1 Le rôle du secteur informel dans le développement de l

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Le rôle du secteur informel dans le développement de l’entrepreneuriat au Sénégal : historique et
justification
Boubacar Basse1, Université de Ziguinchor
Résumé
Grâce à une approche méthodologique exploratoire, cet article se propose d’analyser, à partir du modèle
entrepreneurial de Ahmad et Hoffman (2007), les nouvelles conditions d’émergence d’un entrepreneuriat moderne
résultant de l’éradication et de l’inclusion progressive du secteur informel à l’économie moderne au négal. Cinq
aspects permettant d’appréhender les mutations du contexte entrepreneurial sont ici abordés : le nouveau rapport à
l’entreprise, les modèles entrepreneuriaux de référence, le dispositif d’incitation à la formalisation, les financements et
l’environnement des affaires.
Mots clés : économie informelle, entrepreneuriat, environnement des affaires, Sénégal
JEL : O17.
The role of the informal sector in entrepreneurship development in Senegal : historical
background and justification
Abstract
Through an exploratory methodological approach, this article seeks to analyze, from the entrepreneurial model of
Ahmad and Hoffman (2007), new conditions for the emergence of a modern entrepreneurship resulting from the
eradication and progressive inclusion the informal sector into the modern economy in Senegal. Five aspects allowing
us to apprehend the changes in the business environment are discussed here: the new relationship with the company,
the entrepreneurial role models of reference, the incentive mechanism to formalization, the financing, and the
business environment.
Keywords: Informal economy, entrepreneurship, business environment, Senegal
1 Enseignant-chercheur, Département Economie gestion BP 1540 Ziguinchor, Sénégal. Email : [email protected] ;
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Introduction
Le secteur informel joue un rôle de premier plan dans l’économie africaine en général et sénégalaise en
particulier. Quelques 5 millions de Sénégalais « exclus » de l’économie conventionnelle s’y retrouvent au
moment où, le secteur dit moderne s’essouffle. Il s’y ajoute que la création et la gestion d’une entreprise
moderne relève d’un véritable parcours de combattant à tel enseigne que l’entrepreneuriat « formel »
inspire une méfiance voire une répulsion de la part de l’opinion publique. Ainsi, pour échapper aux
multiples tracasseries découlant de la formalisation de leurs entités économiques et des obligations d’ordre
fiscal, pécuniaire, réglementaire…, de nombreux entrepreneurs opèrent en marge de l’économie moderne
en y menant des activités souvent prospères qui génèrent des millions d’emplois pour la population
active. Se faisant, un débat reste ouvert au niveau de certaines organisations professionnelles et autorités
patronales quant à l’opportunité de la sauvegarde ou de l’éradication du secteur informel, étant entendu
que la Fonction publique et le secteur privé traditionnel ne peuvent pas absorber toute la masse de
travailleurs non qualifiés. Ces derniers trouvent des opportunités d’emplois dans les unités de production
de l’économie informelle (petits commerces, ateliers de menuiserie bois et métallique, garages
automobiles…) dont le développement se fait de façon anarchique dans les quartiers d’habitation,
entrainant une exposition à divers risques de nature différente.
C’est dire donc que l’importance économique et sociale que revêt l’informel n’est plus à démonter. Pour
s’en convaincre une fois de plus, il suffit de « demander aux ménages sénégalais comment
s’approvisionnent – ils en denrées de première nécessité, aux industriels comment font ils pour que leurs
produits soient accessibles sur l’étendue du territoire national, aux professionnels du Bâtiment et des
Travaux Publics trouvent ils de la main d’œuvre, aux paysans comment leurs productions sont
acheminées au niveau des grands marchés, aux banques quels sont leurs meilleurs clients en termes de
volumes de transactions économiques, à l’Etat quels sont les acteurs économiques qui contribuent le plus
à la stabilité sociale, à la croissance économique… ?», s’exclamait un responsable de l’UNACOIS (Union
Nationale des Commerçants et Industriels du Sénégal). D’ailleurs si le Sénégal a pu faire face aux chocs
exogènes, c’est grâce au dynamisme des acteurs économiques du secteur informel.
