malformations, anomalies géniques

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MALFORMATIONS, ANOMALIES GÉNIQUES, CHROMOSOMIQUES ET
MORPHOLOGIQUES.
INDICATIONS DU CONSEIL GÉNÉTIQUE ET DU DIAGNOSTIC PRENATAL.
Pr. Habiba CHAABOUNI-BOUHAMED & Dr. Myriam CHAABOUNI
Service des maladies congénitales et héréditaires de l’hôpital Charles Nicolle.
Laboratoire de recherche en génétique humaine ; faculté de médecine de Tunis.
Approximativement, 2% des nouveau-nés ont une anomalie congénitale majeure, 1% ont
une anomalie génique et 0,7% ont une anomalie chromosomique. Au total, environ 4 % des
sujets nés vivants présentent une anomalie qui relève peu ou prou de la génétique. Une
large majorité de ces nouveau-nés ne présente pas d'anomalie à transmission héréditaire
évidente.
Certaines anomalies géniques ne se manifestent pas à la naissance mais quelques mois, années
voire décennies après.
Le développement des techniques d’investigation tant radiologique, que biologiques permettent
aujourd’hui de poser des diagnostics de plus en plus précis aussi bien chez l’enfant, les parents
que le fœtus.
Grâce à l’accumulation des connaissances et au développement technologique, il devient
aujourd’hui plus facile de faire le diagnostic d’une maladie génétique et d’en connaître la cause
précise. Ceci permet d’en apprécier le risque de survenue qui est à la base du conseil
génétique. La prévention de ces pathologies sera alors possible par le diagnostic prénatal et le
diagnostic préimplantatoire. C’est le dépistage précoce des maladies génétiques et/ou
congénitales qui sont à l’origine de déficits constitutionnels, souvent générateurs de handicap.
MARDIS PEDIATRIQUE
I. A QUI S’ADRESSE LE CONSEIL GENETIQUE: IDENTIFICATION DES
SITUATIONS A RISQUE
En pratique, plusieurs situations doivent attirer l’attention du médecin praticien de différentes
spécialités
et
évoque
l’existence
de
pathologie
constitutionnelle.
Nous
citerons
essentiellement la présence de :
- Antécédent personnel ou familial de maladie héréditaire ;
- Antécédent personnel ou familial d'aberration chromosomique ;
- Antécédent personnel ou familial de malformation congénitale ;
- Antécédent personnel ou familial de mort-né malformé ou polymalformé;
- Consanguinité, mariage entre apparentés ;
- Âge maternel supérieur à 35 ans ;
- Anomalie constatée au cours de la surveillance d’une grossesse sans risque prévisible.
A titre indicatif, nous recevons annuellement dans le service des maladies congénitales et
héréditaires de l’hôpital Charles Nicolle plus de 3000 nouvelles familles pour lesquelles nous
évaluons ce risque.
A- MALADIES HERIDITAIRES (GENIQUES)
Il s’agit d’un ensemble de maladies dont l’anomalie causale se transmet d’une génération à la
suivante. Plus de 2000 maladies héréditaires (géniques) sont connues. C’est une anomalie
d’un gène (séquence d’ADN), parfois de plusieurs gènes qui est responsable de la pathologie.
Cependant l’expression clinique (phénotype) de cette anomalie ne suit pas les mêmes règles,
elle dépend de ce que nous appelons le mode de transmission du gène. Nous distinguerons
ainsi :
1-Les maladies autosomiques dominantes :
Certaines pathologies sont bien connues, c’est le cas de l’achondroplasie dont le diagnostic se
fait dès la naissance ; la chorée de Huntington qui est une maladie de l’adulte, certaines
formes de rétinite pigmentaire qui se manifestera dès l’enfance. Pour ces pathologie
classiquement, 50 % de la descendance est atteinte indépendamment du sexe. Quand un couple
est sain, non atteint par la maladie, il n'y a pas de risque pour sa descendance, même si ses
parents sont atteints. Il existe cependant des particularités comme la pénétrance incomplète que
l’on connaît plus communément par l’expression de saut de génération ; le gène transmis dans
la famille peut ne pas avoir d’expression clinique chez le parent alors qu’il se manifestera chez
l’enfant.
