitions sentimentales. On découvre par ailleurs Félix Kysyl, jeune acteur fraîchement sorti du Conservatoire, qui est tour à tour la mère de Charles et l'amant d'Emma. Dans un cas comme dans l'autre, il est étonnant de justesse et de profondeur. L'adaptation du texte de Flaubert par Paul Emond est convaincante. Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps parviennent à créer un bel équilibre entre tragédie et tendresse, humour et drame, en toute simplicité. Ainsi « Madame Bovary » se révèle sur scène tout aussi prenant qu'à sa lecture. Hadrien Volle, 29 décembre 2015 http://www.lesechos.fr/week-end/culture/spectacles/021560718173-emma-brule-les-planches-au-theatre-depoche-1187995.php ™™™™™ Après l'adaptation au cinéma de Sophie Barthes, sortie le 4 novembre, Emma surgit sur scène dans une version originale et assez Inattendue, mais fidèle à Flaubert. Et puis, quels talents ! Résumé sans précaution, ce spectacle pourrait inquiéter les admirateurs d'Emma Bovary. Ceux qui aiment le personnage et ceux, bien sûr, qui admirent l'œuvre de Gustave Flaubert et son écriture magistrale. En effet, sur la scène du Poche-Montparnasse, on découvre, devant un fond qui représente un immense champ de blé, quatre chaises au pied desquelles sont posés des instruments de musique. Une guitare, un violon. Plus tard, on verra surgir un harmonica. Voici les interprètes. Ils sont quatre. Ils seront tour à tour narrateur ou interprète. Un garçon qui a l'air vraiment très jeune - et qui l'est ! - Félix Kysyl, le benjamin qui joue notamment Léon. Deux hommes, Gilles-Vincent Kapps qui cosigne la mise en scène et a composé la musique, à la fois discrète et essentielle dans cette production, et incarne, entre autres, Rodolphe, assez cynique et très fuyant. Et puis David Talbot, qui est Charles Bovary, aimant, maladroit, dominé, dépassé. Voici Emma, pulpeuse et heureuse beauté, Sandrine Molaro. Une brune épanouie au sourire éclaboussant que l'on applaudit également chaque lundi soir (lire nos éditions du Figaro du 17 novembre) dans Robert le diable, cabaret littéraire élaboré par Marion Bierry en hommage à Robert Desnos. Dans une forme légère L'auteur de l'adaptation de Madame Bovary est un écrivain belge, Paul Emond. Il est l'auteur de pièces et d'adaptations littéraires. Il avoue lui-même avoir eu quelques scrupules à transposer le roman magnifique sur scène, dans une forme légère, elliptique, qui ne sacrifie pas les faits, mais ne peut rendre compte de la densité et de la transparence de l'écriture de Gustave Flaubert. «Qu'auriez-vous fait à ma place ?», interroge-t-il, vaguement inquiet. Quatre acteurs, et tous ces personnages ! «À vous d'inventer une dynamique théâtrale spécifique», dit Paul Emond, prudent ! Ne le cachons pas, on ne retrouve pas sur le plateau la complexité du roman qui orchestre les faits et les pensées, les descriptions et les analyses. L'alternance du récit et du dialogue donne une couleur plaisante à la représentation. Jusque dans la légèreté avec laquelle les quatre interprètes s'emparent et du matériau narratif et des personnages. Ce qui est plaisant, ici, ce n'est pas l'esprit de sérieux qui pourrait présider à pareille entreprise, donnant une allure solennelle à l'adaptation. Non, au contraire, l'insolence et la gaieté et même une certaine désinvolture donnent un ton très convaincant à la représentation. Gilles-Vincent Kapps et Sandrine Molaro signent une mise en scène volontiers blagueuse qui n'étouffe ni l'émotion, ni les larmes, ni la cruauté. Ils aiment les porte-à-faux et font jouer les personnages des parents par le tout jeune Félix Kysyl, tout à fait épatant, encore élève du Conservatoire ! Gilles-Vincent Kapps et David Talbot dessinent avec fermeté les différentes figures qu'ils incarnent. Dans le rôle d'Emma, débordant de rayonnante énergie, vivante et rêveuse mais ligotée par l'ennui, malmenée par les hommes, Sandrine Molaro est d'une délicatesse aussi subtile qu'une phrase de Flaubert. Armelle Héliot, 24 novembre 2015 http://www.lefigaro.fr/theatre/2015/11/24/03003-20151124ARTFIG00161-madame-bovary-version-cabaret.php HHHH Tirer – sans le mutiler – un spectacle d'une heure et demie du chef d'œuvre de Flaubert avec quatre chaises et un peu de verdure en toile de fond pour tout décor, c'est la prouesse accomplie par Sandrine Molaro, Gilles-Vincent Kapps, David Talbot et Félix Kysyl – excellent acteur dont les yeux tombants et le visage chiffonné évoquent le jeune Serge Reggiani. L'adaptation de Paul Emond est futée. La mise en scène de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps ne l'est pas moins, qui oscille entre dire et jouer. Ceux qui ne connaissent pas le roman auront