
2-Construction de la courbe BP
Mouvements de marchandises et mouvements de capitaux. Pour l'analyse que nous allons développer
par la suite, nous pouvons tracer une ligne au-dessous des opérations sur biens et services, ce qui nous
permet de dégager le solde de la balance des transactions courantes. Nous pourrons ainsi confronter plus
facilement les mouvements de marchandises et les mouvements de capitaux (comptabilisés dans le compte de
capital et le compte financier), sachant que les uns et les autres ne répondent pas aux mêmes mobiles. Il sera
alors aisé de constater que l'excédent ou le déficit du solde des transactions courantes est compensé par un
déficit ou un excédent des autres opérations enregistrées sous la ligne; celles-ci nous indiquent donc comment
l'excédent éventuel a été utilisé, ou bien en cas de déficit, comment celui-ci a été financé. De même, nous
pourrons saisir qu'un déficit de la balance des capitaux non monétaires peut être compensé par un excédent des
transactions courantes. Les soldes calculés au-dessus et au-dessous de la ligne seront d'autant plus intéressants
et significatifs qu'ils vont permettre de distinguer les mouvements autonomes, qui sont le fart des agents qui
agissent individuellement pour leur propre compte, des mouvements compensatoires induits par les
mouvements autonomes et qui concernent l'ensemble du pays. Cette distinction permettra alors de caractériser
la nature des échanges des résidents du pays avec le reste du monde et partant, les conséquences des relations
internationales sur l'activité nationale.
Du fait du double enregistrement des flux, le solde de la balance des paiements est toujours nul. Si nous
désignons par BP le solde global de la balance des paiements, par BTC le solde de la balance des transactions
courantes et par BK le solde de la balance des capitaux*, nous pouvons écrire la relation :
BP = BTC + BK = 0, avec BTC =-BK
BK est précédé d'un signe négatif parce que les mouvements monétaires sont comptés dans la balance
financière au sens large.
Chacun des postes de la balance des paiements peut être analysé comme représentatif d'opérations
internationales particulières. Nous n'entrerons pas ici dans le détail de ce type d'analyse. En revanche, nous
pouvons approcher les problèmes de manière synthétique en nous intéressant à l'équilibre lui-même, sachant
qu'il répond pour une large part aux conditions économiques générales dans lesquelles se déroule l'activité du
pays considéré.
Pour saisir les conséquences des échanges internationaux sur l'équilibre intérieur, il nous faut, ainsi que l'ont
montré R.A. Mundell et J.M. Fleming, intégrer l'équilibre de la balance des paiements au modèle IS-LM. Aussi
devons-nous exprimer le solde de la balance des paiements en relation avec le niveau du revenu national, Y, et
avec celui du taux de l'intérêt intérieur, i. Nous pourrons alors construire la courbe représentative de l'équilibre
externe, que nous désignerons par BP. Grâce à cette courbe, nous pourrons caractériser les liens de cause à effet
qui peuvent s'établir entre l'activité intérieure et les échanges que le pays réalise avec le reste du monde.
Nous retenons ici que le niveau d'équilibre de la balance des transactions courantes est fonction du revenu
national Y Certes on peut considérer que plus le produit national est élevé et plus la capacité d'exporter est
grande, néanmoins le montant des exportations dépend principalement de la demande des non-résidents, ce qui
fait qu'il n'est pas directement fonction du revenu national Y. Il est avéré, en revanche, que les importations sont
directement fonction du revenu intérieur : plus le revenu augmente et plus les résidents n’auront tendance à
demander des produits étrangers. Nous pouvons alors écrire :
BTC = BTC(Y)
Les mouvements de capitaux, quant à eux, sont fonction du taux d'intérêt intérieur i. Il est vrai que le niveau des
taux d'intérêt pratiqués à l'étranger influent sur les mouvements de capitaux. En toute rigueur, nous devrions
dire que les mouvements de capitaux sont fonction du différentiel* entre le taux d'intérêt intérieur et les taux
d'intérêt extérieurs. Toutefois, en considérant seulement le taux d'intérêt intérieur et ses variations, nous
simplifions certes l'analyse, mais notre propos n'étant pas d'analyser particulièrement les mouvements de
capitaux, nous disposons d'une information suffisante pour l'étude que nous avons à mener ici. Nous pouvons
raisonnablement écrire : BK = BK(i)
Il s'ensuit que l'équilibre de la balance des paiements, BP, peut s'écrire :
BP (Y, i) = BTC(Y) + BK(i) = 0; soit encore BTC(Y) =-BK(i)
Nous utilisons ici le terme de « balance des capitaux » au sens de l'ancienne terminologie. Dans la nouvelle
balance des paiements, cela correspond approximativement au compte de capital et au compte financier (excepté les
avoirs de réserve).