PRAIRIES
Fertilisation azotée :
appliquer la règle des
200 °C cumulés p. 3
Adventices : déjouer les
dangers potentiels des
prairies p. 6
RÉCOLTE DE
LA LUZERNE
Bien rythmer les coupes
dans une luzernière p. 8
Les 3 clés : savoir-faire,
technicité et bonnes
conditions de séchage
p. 10
MAÏS & BOVINS
De l'enrubannage pour
les génisses p. 12
Le maïs épis, ration de
base techniquement
performante p. 14
Maïs ensilage : soigner
le tassement p. 16
TOURTEAU DE COLZA
Les bovins et ovins
allaitants en réclament
aussi p. 18
TOURTEAU DE
TOURNESOL
Une opportunité pour
les volailles p. 20
GRAINES DE SOJA
Des protéines concentrées
pour les fi lières de qualité
p. 23
Fourrages et tourteaux :
les meilleures stratégies pour
nourrir le troupeau
SEPTEMBRE 2013
Membres de
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Azote minéral et prairies
3
ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013
La fertilisation azotée de la prairie à la
sortie de l’hiver doit permettre d’assurer
l’alimentation de la plante du démarrage
de la végétation jusqu’à sa première exploita-
tion. Les besoins en azote sont très importants
dès le début de la croissance, et l’absorption
d’azote est déjà active lors de la mise en place
de l’appareil foliaire. À cette époque, compte-
tenu de la température du sol, la minérali-
sation de la matière organique ne permet
cependant pas d’assurer une alimentation
suffi sante en azote. En conséquence, pour
assurer le potentiel de production d’herbe au
printemps, il faut apporter un complément
d’azote, surtout pour les prairies de graminées
pures.
un premier apport d’azote selon
le contexte de l’année…
À la diff érence des céréales, il n’existe pas pour
les prairies de stade physiologique « repère »
pour décider de réaliser l’apport d’azote. Pour
estimer la date de départ en croissance et,
donc, la date optimale d’apport d’azote, la
somme de température base 0 °C depuis le
1er janvier de l’année sert de guide. Ce critère
présente l’avantage de prendre en compte le
contexte climatique de l’année et le lieu de
la prairie.
Des essais conduits par ARVALIS - Institut du
végétal au début des années 1980 (fi gure 1)
mettent en relation le rendement de l’herbe
au printemps et la date d’apport d’azote,
exprimée en somme de températures base
0 °C depuis le 1er janvier. Les résultats obte-
nus sur trois sites, sur quatre années, avec
trois types d’exploitation et deux doses (70
et 140 unités) montrent que la date optimale
d’apport de l’azote est de 200 °C à compter
du 1er janvier. Avant cette somme de tempé-
rature comme après, le rendement diminue.
Pour les apports tardifs, les risques de perte
augmentent très vite !
… et la localisation de la prairie
Les essais menés dans les années 80, en 2008
et en 2009 étaient situés dans trois régions cli-
matiques contrastées, océanique dans l’Ouest
Appliquer la règle
des 200 °C cumulés
En sortie d’hiver, les besoins en azote des plantes
des prairies ne sont pas couverts par la minéralisation
de la matière organique car le sol est trop froid. Pour
déterminer la date de l’apport d’azote minéral qui
optimise la production d’herbe au printemps, la règle
des 200 °C cumulés s’applique partout.
© ARVALIS-Institut du végétal
Calculer une somme
de températures
- Enregistrer la température minimale et
maximale sous abri,
- faire la moyenne journalière : (Tmin
+ Tmax)/2,
- cumuler les moyennes journalières
supérieures à 0 °C.
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
-200 -100 0 100 200 300 400 500 600
Historique : de 1983 à 1986 - 3 sites (44-38-76)
Jeu les Bois (36) - départ en végétation
Saint Hilaire en Woëvre (55) - départ en végétation
Jeu les Bois (36) - début épiaison
Saint Hilaire en Woëvre (55) - début épiaison
La Jaillière (44) - foin
Jeu les Bois (36) - foin
Saint Hilaire en Woëvre (55) - foin
Somme de température (°C) à la date d’apport d’azote (base 0°C) à partir du 01/01
Date optimale d’apport
d’azote sur prairie
Premier apport d’azote sur les prairies : un optimum incontestable à 200 °C
Figure 1 : Date optimale du premier apport azote sur prairies. Essais ARVALIS-Institut
du végétal sur trois sites de 1983 à 1986 et 2008 et 2009. Rendement en % du
rendement maximal de chaque essai.
Pour pouvoir juger de l’eff et de la date d’apport, tous les résultats d’essais sont exprimés
en % du rendement maximum obtenu pour chaque modalité (même lieu, même dose
et même stade d’exploitation). Les points jaunes représentent les résultats obtenus
dans les années 80 et les points bleus, rouge et vert sont les résultats des essais conduit
en 2008 et 2009 sur les trois fermes expérimentales ARVALIS-Institut du végétal : La
Jaillière (44), Jeu-les-Bois (36) et Saint Hilaire-en-Woëvre (55).