envie de le lire; les autres, grand plaisir à en feuilleter le souvenir. Jacques Nerson, 2 décembre 2015 Quatre chaises, une table et quelques instruments de musique : il n’en faut pas plus à Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps pour vous proposer leur version du roman de Flaubert. « Madame Bovary » en mode cabaret… Diantre, il fallait quand même oser ! Mais quand on a du talent et de l’audace à revendre, on aurait bien tort de se priver. Après tout, quitte à revisiter un classique, autant ne pas le faire à moitié et proposer une vraie relecture. Que les puristes soient donc prévenus, les deux metteurs en scène et leur adaptateur, Paul Emond, se sont accordés bon nombre de libertés sur la forme. Le fond, lui, demeure, à sa façon. Emma, ses déceptions, ses tourments, ses délicieuses attentes et ses espoirs déçus sont toujours bien là, mais la complexité du personnage s’offre sous un prisme beaucoup plus terrien, loin de tout romantisme évaporé. Pas de langueur ici, du nerf, du rythme et de la vie par contre. Tout file au son des guitare, violon, harmonica et bandonéon. L’univers sonore et les créations musicales du spectacle ont été particulièrement soignés et c’est sans mal que le spectateur entre dans cet étrange bal. Les têtes tournent, mais on ne ralentit jamais la cadence, bien au contraire, on accélère encore et encore jusqu’au tragique dénouement. Sur scène, les comédiens, tous excellents, passent d’un rôle à l’autre, tantôt protagonistes, tantôt narrateurs, avec jubilation. Sandrine Molaro parvient à glisser un souffle de fraîcheur et de feu dans le regard plus que centenaire d’Emma et lui offre une modernité aussi éclatante que troublante. David Talbot est tout aussi formidable dans la partition du mari naïf et dépassé. Dans celle du cynique Rodolphe, Gilles-Vincent Kapps se révèle redoutable. Félix Kysyl, cocasse en odieuse belle-mère, ou plus touchant quand il enfile le costume du jeune Léon, n’est pas en reste… Un bonheur de spectacle que vous n’avez décidément le droit de manquer sous aucun prétexte ! Dimitri Denorme, 9 décembre 2015 Bovary fantaisie Rien de classique dans cette adaptation du chef-d'œuvre de Gustave Flaubert, mais quelle beauté, quelle intelligence, quelle fantaisie ! Que reste-t-il, ici, de Madame Bovary ? Un portrait bouleversant, celui d'une femme avide de liberté, amoureuse de l'amour et bientôt terrassée par le chagrin. Mais voilà le roman transformé en un récit virevoltant, qui, en quatre-vingt-dix minutes rondement menées, nous embarque de Paris à la campagne normande, du morne intérieur des Bovary aux échappées belles que s'offre Emma, cii dans un petit nid où elle retrouve son amant, là sur une colline, à dos de cheval. En toile de fond, une gigantesque image en noir et blanc, ciel aux nuages de coton, champ de blé fouetté par les vents. Un formidable quatuor d'acteurs jour les bateleurs. Sandrine Molaro est Emma, David Talbot, Gilles-Vincent Kapps, Rodolphe Boulanger et le pharmacien Homais, et Félix Kysyl incarne le jeune Léon Dupuis, mais aussi la mère Bovary. Tous passent d'un rôle à l'autre, d'un registre à l'autre avec maestria, et jouent même de la musique. Violon, guitare, harmonica distillent rock, blues, mélodies mélancoliques. On se laisse séduire et émouvoir, avec l'envie immédiate de replonger dans Flaubert sitôt le rideau baissé. Anna Nobili, 24 décembre 2015 Quatre chaises, quelques instruments de musique éparpillés sur une petite table et en toile de fond, la photo d'un champ en noir et blanc : voilà planté le décor de cette Madame Bovary version cabaret. Loin d'une reconstitution fidèle du roman de Flaubert, la version de Paul Emond, sans rien trahir de l'intrigué, prend quelques libertés avec la lettre, mais nous livre un condensé original et rythmé de cette légendaire épopée féminine. Autour de la figure de Madame Bovary, incarnée par l'intense Sandrine Molaro, trois comédiens se partagent tous les rôles, avec une liberté de jeu et une subtile légèreté de ton qui emportent l'adhésion. Adresses à la salle et chansons entrecoupent quelques dialogues authentiques : on est pris dans la danse infernale de cette séduisante déchéance, et on le laisse délicieusement bovariser ! Décembre 2015 ••••• Un dispositif scénique minimal et des faux airs burlesques de comédie musicale servent une incandescente et passionnante Emma Bovary. De deux choses l’une : soit vous étiez décrocheur scolaire assigné au dernier rang à l’incandescence du radiateur, et ce monument de la littérature française (1857) vous est inconnu, soit il est pour vous inoubliable. Adolescent, l’auteur-adaptateur Paul Emond a succombé à la belle Emma Bovary, puis aux