MASTER I ECONOMIE ET GESTION Spécialité Management des

MASTER I ECONOMIE ET GESTION
Spécialité Management des Organisations de la Net-Economie
Module UE2-2
Le contrôle de direction appliqué au management interculturel
INTRODUCTION
1. LES METHODES CLASSIQUES D'ORGANISATION ET DE CONTROLE
2. ORTHOPEDIE ORGANISATIONNELLE ET EMERHGENCE DE LA CULTURE DU RESULTAT
3. VERS UNE CULTURE DU RESULTAT, UN CHANGEMENT DE CIVILISATION ?
4. POUR UN CONTROLE DE DIRECTION ORIENTE SUR LE MANAGEMENT INTERCULTUREL
Auteur : M. Ramdane Mostefaoui
CONTROLE DE DIRECTION ET MANAGEMENT
INTERCULTUREL
Le contrôle de direction
appliqué au management
interculturel
INTRODUCTION
Le SENS donné aux concepts de contrôle, de performance et de responsabilité diffère
selon les cultures.
Ils revêtent des connotations négatives ou positives suivant les sociétés.
De la même façon, les problèmes de régulation des comportements et de coordination
se posent différemment suivant les cultures, les civilisations et les niveaux de
développement économique
Ainsi, dans les sociétés occidentales, le passage dune économie de masse à une
économie de variété a rendu obsolètes les modèles tayloriens et bureaucratiques sur
lesquels sest appuyée la révolution industrielle.
Des phénomènes extraordinairement identiques se produisent dans des pays en voie de
développement, comme lAlgérie qui ont adopté des institutions (North, 1990) et
organisé des activités industrielles et/ou administratives sous les modèles évoqués
précédemment (Mostefaoui, 2007, 2008).
Dans les pays ouverts à léconomie de marché, la réussite des entreprises nest plus
fondée sur la production ou la vente de biens et de services standardisés, mais sur la
capacité à offrir des biens et des services « sur mesure ».
Dans la nouvelle civilisation, ce nest plus au consommateur de sadapter au produit
comme cest le cas dans les économies administrées ; cest tout au contraire à
lentreprise de réajuster continuellement son offre pour garder ses clients.
La globalisation des marchés a rendu la tâche encore plus difficile ; doù la nécessité
pour ces entreprises de révolutionner leurs méthodes de direction et de contrôle pour
sortir de limpasse et dépasser les effets contre-productifs du modèle fondé sur la
logique de la prescription et de lobéissance et aller vers un modèle plus favorable à la
créativité et à linnovation.
Une véritable révolution managériale fondée sur la créativité et lautonomie des
acteurs locaux est nécessaire pour permettre dintroduire ou de réintroduire la
souplesse nécessaire dans les rouages des machines gestionnaires trop complexes.
Ladaptabilité aux contextes culturels locaux est à ce prix.
Dans cette perspective, le rôle des dirigeants est décisif.
Ce qui implique de faire évoluer ce rôle.
Les compétences interculturelles nécessaires à cette évolution doivent être acquises et
traduites quotidiennement dans les pratiques managériales de ces dirigeants.
LES METHODES CLASSIQUES D'ORGANISATION ET DE CONTROLE
Les méthodes issues du taylorisme et du fordisme ont permis une baisse considérable
des coûts de revient tant par lamélioration de la productivité que par lutilisation dune
main d‛œuvre peu ou pas qualifiée.
Taylor (1957) et Ford (1927) ont contribué significativement au passage du travail
artisanal au travail industriel, à la production en série.
En effet, le contrôle opérationnel issu des principes tayloristes, en découpant le travail
en gestes élémentaires et en poussant jusquaux moindres détails lanalyse du contenu
des postes et le chronométrage des temps a permis une meilleure organisation et la
suppression des mouvements inutiles.
De la même façon, les normes du contrôle opérationnel issues du fordisme ont permis la
standardisation de la production et le principe de la chaîne de continue dans
lautomobile.
Parallèlement à ce mouvement de rationalisation des activités de production (connu
sous le nom dOrganisation Scientifique de Travail, OST), sest développé un autre
courant de normalisation des fonctions de direction des entreprises désigné sous le
vocable dOAT (pour Organisation Administrative du Travail).
LOAT a été marqué par les travaux de Fayol (1956). Fayol sest intéressé à létude des
structures formelles de lorganisation et à lanalyse de la fonction de direction en
fondant sur sa propre expérience à la tête dune compagnie minière.
Ces auteurs partageaient la même croyance : lexistence dune « bonne » façon
dorganiser et de diriger les entreprises ; pour cela, il suffirait dappliquer des
principes valables en toutes circonstances quils se sont appliqués à expliciter.
Lidée de base commune a été de considérer que grâce aux moyens illimités de la
science, il serait possible dorganiser de façon scientifique, rationnelle une entreprise
ou toute autre entité sociale ; pour lui permettre datteindre le meilleur résultat
compte tenu des contraintes.