Cependant, malgré leurs multiples avantages, il faut noter que les entreprises du secteur informel sont
confrontées à des besoins énormes en matière d’équipements technologiques. Les dirigeants de ces
entreprises manquent souvent de formation appropriée et de compétences managériales et techniques. Il
s’y ajoute qu’elles rencontrent aussi des difficultés énormes d’accès aux marchés régionaux et
internationaux du fait de l’inadaptation aux normes internationales de qualité de leurs produits, de
l’emballage, des problèmes de logistique et de marketing. Elles sont également confrontées à un problème
de financement et d’accès au crédit bancaire.
La question se pose alors de savoir quelles sont les nouvelles conditions d’émergence et de développement
de l’entrepreneuriat au Sénégal. D’autant plus qu’aujourd’hui, force est de reconnaitre, qu’à la faveur de la
mondialisation et de la libéralisation de l’économie, une nouvelle donne se prête au développement de
l’entreprise. En clair, le débat reste ouvert quant à l’opportunité de l’éradication et de l’inclusion du secteur
informel dans l’économie moderne.
L’ambition de cet article est d’analyser les nouvelles conditions d’émergence d’un entrepreneuriat moderne
résultant de l’éradication et de l’inclusion progressive du secteur informel à l’économie moderne au
Sénégal. Cinq aspects permettant d’appréhender les mutations du contexte entrepreneurial sont ici
abordés : le nouveau rapport à l’entreprise, les modèles entrepreneuriaux de référence, le nouveau
dispositif d’accompagnement, de promotion et d’incitation à la formalisation, la diversification des sources
de financement et enfin l’environnement des affaires. Auparavant, une définition des concepts clés liés à
l’entrepreneuriat et au secteur informel est envisagée suivie d’une présentation de la méthodologie de
l’étude.
1. La dynamique entrepreneuriale au Sénégal
La tradition entrepreneuriale sénégalaise est pratiquement bicentenaire car remontant aux grandes familles
des communes de Saint Louis et de Gorée, appelées « traitants », qui s’activaient dans le commerce de la
gomme, et plus tard de l’arachide, en partenariat avec les comptoirs des grandes maisons de commerce
bordelaises et marseillaises de l’époque coloniale. D’après Amin (1969), l’histoire des hommes d’affaires
sénégalais est marquée par l’avènement de grandes familles commerçantes, dont certaines ont encore
pignon sur rue. C’est dire donc que la prévalence du Commerce sur l’Industrie, dans la structure de
l’économie nationale, remonte aux sources de l’entrepreneuriat sénégalais.
Cependant, dès 1950, le monde des affaires sénégalais connut un tournant historique marqué par la fin du
monopole de l’arachide, comme objet des transactions commerciales. Les opérateurs économiques
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commencèrent à s’intéresser à l’importation des biens d’équipement et des produits laitiers ainsi qu’au
transport et à l’immobilier. Le mouvement ainsi enclencse poursuivra pour embrasser tous les secteurs
d’activités économiques.
1. 1. L’entrepreneuriat
Selon Julien et Marchesnay (1996), l’acte d’entrepreneuriat demeure la création d’entreprise, l’innovation
en est le moteur, l’entrepreneur est l’acteur, le marché représente les opportunités et le milieu constitue
l’incitation à l’entrepreneuriat. De ce point de vue, nous rejoignons l’approche de Marsden (1991) qui
identifie les entrepreneurs comme étant ceux qui « innovent et assument des risques. Ils emploient et
dirigent de la main d’œuvre. Ils ouvrent des marchés et trouvent de nouvelles combinaisons de produits
et de traitement de matières premières. Ils initient des changements et facilitent l’ajustement dans des
économies dynamiques ». L’innovation implique donc l’émergence d’une « nouveauté » au sens de Paturel
(2007) qui retient deux pratiques propres à l’entrepreneuriat à savoir la création ex nihilo et la reprise. En
somme, en nous inscrivant en droite de la position des auteurs précités, pour qui l’essence de
l’entrepreneuriat est la création d’entreprise, nous posons, à l’instar de Davidsson (2001), qu’il s’agit plus
précisément de (1) la création d’une nouvelle entreprise ; (2) la reprise d’une entreprise déjà existante avec
des innovations mineures ou majeures ; (3) une nouvelle entreprise sur un nouveau marché ; (4)
l’élargissement du marché pour une entreprise existante.
La notion d’entreprise est d’ailleurs très hétérogène, en référence à beaucoup de critères de classification.
