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modèle dès l'origine inégalitaire et insoutenable comme en témoignent la fracture sociale et la fracture régionale, qui n'ont toutes
deux qu'un lointain rapport avec le favoritisme et la prédation.
Le chômage massif des jeunes et la persistance d'une large précarité sociale ne peuvent être attribués au seul capitalisme de
copinage? mais au capitalisme tout court, certes encore quelque peu dirigé !
Tout serait affaire de réformes
Du coup la seule issue entrevue par les classes dirigeantes est d'expurger le canevas de ses oripeaux, de régénérer le modèle jugé
encore pertinent et valide. A telle enseigne qu'il est surtout question d'assainir le «climat des affaires», de réitérer «le primat de
l'investissement privé» corrélatif à la poursuite du désengagement de l'Etat, de conforter la «bonne gouvernance» assimilée à la
régulation du libre jeu des marchés. D'essence libérale mais perverti, le «modèle» peut être réhabilité pour autant qu'il soit rénové!
Voilà en substance ce que l'on peut entendre depuis déjà quelques mois.
Tout ne serait donc affaire que de réformes? et de surcroit «structurelles», afin de s'en auto-persuader si besoin était. Des réformes
douloureuses et impopulaires s'aventurent à dire certains, quand d'autres se contentent de rester sur le terrain du «nécessaire dans
l'intérêt général». D'où les hésitations que nous entrevoyons, de ce faux immobilisme du moment présent que nous percevons. Car à
l'évidence les enjeux sont de taille! Mais comment alors faire repartir une société en panne ?
Depuis la formation du premier gouvernement de la deuxième République la question «centrale» de la réforme se pose avec acuité.
Non pas tant du point de vue de sa finalité ultime qui n'est autre que de prolonger, de restaurer ce modèle «national libéral» en
renouvelant ses ressorts, mais bien du point de vue de l'acceptabilité, autrement dit du consentement du plus grand nombre.
Il s'agit donc de la pédagogie à mettre en ?uvre pour réaliser cette réforme. Les autorités au pouvoir se savent ne pas être en mesure
de passer en force compte tenu des tensions sociales. Un risque réel et bien trop grand qui pourrait dégénérer en explosion sociale.
Du coup le gouvernement cherche des biais, le bon timing, la fenêtre d'opportunité pour se lancer à la conquête de l'opinion qui
permettrait de légitimer de nouvelles pratiques? le fameux consensus, règle immuable de la sphère politique depuis des lustres. Mais
il n'aura échappé à personne que les réformes envisagées forment un tout cohérent et pertinent. Aucune d'elles, prise seule n'est
suffisante. Mieux chacune d'elles renforce l'efficience des autres et le caractère performatif de l'ensemble.
Tout pour l'initiative privée
Observons ! Des projets de lois sont proposés, à intervalles plus ou moins réguliers, à l'examen d'un conseil ministériel restreint puis
transmis aux commissions spécialisées de l'assemblée nationale. Nous n'en serions d'ailleurs qu'au tout début car le train de mesures
imaginées et projetées ne comporterait pas moins d'une douzaine de «grandes réformes». Nous n'inventons rien!
Cela est écrit noir sur blanc depuis des mois déjà dans toute la littérature officielle consacrée à ces questions. On peut même se faire
une idée très précise des attendus de ces réformes en allant sur les sites des ministères, de la Banque centrale de Tunisie (BCT), et
autres institutions financières internationales (FMI, CE, BM, BEI) qui apportent leur concours et leur soutien au redressement
économique et social du pays.
Certaines d'ailleurs de ces réformes sont enclenchées. Celle de la Caisse générale de compensation (non répercussion à la pompe des
baisses de prix du pétrole), celle des banques, recapitalisées exclusivement avec l'argent public et non avec celui des actionnaires.
Mais d'évidence le processus est loin d'être linéaire ! La difficulté à justifier et à légitimer la loi de réconciliation nationale montre
les limites de l'exercice en dépit d'une très large majorité parlementaire (potentielle mais pas acquise).
Le code de l'investissement et, dans la foulée, le code de concurrence cherchent à consacrer plus avant «la liberté d'entreprendre».
Tout doit concourir à une plus large concurrence. Exemples : abandon des règles régissant les activités à autorisation préalables et
celles à cahier des charges 216 sur 600, recours possible à la main d'?uvre qualifiée étrangère. Mais aussi? à une ouverture encore
plus grande de l'économie.
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