Ces auteurs partageaient la même croyance : l‛existence d‛une « bonne » façon
d‛organiser et de diriger les entreprises ; pour cela, il suffirait d‛appliquer des
principes valables en toutes circonstances qu‛ils se sont appliqués à expliciter.
L‛idée de base commune a été de considérer que grâce aux moyens illimités de la
science, il serait possible d‛organiser de façon scientifique, rationnelle une entreprise
ou toute autre entité sociale ; pour lui permettre d‛atteindre le meilleur résultat
compte tenu des contraintes.
Dans cette représentation, la science permet de trouver la meilleure façon d‛organiser
tous les moyens y compris les ressources humaines.
Cette conception s‛appuie principalement sur deux postulats :
● le postulat du « one best way », postulat selon lequel il existerait pour toute
activité une façon optimale et une seule de s‛y prendre. Dans cette perspective,
l‛organisation est conçue comme une mécanique, un agencement de postes de
travail dont on peut décrire et normaliser les tâches de manière scientifique. Il
suffirait pour cela de mettre en place des dispositifs de contrôle appropriés et
de sélectionner de bons candidats suivant des profils de postes soigneusement
élaborés par des spécialistes, de sorte que les tâches soient exécutées de la
meilleure manière possible.
● le 2ème postulat correspond à la théorie de l‛homo-économicus, représentation
selon laquelle l‛individu au travail est traité comme un être interchangeable à
qualification égale et comme acteur obéissant de manière prévisible à des stimuli
économiques. Sa seule motivation est d‛optimiser ses gains économiques.
Dans ce schéma, il suffirait de payer plus le salarié pour qu‛il accomplisse mieux et plus
vite son travail. Ces auteurs ont contribué à préfigurer dès 1920 la forme classique
d‛organisation du travail industriel qui a permis que des biens d‛équipement comme
l‛automobile ou l‛électroménager fassent l‛objet d‛une consommation de masse.
Par exemple, Ford en standardisant les tâches pour construire des voitures, en mettant
en place le principe de la chaîne continue a réduit le temps de montage d‛une automobile
de 12h30 à 1h30, soit un gain de 11 heures ; gain qui a permis de baisser le coût de
revient d‛un véhicule de 950 à 200 dollars tout en augmentant le résultat d‛exploitation
de l‛entreprise et les salaires des personnels car les salaires ont toujours été négociés
chez Ford.
En revanche, l‛organisation fondée sur la séparation du travail de conception du travail
d‛exécution n‛était pas négociable, comme c‛est le cas dans de nombreuses
organisations. Dans ces organisations, les dirigeants et dans une certaine mesure les
cadres sont payés pour penser et les salariés subalternes, pour exécuter. Cette
rationalisation des relations et de l‛organisation du travail s‛appuie sur des dispositifs