SEPTEMBRE 2013 PRAIRIES Fertilisation azotée : appliquer la règle des 200 °C cumulés p. 3 Adventices : déjouer les dangers potentiels des prairies p. 6 RÉCOLTE DE LA LUZERNE Bien rythmer les coupes dans une luzernière p. 8 Les 3 clés : savoir-faire, technicité et bonnes conditions de séchage p. 10 MAÏS & BOVINS De l'enrubannage pour les génisses p. 12 Le maïs épis, ration de base techniquement performante p. 14 Maïs ensilage : soigner le tassement p. 16 TOURTEAU DE COLZA Les bovins et ovins allaitants en réclament aussi p. 18 TOURTEAU DE TOURNESOL Une opportunité pour les volailles p. 20 GRAINES DE SOJA Des protéines concentrées pour les filières de qualité p. 23 Membres de Fourrages et tourteaux : les meilleures stratégies pour nourrir le troupeau Azote minéral et prairies 3 Appliquer la règle des 200 °C cumulés © ARVALIS-Institut du végétal En sortie d’hiver, les besoins en azote des plantes des prairies ne sont pas couverts par la minéralisation de la matière organique car le sol est trop froid. Pour déterminer la date de l’apport d’azote minéral qui optimise la production d’herbe au printemps, la règle des 200 °C cumulés s’applique partout. L a fertilisation azotée de la prairie à la sortie de l’hiver doit permettre d’assurer l’alimentation de la plante du démarrage de la végétation jusqu’à sa première exploitation. Les besoins en azote sont très importants dès le début de la croissance, et l’absorption d’azote est déjà active lors de la mise en place de l’appareil foliaire. À cette époque, comptetenu de la température du sol, la minéralisation de la matière organique ne permet cependant pas d’assurer une alimentation suffisante en azote. En conséquence, pour assurer le potentiel de production d’herbe au printemps, il faut apporter un complément d’azote, surtout pour les prairies de graminées pures. Premier apport d’azote sur les prairies : un optimum incontestable à 200 °C 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 Calculer une somme de températures - Enregistrer la température minimale et maximale sous abri, - faire la moyenne journalière : (Tmin + Tmax)/2, - cumuler les moyennes journalières supérieures à 0 °C. 0 -200 Date optimale d’apport d’azote sur prairie Historique : de 1983 à 1986 - 3 sites (44-38-76) Jeu les Bois (36) - départ en végétation Saint Hilaire en Woëvre (55) - départ en végétation Jeu les Bois (36) - début épiaison Saint Hilaire en Woëvre (55) - début épiaison La Jaillière (44) - foin Jeu les Bois (36) - foin Saint Hilaire en Woëvre (55) - foin -100 0 100 200 300 400 500 Somme de température (°C) à la date d’apport d’azote (base 0°C) à partir du 01/01 600 Figure 1 : Date optimale du premier apport azote sur prairies. Essais ARVALIS-Institut du végétal sur trois sites de 1983 à 1986 et 2008 et 2009. Rendement en % du rendement maximal de chaque essai. Pour pouvoir juger de l’effet de la date d’apport, tous les résultats d’essais sont exprimés en % du rendement maximum obtenu pour chaque modalité (même lieu, même dose et même stade d’exploitation). Les points jaunes représentent les résultats obtenus dans les années 80 et les points bleus, rouge et vert sont les résultats des essais conduit en 2008 et 2009 sur les trois fermes expérimentales ARVALIS-Institut du végétal : La Jaillière (44), Jeu-les-Bois (36) et Saint Hilaire-en-Woëvre (55). un premier apport d’azote selon le contexte de l’année… À la différence des céréales, il n’existe pas pour les prairies de stade physiologique « repère » pour décider de réaliser l’apport d’azote. Pour estimer la date de départ en croissance et, donc, la date optimale d’apport d’azote, la somme de température base 0 °C depuis le 1er janvier de l’année sert de guide. Ce critère présente l’avantage de prendre en compte le contexte climatique de l’année et le lieu de la prairie. Des essais conduits par ARVALIS - Institut du végétal au début des années 1980 (figure 1) mettent en relation le rendement de l’herbe au printemps et la date d’apport d’azote, exprimée en somme de températures base 0 °C depuis le 1er janvier. Les résultats obtenus sur trois sites, sur quatre années, avec trois types d’exploitation et deux doses (70 et 140 unités) montrent que la date optimale d’apport de l’azote est de 200 °C à compter du 1er janvier. Avant cette somme de température comme après, le rendement diminue. Pour les apports tardifs, les risques de perte augmentent très vite ! … et la localisation de la prairie Les essais menés dans les années 80, en 2008 et en 2009 étaient situés dans trois régions climatiques contrastées, océanique dans l’Ouest ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 4 200 °C cumulé : une règle universelle, une date régionalisée Carte 1 : Dates médianes (30 ans) pour cumuler 200 °C base 0 °C au 1er janvier). à continental dans l’Est. Même si l’effet de la date d’apport sur la production est atténué dans l’Ouest, l’optimum est toujours situé à 200 °C cumulés après le 1er janvier. Cet indicateur, converti en date à partir des données météo historiques (médianes sur 30 ans) permet d’établir les périodes optimales pour réaliser le premier apport d’azote sur prairie pour toutes les régions (carte 1). Cette règle de décision s’applique donc bien dans toutes les ré- ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 Pour optimiser la production d’une prairie, le premier apport d’azote se déclenche à 200 °C cumulés depuis le 1er janvier. gions : l’Ouest, le Centre ou l’Est de la France. L’intérêt de cette préconisation est d’autant plus important que la date de récolte est précoce. Evidemment, le premier apport d’azote sur une prairie devra être réalisé si les conditions de portance le permettent et dans le respect des règles fixées par la Directive Nitrates… 6 Toxique ou pas ? Déjouer les dangers potentiels des prairies Renoncules, galéga officinal ou digitale : la flore des prairies est riche, mais elle recèle parfois des plantes toxiques pour le bétail, même si les cas d’intoxication restent rares. Certaines plantes sont bien connues, d’autres moins. Revue de détail. F ace à des troubles de santé voire, au pire, un cas mortel dans le troupeau, l’éleveur s’interroge naturellement sur ce que ses animaux ont consommé. Certaines plantes présentes dans les prairies ou aux abords contiennent des substances toxiques pour le bétail. Si les animaux les évitent en vert ou si certaines plantes perdent leur toxicité en séchant ou avec la maturité, d’autres à l’inverse restent dangereuses dans les foins et les ensilages ou sont toxiques par leurs graines. son. Elles provoquent des troubles digestifs et une inflammation de la bouche. Comme les animaux les évitent au pâturage, les empoisonnements restent très rares. Et comme la substance toxique, la protoanémonine, est volatile, elle disparaît après séchage : les renoncules dans les foins ne sont pas dangereuses. Grande cigüe : toxique en vert, mais le danger est faible. © J.H. Moral Renoncule âcre : non consommée en vert, pas de risque après séchage. humides ou des bandes enherbées. Les fleurs et les gousses de cette légumineuse sont très toxiques. Elles contiennent plusieurs substances dangereuses qui ne disparaissent pas lorsque la plante sèche : deux alcaloïdes, la Autre plante bien connue des prairies, la galégine et l’hydroxygalégine, ainsi qu’un glugrande cigüe (Conium maculatum) renferme coside flavonique, la galutéoline. La plante séau moins cinq composés toxiques, chée est la plus dangereuse : dont la coniine. Elle en contient un foin contenant 10 % Les fleurs et dans toutes ses parties, notamment les gousses du de galéga peut entraîner la les fruits. Mais la plante desséchée mort chez des bovins ou des galéga officinal ovins, souvent de façon très sur pied ou mêlée au foin perd sont à proscrire rapide après l’ingestion. La quasiment toute sa toxicité. Les empoisonnements sont donc égadose toxique est de 4 kg de dans le foin. lement très rares. D’une part parce plante fraîche pour les boque la plante exhale une odeur désagréable vins, 400 g frais ou 100 g secs pour les ovins, lorsqu’on la froisse et est peu consommée par voire seulement 40 g secs pour les chevaux. le bétail. D’autre part, il faudrait qu’un cheval ingère 2 kg de feuilles fraîches ou qu’un bovin Le séneçon jacobée (Senecio jacobaea) en consomme 4 à 5 kg pour atteindre la dose conserve lui aussi sa toxicité après la récolte. Il mortelle, ce qui est très improbable. se rencontre surtout dans les prairies sèches ou saines, souvent en pieds isolés. Le maximum Il en est tout autrement pour le galéga offide risque existe dès les premiers stades de cinal (Galega officinalis), encore appelé la végétation, par la présence de substances sainfoin d’Espagne ou lilas d’Espagne. Il se dangereuses pour le foie (alcaloïdes hépatorencontre heureusement rarement dans des toxiques), principalement pour les chevaux et prairies entretenues, plutôt dans des zones les bovins. Les intoxications sont rares au pâtu© D.R. © A. Décarrier, ARVALIS-Institut du végétal La plus répandue d’entre elles est probablement la renoncule, avec plusieurs espèces : la renoncule âcre (Ranunculus acris), plus connue sous le nom de bouton d’or, très courante dans les prairies fraîches et pâturées, la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus) dans les milieux secs et la renoncule rampante (Ranunculus repens) dans les sols argileux, humides et riches en humus. Elles sont toxiques à des degrés variables, mais à un niveau qui reste faible. Les renoncules sont toxiques en vert, surtout les feuilles à la florai- ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 Galéga officinal : très toxique, à proscrire absolument dans les foins. Toxique ou pas ? 