Dans cette représentation, la science permet de trouver la meilleure façon dorganiser
tous les moyens y compris les ressources humaines.
Cette conception sappuie principalement sur deux postulats :
le postulat du « one best way », postulat selon lequel il existerait pour toute
activité une façon optimale et une seule de sy prendre. Dans cette perspective,
lorganisation est conçue comme une mécanique, un agencement de postes de
travail dont on peut décrire et normaliser les tâches de manière scientifique. Il
suffirait pour cela de mettre en place des dispositifs de contrôle appropriés et
de sélectionner de bons candidats suivant des profils de postes soigneusement
élaborés par des spécialistes, de sorte que les tâches soient exécutées de la
meilleure manière possible.
le 2ème postulat correspond à la théorie de lhomo-économicus, représentation
selon laquelle lindividu au travail est traité comme un être interchangeable à
qualification égale et comme acteur obéissant de manière prévisible à des stimuli
économiques. Sa seule motivation est doptimiser ses gains économiques.
Dans ce schéma, il suffirait de payer plus le salarié pour quil accomplisse mieux et plus
vite son travail. Ces auteurs ont contribué à préfigurer dès 1920 la forme classique
dorganisation du travail industriel qui a permis que des biens déquipement comme
lautomobile ou lélectroménager fassent lobjet dune consommation de masse.
Par exemple, Ford en standardisant les tâches pour construire des voitures, en mettant
en place le principe de la chaîne continue a réduit le temps de montage dune automobile
de 12h30 à 1h30, soit un gain de 11 heures ; gain qui a permis de baisser le coût de
revient dun véhicule de 950 à 200 dollars tout en augmentant le résultat dexploitation
de lentreprise et les salaires des personnels car les salaires ont toujours été négociés
chez Ford.
En revanche, lorganisation fondée sur la séparation du travail de conception du travail
dexécution nétait pas négociable, comme cest le cas dans de nombreuses
organisations. Dans ces organisations, les dirigeants et dans une certaine mesure les
cadres sont payés pour penser et les salariés subalternes, pour exécuter. Cette
rationalisation des relations et de lorganisation du travail sappuie sur des dispositifs
de régulation (mécanismes de gouvernance) et de contrôle (contrôle de gestion et
contrôle opérationnel) « classiques ».
Lobjet de ce système était (et est toujours dans de nombreuses organisations de part
le monde) de traduire en pratiques effectives les principes organisationnels issus de
lOST et de lOAT dont la logique est complètement tournée vers le produit. Pour faire
correspondre les comportements réels des acteurs aux comportements postulés par les
décideurs, le système de régulation sappuie sur des mécanismes de gouvernance pour
lencadrement des pouvoirs des dirigeants et sur des dispositifs de contrôle de gestion
et de contrôle opérationnel pour la régulation des comportements des cadres et des
salariés subalternes.
Lensemble du système de régulation forme une pyramide allant du contrôle de
direction (contrôle qui concerne les niveaux gouvernance et dirigeance) au contrôle
opérationnel en passant par le contrôle de gestion (qui se rapporte aux managers et aux
collaborateurs).
Toute une panoplie dinstruments de gestion (Berry, 1983) et de dispositifs de contrôle
sont mobilisés par les organisations (tableaux de bord, standards, règlements, manuels
des procédures, indicateurs de résultat).
La mobilisation de ces instruments de gestion, en introduisant une grande transparence
encadrent (voire « dressent » au sens de Michel Foucault, 1975) les comportements.
Ces dispositifs opèrent comme une orthopédie. Ils rythment les cadences de travail et
« brident » les comportements. Ceci a permis de réduire la « flânerie » et daugmenter
la productivité. Dailleurs ladoption de ces miraculeux instruments de régulation et de
contrôle sest répandue partout dans le monde à la vitesse du feu. Mais le système a
engendré de gros problèmes (monotonie générée par la spécialisation et la
parcellisation des tâches, accroissement du contrôle) dus aux effets pervers des
dispositifs et méthodes ainsi mobilisés. Le verrouillage des initiatives des acteurs
locaux (« héros locaux ») entraîne irrémédiablement des rigidités, des blocages et des
crises multiples Leffet de mode aidant, les modèles « prêts-à-penser » étaient
plaqués sur des réalités organisationnelles (sociales donc culturelles) sans que les
décideurs se soient interrogés sur la congruence ou non congruence des greffes. Ceci a
été à lorigine de nombreuses déceptions et de vives réactions de salariés et de
syndicats.
Partout dans le monde, le système évoqué montre des signes dessoufflement. En effet,
la logique fondée sur lobéissance et la prescription a changé depuis les deux dernières
décennies et a mis à mal cette vision « disciplinaire » du travail et du contrôle dans les
organisations.
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