sollicitations d’amis l’exhortant à porter à la scène le roman de Flaubert. Une gageure. En s’attelant à ce monstre littéraire porteur de tant de fantasmes, il ose une version originale d’une heure trente : un mix de farce normande et de cabaret brechtien irrigué par la langue acérée de Flaubert. L’idée : faire entendre en quoi la rage de vivre de cette provinciale du XIXe siècle est actuelle. Souffreteuse et éthérée Madame Bovary ? Non, une force brute, terrienne, ivre de littérature, d’évasion et de passion. Bousculant les codes, les metteurs en scène Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps installent les protagonistes dans un dispositif minimal : quelques chaises, un fond champêtre, quatre comédiens bateleurs chargés de conter, incarner et chanter la grande épopée d’Emma Bovary avec quelques instruments à portée de main (guitare, piano jouet, violon, accordéon, harmonica…). Sans plus de cérémonial, on est prié d’entrer dans cet implacable traité des passions humaines ponctué d’intermèdes musicaux truculents. Alternant dialogues et monologues, multipliant les adresses au public, superposant les personnages, les saynètes se bousculent qui composent un formidable électrocardiogramme d’une société corsetée avec en bonus, une belle révolte romanesque contre l’ordre établi. L’affaire est si alertement articulée et les comédiens-narrateurs si enthousiastes (Gilles VincentKapps, Félix Kysyl ou Paul Granier, Sandrine Molaro, David Talbot) que l’attention ne retombe jamais. Madame Bovary questionne toujours notre propre capacité à l’audace. Myriem Hajoui, 8 janvier 2016 LES SITES Emma à l’accordéon, Charles au violon, Rodolphe à la guitare, Léon à l’harmonica : pourquoi pas ! C’est le pari plutôt réussi par Paul Emond pour l’adaptation et Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps pour la mise en scène du chef d’œuvre de Flaubert. Les puristes chercheront vainement le texte original ; les autres se diront que les principaux nœuds de l’intrigue sont là. Le tout servi par un quatuor d’acteurs aussi enjoués que généreux. Emma, Sandrine Molaro, réussit à convoquer une palette d’émotions. Elle est rieuse et passionnée, extravagante et gourmande, mélancolique et rêveuse. Elle passe de la joie de se marier à celle d’avoir un amant avant d’être plongée dans la désillusion, parce que non, sa vie ne ressemble définitivement pas à un beau roman qu’elle se plairait à lire au coin du feu. Et pour cause, la pesanteur sereine de Charles l’étouffe. Ce dernier est interprété par David Talbot qui joue avec un enthousiasme divertissant le benêt cocu et suffisamment naïf pour pousser Emma dans la gueule du loup. Félix Kysyl et Gilles-Vincent Kapps, quant à eux, se glissent dans la peau de plusieurs personnages. Le premier passe aisément de la belle-mère revêche au Léon romantique et timide, tandis que le second est irrésistible en Rodolphe, le séducteur lâche. Le décor est d’une sobriété efficace : quatre chaises de bois et en fond de scène, l’immense photographie d’un champ qui nous plonge de manière allusive dans l’ambiance somme toute bucolique du roman. C’est la façon dont l’histoire est racontée qui nous maintient en haleine : les acteurs sont tantôt personnages, tantôt narrateurs, tantôt musiciens. Monologues, dialogues, apartés, chansons alternent, ce qui surprend de prime abord tant le ton peut apparaître décalé par rapport au roman. Pourtant, cette pièce est une bien jolie façon de (re)découvrir une des grandes amoureuses de la littérature. Elle constitue un prélude agréable à la lecture de Flaubert, dans le texte cette fois-ci. Ivanne Galant, 23 novembre 2015 http://www.regarts.org/Theatre/madame-bovary.htm Madame Bovary, pièce de théâtre de Flaubert, écrivain du 21e siècle L’enjeu n’est pas si simple de nous emmener dans l’histoire classique et hyper connue de Madame Bovary et pourtant de nous surprendre. Le pari est gagné par quatre acteurs fantastiques. Note de la rédaction : ★★★★★ Nous sommes entraînés par quatre comédiens, quatre instruments de musique, un jeu joyeux et une mise en scène inventive dans la vie de l’épouse de Monsieur Bovary. […] L’adaptation de Paul Emond est réussie, la mise en scène est si bien faite qu’on se met à croire que Madame Bovary a été écrit en pièce de théâtre par un Flaubert né à la fin du 20e siècle. Les comédiens jouent une partition drôle et décalée (vue avec Félix Kysyl) On retrouve avec gourmandise la description de la bêtise égoïste, sadique, vénale et crasse de la petite bourgeoise rouennaise, entre collusion de notables, mesquinerie corrompue et jalousie infâme mais contrite. Au milieu de l’ennui général, Emma est une femme moderne avec une