7 Plantes toxiques des prairies : à ne pas négliger Organes toxiques Espèces animales Observations sensibles Grande ciguë Toute la plante. Toutes Empoisonnements rares : mauvaise odeur, seules les plantes fraîches Les plus toxiques : tige, feuilles, graines sont toxiques Colchique d’automne Toute la plante. Bovins, ovins, chevaux Intoxications par les plantes fraîches et sèches, ou par consommation Graines et bulbe : les plus toxiques des fleurs Digitale pourpre Toute la plante, surtout les feuilles Toutes Empoisonnements très rares Euphorbes épurge, characias Toute la plante Bovins, ovins Empoisonnements rares : plante peu appétente, goût amer. Possibles par les foins (la toxicité persiste après séchage) Galéga officinal Parties aériennes. Toxicité maximale à la Toutes Empoisonnements surtout par les foins. Mortalité rapide des animaux floraison et à la fructification après ingestion Glycérie aquatique Toute la plante Bovins Les risques sont importants les années sèches ou par distribution de foin Mercuriale annuelle Toute la plante, surtout lors de la Toutes Intoxications possibles, même avec des plantes séchées ou ensilées maturation des fruits en fin d’été Millepertuis Toute la plante. Bovins, ovins, chevaux Intoxications rares, uniquement par ingestion de fourrages conservés Fleurs : les plus toxiques, surtout en chez les équins. Photosensibilisations (hypéricisme) chez les bovins à début de floraison peau et muqueuses non pigmentées. Morelle noire Toute la plante. Toutes Intoxications rares. Baies vertes : les plus toxiques Lors de consommation de la plante entière, de fourrage ou d’ensilage contaminés. Relativement peu de cas d’intoxications dus aux baies Moutarde noire Graines Toutes Intoxications rares, lors d’ingestion de graines, de tourteaux, d’ensilages contaminés Nielle des blés Toute la plante. Bovins, chevaux Intoxications rares. La plante est refusée par le bétail, mais les graines Graines : les plus toxiques se mélangent aux moissons Potentille Toute la plante Chevaux Intoxications rares, uniquement par ingestion de fourrages conservés chez les équins Renoncules Toute la plante Toutes Empoisonnements rares : pas consommées par les animaux, toxicité faible, seules les plantes fraîches sont toxiques Séneçon jacobée Toute la plante Chevaux, bovins Intoxications rares, par ingestion de fourrages conservés (plante en vert peu consommée) © D.R. rage, car il n’est pas consommé pas en vert. Le danger augmente avec l’ensilage, car les animaux ne peuvent pas trier lors de l’ingestion. Séneçon jacobée : prendre garde aux ensilages. Les animaux ne consomment généralement pas non plus de prêles au pâturage. Sauf si la prairie en est entièrement envahie. La prêle des champs (Equisetum arvense) est présente dans des prairies très dégradées, au bord des chemins ; la prêle des marais (Equisetum palustre) préfère, quant à elle, les prairies inondées ou marécageuses. Elles contiennent plusieurs composés toxiques : thiaminase (provoquant une déficience en thiamine ou vitamine B1, surtout chez les chevaux), alcaloïdes (palustrine, équisétine), saponosides et nicotine. Les ruminants sont peu touchés par la déficience en thiamine, parce que cette substance est produite dans le rumen. Toutefois, l’intoxication La digitale pourpre (Digitalis purpurea) se rencontre rarement dans les prairies, mais en bordure des champs et dans les haies. Les feuilles sont les plus toxiques. Les empoisonnements, extrêmement rares, sont liés à la consommation de foin contenant des digitales, les animaux n’y touchent pas quand elles sont fraîches. Les composés qui la rendent toxiques, la digitoxine et la digoxine, lui confèrent également des vertus thérapeutiques, notamment cardiotoniques. Digitale pourpre : ses feuilles restent très toxiques, même après séchage. peut survenir aussi bien chez les bovins que chez les équins, après une consommation de foin contenant plus de 5 % de prêles. © J. L Viron, ARVALIS-Institut du végétal Plantes toxiques Prêle des champs : méfiance dans les prairies très dégradées. Pour en savoir plus • 2003, « Guide pour un diagnostic prairial », F. Hubert et P. Pierre, Chambres d’Agriculture Maine-et-Loire et Mayenne • Site internet de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse : http://www.vegetox.envt.fr • 1973, « Plantes vénéneuses », C. Jean-Blain et M. Grisvard, Edition « La maison rustique » © D.R. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 8 Exploitation des luzernes La 3e coupe au rendement plus faible est celle à privilégier pour la coupe à floraison. Bien rythmer les coupes dans une luzernière L es essais menés par ARVALIS-Institut du montagne, ces dates peuvent facilement être végétal au fil des ans montrent que le décalées d’une dizaine de jours voire plus serapport optimal entre le niveau de prolon l’altitude. Pour la zone méditerranéenne, il duction de matière sèche et faut au contraire les la teneur en protéines d’une avancer de presque Un bon compromis, luzernière est obtenu en rédeux semaines. ménageant la quantité gime de quatre coupes par an. Les coupes suiet la qualité, consiste à Comment les répartir pour obvantes sont égarécolter le premier cycle lement détermitenir les meilleurs résultats ? Le entre le 10 et le 20 mai. rendement d’une coupe de lunantes pour assurer zerne augmente d’autant plus la pérennité de la que le stade de récolte est retardé… Sauf que, luzernière. Lorsqu’elles sont trop fréquentes, dans le même temps, la valeur alimentaire du elles ne permettent pas à la plante de reconsfourrage chute, l’optimum étant généralement tituer ses réserves racinaires (encadré). Les obtenu au stade début de bourgeonnement (figure 1). C’est donc à ce stade que doit avoir lieu la première coupe. Cette date permet de produire un fourrage de bonne qualité pour une luzerne destinée à être ensilée ou enrubannée. Une telle stratégie pénalise un peu ’aptitude de la luzerne à la repousse le rendement de la première coupe. Mais au dépend du niveau des réserves carbonées niveau du rendement total, la donnée à priviet azotées contenues dans le pivot. Dans les légier, les résultats sont très corrects car, alors, deux semaines suivant une coupe, sa vitesse de la seconde coupe se réalise avant la séchecroissance est directement fonction des réserves azotées puisées dans les racines. La plante resse estivale. Les repousses fonction des ressources racinaires L Le 15 mai, une date pivot Le choix de la date de la première coupe est donc crucial. Dans les conditions françaises, le 15 mai constitue une date pivot. Avant, il est possible de récolter des fourrages de très haute valeur nutritive avec des rendements corrects. Au-delà, plus la fauche est retardée, plus le rendement de la première coupe est important mais plus la concentration énergétique et azotée du fourrage devient insuffisante pour les animaux à besoins élevés. Un bon compromis, ménageant la quantité et la qualité, consiste à récolter le premier cycle entre le 10 et le 20 mai. Pour les régions de ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 peut alors mobiliser jusqu’à 40 unités d’azote par hectare à partir de ses réserves racinaires. Si les coupes ont lieu trop fréquemment ou si la nutrition azotée des plantes est déficiente, le système racinaire s’appauvrit en azote mobilisable et la repousse est alors plus faible. Des coupes trop rapprochées remettent ainsi en cause la pérennité de la luzerne. En conditions agronomiques non limitantes (bonne nutrition minérale et hydrique, absence de pathogènes et de ravageurs), la croissance aérienne de la luzerne dépend ensuite de trois éléments : l’indice foliaire, qui correspond à la surface totale de feuilles par unité de surface du sol, la somme des températures reçues depuis la coupe et le rayonnement photosynthétique intercepté par le couvert. © A.L. Bourigault, ARVALIS-Institut du végétal Un rythme de quatre coupes par an optimise le rendement, la qualité des fourrages produits et la pérennité des luzernières. La première coupe aura lieu au début de bourgeonnement, puis la récolte des repousses toutes les cinq ou six semaines en ménageant une floraison au moins une fois par an afin que la plante reconstitue ses réserves. expérimentations indiquent qu’un écart de 35 à 45 jours entre les coupes constitue une bonne solution. Il est cependant nécessaire de rallonger l’intervalle d’une semaine entre la première et la seconde coupe si la première exploitation a eu lieu au stade début de bourgeonnement : c’est un moyen de garantir une meilleure reconstitution des réserves. Au moins une floraison Il est conseillé de laisser fleurir la luzerne au moins une fois dans l’année afin de permettre la reconstitution des réserves (10 % de fleurs suffisent !). La plante les stocke sous forme de sucre et d’amidon dans ses racines, et les mobilise en fin d’hiver ou après une coupe, pour assurer la production fourragère. Cette reconstitution est assurée par le système aérien dès qu’il est suffisamment développé. Les réserves atteignent ainsi leur niveau normal au début de la floraison (figure 1). La troisième coupe s’adapte le mieux à cette contrainte, car son rendement est plus faible que celui des coupes précédentes. Des réserves au top avant les premières gelées Dans les zones les