Par souci de simplification, la taille est généralement utilisée pour distinguer la Petite et Moyenne
Entreprise (PME) de la grande entreprise. Or la PME est plus répandue au Sénégal du fait certainement de
sa relative souplesse. Elle recouvre une réalité ambivalente en ce sens qu’elle fait l’objet de nombreuses
définitions. Celle proposée dans la Charte des PME créée en 2003 et devenue par la suite la loi
d’orientation sur les PME à partir de 2008, est assez représentative de la position des autorités sénégalaises
sur la question. Elle montre que la Petite Entreprise (PE) / (cf. Art.3 de la Charte) désigne une Personne
physique ou morale, productrice de biens ou de services marchands, répondant aux critères et seuils
suivants, ayant un effectif compris entre un (1) et vingt (20) employés et/ou un chiffre d’affaire minimal
annuel de 25 millions de F CFA.
Une approche qualitative est souvent privilégiée pour appréhender la dimension de la PME. Elle s’appuie
sur un mode de gestion caractérisé par le rôle central du dirigeant. Une autre caractéristique est l’unicité du
centre de décision en matière de choix stratégique par rapport aux grandes entreprises dans lesquelles le
pouvoir est plus disséminé (Paquay, 2005).
1.2. Typologie de l’entrepreneuriat sénégalais
A l’image de la grande majorité des économies africaines, quatre types d’entreprises et d’unités de
production, identifiés par Hugon (1995), constituent les composantes principales de l’entrepreneuriat
sénégalais. On distingue ainsi :
Les grandes entreprises privées qui sont essentiellement étrangères c'est-à-dire des filiales de groupes
multinationaux et étrangers. Elles sont plus visibles dans les secteurs pétroliers et / ou agricoles
d’exportation, et dans une certaine mesure, des industries de substitution d’importation, à l’instar de la
cimenterie SOCOCIM SA. D’après Quiers-Valette (1993), ces grandes entreprises étrangères sont
généralement confrontées à une série de facteurs défavorables comme des marchés étroits, des risques
économiques, financiers et politiques importants, une faiblesse du tissu industriel local, un Etat
« prédateur » (fiscalement parlant !), une défaillance du système bancaire, un cadre juridique et
institutionnel inadéquat…Néanmoins, ces entités répondent aux critères de rentabilité et aux stratégies
organisationnelles propres au capitalisme.
Les entreprises publiques et parapubliques : elles sont constituées des établissements publics à caractère
industriel et commercial, les sociétés d’Etat, les sociétés d’économie mixte. Leur rôle étant de se substituer
à l’insuffisance d’entrepreneurs nationaux. Pour l’essentiel, ces entreprises connaissent des difficultés de
marché du fait de la concurrence, des problèmes de liquidité et de solvabilité…dus essentiellement à des
erreurs de gestion, des prévarications, une carence en personnel qualifié (Plane, 1993) ;
Les petites et moyennes entreprises privées, qui sont considérées par la Banque Mondiale, dans son
rapport 1989, comme le principal chainon manquant du tissu économique. Elles sont quand même plus
présentes dans le secteur tertiaire du fait probablement de la faiblesse relative des barrières à l’entrée
comme les investissements. Ces entreprises constituent « 90% du tissu économique du Sénégal et
contribuent pour 42% dans la création d’emplois, 36% du chiffre d’affaires et 33% de la valeur ajoutée »
(magazine économique « PME Info », janvier 2010, p.29).
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Les petites unités informelles marchandes : elles sont relativement nombreuses. Constituant ce qu’il est
convenu d’appeler le « secteur informel », ces entreprises sont caractérisées par une faible dissociation de
la sphère productive et domestique, par l’absence de salariat permanent, l’inexistence de comptabilité et
d’appel au crédit institutionnalisé. Il s’y ajoute qu’elles s’adonnent à une production à petite échelle
s’adressant à une demande peu solvable et très instable. Malgré ce chapelet de récriminations, Latouche
(1989) reconnait un certain dynamisme aux acteurs du secteur informel, qui à ses yeux, sont ingénieux et
non ingénieurs.
Cette répartition formel /informel consacre la dualité sectorielle de l’entrepreneuriat au Sénégal.