hystérie moderne, finement interprétée par une géniale Sandrine Molaro. En miroir, l’hystérie masculine est tenue entre autres par Rodolphe (extraordinaire et drôle Gilles Vincent Kapps). Emma incarne le bovarysme du 21e siècle, entre recherche d’un maître et tristesse agressive de ne jamais être satisfaite, entre manipulation et soumission. La dimension moralisatrice du roman est abandonnée, nous sommes en 2015. Mais reste cette insatisfaction fondamentale. Madame Bovary en 2015 éprouve le vertige de vouloir être quelqu’un d’autre. Elle ne cédera pas sur son désir sauf à se suicider. La pièce, très drôle, est une réécriture magnifique et contemporaine du roman de Flaubert, une révision non de l’intrigue, non des conflits psychiques, mais du contextuel. C’est une réussite qui rend hommage à l’esprit du texte et à ce que Flaubert voulait rendre compte de l’âme humaine. Un hommage à la beauté du texte aussi. Dans le roman l’énoncé six mois et le mot souffle sont chacun écrit plus de quinze fois. Dans la pièce, Paul Emond fait dire à Emma dans une respiration triste : six mois passent comme un souffle. Si moi [Emma, je ne] passe [que] comme un souffle. C’est le souffle de l’hystérie féminine qui aura tenu le personnage d’Emma. Jusqu’à son dernier souffle. David Rofé, 23 novembre 2015 http://toutelaculture.com/spectacles/theatre/madame-bovary-piece-de-theatre-de-flaubert-ecrivain-du-21e-siecle/ Attention ! Il ne s’agit pas d’une transcription sage et pondérée du chef-d’œuvre mais d’une fantaisie légère dans sa forme, enlevée dans son rythme, audacieuse dans son esprit et qui doit beaucoup au talent des quatre interprètes, qui sont aussi musiciens. C’est une version pour tréteaux à tendance cabaret. […] il y a tant de bonne humeur dans cette entreprise et tant de talents virtuoses sur le petit plateau du Poche-Montparnasse, à Paris, que l’on est certain que même les dévots de Gustave Flaubert en accepteront le principe et seront emballés par la représentation. Au commencement, il y a la complicité de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps avec le Belge Paul Emond, auteur de pièces et d’adaptations littéraires. Sandrine Molaro, qui est ici Emma et que l’on peut applaudir aussi (le lundi soir) dans Robert le Diable superbe hommage de Marion Bierry à Robert Desnos, a passé commande de la transposition de Madame Bovary […] Une toile de fond (une photographie monumentale ?) qui représente un champ de blé, des chaises sagement alignées, quelques instruments de musique. Il n’en faut pas plus au quatuor pour nous raconter sinon le roman, du moins ce que raconte Madame Bovary. Gilles-Vincent Kapps (qui a composé la musique et incarne notamment Homais et Rodolphe) et Sandrine Molaro signent une mise en scène enjouée. On passe d’un rôle à l’autre, on fait son miel des décalages - le très jeune Félix Kysyl joue les parents rigides mais aussi cet énamouré de Léon -, on s’empare d’une guitare, d’un harmonica, d’un violon et l’on se met à chanter, voire à danser ! Il faudrait être bien chagrin pour s’offusquer. On est sous le charme. Sans doute ceux qui aiment le livre s’amuseront-ils à en retrouver les épisodes marquants. Ceux qui ne le connaissent pas suivront l’action au fil des événements, des humeurs des protagonistes. Ce que l’adaptation ne peut rendre, le jeu le donne. David Talbot est un Charles Bovary aveuglé et dépassé, Gilles-Vincent Kapps un Rodolphe cynique et fuyant, Félix Kysyl est cocasse ici, touchant là. Dans la partition d’Emma, pulpeuse, sensuelle, ligotée par l’ennui, Sandrine Molaro enchante et bouleverse. Applaudissez ! Mais aussi, relisez Flaubert ! Armelle Héliot, Le Grand théâtre du monde, 13 novembre 2015 http://blog.lefigaro.fr/theatre/2015/11/madame-bovary-version-cabaret.html L'épais roman se distinguait par la technique de la variation des points de vue, les longues descriptions et la critique de la bourgeoisie normande du 19e siècle. Paul Emond recentre le propos essentiellement autour des intrigues amoureuses d'Emma. Le souci de modernisation de l'œuvre pour la scène, malgré les costumes des acteurs et les dialogues extraits du texte, gomme l'ironie du texte original et oublie son caractère provocateur. Ainsi la version adaptée par Paul Edmond donne un éclairage différent sur le parcours d'Emma qui tourne alors plus à un drame du surendettement qu'à la narration du désespoir amoureux d'une bourgeoise de province au romantisme exacerbé par la lecture de romans d'amour. Portés par la mise en scène dynamique de Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps, qui interprètent respectivement les rôles d'Emma et de son amant Rodolphe Boulanger, les acteurs ont toute