plus continentales de culture de la luzerne, la dernière coupe de l’année doit intervenir autant que possible un mois et demi avant les premières gelées. Celles-ci entraînent la mise en repos de la luzerne : il est important que la plante puisse au préalable reconstituer ses réserves afin de bien redémarrer au printemps suivant. En pratique, il est parfois difficile de respecter l’ensemble de ces recommandations, notamment dans un système d’affouragement en vert où il faut exploiter tôt une partie des Maïs 9 La valeur alimentaire baisse en cas de récolte tardive Tonnes de MS/ha 8 Qualité optimum UFL/kg MS 1,0 7 MAT (% MS) 0,9 6 30 5 0,8 4 20 3 15 0,7 2 10 10 20 30 40 50 60 Jours Figure 1 : Évolution du rendement et de la valeur alimentaire selon le stade de récolte (source tables INRA 2007). Toute augmentation de production se traduit par une diminution du rapport feuilles sur tiges et, donc, de la valeur nutritive de la biomasse produite. Qu’elle soit due à une récolte plus tardive ou bien à une croissance plus rapide de la luzerne, la part des feuilles, plus riches en énergie et protéines, se réduit au profit des tiges qui, dans le même temps, durcissent et se lignifient. La valeur énergétique et protéique du fourrage se dégrade donc d’autant plus que le stade de récolte de la luzerne est tardif. Les réserves au maximum en début de floraison CROISSANCE DE LA PLANTE Floraison Début fl oraison Bourgeonnement Luzerne à 30 cm Temps RESERVE RACINAIRE Figure 2 : Évolution de la croissance et des réserves racinaires à la première pousse ou après une coupe (selon Demarly). Stockées sous forme de sucre et d’amidon dans les racines, les réserves sont mobilisées en fin d’hiver ou après une coupe, pour assurer la production fourragère. Leur reconstitution est permise par le système aérien dès qu’il est suffisamment développé. Les réserves atteignent ainsi leur niveau normal au début de la floraison. surfaces de façon à étaler les repousses régulièrement dans l’année. Mais il faut se rappeler que l’exploitation intensive d’une luzernière pénalise la durée de vie de la culture : les rendements se réduisent au bout de la troisième année. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 10 Réussir ses récoltes de luzerne Les 3 clés : savoir-faire, technicité et bonnes conditions de séchage L’objectif de valorisation de la luzerne (type d’animaux à nourrir, importance de ce fourrage dans la ration...) détermine très souvent son mode de récolte. Mais ensilage, foin et enrubannage peuvent se succéder dans l’année au gré des coupes successives selon les conditions de séchage au moment de la récolte et les équipements disponibles pour récolter, stocker puis distribuer. pour les bovins et un peu plus courte pour les petits ruminants. Ainsi, les sucres des brins hâchés, libérés rapidement, seront immédiatement disponibles pour le démarrage rapide des fermentations. Les bactéries lactiques se mettent au travail dès que l’oxygène enfermé dans le silo est épuisé par la respiration du fourrage. Si la récolte s’effectue à moins de 35 % de MS, il faudra compenser l’insuffisance d’acidification par l’ajout de conservateurs (acide formique, sels d’acides ou encore enzymes cellulolytiques), d’autres sources de sucres comme la mélasse ou de produits absorbant l’excès d’humidité (pulpes sèches…). Les feuilles de luzerne se dessèchent 1,5 à 2 fois plus vite que les tiges. © N. Cornec L’enrubannage : pour sécuriser les récoltes L a récolte de la luzerne, en ensilage, enrubannage ou foin, dépend de bonnes conditions de séchage au champ : de un à trois jours pour l’ensilage, de deux à quatre pour l’enrubannage et de trois à six pour le foin. Pour sécuriser la récolte de la luzerne, d’autres modes de récolte existent mais ils nécessitent des équipements et des investissements spécifiques : affourragement en vert, silo-tours, séchoir en grange, unités de déshydratation… La luzerne naturellement difficile à ensiler… mais, c’est possible ! L’ensilage est pratiqué généralement à la première coupe, quand la surface en luzerne permet de confectionner un silo de taille suffisante. Comme la teneur en sucres de ce fourrage est faible (de 7 à 8 % contre 15 à 20 % pour des graminées type ray-grass) et ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 que ses teneurs en protéines et en minéraux sont élevées, la baisse du pH nécessaire à la conservation exige que le taux de matière sèche dépasse 35 % (un à trois jours peuvent être nécessaires). Dans ce cas, un pH de 4,6 à 4,7 est suffisant pour empêcher le développement des butyriques. Réaliser un pré-fanage suffisant pour bien conserver la luzerne. La bonne conservation de l’ensilage de luzerne en silo à plat exige donc de redoubler de vigilance sur le degré de pré-fanage, mais aussi sur le tassement et l’herméticité du silo. Le système de hachage de l’ensileuse homogénéise la teneur en matière sèche : il faut viser une longueur de brins de 2 cm environ Les éleveurs plébiscitent de plus en plus l’enrubannage de luzerne car cette technique combine de nombreux avantages : première coupe plus précoce au printemps, moindres pertes au champ que pour le foin… Deux conditions sont essentielles pour limiter le développement de spores butyriques en cours de conservation : l’absence de terre dans les balles (grâce à une hauteur de coupe d’au moins 6 à 8 cm) et une MS de 50 à 60 %. Ainsi, le taux de MS en chaque point de la balle enrubannée sera d’au moins 35 %. 6 couches de plastique ? L e nombre de couches de film plastique pour l’enrubannage dépend avant tout de la qualité de sa pose. Si 4 couches bien posées suffisent généralement pour assurer l’herméticité d’une balle de graminée au stade feuillu, il vaut mieux passer à 6 couches voire 8 en balles de luzerne, car les tiges ont tendance à perforer le plastique. C’est encore plus nécessaire pour les balles rectangulaires. Réussir ses récoltes de luzerne 11 La qualité du pressage sera également déterminante sur les quantités d’oxygène emprisonnées dans la balle : elles doivent être les plus faibles possibles en visant une densité des balles d’au moins 200 à 220 kg MS/m3. Cet objectif sera plus facile à atteindre si la presse est équipée du système rotocut qui coupe les tiges en tronçons d’environ 5 cm, si les andains à presser sont réguliers et homogènes (surtout en pressage à balles rondes) et si le nombre de tours de liage filets ou ficelles est suffisant. Le foin, le risque de pertes est au champ Plus encore que les deux précédents modes de récolte, le savoir-faire est essentiel à la réussite de la récolte du foin de luzerne. Les pertes au champ peuvent dépasser 30 % du rendement initial quand les interventions de récolte ne sont pas maîtrisées. Ce sont les feuilles, deux à trois fois plus riches que les tiges, qui occasionnent le plus de pertes en se desséchant 1,5 à 2 fois plus vite que les tiges. Pour le fauchage, il est conseillé d’intervenir après la rosée de façon à optimiser le séchage le 1er jour. L’idéal pour les légumineuses est la faucheuse conditionneuse à rouleaux qui écrasent et plient les tiges pour une meilleure dessiccation. Il est déconseillé d’utiliser une conditionneuse à fléaux, « véritables effeuilleuses » pour les feuilles de luzerne. Quant à la faucheuse à disques classique, elle étale plus largement l’andain et économise un premier fanage aussitôt après la fauche pour amener le fourrage de 15 à 35-45 % de MS. Le fanage et l’andainage sont les interventions les plus délicates avec des risques de pertes importantes. Ne jamais intervenir en pleine Fanage : adapter vitesse d’avancement et de rotation des toupies D es mesures de qualité de fourrage sur de la luzerne, effectuées par ARVALIS - Institut du végétal dans le cadre d’un essai mené dans l’Aveyron en 2012 par le pool machinisme Midi-Pyrénées et coordonné par les Cuma de Midi-Pyrénées, ont montré que la simple baisse de la vitesse de rotation des toupies de faneuse de 100 tr/min et l’ajustement de la vitesse d’avancement du tracteur préservent de plus d’un point la Matière Azotée Totale. chaleur mais impérativement pendant la rosée. Les fenêtres d’intervention sont parfois limitées à 1 à 2 h en fonction des conditions météo ce qui confère un avantage aux faneuses et andaineurs de grande largeur pour augmenter les débits de chantier. Le fanage est souvent inutile en 3e et 4e coupe si la faucheuse a pu étaler l’andain. Le foin de luzerne ne doit pas « voler » en l’air, mais il doit être simplement remué sans être plaqué au sol après le passage de la faneuse. Dans l’idéal, il faudrait baisser la vitesse d’entraînement de la faneuse à la prise de force à moins de 300 tr/min. L’andainage (voir un pré-andainage quand le rendement est conséquent) doit se faire idéalement à environ 50 % à 60 % de MS pour atteindre les 80-85 % de MS qui autorisent une conservation en foin sans risques. Là aussi, il est impératif d’intervenir le matin dans la rosée et de créer des andains aérés pour terminer le séchage. Le pressage se fera le matin après la rosée ou tard le soir à la reprise d’humidité. Les pertes sont minimisées par la récolte de gros andains avec les presses à balles rondes à chambre variable : le temps de rotation dans la chambre est alors limité. Le liage filet est indispensable pour ne pas gâcher toutes les précautions mises en œuvre en amont. L’idéal pour les légumineuses est la faucheuse conditionneuse à rouleaux qui écrasent et plient les tiges pour une meilleure dessiccation. © G. Crocq, ARVALIS-Institut du végétal © A.L. Bourigault, ARVALIS-Institut du végétal Avec une récolte en ensilage à plus de 35 % de MS, la luzerne exige un excellent tassage. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 12 Finition des bovins De l’enrubannage pour les génisses Des régimes produits sur les exploitations, à base d’enrubannage de fétuque élevée ou de luzerne et de blé, conviennent pour engraisser des génisses limousines « rajeunies », présentant des viandes très claires et des gras blancs. L es génisses limousines dites « rajeunies » Elles sont abattues en février 2013, après 135 à 140 jours d’engraissement, âgées de 15,5 mois. sont abattues entre 13 et 15 mois, essentiellement pour l’exportation, mais ce Pour sécuriser la ration, l’enrubannage de fénouveau débouché demande des viandes très tuque est complété avec 3 kg de blé, 1 kg de claires et un gras blanc. L’engraissement exige tourteau de colza et 1 kg de tourteau de tourdonc des régimes capables d’assurer ces spécinesol. L’enrubannage de luzerne est, quant à ficités tout en sécurisant l’alimentation. L’enrului, complété avec 3,5 kg de blé (tableau 1). bannage d’herbe, de L’enrubannage est fétuque élevée ou de disponible à voUtiliser de l’enrubannage de luzerne, permet de lonté à l’auge, le fétuque permet de gagner construire des rations concentré est disenviron 200 kg de blé et 20 kg simples produites tribué pour moitié sur l’exploitation et le matin et pour de tourteau par génisse à suffisamment denses moitié le soir. l’engraissement par rapport à en énergie pour finir L’ e n r u b a n n a g e une ration sèche blé, tourteau des génisses jeunes, de fétuque élede colza, tourteau de tournesol. vée a été récolté tout en sécurisant au maximum la ration sur la Ferme des et en assurant les couleurs de la viande et Bordes avant épiaison, entre le 5 et 15 mai en du gras demandées par le marché. La Ferme 1er cycle, à 60 % de matière sèche. Le stade Expérimentale des Bordes* l’a confirmé en de récolte est primordial (autour de 750 °C en expérimentant, à l’automne 2012, deux rations base 0 à partir du 1/02) afin de garantir une mixtes à base d’enrubannage et de blé. Pour les digestibilité et une valeur énergétique élevées deux types de prairies, afin d’obtenir un fourdu fourrage, nécessaires pour engraisser des rage de bonne qualité, le fourrage est récolté jeunes bovins. Il apporte 0,75 UFV/kg MS en tôt : en début d’épiaison pour la fétuque élevée moyenne. L’enrubannage de luzerne a été et début bourgeonnement pour la luzerne. acheté à l’extérieur. Il s’agit d’une première Les résultats présentés ne sont cependant iscoupe fauchée le 18 mai au stade début sus que d’un seul essai, sachant qu’un second bourgeonnement et récoltée à un taux de essai avec 16 génisses par lot a démarré fin 70 % de MS. Il apporte 0,67 UFV/kg de MS en mars 2013. Il convient donc d’attendre les moyenne. La qualité de conservation des deux résultats complets de ces deux essais avant de enrubannages est bonne. conclure définitivement sur l’utilisation de ces régimes mixtes enrubannage + blé pour la Un « plus » pour l’enrubannage finition de génisses limousines « rajeunies ». de fétuque Des rations mixtes enrubannage et blé L’enrubannage est distribué à volonté pendant l’intégralité de l’engraissement et constitue la ration de base de deux lots de 15 génisses limousines. Elles pèsent 336 kg vif en septembre 2012 et sont alors âgées de 11 mois. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 Les génisses affichent de bonnes croissances avec l’enrubannage de fétuque élevée : avec 1 025 g de gain moyen quotidien (GMQ), les performances sont semblables à celles obtenues avec une ration sèche testée précédemment à base de blé à volonté, de tourteau de colza et de tourteau de tournesol. Les croissances obtenues avec l’enrubannage de luzerne sont en retrait de 163 g/jour, à 862 g/ jour en moyenne. Ceci est sans doute dû à la plus faible valeur énergétique de la luzerne et à une complémentation énergétique insuffisante de la ration (tableau 2). Les consommations totales sont similaires entre les deux régimes. L’indice de consommation se révèle moins bon pour le régime « enrubannage de luzerne » que pour le régime « enrubannage de fétuque », avec 9,97 contre 8,83 kg MS consommés par kg de gain de poids vif. Les animaux n’ont présenté aucun problème sanitaire particulier. La couleur des carcasses et celle du gras sont conformes à la demande du marché. Ces régimes sont particulièrement adaptés à des naisseurs qui « repoussent leurs génisses » et envisagent de les finir sur des durées d’engraissement très courtes, inférieures à 4 mois, pour valoriser des bâtiments existants, par exemple en vêlages d’automne. Par rapport à une ration sèche, utiliser de l’enrubannage de fétuque leur permet d’économiser environ 200 kg de blé et 20 kg de tourteaux par génisse à l’engraissement. * À Jeu-les-Bois dans l’Indre, la Ferme Expérimentale des Bordes regroupe ARVALIS - Institut du végétal et 4 Chambres d’Agriculture (Indre, Cher, Creuse et HauteVienne) au sein de l’OIER des Bordes Plus d’infos P laquette « Engraissement de génisses limousines à base d’herbe enrubannée » à paraître fin 2 013. L'enrubannage complémenté de blé pour sécuriser la ration apporte une solution technique pour engraisser des génisses limousines "rajeunies". 13 © ARVALIS-Institut du végétal Maïs Deux régimes mixtes : des enrubannages sécurisés (tableau 1) kg/génisse/jour Enrubannage de fétuque Enrubannage de luzerne Enrubannage de fétuque élevée À volonté Enrubannage de luzerne À volonté Paille À volonté À volonté Blé 3 3,5 Tourteau de colza (industriel) 1 Tourteau de tournesol (industriel) 1 CMV 0-25-5 0,18 0,18 Source : ARVALIS – OIER des Bordes Performances zootechniques : l’enrubannage de fétuque en tête (tableau 2) Poids vif début d’essai (kg) Poids vif à l’abattage (kg) Durée d’engraissement (j) G.M.Q. engraissement (1) (g/j) Poids de carcasse (kg) GMQ carcasse (2) (g/j) Rendement commercial (%) Note de conformation Note d’état d’engraissement Consommation en kgMS/jour IC vif (3) IC carcasse (4) Enrubannage de fétuque Enrubannage de luzerne 336 336 475 457 134 139 1 025 862 280,5 269,1 728 621 59,1 58,9 UU-/R+ 3,0 3,0 9,05 8,62 8,83 10,03 8,89 9,97 Source : ARVALIS – OIER des Bordes (1) GMQ engraissement : Gain moyen quotidien engraissement vif (Moyennes pondérées par la durée de la période) (2) GMQ carcasse : Gain moyen quotidien carcasse (Moyennes pondérées par la durée de la période) (3) IC vif : Indice de Consommation vif : kg de MS consommés/kg gain de vif (4) IC carcasse : Indice de Consommation carcasse : kg de MS consommés/kg gain de carcasse ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 Engraissement de jeunes bovins © ARVALIS-Institut du végétal 14 Le maïs épis, ration de base techniquement performante Au lieu d’ensiler du maïs entier, certains élevages ensilent leurs excédents de maïs fourrage en épis complets. Sur la ferme expérimentale de St Hilaireen-Woëvre, cette ration de base, très bien consommée par de jeunes bovins charolais, leur a assuré une vitesse de croissance élevée. L ’ensilage de maïs épis complets présente de bonnes valeurs alimentaires, un atout que certains élevages valorisent depuis plusieurs années. La ferme expérimentale professionnelle Lorraine (FEPL) de Saint Hilaireen-Woëvre (55) a donc suivi des jeunes bovins charolais nourris avec cet aliment en ration de base en 2012 – 2013. Les premiers résultats obtenus témoignent d’une vitesse de croissance élevée avec des niveaux de consommation importants. Grains, rafle et spathes récoltés à l’ensileuse L’ensilage de maïs en épis complets se réalise un peu plus tard que l’ensilage plante entière, l’éleveur pouvant accepter une maturité plus avancée du grain sans se soucier de l’état des feuilles et des tiges. Munies d’un bec cueilleur à maïs de moissonneuse batteuse, les ensileuses récoltent en effet uniquement les épis avec un objectif de 50 à 65 % de MS, pour l’ensemble composé des grains de maïs, de la rafle et des spathes. Le reste de la plante (tige plus ligneuse et feuilles) est broyé et laissé au sol. En conditions normales, le rendement d’ensilage en épis complets atteint les deux tiers de celui en plante entière. Le produit est stocké, tassé en silo comme de l’ensilage de maïs. Il est conseillé de bien dimensionner la taille du silo ainsi que sa hauteur pour une avancée quotidienne suffisante du front d’attaque (20 cm minimum). Bien conservé, cet aliment est très bien consommé. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 En ration de base : de bons résultats techniques Résultats des JB 2012-2013 de la FEPL à St Hilaire en Woëvre (55) Maïs épis + 2,8 kg de tourteau de colza Poids initial (kg) : 404,6 - Poids final (kg) : 738,4 Âge moyen à la vente (mois) :15,5 - Durée (j) : 176 GMQ (g/jour) : 1 894 - GMQ carcasse (g/jour) : 1 187 Poids de carcasse (kg) : 432,2 Rendement (%) : 58,5 Classement : U- (5 % U + ; 26% U = ; 63 % U- ; 6 % R +) État d’engraissement : 3 (100 % 3) Bilan de consommation (kg brut consommés) /jour Maïs épis 12,67 (8,27 kg MS) Tourteau de colza 2,55 (2,27 kg MS) CMV 0/19 0,19 (0,19 kg MS) Total 15,41 (10,73 kg MS) IC (1) IC carcasse (2) Total 2 234 450 33 2 717 5,67 9,05 1 - IC vif : Indice de consommation vif : kg MS consommés/kg gain vif 2 - IC carcasse : Indice de consommation carcasse : kg MS consommés/ kg gain de carcasse Engraissement de jeunes bovins Le maïs épis est un aliment riche en énergie (1,05 UFV/kg de matière sèche) avec une teneur en cellulose 4 fois plus élevée que celle du maïs grain. Pauvre en matière azotée totale, la ration qui l’incorpore doit être enrichie avec un correcteur azoté. Maïs épis à volonté Les animaux mis à l’engraissement sont nés sur la FEPL et sont tous issus d’insémination artificielle. Le sevrage a eu lieu le 6 septembre 2012 à un poids vif moyen de 405 kg. Les animaux n’ont reçu aucune complémentation depuis leur naissance. Le GMQ carcasse s’élève à 1 187 g/j. Après une transition de 5 semaines, la ration journalière se composait de maïs épis à volonté (65,3 % de MS) complété avec 2,8 kg de tourteau de colza et 200 g CMV (0-19). Les animaux ont à disposition permanente de la paille de qualité et un bloc de sel. Maïs épis complets : un concentré énergétique et sécurisé Composition physique grain + de la rafle + spathes Hachage : 80 % des particules < 2 mm Mélange homogène : amidon et parois cellulosiques % MS : 50 à 65 % MS Amidon : 61,6 % de la MS MAT : 8,3 % de la MS Cellulose brute : 9 % de la MS UFL : 0,57 UFL/kg brut 1,08 UFL/kg MS UFV : 0,56 UFV/kg brut 1,05 UFV/kg MS PDIN : 32 g/kg brut 61 g/kg MS PDIE : 52 g/kg brut 98 g/kg MS Complément de la ration de la VL : 2 à 4 kg brut/j Engraissement des jeunes bovins en ration de base ou en complément Economie de séchage Teneur en cellulose plus élevée Hachage fin, tassement du silo Avancement du front d’attaque (5 cm/j en hiver, 10 cm/j en été) Composition chimique Valeurs alimentaires Table INRA 2007 53 % MS Place dans la ration Atouts Précautions Remplissage du grain, % 100 MGS MGHE MGH épis Une ration bien valorisée par les jeunes bovins © ARVALIS-Institut du végétal Le régime distribué donne de bons résultats de croissance ce qui écourte la durée d’engraissement. Le GMQ carcasse s’élève à 1 187 g/j soulignant une très bonne efficacité de la ration. En moyenne, les animaux ingèrent 10,73 kg de matière sèche par jour (hors paille). Cette quantité est élevée mais l’efficacité alimentaire de ce régime est bon grâce notamment au GMQ élevé (indice de consommation hors paille : 5,67 kg de MS) Il n’y pas de contre-indication à utiliser du maïs épis complet en ration de base pour l’engraissement de jeunes bovins capables de bien valoriser des rations très énergétiques (charolais, limousin, blonde d’aquitaine). Cela demande, comme pour toutes les rations riches en céréales, de la rigueur, de la surveillance et de la vigilance du sevrage jusqu’à l’abattage avec l’application stricte des recommandations (encadré). La décision d’engraisser avec ce type d’aliment est surtout liée son intérêt économique, défini par le prix d’achat. 15 broyé ensilé 85 MAÏS FOURRAGE maïs séché entier inerté Récolte grain Récolte grain (+rafle + spathes) MGH = Maïs Grain Humide Maïs épis complet 65 H2O grain : 50-55 % Août 35 Septembre 30 Octobre 25 20 humidité du grain, % Novembre Une transition bien soignée et de la fibre, toujours de la fibre… G age de réussite de l’engraissement, l’adaptation de l’animal à un nouvel aliment doit se faire sans précipitation pour éviter tout problème métabolique. La transition doit durer au minimum 5 semaines. Mais, plus l’animal est lourd au sevrage, plus la durée de transition sera longue. Le respect d’un plan de transition adapté à la production est essentiel. • La distribution de céréale doit se réaliser deux fois par jour (matin et soir) et augmente seulement d’un kilo par semaine et par jeune bovin, en deux fois (un palier de 0,5 kg tous les 3 à 4 jours). • La paille de blé est distribuée tout au long de l’engraissement. Cette fibre, primordiale, permettra à l’animal de ruminer. Elle doit être appétente et conservée dans de bonnes conditions (trier les bottes de paille au stockage). • Le correcteur azoté minéral et vitaminique devra bien équilibrer la ration Paille, eau, ration et bloc de sel pur sont disponibles à volonté. Pour sécuriser le régime, un apport de complémentaire azotée fibreux, de pulpe de betterave (2 kg/j) et/ou des apports de bicarbonate de soude peuvent être recommandés. Les animaux sont déparasités (strongle et douve) et vaccinés (entérotoxémie, RSV…). Toute chute d’appétit ou des fèces jaunes et liquides doivent alerter (début d’acidose). ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 16 Récolte du maïs fourrage © AGPM La qualité du tassement du maïs fourrage influence non seulement la rapidité du démarrage de l’acidification mais aussi sa conservation lors de l’ouverture du silo. Soigner le tassement… Le tassement soigneux du maïs fourrage limite les pertes tant à la fermeture qu’à l’ouverture du silo : c’est à l’ensileuse de s’adapter au rythme du tassement soit en réduisant son débit au champ, soit en alimentant deux silos équipés chacun d’un tracteur tasseur. Il faut tout mettre en œuvre pour que l’oxygène présent dans le silo disparaisse le plus rapidement possible. A vec l’augmentation du débit des chantiers de récolte grâce aux ensileuses puissantes et rapides, le tassement du fourrage devient le point faible de la chaine de récolte. Or, un bon tassement est essentiel pour que le processus de fermentation démarre bien juste après la fermeture du silo mais aussi pour limiter les pertes lors de son ouverture. Installer l’anaérobiose au plus vite À la fermeture du silo, la première étape consiste à mettre en place l’anaérobiose (c’est-à-dire l’absence total d’air) dans la masse du fourrage. Cette phase comprend le temps de remplissage du silo et les heures qui ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 suivent, tant qu’il reste de l’oxygène. Le tassement limitera la quantité d’air enfermé dans le silo lors de sa confection. Les phénomènes enzymatiques, liés à la respiration des cellules du fourrage et au développement de microorganismes aérobies, sont prépondérants dans cette première phase : dégagement de chaleur, décomposition des glucides solubles et des protéines en molécules plus petites. C’est alors que moisissures et levures se multiplient, avant d’adopter une vie ralentie (sporulation, fermentation alcoolique…). Plus le fourrage est sec et moins il est tassé, plus cette phase dure (voir encadré). Le processus d’acidification démarre quand tout l’oxygène a disparu. La qualité du tassement a également un impact à l’ouverture du silo, quand le fourrage est remis en contact avec l’air. Sous l’effet de l’oxygène, les levures et les moisissures se réactivent. Lorsque l’oxygène n’atteint que la couche superficielle du front d’attaque, les conséquences ne sont pas graves : il suffit d’avancer chaque jour suffisamment le front d’attaque, d’environ 10 cm pendant les mois d’hiver et 20 cm en période chaude. En revanche, si l’oxygène peut s’infiltrer dans les porosités d’un silo mal tassé, les microorganismes ont le temps de se développer pendant plusieurs jours dans les couches les moins denses ce qui se traduit par des échauffements importants et des pertes de matière sèche (environ 0,23 % par jour et par degré d’échauffement). L’appétence du fourrage se dégrade et certaines moisissures peuvent, en plus, sécréter des toxines dangereuses pour les animaux. Récolte du maïs fourrage Bonnes pratiques de confection du silo : du choix de la précocité variétale à l’ouverture du silo ACTION OBJECTIFS MOYENS PRÉCAUTIONS EN DÉBUT DE SAISON… METTRE LES ATOUTS DE SON CÔTÉ Optimiser son choix variétal 32 % MS, rendement, valeur alimentaire Résultats d’essais, conseils… Éviter les variétés trop tardives Semer aussi tôt que possible Valoriser le potentiel du milieu Une graine > une plante > un épi Travailler un sol ressuyé EN COURS DE VÉGÉTATION… DÉTERMINER LA DATE OPTIMALE DE RÉCOLTE Noter la date de la floraison femelle Surveiller l’apparition de la lentille vitreuse 1re estimation de la date de récolte 50 % des plantes présentent des soies Préciser la date de récolte Ouvrir les épis et observer les grains Floraison = indicateur de précocité de la parcelle QUELQUES JOURS AVANT LE CHANTIER… PRÉPARER LE SILO Nettoyer le silo Eliminer les sources de contamination Calculer la hauteur maximale du silo Assurer un avancement minimum du front d’attaque Garantir la cohérence du chantier de récolte Assurer un tassement homogène du fourrage au silo Un bon balai (!), et des bâches sur les murs… 10 cm/j en hiver 20 cm/j en été Une ensileuse, des remorques, un ou deux silos ? un ou deux tasseurs ? Attention au débit de chantier trop élevé 17 Qui des maïs trop secs ? Q uand le maïs fourrage est très sec (plus de 35 % de MS), chaque m3 du silo est plus difficile à tasser. L’air enfermé dans le silo représente 2 à 4 litres par kg de matière sèche, le volume d’air étant beaucoup plus important en haut du tas. Les cellules encore vivantes du maïs fourrage sec sont moins actives : il faut donc beaucoup plus de temps pour épuiser l’oxygène enfermé (3 à 5 jours). Pendant ce délai, les bonnes fermentations lactiques ne démarrent pas, mais les levures et moisissures se multiplient. Si le silo est bien hermétique, leurs activités s’orientent vers une vie ralentie et cessent d’échauffer le silo… Mais, plus tard, en présence d’air (trou dans la bâche, front d’attaque) les dégradations reprennent de plus belle : c’est la principale cause de perte de matière sèche lors de la conservation du fourrage. Facilité de tassement : Mieux vaut un maïs à 30 % qu’à 40 % de MS LE JOUR DU CHANTIER DE RÉCOLTE… ASSURER LA CONSERVATION DU FOURRAGE Maîtriser la finesse de hachage Permettre le tassement et la