UE3.4-Note de recherche

publicité
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de recherche
Semestre 6
Sommaire
Introduction ................................................................................................................................ 5
1.
2.
De la situation de départ à la question de départ ................................................................ 6
1.1
Description de la situation d’appel .............................................................................. 6
1.2
Du questionnement à la question de départ ................................................................ 6
L’identité professionnelle infirmière .................................................................................. 8
2.1
La construction de l’identité professionnelle ............................................................... 8
2.1.1
L’identité un phénomène complexe ...................................................................... 8
2.1.2
Une notion française ............................................................................................. 8
2.1.3
Le métier faisant définition................................................................................... 8
2.1.4
L’approche organisationnelle................................................................................ 9
2.2 L’identité infirmière ................................................................................................... 10
2.2.1
Construction de l’identité chez l’étudiant ........................................................... 10
2.2.2
Le rôle propre en question .................................................................................. 11
2.2.3
Une redéfinition du rôle propre ? ....................................................................... 11
2.2.4
Le sale boulot ..................................................................................................... 12
2.2.5
Un déplacement renouveau de l’identité ? ......................................................... 12
2.3 La profession infirmière en psychiatrie ..................................................................... 13
3.
4.
5.
6.
2.3.1
Historique de la profession en général ............................................................... 13
2.3.2
Des dates marquantes ......................................................................................... 13
2.3.3
Un volume horaire de formation en baisse ......................................................... 14
La réflexivité..................................................................................................................... 15
3.1
Le référentiel de 2009 ................................................................................................ 15
3.2
La réflexivité .............................................................................................................. 15
3.3
La place de la réflexivité dans le soin et hors du soin ............................................... 17
Les infirmiers en psychiatrie ............................................................................................ 19
4.1
Un groupe spécifique ................................................................................................. 19
4.2
La formation en psychiatrie ....................................................................................... 19
4.3
Vers un master ? ......................................................................................................... 20
L’exploration de terrain .................................................................................................... 22
5.1
Méthodologie des entretiens ...................................................................................... 22
5.2
Les difficultés............................................................................................................. 22
5.3
Les soignants.............................................................................................................. 22
5.3.1
L’identité ............................................................................................................. 22
5.3.2
Des compétences autres ...................................................................................... 23
5.3.3
Le rôle propre ..................................................................................................... 23
5.3.4
L’accompagnement par les pairs ........................................................................ 24
5.3.5
La clinique de soi ................................................................................................ 25
5.3.6
Quelles compétences ?........................................................................................ 25
La question de recherche .................................................................................................. 26
3
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Conclusion ................................................................................................................................ 27
Bibliographie ............................................................................................................................ 28
Abstract ..................................................................................................................................... 30
Annexes .................................................................................................................................... 31
4
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Introduction
L’année 2009 a vu la mise en place d’un nouveau référentiel de formation en soins
infirmiers. Le volume horaire de formation en lien avec la santé mentale est de 80 heures de
théorie et au minimum 175 heures de stage clinique. Le plan de santé mentale de 2005 -2008
a mis en exergue la nécessité d’un approfondissement en santé mental suite à la disparition du
diplôme d’Infirmier de Secteur Psychiatrique (ISP) et l’arrivée d’infirmiers formés sur le
référentiel de 1992. Cet approfondissement fut nommé consolidation des savoirs. Cet
accompagnement se fit grâce à la fonction de tuteur ; fonction exercée par des ISP. Ce
dispositif permit aux nouveaux diplômés d’appréhender les spécificités du travail infirmier en
santé mentale. Actuellement les ISP commencent à être de moins en moins nombreux dans
les services intra hospitaliers: effet naturel de la pyramide des âges, changement de lieu
d’exercice (hôpital de jour), intégration dans le corps infirmier diplômé d’état et exercice
dans d’autres champs de la santé. Cette disparition fait craindre une perte de connaissance, de
savoirs faire et d’une vision du travail infirmier en psychiatrie.
Ma découverte de la psychiatrie se fit au cours du semestre 4 lors de stages en intra et
extra hospitalier. Les situations rencontrées lors de ces stages modifièrent mes représentations
d’étudiant en formation : soins sous contraintes, violence verbale voire physique. Ces
situations remirent en cause un modèle soignant que je faisais mien. Ce que je croyais être des
valeurs fondamentales telles que l’adhésion du patient, la bienveillance furent perturbées. Cet
accompagnement dans ce bouleversement se fit grâce au personnel infirmier du service. Il
faisait intervenir tout à la fois des remédiations immédiates, des apports théoriques. Je
constatais des échanges quotidiens sur leur exercice afin de toujours améliorer leur pratique
de soins. Ces analyses de pratique me permirent d’appréhender le soin sous un autre aspect
mais avec ces valeurs fondamentales toujours présentes.
5
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
1. De la situation de départ à la question de départ
1.1 Description de la situation d’appel
Lieu : Service de psychiatrie intra hospitalier, chambre de la patiente et cabine de douche.
La patiente : Mme B, 51, est connue du service pour schizophrénie dysthimique,
diagnostiquée à l’âge de 19 ans. Elle est suivie par le CMP (Centre-Médico-Psychologique) et
fut déjà hospitalisée pour des états de catatonie. Elle est hospitalisée pour décompensation, en
soins psychiatrique sur demande d’un tiers. Elle arrive dans le service en état de catatonie
stuporeuse : mutique, amimique, clinophile, ne voulant pas s’alimenter, manifestant une
opposition « passive » lors des sollicitations pour effectuer les soins d’hygiène et pour
s’alimenter, avec une tendance à la potomanie. De plus Mme B urine dans son lit, ce qui
nécessite des soins d’hygiène fréquents.
La situation : Au début de son hospitalisation, Mme B consent à suivre les soignants pour
prendre sa douche et s’alimenter après plusieurs minutes de négociation. Elle manifeste une
opposition verbale par quelques « non », sans manifestation physique active. Lors de la
douche elle a besoin d’être guidée pour ses gestes d’hygiène et pour ne pas s’égarer dans le
service.
Une semaine après son entrée, Mme B commence à manifester une hostilité de manière plus
active, se débattant, criant et verbalisant des « foutez moi la paix, lâches moi ». Les soins
deviennent plus durs à effectuer et requièrent à certains moments deux, voire trois soignants
pour lui faire quitter son lit, l’amener à la douche. Les cabines de douches sont au nombre de
trois. Elles donnent sur le couloir du service et sont partagées avec les autres patients. La
cabine de douche est exigüe, elle mesure 2 mètres sur 1, séparée en deux par un rideau de
douche permettant de laisser un espace intime aux patients.
L’opposition de Mme B m’oblige à plusieurs reprises à la contenir physiquement pour la
maintenir dans la cabine de douche car elle veut en sortir nue, mouillée. La principale
difficulté dans ces situations de soins est pour moi d’accepter une modification dans le peu de
contact physique que j’ai avec la patiente. Ma représentation du toucher soignant se devant
d’être doux, enveloppant, signifiant mon empathie avec pour but d’apporter un (ré)confort au
patient est bouleversée. Dans cette situation, ma principale difficulté est d’avoir un toucher
ferme mais non violent, contenant pour la patiente et d’utiliser comme vecteur de l’expression
de ma volonté soignante, non pas le toucher, mais la parole ; Tout en ne sachant pas si mes
mots étaient correctement reçus par la patiente.
J’évoque mes questionnements avec l’équipe lors des transmissions et celle- ci me fait
part aussi de ses difficultés avec la patiente. La discussion porte sur les possibles origines de
ce changement de comportement, sur le déroulement des autres hospitalisations de Mme B.
Le reste du temps est consacré à l’expression des membres de l’équipe sur ces obstacles à la
prise en soin de Mme B et aux attitudes que nous pensons appropriées.
Cette situation me conduit à m’interroger sur différents aspects.
1.2 Du questionnement à la question de départ
Quelle est la fonction d’une équipe dans un service de psychiatrie ?
Dans cette situation l’équipe, au delà de l’aspect formateur, me fit part aussi de ses
interrogations et surtout me fit comprendre que certes la contrainte existait mais qu’elle était à
6
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
mettre en lien avec mes valeurs professionnelles : devions nous laisser Mme B sans soins
d’hygiène ?
En quoi la communication avec les patients psychotiques est elle singulière ?
Un patient psychotique décompensé perd pied avec la réalité. Il reconstruit via son délire une
néo-réalité. Cette néo réalité peut altérer la communication avec autrui. Il en découle que les
relations avec un patient souffrant de troubles psychotiques peuvent être déstabilisantes pour
un infirmier débutant.
Comment concilier une perception positive de notre métier et des situations dans lesquelles
une certaine violence est présente ? En quoi remet-elle en question la perception de nous
mêmes ? En effet, cette situation se déroule lors d’un stage du semestre 4, mon identité
infirmière en devenir me pousse à intégrer certaines valeurs professionnelles. Or lors de ces
soins elles me parurent remises en question.
En effet, l’abord de patients souffrant de pathologies mentales fait appel à des théories qui si
elles sont complémentaires peuvent être aussi en apparente opposition (vision
psychanalytique versus vision organiciste). Or tout le travail de l’infirmier en psychiatrie est
d’appréhender une réalité à travers des prismes théoriques différents. Cela nécessite un
constant aller retour entre la pratique et la théorie afin d’aboutir à la construction d’une vision
soignante particulière, structurante d’une identité professionnelle.
Ces questions mettent en lumière deux aspects :
Le premier sur une identité soignante spécifique à la psychiatrie et le deuxième sur place de la
réflexivité dans la construction de compétences spécifiques au travail en psychiatrie.