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2. Les maladies autosomiques récessives :
Dans ce cas les deux parents d’un patient malade sont porteurs du gène anormal. Le risque de
réapparition (récurrence) de la maladie sera de 25% pour chaque grossesse, indépendamment
du sexe. Les enfants sont a priori indemnes si un seul parent est porteur du gène anormal
(hétérozygote). En cas de consanguinité, la probabilité pour que les deux conjoints (parents)
soient porteurs du même gène anormal est plus élevée que dans la population générale ; de ce
fait la consanguinité augmente le risque des maladies autosomiques récessives.
L’amyotrophie spinale, les thalassémies, l’hyperplasie congénitale des surrénales en sont
des exemples. Souvent ces maladies se manifestent cliniquement dès les premiers de la vie.
D’autres s’expriment chez le nourrisson, le jeune enfant e rarement plus tard.
3. Les maladies liées au sexe :
On les appelle ainsi parce que le gène responsable est localisé sur un chromosome sexuel, le
chromosome X en général. On distingue les maladies récessives liées à l’X comme la
myopathie de Duchenne-Becker, l’hémophilie, le syndrome de l'X fragile. Elles se
transmettent essentiellement par les femmes. Les fils sont atteints une fois sur deux, les filles
sont conductrices, une fois sur deux. Dans de rares cas une atteinte féminine est possible. Les
maladies dominantes liées à l’X se transmettent du parent (père ou mère) vers l’enfant
(fille ou garçon). En réalité ces maladies touchent essentiellement les filles car elles sont létales
chez le garçon. Parmi les maladies dominantes liées à l’X certaines sont bien connues comme
le rachitisme vitamino-résistant, l’incontinentia pigmenti ou certaine forme de rétinite
pigmentaire.
4. Les génopathies métaboliques
Elles sont caractérisées par un défaut inné du métabolisme leur diagnostic est essentiellement
enzymatique et elles peuvent bénéficier d’une thérapeutique comme l’hypothyroïdie
congénitale, la phénylcétonurie. Elles sont souvent transmises selon le mode autosomique
récessif.
B- ABERRATIONS CHROMOSOMIQUES
Les aberrations chromosomiques ont souvent une expression phénotypique sévère. Deux
groupes cliniques essentiels :
- Les syndromes malformatifs souvent associés à un retard mental
- Les troubles de la puberté et les échecs de la reproduction.
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Les aberrations chromosomiques sont souvent la conséquence d’une malségrégation des
chromosomes au cours de la méiose et de ce fait ne sont pas transmis par les parents.
Cependant il ne faut pas oublier que les anomalies qui touchent la structure du chromosome
(anomalie de structure) sont souvent transmises par l’un des 2 parents.
Les investigations actuelles montrent la présence de microremaniements chromosomiques à
l’origine du retard mental ou de syndromes dysmorphiques non diagnostiqués par les
méthodes classiques.
L’âge maternel est reconnu comme étant un facteur de risque d’apparition des
anomalies chromosomiques. Ainsi l’incidence de la trisomie 21 libre augmente de 1/2000
chez les femmes de 25 ans à 8/100 chez les femmes de 45 ans. L’âge maternel constitue ainsi
un facteur de risque des aberrations chromosomiques. Même en l’absence d’une anomalie de
structure chez les parents, le risque de récurrence d’une trisomie dans la fratrie d’un enfant
déjà porteur de l’anomalie est de 1%, nettement supérieure à celui de la population générale
qui est de 1/600.
Le syndrome de Williams Beuren est une pathologie qui associe une dysmorphie faciale,
une cardiopathie congénitale, un retard mental et des troubles de la communication avec une
logorrhée. Elle est secondaire à une microdélétion du chromosome 7 non détectable par un
caryotype classique.