latitude de développer leur jeu. La longue silhouette de David Talbot l'aide à camper un Charles apathique mais rendu sympathique par sa naïveté. Tour à tour dans les rôles d'Homais, le pharmacien, et de Rodolphe Boulenger, GillesVincent Kapps affiche une belle aisance en scène et met son charme au service du personnage. Le jeune Félix Kysyl, dont le visage rappelle celui de Charlie Sheen, offre de très beaux numéros dans le rôle du clerc Léon Dupuis, et surtout dans le rôle de la mère de Charles qui régulièrement réprimande sa bru. Excellente actrice débordante d'énergie, Sandrine Molaro, plus exposée que ses partenaires masculins, se retrouve néanmoins parfois confrontée à des difficultés dans son jeu lors des sautes d'humeur de son personnage. Passée la première surprise pour le spectateur de voir les comédiens interpréter en direct des intermèdes musicaux afin d'annoncer les changements de lieu de l'action, ce procédé de mise en scène apporte à la fois légèreté et modernisme aux mots de Flaubert. Cette adaptation contemporaine de Madame Bovary constitue donc une agréable introduction à l'œuvre de Gustave Flaubert et donne envie de se plonger à nouveau dans les romans de l'écrivain rouennais. Laurent Coudol, 2 décembre 2015 http://www.froggydelight.com/article-16904-Madame_Bovary.html « Madame Bovary », c’est eux ! Une adaptation séduisante du classique de Flaubert, mise en bouche par quatre formidables comédiens. Une jeune femme mal mariée s’ennuie dans sa vie médiocre. Elle prend des amants, accumule des dettes, puis finit par se suicider. Présentée comme cela, l’histoire de Madame Bovary est intemporelle. On ne s’étonne pas, en ce sens, que le roman de Flaubert ait fait l’objet de multiples adaptations cinématographiques, de Jean Renoir à Vincente Minnelli. Le théâtre ne fut d’ailleurs pas en reste, puisque Gaston Baty « dramatisa » Bovary dans les années trente, déjà à Montparnasse. Plus près de nous, Elle brûle de Mariette Navarro, mis en scène par Caroline Guiela Nguyen, proposait une écriture de plateau fondée sur le texte de Flaubert. C’est désormais au Théâtre de Poche que Sandrine Molaro et Gilles‑Vincent Kapps ont monté leur Madame Bovary, dans une adaptation signée Paul Edmond. Le dispositif adopté est minimal, et presque antithéâtral : trois acteurs, une actrice, quelques chaises, un fond champêtre qui change de temps en temps de couleur, peu d’accessoires, mais des instruments de musique. Point de bal à la Vaubyessard, évidemment, mais le souvenir chatoyant du film de Minnelli, reproduit par la diffusion de la valse névrotique de Miklós Rózsa. Dans cette Bovarylà, la bande-son est d’ailleurs omniprésente. Elle propose des citations parodiques (un soupçon de Rina Ketty, des airs à la Dolce Vita quand Emma se prend à rêver d’Italie, ce qui restitue idéalement l’ironie flaubertienne ; un clin d’œil à Francis Lai et au « Cinéma de minuit » quand les « héros » s’embrassent, comme dans un film – on voit donc que ce Madame Bovary intègre et digère intelligemment les précédentes adaptations). Elle fait aussi entendre des créations originales (la chanson provocatrice de Mme Bovary qui veut danser la polka, l’aubade séductrice de Rodolphe Boulanger, sorte de Jean‑Patrick Capdevielle perdu dans le bocage depuis trop longtemps). Ces courants d’air musicaux sont autant de respirations dans une mise en scène qui insiste à l’envi sur la sujétion qui accable Emma, présentée comme une jeune femme qui a le tort de vouloir vivre libre. Dans sa version de poche, la Mme Bovary de Molaro et Kapps est enfermée dans la cage de scène. Elle est « encagée », également, par ces hommes qui la pressent et l’oppressent – un Lheureux multiplié par trois que font heureusement surgir les metteurs en scène quand le drame se resserre. Emma se dessine aussi dans un carré qui semble avoir été tracé par terre, et qu’elle parcourt de temps à autre, telle une jeune fille au bal exécutant bravement ses pas de danse, ou une bête de somme qui sans cesse martèle le sol, sans bien savoir pourquoi. Antithéâtral, au sens d’antispectaculaire, le dispositif n’en est en effet pas moins très habilement orchestré : pas un geste en trop, déplacé ou mal placé, mais une chorégraphie soignée, sans ennui, qui assure une transition fluide entre les scènes, et qui, surtout, fait résonner à la perfection chaque mot de Flaubert, lui donnant même un relief inattendu. Le plaisir du texte Cette Madame Bovary version théâtre ne change en effet pas un mot de l’original, et en restitue même toute la splendeur. On réécoute Flaubert en se disant qu’il luttait décidément en vain contre sa pente poétique, tant ses phrases « sonnent bien » – surtout en