J’ai donc abouti à la question de départ :
En quoi la réflexivité sur les pratiques de soins infirmiers pour une patiente en service
fermé de psychiatrie participe à l émergence d’une identité professionnelle pour un
jeune diplômé ?
J’aborderai cette question d’un point de vue sociologique de manière générale puis plus
spécifiquement infirmier. Ensuite je caractériserai la réflexivité. Je mettrai en lien ces données
avec le champ de la psychiatrie. Enfin la dernière partie de ce document sera consacré à
l’analyse des entretiens menés auprès de soignants.
7
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
2. L’identité professionnelle infirmière
2.1 La construction de l’identité professionnelle
2.1.1 L’identité un phénomène complexe
La notion d’identité renvoie à ce qui permet de caractériser un individu, un groupe. La
principale problématique est sur la définition de ces caractéristiques. Quant à la profession,
cela revient à accepter de qualifier une activité exercée comme fondement d’un processus de
caractérisation. Pour DUBAR une identité est : « le résultat à la fois stable et provisoire,
individuel et collectif, subjectif et objectif, biographique et structurel, des divers processus de
socialisation qui, conjointement, construisent les individus et définissent les institutions ».1
2002. Cette identité est donc le résultat d’interactions entre des individus, des groupes. Les
individus pouvant modifier le groupe et réciproquement. De plus cette identité n’est pas figée
mais dynamique, elle change en fonction des périodes, des personnes constituant les groupes.
Parler d’identité professionnelle revient à mêler une activité codifiée, régie par des règles
imposées à la personne, à une perception de soi dans son exercice professionnel et le regard
que l’ensemble de la société porte sur un groupe professionnel. Ce même groupe pouvant ne
pas être homogènes dans sa propre perception de ce qui fait ses caractéristiques identitaires.
La notion d’identité professionnelle est une notion sociologique française. Les anglo saxons
par lent de rôle, de missions, définissent les métiers en occupation.
2.1.2 Une notion française
Différentes écoles sociologiques ont établis des critères permettant de caractériser des
professions. La notion d’identité professionnelle est une spécificité de la sociologie française
Nous travail s’effectuant dans un cadre français avec comme objet d’étude une population
française il nous paraît important de retenir une définition française définissant un groupe
professionnel identifié et identifiable :
Groupe professionnel : « ensemble des travailleurs exerçant une activité ayant le même nom
et par conséquent dotés d’une visibilité sociale, bénéficiant d’une identification et d’une
reconnaissance, occupant une place différenciée dans la division sociale du travail, et
caractérisés par une légitimité symbolique »2 ( DEMAZIÈRE, GADÉA, 2009).
2.1.3 Le métier faisant définition
Une approche dite fonctionnaliste caractérise l’individu par le rôle et le statut que lui
donne l’ensemble de la société. A chaque statut (avocat, médecin, infirmier) est associé non
seulement des compétences, des savoirs mais aussi des attributs, un rôle. Ce rôle est un
ensemble de comportements attendus de la part d’une personne par la société. Toute la société
pousse chaque personne à intégrer un rôle, des comportements attendus. Dans cette vision
c’est la culture commune, la société qui va permettre la construction d’une identité. La limite
de cette approche est que l’individu ne fait que se conformer à une norme. Il n’a de choix dans
l’acceptation des attributs que ceux que la société lui confère. En parlant des infirmières,
FERONI en 2000 dit qu’elles refusent « d’être appréciées en fonction de qualités attendues
1
DUBAR (C.), La socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles, Armand Colin, Paris,
1991,p.111
2
BLIN (J.F.), Représentations, pratiques et identités professionnelles, Collection : Action et savoir, L'Harmattan,
1997, p.20
8
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
comme le dévouement ou la gentillesse, elles ne veulent plus être considérées comme des
subordonnés et réclament une réelle acceptation de leur professionnalité ».3
Jean François BLIN dans son ouvrage sur les représentations professionnelles et identité
reprend 3 dimensions spécifiques du rôle professionnel mêlant normes sociales et valeurs
culturelles définies par PARSONS4 :
« Un savoir pratique qui articule une double compétence celle fondée sur le savoir théorique
initial et celle qui s’appuie sur la pratique acquise par l’expérience. »
« Une compétence spécialisée reposant sur spécificité technique qui limite et légitime le
professionnel sur ce domaine de spécialité. »
« Les professions forment des communautés unies autour des mêmes valeurs et de la même
éthique et leur statut professionnel se fonde sur un savoir scientifique et pas seulement
pratique. »
Une des limites à ce modèle est celui d’une unicité de valeurs, d’une union autour de
valeurs communes. Cette unicité est-elle artificielle, imposée par une norme sociale ou réelle,
partagée par tous ? Le groupe va créer un système lui permettant de s’identifier. « Chaque
profession désigne socialement la réalisation d’activités spécifiques non réductibles à un
poste et à partir desquelles les professionnels se reconnaissent entre eux. » 5. Il est à noter que
cet auteur parle à la fois de savoirs théoriques mais aussi de savoirs acquis par l’expérience.
Des sociologues ont préféré approcher l’identité professionnelle non pas par les taches, rôles
et statuts mais par les modifications qu’engendrent les organisations sur les personnes.
2.1.4 L’approche organisationnelle
L’approche organisationnelle, quant à elle va s’intéresser à la construction des modèles
professionnels en tant que groupe, leur rapport entre eux et sur l’influence que cette
construction a sur les personnes.
Pour le sociologue LIPIANSKY l’identité collective possède 5 dimensions6 :
« Subjectivement vécue et perçue par les membres du groupe »
« Résulte de la conscience d’appartenance à ce groupe »
« Se définit d’abord par opposition et différence avec d’autres »
« Ensemble de représentations où s’opposent traits négatifs et positifs »
« Attitudes et images s’expriment dans un discours révélant un système d’idées »
Au delà des aspects subjectifs et caractéristiques, la partie qui me semble la plus intéressante
est celle de la définition qui se fait surtout non pas en soi mais en rapport avec les autres et
surtout en opposition. Elle sera à ne pas négliger lors des entretiens exploratoires.
Définir une identité professionnelle revient à tenter de trouver ce qui caractérise une
profession. Ces caractéristiques sont le fruit d’une vision en propre, et d’une vision issue du
groupe lui même lui servant à se reconnaître, et de la vision extérieure au groupe. Ce que
DUBAR décrit de la manière suivante « ce n est pas seulement leur diplôme ou leur
formation initiale qui sert à les définir mais leur apprentissage pratique par l expérience
professionnelle et leur appartenance à un groupe professionnel qui est bien autre chose
qu’une catégorie statistique ou un niveau de formation. Il s agit, en fait, d’une identification à
3
CARRICABURU (D.), MENORET (M.), Sociologie de la santé : Institutions, professions et
maladies ,armandcolin,2004,collection U sociologie 236 pages, p82
4
BLIN (J.F.), Représentations, pratiques et identités professionnelles, Collection : Action et savoir, L'Harmattan,
1997, p.50-51
5
Ibid p.15
6
Ibid p.181
9
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
une activité et à ceux qui l’exercent, à un autre mode de socialisation que l ‘école, à un
apprentissage qui ne repose pas sur une qualification juridique attestée par la possession
d’un titre scolaire mais sur la compétence acquise par l’exercice d’un métier mais aussi par
le rattachement à un groupe professionnel ou à une institution dotée d’une forte visibilité
symbolique. »7.
Nous sommes donc bien dans un processus d’identification à un modèle issu du groupe lui
même. Ce processus permet aux professionnels de se reconnaitre entre eux et donc par
conséquent qu’ils reconnaissent chez l’autre une partie de soi. Ce processus prend en compte
l’apprentissage par l’expérience. Cet apprentissage peut être inconscient, au sens de non
désiré, mais il peut être aussi voulu.
Une identité professionnelle est donc basée sur des caractéristiques individuelles
propres qui sont influencées par des caractéristiques du groupe d’appartenance : système de
valeurs, rhétorique, représentations du travail, définition de soi par rapport aux autres corps
professionnels, formation initiale et expérience professionnelle. Cette définition
multifactorielle repose en partie sur les questionnements que nous nous posons sur notre
travail et la validation de ce questionnement par soi même ou ses pairs. Un autre point
commun à dégager entre ces auteurs est l’utilisation du terme de compétence ; terme
apparaissant dans le milieu professionnel dans les années 80-90.
2.2
L’identité infirmière
2.2.1 Construction de l’identité chez l’étudiant
La construction de l’identité professionnelle pour les étudiants en soins infirmiers est
décrite par le sociologue F DAVIS en 1958. Il la présente en 6 étapes :
 L innocence initiale qui est la phase durant laquelle l’étudiant est rempli de ses
certitudes
 La reconnaissance de l’incongruité : choc avec la réalité et la confrontation entre leurs
représentations et les attentes du monde professionnel
 Le déclic : prise de conscience des attentes et comment répondre au mieux à ces
attentes
 La simulation du rôle : la mise en œuvre du rôle attendu avec une « aliénation de soi »,
l’étudiant répond aux attentes du groupe et plus il joue à l’infirmier moins il a
conscience de jouer un rôle, il se persuade de son authenticité.
 L’intériorisation provisoire: l’intériorisation provisoire se caractérise par des périodes
de doutes sur les capacités, avec deux pivots essentiels à l intériorisation stable qui
sont la rhétorique professionnelle et l’émergence de modèles de référence infirmiers.
 L’intériorisation stable consiste à ignorer certains aspects de soi au profit sa nouvelle
identité.