Enfin on reconnaît aujourd’hui de plus en plus de cas de retard mental dus à des
microremaniements subtélomériques non détectables aussi par un caryotype classique. De
nouvelles techniques dont le nombre ne cesse de croître permettent aujourd’hui de détecter
toutes ces anomalies.
C/ AUTRES SITUATIONS A RISQUE
1. Antécédent de malformations communes
Le rôle joué par les facteurs génétiques dans leur survenue est mal connu. Elles
obéissent généralement à l'hérédité multifactorielle. L'estimation du risque est empirique,
fondée sur l'expérience acquise dans des situations comparables. Il est en général faible
(inférieur à 5 %), sauf s'il y a plusieurs cas dans la famille.
Prenons l'exemple de la fente labio-palatine : sa fréquence dans la population générale est de
1/1 000. Si les parents indemnes ont eu un enfant atteint, le risque de récurrence pour une
nouvelle grossesse est de 4 % et de 9 % si deux enfants ont été atteints.
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Le dépistage se fait par échographie : le diagnostic est difficile pour une fente labiale et
beaucoup plus difficile pour une fente palatine isolée. C'est parfois un signe de
polymalformations.
2. Antécédent de mort-né malformé
La conduite à tenir dépend du diagnostic précis à l'issue de cette mort fœtale. On pourra
proposer à la patiente une recherche de malformation par une échographie endovaginale vers 13
SA et une échographie du deuxième trimestre. Par ailleurs, un caryotype fœtal peut être fait en
fonction du type de(s) malformation(s).
3. État de consanguinité
Le risque de voir apparaître une affection autosomique récessive dans la descendance est
d'autant plus grand que les conjoints sont les plus proches parents.
Si l'on prend l'exemple d'un hétérozygote pour la mucoviscidose, son risque d'épouser un
autre hétérozygote dans la population générale est de 1/22. Si ces deux sujets sont cousins
germains dans une famille de mucoviscidosiques, le risque que le deuxième parent soit
hétérozygote est de 1/4.
En Tunisie le taux de consanguinité, c'est-à-dire le pourcentage de mariages entre cousins, se
situe autour de 30%.
4. Âge maternel
L'âge maternel est un facteur de risque d'aberration chromosomique, en particulier de trisomie
21 (cf. ci-dessus), mais aussi de trisomie 18 et 13, et d’anomalies de nombre de l’X.
II. MOYENS DIAGNOSTIQUES DES MALADIES GENETIQUES ET DES
MALFORMATIONS
A- L’HISTOIRE FAMILIALE ET PERSONNELLE
On est souvent orienté vers une cause génétique devant une histoire familiale et
parfois personnelle chargée. Certains facteurs de risque peuvent également aider au
diagnostic précoce, voire au dépistage.
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L'interrogatoire recherche les antécédents du patient, de ses parents et de toute sa famille.
Il permettra ensuite de dresser l’arbre généalogique (fig.1), de recueillir les informations
complémentaires sur la maladie, son mode de transmission. D’établir le lien entre apparentés
en cas de consanguinité et celui entre le cas index et les personnes à risque pour pouvoir
évaluer le risque réel de survenue de la maladie génétique et de prodiguer le conseil génétique
adéquat. Parmi les facteurs de risque, citons : l’existence d’un apparenté atteint d’une maladie
génétique, la consanguinité, les échecs de la reproduction (fausses couches spontanées
répétées, mort-nés à répétition, stérilité), l’âge maternel avancé, l’exposition aux agents
mutagènes.
Fig.1 : exemple d’un arbre généalogique, ici il s’agit d’une large famille de retard mental.
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B-MOYENS CLINIQUES
L’examen clinique du patient peut orienter vers une pathologie d’origine génétique.
Les maladies génétiques sont de mieux en mieux connues aujourd’hui et la littérature les
concernant est dense.
-
Une myopathie de Duchenne (RLX) est caractérisée par un tableau clinique assez
précis ;
-
Une épidermolyse bulleuse congénitale est souvent d’origine génétique (AR),
-
Une achondroplasie (AD) est de diagnostic facile même aux premiers jours de la vie.