rumination… Réglage couteaux contre-couteaux Tamis secoueur < 1 % gros morceaux, 10 à15 % particules moyennes (1 à 2 cm) Éviter la terre dans le silo Limiter le risque de contamination butyrique Silo bétonné, aire d’accès stabilisée Prendre un échantillon de fourrage Connaître son fourrage : stocks, rations Analyse de laboratoire Représentativité de l’échantillon Tasser Chasser l’air du silo : anaérobiose Tasser en couches de 20 cm d’épaisseur Etape importante ! Bâcher et protéger le silo Conserver le fourrage à l’abri de l’air Le jour du chantier. Double bâche Bâche neuve, bâche usagée en surface Air 250 l Air 500 l Eau 545 l Eau 325 l MS 205 l Composition de m3 d’ensilage à 30 % de MS MS 180 l Composition de m3 d’ensilage à 40 % de MS Délai avant ouverture du silo Temps nécessaire à la stabilisation de l’ensilage Attendre trois semaines minimum Déssilage Limiter l’échauffement du front d’attaque Respecter l’avancement du front d’attaque © ARVALIS-Institut du végétal APRÈS LE CHANTIER DE RÉCOLTE… LIMITER LES PERTES AU SILO ISSN n°2266 - 6753 Dépôt légal à la parution Réf : 13I10 Travailler en couches de 15 à 20 cm ter en alternance deux silos équipés chacun de son tracteur tasseurs. Assurer un bon tassement exige de travailler en couches successives de 15 à 20 cm d’épaisseur car l’action du tracteur tasseur ne dépasse pas cette épaisseur. L’objectif est d’atteindre 240 kg de MS par m3. Les pneus basse pression sont à bannir. En fin de silo, le tassement sera plus long (environ une heure) parce que les couches supérieures du silo ne profitent pas du poids du fourrage placé au-dessus. Pour la cohérence du chantier, c’est donc bien à l’ensileuse de s’adapter au rythme du tassement. Elle peut ralentir au champ, ou alimen- Privilégier les maïs récoltés verts et humides Plus le maïs fourrage est récolté vert et humide, moins le silo tassé conserve de porosité, et plus vite le peu d’oxygène retenu dans le silo est consommé par la respiration du végétal ou l’activité microbienne. À 30 % de MS, on enferme environ 1 litre d’air par kg de matière sèche. En 3-4 heures il n’y a plus d’oxygène dans le silo et le processus de fermentation démarre rapidement. Impression : Corlet Roto (53) Ont collaboré à ce document : les équipes d'ARVALIS-Institut du végétal et du CETIOM Photos de couverture : ARVALIS-Institut du végétal et CETIOM Un bulletin d’inscription ARVALIS-infos.fr et un encart Editions ARVALIS sont jetés dans ce numéro. Imprimé sur du papier 100 % recyclé Document imprimé par une entreprise Imprim'Vert Avec la participation financière du Compte d'Affectation Spéciale pour le Développement Agricole et Rural (CASDAR), géré par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 18 Le tourteau de colza Les bovins et ovins allaitants en réclament aussi Source protéique métropolitaine utilisée et connue par un grand nombre d’éleveurs de vaches laitières et de porcs, le tourteau de colza est beaucoup moins utilisé dans les élevages allaitants (ovins et bovins). La question de son utilisation pour cette catégorie d’animaux apparait donc comme essentielle dans le cadre d’une recherche d’amélioration de l’autonomie protéique. L ’Institut de l’Elevage travaille depuis plusieurs années avec l’ONIDOL sur l’incorporation de tourteau de colza en substitution du tourteau de soja dans les élevages allaitants. Les bovins allaitants en France représentent plus de 4 millions de vaches essentiellement réparties dans trois bassins de production : le Grand Ouest, le Massif Central et le croissant Est. Cependant, cette filière doit résister à la baisse de consommation de viande et rechercher une meilleure compétitivité. Il en est de même des 3,7 millions de brebis allaitantes réparties sur les zones de montagne, les zones herbagères de l’Ouest et les zones défavorisées. Avec un prix du tourteau de soja ayant atteint des records durant l’année 2012 (569 €/t départ Montoir le 20/07/2012), l’utilisation dans les élevages de tourteau de colza, produit en grande partie à proximité des zones de consommation, parait être une bonne alternative. Série d’essais sur jeunes bovins en stations expérimentales et fermes de lycées agricoles Un protocole commun d’essai a été établi. Sur chaque site, deux conduites séparées étaient mises en œuvre. Le lot témoin était la conduite habituellement pratiquée sur l’exploitation. Les dispositifs d’expérimentation avaient pour objectif d’évaluer la qualité nutritionnelle du tourteau de colza sur des lots de jeunes bovins de races différentes (tableau 1). Ainsi, six essais ont été réalisés dans quatre sites et les rations de concentrés des différents régimes devaient être équilibrées et de même valeur nutritionnelle (iso-énergétiques et iso-azotées). Des résultats favorables Le tourteau de colza n’a posé aucun problème lors des essais. Il a toujours été bien consom- ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 Dispositif expérimental des 6 essais de tourteau de colza comme source alternative de protéines (tableau 1) Lieu essai Catégorie animaux Race Effectifs Age Durée Alimentation pendant d’essai lot colza l’essai (j) TC + céréales 10-13 mois 93 aplaties + foin + EM TC + blé/orge 24-28 mois 112 + foin Alimentation lot témoin TS + céréales aplaties + foin + EM Périgueux TS + blé/orge Génisses Limousin 2X15 (24) + foin Triticale Bressuire Rouge TC + triticale Génisses 2X10 8-12 mois 120 + correcteur (79) des prés + paille azoté Bressuire TC + EM EM + correcteur JBE Charolais 2X12 13-17 mois 126 (79) + triticale azoté TC + céréales TS + céréales Jalogny JBC Charolais 2X15 10-13 mois 94 aplaties + foin aplaties + foin (71) + EM + EM Mauron TS : 240 TC + blé + LD TS + blé + LD JBE Limousin 2X14 9-17 mois (56) TC : 222 + paille + paille JBE : jeunes bovins mâles à l’engrais, JBC : jeunes bovins mâles en croissance, TC : tourteau de colza, TS : tourteau de soja, EM : ensilage de maïs, LD : luzerne déshydratée Jalogny (71) Génisses Charolais 2X16 Croissances observées dans les six essais (GMQ en g/j) (figure 1) 1418 Mauron mâles 1311 1576 Bressuire mâles 1717 885 Jalogny mâles 929 895 Jalogny génisses 813 834 Bressuire génisses 790 Lot témoin 642 Périgueux génisses Lot colza 662 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 Le tourteau de colza Comparatif du coût de la ration avec les prix homogénéisés (figure 2) 19 Evolution du rapport de prix entre les tourteaux de colza et de soja entre 2000 et 2012 (figure 3) 0,9 tx cz/ tx soja 0,8 0,7 0,6 0,5 Des protéines à un prix compétitif Un comparatif du coût des rations en €/kg de croît a été réalisé, soit en prenant en compte les prix réels constatés sur les différents sites, soit avec des prix identiques retenus pour l’ensemble des essais et avec un rapport de prix du tourteau de colza sur le tourteau de soja de 0,62 égal au rapport moyen observé au cours des 10 dernières années. La figure 2 montre que pour la majorité des essais, le coût de la ration à base de tourteau de colza est légèrement inférieur au coût de la ration témoin. L'Institut de l'Elevage considère que le prix du tourteau de colza doit être inférieur à 77 % du prix du tourteau de soja 48 pour qu’il soit économiquement intéressant pour l’alimentation des jeunes bovins d’élevage ou à l’engraissement. Même si le rapport moyen observé est régulièrement favorable comme indiqué dans la figure 3, il est indispensable, pour les éleveurs, de suivre l’évolution des cours avant de prendre une décision d’achat, d’anticiper les achats ou encore de se grouper avec d’autres éleveurs de façon à réduire les coûts d’approvisionnement. Une enquête réalisée en été 2012 auprès d’éleveurs a confirmé que le coût est bien le principal argument cité justifiant l’utilisation du tourteau de colza comme source azotée, le deuxième argument étant l’utilisation d’une matière première non OGM ou d’origine française (critère mis en avant pour les éleveurs produisant en filière de qualité). 1 ju il 02 ju il 03 ju il 04 ju il 05 ju il 06 ju il 07 ju il 08 ju il 09 ju il 10 ju il 11 ju il 12 0 ju il 0 Les travaux se poursuivent sur les animaux plus jeunes Des interrogations demeurent quant à l’effet de la moindre concentration du tourteau de colza sur la croissance des jeunes veaux, forts consommateurs de protéines dans les exploitations de bovins viande. Dans cette perspective, de nouveaux essais sont en cours pour étudier l’utilisation de tourteau de colza pour différentes catégories de veaux (veaux laitiers, veaux sous la mère au pâturage ou en stabulation). Des essais similaires sur les ovins Des essais ont également été suivis depuis 2009 par l’Institut de l’Elevage sur les ovins allaitants. Ils ont montré qu’avec des rations équilibrées, le tourteau de colza distribué à des brebis en lactation a permis d’obtenir dans tous les essais des performances équivalentes à d’autres sources azotées. Cependant, les résultats sont contrastés pour les agneaux à l’engraissement, ce qui a conduit à compléter l’étude par de nouveaux travaux ciblés sur les animaux jeunes. Ainsi, la priorité a été mise sur l’apprentissage et la distribution précoce du tourteau de colza dès le démarrage. Des infos pratiques sur www.cetiom.fr L es essais suivis par l’Institut de l’Elevage entre 2010 et 2012 ont permis l’élaboration d’une plaquette « Pratiques d’utilisation du tourteau de colza pour les bovins viande » coéditée par l’Institut de l’Elevage, l’ONIDOL et le CETIOM et téléchargeable sur www. cetiom.fr, rubrique Publications. Elle présente des informations sur la production du tourteau de colza en France et sur les valeurs nutritionnelles retenues dans les tables INRAAFZ. Des règles simples d’utilisation telles que le remplacement, comme en production laitière, de 1 kg de tourteau de soja par 1,5 kg de tourteau de colza sont rappelées. La plaquette indique également la nécessité d’adapter la complémentation minérale du fait d’une richesse particulière du tourteau de colza en calcium et phosphore. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 © J. Raimbault, CETIOM mé par les animaux et ce, quelle que soit la céréale associée. Le traitement statistique des différents essais a mis en évidence des croissances semblables entre les deux lots de chaque essai, les très faibles écarts constatés n’étant jamais significatifs (figure 1). 0,4 ju il 0 (TS = 450 €/t, TC = 280 €/t, céréales = 200 €/t, minéraux = 700 €/t, EM = 105 €/t, LD = 215 €/t, foin = 100 €/t, paille = 64 €/t, aliment du commerce = 350 €/t) 20 Le tourteau de tournesol décortiqué Une opportunité pour les volailles La forte dépendance française en protéines du secteur de l’alimentation animale, encore proche de 40 %, incite à la recherche de nouvelles sources alternatives pouvant se substituer aux protéines d’importation telles que le tourteau de soja. La mise en place d’une nouvelle unité de décorticage de graines de tournesol sur le site de Bassens (33) permet de produire un tourteau de tournesol métropolitain à haute teneur en protéines. L a France dispose de sources de protéines variées telles que les tourteaux de colza et tournesol, les drèches et les protéagineux. Cependant, ces ressources métropolitaines ont de moindres teneurs en protéines et de plus fortes teneurs en cellulose que le tourteau de soja et sont par conséquent moins polyvalentes et moins adaptées aux aliments des volailles à forte croissance. Les traitements technologiques et notamment le décorticage préalable des graines appliqué avant la trituration, ont un impact sur la composition des tourteaux et influent directement sur les valeurs nutritionnelles et les taux d’incorporation potentiels dans les différentes formules d’aliments composés. Ces procédés sont par conséquent déterminants pour l’intérêt économique des tourteaux. Qualité des tourteaux de tournesol décortiqués Caractéristiques des graines, amandes et coques Les proportions de coques des graines de tournesol sont comprises entre 22 et 28 % et varient en fonction du cultivar, de la taille des graines et de leur teneur en huile. Les amandes sont composées de plus de 80 % d’huile et de protéines, ce qui permettrait d’obtenir, dans l’hypothèse d’un déshuilage complet, un tourteau d’amandes de teneur en protéines supérieure à 50 % (tableau 1). Les coques de tournesol contiennent seulement 2 à 3 % de l’huile et 10 % des protéines de la graine. En revanche, elles renferment l’essentiel des composés pariétaux : 85 % de ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 la fraction NDF (soluble dans un détergent neutre), 90 % de la fraction ADF (soluble dans un détergent acide) et 95 % de la fraction ADL (lignine) contenues dans la graine. Le décorticage est donc un bon moyen de séparer les composés pariétaux sans perte importante de protéines et d’huile. Les procédés de décorticage Plusieurs types de décortiqueurs existent et se distinguent par la manière dont des chocs sont appliqués aux graines. Les décortiqueurs les plus performants sont de type multi-chocs. Leur principe de fonctionnement est similaire à celui des batteurs équipant les machines moissonnant les céréales. Par rapport aux appareils « mono-choc » ils génèrent des impacts multiples d’intensité modérée, ce qui améliore le rendement du décorticage et réduit la formation de fines. Une version du décortiqueur multi-chocs est le « ripple-Mill » est présentée figure 1. Décortiqueur multichocs type « Ripple mill » (figure 1) Composition moyenne des graines, amandes, coques et tourteaux de tournesol (tableau 1) Graines Amandes Coques Tourteau de graines non décortiquées 88,8 Tourteau d’amandes 90,5 Matière sèche (MS) % 92,8 90,5 Huile (%MS) 48,0 61,3 2,5 2,2 1,2 Protéines (%MS) 16,7 20,6 6,2 31,9 52,6 Cellulose brute (%MS) 17,3 2,4 57,6 28,1 6,2 Cendres brutes (%MS) 3,5 3,6 3,2 7,1 9,2 NDF (%MS) 26,6 5,4 83,9 45,1 13,7 ADF (%MS) 19,5 2,7 64,9 32,0 7,0 ADL (%MS) 6,3 0,4 22,3 10,5 0,9 Le tourteau de tournesol décortiqué Il est donc nécessaire de trouver des valorisations complémentaires de la biomasse de coques comme la production d’électricité ou la distribution de vapeur à des industries situées à proximité. Les teneurs en protéines des tourteaux de tournesol semi-décortiqués du marché national sont voisines de 33 % (sur brut) et ces valeurs sont obtenues en pratiquant un décorticage de 34 %. Des teneurs supérieures en protéines proches de 40 % sont possibles. Elles supposent un taux de décorticage de 66 %, raisonnablement atteignable avec des décortiqueurs multi-chocs. Le contexte actuel d’économies d’énergie d’origine fossile et le besoin en tourteau riche en protéines substituable au tourteau de soja concourent donc au développement du décorticage poussé, en usine de trituration. © P. Jouffret, CETIOM Développement de la production de tourteaux de tournesol décortiqués La séparation des coques et des amandes est réalisée sur la base de la différence de leurs densités dans un courant d’air, les fines étant préalablement séparées par des tamis. Le coût de cette opération est fortement impacté par la performance du décorticage et sa capacité à éviter la formation des fines. Contraintes et opportunités du décorticage du tournesol Du fait de son effet très positif sur la qualité des tourteaux de tournesol, le décorticage est devenu une pratique courante. Il est cependant limité par deux facteurs : la valorisation parfois difficile des coques et la perte d’huile dans ces coques. Généralement, les coques sont valorisées par combustion pour générer l’énergie calorifique nécessaire à l’usine, mais seulement 60 kg de coques sont suffisantes pour fournir l’énergie nécessaire pour la trituration d’une tonne de graines qui peut en contenir plus de 200 kg. Avec un potentiel aussi limité d’autoconsommation des coques, l’amélioration de qualité du tourteau est assez faible. Dans un contexte de forte concurrence entre matières à teneurs en protéines intermédiaires, ce taux de décorticage ne garantit pas une valorisation optimale des tourteaux. Les tourteaux partiellement décortiqués ont été développés en Argentine et se sont généralisés dans le monde mais restent minoritaires en France. Cependant, la mise en place d’une nouvelle unité de décorticage de graines de tournesol sur le site de Bassens (33) permet de produire un tourteau de tournesol métropolitain à haute teneur en protéines et dont les caractéristiques sont proches de 36 % de protéines et 19 % de cellulose (par rapport à la matière brute) ou encore « type 36 ». Les principaux critères de composition et valeurs nutritives mentionnés dans les tables INRA-AFZ de 2004 sont indiqués dans le tableau 2 pour les deux types de tourteaux et renseignent également sur la variabilité des deux paramètres déterminants que sont les teneurs en protéines brutes et en cellulose brute. Même s’il existe une bonne relation entre ces deux critères, comme l’indique la figure 2, pour une teneur en protéines de 36 % (soit près de 40 % exprimée sur la matière sèche), la teneur en cellulose brute peut varier entre 16 et 21 %. Une telle variabilité est un facteur limitant pour les fabricants d’aliments 21 Relation entre teneurs en cellulose brute et protéines du tourteau de tournesol (figure 2) Cellulose brute Protéines R2 = 0,65 ; ETR = 1,95 : P < 0,01 ; N = 14 171 ; Cellulose Brute (% sur MS) = 55,21-0,84*(MAT % sur MS) ; source : FeedBase. com du bétail qui doivent formuler au plus près des valeurs réelles pour éviter les marges de sécurité importantes et coûteuses. Quant aux valeurs nutritionnelles des différentes qualités de tourteaux, celles-ci sont assez mal renseignées pour les tourteaux partiellement décortiqués du fait du très faible nombre de mesures réalisées in vivo sur les tourteaux de tournesol français ces dernières années. Cependant, des travaux réalisés dans les années 90, notamment sur volailles, ont clairement mis en évidence l’amélioration de la valeur énergétique et de la digestibilité des acides aminés associée au décorticage. Intérêt économique du tourteau décortiqué « type 36 » Un travail de simulation de l’intérêt économique d’un tourteau de tournesol 36 à l’échelle de la France entière a été réalisé par le CEREOPA à l’aide du modèle Prospective Aliment. Celui-ci simule l’incorporation des matières premières pour le secteur des aliments composés industriels français qui représentait en 2010/2011 plus de 19 millions Composition des tourteaux de tournesol (en % de produit brut) (tableau 2) Partiellement décortiqué (N = 1 141) Moyenne Ecart-type Non décortiqué (N = 2 729) Moyenne Ecart-type Matière sèche 89,7 1,2 88,7 1,4 Protéines brutes 33,4 2,2 27,7 2,2 Cellulose brute 21,2 2 25,5 2,6 Matières grasses brutes 1,7 0,6 2 0,8 Cendres brutes 6,7 0,5 6,2 0,6 Source INRA-AFZ, 2 004 ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 Le tourteau de tournesol décortiqué de tonnes d’aliments. Le modèle prend en compte la particularité des différentes régions en appliquant des coûts de transport spécifiques ce qui permet de tester l’intérêt des matières premières