Donc le passage d’une identité à une autre est le résultat d’un conflit entre une représentation
et la conformation à une autre identité. Pour pouvoir être accepté par le groupe auquel
l’étudiant prétend appartenir. D’après cet enchainement il y a un passage d’un état pré
infirmier à un état de comme un infirmier, or dans la situation, il y a un autre « déclic », qui
correspond à la découverte de valeurs soignantes, de références culturelles qui pour l’étudiant
7
DUBAR (C.), La socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles, Armand Colin, Paris,
1991, p.145
10
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
que j’étais sont comme un « déclic » de plus. Nous pouvons supposer que cet autre déclic
correspond à « la prise de conscience de nouvelles attentes ». Si je constate un nouveau
déclic, c’est que je suis confronté à une nouvelle identité.
Cependant l’identité infirmière en tant que telle est une notion en débat puisque nous sommes
une profession paramédicale, c’est à dire à coté du médical avec un système de valeurs qui se
veut différent, des savoirs différents et des modèles théoriques différents dans un monde qui
lui aussi évolue.
Pour obtenir une profession paramédicale possédant les caractéristiques d’une profession
autonome nous pouvons nous appuyer sur cette définition : « Une profession paramédicale
peut atteindre le degré d’autonomie d’une profession à la condition de contrôler un domaine
d’activité disjoint qui peut être isolé du champ global de la médecine et où la pratique n’exige
pas le contact quotidien avec le médecin ni le recours à leur autorité.»8.Cette citation met en
lumière la question du rôle propre infirmier, les limites de son champ d’action,
2.2.2 Le rôle propre en question
En 1978, le métier infirmier accède à une part d’autonomie avec la reconnaissance
d’un rôle propre. Ce rôle propre est un passage d’un métier à celui de profession.il permet une
autonomie de décisions, d’actions et donc d’évaluation de ses actions à l’infirmier. Il est ainsi
défini dans sa dernière mouture :
Article R. 4311-3 du code de la santé publique (CSP) : « Relèvent du rôle propre de
l'infirmier ou de l'infirmière les soins liés aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie et
visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d'autonomie
d'une personne ou d'un groupe de personnes. Dans ce cadre, l'infirmier ou l'infirmière a
compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu'il juge nécessaires
conformément aux dispositions des articles R. 4311-5 et R. 4311-6. Il identifie les besoins de
la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en œuvre les
actions appropriées et les évalue. Il peut élaborer, avec la participation des membres de
l'équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé
de la conception, de l'utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers. »
Nous pouvons distinguer deux champs d’actions dans cette définition : un champ centré
directement sur la personne et un autre plus administratif avec la gestion du dossier de soins
Les actes du rôle propre en santé mentale sont définis dans l’article R. 4311-6 du CSP:
1.
2.
3.
4.
Entretien d'accueil du patient et de son entourage ;
Activités à visée sociothérapeutique individuelle ou de groupe ;
Surveillance des personnes en chambre d'isolement ;
Surveillance et évaluation des engagements thérapeutiques qui associent le médecin,
l'infirmier ou l'infirmière et le patient.
2.2.3 Une redéfinition du rôle propre ?
Cette reproduction est nécessaire. L’évolution des pratiques dans les milieux de soins
quels qu’ils soient fait qu’une majeure partie de ces soins du rôle propre sont aujourd’hui
assurés par des aides soignants sous la responsabilité d’un infirmier. Soins d’hygiène,
8
CARRICABURU (D.), MENORET (M.), Sociologie de la santé : Institutions, professions et maladies, Armand
Colin,2004,collection U sociologie, p.82
11
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
alimentation, positionnement. Les autres soins sont des actes médico-techniques (alimentation
parentérale ou des surveillances d’actes prescrits. Cette évolution est, quelle que soit
l’appréciation que l’on porte dessus, un phénomène décrit par HUGES.
2.2.4 Le sale boulot
Chaque profession possède des activités jugées comme peu valorisantes car non ou
mal perçues par l’extérieur. Ce que HUGES qualifie de « dirty work » ou littéralement « sale
boulot ». Ce sale boulot est délaissé au profit de taches jugées comme plus valorisantes et plus
porteuses de reconnaissance sociale Les infirmiers n’ont pas échappé à ce mouvement, une
grande part des soins du rôle propre est réalisée par les aides soignants. « Elle délègue le
« sale boulot », c’est à dire à déprécier la qualification de garde malade qui leur vient de
florence NIGHTINGALE et à en céder les fonctions aux petits personnels, pour se consacrer
aux travaux d’administration.»9. il est intéressant de lire le chapitre de sociologie des métiers
de la santé inspirés des travaux de AM ARBORIO intitulé quand « le sale boulot fait métier ».
Ce phénomène de délégation de tâches infirmières y est décrit.10 Face à cette perte
d’autonomie de pratique du rôle propre, les infirmiers français cherchent dans les pays anglosaxons, notamment au Canada, un nouveau modèle professionnel, à la recherche de nouveaux
attributs professionnels : démarche de soins, diagnostics infirmiers, création des sciences
infirmières, universitarisation du diplôme, malgré tout le rapport au corps médical reste
toujours problématique dans la définition d’un nouveau corpus théorique, de valeurs, de
technicité. Il est à noter que les infirmières sont elles aussi prises dans ce mouvement de
délégation de tâches jugées comme peu valorisante par le corps médical : renouvellement de
la pilule contraceptive11 en mai 2011, prescription de certains dispositifs médicaux à domicile
pour les infirmières libérales12.
2.2.5 Un déplacement renouveau de l’identité ?
Ce mouvement de déplacement de tâches est fondamental dans la définition d’une
identité professionnelle puisqu’elle est définie par un champ d’exercice, de compétences en
perpétuel mouvement : « Chaque groupe professionnel connaît des problèmes de frontières
par rapport à d ‘autres, de compétition aux frontières, de lutte de classement qui relèvent des
politiques d’emploi autant que des actions collectives de leurs membres, chaque groupe est
inséré dans des organisations qui possèdent des règles , des branches professionnelles qui
produisent des normes. »
Cette question de l’identité professionnelle n’est pas nouvelle car dès les années soixante dix
une hésitation a lieu entre une « infirmière technicienne ou travailleuse sociale »13.
« Si elles investissent le champ médical cela ne sera qu’en partie et elles seront de fait encore
plus subordonnées au pouvoir médical. Si elles se recentrent sur le modèle de florence
NIGHTINGALE elles risquent de se voir priver de toute valorisation sociale. La rhétorique
infirmière revendique la possession ou l’accès à l’ensemble des traits qui caractérisent les
9
CARRICABURU (D.), MENORET (M.) ,Sociologie de la santé : Institutions, professions et
maladies ,armandcolin,2004,collection U sociologie,p81
10
Ibid p.84-85
11
le 4ème alinéa de l’article L. 4311-1 du Code de la Santé Publique « L’infirmière ou l’infirmier est autorisé à
renouveler les prescriptions, datant de moins d’un an, de médicaments contraceptifs oraux, sauf s’ils figurent sur
une liste fixée par arrêté du ministre chargé de la santé, sur proposition de l’Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé, pour une durée maximale de six mois, non renouvelable.
12
Décret n° 2007-551 du 13 avril 2007 relatif à la prise en charge des dispositifs médicaux prescrits par les
infirmiers ou adaptés par les opticiens-lunetiers et modifiant l'article R. 165-1 du code de la sécurité sociale
13
Ibid p.84-85
12
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
professions établies : forte autonomie, corpus de savoirs théoriques élaborés par des activités
de recherche et transmis à l’université, déontologie professionnelle »14.
Si changement d’identité il y a , changement de compétences il doit y avoir
2.3 La profession infirmière en psychiatrie
2.3.1 Historique de la profession en général
Historiquement l’infirmière est une interface entre le patient et le médecin : on
subordonne la pratique infirmière à des savoirs médicaux, scientifiques et techniques,
extérieurs à la profession naissante et enseignée par des hommes médecins. L’infirmière
devient une traductrice, médiatrice entre le monde (masculin) de la science médicale et le
public à la fois ignorant et profane. Les savoirs d’expérience issus de la pratique sont
dévalorisés face aux savoirs scientifiques provenant des laboratoires de recherche15. Donc à
l’origine l’infirmière est une exécutante au service dont les savoirs ne sont pas produits par
elle-même.
Dans un premier temps la profession est exercée par des religieuses et donc les valeurs
du soin sont empreintes de notions religieuses, au milieu du XX siècle, des modèles soignants
font leur apparition. Florence Nightingale avec une alliance de compétences techniques et de
qualité humaines issues des religieuses. En France au début du XX siécle Léonie Chaptal va
s’inspirer du modèle anglo-saxon tout en transformant les valeurs religieuses en valeurs
morales constitutives d’une morale professionnelle avec un approche globale du patient :
« l’infirmière doit savoir tout du malade, non pas tout de la maladie : la maladie, c’est la
science du médecin, le malade, c’est l’art de l infirmière ». Il est à noter qu’elle ne situe pas
dans le même champ puisqu’elle détache une pratique, médicale, scientifique d’une pratique
infirmière « artistique ». La pratique artistique étant aux antipodes d’une pratique scientifique.
Au cours du xx siècle la profession accède à un diplôme reconnu, à des niveaux d ‘entrée en
formation, à la mise en place d’un rôle propre. Ces faits font partie de la reconnaissance
institutionnelle d’une profession. Un ordre Infirmier, encore contesté ce jour par une partie de
la profession est un autre aspect de cette reconnaissance.
2.3.2 Des dates marquantes
L’histoire du travail en psychiatrie est lui aussi en prise direct avec le monde dans
lequel il évolue, puisque ses fonctions, ses missions lui sont données par la société pour
laquelle il travaille dans une optique de mission de service public.