Contrairement aux grandes entreprises du secteur moderne, les unités de productions de l’informel
disposent d’une souplesse relative leur permettant de s’adapter facilement aux contraintes
environnementales. Cette formidable faculté d’adaptation réside dans leur aptitude à concilier les valeurs
sociales et culturelle de l’Afrique avec la nécessaire efficacité économique (Dia, 1992). C’est dire, à l’instar
de Taoufik et Angelhard (1990) que les systèmes et processus économiques dans l’informel sont en
« osmose » avec les cultures ambiantes.
1.3. Le secteur informel au Sénégal
1.3.1. Définitions
L’Informel fait l’objet de nombreuses appellations et de définitions qui témoignent de la vitalité du
concept. Ainsi, le « secteur informel » ou « non réglementé », « l’économie parallèle » ou « non structurée »
ou « non encadrée » renvoient à la même réalité désignée sous le vocable fédérateur « d’économie
informelle » par le Bureau International du Travail (BIT). Cette terminologie reprise par Benjamin et
Mbaye (2012) comprend toutes les activités qui ne sont pas ou qui sont faiblement enregistrées. C’est ce
qui fait de l’informel une question de degré plutôt que de statut.
Cette approche contraste avec la position de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
(ANDS) du Sénégal qui pose le problème de la légalité de l’informel constitué à ses yeux « d’un ensemble
d’Unités de Production (UP) dépourvues de numéro statistique et / ou de comptabilité écrite formelle ».
La thèse de l’illégalité de l’économie informelle ne saurait prospérer si l’on se réfère à l’OCDE
(Organisation de Coopération et de Développement Economique) qui marque une dissociation très nette
entre l’informel et « l’économie illégale » constituée de toutes les activités illicites comme le trafic de
drogue et la contrefaçon. Néanmoins, un pan entier de l’économie informelle présente de fortes
similitudes avec l’économie souterraine au sens de l’OCDE puisque celle-ci comprend toutes les activités
cachées pour éviter de payer les impôts et pour se soustraire à d’autres obligations légales.
Quant au concept de « secteur informel », il est dû à Keith Hart et date du début des années soixante dix,
à l’occasion du Programme mondial lancé par le Bureau International du Travail (BIT). Dans la même
lancée, Van Dijk Meine (1986) identifie dans le rapport Kenya de 1972 sept caractéristiques pour
appréhender les entreprises du secteur informel :
Le capital de départ est peu important et est essentiellement constitué de l’épargne personnelle de
l’entrepreneur et de celle de son entourage ; il s’agit d’exploitations familiales la proximité parentale et
les solidarités ethnico-claniques prennent le pas sur les considérations purement économiques ; La
débrouillardise fait légion pour contourner le manque de moyens. Elle commande d’utiliser les matières
premières locales de même que l’outillage fabriqué sur place ; Les qualifications nécessaires sont acquises
grâce à une formation sur le tas. L’apprentissage se fait essentiellement par observation voire imitation des
plus anciens dans le métier ; La capacité de production est faible à l’image de la taille de la quasi-totalité
des unités dont l’effectif dépasse rarement dix employés ; La technologie utilisée reste rudimentaire mais
est à forte intensité de main d’œuvre ; Le marché non réglementé reste très concurrentiel et ouvert à tout
entrant potentiel.
En se focalisant plus sur les entreprises informelles que sur l’emploi informel, Benjamin et Mbaye (2012)
utilisent six critères pour définir le secteur informel : la taille de l’activité, l’enregistrement, la sincérité des
comptes, la fixité du lieu de travail, l’accès au crédit et le statut fiscal de la firme. Ils affinent leur analyse en
distinguant le gros informel du petit informel (cf Tableau 1). Les entreprises du gros informel sont
comparables à celles du secteur moderne, mais se comportent de façon informelle à bien des égards en ce
sens qu’elles ne satisfont pas le critère de la sincérité des comptes. Quant à celles du petit informel, elles
satisfont rarement les présents critères de la formalité.
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Tableau 1: caractéristiques du formel, du gros informel et du petit informel
critères
Formel
Gros informel
Petit informel
Paiement régulier de l’impôt sur le revenu
Oui
Quelquefois
Très rarement
Tenue d’une comptabilité honnête
Oui
Non
Très rarement
Enregistrement
Oui
Oui
Quelquefois
Chiffre d’affaire dépassant 50 millions F
CFA
Oui
Oui
Très rarement
Local fixe
Oui
Oui
Quelquefois
Eligibilité pour les prêts bancaires
Oui
Oui
Très rarement
Niveau de l’informel*
6
4 5
0 - 3
Source : Benjamin et Mbaye (2012), 36 * le niveau de l’informel correspond en fait au nombre de critères remplis par l’entreprise.
