
Journal Identification = IPE Article Identification = 1200 Date: May 27, 2014 Time: 2:8 pm
États des lieux. Recherche action nationale «Place de la santé mentale en médecine générale »
13 à 15 % des motifs de consultations des médecins géné-
ralistes et jusqu’à 25 % des motifs de visites à domicile [7].
Les troubles de santé mentale des personnes âgées ont aussi
toute leur place chez le médecin traitant. Ceci concorde avec
les résultats de l’enquête menée en Côte-d’Or [22].
Les difficultés d’orientation : le délai d’attente pour une
consultation apparaît toujours beaucoup trop important.
Aux dires des médecins généralistes, l’image de la santé
mentale est toujours perc¸ue comme négative avec une part
de stigmatisation et une réticence des patients.
Malgré tout, si est notée une évolution positive, celle-
ci est contredite par les faits concrets : la difficulté à faire
accepter au patient de rencontrer des soignants en psychia-
trie est toujours bien présente. Le coût de la prise en charge
psychothérapique dans le dispositif privé est aussi un frein
important.
Les modalités de communication entre psychiatre
et médecin généraliste restent très problématiques et
entraînent une insatisfaction considérable.
Les médecins généralistes disent se donner la peine
d’adresser un courrier au médecin spécialiste, mais
constatent que le retour est beaucoup plus difficile. Seul un
quart des médecins déclare recevoir une lettre du psychiatre
pour leurs patients. À l’opposé, la majorité des secteurs de
psychiatrie déclare être en relation directe avec le médecin
généraliste des patients ou leur psychiatre s’ils sont déjà
suivis [4].
Les difficultés de communication entre médecine géné-
rale et psychiatrie sont clairement identifiées dans cette
enquête. En plus des délais de consultation trop importants,
le manque de communication et d’échange d’informations
à propos du patient représentent une critique majeure envers
la psychiatrie, faite par l’ensemble des généralistes [8, 12].
Au vu de ces résultats, plusieurs objectifs ont pu être mis
en avant.
Les résultats sont parfaitement concordants avec les
études menées sur le lien entre médecine générale et psy-
chiatrie. Les études se suivent et les problèmes persistent.
Trois axes d’amélioration
Pour tous, trois principaux axes d’amélioration se
dégagent :
Améliorer la communication
Un groupe test de médecins généralistes et de psychiatres
s’organise actuellement sur Dijon et la périphérie pour
essayer d’optimiser ce système de coordination. D’ailleurs
dans les critères de qualité du Centre hospitalier La Char-
treuse à Dijon, a été mis en avant cet objectif afin de combler
de telles lacunes. La mise en place d’un courrier type tant
à l’admission qu’à la sortie est en voie de réalisation. Le
courrier électronique amène quelques réticences liées sur-
tout au secret professionnel. À l’Établissement public de
santé mentale de l’agglomération lilloise, un document éla-
boré conjointement avec des médecins généralistes et des
psychiatres permet d’améliorer la communication. Les pré-
sidents de CME de CHS et le collège de médecine générale
ont élaboré une charte de fonctionnement. Dans ce numéro
thématique de l’Information Psychiatrique, l’expérience de
M.-C. Hardy-Baylé à Versailles est tout à fait pertinente en
la matière. Les recommandations du Collège national pour
la qualité des soins en psychiatrie portant sur l’amélioration
de l’échange d’informations entre psychiatre et médecin
généraliste sont tout à fait pertinentes et méritent une large
application [5].
Améliorer les formations
L’étude « Santé mentale en population générale » [10]
montre la fréquence élevée d’usage de psychotropes dans
la population générale : plus d’un tiers des sujets a déclaré
avoir fait usage de psychotropes au cours de la vie. Mais
cette fréquence est associée à une faible congruence entre
la présence ou l’absence d’un diagnostic psychiatrique et
la présence ou l’absence d’un traitement psychotrope au
cours de la vie. Ce résultat montre la nécessité d’améliorer la
formation des médecins généralistes dans la prise en charge
des troubles psychiques.
À partir de cette recherche-action psychiatrie-médecine
générale, des groupes de réflexion pourraient être mis en
place sur différents sites en France, pour essayer de mieux
appréhender des situations complexes, mieux faire connaî-
tre notre organisation quant à la santé mentale et notre travail
de proximité. C’est ainsi qu’il faudrait familiariser le plus
grand nombre avec des notions de parcours de soins en santé
mentale et le fonctionnement du secteur en psychiatrie. Cela
passe également par la formation des futurs spécialistes au
travail en réseau et dans la communauté. Cet échange per-
mettrait d’alléger certaines situations mais la crainte des
soignants en milieu psychiatrique, de se laisser déborder
par les demandes est souvent sous-jacente. Malgré tout, le
relais par le médecin généraliste, par le renouvellement des
prescriptions médicamenteuses et la prise en charge globale
des personnes, n’est pas à négliger.
Améliorer l’offre de soins alternatifs à l’hospitalisation
et les soins de première ligne
Des structures permettant un accès précoce au soin
sont à favoriser au vu de ces difficultés. Des propositions
comprennent la diversification des structures de soins avec
renforcement de la proximité pour une prise en charge faci-
litée. La création d’équipes mobiles en est un exemple.
Enfin, dans cet axe, mettre en place une collaboration
avec les maisons de santé ou les groupes de médecins asso-
ciés lors des permanences soignantes au sein de leur cabinet
apparaît comme une idée intéressante à plusieurs points de
vue. C’est en ce sens que nous essayons d’élaborer sur la
région dijonnaise un partenariat. De plus en plus de services
de psychiatrie publique rejoignent les cabinets pluridisci-
plinaires.
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 90, N◦5 - MAI 2014 315
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