sur les différents bassins de productions animales. Les simulations ont été réalisées avec des hypothèses de prix des matières premières correspondant aux moyennes des cotations observées sur la campagne 2010/2011 (soit, blé = maïs = 214 €/t, tourteau de soja = 327 €/t). Les prix des tourteaux de soja, colza et tournesol sont comparés dans la figure 3. Ils montrent le lien fort existant entre les prix des tourteaux. La présence simultanée de trois types de tourteaux de types 36, 32 et 29 a été étudiée pour déterminer les prix d’intérêt au-delà desquels l’incorporation de la matière première testée n’est pas possible car trop chère. Ainsi, les prix d’intérêt exprimés par rapport au prix du tourteau de soja seraient de 0,43 pour un tourteau de type 29, 0,50 pour un tourteau 32 et 0,70 pour un tourteau 36. Un intérêt particulier pour les formules volailles Si on s’intéresse aux espèces potentiellement consommatrices, il apparaît que ce sont les volailles qui consommeraient quasi exclusivement le tourteau de type 36 alors que le tourteau 29 serait plutôt incorporé dans les formules bovines. Cet intérêt particulier du tourteau 36 pour les formules volailles pourrait être un atout comme source de protéines métropolitaines tracées et non OGM pouvant satisfaire aux exigences de cahiers des charges de production sous signe © Proléa 22 de qualité. Ainsi, le modèle précise que ce sont les pondeuses à plus de 50 % qui utiliseraient le tourteau 36, suivies par les canards pour près de 40 % et enfin les poulets label. Quant au tournesol 29, il serait incorporé essentiellement dans les formules pour bovin viande à près de 70 %, puis par les lapins et les truies, ce qui est caractéristique des utilisations du tourteau de tournesol non décortiqué plus riche en fibres et difficile à incorporer dans les régimes plus concentrés comme ceux de la volaille. Les niveaux d’incorporation atteints dans les différentes formules ont également été étudiés et l’on distingue deux comportements différents pour les deux types de tourteaux. Le tourteau 36 serait incorporé à des taux variant de 5 à 10 % dans les formules pour volailles et, pour réduire fortement la place du tourteau de soja dans les formules, il faudrait atteindre des taux d’incorporation bien supérieurs (de l’ordre de 30 % et non réalisés en pratique) en formule canard par exemple et, soit accepter des surcoûts de formules, soit ré- Comparaison des prix des tourteaux de soja, colza et tournesol de 2008 à 2013 (figure 3) ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013 duire assez sensiblement les ratio de prix par rapport au tourteau de soja. Il faut cependant noter que ces résultats sont susceptibles de varier avec la conjoncture économique. Le tourteau de tournesol 29 plus classique d’utilisation dans les formules moins concentrées en énergie et protéines attendraient des taux d’incorporation beaucoup plus élevés de l’ordre de 35 % en bovin viande et 25 % en lapin. De tels taux supposent une homogénéité de la qualité des tourteaux dans le temps pour minimiser les risques d’erreur sur les apports nutritionnels. L’augmentation des disponibilités en tourteau de tournesol 36 et 29 pourrait se traduire par une baisse sensible des utilisations de tourteau de soja. La production de tourteau de tournesol de type 36 semble donc être une opportunité pour les productions de volailles telles que les pondeuses, les canards et les poulets labels. En plus de représenter une source métropolitaine de protéines végétales tracées pour l’alimentation animale, le tournesol 36 permet les meilleurs prix d’intérêt avec des ratio de prix au tourteau de soja de l’ordre de 70 % beaucoup plus intéressants que ceux du tourteau de tournesol non décortiqué de type 29 toujours inférieurs à 50 %. Par ailleurs, ces travaux montrent une certaine « spécialisation » des différents tourteaux métropolitains. Ainsi le tourteau de tournesol 36 permettrait d’accéder au débouché volaille non encore atteint par les tourteaux métropolitains de colza et tournesol plus classiquement utilisés par les ruminants. Cette complémentarité pourrait être un atout pour les différentes sources de protéines françaises qui seraient ainsi moins concurrentes. Cependant, il convient de nuancer ces premiers résultats qui mériteraient des travaux complémentaires de suivi de la qualité, mesures de valeurs nutritionnelles et simulations économiques dans des contextes plus tendus tant sur les protéines que sur les deux céréales dominantes que sont blé et maïs qui, par leurs profils différents en acides aminés, influent sur les sources de protéines qui leur sont associées. Les graines de soja métropolitain 23 Des protéines concentrées pour les filières de qualité Les graines de soja français ont une carte à jouer dans les filières à haute valeur ajoutée. Utilisation des graines de soja crues Les graines entières crues broyées peuvent être utilisées en quantité limitée chez les ruminants notamment les vaches laitières, sans altérer la digestion des protéines car les FAT sont détruits par la fermentation dans le rumen. Cet usage est particulièrement intéressant chez les vaches laitières à haute production en début de lactation pour lesquelles une augmentation de la concentration énergétique de la ration est recherchée et peut être apportée par les lipides de graines oléagineuses. L’azote des graines crues est bien utilisé dans les conditions d’énergie non limitante (PDIN). La quantité totale de matière grasse de la ration ne doit cependant pas dépasser 5 % de la matière sèche, ce qui correspond à environ 4,5 à 5 kg de graines de soja de teneur en huile de 18 %. Utilisation des graines de soja toastées ou extrudées Le toastage ou l’extrusion permet par traitement thermique de détruire les FAT préjudiciables aux monogastriques. Le toastage est de moins en moins pratiqué et l’extrusion a pour avantage d’améliorer la disponibilité des nutriments. Les graines ainsi traitées peuvent être utilisées aussi bien pour les ruminants que pour les porcs et volailles. Le tableau 2 indique les valeurs de digestibilité de l’énergie du soja extrudé chez les volailles et les porcs. Energie et valeur azotée des graines de soja crues et extrudées pour les ruminants (tableau 1) Graines de soja Crues Extrudées INRA Io7 INRA Io7 Unité Fourragère Lait (UFL) 1,08 1,03 1,09 1,01 Unité Fourragère Viande (UFV) 1,05 0,99 1,10 0,96 PDIN (g) (1) 215 210 259 277 PDIE (g) (2) 76 88 199 235 (sources INRA et Io7, 2002, valeurs moyennes par kg brut) (1) Protéines digestibles dans l’intestin lorsque l’azote est le facteur limitant de l’activité microbienne du rumen. (2) Protéines digestibles dans l’intestin lorsque l’énergie est le facteur limitant de l’activité microbienne du rumen. © L. Jung, CETIOM L es graines de soja constituent une matière première riche en protéines (environ 34 % sur la matière brute MB) et en huile (18-22 % MB), mais renferment des facteurs antitrypsiques (FAT) qui réduisent fortement leur valeur nutritionnelle pour l’alimentation des monogastriques et des jeunes ruminants. Les tourteaux déshuilés classiques (soja 46 ou 48) n’ont pas cet inconvénient car le procédé d’extraction de l’huile et de désolvantation détruit les FAT, et sont en conséquence, largement utilisés pour tous types d’animaux. Ils ont cependant l’inconvénient d’être importés et parce que très majoritairement issus de graines de soja génétiquement modifiées (GM), ils ne satisfont pas aux cahiers des charges de certaines productions animales de qualité. Des filières d’approvisionnement à l’import de soja non GM ont été créées, mais elles coûtent de plus en plus cher et leur fiabilité n’est plus certaine. Le soja produit en France est non GM et pourrait être valorisé plus largement dans ces filières de qualité mais les faibles volumes produits n’autorisent pas, pour des raisons de rentabilité des installations, l’application du procédé de transformation classique. Depuis l’arrêt de l’activité de trituration de soja de l’usine de Sète en 2003, les graines de soja produites en France et valorisées en alimentation animale ne sont plus déshuilées et ont été utilisées soit crues, soit extrudées ou toastées. Energie métabolisable coq et digestible porc des graines de soja extrudées (tableau 2) Energie brute (kcal/kg brut) Energie métabolisable coq (kcal/kg brut) Energie digestible porc (kcal/kg brut) INRA 5 000 Io7 4 920 3600-3800 3 600 4 200 4 500 (sources INRA et Io7, 2002, valeurs moyennes) La forte teneur en huile de ces graines extrudées peut constituer une limite à leur incorporation et à l’optimisation au moindre coût des formules d’aliments. Une meilleure valorisation de la graine est possible par extraction d’une partie de la fraction huile et obtention d’un tourteau partiellement déshuilé. Récemment des études d’extrusion-pression et de cuisson-pression ont été réalisées par le CETIOM et l’ONIDOL pour disposer de tourteaux partiellement déshuilés (6 à 8 % d’huile résiduelle) et aux FAT désactivés. Ces procédés sont pour le moment appliqués dans des filières de transformation Bio à forte valeur ajoutée. Ils pourraient se développer plus largement dans des unités de trituration de taille moyenne, fournissant des tourteaux tracés pour l’alimentation des ruminants ou des monogastriques dans des filières de qualité, si les conditions d’un approvisionnement régional suffisant en graines de soja et d’un débouché en partie garanti, sont réunies. ARVALIS CETIOM INFOS • SEPTEMBRE 2013