-
Un syndrome malformatif peut être de cause chromosomique, génique,
multifactorielle ou tératogène.
-
Une adolescente qui reste de petite taille et impubère évoque rapidement un syndrome
de Turner.
La clinique permet d’orienter vers un diagnostic en postnatal ou de réaliser un dépistage de
risque de malformations par exemple en prénatal.
C- INVESTIGATIONS DU GENOME
On parlera ici plus particulièrement de la place des explorations biologiques qui portent sur le
chromosome et l’ADN dans la recherche d’une cause génétique et de l’échographie pour le
dépistage des anomalies fœtales.
1. Les analyses cytogénétiques
Les analyses cytogénétiques visent à explorer les chromosomes du patient pour étudier leur
nombre et leur structure pour la totalité de la garniture chromosomique ou pour un
chromosome (ou partie de chromosome) déterminé.
a. Le caryotype
Il est réalisé sur les cellules nucléées qui proviennent des différents tissus, il s’agit le plus
souvent de lymphocytes, cellules de la moelle et fibroblastes (tissus cutané) ; en prénatal le
caryotype est réalisé sur cellules trophoblastiques et cellules amniotiques.
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Il nous renseigne sur le nombre total des chromosomes et sur leur structure. Il permet de
diagnostiquer une aneuploïdie comme la trisomie 21, 18 (fig.2), le syndrome de Turner (45, X)
ou de Klinefelter (47,XXY). Le caryotype révèle également les anomalies de structure comme
les translocations, les inversions, les duplications etc. le caryotype ne peut être réalisé que sur
des cellules en division d’où la nécessité de faire une culture cellulaire dont la durée varie en
moyenne de 24h à 15 jours, en fonction du type de la cellule.
En cas d’anomalie chromosomique de novo, le caryotype des parents est normal. Par contre la
présence d’une anomalie chromosomique chez un des 2 parents, celle-ci pouvant être
équilibrée (sans perte ni de gain de matériel génétique) ou pas peut engendrer lorsqu’elle est
transmise une aberration déséquilibrée dans la descendance.
Fig.2 : photo d’un caryotype (en bandes R), qui montre une trisomie 18.
b. Analyse par FISH
C’est une technique qui associe à la fois les techniques cytogénétiques et de biologie
moléculaire. Le principe repose sur l’utilisation de sondes d’ADN complémentaire, marquées
et leur hybridation à du matériel chromosomique de manière qu’elles peuvent révéler des
anomalies précises et de très petite taille.
L’avantage de cette technique est qu’elle peut être utilisée sur noyau, donc pas
nécessairement sur cellules cultivées. L’application concerne en particulier la recherche
d’aneuploïdie des 13,21,18, X et Y en prénatal et même en préimplantatoire ; ces
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chromosomes étant les plus touchés par les anomalies de la ségrégation au cours de la méiose.
Dans ce cas lé résultat peut être remis en 48h.
Cette technique est également utilisée sur préparation chromosomique pour mettre en évidence
des microremaniements (fig.3), comme les microdélétions rencontrées dans différents
syndromes (Williams Beuren, Di-Georges, Smith-Magenis et autres). Elle permet également de
préciser les points de cassures en cas d’anomalie de structure diagnostiquée sur caryotype.
Elle identifie l’origine du matériel inconnu des chromosomes marqueurs. Ces techniques sont
couramment utilisées en diagnostic dans notre laboratoire.
D’autres techniques sont encore à l’étape de recherche dans notre laboratoire comme la CGH
array.
Fig.3 : photo d’une analyse en FISH qui montre une micodélétion au niveau du chromosome
7, responsable du syndrome de Williams Beuren.
2. Les analyses par biologie moléculaire
Ces techniques explorent le gène et plus précisément les modifications du gène ou
mutations. En cas de maladie génique, si le gène responsable est identifié, il est possible de
rechercher une anomalie chez le cas index, les parents et tout apparenté.