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ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013
à continental dans l’Est. Même
si l’eff et de la date d’apport sur
la production est atténué dans
l’Ouest, l’optimum est toujours
situé à 200 °C cumulés après le
1er janvier. Cet indicateur, converti
en date à partir des données
météo historiques (médianes sur
30 ans) permet d’établir les pé-
riodes optimales pour réaliser le
premier apport d’azote sur prairie
pour toutes les régions (carte 1).
Cette règle de décision s’applique
donc bien dans toutes les ré-
gions : l’Ouest, le Centre ou l’Est
de la France. L’intérêt de cette
préconisation est d’autant plus
important que la date de récolte
est précoce. Evidemment, le pre-
mier apport d’azote sur une prai-
rie devra être réalisé si les condi-
tions de portance le permettent
et dans le respect des règles
xées par la Directive Nitrates…
200 °C cumulé : une règle universelle,
une date régionalisée
Carte 1 : Dates médianes (30 ans) pour cumuler 200 °C base
0 °C au 1er janvier).
Pour optimiser la production
d’une prairie, le premier
apport d’azote se déclenche
à 200 °C cumulés depuis le
1er janvier.
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Toxique ou pas ?
ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013
Face à des troubles de santé voire, au pire,
un cas mortel dans le troupeau, l’éleveur
s’interroge naturellement sur ce que ses
animaux ont consommé. Certaines plantes
présentes dans les prairies ou aux abords
contiennent des substances toxiques pour le
bétail. Si les animaux les évitent en vert ou si
certaines plantes perdent leur toxicité en sé-
chant ou avec la maturité, d’autres à l’inverse
restent dangereuses dans les foins et les ensi-
lages ou sont toxiques par leurs graines.
La plus répandue d’entre elles est probable-
ment la renoncule, avec plusieurs espèces :
la renoncule âcre (Ranunculus acris), plus
connue sous le nom de bouton d’or, très
courante dans les prairies fraîches et pâtu-
rées, la renoncule bulbeuse (Ranunculus bul-
bosus) dans les milieux secs et la renoncule
rampante (Ranunculus repens) dans les sols
argileux, humides et riches en humus. Elles
sont toxiques à des degrés variables, mais à
un niveau qui reste faible. Les renoncules sont
toxiques en vert, surtout les feuilles à la fl orai-
son. Elles provoquent des troubles digestifs et
une infl ammation de la bouche. Comme les
animaux les évitent au pâturage, les empoi-
sonnements restent très rares. Et comme la
substance toxique, la protoanémonine, est vo-
latile, elle disparaît après séchage: les renon-
cules dans les foins ne sont pas dangereuses.
Autre plante bien connue des prairies, la
grande cigüe (Conium maculatum) renferme
au moins cinq composés toxiques,
dont la coniine. Elle en contient
dans toutes ses parties, notamment
les fruits. Mais la plante desséchée
sur pied ou mêlée au foin perd
quasiment toute sa toxicité. Les
empoisonnements sont donc éga-
lement très rares. D’une part parce
que la plante exhale une odeur désagréable
lorsqu’on la froisse et est peu consommée par
le bétail. D’autre part, il faudrait qu’un cheval
ingère 2 kg de feuilles fraîches ou qu’un bovin
en consomme 4 à 5 kg pour atteindre la dose
mortelle, ce qui est très improbable.
Il en est tout autrement pour le galéga offi -
cinal (Galega offi cinalis), encore appelé
sainfoin d’Espagne ou lilas d’Espagne. Il se
rencontre heureusement rarement dans des
prairies entretenues, plutôt dans des zones
humides ou des bandes enherbées. Les fl eurs
et les gousses de cette légumineuse sont très
toxiques. Elles contiennent plusieurs subs-
tances dangereuses qui ne disparaissent pas
lorsque la plante sèche : deux alcaloïdes, la
galégine et l’hydroxygalégine, ainsi qu’un glu-
coside fl avonique, la galutéoline. La plante sé-
chée est la plus dangereuse :
un foin contenant 10 %
de galéga peut entraîner la
mort chez des bovins ou des
ovins, souvent de façon très
rapide après l’ingestion. La
dose toxique est de 4 kg de
plante fraîche pour les bo-
vins, 400 g frais ou 100 g secs pour les ovins,
voire seulement 40 g secs pour les chevaux.
Le séneçon jacobée (Senecio jacobaea)
conserve lui aussi sa toxicité après la récolte. Il
se rencontre surtout dans les prairies sèches ou
saines, souvent en pieds isolés. Le maximum
de risque existe dès les premiers stades de
la végétation, par la présence de substances
dangereuses pour le foie (alcaloïdes hépato-
toxiques), principalement pour les chevaux et
les bovins. Les intoxications sont rares au pâtu-
Déjouer les dangers potentiels
des prairies
Renoncules, galéga of cinal ou digitale : la ore des prairies est riche, mais elle
recèle parfois des plantes toxiques pour le bétail, même si les cas d’intoxication
restent rares. Certaines plantes sont bien connues, d’autres moins. Revue de détail.
Les fl eurs et
les gousses du
galéga offi cinal
sont à proscrire
dans le foin.