comparaison avec ce fadasse Lac de Lamartine que l’on peut réentendre ici, comme dans le roman, par contraste. Soucieux de se guérir de son « cancer lyrique », Flaubert coupait chaque phrase de façon chirurgicale – mais, sur scène, dans la voix haute et claire des comédiens, c’est bien un vrai poème qui se donne à entendre. Le texte de Flaubert s’évade grâce à eux de la gangue ironico-réaliste dans laquelle on le cantonne parfois : quand « Charbovari », ainsi, exprime sa détresse d’avoir perdu sa femme, ce n’est plus un imbécile qui s’en prend bêtement à la « fatalité », mais un humble qui parle avec ses mots de l’inhumaine douleur de la perte. Si Sandrine Molaro compose la seule Emma (et Berthe, sa fille, dans ce qui constitue l’unique « écart » par rapport à Flaubert, variation dont on peut d’ailleurs questionner la pertinence), les autres personnages (Charles, Léon, Rodolphe, Homais, Lheureux, la mère de Charles, le vicomte, le suisse de la cathédrale…) sont distribués entre les trois acteurs masculins, qui prennent à leur compte les phrases de Flaubert, ou se font les narrateurs-chœur de l’histoire. Ainsi, la mère de Charles raconte l’épisode de la cravache perdue, ce qui lui donne un tour tout particulier. Le comique, le tragique, le pathétique, registres différents qui colorent subtilement le texte de Flaubert, sont de cette manière mis en valeur de façon extrêmement fine et intelligente. Sandrine Molaro, dans sa composition d’Emma, fait le choix d’une interprétation habitée, hystérique, zulawskienne. À ses côtés, les trois autres déploient un jeu plus sobre, presque désincarné, extrêmement précis. Ces deux « jeux » ne jurent pas, mais mettent sans doute en évidence l’étrangeté intrinsèque de Madame Bovary, femme de passion égarée au milieu de monstres lucides et froids. La diction des acteurs, formés aux « grands textes » chez Périmony et au Conservatoire (de Paris ou de Strasbourg), est absolument impeccable, et on entend parfois les spectateurs flaubertophiles réciter en même temps les phrases du maître. David Talbot campe donc le Simple, bête à manger du foin, personnage à la Bourvil qui laisse entrevoir de tragiques abîmes – c’est sans doute le rôle le plus difficile. Gilles‑Vincent Kapps prête vie – entre autres – à la fois à l’affreux Homais et au non moins ridicule Rodolphe – son côté hâbleur fait merveille dans les deux cas, on est prêt à opérer un pied bot, ou à monter en selle avec lui pour une folle chevauchée ; quant à Félix Kysyl, jolie révélation du soir, il a la faculté vertigineuse d’incarner l’acariâtre belle-mère et, l’instant d’après, le rougissant puceau clerc de notaire. Ennuyeux, long, indigeste, Madame Bovary ? Prenez votre adolescent ingrat sous le bras, avec sa lecture prescrite, et imposez-lui ce Madame Bovary-là. Gageons que, comme Emma, il en viendra avidement au livre, sinon aux livres. ¶ Corinne François-Denève, 5 décembre 2015 http://lestroiscoups.fr/madame-bovary-de-gustave-flaubert-theatre-de-poche‑montparnasse-a-paris/ Emma Bovary au théâtre : beaucoup plus intéressant qu'au cinéma Après une version récente, trop classique, au cinéma, du chef d’œuvre de Flaubert, Le Théâtre de Poche nous en propose une, aussi passionnante qu'audacieuse. Points forts 1/ Quand on arrive dans le théâtre, une certaine inquiétude nous saisit. Quatre chaises en enfilade, une sorte de champs de blé naïf dessiné en fond de scène, on se dit : "Aïe, qu’est-ce qu’est-ce qu’ils en ont fait !" Quatre personnages, qui vont en jouer une multitude, entrent. Ils sont à la noce. A la noce d’Emma. Ils jouent du violon, de l’harmonica, de l’accordéon, ils chantent… Seule, Emma Bovary ne jouera que son propre rôle. Mais quelle belle nature ! Quelle générosité ! Quelle incandescence ! Et qu’elle est bien entourée par ces trois merveilleux comédiens ! 2/ Excellente adaptation, très osée, du roman de Gustave Flaubert. On y trouve une galerie de caractères sinistres; tous les défauts de la nature humaine sont concentrés là ! On cherche vainement un peu de probité, un personnage sympathique… Même cette pauvre Emma est pitoyable ! 