La première rupture a lieu avec l ‘apparition de personnel « qualifié » par ESQUIROL et
PINEL, ces deux médecins s’appuyant sur le surveillant PUSSIN dans une prise en compte de
la personne. En 1838 la profession se structure, avec la création de la sectorisation (1 structure
par département) et la nécessité de recourir à du personnel extérieur à l ‘établissement.
Dorénavant les soignants ne sont plus des anciens malades.
1877 : création des écoles infirmières d’asile. Formation théorique et pratique sur 1 an.
1907 : création du diplôme d infirmier psychiatrique départemental : la formation passe de 1
an à trois ans
1946 : définition légale et officielle de l’ide, pas d’infirmiers psychiatriques, qui sont
reconnus dans l ‘établissement de formation
1955 : formation professionnelle obligatoire pour travailler en psychiatrie
14
Ibid p81
PETITAT (A), « La profession infirmière, un siècle de mutations », in : Pierre Aïach, Didier Fassin, Les
métiers de la santé. Enjeux de pouvoir et quête de légitimité, Paris, Anthropos, coll. : « Sociologiques », 1994, p.
227-259.
15
13
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
1969 : création de l’infirmier en secteur de psychiatrie (ISP)
1970 : création de certificat de moniteur pour ISP
1992 : fin de l ISP, avec la fermeture des centres de formations spécifiques
2006 : circulaire relative à la mise en oeuvre du tutorat pour les nouveaux infirmiers exerçant
en psychiatrie
2009 : Mise en place d’un nouveau référentiel de formation
2.3.3 Un volume horaire de formation en baisse
Un calcul effectué sur base du référentiel de formation de l’ISP, du programme de 1992 et
celui de 2009 donne les chiffres suivants pour un futur infirmier se destinant au champ de la
santé mentale :
(ISP) Les élèves infirmiers de secteur psychiatrique (ISP) suivent 400 heures d’enseignement
et deux stages de 200 heures en soins généraux. La psychiatrie est enseignée sur une base de
800 heures théoriques et 800 heures de stage auxquelles s’ajoutent trois stages
complémentaires de 160 heures chacun. Soit un total de 2280 heures.
Programme 1992
Sur une base d’un étudiant se destinant à exercer dans le champ de la santé mentale :
Enseignement théorique : 360 h obligatoires,
Approfondissement 80 heures,
Sans compter 80 heures de cours mêlant pédiatrie et pédo-psychiatrie, non pris en compte.
Stage obligatoire : 280 heures en santé mentale, 140 heures en pédo-psychiatrie ou pédiatrie.
700 heures de stage étaient laissées à l’appréciation de l’équipe pédagogique. Si je prends la
moitié de ces heures soient 350 heures.
Programme de 2009
80 heures de théorie et un stage de 10 semaines et le stage optionnel de 5 semaines.
Récapitulatif
ISP
Programme 1992
Programme 2009
2280 heures
1210 heures
605 heures
Soit un rapport de 3.5 entre l’ISP et le référentiel de 2009. Certes quantité ne rime pas avec
qualité mais ces chiffres interrogent. Or une identité est comme, nous l’avons vu, est le fruit
de la formation initiale mais aussi de la formation continue et des apprentissages
expérientiels.
14
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
3. La réflexivité
3.1 Le référentiel de 2009
Le nouveau référentiel de formation a développé la logique de compétences. Cette logique de
compétences est à l’œuvre dans l’ensemble du monde du travail. Elle vise à mettre en avant
autant des savoirs que des capacités. La dynamique des compétences repose sur l’aptitude à
résoudre un problème. C’est à dire cerner une problématique, faire appel à une méthodologie
de résolutions de problèmes puis d’appliquer la solution trouvée. Cette dynamique de
résolution de problèmes est appelée réflexivité. Ce terme est introduit par Donald SCHÖN en
1983, son constat est que le praticien (celui qui pratique) possède un « savoir caché ». En
réfléchissant sur ses pratiques grâce à ses connaissances ou en cherchant des données il y a
une production de savoirs qui sont réinvestis dans les pratiques ultérieures. L’enjeu du
référentiel de 2009 est la formation d’infirmiers formés par et pour cette pratique. Avec à
terme objectif de formalisation scientifique des savoirs infirmiers par le biais de l’ouverture
de diplôme de niveau Master et à terme de niveau doctorat.
3.2 La réflexivité
La réflexivité est un processus dans lequel la personne s’engage à questionner une
pratique. Il s’agit de séquencer une activité, d’en dégager les problématiques de manière
intuitive ou non, de nourrir ce processus avec des connaissances. Puis de reconstruire son
activité et d’en évaluer le résultat opérationnel. La réflexion est donc un processus de
changement. Ce changement s’opère sur 3 niveaux 16:
 Un niveau technique
 La compréhension du sens de l’activité
 Réflexion émancipatrice qui permet à la personne de critiquer ses pratiques et de se
libérer de ses représentations.
Pour P PERENNOUD « la pratique réflexive représente, dans les métiers techniques, une
réhabilitation du bon sens et de l'intuition, elle devrait, dans les métiers de l'humain, prendre
la forme inverse d'une rationalité professionnelle mieux adossée à des savoirs partagés et
validés à propos des processus en jeu »17.
Dans cet article l’auteur y décrit la pratique réflexive comme :
« Les situations de travail forment des familles, la réflexion dans l’après-coup est presque
toujours, qu’on s’en rende compte ou non, une façon d’anticiper. Un praticien réflexif vit dans
un cycle sans fin dans lequel chaque moment de réflexion hors du feu de l’action marie à la
fois un retour sur ce qui s’est passé et la préparation à une éventuelle ou inéluctable
« prochaine fois ». On pourrait donc tenter de distinguer, dans l’après-coup, deux
mouvements qui n’ont pas le même sens :
l’un est orienté primordialement vers l’action accomplie ;
l’autre est orienté primordialement vers l’action ou les actions semblables à venir.
Mais rien ne permet d’affirmer que ces deux mouvements correspondent à deux phases
bien distinctes. Il paraît donc préférable de distinguer simplement deux fonctions de la
réflexion dans l’après-coup :
16
TAYLOR (B.), Reflective Practice: A Guide for Nurses and Midwives. London: OpenUniversity Press, 2000
PERENNOUD (P.), Adosser la pratique réflexive aux sciences sociales, condition de la professionnalisation,
Éducation Permanente, n° 160, septembre 2004, p.31
17
15
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
1. Une fonction de catharsis, clairement orientée vers la liquidation du passé ; l’être
humain a besoin de revenir sur ses actes pour (se) comprendre, construire du sens ou de la
cohérence à posteriori, intégrer ce qu’il a vécu, intellectuellement et émotionnellement, en
particulier lorsque l’expérience a été forte, empreinte de douleur, d’angoisse, d’excitation ou
de joie.
2. Une fonction d’apprentissage, qui peut, mais ce n’est pas son seul sens, préparer à
affronter des situations analogues. » 18
Il s’agit ici de faire émerger des schémas, sous tendant des actions, et ainsi prendre
conscience de phénomènes sous jacents dans notre fonctionnement professionnel
Ce que l’auteur définit par : « On pourrait donc dire que le praticien réflexif, lorsqu’il
analyse son action dans l’après-coup, s’interroge aussi sur l’analyse de la situation qu’il a
menée sur le vif. Il cherche par exemple à comprendre pourquoi il n’a pas perçu ou jugé
pertinent tel élément dont, a posteriori, l’importance lui paraît évidente : « Comment n’ai-je
pas compris que cette agressivité était un message de détresse ou que cette assurance cachait
19
une faille ? »
Au delà d’un simple d’un retour sur une pratique, sur une situation, le défi est de
comprendre son propre fonctionnement en situation afin de le réguler. Pour reprendre
SCHON « il s’agit d’une conversation avec la situation ».
Ce que confirme la lecture des 10 caractéristiques de la réflexion dans la pratique définies par
JOHNS (2000, 2004) 20,
Cet auteur a décrit les dix «C» (ou caractéristiques) de la réflexion dans la pratique:
1. Compromis: accepter les responsabilités, être ouvert, avoir de la curiosité et de la
bonne volonté pour changer les voies normatives afin de répondre aux situations;
2. Contradiction: montrer et comprendre la contradiction entre la pratique désirable et
la pratique réelle;
3. Conflit: plus le conflit est relié à la contradiction, plus la personne adoptera une
action appropriée;
4. Défi et appui (Challenge and support): en confrontant les attitudes normatives, les
croyances et les actions du praticien dans un sens où elles ne menacent pas le
praticien;
5. Catharsis: travailler des sentiments négatifs;
6. Création: se déplacer au-delà de l’individu pour voir et comprendre de nouvelles
façons de voir et de répondre à la pratique;
7. Connexion: en mettant en lien de nouveaux insights dans le monde réel de la pratique
et en appréciant la temporalité de l’expérience en tout temps;
8. Caring: réaliser une pratique souhaitable dans la réalité de tous les jours;
9. Congruence: se voir soi-même afin de développer davantage le caring;
10. Construire un knowing personnel dans la pratique: tissage d’un savoir personnel avec
la théorie existante
18
PERENNOUD (P.), Adosser la pratique réflexive aux sciences sociales, condition de la professionnalisation,
Éducation Permanente, n° 160, septembre 2004, p.31
19
Ibid p32
20
JOHNS (C.), Becoming a Reflective Practitioner. A reflective and holistic approach to clinical nursing,
practice development and clinical supervision. London: Blackwell Science,2000
JOHNS (C)Becoming a Reflective Practitioner. (2ème éd). Oxford: Blackwell Publishing,2004
16
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
La catharsis peut être vue comme une libération symbolique de nos passions mais aussi dans
son sens freudien comme un rappel à la conscience d’une idée refoulée.
