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Toxique ou pas ?
ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013
Face à des troubles de santé voire, au pire,
un cas mortel dans le troupeau, l’éleveur
s’interroge naturellement sur ce que ses
animaux ont consommé. Certaines plantes
présentes dans les prairies ou aux abords
contiennent des substances toxiques pour le
bétail. Si les animaux les évitent en vert ou si
certaines plantes perdent leur toxicité en sé-
chant ou avec la maturité, d’autres à l’inverse
restent dangereuses dans les foins et les ensi-
lages ou sont toxiques par leurs graines.
La plus répandue d’entre elles est probable-
ment la renoncule, avec plusieurs espèces :
la renoncule âcre (Ranunculus acris), plus
connue sous le nom de bouton d’or, très
courante dans les prairies fraîches et pâtu-
rées, la renoncule bulbeuse (Ranunculus bul-
bosus) dans les milieux secs et la renoncule
rampante (Ranunculus repens) dans les sols
argileux, humides et riches en humus. Elles
sont toxiques à des degrés variables, mais à
un niveau qui reste faible. Les renoncules sont
toxiques en vert, surtout les feuilles à la fl orai-
son. Elles provoquent des troubles digestifs et
une infl ammation de la bouche. Comme les
animaux les évitent au pâturage, les empoi-
sonnements restent très rares. Et comme la
substance toxique, la protoanémonine, est vo-
latile, elle disparaît après séchage: les renon-
cules dans les foins ne sont pas dangereuses.
Autre plante bien connue des prairies, la
grande cigüe (Conium maculatum) renferme
au moins cinq composés toxiques,
dont la coniine. Elle en contient
dans toutes ses parties, notamment
les fruits. Mais la plante desséchée
sur pied ou mêlée au foin perd
quasiment toute sa toxicité. Les
empoisonnements sont donc éga-
lement très rares. D’une part parce
que la plante exhale une odeur désagréable
lorsqu’on la froisse et est peu consommée par
le bétail. D’autre part, il faudrait qu’un cheval
ingère 2 kg de feuilles fraîches ou qu’un bovin
en consomme 4 à 5 kg pour atteindre la dose
mortelle, ce qui est très improbable.
Il en est tout autrement pour le galéga offi -
cinal (Galega offi cinalis), encore appelé
sainfoin d’Espagne ou lilas d’Espagne. Il se
rencontre heureusement rarement dans des
prairies entretenues, plutôt dans des zones
humides ou des bandes enherbées. Les fl eurs
et les gousses de cette légumineuse sont très
toxiques. Elles contiennent plusieurs subs-
tances dangereuses qui ne disparaissent pas
lorsque la plante sèche : deux alcaloïdes, la
galégine et l’hydroxygalégine, ainsi qu’un glu-
coside fl avonique, la galutéoline. La plante sé-
chée est la plus dangereuse :
un foin contenant 10 %
de galéga peut entraîner la
mort chez des bovins ou des
ovins, souvent de façon très
rapide après l’ingestion. La
dose toxique est de 4 kg de
plante fraîche pour les bo-
vins, 400 g frais ou 100 g secs pour les ovins,
voire seulement 40 g secs pour les chevaux.
Le séneçon jacobée (Senecio jacobaea)
conserve lui aussi sa toxicité après la récolte. Il
se rencontre surtout dans les prairies sèches ou
saines, souvent en pieds isolés. Le maximum
de risque existe dès les premiers stades de
la végétation, par la présence de substances
dangereuses pour le foie (alcaloïdes hépato-
toxiques), principalement pour les chevaux et
les bovins. Les intoxications sont rares au pâtu-
Déjouer les dangers potentiels
des prairies
Renoncules, galéga offi cinal ou digitale : la fl ore des prairies est riche, mais elle
recèle parfois des plantes toxiques pour le bétail, même si les cas d’intoxication
restent rares. Certaines plantes sont bien connues, d’autres moins. Revue de détail.
Les fl eurs et
les gousses du
galéga offi cinal
sont à proscrire
dans le foin.
Renoncule âcre : non consommée en
vert, pas de risque après séchage.
© A. Décarrier, ARVALIS-Institut du végétal
© D.R.
Grande cigüe : toxique en vert,
mais le danger est faible.
© J.H. Moral
Galéga offi cinal : très toxique,
à proscrire absolument dans
les foins.
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