Ainsi, le niveau 0 renvoie au bas de l’échelle c'est-à-dire les entreprises complètement informelles qui ne remplissent aucun des
critères déterminant la formalité. De la même manière, le niveau 6, soit le sommet de l’échelle, correspond aux acteurs qui
remplissent la totalité des critères définissant la formalité.
Le critère de la taille s’inscrit en droite ligne de l’approche de Fields (1990) et Hart (1972) sur le Kenya qui
circonscrit l’effectif d’une entreprise informelle à un maximum de 5 à 10 personnes au moment leurs
homologues du secteur moderne totalisent plus de 10 salariés (Galli et Kacera, 2004 ; cités par Benjamin et
Mbaye, 2012). La non sincérité des comptes reste un critère quasi immuable pour définir le secteur
informel. Il s’agit d’une absence de visibilité sur les activités réalisées découlant d’une déformation de la
réalité voire même d’une inexistence de comptabilité.
Si l’on conçoit que des activités informelles occupent souvent des lieux de travail fixes, on se rend bien
compte que ce critère ne concerne qu’une partie et non la totalité de l’informel. La difficulté d’accès au
crédit bancaire tient tant à l’impossibilité pour les entreprises informelle de produire des documents
administratifs et financiers nécessaire à l’examen d’un dossier de demande de crédit que à leur incapacité à
répondre aux exigences de garanties Enfin le statut fiscal demeure un critère ambigu pour identifier
l’informel car étant donné que dans l’espace UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine),
il est institué une fiscalité adaptée à tout type d’entreprise. C’est le cas de l’impôt forfaitaire au Sénégal
pour les entreprises du secteur informel réalisant des ventes annuelles de moins de 50 millions. Au-delà de
ce seuil, les entreprises restent soumises au régime de taxation ordinaire. Dès lors le problème est moins
une question d’éligibilité à un régime fiscal donné que d’enregistrement des entreprises assujetties et de
recouvrement de l’impôt dû.
1.3.2. Importance économique
L’émergence de l’économie informelle découle de la conjugaison d’une multitude de facteurs comme
l’exode rural, l’explosion démographique et la pauvreté (Marchand, 2005).. Selon le rapport BIT (2004), la
part du secteur informel représente 80% de l’emploi non agricole, plus de 60% de l’emploi urbain et 90%
des emplois nouveaux en Afrique.
Au Sénégal, le document d’Etude n°9 de la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE)
datant d’octobre 2008 évalue à 508,8 milliards FCFA la production de biens et services et à 356,3 milliards
la création de valeur ajoutée à Dakar, due à l’économie informelle. En outre, l’informel représente 54% du
PIB du Sénégal (Benjamin et Mbaye, 2012).
Quant à la répartition sectorielle, le commerce représente 46,5% de l’activité informelle en 2003, l’industrie
30,6%, les services 21,3% et la pêche 1,6% (Direction de la Prévision et de la Statistique, 2004).
Pour ce qui concerne l’emploi, Benjamin et Mbaye (2012) montrent que le secteur informel est
prédominant dans l’agriculture / l’élevage avec 48,06% de l’ensemble des ménages opérant dans cette
activité. Vient ensuite le commerce avec 23,6 %, suivi des autres services avec 7,4%. Enfin, au Sénégal
comme dans d’autres pays de l’UEMOA (Bénin et Burkina Faso), le secteur informel contribue pour
moins de 3 % aux recettes fiscales (Benjamin et Mbaye, 2012).
2 .Méthodologie de la recherche
2.1. Présentation de la méthodologie adoptée
La démarche méthodologique que nous avons adoptée est essentiellement qualitative. Elle porte sur la
méthode de cas multi-sites au sens de Yin. Les données ont été recueillies par observation non
participante et entretiens semi-directifs auprès de différentes catégories d’acteurs. L’utilisation des deux
approches (entretien et observation) répond à un besoin de confronter différentes sources d’information
et d’apporter ainsi une plus grande validité à la recherche.
Ainsi, 25 dirigeants de très petites entreprises (TPE) évoluant dans le secteur informel au Sénégal ont été
observés et interrogés entre novembre 2012 et février 2013.
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