L’insight lui peut être défini comme la perception, la compréhension d’un phénomène de
manière subite.
Donc à travers ces deux éléments, nous pouvons supposer que la réflexivité permet de trouver
des solutions à des problématiques dont soit nous ignorions l’existence ou qui subitement
nous apparaissent.
3.3 La place de la réflexivité dans le soin et hors du soin
Pour DELGADO HITO : « Le premier postulat est que les praticiens produisent des savoirs,
le deuxième que cette production est toujours le fruit de la réflexivité individuelle (projet
réflexif de soi) et du dialogue avec d’autres (réflexivité collective) et le troisième que cette
production est influencée par le contexte pratique (micro contexte), institutionnel (règles et
ressources) et professionnel (autonomie professionnelle et identité infirmière).21
Le travail réflexif est donc le produit tout comme l’identité professionnelle d’un rapport à soi,
aux autres et à son contexte social. De plus il permet de faire émerger du sens
« Le fait que les praticiens soient capables de faire un compte rendu de leurs pratiques, c’està-dire, qu’ils puissent communiquer aux autres ce qu’ils font et pourquoi ils le font, constitue
le premier pas vers la visibilité de ces savoirs pratiques ».22
Ce sens est à orienter dans deux directions : celle du patient. « Les infirmières auront un
sentiment de sécurité ontologique si elles sentent que ce qu’elles font est préférable pour les
patients à ce qu’elles faisaient auparavant. »
Et dans une direction d’amélioration des soins :Ces incohérences entre ce que les infirmières
pensent qu’elles font dans leur pratique et la pratique observée par la chercheure, permettent
de se rendre compte qu’il s’avère nécessaire de passer par l’auto-observation de la pratique
(se voir elles-mêmes) pour se rendre compte de la véritable réalité de leur pratique et, en
conséquence, pouvoir la modifier ».23
De plus elle replace cette perspective de création de savoirs et d’amélioration des
pratiques dans une dynamique d’affirmation d’une nouvelle identité crée par ses nouveaux
savoirs : « En résumé, cette dernière étape du processus de production du savoir par la
réflexivité, soit la reconstruction émancipatoire du savoir, permet de mettre en évidence une
réflexivité davantage émancipatrice que compréhensive. De plus, ce processus émancipatoire
permet aux infirmières de développer un sentiment d’empowerment sur leur capacité de
modifier la pratique actuelle et leur contexte, une plus grande sécurité ontologique
puisqu’elles se sentent bien ; elles se sentent en accord avec ce qu’elles pensent réellement du
soin ; ça les rassure de voir qu’elles peuvent être ce qu’elles aimeraient être. C’est ainsi
qu’une identité infirmière renouvelée se produit24. »
21
DELGADO HITO (P.), Le processus de production de savoirs dans la pratique infirmière au moyen de la
réflexivité, thèse de doctorat en sciences infirmières avril 2010, p.92
22
Ibid p70
23
Ibid p114
24
Ibid p 182
17
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
« Voilà pourquoi les infirmières ont du mal à être reconnues et sont en perpétuelle quête
d’identité, un peu comme si elles n’avaient pas à leur disposition un contenu professionnel
perçu par elles-mêmes comme suffisamment riche et utile et qui pourrait leur apporter une
identité propre et être ainsi reconnues par la société. Pourtant, cette identité existe et il ne
faudrait pas agir seulement au niveau de la quête d’identité mais plutôt développer une
stratégie pour inculquer la valeur des soins infirmiers, et clarifier ainsi que réaffirmer
l’identité. »25
Véritable défi pour une profession qui aspire tout à la fois à une indépendance du corps
médical et à une reconnaissance de son expertise. Ces travaux sont pertinents car ils se placent
dans une perspective scientifique des savoirs infirmiers. Savoirs infirmiers dont la définition
est « Ensemble des connaissances élaborées à partir de la pratique infirmière, de certaines
disciplines scientifiques et où interviennent des facteurs socioculturels et des valeurs
professionnelles ».26
Nous retrouvons dans cette définition, en filigrane la définition d’une construction réflexive à
partir d’un corpus fondant une identité professionnelle. Il nous apparaît donc que des
situations durant lesquelles les soignants ensemble s’interrogent sur leur pratiques en faisant
appel à leur savoir théorique sont innombrables en service de psychiatrie.
25
26
Ibid p 205
MAGNON (R.), Dictionnaire des soins infirmiers, Masson; 3e édition revue et augmentée, 2005, p.176
18
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
4. Les infirmiers en psychiatrie
4.1 Un groupe spécifique
Les infirmiers exerçant en psychiatrie forment-ils un groupe professionnel à part dans
le monde soignant ? Poser cette question revient à passer en revue les attributs d’une identité
professionnelle à travers le prisme sociologique. Les infirmiers en santé mentale possèdent
une rhétorique spécifique, des lieux communautaires d’échanges :
Forum spécifique sur infirmiers.com, site internet de partages de connaissances tel que
psychiatrieinfirmière.free.fr et cerfpsy.org. , des revues professionnelles spécifiques. Des
mouvements sociaux de contestations tel que le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire.
Donc autant d’éléments fondant un groupe spécifique avec ses lieux de rencontres, de
reconnaissance mutuelle, ses éléments de langage.
De plus nous avons vu que la formation continue contribue aussi la formation de
l’identité professionnelle. Elle permet l’appropriation de valeurs culturelles, l’expérience
permet d’affiner un travail entamé en formation initiale.
4.2 La formation en psychiatrie
Ce travail de formation continue est d’autant plus d’actualité qu’une génération de
soignants va quitter le monde soignant. « Plus de 50% des professionnels aujourd’hui en
activité seront à la retraite en 2015. La problématique de gestion des compétences
s’intensifie ».27
Se pose avec encore plus d’acuité la problématique d’une transmission des savoirs
issus de pratique et donc la formalisation de ces savoirs. De plus les soignants actuels n’ont
plus des parcours professionnels linéaires, ils peuvent changer de lieu d’exercice, venir
travailler en psychiatrie et ensuite retourner au somatique.
Cette approche de transmissions des savoirs est une question récurrente depuis le référentiel
de 1992.
Le Plan psychiatrie et santé mentale de 2005 -2008 identifie un volet “formation
continue” visant une meilleure adaptation des nouveaux infirmiers exerçant en psychiatrie, et
se concrétise dans la circulaire du 16 janvier 2006 relative à la mise en œuvre du tutorat pour
les nouveaux infirmiers exerçant en psychiatrie28.
La difficulté fut de mettre en place un référentiel de savoirs théoriques et pratiques à apporter
tout en accompagnant ces nouveaux professionnels sur le terrain en vue d’une amélioration
des pratiques.
« La qualité de la pratique soignante psychiatrique est liée au savoir-être relationnel, qui
s’acquiert essentiellement avec la pratique de terrain, le travail d’équipe pluridisciplinaire et
le compagnonnage. »29
« Si la formation représente un puissant vecteur de la transmission des pratiques
professionnelles, elle est avant tout un levier primordial de l’amélioration de la qualité des
soins ».30
Selon TREGOUET S « Ce projet de formation est hautement complexe car même si la
clinique infirmière en psychiatrie est présente dans nos pratiques soignantes, elle reste
27
GUERRAUD (S.), La pratique réflexive : un enjeu déterminant pour les professions paramédicales, Mémoire
de l’École Nationale de la Santé Publique, 2006, p.9
28
Circulaire DHOS/P2/O2DGS/6C n° 2006-21 du 16 janvier 2006
29
BARREAU (P.), GORIOT (E.), LEUWERS ( S.), RIAULT (T.), Compagnonnage et consolidation des savoirs
sur le terrain, soins psychiatrie, n° 253, décembre 2007, p.23-26
30
Ibid p X
19
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
difficile à définir, donc à transmettre, car elle repose essentiellement sur l’implicite des
savoirs relationnels. En outre, la relation à un sujet en souffrance psychique est fondée sur
des interactions intersubjectives dans lesquelles affect et savoir sont fortement imbriqués »31 .
L’auteur met en évidence que plus qu’un savoir spécifique il faut aussi se pencher sur le
soignant, qui plus est si il est jeune diplômé : « En outre, le scénario psychique professionnel
de ces jeunes infirmier(e)s doit être assoupli car la formation initiale ne les prépare pas à ces
situations si différentes de l’idéal du bon comportement ou de la bonne conduite qui obéirait
à des objectifs rationnels. »32
Et il poursuit « L’idée qui a animé chacun des formateurs ou formatrices était de transmettre
leurs propres savoirs afin d’aider les jeunes professionnels à se positionner dans un
processus d’acceptation du doute, de questionnement sur les soins infirmiers en psychiatrie,
au contraire d’une démarche d’apprentissage fondée sur les certitudes, la méthodologie et la
rationalisation, si présente dans la formation initiale. »33.
Pour l’auteur la fonction première de la formation en psychiatrie serait surtout
d’apporter au soignant une culture du questionnement et donc par conséquent du sens des
actions de soins. Paradoxalement l’auteur tout en misant sur une formation axée sur la
pratique et le questionnement regrette que les infirmiers écrivent peu :
« Les infirmiers en psychiatrie écrivent si peu que leur rapport à l’écriture a du mal à
s’inscrire dans cette dimension de la clinique et de l’éthique. N’y aurait-il pas un interdit à
écrire la clinique, à transmettre la dimension subjective de la rencontre à l’autre en lien avec
notre héritage ? »34, et l’auteur d’affirmer « La pratique infirmière risque de devenir
“enfermante” si le sens des pratiques et des situations de soins n’est pas élaboré en collectif
soignant. »35.