Renoncule âcre : non consommée en
vert, pas de risque après séchage.
© A. Décarrier, ARVALIS-Institut du végétal
© D.R.
Grande cigüe : toxique en vert,
mais le danger est faible.
© J.H. Moral
Galéga offi cinal : très toxique,
à proscrire absolument dans
les foins.
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Toxique ou pas ?
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ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013
rage, car il n’est pas consommé pas en vert. Le
danger augmente avec l’ensilage, car les ani-
maux ne peuvent pas trier lors de l’ingestion.
La digitale pourpre (Digitalis purpurea) se
rencontre rarement dans les prairies, mais
en bordure des champs et dans les haies.
Les feuilles sont les plus toxiques. Les em-
poisonnements, extrêmement rares, sont
liés à la consommation de foin contenant
des digitales, les animaux n’y touchent pas
quand elles sont fraîches. Les composés qui la
rendent toxiques, la digitoxine et la digoxine,
lui confèrent également des vertus thérapeu-
tiques, notamment cardiotoniques.
Les animaux ne consomment généralement
pas non plus de prêles au pâturage. Sauf si la
prairie en est entièrement envahie. La prêle des
champs (Equisetum arvense) est présente dans
des prairies très dégradées, au bord des che-
mins ; la prêle des marais (Equisetum palustre)
préfère, quant à elle, les prairies inondées ou
marécageuses. Elles contiennent plusieurs
composés toxiques : thiaminase (provoquant
une défi cience en thiamine ou vitamine B1,
surtout chez les chevaux), alcaloïdes (palus-
trine, équisétine), saponosides et nicotine. Les
ruminants sont peu touchés par la défi cience
en thiamine, parce que cette substance est
produite dans le rumen. Toutefois, l’intoxication
peut survenir aussi bien chez les bovins que
chez les équins, après une consommation de
foin contenant plus de 5 % de prêles.
Pour en savoir plus
2003, « Guide pour un diagnostic prairial »,
F. Hubert et P. Pierre, Chambres d’Agriculture
Maine-et-Loire et Mayenne
Site internet de l’Ecole Nationale Vétérinaire
de Toulouse : http://www.vegetox.envt.fr
1973, « Plantes vénéneuses », C. Jean-Blain
et M. Grisvard, Edition « La maison rustique »
Plantes toxiques des prairies : à ne pas négliger
Plan tes toxiques Organes toxiques Espèces animales
sensibles Observations
Grande ciguë Toute la plante.
Les plus toxiques : tige, feuilles, graines Toutes Empoisonnements rares : mauvaise odeur, seules les plantes fraîches
sont toxiques
Colchique d’automne Toute la plante.
Graines et bulbe : les plus toxiques Bovins, ovins, chevaux Intoxications par les plantes fraîches et sèches, ou par consommation
des fleurs
Digitale pourpre Toute la plante, surtout les feuilles Toutes Empoisonnements très rares
Euphorbes épurge, characias Toute la plante Bovins, ovins Empoisonnements rares : plante peu appétente, goût amer. Possibles
par les foins (la toxicité persiste après séchage)
Galéga officinal Parties aériennes. Toxicité maximale à la
floraison et à la fructification Toutes Empoisonnements surtout par les foins. Mortalité rapide des animaux
après ingestion
Glycérie aquatique Toute la plante Bovins Les risques sont importants les années sèches ou par distribution de
foin
Mercuriale annuelle Toute la plante, surtout lors de la
maturation des fruits en fin d’été Toutes Intoxications possibles, même avec des plantes séchées ou ensilées
Millepertuis Toute la plante.
Fleurs : les plus toxiques, surtout en
début de floraison
Bovins, ovins, chevaux Intoxications rares, uniquement par ingestion de fourrages conservés
chez les équins. Photosensibilisations (hypéricisme) chez les bovins à
peau et muqueuses non pigmentées.
Morelle noire Toute la plante.
Baies vertes : les plus toxiques Toutes Intoxications rares.
Lors de consommation de la plante entière, de fourrage ou d’ensilage
contaminés.
Relativement peu de cas d’intoxications dus aux baies
Moutarde noire Graines Toutes Intoxications rares, lors d’ingestion de graines, de tourteaux, d’ensilages
contaminés
Nielle des blés Toute la plante.
Graines : les plus toxiques Bovins, chevaux Intoxications rares. La plante est refusée par le bétail, mais les graines
se mélangent aux moissons
Potentille Toute la plante Chevaux Intoxications rares, uniquement par ingestion de fourrages conservés
chez les équins
Renoncules Toute la plante Toutes Empoisonnements rares : pas consommées par les animaux, toxicité
faible, seules les plantes fraîches sont toxiques
Séneçon jacobée Toute la plante Chevaux, bovins Intoxications rares, par ingestion de fourrages conservés (plante en vert
peu consommée)
Séneçon jacobée : prendre
garde aux ensilages.
Prêle des champs : méfi ance dans
les prairies très dégradées.
© D.R.
© J. L Viron, ARVALIS-Institut du végétal
Digitale pourpre : ses feuilles restent
très toxiques, même après séchage.
© D.R.
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