3/ Cela se passe probablement de nos jours, mais qu’importe. D’ailleurs, rien ne rappelle le milieu du 19e siècle ! Ni les costumes, actuels, pauvres et province, ni la musique ! On se croirait à une fête folklorique, au milieu de nulle part… Ce qui est important, ce n’est pas quand ça s’est passé car c’est intemporel. C’est ce que l’on ressent. Et ce que l’on ressent, c’est qu’un drame se prépare. Emma vit dangereusement. Elle est charnelle à l’excès, elle est crédule, facile à approcher et à duper… 4/ La mise en scène est efficace. C’est créatif, c’est truculent, ça va vite, on passe d’une situation à l’autre, entraînés par la musique, on sent qu’on va basculer dans la tragédie avec Emma. C’est très bien mené. 5/ Excellent casting. Chaque personnage est remarquablement incarné par ces 4 comédiens et ce sont, en plus, de bons musiciens… Points faibles Puristes, s’abstenir et encore… Un peu d’intelligence et d’ouverture ne nuisent pas ! En deux mots On ne voit pas le temps passer. L’esprit de Flaubert est là. Sa belle langue aussi. On est content de voir qu’une adaptation, un peu dangereuse, d’un texte classique, peut ne rien trahir du fond, tout en réinventant la forme. C’est réjouissant… Voilà une version théâtrale, réalisée avec une économie de moyens, mais beaucoup plus intéressante que la version, très classique et sans surprises, proposée récemment au cinéma. Recommandation Excellent Chantal de Saint Remy, 5 décembre 2015 http://www.culture-tops.fr/critique-evenement/theatre-spectacles/madame-bovary Du roman à l’écran, du texte inspiré à la scène, Madame Bovary ne cesse de nourrir la création, d’inspirer auteurs et metteurs en scène contemporains qui lui rendent ainsi grandement hommage. Au théâtre de Poche-Montparnasse, l’adaptation musicale de ce chef-d’œuvre sans âge, écrite par Paul Emond, sublime Emma, tour à tour conteuse, danseuse et désespérément en quête de vie. On ne compte plus les adaptations ou inspirations du célébrissime roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary. Mais la mise en scène de Sandrine Molinaro et Gilles-Vincent Kapps ont l’originalité d’alterner passages narratifs, scènes de jeu et pauses musicales ; une variété de mouvements qui laissent part aux multiples adresses au public autant qu’aux échanges directs entre les personnages. Le rythme est dynamique, entraînant, et l’histoire, que l’on sait déjà intemporelle, prend des allures de contemporanéité retentissantes. La guitare électrique accompagne l’harmonica et le violon de ses vibrations rock. Emma, incarnée par la douce Sandrine Molinaro, saisit volontiers une cigarette pour la consumer dans une danse nonchalante et ne cache pas son appétit charnel : alors qu’elle ne fait qu’effleurer les lèvres de son mari, elle embrasse avec avidité ses amants. La sensualité, retenue et dissimulée dans le roman, s’exhibe avec grâce dans la pièce de Paul Emond. De la littérature avant toute chose La place accordée au texte est primordiale. Le décor minimal, constitué de quatre chaises, suggère successivement l’apparence d’un salon, d’un café, d’un opéra, d’une fête. L’image projetée sur le mur de fond de scène est un paysage de champ de blé qui rappelle le cadre rural du roman, la Normandie de Flaubert. On est donc à la fois dehors et dedans, en intérieur autant qu’en extérieur. Le mime et le texte priment sur le manque de repères spatiaux. On raconte ce qu’il se passe, on le joue et on le chante. Les acteurs se glissent avec flexibilité dans la peau de différents personnages et ce, sans changement de costume. Félix Kysyl passe de la mère de Charles Bovary à l’amant d’Emma, de même que chaque comédien fait entendre la voix du mercantile M. Lheureux. Tout repose bien sur le jeu, les expressions corporelles, la gestuelle ; une authentique théâtralité qui s’équilibre avec des ressorts propres au cinéma tels que les bruitages et la musique. Par ailleurs, le textocentrisme de la pièce est aussi une manière de montrer le caractère originellement littéraire d’Emma Bovary et donc non voué à être représenté, si ce n’est dans l’imaginaire propre de chaque lecteur. Lorsqu’une subjectivité détermine et donc impose l’image d’un personnage romanesque, l’aventure est toujours risquée. Cependant, le fait que l’histoire de Madame Bovary ne soit pas interprétée dans son intégralité permet de nuancer l’identification à l’héroïne et d’accepter sa représentation, même si elle diffère sûrement de celle que l’on s’était figurée. Quelques détails La robe bleu ciel que porte Sandrine Molinaro est fidèle à la description flaubertienne : Emma est vêtue d’une « robe de mérinos bleu garnie de trois volants ». Cette couleur est le fil rouge du roman : on trouve plusieurs fois son occurrence dans le choix des habits, des accessoires mais aussi dans les objets, notamment lorsque Charles Bovary reçoit en cadeau « une belle tête phrénologique toute martelée de chiffres jusqu’au thorax et peinte en bleu », jusqu’à caractériser une ambiance : « Elle (Emma) allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l’entourait (…) ». Ce détail n’a pas échappé aux deux metteurs en scène car, de manière récurrente, un halo bleu illumine la scène comme un avertissement énigmatique. Ainsi, grâce à des indices disséminés ça