C’est à dire quelle est la place pour des savoirs formalisés ou du moins à une production
d’écrits issus spécifiquement du soin infirmier en psychiatrie.
À partir de ces compétences transmises et acquises se repose la question de la place de
l’infirmier dans la société. Car s’il a accès à des savoirs différents, des compétences
différentes, son rôle, sa reconnaissance par la société se pose.
Cela nous ramène à poser la question du champ de compétence de l’infirmier et la
reconnaissance de ces savoirs par l’institution et la société.
4.3 Vers un master ?
Depuis la disparition de L’ISP, une question récurrente agite le milieu infirmier en
psychiatrie. Celle de la formation initiale et complémentaire. Pour certains l’amélioration des
connaissances par le biais de l’approfondissement évite la question du diplôme : « Le
paradoxe de ces dispositifs de formation de consolidation des savoirs en psychiatrie est de
reconnaître la nécessité d’une formation complémentaire en psychiatrie sans aboutir à une
formation diplômante, véritable reconnaissance professionnelle. »36. Et l’auteur d’ajouter :
31
TREGOUET (S.), Consolidation des savoirs infirmiers en psychiatrie et clinique infirmière, soins psychiatrie,
n°253, novembre/décembre 2007, page 32
32
Ibid p35
33
Ibid p35
34
ibid p33
35
Ibid p34
36
Ibid p35
20
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
« Cette formation sur la consolidation des savoirs ne risque-t-elle pas d’être l’arbre qui
cache la forêt d’une absence de spécialisation professionnelle »37.
Se questionner sur la formation initiale infirmière en 2013 revient à questionner la création
d’une qualification universitaire spécifique.
Pour certains la question d’un master en psychiatrie se pose avec en filigrane la
question du champ de compétences associées à ce nouveau diplôme :« Nous soulignons
l’intérêt de s’inscrire dans une démarche de, développement de notre champ professionnel
qui ne soit pas “par défaut”, comme un simple transfert ou glissement d’actes médicaux
délégués aux infirmiers, mais comme une position professionnelle toujours en
construction. »38
Il s’agirait de reconnaître des champs d’exercice où l’infirmier est souvent un
intervenant de première ligne, c’est à dire est amené à prendre des décisions dans des
situations sans avoir recours systématiquement à un médecin : primo consultation en CentreMédico-Psychologique, consultation infirmière à l’hôpital, activité socio thérapeutique.
D’autres se demandent si la création d’une spécialité ne reviendrait pas à créer un corps à
deux vitesses et quelle est la logique guidant la création de ce diplôme.
« La création d’infirmiers experts et/ou spécialisés en psychiatrie serait-elle susceptible
d’apporter une plus-value à ceux qui souffrent de maladies psychiatriques ? Que pourraient
attendre les patients de ces néo-soignants, que ne leur apporte pas ceux qui œuvrent
actuellement ? Peut-être est-ce lié au constat d’une formation insuffisante des actuels
infirmiers d’État dans le champ de la psychiatrie.
Autre hypothèse, ces infirmiers seraient amenés à assumer ce que font actuellement les
psychiatres, mais à moindre coût. De ce glissement, émanerait un arrangement pour faire
face aux restrictions budgétaires qui touchent certains établissements.
Il pourrait encore s’agir d’une stratégie politique visant la paix sociale avec une population
infirmière souvent malmenée dans les institutions, du fait du manque de personnel et des
contraintes qui s’imposent à elle de façon croissante. La possibilité d’une reconnaissance
institutionnelle et financière serait de nature à faire accepter le “difficilement
acceptable”. »39
Donc la problématique de la formation initiale revient sur le devant de la scène par la refonte
du référentiel de formation et les accords dit de « BOLOGNE » sur l’universitariation de la
formation infirmière. Ce questionnement vient en résonance avec les problématiques de
réorganisation de la santé induite par le contexte économique.
Après cette exploration théorique, j’ai poursuivi ma recherche sur le terrain. L’enjeu de cette
recherche était de confronter la parole des soignants avec les écrits et d’essayer d’en tirer un
sens.
37
Ibid p35
TORTONÈSE (M.), Des pistes pour un master infirmier en psychiatrie, soins psychiatrie, n° 277 novembre/décembre 2011, p.27
39
TOUZET (P.), Infirmiers experts ou infirmiers spécialisés, un choix pour la psychiatrie, soins psychiatrique,
n° 277-novembre/décembre, 2011, p.30
38
21
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
5. L’exploration de terrain
5.1
Méthodologie des entretiens
Il m’est apparu intéressant de confronter deux points de vue. Celui de jeunes diplômés
et celui de diplômés plus anciens. Ceci afin de : comparer leur vision du métier, comprendre
ce qui a participé à la construction de leurs savoirs, comment ils se perçoivent et évoqué
éventuelle pratique réflexive.
Les critères d’inclusion étaient l’ancienneté dans le champ de la psychiatrie : moins de deux
ans et plus de 10 ans. Le deuxième, qui n’a pas été respecté, est d’avoir des soignants ayant
bénéficié du dispositif du tutorat. L’outil utilisé est celui des entretiens semi-directifs qui
permettent faire apparaître un sens dans le discours sans en influencer les réponses par les
questions. Le guide d’entretien est en annexe (cf. annexe 1) de ce document ainsi que le
verbatim (cf. annexe 2)
5.2 Les difficultés
La première difficulté fut de trouver des soignants. En effet je devais énoncer ma
question initiale. Le premier obstacle fut l’usage du mot réflexivité, peu de soignants en poste
connaissent ce mot, de plus l’identité professionnelle est elle aussi une notion qui peut
apparaître floue. Peut-être mon questionnement initial est-il mal formulé voire abscons pour
les soignants qui sont centrés sur leurs pratiques quotidiennes. De plus le contexte de
réorganisation des services de psychiatrie dans lequel fut mené l’entretien pouvait influer sur
les réponses.
5.3 Les soignants
Tous les prénoms sont changés afin de respecter l’anonymat.
Les soignants
Nicole : diplôme en 2001, elle a peu exercé en somatique, 6 mois à son début de carrière. Elle
a choisi initialement d’être en psychiatrie.
Amandine : diplôme 2002, elle a exercé 4 mois en somatique à son début de carrière puis est
venue à la psychiatrie par obligation et y est restée.
Christine : diplôme en 2011, puis voulant être infirmière anesthésiste elle a passé 6 mois dans
un service d’urgence puis s’est réorientée vers la psychiatrie.
Sylvain : diplôme en 2011, 1 an dans des services somatiques en attente d’un poste dans un
service de psychiatrie.
L’exercice à l’origine est volontaire pour 3 soignants sur 4, la quatrième y est restée car elle
s’y est plue.
5.3.1 L’identité
3 soignants à la fois expérimentés et novices interrogés reconnaissent avoir une identité
particulière via leur compétence et leurs objectifs de soins
« Oui, dès qu’on parle d’une spécialité, il y a des spécificités, notamment en psychiatrie, la
relation thérapeutique, très spécifique à la psy, le gros du travail, la gestion de crise et
d’urgence lors des décompensations, c’est très spécifique à la psychiatrie, je pense que c’est
les deux choses les plus spécifiques de la psychiatrie.
« On ne recherche pas la même chose, en somatique on soigne voire on guéri tandis que dans
la psychiatrie on accompagne et on essaye d’alléger la souffrance psychologique des
patients. »
22
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
« au niveau compétence, c’est autre chose, au niveau de l’écoute de la relation à l’autre,
grâce à mon expérience j ai un peu plus de recul qu’a une infirmière en somatique et
encore…., »
Deux soignantes sont portées par des valeurs. Une par des valeurs qu’elle qualifie de
personnelles : « je pense que quand on choisit de travailler en psy, on a forcément des valeurs
différentes à la base en tant que personne déjà , plus de l’ordre du social, du rapport à
l’autre, plus établi sur la relation, l intérêt de la relation de l autre, de la communication et
des valeurs sociales de l intérêt qu’on peut porter à la différence et la maladie psy, ce sont des
valeurs personnelles. ». Pour l’autre on peut identifier des valeurs soignantes qu’elle estime
plus investies en psychiatrie : « Donc les urgences, les soins techniques et courir partout et
être frustrée dans mon travail infirmier. Ce n’était que des soins techniques et moi je ne
conçois pas le soin infirmier comme ça. Quand j ai eu une patiente qui avait fait une tentative
de suicide, qu’elle pleurait devant moi et que je n’avais pas le temps pour écouter sa douleur,
sa souffrance. Du coup je suis revenue en psychiatrie. »
Nous retrouvons dans ces deux extraits la problématique de l’identité professionnelle qui est à
la fois le produit de soi, comme dans le premier cas et aussi de valeurs que la personne pense
porter au travers de son métier.
Par contre, une autre même si elle pense être différente du fait de ses compétences, a les
mêmes valeurs soignantes : « j ai les mêmes valeurs qu’une infirmière en soins généraux, je
ne suis pas différente par contre au niveau compétence, c’est autre chose ».
5.3.2 Des compétences autres
Ce champ des compétences revient souvent : Mes compétences ont été développées dans ce
sens : communication, relation à l’autre, communication de crise…Oui, c’est particulier car
tous les soignants n’ont pas ces compétences. » ; « Au niveau compétence, c’est autre chose,
au niveau de l’écoute de la relation à l’autre, grâce à mon expérience j ai un peu plus de
recul qu’a une infirmière en somatique et encore ».
« J’avais la trouille, en fait je pensais ne pas avoir de compétences, de connaissances
suffisantes en psy pour y travailler ».
