Quels sont les premiers
résultats des essais dans le
bassin à houle de la DGA au Val
de Reuil ?
Alain Larivain (AL) - Les données
recueillies dont l'analyse reste
encore à affiner dans les
semaines qui viennent permettent
déjà de valider les productibles
anticipés dans les phases
antérieures
Quelle est la prochaine étape ?
AL - La phase maquette réalisée
est une étape décisive vers
l'établissement du cahier des charges d'un démonstrateur de 300 à 400kW de puissance nominale
qui devra être testé sur un site marin de l'arc atlantique ou ailleurs. Elle sera en général précédée
d'une seconde maquette plus importante (1/5) permettant d'affiner certains détails opérationnels ou,
dans le cas de Seacap, des éléments d'augmentation de performance ("latching") non pris en
compte au stade actuel.
Comment une start up finance-t-elle le démonstrateur ?
AL - C'est le problème majeur des start-up qui souffrent de deux handicaps majeurs dans ce désert
qui sépare la validation expérimentale en bassin du démonstrateur en conditions opérationnelles en
pleine mer :
- convaincre que la technologie développée est viable aussi bien sur le plan opérationnel
qu'économique (retour sur investissement favorable sur la base de tous les coûts et revenus
d'exploitation estimés sur une période déterminée, 10 ans par exemple)
- trouver les financements privés d'amorçage qui, abondés en règle générale à hauteur d'environ 40-
45% par des organismes publics, permettront de financer la construction et les essais en mer d'un
démonstrateur à échelle 1 même si ce dernier reste de faible puissance.
En effet une TPE ou PME n'ayant pas ou plus assez de fonds propres et généralement peu ou pas
d'activités commerciales en parallèle aura beaucoup de difficultés à lever les fonds nécessaires à la
réalisation d'un démonstrateur (entre 5 et 10 M€).
A l'inverse, les grands groupes établis, disposant d'un cash-flow important et de services
administratifs connaissant parfaitement les circuits et règles des financements publics, ont des
possibilités toute autre.
L'histoire montre pourtant que les innovations purement industrielles (à l'exception de domaines
fondamentaux comme la santé et le nucléaire) trouvent plus souvent leur origine dans des PME,
voire même chez des personnes physiques, que dans de grandes structures dont les compétences
sont d'avantage dans le process de fabrication et la mise en oeuvre commerciale.
C'est donc vers les premiers que l'effort initial de financement public de la validation technologique
devrait porter. Le privé n'a pas vocation à financer cela à un stade où le risque, pour des
investisseurs commerciaux, est, non pas trop grand, mais tout simplement difficile à évaluer
objectivement selon les grilles en usage dans ce milieu. Le manque de visibilité historique d'une
innovation impose une prudence excessive sur le rendement de fonds dont les gestionnaires sont
responsables.
Est-ce qu'un AMI peut vous permettre de réaliser le démonstrateur ?
AL - Nous l'espérons, avec le bémol exposé ci-dessus.
Hydrocap Energy au sein duquel le projet SEACAP a été conçu, va postuler au prochain Marinet
ainsi qu'aux AMI en cours, comme cela a été le cas pour l'AMI Poitou Charente**. Néanmoins les
clauses habituelles de fonds propres et de partenariats financiers préalables font de ces exercices
un dilemme similaire à celui de "l'oeuf et de la poule".
Le nerf de la guerre pour une TPE en R&D, sauf à offrir prématurément son savoir faire et ses idées
à un groupe mondial, reste donc l'acquisition de fonds propres ... C'est le message à faire passer
aux institutionnels, surtout publics.
Compte tenu des délais nécessaires pour réserver des emplacements et avez-vous choisi un
site pour le futur démonstrateur ?
AL - Pas de manière définitive. Les bailleurs de fonds auront leur mot à dire, en fonction de leurs
origines et préférences, mais de nombreux sites sont disponibles à brève échéance.
Sem-Rev qui sera présent au colloque scientifique de la SHF à Brest fait partie des sites potentiels