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Hausse des coûts du financement
Source : CEIC. Données en date de novembre 2013
Nous pensons que le gouvernement devrait abaisser son objectif de
croissance du PIB pour 2014 (seuil minimal) à 7 % (ou une fourchette
objectif de 7 à 7,5 %), pour laisser plus de place aux réformes
structurelles et décourager les gouvernements locaux de rechercher
des taux de croissance élevés. Tant que la croissance reste supérieure
à 7 %, il est improbable que le chômage s'aggrave sensiblement,
compte tenu des changements démographiques et structurels.
Toutefois, le gouvernement pourrait choisir de maintenir un objectif de
7,5 % afin de soutenir la confiance des investisseurs, lesquels tablent
sur une mise en œuvre des réformes dans un environnement plus
stable, sur une planification du calendrier et sur l'intensité de diverses
mesures de réforme de telle sorte que la croissance ne passerait à un
rythme inférieur que progressivement. Le Premier ministre Li Keqiang a
déclaré qu'il faudrait à la Chine une croissance de 7,2 % pour assurer la
stabilité de l'emploi. Nous considérerons l'adoption d'un seuil
minimal de croissance de 7,5 % comme le signe d'un
ralentissement du rythme des réformes.
Le taux d'inflation selon l'Indice des prix à la consommation (IPC) publié
a dépassé 3 % en glissement annuel et l'inflation sous-jacente mesurée
par cet indice a indiqué une tendance à la hausse au cours des derniers
mois. En revanche, il est probable que le taux d'inflation mesuré par
l'IPC pour l'ensemble de l'année 2013 restera en deçà de l'objectif de
3,5 %. Nous prévoyons un renforcement des pressions
inflationnistes globales jusqu'en 2014, dans un contexte de pression
à la hausse sur les coûts de la main-d’œuvre, des services et des
locations.
Les ajustements prévus dans les prix denrées alimentaires auront un
caractère inflationniste et la volatilité de ces prix demeure un risque,
particulièrement avec une tendance à la hausse dans le cycle des prix
du porc sur fond d’effet de base défavorable. Toutefois, les capacités
excédentaires dans plusieurs industries et les perspectives mitigées
pour les prix mondiaux des matières premières devraient contribuer à
freiner l'inflation. Nous prévoyons que le gouvernement maintiendra
son objectif d'inflation de 3,5 % pour 2014, en tenant compte de
l'impact des réformes concernant le prix des facteurs de production.
Il est probable que la politique monétaire/financière aura pour priorité le
ralentissement de la croissance du crédit, le renforcement des
réglementations et de la surveillance financières, notamment celles des
risques systémiques et l'approfondissement des réformes financières.
La Banque populaire de Chine restera vigilante à l'égard de l'inflation et
des risques concernant le secteur immobilier.
L'orientation politique devrait être moins accommodante en 2014 qu'en
2013, même si nous ne prévoyons pas de resserrement monétaire
significatif. L'objectif de croissance de la masse monétaire pour le 2ème
semestre 2014 devrait être maintenu à 13 %, ce qui signalerait une
politique plus rigoureuse étant donné que le taux réel de cette
croissance au 2ème semestre de l’année devrait sensiblement dépasser
13 %.
Programme et perspectives de réformes
L'économie chinoise est en pleine transition structurelle, d'une
croissance financée par le crédit, guidée par l'État et axée
principalement sur l'investissement, à une croissance plus durable,
davantage orientée vers l'économie de marché et sur la consommation
intérieure. Le programme de réformes de grande envergure présenté
après la 3ème session plénière indique à notre avis le sentiment
d'urgence manifesté par les nouveaux dirigeants ainsi que la
compréhension collective de la nécessité de s'engager dans des
réformes importantes, audacieuses et de grande ampleur.
Le plan de réformes confirme une forte volonté politique de défendre le
principe de l'économie de marché. Il préconise de laisser le marché
jouer un rôle décisif dans l'allocation des ressources (notamment en
matière de crédit), d'harmoniser les règles du jeu entre entreprises
publiques et privées, d'encourager la participation du secteur privé,
d'introduire la concurrence étrangère dans certaines industries
dominées par l'État, et de réduire l'intervention directe du gouvernement
dans l'activité économique. La participation de l'État continuera de jouer
un rôle fondamental et demeurera le pilier de l'économie, mais les
entreprises publiques seront tenues d'améliorer leur efficacité et leur
gouvernance.
Le plan de réformes indique également une forte détermination du
gouvernement à rééquilibrer l'économie vers une croissance tirée par la
consommation et de promouvoir une croissance durable et de qualité. Il
existe des stratégies concrètes visant à accroître le revenu/le patrimoine
des ménages ruraux et à se pencher sur le problème de l'inégalité des
revenus entre les zones rurales et les zones urbaines (notamment par la
réforme agraire en zone rurale) et de la redistribution des revenus par le
biais de l'imposition, des transferts fiscaux et de l'augmentation des
transferts des bénéfices des entreprises publiques vers les dépenses
sociales. Parmi les autres mesures, on note l'assouplissement de la
politique de l'enfant unique, pour permettre aux couples d'avoir deux
enfants (si l'un des parents est enfant unique) et du système
d’enregistrement des ménages (hukou), l'amélioration du système de
sécurité sociale ainsi que la taxation des ressources et de
l’environnement.
Le réalignement des dépenses et des revenus entre le gouvernement
central et les gouvernements locaux améliorera la rigueur de ces
derniers en matière fiscale. La responsabilité en matière de dépenses
sera réduite pour les gouvernements locaux et les canaux de
financement seront diversifiés, y compris par la hausse des émissions
d'obligations municipales. La nouvelle matrice de suivi des résultats
(contrôle des niveaux d'endettement, dommages causés à
l'environnement,…) dans laquelle l'accent sera moins mis sur la
croissance du PIB et davantage sur la réduction des capacités
excédentaires devrait faire en sorte que les responsables des
gouvernements locaux soient moins incités à mener à bien des projets
d'investissement non rentables ou à contracter de nouveaux emprunts.
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O/N SHIBOR
Rendement des obligations du Trésor à 10 ans
Rendement des obligations à 3 ans émises
sur les marchés financiers
Rendement des obligations à 3 ans de sociétés notées AAA