Nous voyons bien qu’une situation d’exercice particulière crée donc des compétences
particulières, il s’agit donc bien des caractéristiques d’une identité professionnelle car le
métier, l’occupation produit un savoir spécifique. Donc par une approche par compétence
l’infirmier en psychiatrie occupe une place à part.
Si nous continuons notre analyse en se basant sur ce qui fait l’autonomie d’une profession
c’est à dire pour les infirmiers le rôle propre celui ci est plus investi non pas par une volonté
soignante de l’investir mais par les spécificités du lieu d’exercice
5.3.3 Le rôle propre
« Nursing, écoute, entretien, tout çà, plus ici que dans d’autres services » ;
« La relation, l’écoute oui, le nursing oui mais différemment car outre la problématique
psychique il y a le rapport au corps, vu l intérêt relationnel, elles sont menées différemment. »
« Beaucoup de rôle propre car moins de somatique car moins de somatique, nursing mais
aussi c’est tout l’accompagnement, les entretiens, les activités thérapeutiques, il y a plus
d’initiatives »
Toute la problématique infirmière du rôle propre est exprimée ici car le rôle propre est investi
si le lieu d’exercice permet à celui ci d’être exercé et non pas délégué au détriment du rôle
prescrit.
23
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Par contre en termes de valeurs soignantes les infirmiers interrogés ne voient pas différence
fondamentales. Ce qui leur permet de s’inclure dans un groupe plus vaste qui est celui des
infirmiers en général. « Non je ne me sens pas différente» et « Mis en avant différemment ».
Donc les infirmiers en psychiatrie formeraient un sous ensemble d’un groupe plus vaste.
À la question de savoir si ils se présentent comme infirmier ou comme infirmier en psy à des
gens qu’ils ne se connaissent pas les réponses sont partagées.
Pour 3 diplômés la réponse est nette « infirmier » mais il s’agit surtout du regard que porte la
société sur ce lieu d’exercice et l’imagerie qu’il véhicule encore qui les poussent à se
présenter comme infirmier. « AH ! Tu as choisis ?, c’est le regard des autres. », « Les
représentations son fortes », « Cela dépend des gens ».
Une seule pense le dire car « le sens du travail n’est pas le même ». Il s’agit d’une infirmière
expérimentée.
5.3.4 L’accompagnement par les pairs
Sur deux expertes une seule cite les ISP : « un puits de science je dirais, au niveau
pratique professionnelle en psy , c’était des mines d’or, je me tournais souvent vers eux. »
Ce qui revient à dire qu’avec le départ de ces professionnels, une perte de savoirs particuliers
serait à redouter.
Pour l’autre l’accompagnement permet surtout de cerner l’organisation spécifique et d’éviter
de se perdre dans une organisation particulière et moins cadrante qu’en service de somatique :
« Il y a des rapports à l’organisation, c’est compliqué à se repérer dans le temps, le temps
forts de la semaine ou des patients. » », « Le plus prédominant c’est la capacité à
s’adapter ».
Si je me place dans une perspective de changement par le biais des connaissances, je
me dois de tenter de trouver le vecteur de ce changement or il apparaît que le vecteur essentiel
à ce changement est l’équipe. Elle est pour les nouveaux soignants « essentiel », ce mode de
fonctionnement est clairement identifié : « On en discute pas mal avec les collègues, » « On
fonctionne en équipe. », « Éventuellement en staff. », « C ‘est entre nous. », « On a cette force
de travailler avec plusieurs infirmiers. »
Cette transformation dans le cas des personnes interrogées est un mélange d’acquisition
d’expérience par la pratique et par une régulation s’effectuant non pas par une personne sur
elle même mais par l’équipe :« On fonctionne en équipe », « On en discute pas mal avec les
collègues », « Je me tourne vers l’équipe ».
Se repose bien sur la dynamique d’identification à un groupe et donc le besoin de se
conformer à une pratique soignante. Quelle est la part entre la fonction support de l’équipe et
le désir de se conformer à une pratique ?
Par contre la définition de l’équipe n’est pas unanime. Pour les deux néo-soignants et une
infirmière expérimentée il s’agit de l ‘équipe infirmière, pour Nicole l’équipe est à considérer
au sens large, c’est à dire toute les personnes intervenants autour du patient : « si le
questionnement n’est qu’infirmier il ne sert pas à grand chose. La prise en charge en
psychiatrie est polymorphe. »
Les réponses élaborées sont réinvesties dans une pratique ultérieure avec la limite posée que
chaque situation est unique du fait de l’unicité de la personne. « C’est sur ça aide si t’es
confronté à un problème que tu as déjà géré mais l’humain c’est complexe »,« Mais pas de
24
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
façons identiques, sur des grandes pistes oui, quand on sait que certaines choses
fonctionnent ».
Après avoir tenté de trouver le vecteur de communication des connaissances ou du
moins d’élaboration de réponses à une problématique, il m’est apparu intéressant de
caractériser ces connaissances.
5.3.5 La clinique de soi
La question de productions de savoirs n’est pas clairement exprimée par les soignants,
peut être du fait de mes questions ? Par contre la question du sens de l’action est principal
avec comme piste une connaissance de soi, c’est à dire que le soignant doit avoir des
connaissances clinique sur les pathologies afin de comprendre les situations mais aussi une
clinique de soi même. Cette clinique permet de penser la relation à l’autre et sert de guide aux
actions.
« Il y a des pathologies que j’ai pointées qui me sont difficiles à prendre en charge donc après
c’est un travail sur soi, pourquoi ?!!! Pourquoi j ai du mal à travailler avec ces gens là. »
« On s’arme au fur et à mesure avec le temps. C’est la pratique au quotidien. »
« Quand on a quelque chose qui nous pèse, qui pose problème, ça nous permet d’avoir autre
regard sur la situation, de nous remettre en question en écoutant l’autre vision. »
« Ça ma permis de mieux appréhender mon travail au quotidien car mes connaissances
étaient plus fournies, énormément d’échanges, sa capacité à s’auto analyser, à critiquer son
travail, à réfléchir à comment faire au mieux et savoir se dire qu’on est dans l impasse. »
Cette clinique de soi même va conduire le soignant dans une posture réflexive. Les dix C de
JOHNS identifient des capacités à se remettre en question, à modifier ses représentations, à
créer un savoir de soi même (cf. p 15 de ce document)
Les paroles des soignants sont ici sans équivoque :
« Je pouvais vite juger », « Je me pose beaucoup plus de questions qu’avant, avant j’étais
beaucoup plus à terre à terre mais ça m ‘arrangeait. », « Sa capacité à s’auto analyser, à
critiquer son travail, à réfléchir à comment faire au mieux et savoir se dire qu’on est dans l
impasse », « C’est un travail sur soi », « Ici on se remet beaucoup en question », « Toujours
en apprentissage, car on apprend toujours »
Si on questionne le changement professionnel qu’aurait pu subir ces professionnels cette
posture fondamentale apparaît.il y a une interaction entre des savoirs théoriques et des savoirs
sur soi même.
Finalement, le plus important dans la réflexivité c’est le point de départ, la phase initiale, qui
consiste à se poser des questions ou plus précisément à se mettre en disposition de se poser
des questions, d’être disponible afin de pouvoir affiner sa propre clinique.
5.3.6 Quelles compétences ?
Cependant une interrogation issue du discours des plus expérimentées apparaît. Certes,
elles reconnaissent avoir acquis de l’expérience ce qui leur permet d’être plus opérantes dans
leur fonction. Mais le champ des savoirs acquis, précisément défini, manque. Le discours fait
bien sur apparaître le mot de compétence mais mis en lien avec ce que l’on peut nommer des
attitudes, des qualités. Ces termes viennent qualifier la relation à l’autre : « il y a beaucoup
dans la façon d’être » « communication », « relation à l ‘autre » « communication de crise ».
ces qualités ou aptitudes seraient mise à disposition, accompagnées, de « techniques » donc de
compétences.
25
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
6. La question de recherche
Après avoir exploré le champ théorique de ma question de départ et confronté ces
apports à la parole de soignants, il m’apparaît que la construction de l’identité professionnelle
pour un infirmier en psychiatrie est un processus mêlant à la fois le registre personnel et
professionnel, avec un effet du groupe sur lui même. La différenciation supposée en terme
d’identification spécifique à la psychiatrie est lui plus sujet au doute. Les personnes
interrogées s’intègrent dans un groupe dépassant leur lieu d’exercice. Les valeurs soignantes
sont les mêmes, preuve que la formation initiale perdure dans le temps. Les 4 soignants sont
issus du référentiel de 1992, faisant d’eux autant des infirmiers de somatique des infirmiers
psychiatriques. Cette stabilité leur permet elle de continuer à exercer, d’être en accord avec
eux mêmes ? De donner un sens à leur pratique quotidienne ? La question reste ouverte. Par
contre, les infirmiers ont tous adopté, sans savoir la nommer, une démarche réflexive, leur
permettant de progresser, d’acquérir de nouvelles compétences. Cette démarche est elle
spécifique à la psychiatrie ? L’affirmer serait réducteur, voire insultant pour les infirmiers de
somatique. Cela scinderait la profession en deux camps : les réfléchissants et les autres.
Par contre les compétences qu’elles n’ont pas détaillées en critères, comportements
observables, capacités interrogent. À l’heure de la mise en œuvre de cursus de formation
universitaire, de formation complémentaire, de réforme de la politique en santé mentale
(réforme des modalités d’hospitalisations, modification des organisations) il serait opportun
de se pencher sur ces savoirs et de pouvoir les formaliser afin de mettre en place des
référentiels de formation opérants et faisant un large consensus. De plus cette ingénierie de
formation permettrait de dégager des éléments fondamentaux dans la prise en soin infirmière,
faciliterait la circulation des savoirs par la production d’écrits. Tout ceci pour toujours être à la
recherche de la prise en soin au plus près du patient. Ce qui m’amène à formuler la question
de recherche suivante :
Quels sont les éléments identifiables de la compétence infirmière en psychiatrie ?