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3. La méthode directe des tests ADN :
Le test direct de l’ADN a pour objectif l’identification d’anomalie au niveau du gène en
question. Le test ADN peut être pratiqué sur des cellules de différents tissus (fibroblastes,
leucocytes, follicules pileux…)
En utilisant la PCR, le test ADN peut être réalisé à partir d’un échantillon infime de tissu (par
exemple une goutte de sang un papier buvard).
Le séquençage de l’ADN correspond à l’étude précise de la structure d’une partie ou totalité
d’un gène et permet de repérer toutes les variations présentes, en particulier les mutations
responsables de maladies.
4. La méthode indirecte des tests ADN :
Les études indirectes de l’ADN (incluant une étude de liaison) sont pratiquées lorsque le gène
en question n’a pas été identifié ou isolé.
Les études indirectes de l’ADN se basent sur l’étude des marqueurs ADN chez plus d’une
génération d’une même famille. Plusieurs membres de la famille sont nécessaires pour l’étude
de liaison.
De nombreuses techniques d’exploration d’un gène sont aujourd’hui de pratique courante, le
choix de leur utilisation dépend du type de l’anomalie à rechercher.On peut citer la PCR, la
Q-PCR, la RT-PCR, le Southern-Blot, la MLPA, le séquençage automatique.
Fig.4 : photo d’une séquence d’ADN obtenue par séquençage automatique.
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Exemples de gènes étudiés dans le cadre du diagnostic dans notre laboratoire et qui causent
des maladies génétiques qui se manifestent chez le nourrisson et l’enfant:
o le gène SMN responsable de l’amyotrophie spinale. La délétion de l’exon 7 est
responsable de près de 95% des cas.
o le gène de la Dystrophine, responsable de la dystrophie musculaire de
Duchenne et de la dystrophie musculaire de Becker. Une délétion d’un ou de
plusieurs exons du gène de la dystrophine est retrouvée dans 60à 65% des cas
de ces 2 pathologies ; les 35 à 40% restants sont secondaires à une mutation
ponctuelle, microduplication de séquence de ce gène.
o le gène CYP21B, responsable de l’hyperplasie congénitale des surrénales par
déficit en 21 hydroxylase et le gène CYP11B, responsable de l’hyperplasie
congénitale des surrénales par déficit en 11β hydroxylase.
o le gène FMR1, responsable du syndrome de l’X-fragile qui associe un retard
mental à une dysmorphie faciale et parfois des troubles du comportement.
o le gène MEFV, responsable de la Fièvre Méditerranéenne Familiale.
o le gène NPHP1 responsable de la néphronophtise.
Nombreux autres gènes sont étudiés dans le cadre de la recherche. La validation des méthodes
d’analyse permet par la suite de les joindre à la liste des diagnostics de routine.
D- AUTRES INVESTIGATIONS SPECIFIQUES
Nous parlerons essentiellement de l’échographie fœtale qui permet aujourd’hui d’orienter
vers diverses pathologies du fœtus.
1- L’échographie de la fin du premier ou début du deuxième trimestre (12-14 SA) est
importante pour l’étude de la clarté nucale. La clarté nucale est considérée pathologique
lorsqu’elle dépasse 2,5mm. Dans ce cas elle peut être associée à une anomalie
chromosomique, une malformation congénitale ou même une maladie métabolique. Une
clarté nucale pathologique doit indiquer un caryotype fœtal et une surveillance fœtale à la
recherche de malformations, lorsque le caryotype revient normal.
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2- L’échographie morphologique du fœtus (20-22 semaines d’aménorrhée) permet de
rechercher des anomalies du développement éventuelles. Elle peut être réalisée chez un fœtus
à risque pour s’assurer de son atteinte ou pas ; exemple une dysplasie osseuse familiale, telle
une ostéogenèse imparfaite peut être diagnostiquée par échographie anténatale. L’échographie
morphologique peut également révéler la présence de malformation chez un fœtus à priori non
à risque. C’est le dépistage des malformations majeures.