et là et avec peu de moyens, la mise en scène de Madame Bovary renvoie implicitement à l’écriture de Flaubert – d’une apparence simple, épurée et paradoxalement chargée de symboles -, au même titre que les mélodies jouées par les comédiens sur scène suscitent l’analogie à la mélomanie d’Emma. Tout est là pour penser un passage du texte à la scène réussi. Jeanne Pois-Fournier, 28 novembre 2015 http://zone-critique.com/2015/11/28/madame-bovary-de-paul-emond/ Madame Bovary est le titre que donne Gustave Flaubert à son roman réalisé en 1856 et condamné un an plus tard pour « Outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». En littérature, au cinéma ou au théâtre, le roman profite d’une résonance temporelle immuable. S’il est considéré, encore aujourd’hui, comme un chef-d’œuvre, c’est à l’esprit réaliste et visionnaire de Flaubert qu’il le doit. Inspirée de Don Quichotte de Cervantès, le personnage d’Emma Bovary serait le double d’Alonso Quichano. Emma est une femme qui se refuse une résignation insensée à la condition sociale établie et qui se perd dans la poursuite des illusions et des chimères idéalistes inspirées par les lectures romanesques et rêveuses qui causent, très vite, son désenchantement, sa ruine et enfin sa mort. Au théâtre de Poche, la salle est truffée d’un public venu assister à une mise en scène bien fruste et inattendue de Madame Bovary. Le décor se compose de quatre chaises, quelques instruments de musique et un arrière-plan de champs de blé. Le côté pastoral et rustique de l’œuvre est mis en avant. Mêmement, quatre acteurs occupent la scène : Sandrine Molaro dans un jeu fougueux et enflammé du personnage d’Emma Bovary ; David Talbot incarnant talentueusement son époux, l’innocent Charles Bovary; Gilles-Vincent Kapps dans le rôle de d’un Rodolphe exalté et enfin, Félix Kysyl interprétant plusieurs personnages tels que la belle-mère aigrie ou encore le jeune et doux Léon. Le jeu des personnages est versatile et balaie l’aspect effronté de l’œuvre flaubertienne. Il se fait dans une atmosphère conviviale où ces derniers ne sont pas seulement acteurs mais aussi musiciens, maniant des instruments tels que l’harmonica, la guitare ou le piano. Cette fraicheur musicale apporte un côté festif et joue le rôle d’une appréciation des passages joyeux ou tristes. […] Ce choix de mise en scène de l’épopée de Madame Bovary au théâtre de Poche rompt avec nos prévisions de la représentation et propose une originalité certaine du jeu qui saura convaincre et séduire les amateurs des mises en scènes décalées et inattendues des textes classiques. Lynda Meghara, 23 novembre 2015 http://www.la-galerie-du-spectacle.fr/810/ Si Madame Bovary m’était contée La nouvelle coproduction du Théâtre de Poche-Montparnasse est l’adaptation du roman de Gustave Flaubert : Madame Bovary. On redécouvre ce texte splendide dans une mise en scène narrative et très prenante. Quatre chaises au milieu d’un champ… La scénographie plonge immédiatement le spectateur dans l’arrière pays rouennais, si ennuyeux qu’il sera cause première de la chute d’Emma Bovary. L’adaptation de Paul Emond est fidèle au roman de Flaubert, se concentrant sur quelques figures et sans chercher à multiplier les personnages : on est dans l’essentiel. Une poignée de chansons, interprétées par les acteurs, voient des moments clés mis en vers. Cela ne nuit en rien à l’intrigue et cette « Madame Bovary » s’écoute comme un joli conte en-chanté. La scène, réduite, du Poche et un dispositif de mise en espace minimal ont conduit les acteurs à se concentrer sur les expressions. Aucune ne manque et l’évolution est perceptible. Sandrine Molaro, qui interprète l’héroïne, traverse tous les stades et parvient à les faire vivre au public : l’espérance goulue d’un mariage fantasmé, la gène, puis la tromperie et la luxure. Elle exagère, jusqu’à abuser son mari débonnaire, et son désir de liberté lève toutes ses limites en matière d’égoïsme. Si tous les comédiens sont justes, on notera la performance de Félix Kysyl, passant sans encombre de la mère envahissante au jeune Léon, amant d’Emma. Sur scène, l’ambiance pesante est faite de petits riens : une horloge à balancier qui résonne, une lumière, un groupe qui observe un grand bal par une fenêtre : on est sans cesse surpris. Si l’on partage la douleur et le désir d’émancipation libératrice d’Emma Bovary l’ennui, lui, ne reste que son apanage : du public, on ne voit pas le temps passer. Hadrien Volle, 25 novembre 2015 http://www.sceneweb.fr/madame-bovary-de-flaubert/ ATELIER THÉÂTRE ACTUEL LABEL THÉÂTRE ET CIE 5, rue La Bruyère – 75009 Paris 01 53 83 94 94 – télécopie : 01 43 59 04 48 www.atelier-theatre-actuel.com