26
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Conclusion
Ce travail m’a permis de confronter mes représentations sur la position sociale de
l’infirmier et de l’infirmier en psychiatrie. L’opposition, souvent faite, entre les deux lieux
d’exercice m’est apparue sous un nouveau jour. Plus qu’une opposition il faudrait parler de
complémentarité et de compétences différentes. La question de la formation est essentielle car
elle va conditionner le regard que l’individu porte sur lui même, ses actes au quotidien. Au
travers de ces questions de compétences apparaît la reconnaissance tant attendue d’une
profession, certes porteuse d’une image valorisante mais souvent méconnue dans son exercice
quotidien. Peut être que la réforme Licence Master Doctorat amènera à la production de
savoirs spécifiquement infirmiers et participera à ce changement de perception. Reste à définir
d’une manière consensuelle ce que sont les savoirs infirmiers. Par quelle porte d’entrée se fera
la construction d’un référentiel spécifique à la psychiatrie : le sens, la récurrence,….
La démarche de recherche sous certains aspects peut s’apparenter à la démarche clinique
infirmière : recueil des informations, hiérarchisation, mise en lien et mise en évidence de
problèmes de santé. Elle m’a permis de m’ouvrir à d’autres connaissances et à l’heure du
bilan personnel de ces 3 années d’être un ancrage quant a question du sens mes pratiques au
quotidien.
27
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Bibliographie
Ouvrages cités
BLIN (J.F.), Représentations, pratiques et identités professionnelles, Collection : Action et
savoir, L'Harmattan, 1997, 224 pages
CARRICABURU (D.), MENORET (M.), Sociologie de la santé : Institutions, professions et
maladies, Armand Colin, collection U sociologie 2004, 236 pages
DUBAR (C.), La socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles.
Armand Colin, Paris, 1991,256 pages
MAGNON (R.), Dictionnaire des soins infirmiers, Masson; 3e édition revue et augmentée,
2005,333 pages
PETITAT (A), « La profession infirmière, un siècle de mutations », in : Pierre Aïach, Didier
Fassin, Les métiers de la santé. Enjeux de pouvoir et quête de légitimité, Paris, Anthropos,
coll. : « Sociologiques », 1994, 364 pages
Articles
BARREAU (P.), GORIOT (E.), LEUWERS ( S.), RIAULT (T.), Compagnonnage et
consolidation des savoirs sur le terrain, soins psychiatrie, N° 253, décembre 2007, 4 pages
JOHNS (C.), Becoming a Reflective Practitioner. A reflective and holistic approach to
clinical nursing, practice development and clinical supervision. London: Blackwell Science.
2000
JOHNS (C.) (2004),Becoming a Reflective Practitioner. (2ème éd). Oxford: Blackwell
Publishing.2004
PERENNOUD (P.), Adosser la pratique réflexive aux sciences sociales, condition de la
professionnalisation, Éducation Permanente, n° 160, septembre 2004, 21 pages
TAYLOR (B.), Reflective Practice: A Guide for Nurses and Midwives. London:
OpenUniversity Press, 2000
TORTONÈSE (M.), Des pistes pour un master infirmier en psychiatrie, soins psychiatrie, n°
277 - novembre/décembre 2011, 4 pages
TOUZET (P.), Infirmiers experts ou infirmiers spécialisés, un choix pour la psychiatrie, soins
psychiatrique, n° 277-novembre/décembre, 2011, 3 pages
TREGOUET (S.), Consolidation des savoirs infirmiers en psychiatrie et clinique infirmière,
soins psychiatrie, n°253 - novembre/décembre, 2007,11 pages
Thèses
DELGADO HITO (P.), Le processus de production de savoirs dans la pratique infirmière au
moyen de la réflexivité, Thèse de doctorat en sciences infirmières, avril 2010,369 pages
https://papyrus.bib.umontreal.ca/jspui/bitstream/1866/4179/2/Delgado%20Hito_Pilar_2010_t
hese.pdf
Mémoires
GUERRAUD(S.), La pratique réflexive : un enjeu déterminant pour les professions
paramédicales, Mémoire de l’École Nationale de Santé Publique, 2006, 71 pages
Banque de données en santé publique
fulltext.bdsp.ehesp.fr/Ensp/memoires/2006/ds/guerraud.pdf
28
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Ouvrages consultés
Articles
CHILOTTI (P.), L'espace tutoral : lieu de transmission de la culture professionnelle
infirmière, Biennale internationale de l'éducation, de la formation et des pratiques
professionnelles, Communication n°37 – Atelier 38 : Construction identitaire, Paris, 2012,12
pages
Institut des Sciences de l'Homme, Lyon
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/80/31/76/PDF/pasquale-chilotti-com-n-37-atelier38_1358347962106.pdf
LETOURNEAU (D.), Regard subjectif sur 30 ans de politique psychiatrique, soins
psychiatrie, n°267-mars/avril 2010, 4 pages
PERRIN-NIQUET (A.), Formation et pratique infirmière en psychiatrie : une structuration
mutuelle, soins psychiatriques, n°277- novembre-décembre 2011, 4 pages
ROMAN-RAMOS (V.P), La communication infirmière comme élément productif et
constructif de la, Sciences-Croisées, n°4 : La communication, Université de Provence,
décembre 2008,11 pages
http://sciences-croisees.com/N4/roman-ramos.pdf
VERNOTTE (C.), Pratique professionnelle : une logique de compétence, soins psychiatrie,
n°260-janvier/février, 2009, 5 pages
ZAOUI (E.), Problématique professionnelles et intérêt de l’ analyse de pratique dans le
champ des soins infirmiers, savoirs et soins infirmiers, 60-060-g10, 2009,7 pages
Mémoires
BOUVET-GUILLAUD (C.), des savoirs aux compétences : influence de la pratique réflexive
sur le rapport au savoir de l’étudiant infirmier, mémoire master 1 UFR des sciences de
l’Homme et de la Société, université de ROUEN, 2011,128 pages
http://www.univ-rouen.fr/civiic/memoiresM1/textes/bouvet.pdf
LIZOTTE (J.), La pratique réflexive comme stratégie de développement professionnel des
infirmières préceptrices, Mémoire, maîtrise en science infirmière, Faculté des sciences
infirmières, Université de Montréal, 2011, 158 pages
https://papyrus.bib.umontreal.ca/jspui/handle/1866/6216
29
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Abstract
Le changement de référentiel de formation infirmier en 2009 a ouvert la porte des universités
aux élèves infirmiers et aux infirmiers. Cette ouverture va influer sur l’identité professionnelle
soignante. L’identité professionnelle est le fruit d’une alchimie mêlant à la fois le personnel, le
professionnel, formation initiale, lieu d’exercice. Les infirmiers appartiennent à une
profession paramédicale encore à la recherche d’un champ de compétences spécifiques
malgré une longue période d’existence. Les déplacements de tâches du rôle propre vers les
aides soignants et du médical vers l’infirmier questionnent l’identité professionnelle. La
réflexivité en produisant des réponses à des problématiques de soins, en faisant émerger le
sens de pratiques participe à cette construction identitaire. Les infirmiers en psychiatrie,
malgré une opposition artificielle avec leurs collègues de soins somatiques, se considèrent
comme appartenant à un tout. Certes avec des compétences autres mais somme toute portés
par des valeurs communes. La formation continue vient parachever une formation discutable
et discutée mais elle vise surtout à former des personnels capables d’adopter une posture
réflexive afin de pouvoir s’adapter au mieux aux contraintes du soin en psychiatrie. Subsiste
la problématique de la mise en place d’un master en soins infirmiers spécifique à la santé
mentale réclamé par certains. Les contours et encore plus les contenus restent à définir de
manière à rendre ce futur diplôme apte à répondre aux besoins des patients.
30
IFSI Bayonne
Promotion 2010-2013
U.E. 5.6 ; Mémoire de fin d’étude
Semestre 6
Annexes
Annexe 1
Guide des entretiens
Les entretiens sont enregistrés avec l’accord des participants. Il a lieu en face en face sans
bureau. Le participant est informé de l’anonymat de ses propos.
Présentation du déroulé :
L’entretien va comporter des questions ouvertes et peut être des questions plus précises.
Je vais vous poser des questions sur votre parcours
QUESTION 1 : En quelle année avez vous obtenu votre diplôme ?
QUESTION 2 : Quel est le temps d’exercice en somatique ?
QUESTION 3 : Quel est le temps d’exercice en psychiatrie
QUESTION 4 : Quelles sont les raisons de ce choix ?
Je vais aborder la question de l’identité professionnelle
QUESTION 5 : À votre avis avez-vous une identité professionnelle particulière ?
QUESTION 6 : Comment vous présentez vous à des inconnus ?
QUESTION 7 : Que pouvez me dire au sujet du rôle propre en psychiatrie ?
Je vais vous interroger sur votre arrivée dans un service de psychiatrie
QUESTION 8 : Avait vous été accompagné lors de votre premier poste en psychiatrie ?
Nous allons aborder la thématique du changement, les effets du travail sur vous
QUESTION 9 : avait vous changé professionnellement ?
Dernier thème, je vais vous questionner sur la méthode de résolutions de problèmes
QUESTION 10 : quand vous avez des difficultés, comment faites vous pour les résoudre ?
QUESTION 11 : les solutions dégagées sont-elles réinvesties
L’entretien est terminé, je vous remercie pour votre participation
31
Téléchargement