IV- CONSEIL GENETIQUE ET RECOMMANDATIONS
A- RECUEIL DES INFORMATIONS
Afin d'évaluer au mieux un risque d'anomalie congénitale, d'anomalie génique ou
chromosomique, le médecin doit recueillir le maximum d'informations sur les antécédents, le
recueil du suivi de grossesses antérieures, les échographies, le compte rendu d'accouchement,
le caryotype et/ou les autopsies antérieures.
Il doit proposer et expliquer la nécessité d'un conseil génétique.
Pour estimer le risque de récurrence dans une famille, le conseil génétique a besoin d'un
diagnostic précis du cas index, de l'étude de l'arbre généalogique familial et la connaissance
du mode de transmission de l'affection.
Le conseil génétique tente aussi de répondre aux questions importantes que se
pose le couple :
B- LE CONSEIL GENETIQUE
C’est l’évaluation du risque de survenue d’une maladie génétique, l’information du ou des
patients sur la pathologie, son pronostic, les possibilités thérapeutiques éventuelles, les
moyens d’investigation, et les moyens de prévention disponibles.
Il se fera en fonction:
- du risque encouru (mode de transmission, pénétrance et expressivité, coefficient de
parenté, fréquence du gène dans la population).
- de la gravité de l'affection et de l'existence ou non d'un traitement. Pour une affection
grave, à risque de récurrence élevé, sans traitement efficace et sans diagnostic prénatal (ou
devant le refus des parents de le pratiquer), il sera conseillé aux parents de ne plus avoir
d'enfants [mais les progrès récents sont tels dans le domaine de la génétique, que le couple
doit rester en contact avec le généticien].
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Il tiendra compte de :
La composition de la famille (sujets déjà atteints, nombre d'enfants normaux).
Il demandera :
o du temps et de la disponibilité (voir éventuellement les partenaires séparément si l'on
suspecte des renseignements erronés, des secrets cachés).
o beaucoup de psychologie
o une bonne connaissance des maladies génétiques.
C- SUIVI DES PATIENTS
Le conseil génétique ne se limite pas à une session d'information et on doit souvent prévoir un
contact ou une rencontre ultérieure pour vérifier la compréhension des informations
transmises, la mise à jour du dossier et très souvent informer les individus concernés de la
mise au point de nouveaux examens de laboratoire ou d'ajouts aux protocoles de traitement
D- SUIVI DES FAMILLES
Le diagnostic et le conseil doivent être complémentés par le suivi des familles. Il est fréquent
pour les cliniques de génétique d'assurer le suivi de plusieurs membres d'une famille
particulièrement
dans
les
translocations
chromosomiques
familiales,
les
maladies
monogéniques autosomiques dominantes ou liées au chromosome X comme l'hémophilie.
E- DIVULGATION DES RESULTATS
Il est fréquent dans le cadre des investigations familiales qu'un ou des individus acceptent de
subir l'examen mais refusent d'être informés des résultats : une situation des plus fréquentes
dans les épreuves de susceptibilité ou encore dans le dépistage de maladies dégénératives pour
lesquelles il n'existe aucun traitement. Toute information concernant le risque de reproduction
doit évidemment être donnée aux personnes concernées.
V- CONCLUSION
Les causes génétiques de pathologies malformatives ou pas deviennent plus accessibles grâce
au développement des technologies d’exploration du génome. Le conseil génétique doit être
donné pour toute demande émanant d’un patient, couple ou famille qui s’inquiète du risque de
survenue ou d’apparition d’une maladie génétique chez l’individu ou dans sa descendance.
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Le conseil génétique peut être suivi d’une action de prévention efficace des maladies lourdes
et handicapantes. Les espoirs restent permis pour ce qui est du traitement de ces pathologies
devant les avancées de la recherche.
VI- BIBLIOGRAPHIE GENERALE
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Collège National des Enseignants et Praticiens de Génétique Médicale. Génétique Médicale,
Masson ; 2004.
Chaabouni H, Chaabouni M, Maazoul F, M’rad R , Ben Jemaa L , Smaoui N, Terras K
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Riou S, El Younsi C, Chaabouni H. Consanguinité dans la population du nord de la Tunisie.
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