Chapitre 1 : Introduction - Analyse du développement durable et

publicité
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉCONOMIE ENVIRONNEMENTALE RÉGIONALE
Chapitre 1 : Introduction -­ Analyse du développement durable et applications régionales
Par Sébastien BRUNET1, Bertrand HAMAIDE2
La notion de développement durable a été popularisée grâce au Rapport Bruntland publié en 1987 (World Commission of Environment and Development) sous forme du livre « Our Common Future », ou « Notre avenir à tous » pour la traduction française. S’il existe une quantité impressionnante de définitions du développement durable ou soutenable, celle du Rapport Bruntland est de loin la plus citée. Celle-­ci stipule que « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »
Qui dit popularisation ne dit pas naissance. Les problématiques environnementales et les relations entre développement économique et environnement sont bien antérieures au Rapport Bruntland. Deux événements importants se sont tenus en 1972. Tout d’abord, la première Conférence des Nations Unies sur l’Environnement s’est déroulée à Stockholm en juin 1972 (United Nations Conference on the Human Environment) et a permis, la même année, la création du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement). 1. Administrateur Général, IWEPS, Namur, Belgique
2. Facultés universitaires Saint-­Louis, Bruxelles, Belgique
7
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉCONOMIE ENVIRONNEMENTALE RÉGIONALE
Cette conférence était le premier événement mondial faisant de l’environnement une question majeure au niveau international. Ont été abordées, entre autres problématiques, la protection de l’environnement, le développement économique, les inégalités Nord-­Sud, la question des générations futures, … Bref, autant de questionnements présageant l’avènement du concept de développement durable.
L’autre événement majeur de 1972 fut la publication du livre « The Limits to Growth » (Meadows et al., 1972) qui, relevant la finitude du monde et les limites de l’écosystème, montre que la croissance exponentielle (de l’économie et de la population) ne peut perdurer dans l’avenir et amènera à l’effondrement du système et la disparition future de certaines ressources. Une transition souple vers un état stationnaire est alors suggérée ce qui n’est pas sans rappeler certaines prédictions Malthusiennes. Aussi, la presque concomitance de ces deux événements au cours de l’année 1972, font de celle-­ci une année charnière dans l’analyse de la durabilité ou la soutenabilité du développement économique en particulier et du développement des sociétés en général.
Depuis le rapport Bruntland, une littérature importante s’est développée sur les thématiques du développement durable, opposant fréquemment les adeptes de la soutenabilité faible et de la soutenabilité forte. Dans la première partie de ce livre, même si la dichotomie entre soutenabilités forte et faible est quelque peu abordée, l’objectif principal est d’aller plus loin dans le questionnement et la réflexion à propos du concept du développement durable. Ainsi, Jean-­Pierre Revéret aborde les techniques d’évaluation de la durabilité ou de la soutenabilité, telle l’évaluation environnementale stratégique, et l’analyse du cycle de vie. Quant à Franck-­Dominique Vivien et ses co-­auteurs, ils analysent le développement soutenable comme un problème d’innovation technique. Ces deux chapitres permettent à la fois de mieux comprendre et de pouvoir évaluer l’impact de nos actions en termes de soutenabilité et d’intégrer un nouveau type d’innovation – l’innovation environnementale – comme outil additionnel pour un plan de relance de l’économie vers une croissance plus verte et soutenable.
8
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉCONOMIE ENVIRONNEMENTALE RÉGIONALE
Après avoir planté le décor de cette analyse du développement durable, les chapitres suivants visent sa précision puis son implémentation dans une perspective régionale. Au Chapitre 4, Revéret et Parent reviennent sur l’importance de l’analyse du cycle de vie depuis la publication de ses lignes directrices par la PNUE en illustrant leurs propos avec différentes études de cas. Les chapitres qui suivent sont consacrés aux problématiques environnementales régionales tant de manière théorique qu’appliquée. Bréchet et Picard, au Chapitre 5, détaillent, sur base d’une modélisation microéconomique, l’impact de la pollution par le bruit des aéroports sur les riverains et appliquent leur modèle à l’aéroport de Bruxelles-­National. Cordier, au Chapitre 6, développe un modèle Input-­Output pour étudier les relations entre le système économique et les services écosystémiques en appliquant son modèle aux habitats de nourriceries de poissons dans l’estuaire de la Seine. Si les Chapitres 5 et 6 consistent en une application d’un modèle théorique à une réalité de terrain, les deux derniers chapitres exploitent des statistiques régionales pour calculer des indicateurs et des mesures de bien-­être afin d’en tirer des conclusions sur la durabilité et la soutenabilité des politiques régionales. De manière plus précise, au Chapitre 7, Fabre aborde l’analyse du développement durable en Nord-­Pas-­de-­Calais en l’axant sur les statistiques régionales et compare les résultats avec ceux de la Belgique et de la Wallonie. Dans le Chapitre 8, Caruso, traite des indicateurs complémentaires au PIB (Produit Intérieur Brut) qui peuvent être mobilisés pour déterminer des recommandations en termes de mesure de progrès sociétal et de politiques de développement durable en Wallonie.
Au cœur de cet ouvrage, se retrouvent finalement questionnées les dimensions fondamentales des analyses du développement durable qui se traduisent en termes d’anticipation et de proaction. Plus particulièrement, dans son analyse sur l’évaluation de la durabilité, Revéret relève que l’Evaluation Environnementale Stratégique est proactive. Elle est en effet déterminée ex-­ante et permet de choisir des outils adéquats, d’influencer les activités économiques afin de les emmener vers un développement (plus) durable. En outre, dans la foulée de cette analyse proactive qu’est l’Evaluation Environnementale Stratégique, pourra avoir lieu une implémentation réactive qu’est l’Etude de l’Impact sur l’Environnement. De même, Vivien et al. mettent en avant le fait que l’innovation technique devrait être une 9
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉCONOMIE ENVIRONNEMENTALE RÉGIONALE
innovation environnementale préventive, appelée innovation radicale, afin de permettre la réalisation d’un saut technologique. Ce type d’innovation n’a pas pour but de supprimer les techniques d’innovation curatives – ex-­post – (comme les filtres à particules pour voitures roulant au diesel par exemple), mais il permet d’aller plus loin dans la poursuite de politiques de développement soutenable. C’est donc grâce à l’anticipation et à la proaction, que ce soit grâce à l’Evaluation Environnementale Stratégique, par exemple, pour l’évaluation de la soutenabilité, ou grâce à l’innovation radicale pour les innovations technologiques, que le chemin vers un développement durable sera accéléré ou, à tout le moins, facilité.
Bibliographie
MEADOWS, D.H., MEADOWS, D.L., RANDERS, J., BEHRENS, W., The Limits to Growth, Universe Books, New York, 1972.
WCED (WORLD COMMISSION ON ENVIRONMENT AND DEVELOPMENT), Our Common Future. Oxford University Press, Oxford, 1987.
10
DÉVELOPPEMENT DURABLE ET ÉCONOMIE ENVIRONNEMENTALE RÉGIONALE
11
Téléchargement