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Ouverture des rencontres
L’actualité impose de s’interroger sur les en-
jeux du développement durable en centre his-
torique. Il est aujourd’hui primordial de déve-
lopper des démarches pour faire des centres
anciens des modèles de ville durable. Lors
du Grenelle de l’Environnement a été soule-
vée la question de savoir si l’urbanisme devait
être rattaché au Ministère de la culture et de
la communication ou au Ministère de l’écolo-
gie, du développement et de l’aménagement
durables. Il a finalement été décidé que l’ur-
banisme resterait attaché au Ministère de la
culture et de la communication.
En tant qu’ancien adjoint à la culture et au pa-
trimoine – et passionné par l’environnement
–, cette question me surprend, et néanmoins
elle témoigne d’un débat important : est-il pos-
sible de concilier le développement durable et
la restauration du patrimoine, d’introduire
des notions de développement durable à l’inté-
rieur des villes à secteurs sauvegardés ou des
villes d’art et d’histoire ?
Pour répondre à ces questions, il est indispen-
sable d’analyser la situation actuelle, particu-
lièrement pour les secteurs protégés.
Narbonne, comme d’autres villes, connaît
des problèmes de circulation. Il est essentiel
de s’interroger sur la place de la voiture dans
Centres
anciens,
modèles
de ville
durable
Ouverture
des rencontres
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MICHEL MOYNIER -------
------------- Maire de Narbonne
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la ville qu’il reste impossible d’interdire, sur
l’adaptation et l’adaptabilité à la circulation
des villes qui ont été construites à l’époque an-
tique ou médiévale, c’est-à-dire à une époque
où la voiture n’existait pas, ainsi que sur les
conditions et la qualité de vie en centre ancien
offertes à une population vieillissante.
Il devient urgent d’aborder ces problématiques
liées à la circulation en centre-ville de façon
transversale. Il en va de même sur d’autres
problématiques du développement durable,
telle que l’énergie.
Notre rencontre se tient dans une salle mé-
diévale, qui a été entièrement restaurée, et qui
soulève pleinement cette question de l’énergie,
notamment en terme d’isolation et de chauf-
fage. Dans un tel bâtiment, il est impossible
d’installer des capteurs photovoltaïques en fa-
çade, et de poser des isolants sur les pierres
anciennes. La restauration, notamment de bâ-
timents publics, oblige à travailler sur les mé-
thodes pour adapter les bâtiments très anciens
aux conditions de vie du XXIe siècle.
Le problème de l’eau et de l’assainissement se
pose également. Comme dans les nouvelles
constructions, la gestion de l’eau, des déchets
et des boues constitue des problématiques ma-
jeures dans les secteurs anciens. A Narbonne,
un système de collecte des déchets par aspira-
tion, logé à l’intérieur des égouts romains, a été
mis en place. Cette technique du XXIe siècle
permet de réduire les nuisances sonores et ol-
factives liées à la collecte des déchets ; mais
elle n’est pas applicable partout. Le stockage
des déchets est aussi une question importante.
Certains systèmes proposent une containeri-
sation enfouie des déchets.
En outre, il serait judicieux de se demander
quel intérêt porter aux communs dans les
bâtiments anciens. En effet, la gestion col-
lective devrait permettre une diminution des
charges, et ainsi une compensation de la flam-
bée de l’immobilier dans le bâti ancien comme
dans le neuf.
Par ailleurs la question de la dépendance éner-
gétique doit être posée. Celle-ci peut être exa-
minée de plusieurs manières. Il ne serait pas
pertinent de déployer certaines solutions de
façon systématique : par exemple, il n’est pas
judicieux d’installer des capteurs photovol-
taïques ou des éoliennes sur tous les toits an-
ciens de Narbonne, chaque bâtiment doit être
étudié de façon à y adapter la solution qui lui
correspond. Le Palais des Arts et du Travail,
datant de 1936, a ainsi été doté de capteurs so-
laires, après acceptation par l’Architecte des
Monuments historiques et l’Architecte des Bâ-
timents de France.
Dans d’autres cas, des techniques différentes
peuvent être utilisées, comme la géother-
mie. Il a été décidé de traiter la question de
l’énergie pour le nouvel Office du Tourisme
et le nouveau Centre d’Interprétation de l’Ar-
chitecture et du Patrimoine avec cette tech-
nique : une pompe à chaleur géothermique a
été installée. L’eau puisée en sous-sol apporte
un rafraîchissement l’été et un réchauffement
l’hiver. Ce type de dispositif peut être installé
en cœur de ville. La Ville de Narbonne étudie
l’installation d’un tel système dans l’horreum
romain qui circule dans le quartier de Bourg.
Un tel dispositif permettrait d’éliminer défini-
tivement les climatiseurs puisque la tempéra-
ture y est de 14°C toute l’année. Il existe donc
des réponses en matière d’énergie renouve-
lable qui peuvent être très rapidement mises
en place.